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Le Festival du Danxomè: Enjeux et défis pour la Commune d'Abomey dans le contexte de la décentralisation

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par Nondoté Anicet LAO
Université d'Abomey-Calavi / Bénin - Maîtrise 2008
  

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CADRES THEORIQUE, PRATIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

1- PROBLÉMATIQUE

1.1- Problème

Après l'indépendance en 1960, les découpages territoriaux intérieurs ont repris les délimitations coloniales : cercles, subdivisions, cantons etc. Jusqu'en 1972, ce système a fonctionné sur la base d'une déconcentration sur le plan technique qui accompagnait une centralisation encore présente et pesante avec des services centraux basés à Cotonou et à Porto-Novo relayés par les annexes hors de ces deux villes.

Les multiples crises socio-politiques intervenues après l'indépendance ont conduit le pays, en 1972, à la révolution. Ainsi, un nouveau découpage territorial fut réalisé en 1977: la province (ancien département) dirigé par un préfet, le district (ancienne sous-préfecture) dirigé par un chef district, la Commune (urbaine et rurale) dirigée par le maire, le village représenté par un délégué. Quoi qu'il en soit, on ne pouvait parler de la décentralisation, au sens propre du terme, dans la mesure où le vrai pouvoir décisionnel continuait d'appartenir au sommet. Le délégué et le maire avaient des rôles purement administratifs sans portée politique. Cette centralisation du pouvoir dans les mains de l'Etat constituait une entrave au développement du pays en général et des localités en particulier car le peuple n'est pas concrètement associé à la gestion de la chose publique. Ce système ne permettait pas à l'Etat d'appréhender les profondes aspirations des populations et les véritables problèmes auxquels elles sont confrontées. Si des progrès furent accomplis dans les domaines de la santé, de l'éducation primaire, de l'encadrement et de l'équipement agricole dès le début des années 80, les performances économiques furent moins satisfaisantes. La crise économique galopante devient généralisée. La pression des revendications et la fragilisation du pouvoir aboutirent à l'organisation en février 1990, de la Conférence des Forces Vives de la Nation. Plusieurs décisions ont été prises notamment l'adoption d'un régime économique libéral et le multipartisme intégral appelé "le renouveau démocratique ", mode de gouvernement où le peuple détient la souveraineté. ABRAHAM Lincoln le définira comme « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ».

Il fut également décidé d'entamer une reforme institutionnelle de décentralisation intégrée dans la nouvelle constitution adoptée par référendum et promulguée en décembre 1990. Les intérêts et enjeux de la décentralisation étaient tels qu'une décennie de travail difficile fut nécessaire aux gouvernements successifs pour mettre en place cette reforme. Annoncées de multiples fois et reportées à maintes reprises en raison des stratégies électorales, les premières élections communales et municipales eurent enfin lieu le 15 décembre 2002 et 19 janvier 2003 avec un taux de participation se situant entre 70% et 75% (Lalanne, 2004).

La décentralisation, gage de la promotion de la démocratie à la base et du développement local, devient alors effective suivie de l'installation des maires. Elle permettra de responsabiliser les collectivités locales dans la production et le développement de l'économie locale. Elle est la pierre d'angle qui astreint l'autorité élue d'une collectivité locale à ingénier, aux fins de la survie de sa communauté la conception du développement la plus durable et de la matérialiser par ses propres moyens. Outre l'aide de l'Etat, chaque Commune est tenue de réfléchir, de chercher et de découvrir les voies et moyens pour amorcer son développement socio-économique réel et durable. Les collectivités locales mettent à cet effet, toutes leurs richesses, toutes leurs ressources, qu'elles soient culturelles, historiques, agricoles, infrastructurelles... au service de l'économie communale.

Dans cette logique, la Commune d'Abomey, capitale historique du Bénin, qui n'a pas à l'instar d'autres régions du Bénin, le privilège d'appartenir à un pôle de concentration industrielle ou commerciale, ni le privilège d'être une région de concentration des capitaux de l'Etat, ne peut, à l'orée de la décentralisation, se prévaloir que de ses richesses historiques, culturelles, artistiques et touristiques comme seules valeurs économiquement monnayables pour son développement. Vu que le tourisme occupe aujourd'hui une place importante dans le rang des activités génératrices de revenus au Bénin. Le tourisme plus qu'une activité de découverte et de distraction est devenu une industrie. L'industrie touristique avec son expansion depuis le siècle dernier a été identifiée comme facteur susceptible de contribuer à la réduction de la pauvreté au regard des devises qu'elle génère.

En effet, selon les statistiques de la Direction du Développement Touristique, le Bénin a connu 111000 touristes en 1994 pour une recette de 13,134 milliards de FCFA. Cette recette a plus que doublé sur une décennie et les devises touristiques sont passées à 27 milliards de FCFA en 2004 pour 173500 touristes1(*). Ces chiffres ont évolué et ont atteint 35 milliards de FCFA comme recette touristique nationales pour 185000 touristes en 2007. Or, bien que disposant d'un immense patrimoine historique et touristique constitué de cultes, rythmes, chants et danses, chorégraphies, palais, musée ... de même que les institutions du royaume et leurs rituels respectifs, la Commune d'Abomey a longtemps connu un taux de fréquentation touristique relativement faible. Cet état de choses, résultat de la dégradation et de la non conservation des différents sites touristiques, ne permet pas l'amélioration des conditions de vie des artisans, artistes, agriculteurs, restaurateurs, etc. et leurs ménages (soit environ 75% de la population active) ni la création de nouveaux emplois et participe de ce fait à l'accroissement de la pauvreté des populations. Il s'en suit qu'à l'ère de la décentralisation, la réhabilitation du patrimoine culturel et cultuel d'Abomey par le biais du Festival du Danxomè s'avère indispensable. Cela permettra la réduction de la pauvreté des populations dans cette Commune. Aussi, la valorisation du patrimoine culturel d'une ville ou d'un territoire constitue-t-elle un facteur d'attractivité vis à vis non seulement des touristes mais aussi des opérateurs économiques qui, par la mise en place de nouvelles activités (industries, projets de développement), vont contribuer au développement local. Elle se présente aussi comme un élément important dans la coopération et la consolidation intercommunales.

Loin d'être ce que les industriels pourraient considérer comme un luxe superflu face aux besoins essentiels des pays africains, l'action en faveur du patrimoine culturel et naturel peut au contraire constituer un formidable levier de développement. Les collectivités locales y ont, à cet effet, un rôle majeur à jouer, de par leur position au plus près des populations qui en sont les premiers bénéficiaires. Le Festival du Danxomè, dont la première édition a eu lieu en décembre 2003, y trouve alors son compte et peut être considéré comme une réponse au défi de l'auto-développement dans le cadre de la décentralisation dans la Commune.

Comme le stipule la théorie de Marcel Mauss, les réalités sociales ne peuvent être appréhendées que dans leur totalité d'où sa notion du "fait social total". Selon l'auteur, le fait social comporte plusieurs dimensions, économique, religieuse ou juridique et ne peut être réduit à un seul de ces aspects. Il parvient à la conclusion que, « le fait social n'est réel qu'intégré dans un système et c'est là un premier aspect de la notion du fait social total »2(*). Le développement étant donc un fait social doit embrasser tous les domaines (économique, social, culturel, politique...) Dans cette perspective, le festival du Danxomè, au-delà de la revalorisation des richesses culturelles devra viser le développement harmonieux de toutes les composantes de la Commune d'Abomey pour le bien-être des populations.

Quelle est alors la contribution du Festival du Danxomè au développement de la Commune d'Abomey?

* 1 Ministère de la Culture de l'Artisanat et du Tourisme, Direction du Développement Touristique, statistique du secteur touristique, 2008

* 2 MAUSS, M., Essai sur le don. Formes et raison de l'échange dans les sociétés archaïques (1925) 3è édition in Marcel MAUSS, Sociologie et Anthropologie, Paris : PUF (1950) 3è édition, p143.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle