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Agriculture et croissance économique au Cameroun

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par Hervé BELLA
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur d'Application de la Statistique 2009
  

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2.2 La nouvelle politique agricole

L'économie camerounaise et le secteur agricole qui en était le pilier ont connu une situation relativement viable avant le milieu des années 1980. Dès 1987, la chute brutale du cours des matières premières, dont dépendait fortement l'économie camerounaise, la dépréciation du dollar, la monnaie de référence dans laquelle était libellée la valeur des exportations, et la dégradation de l'environnement économique international ont provoqué une grave crise économique au Cameroun. Cette crise a débouché sur l'application des PAS sous l'égide des bailleurs de fonds internationaux. L'objectif d'assainissement des finances publiques a entraîné une baisse des salaires, une compression du personnel de l'État, des gels de certains recrutements dans la fonction publique27(*).

Un premier accord dit de confirmation avait été signé avec le FMI le 18 septembre 1988 pour une période de 18 mois. L'objectif était de stabiliser les finances publiques. Le programme économique exécuté comportait les grands axes suivants : relèvement du niveau des impôts et taxes, réduction de la masse salariale, restructuration des entreprises publiques, avec des options de liquidation ou de privatisation pour celles qui ne sont pas performantes. Les résultats ne seront pas probants. Un deuxième accord de confirmation est signé en décembre 1991 pour une durée de neuf mois, suivi d'un troisième en mars 1994 pour 18 mois.

Le secteur agricole a particulièrement été affecté par cette crise économique. L'application des PAS a entraîné un démantèlement de l'action de l'État camerounais dans l'activité économique en général et celle du secteur agricole en particulier. La politique agricole s'en est trouvée modifiée. Dès le début des années 1990, les différents acteurs du secteur agricole (État, associations paysannes, secteur privé, etc.), leurs rôles et les relations existantes entre eux, se sont profondément modifiés. L'État, sous l'égide des bailleurs de fonds a décidé de se désengager des activités liées à la production en général et de recadrer son action sur ses fonctions régaliennes et les missions de service public. C'est la fin de la planification et le début du libéralisme. L'État camerounais confirme la place prioritaire de l'agriculture dans l'économie camerounaise. Malgré la crise, elle continue d'occuper une grande partie de la population active (60 % en 199028(*)) et générer 30 % des recettes en devises. La NPA visera à consolider ces acquis tout en améliorant les performances du secteur.

2.2.1 Les acteurs du secteur agricole

Les acteurs intervenant dans le secteur agricole restent pratiquement les mêmes, seules leurs fonctions et les différentes relations entre eux vont connaître de réelles mutations.

2.2.1.1 L'État

Avec la NPA, la mise en oeuvre de la politique agricole concerne toujours deux départements ministériels en charge d'une spécialisation sectorielle précise. Le ministère de l'agriculture devenue en 2004 Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural (MINADER) pour les questions relatives aux productions végétales et le Ministère de l'Élevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) pour les productions animales. Cette bipolarisation a parfois été décriée car elle peut constituer un obstacle à la mise en place d'une politique agricole cohérente.

Avec l'application des PAS, le rôle de ces deux départements ministériels s'est amoindri dans la définition des politiques agricoles. La réalisation des équilibres budgétaires étant prioritaire, le ministère en charge de l'économie et des finances s'occupe des grandes questions économiques. C'est ainsi qu'un ensemble de mesures ont été prises en marge de l'avis éventuel des ministères de l'agriculture et de l'élevage. L'arrêt des subventions et la réforme fiscale subits par le secteur agricole en sont des illustrations. En 2006, la loi des finances a supprimé l'exonération de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur les intrants agricoles et le matériel d'élevage, une mesure qui a été jugé contradictoire avec l'objectif de faire du secteur agricole le moteur de la croissance économique. Les négociations des Accords de Partenariat Économique (APE) avec l'Union Européenne (UE) sont menées au Cameroun par le Ministère du Commerce sans association véritable du MINADER, alors que les produits agricoles constituent le sujet central de ces accords. La multiplicité des départements ministériels en charge des questions économiques a amenuisé l'influence du MINADER et du MINEPIA sur la gestion des affaires du secteur agricole. Le MINCOMMERCE pilote les négociations commerciales avec l'OMC même lorsque celles-ci portent sur des produits agricoles phares comme la banane d'exportation. De même, l'organisation de la commercialisation du cacao et du café relève du MINCOMMERCE. Avec la libéralisation, les actions de l'État sur le secteur agricole se sont faites de façon transversale, plusieurs départements ministériels s'y retrouvent plus ou moins impliqués.

Le changement de l'action de l'État dans le secteur agricole ne concerne pas seulement les nouveaux départements ministériels impliqués. La NPA a été le prolongement logique des PAS. De nouvelles fonctions ont été attribuées à l'État dans son intervention. Les activités de production et d'encadrement qu'il assurait ont du être abandonnées. Également suspendues, les subventions accordées aux producteurs. Un recentrage s'est fait outre les missions régaliennes, sur la recherche agricole. La considération de l'État sur le secteur agricole est très vite devenue celle d'un secteur économique comme les autres, qui devait subir les règles du marché sans une protection particulière. Ainsi, l'État camerounais a signé les accords de l'OMC en 1995, réduisant ainsi des RQ qui ont été jusqu'alors appliquées sur certains produits alimentaires importés. L'entrée sur le territoire camerounais des poulets congelés a mis en mal la filière avicole camerounaise qui devait faire face à cette concurrence alors même que l'arrêt des subventions de l'État avait déjà réduit ses capacités financières. La filière riz n'a pas été épargnée par ces mesures d'ouverture. La libéralisation des échanges commerciaux a quasiment démantelé cette filière de production, elle n'a pas pu faire face à la concurrence créée par les importations de riz en provenance de l'Asie dès le milieu des années 1990. Des plans de relance sont proposés mais force est de reconnaître que les importations de riz se sont largement généralisées.

Mais depuis quelques années, les institutions internationales sont favorables à un assouplissement de l'exercice de cette politique de libéralisme. Le FMI, au cours de l'année 2008 a encouragé l'État camerounais à se réengager dans l'activité économique notamment celle du secteur agricole. À cet effet, le ministre camerounais de l'agriculture et du développement rural, a accordé, le 5 novembre dernier, une subvention de 1 milliard F CFA à 200 organisations paysannes pour relancer la filière cacao-café. Des actions similaires avaient été envisagées pour les filières coton et avicole.

* 27 Les étudiants de l'ENSP ou encore de la FASA ont connu une suspension de leur recrutement à la fonction publique

* 28 Banque Mondiale

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