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La difficile percée d'une modèle alternatif dans les rapports Nord-Sud: Le cas de Songha

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par Sophie Lavigne
Université du Québec à Montréal - Maîtrise 2005
  

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CHAPITRE VI

RÉSULTATS DE LA RECHERCHE : SONGHAÏ ET SES PARTENAIRES

Ce chapitre traite de la création de partenariats et de multipartenariats avec les différentes modalités que sont les audits, les résultats et les recommandations. Le processus de création de ces partenariats entre les bailleurs de fonds et Songhaï nous permettra de comprendre la dynamique Nord-Sud à travers le cas particulier de Songhaï. De plus, les enjeux rattachés à la création de ces partenariats tels que le financement des bailleurs de fonds illustrent certains rapports de forces qui façonnent le monde de la coopération internationale.

6.1 Partenariats et développement

La caractéristique des partenariats ou des multipartenariats est le renforcement mutuel des stratégies d'acteurs, par la mise en commun d'intérêts et de force afin d'atteindre les résultats recherchés de part et d'autre (Kolosy, 1997). Et comme nous l'avons vu plus tôt, Songhaï compte sur ses résultats et sa culture de l'excellence pour nouer des partenariats prometteurs. Que ce soit au niveau national ou international, il y a différentes façons de concevoir le développement. Le fondateur de Songhaï, Nzamujo, croit que le dialogue est la base d'un partenariat entre le Nord et le Sud et que la mondialisation n'est qu'un nouveau défi à relever, défi qui permettra peut-être de renouveler le rapport entre les sociétés du Nord et celles du Sud. Nzamujo (2004) critique la façon actuelle de faire du développement, car il ne croit pas que cela réponde adéquatement aux besoins des pays concernés. Plusieurs O.N.G. sur le terrain adaptent leurs missions afin de répondre aux critères des bailleurs de fonds et du gouvernement béninois, en compromettant parfois le développement durable, car aussitôt que les critères changent suivant les aléas de la politique, les programmes ne financent plus les projets entrepris antérieurement.

Les gens changent leur mission pour entrer dans les programmes sectoriels, le gouvernement canadien a voté tant de millions pour les gens qui vont faire ce projet. Le gouvernement américain a voté. Et là tout le monde va réaliser des beaux projets pour que ça plaise. Mais en faisant cela, on abandonne et c'est ça qu'on appelle « ajustement structurel », « lutte contre la pauvreté » et bla-bla-bla, et la finalité c'est quoi? Le vrai développement personne ne s'occupe de ça ( Entrevue Nzamujo, 2004).

La « troisième voie » que prône Nzamujo (2004) avec son projet est de proposer une alternative au développement sectoriel et par programme en faisant de l'absorption sélective dans les programmes de développement international et gouvernemental. La stratégie est de choisir et d'intégrer les différents aspects proposés par les programmes afin de faire reculer les formes d'exclusion, qu'elles soient économiques, politiques ou culturelles et sociales comme le préconise le développement durable (Boucher, 1999). Cette alternative s'adapte aux programmes tout en diminuant la dépendance de Songhaï envers ses bailleurs de fonds, puisqu'il les a diversifiés.

Absorption sélective. C'est à dire, absorbé de l'extérieur, mais sélectivement. Absorber des idées... mais sélectivement en fonction des programmes. Ça c'est important et c'est crucial (Entrevue Nzamujo, 2004).

Le projet Songhaï est un projet à caractère social, il est donc très varié et il répond à différents critères qui composent les programmes de différents bailleurs de fonds et du gouvernement béninois. C'est donc un atout pour trouver des financements, mais c'est aussi une façon globale de voir le développement. L'idée de s'intégrer dans différents réseaux et de faire prospérer différents aspects de l'agriculture (transformation, commercialisation, restauration et hôtellerie, etc.) favorise l'insertion des jeunes, des femmes, agriculteurs ou commerçants. C'est la revalorisation de toute une économie qui entre en jeu et le déploiement des forces civiles de la base qui sont en émergence. Les modèles alternatifs sont moins en attente auprès d'une structure hiérarchique afin qu'elle réponde a leurs besoins. Comme le disait Favreau (2002), c'est souvent dans des régions où les instances supérieures répondent peu ou pas aux besoins des populations que les individus s'organisent afin de pallier aux manques en créant des réseaux et des modèles de développement non conventionnels tels que Songhaï.

L'initiative Songhaï est née de l'effort de volontaires, et après avoir donné de bons résultats, Songhaï a demandé à être financé par des bailleurs de fonds internationaux qui proposent des fonds par programme, mais aussi conjointement avec le gouvernement du Bénin, dans le cadre d'accords bilatéraux et multilatéraux des approches sectorielles (réduction de la pauvreté et développement économique).

6.1.1 Les critères d'octrois des bailleurs de fonds internationaux

Les rapports de pouvoir en coopération internationale sont déterminants. Le bailleur de fonds peut décider de ne pas renouveler la subvention parce que les bénéficiaires n'ont pas atteint les résultats escomptés. Mais Songhaï propose ici une autre façon de faire. Puisqu'on parle de partenariat et de partage du risque, Songhaï veut que son partenaire lui apporte des idées quand certaines facettes du plan de développement n'ont pas répondu aux attentes. Même si Songhaï est au volant et qu'il sélectionne ce qui lui convient auprès des bailleurs de fonds, il n'est pas pour autant sourd aux critiques, car un partenariat doit se nourrir de part et d'autre.

Il n'y a pas de jeux de pouvoir, ni d'un côté, ni de l'autre côté. Ils ont le droit de critiquer. Voilà ce que vous avez fait là, voilà les résultats, et on dit OK excusez moi, regarde c'est pas bon. Ils ont le droit parce qu'ils sont nos partenaires, ils ne sont pas des gens qui nous jettent de l'argent pour partir, ce sont nos partenaires. Ils ont leurs droits parce que ça les intéresse qu'on leur montre les résultats, il se peut qu'ils trouvent des idées, il y en a qui font du développement depuis des années, ils ont des idées. Donc, il faut partager ça avec nous, si on n'est pas d'accord, on n'est pas d'accord. Oh! ça c'est intéressant, merci bien. Et voilà, des idées parce que des gens ont travaillé ailleurs, ils peuvent avoir des idées qui ont déjà fait des preuves. On a besoin de leur  « input » (Entrevue Nzamujo, 2004).

Les partenaires ont des critères de sélection qui renvoient à leurs préoccupations. Ils ont aussi des expertises en matière de développement qui démontrent leur vision de ce même développement.

L'approche partenariat OXFAM-Québec se fonde sur un travail pour l'égalité. Le soutien financier poursuit le renforcement du pouvoir des partenaires locaux et non pas leur dépendance. Le même principe guide l'établissement de liens entre partenaires, la circulation de l'information, la formation et l'éducation, le développement de stratégies communes et la coopération dans le travail de plaidoyer. Nous croyons que l'« empowerment » des organisations locales est essentiel à la justice sociale et économique et pour l'obtention et l'exercice des droits civils et politiques (http://www.oxfam.qc.ca).

Songhaï s'est adjoint des partenaires qui partagent une part de son modèle de développement surtout en ce qui a trait à l'autonomie des populations et à l'éducation populaire. Lors de notre entrevue avec un représentant de l'USAID, il nous expliquait que le domaine prioritaire de l'USAID a été jusqu'ici le secteur de l'éducation, car le Bénin s'est engagé dans un processus de réforme de son système éducatif. En effet, selon l'USAID, le développement ne peut prendre place dans un pays que lorsque des citoyens éduqués et formés peuvent être capables de résoudre les problèmes par eux-mêmes. Songhaï promeut cette approche, et son enseignement n'est pas essentiellement théorique ; il forme des citoyens capables de résoudre des problèmes de toutes sortes. Ainsi, Songhaï à travers son modèle de développement a pu rencontrer les critères de l'USAID. Le partenariat avec l'USAID s'est fait par un accord multilatéral entre le gouvernement du Bénin et Songhaï ; c'est-à-dire que l'USAID finance le secteur de l'éducation du Bénin par le biais du gouvernement qui présente Songhaï comme l'un des acteurs qui va répondre à ce secteur.

On peut donc percevoir des liens de convergence entre les partenaires et penser que le modèle de développement local que préconise Songhaï n'est pas incompatible avec le modèle par programme et sectoriel des bailleurs de fonds internationaux, et du gouvernement si un dialogue est établi et que les positions de chacun convergent.

La consolidation des partenariats se fait souvent dès les premiers audits. Le dialogue est engagé et les intérêts de chacun sont mis en lumière de façon plus évidente.

6.1.1.1 Audit

Les audits sont les moments privilégiés où l'on fait le point sur le plan établi au tout début du partenariat et où l'on voit si les résultats sont atteints, mais aussi si l'action était pertinente.

On fait des audits et des comptes rendus parce que c'est notre responsabilité de les informer afin qu'ils comprennent. Ils ont le droit de regard. Ils ont le droit de regarder comment on gère, c'est leur droit et je ferais la même chose. Puisqu'ils ne nous disent pas comment le faire, mais ils ont le regard pour voir, est-ce qu'on fait ça bien, est-ce qu'on utilise les fonds bien, est-ce qu'on a gaspillé ça. On n'a plus le choix de demander. On appelle ça « accountability » en anglais. Ils voient les résultats de l'audit en question comme ça il y a l'évaluation et il y a tout ça qui participe. Donc ils ont le droit, on l'exige même et ça nous aide, car on voit, et il y a des gens qui voient de l'extérieur parce que si on ne contrôle pas ça peut déraper. Donc nos partenaires on exige et ils ont le droit de regarder, car c'est leur argent et c'est leur assistance technique qu'il faut, disons... car si je te donne quelque chose, je veux voir comment ça marche parce que c'est mon argent, c'est mon énergie...( Entrevue Nzamujo, 2004).

Ce travail sur les résultats est donc essentiel afin d'éviter des dérapages, mais aussi afin d'évaluer, de faire le point sur la situation, sur le projet, et de le mettre à jour constamment.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore