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La difficile percée d'une modèle alternatif dans les rapports Nord-Sud: Le cas de Songha

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par Sophie Lavigne
Université du Québec à Montréal - Maîtrise 2005
  

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5.2.2 Le rôle de l'entrepreneuriat dans la «troisième voie»

L'entrepreneuriat est sans doute la suite logique de l'empowerment. Après avoir repris du pouvoir sur sa vie, il importe que les individus ou communautés acquièrent certaines notions de gestion permettant la création d'initiatives locales. La charte de Songhaï décrit son type d'entrepreneuriat comme suit :

SONGHAÏ offre un cadre dynamique, propice à l'émergence d'entrepreneurs, qui :

o attire les gens, crée l'envie, suscite l'intérêt et la confiance de se lancer à son compte.

o renforce les compétences.

o offre un espace socialement et économiquement viable pour développer une culture de succès.

o entraîne par exemple, avec les jeunes entrepreneurs, les populations rurales, dans un grand mouvement, une nouvelle dynamique de société (Charte Songhaï).

L'entrepreneuriat consiste à se mettre en relation avec d'autres afin de créer des échanges, des projets et de la richesse. L'entrepreneur a besoin pour cela de s'établir dans un réseau et de consolider ses liens par l'excellence de son travail.

5.2.3 Le rôle du réseau dans la « troisième voie »

Le réseautage est donc le troisième élément qui suit après l'empowerment et l'entrepreneuriat. Sans ce dernier maillon de la chaîne, la mise en place des deux autres est impossible. La création de liens de solidarité, d'engagement est ce qui permet la structuration d'un milieu et le développement d'une localité. Cette structure permet aussi de renforcer la participation de la société civile au développement de la région ou du pays.

Les réseaux : une autre firme de partenariat. Participer à un réseau signifie deux choses : enrichir sa propre expérience par celle des autres membres et apporter sa propre contribution pour enrichir les autres et pour participer à la consolidation du réseau. Il s'agit en fait de « donner » et de « recevoir » (L'Aigle de Songhaï, développement, 2000, no 40-41).

Les réseaux donnent une force à la communauté par les liens qu'ils tissent, mais ils permettent aussi de revendiquer, de faire pression ou de demander des soutiens à des instances hiérarchiques. Les réseaux verticaux renforcent la crédibilité, s'ils sont forts et structurés, auprès des réseaux horizontaux ou hiérarchiques, qui eux, ont des moyens ou des fonds à faire bénéficier. L'USAID parle de renforcer les réseaux parce que ces réseaux jouent un rôle important dans la réussite de l'installation des fermiers.

La promotion des réseaux de fermiers offre plusieurs avantages et implique une grande partie de la communauté des fermiers dans la dynamique socio-économique que Songhaï est en train d'impulser. Ces relations entre les centres de formation Songhaï et la plus grande partie de la communauté des fermiers font aussi partie de l'installation et de la prospérité des diplômés stagiaires. Nombre des avantages des technologies et systèmes mis au point et enseignés à Songhaï sont mieux appréciés lorsqu'ils sont exécutés au niveau du groupe ou de la communauté. Bien que Songhaï ait quelques expériences dans ce domaine, le renforcement de sa capacité d'expansion sous forme de personnel, formation, et équipement s'avère nécessaire pour mettre en application l'expérience et l'étendre à tous les trois centres (Porto-Novo, Zou et Borgou). La formation à court terme est également une activité essentielle dans l'appui à l'expansion et au réseau des fermiers. La formation à court terme sera poursuivie au Centre Songhaï de Porto-Novo et fera partie du programme des deux centres du Zou et du Borgou (USAID, 1996).

Le projet Songhaï s'est construit dans la communauté et à travers elle. Il ne peut survivre sans son appui et son dynamisme. Le projet est là pour donner une direction, mais aussi pour questionner cette direction. Il promeut l'innovation et les initiatives dans le mouvement avec l'absorption sélective afin que la voie du développement emprunté, soit celle que les gens ont choisie. Le dernier numéro de l'Aigle de Songhaï paru lors de notre voyage, faisait le point sur son évolution et se questionnait sur la direction et sur les aboutissants du projet, qui se transforme et se structure de plus en plus, tout en se décentralisant.

On peut donc encore reposer la question de savoir où en sommes-nous arrivés et où allons-nous ? Aussi, constatons-nous avec une certaine fierté que c'est l'éditorial du 5ème numéro de l'Aigle de Songhaï qui lance le 3ème cycle de l'évolution de Songhaï (Innovation communautaire -communication - commercialisation) tout en consacrant l'emprise désormais visible à l'oeil nu de l'expansion des activités en aval du secteur primaire (l'agro-industrie, la restauration et ses services annexes, la télécommunication,... qui représentent à eux seuls plus de 70 % du chiffre d'affaires global de Songhaï). On peut donc proclamer le règne des prestations de services. Mais la leçon la plus significative qu'il convient de tirer est que le profil actuel de « l'économie de Songhaï » atteste que la faisabilité de la compétitivité de notre continent passe par le développement de notre savoir-faire en matière de valorisation de notre important héritage environnemental et culturel (L'Aigle de Songhaï, éditorial, 2003, no50).

Songhaï tend vers l'autonomie et c'est à travers cette vision du développement que nous nommerons la « troisième voie » (puisqu'elle représente une voie originale, ni tout à fait le modèle de solidarité internationale, ni tout à fait le modèle de coopération internationale et qui sait s'adapter aux approches sectorielles du modèle libéral dominant) qu'il se dirige vers cet objectif. Les bailleurs de fonds ont un rôle moins primordial aujourd'hui, pour Songhaï, car l'ensemble des infrastructures a été mis en place et l'expansion du Centre vers les « services » permet en grande partie l'autofinancement. Le Centre privilégie des partenariats techniques afin d'absorber des connaissances sélectives et de permettre un développement durable dans le temps et intégré sur le territoire. L'autonomie de plus en plus grande de Songhaï transforme aussi le rapport avec le Nord et avec les bailleurs de fonds internationaux. Il le rend plus égalitaire, dans une perspective d'échange de savoir-faire, de soutien aux innovations et aux besoins des populations plutôt que dans une perspective d'imposition de programmes préfabriqués au Nord. Cette façon de faire de Songhaï laisse entrevoir une nouvelle dynamique dans l'établissement de partenariat entre le Nord et le Sud.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore