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Le fournisseur de services de télécommunications CAMTEL et la cybercriminalité face au Droit

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par Fustel MEKONGO BALLA
Université Yaoundé II SOA - Maîtrise en Droit Privé, option Droit des Affaires 2009
  

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Paragraphe II

LES PISTES OFFERTES AUX F.A.I POUR Y FAIRE FACE

Dans ce présent paragraphe, il sera question de mettre les fournisseurs de services de télécommunications en porte à faux. Que prévoient les textes existants, la jurisprudence, la doctrine sur la responsabilité de ceux-ci et leur rôle chaque fois que l'une des infractions citée ci-dessus est commise.

En cas de commission d'une des infractions ci-dessus énumérées, un fournisseur de services de télécommunications (FST) peut-il être indexé par une victime quelconque, même en intervention forcée ? Nous donnerons le point de la jurisprudence, des lois en la matière et enfin de la doctrine.

Dans l'affaire AOL vs KENNETH ZERRAN, la Cour Suprême des Etats-Unis a jugé que le rôle d'un fournisseur d'accès à internet (FAI) est d'en faciliter l'accès. Et donc ne peut répondre des infractions dont sont victimes ses clients.

Mais en Mai 1998 en Allemagne, le FAI CompuServe a été déclaré responsable pour avoir permis l'accès à des sites qui diffusaient des contenus à caractère pornographique. Ici la responsabilité du FST a été retenue comme si il était un diffuseur au sens de la loi sur la communication et la liberté de la presse.

On retrouvera les grandes lignes de cette jurisprudence dans l'affaire Estelle Halliday rendue par les juridictions françaises le 10 Février 1999 dont le dispositif était le suivant : «  en conservant de manière anonyme des pages personnelles de la requérante (Mlle Estelle Halliday), l'hébergeur a excédé son rôle technique et devait assumer les conséquences de son activité qui a porté atteinte à l'image et à l'intimité de celle-ci.» Donc ici il y a atteinte à la vie privée par le biais d'internet et la responsabilité de l'hébergeur du site sur lequel les informations ont été diffusées a été retenue.

L'explication donnée plus tard aux associations de FAI était la suivante : les personnes physiques ou morales qui assurent même à titre gratuit la mise à disposition du public des services de communication publique en ligne, le stockage de signaux, d'écrits, d'images, de sons ou de messages de toute nature ne peuvent voir leur responsabilité civile engagée du fait des activités ou des informations stockées à la demande d'un destinataire de ces services que si elles avaient effectivement connaissance du caractère illicite ou des faits et circonstances faisant apparaître ce caractère ou si en ayant eu connaissance, elle n'ont pas agi promptement pour retirer ces données ou en rendre l'accès impossible.

L'enjeu essentiel ici est la qualification juridique de l'opérateur qui permet techniquement la publication du contenu sur internet. Selon son degré d'intervention dans ce contenu il sera qualifié de simple hébergeur dégagé de responsabilité par rapport au contenu ou d'éditeur de presse responsable du contenu publié en application de la Loi sur la liberté de la presse.

D'ailleurs les FAI de l'occident dans la convention sur la cybercriminalité signée dans la foulée s'engageront à couper obligatoirement l'accès à des sites illicites. Dernière interdiction d'accès la plus médiatisée, le site Front14.org qui faisait en gros l'apologie du nazisme. Trois moyens de blocage sont souvent utilisés pour rendre un site inaccessible : filtrage au niveau de l'adresse IP, filtrage au niveau des DNS et filtrage au niveau de l'URL. Mais seule la suppression du site peut faire cesser efficacement le trouble manifestement illicite. Donc chaque fois qu'un site internet diffuse un contenu illicite (racisme, cyberterrorisme, pédopornographie...) l'hébergeur devrait en bloquer l'accès.

La critique de cette doctrine, dont des FAI elles même relève que les FAI ne sont que des facteurs pas des diffuseurs et donc leur responsabilité ne saurait être évoquée pour le contenu des flux du net. Mais la position dominante leur rappelle qu'en se considérant comme simples facteurs, les FAI se comporteraient comme ces 200 passagers dans un train en France qui ont assisté sans broncher au viol collectif d'une jeune fille. Cela pose le problème du rôle des FAI dans les échanges sur les réseaux de télécommunications.

La loi française n° 2004/575 du 21 Juin 2004 dite « loi sur la confiance dans l'économie numérique » a donné une position claire au problème en déclarant en son article 9 : « un FAI ne peut-être tenu pour responsable à raison du contenu des sites, à moins qu'il n'en soit le demandeur, commanditaire ou l'auteur. » Cette loi est en droite ligne des prescriptions du Code des postes et des télécommunications français qui en son article 32-1 (5°) dit en substance : « les FAI ont une obligation de neutralité à raison du contenu des flux transmis sur les réseaux. »

Dans cette optique, CAMTEL qui est un FAI et un hébergeur dont complètement concernée est-elle soumise selon les textes en vigueur au Cameroun à une obligation de filtrage et de vérification préalable des flux des réseaux de télécommunications.

Quand on s'intéresse à la loi régissant les télécommunications au Cameroun en son article 9 alinéa 2 (c), il ressort que la confidentialité et la neutralité des fournisseurs de services de télécommunications comme CAMTEL est prévue mais sous certaines conditions contenues dans le cahier des charges. Et l'article 11 al 2 (d) de la même loi dit en substance que cette confidentialité et cette neutralité ne peuvent tenir quand il est question de défense nationale et de sécurité publique.

