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Le Festival du Danxomè: Enjeux et défis pour la Commune d'Abomey dans le contexte de la décentralisation

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par Nondoté Anicet LAO
Université d'Abomey-Calavi / Bénin - Maîtrise 2008
  

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3- PLACE DE LA FETE DANS LE DÉVELOPPEMENT

La dynamique du monde moderne place le développement au centre des préoccupations de l'humanité. Le développement devient depuis 1960, le centre de gravité, l'enjeu autour duquel tournent les grands débats nationaux et internationaux.

La conception classique considère le développement comme une forme particulière du changement social, une approche matérialiste et productiviste qui définit le développement en mettant l'accent sur la croissance économique sans soucis de ses répercussions sur les dynamiques propres des groupes cibles, ainsi que sur les réalités socio-culturelles ou sur les représentations collectives des pays concernés. Le développement peut contribuer pour une part modeste mais réelle à améliorer la qualité des services que les institutions de développement proposent aux populations en permettant une meilleure prise en compte des dynamiques locales, les fêtes occupent une place prépondérante dans l'univers culturel africain.

Objets d'étude pour les historiens, anthropologues et sociologues, les fêtes sont l'un des faits sociaux les plus répandus dans les sociétés traditionnelles négro-africaines. Elles sont nécessaires à leur équilibre et à leur bon fonctionnement. Elles marquent les temps forts de la vie sociale en mobilisant les forces collectives et en suscitant l'enthousiasme commun. « Aucune joie ne peut remplacer celle des fêtes.» OROU Y.R.(1982)10(*). En dehors des fêtes ordinaires comme celles du 1er Mai et du 1er Août, les fêtes religieuses se déroulent dans une atmosphère imbibée du sacré. Elles sont le symbole de la dimension sacrée de la vie et d'une réactualisation rituelle d'un temps originel. « En rapport avec le mythe et la cosmogonie, la fête n'est pas la commémoration d'un événement mythique, mais sa réactualisation »11(*). La réactualisation périodique est le symbole de la continuité et de la perpétuité dans la vie des peuples. Il semble d'ailleurs « qu'aucune société n'aurait pu se perpétuer sans que périodiquement les individus qui la composent viennent la revivifier par leur participation à une manifestation collective » Lombard (1965)12(*). Henri Hubert et Marcel Mauss (1909) voient dans le sacré « une suite d'éternités », les fêtes religieuses participent du domaine du sacré qui draine toute la collectivité, le lignage, la famille ou tout un peuple.

Dans " les formes élémentaires de la vie religieuse " Durkheim (1912), fait du rassemblement, générateur d'exaltation, le trait caractéristique de la fête dont le corrobori australien semble donner l'exemple le plus frappant. Il note ainsi la fonction récréative et libératoire de telle manifestation à travers des chants, des danses, des cris, des tumultes et l'ivresse qui accompagnent les rites. Ces différentes caractéristiques de la fête se lisent à travers le festival du Danxomè et traduisent les richesses culturelles et cultuelles de ce royaume.

Mais dans "Totem et tabou", Freud (1912) définit la fête comme « un excès permis, voire ordonné, une violation solennelle d'une prohibition. La fête ressortirait ainsi du sacré de transgression. »13(*). Elle manifesterait la sacralité des normes de la vie sociale courante par leur violation rituelle. Elle serait nécessairement désordre, renversement des interdits et des barrières sociales, fusion dans une immense fraternité par opposition à la vie sociale commune qui classe et qui sépare.

Jean DUVIGNAUD (1974) dira que la fête « substitue une fusion délirante »14(*). De fait la joie de se perdre dans la foule dense et animée, d'admirer les chants et les vêtements neufs, de boire et de manger, rompt avec la monotonie de la quotidienneté. La fête qui obéirait alors aux schèmes bien connus : lente accumulation, brusque explosion, compétition, simulacre, vertige devient un remède à l'usure sociale15(*). Les fêtes plongent ainsi les communautés entières dans le temps du rêve. Durant les cérémonies totémiques annuelles du type « intichiuma » les Australiens « Arunta » reprennent l'itinéraire suivi par l'ancêtre mythique du clan dans l'époque « altchéringa » (temps du rêve). Cet aspect des cérémonies décrites par Durkheim16(*) se lit à des nuances près dans la célébration du Festival du Danxomè.

* 10 OROU, Y.R., 1982, op. cit. p 8

* 11 MIRCEA E., 1965, le sacré et le profane, coll.folio essai, Paris : Gallimard, p78.

* 12 LOMBART, J., 1965, Structure de type féodal en Afrique noire (études des relations sociales chez les Bariba du Dahomey), Paris : Mouton et la Haye, cité par LAFIA I. F.B., 1997, in Aspects socio-culturels du développement dans la Gani : Cas de Nikki, FLASH, UNB, p 8

* 13 FREUD S., 1912, Totem et tabou, Paris: Gallimard, 240p cité par LAFIA I. F.B., 1997, in Aspects socio-culturels du développement dans la Gani : Cas de Nikki, FLASH, UNB, p 8

* 14 DUVIGNAUD, J., 1974, Fêtes et civilisations, Paris, Weber, p38

* 15 THOMAS, L.V. et LUNEAU, R., 1975, la terre africaine et ses religions, Larousse, 433p cité par LAFIA I. F.B., 1997, in Aspects socio-culturels du développement dans la Gani : Cas de Nikki, FLASH, UNB, p 9

* 16 DURKHEIM, E., 1912, les formes élémentaires et la vie religieuse, Paris : PUF

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