La Loi Camerounaise sur les télécommunications n'est pas exhaustive et relativement jeune comparée à la source du Droit dans le domaine informatique en France à savoir la « Loi informatique et des libertés » de 1978.

Aussi, depuis INTELCAM et maintenant CAMTEL, il a fallu combler le vide juridique dans ce domaine. CAMTEL reçoit des flux de télécommunications à travers trois stations terriennes : Zamengoé, Bépanda et Garoua. C'est à ce niveau que sont décryptées toutes les informations qui doivent entrer au Cameroun et c'est à ce niveau que s'opèreraient, selon les informations recueillies à Zamengoé, les opérations de filtrage. Parce qu'en effet ces stations assurent des fonctions de filtre en considération de la protection de l'intégrité et la sécurité du territoire. Elles auraient un devoir de contrôle de la provenance, de la destination et de la nature des communications qui devraient transiter par elles avant d'être acheminées vers les usagers dans le cadre de la garantie de la souveraineté de l'Etat du Cameroun.

A partir de là, on serait tenté de se demander que renferment les concepts d'intégrité, de sécurité et de souveraineté à l'aune du tout virtuel. A-t-on bien redéfinit ces concepts en rapport avec les nouvelles atteintes opérées à travers internet ? Est-ce que le terrorisme classique comme les attentats du 11 Septembre ou ceux de Madrid et Londres sont les seules manifestations des groupes divers contre les concepts exposés plus haut ?

Le concept nouveau de cyberterrorisme a été employé par le tout nouveau ministre de la communication le dimanche 26 juillet 2009 en direct de la France sur une chaîne de radio privée « la RTS ». Monsieur ISSA TCHIROMA pour qualifier la campagne de dénigrement ayant précédée la visite officielle en France du Président de la République monsieur Paul Biya en Juillet 2009. Il a circulé sur le net des informations appelant la diaspora à se mobiliser pour contester contre la venue de son excellence monsieur Paul Biya en France. Mais à la lumière du déroulement de la visite, rien n'a été constaté dans les proportions annoncées sur la toile.

Cette attaque préméditée et politiquement motivée contre l'information et systèmes d'information, orchestrée par des agents clandestins de la diaspora n'a fait l'objet d'aucune mesure concrète. Les sites qui diffusaient ces informations étaient consultables avant, pendant et après la visite du président en France. L'attaque contre l'information ou la manipulation de l'information ou la diffusion de fausses nouvelles a déjà été perpétrée sur le net contre le même président sans représailles ou actes de sauvegarde de la part des FAI le 03 Juin 2004. Il avait circulé sur la toile l'information selon laquelle monsieur Paul Biya était mort. Pendant près d'une semaine cette rumeur avait tenu en haleine tout le pays et aurait pu déboucher sur une situation d'insécurité intérieure, d'insurrection et même de coup d'Etat.

La manière dont internet peut occasionner des troubles sur la sécurité, la souveraineté et l'intégrité des Etats est subtile et pernicieuse. En effet, depuis une dizaine d'années, les attaques contre les Etats se multiplient. Du 28 avril au 03 mai 2007, l'Estonie a été le premier pays à être le sujet d'une attaque cyber-terroriste de masse. De multiples attaques de déni de service distribué (DDOS) ont été coordonnées pour surcharger les serveurs informatiques, et ont neutralisé les sites Web des médias, privant l'accès à l'information. Le système de cartes de crédit est ensuite devenu défaillant, empêchant la population d'effectuer des achats. Finalement, les services financiers et le gouvernement ont été touchés, leurs réseaux informatiques étant paralysés. Il a été ensuite prouvé que ces attaques provenaient de plus d'un million d'ordinateurs situés partout dans le monde. Les autorités estoniennes ont suspecté la Russie d'avoir perpétré ces attaques, en réaction au déboulonnement d'un monument à la gloire de l'union soviétique. Cependant, les avis sont partagés. Ces attaques, pour une frange de spécialistes, n'auraient été qu'un exercice d'échauffement de terroristes pour en tester l'efficacité.

Les Etats-Unis ont eux aussi été touchés en 2007. En effet, l'un des réseaux du Pentagone a été infiltré lors d'une attaque contre le ministère de la défense, et des données auraient été volées. L'Etat chinois a été alors accusé d'avoir commandé ces attaques. De nombreuses autres attaques ont été perpétrées dans le monde, les autorités des pays victimes accusant d'autres Etats, comme la Chine ou la Russie. Ce phénomène est aussi qualifié de « cyber guerre ». Cette criminalité informatique est en constante augmentation, et les attaques informatiques visant la sécurité nationale des pays du monde entier, représentent depuis 2008 l'une des catégories de menaces les plus importantes.

Il ya désormais au Cameroun plusieurs fournisseurs de services de télécommunications et pour atteindre l'objectif de protection et de sécurité, il faut qu'ils se regroupent dans une association et appliquent les mêmes règles, les mêmes méthodes parce qu'une information bloquée par CAMTEL sera consultable sur un réseau concurrent nonobstant les dispositions de la loi régissant les télécommunications.

Les puristes objecteront certainement contre cette vague interventionniste du tout contrôlé et du tout interdiction, parce que nous rappelleront-ils : « liberté d'expression c'est non seulement la liberté de donner des informations, mais également celle d'en recevoir ».

Le choix du présent thème a un objectif et une justification que nous allons maintenant exposer.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld