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Analyse de la rentabilité économique de la production du coton dans quelques systèmes d'exploitation du Bénin

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par Léon AGBA
Université d'Abomey-Calavi - Ingénieur des Travaux Statistiques 2002
  

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Tableau n°7 : Récapitulatif des autres charges sur un hectare de coton graine C/2001-2002

Secteurs

Charges

Parakou

Bembèrèkè

Banikoara

Djougou

Kouandé

Toucountouna

Savè

Djidja

Zogbodomey

cm

cm & ca

Cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm

cm

Total

41975

52295

53110

63035

22105

33785

44880

64410

33410

72490

47550

87875

27415

39025

8660

Source :enquête de terrain

NB :les valeurs sont en f c fa

3-3-4- SITUATION DES REVENUS BRUTS

Le revenu brut à l'hectare, tiré par les producteurs de la vente du coton, n'est pas uniforme pour toutes les sous-préfectures enquêtées ; ceci, par suite du rendement moyen fluctuant obtenu par les différents producteurs pour la campagne (campagne 2001-2002). Il est calculé en faisant le produit du rendement moyen par le prix d'achat du coton graine qui est de 200 Fcfa pour la campagne de référence (campagne 2001-2002) (annexe n°8). Ce revenu varie entre 169.800 francs CFA (à Savè) et 303.200 francs cfa (à Bembèrèkè). Le graphique ci-dessous illustre la situation.

Source : enquête de terrain

3-3-5- DE L'EFFECTIVITE DE LA RENTABILITE DU COTON

A ce niveau, les coûts de production sont comparés aux revenus bruts générés par la vente du produit afin de dégager une marge nette ou un revenu pour le chef d'exploitation. Les tableaux ci-dessous illustrent bien les résultats selon les trois options suivantes :

1er cas : le chef d'exploitation utilise aussi bien la main d'oeuvre extérieure (main d'oeuvre salariée) que la main d'oeuvre familiale pour faire ses travaux et n'emprunte pas auprès des institutions de crédit (tableau n° 5.1) ;

2ème cas : l'exploitant agricole réalise les travaux à l'aide de la main d'oeuvre extérieure et la main d'oeuvre familiale et emprunte auprès des instituions de crédit (CLCAM, CVEC) à un taux moyen fixe de 2 % par mois soit 24 % pour toute la campagne (tableau n° 5.2) et enfin ;

3ème cas : l'exploitant agricole, bien que n'empruntant pas auprès des institutions de crédit, utilise uniquement la main d'oeuvre familiale pour réaliser les opérations culturales ( tableau n°5.3) inhérentes à la culture du coton.

Pour toutes les options, l'hypothèse faite est que le coût de la terre est nulle car au Bénin particulièrement au nord et au centre l'acquisition de la terre n'est sujette à aucun coût.

Tableau n°8.1 : Comptes d'exploitation pour un hectare C/2001-2002 selon l'option 1

Secteurs

Intitulés

Parakou

Bembèrèkè

Banikoara

Djougou

Kouandé

Toucountouna

Savè

Djidja

Zogbodomey

cm

Cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm

cm

Total produit (Revenu Brut) (1)

236800

236800

303200

303200

301400

301400

244600

244600

264400

264400

249200

249200

169800

220400

187000

Coûts des Opérations Culturales (2)

120070

116070

94425

90425

107590

99570

87765

83765

105500

100410

90715

85835

116020

79435

81310

Coûts des Intrants (3)

67455

67455

63630

63630

85000

85000

80405

80405

66825

66825

60085

60085

76410

83845

76375

Autres Charges(4)

41975

52295

53110

63035

22105

33785

44880

64410

33410

72490

47550

87875

27415

39025

8660

Total charges (5)=(2)+(3)+(4)

229500

235820

211165

217090

214695

218355

213050

228580

205735

239725

198350

233795

219845

202305

166345

Marge Nette (6)=(1)-(5)

7300

980

92035

86110

86705

83045

31550

16020

58665

24675

50850

15405

-50045

18095

20655

Taux de Rentabilité (en%)(7)=(6) / (5)

3,20

0,40

43,60

39,70

40,40

38,00

14,80

7,00

28,50

10,30

25,60

6,60

-22,80

8,90

12,40

Source : enquête de terrain

Tableau n°8.2 : Comptes d'exploitation pour un hectare C/2001-2002 selon l'option 2

Secteurs

Intitulés

Parakou

Bembèrèkè

Banikoara

Djougou

Kouandé

Toucountouna

Savè

Djidja

Zogbodomey

cm

Cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm

cm

Total produit (Revenu Brut) (1)

236800

236800

303200

303200

301400

301400

244600

244600

264400

264400

249200

249200

169800

220400

187000

Coûts des Opérations Culturales(2)

120070

116070

94425

90425

107590

99570

87765

83765

105500

100410

90715

85835

116020

79435

81310

Coûts des Intrants(3)

67455

67455

63630

63630

85000

85000

80405

80405

66825

66825

60085

60085

76410

83845

76375

Autres Charges (4)

41975

52295

53110

63035

22105

33785

44880

64410

33410

72490

47550

87875

27415

39025

8660

Sous-total charges (5)

229500

235820

211165

217090

214695

218355

213050

228580

205735

239725

198350

233795

219845

202305

166345

Intérêts des emprunts (6)=(5)*0,24

55080

56600

50680

52100

51525

52405

51130

54860

49375

57730

47600

56110

52760

48550

39920

Total charges (7)=(5)+(6)

284580

292420

261845

269190

266220

270760

264180

283440

255110

297255

236950

289905

272605

250855

206265

Marge Nette(8)=(1)-(7)

-47780

-55620

+40355

+34010

+35180

+30640

-19580

-38840

+9290

-32855

+12250

-40705

-102805

-30455

-19265

Taux de rentabilité( en %) (9)=(8) /(7)

-16,78

-19,02

+15,41

+12,63

+13,21

+11,32

-7,41

-13,70

+3,64

-11,05

+5,17

-14,04

-37,71

-12,14

-9,34

Source :enquêtedeterrain Tableau n°8.3 : Comptes d'exploitation pour un hectare C/2001-2002 selon l'option 3

Secteurs

Intitulés

Parakou

Bembèrèkè

Banikoara

Djougou

Kouandé

Toucountouna

Savè

Djidja

Zogbodomey

cm

Cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm & ca

cm

cm

cm

Total produit (Revenu Brut) (1)

236800

236800

303200

303200

301400

301400

244600

244600

264400

264400

249200

249200

169800

220400

187000

Coûts des Intrants (2)

67455

67455

63630

63630

85000

85000

80405

80405

66825

66825

60085

60085

76410

83845

76375

Autres Charges (3)

41975

52295

53110

63035

22105

33785

44880

64410

33410

72490

47550

87875

27415

39025

8660

Total charges (4)=(2)+(3)

109430

119750

116740

126665

107105

118785

125285

1448145

100235

139315

107635

147960

103825

122870

85035

Revenu du chef d'exploitation(marge nette) (5)=(1)-(4)

127370

117050

186460

176535

194295

182615

119315

99785

164165

125085

141565

101240

65975

97530

101965

Source : enquête de terrain

De l'analyse du tableau n° 8.1, il ressort que :

A Parakou, le coût total moyen de production s'évalue à 229.500 francs cfa par hectare en culture manuelle pour une production moyenne de 1.184 kg/ha. Le revenu brut est alors de 236.800 francs cfa et il se dégage une marge nette positive de 7300 francs cfa soit 3,2 % du capital investi par le producteur moyen. En culture mixte (manuelle associée à attelée), le coût total de production est de 235.820 francs cfa pour un hectare. Comparé au revenu brut qui s'élève à 236.800 francs cfa pour la même superficie emblavée, les producteurs de cette sous-préfecture adoptant ce mode de culture tirent un gain très insignifiant de 980 francs cfa à l'hectare soit 0,4 % du capital investi. Nous pouvons alors conclure que la production du coton est faiblement rentable financièrement car les taux de rentabilité sont très faibles aussi bien en culture manuelle qu'en culture mixte.

A Bembèrekè, les producteurs peuvent se réjouir : pour un rendement de 1.516 kg/ha, ils investissent 211.165 francs cfa comme coût total de production en culture manuelle uniquement et en mode de culture manuel associé à la culture attelée, le coût total de production à l'hectare est de 217.090 francs cfa. Ils bénéficient alors en moyenne, à l'hectare, en culture manuelle, d'une somme de 92.035 francs cfa soit un taux de rentabilité financière de 43,6 % et 86.110 francs cfa en culture mixte qui représente 39,7 % du capital investi. On peut donc affirmer la rentabilité du coton à Bembérekê quel que soit le mode de culture .

A Banikoara, la marge nette est une marge bénéficiaire et s'élève à 86.705 francs cfa à l'hectare en culture manuelle et 83.045 francs cfa en culture mixte pour des coûts totaux de production qui sont respectivement de 214.695 francs cfa et de 218.355 francs cfa à l'hectare . Ainsi, dans cet ordre les taux de rentabilité sont de 40,4 % et 38,0 %.

Retenons jusque là que dans le département du Borgou , pour les deux modes de culture, les producteurs de Bembèrèkè gagnent financièrement plus que leurs homologues des deux autres sous- préfectures.

A Djougou, les producteurs qui adoptent le mode de culture manuel engagent comme capital total de production une somme de 213.050 francs cfa pour un hectare emblavé. Ce capital leur procure un bénéfice de 31.550 francs cfa soit un taux de rentabilité financière de 14,8 %. L'analyse du compte d'exploitation du producteur moyen adoptant le mode de culture mixte dans cette localité révèle que ce dernier perçoit à la fin de la campagne un montant de 244.600 francs cfa pour un hectare de coton emblavé contre un coût total de 228.580 francs cfa. Il gagne alors à l'hectare une somme de 16.020 francs cfa qui représente 7% des dépenses engagées. 

A Kouandé, la production d'un hectare de coton coûte moyennement au producteur 205.735 francs cfa en culture manuelle et 239.725 francs cfa en culture manuelle associée à la culture attelée. En engageant cette dépense, le producteur réalise un bénéfice de 58.665 francs cfa à l'hectare en culture manuelle soit un taux de rentabilité financière de 28,5 % et en culture mixte un bénéfice de 24.675 francs cfa par hectare soit un taux de rentabilité financière de 10,3 % et ceci suite à un rendement moyen de 1.322 kg/ha pour les deux modes de culture.

Les producteurs de Toucountouna, bien qu'effectuant moins de dépenses que leurs homologues des autres sous-préfectures du Nord à l'exception de ceux de Parakou, ne réalisent pas un grand profit. La marge nette que le producteur moyen tire d'un hectare de coton est de 50.405 francs cfa soit un taux de rentabilité de 25,6 % . S'il adopte le mode de culture mixte, la production du coton lui procure 15.405 francs cfa, donc un taux de rentabilité financière de 5,59 % après avoir engagé un coût total de production de 233.795 francs cfa .

A Savè, le coût moyen de production est de 219.845francs cfa/ha. Dans cette localité le rendement moyen est de 849kg par hectare, donc un revenu brut de 169.800francs cfa . Il s'ensuit alors une marge nette négative de 50.045 francs cfa soit un taux de rentabilité financière négatif de 22,76 %. Cette situation fait de Savè la zone où le coton se cultive dans des conditions onéreuses et où le rendement est aussi mauvais dans l'ensemble de la zone cotonnière.

A Djidja, pour emblaver un hectare de coton, le producteur engage en moyenne 202.305francs cfa sans son effort personnel. En se tenant à ce coût, il réalise un bénéfice de 18.095 francs cfa, soit un taux de rentabilité de 8,0 % du capital investi et ceci grâce à un rendement moyen de 1.102 kg à l'hectare .

Enfin dans la sous-préfecture de Zogbodomey, la production de 935 kg de coton par hectare (rendement moyen) nécessite 166.345 francs cfa. Cette dépense engagée par le producteur produit une marge bénéficiaire (profit financier) de 20.655 francs cfa, soit un taux de rentabilité de 12,4 %.

Retenons au passage que dans les sous-préfectures du Zou appartenant à la zone d'enquête, la production du coton engendre pour certains producteurs des pertes (producteurs de Savè) et pour d'autres des gain (ceux des deux autres sous-préfectures). Mais il faut souligner que ces gains sont faibles pour être considéré comme le revenu annuel à l'hectare du producteur bien que ces producteurs ne dépassent pas en moyenne 3 hectares comme superficie emblavée pour le coton par campagne.

En somme, pour la première option dans toute la zone d'enquête en dehors de la sous-préfecture de Savè, la production du coton est financièrement rentable bien que cette rentabilité soit faible par endroits (Parakou ).

Avec l'option que tous les travaux relatifs à la production du coton sont financés à l'aide de crédits consentis auprès des institutions de crédits (généralement CLCAM, CVEC) avec un taux fixe de 24 % par an, le coût total de production pour la majorité des producteurs enquêtés (hormis ceux des sous-préfectures de Bembèrèkè, Banikoara, Kouandé et Toucountouna) est supérieur au revenu brut ; ce qui entraîne une marge nette négative. Donc, avec cette option dite capitalistique, les producteurs de coton de cinq (05) sous-préfectures sur les neuf (09) enquêtées (55,55 %) ont enregistré une perte financière en mode de culture manuel de même que ceux de quatre (04) sous-préfectures sur les six (06) adoptant la culture attelée (66,67%) (tableau n°8.2). Par contre selon cette option et quel que soit le mode de culture, les producteurs de Bembèrèkè et de Banikoara bénéficient financièrement de la culture du coton avec environ 38.000 et 32.000 francs cfa comme montant de bénéfice pour un hectare emblavé respectivement pour le mode de culture manuel et le mode de culture mixte.

En outre, d'après l'option selon laquelle l'exploitant agricole n'utilise uniquement que la main d'oeuvre familiale pour réaliser les opérations culturales, la production du coton peut être déclarée rentable financièrement dans toutes les sous-préfectures d'enquête car il en résulte un revenu positif pour le chef d'exploitation (tableau n° 8.3). On peut donc conclure que les opérations culturales occupent une part très importante dans les coûts totaux de production. Notons au passage que cette option concerne surtout les petits producteurs du coton ou les producteurs à progéniture nombreuse qui n'ont pas besoin d'une main d'oeuvre extérieure.

De tout ce qui précède, il transparaît que la production du coton est financièrement plus rentable en culture manuelle qu'en culture manuelle combinée à la culture attelée dans les sous-préfectures du nord appartenant à la zone d'enquête; ce qui se justifie par le poids élevé de l'amortissement du matériel d'attelage dans le coût total de production. De plus quels que soient l'option et le mode de culture choisis, les producteurs de Banikoara et de Bembèrèkè gagnent toujours. Ceci peut se justifier par l'état de leur sol qui leur permet d'avoir un bon rendement et par ricochet un important revenu brut. Par contre, en temps cette tendance est renversée (annexe n°9). Ainsi donc, le producteur adoptant le mode culture mixte emblavera de plus grandes superficies et par ricochet gagnera énormément à la fin de la campagne.

3-4- LES IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DE LA PRODUCTION DU COTON

L'appréciation de la rentabilité de la culture du coton pose deux sortes de problèmes : l'absence d'un compte d'exploitation réel établi par le producteur permettant d'avoir une idée exacte des gains financiers qui n'ont qu'une pertinence limitée sur le plan socio-économique puis l'interférence de plusieurs sources de financement des investissements réalisés à partir des revenus tirés du produit.

Dans cette section, nous aborderons successivement les impacts au niveau du producteur (chef d'exploitation, ménage agricole), au niveau de la communauté (sous-préfecture) et sur l'environnement.

3-4-1- AU NIVEAU INDIVIDUEL

D'après les résultats des enquêtes, 68,6 % des exploitants agricoles ont déclaré que le coton est rentable et surtout dans les localités du Nord.

De manière globale, le revenu agricole moyen du ménage est prioritairement constitué des ressources financières issues de la production du coton, hormis les sous-préfectures de Parakou, Djidja et Zogbodomey (annexe n°10).

A Parakou par exemple, le coton participe à près de 40 % du revenu agricole total du ménage. Dans la sous-préfecture de Bembèrèkè, ce pourcentage est de 61 suivis par les revenus du maïs dont la part est de 24,7 %. Les exploitants agricoles des sous-préfectures de Banikoara et de Kouandé aussi tirent leur revenu essentiellement de la production du coton (respectivement 72,9 % et 80,8 % du revenu agricole total). Dans la sous-préfecture de Toucountouna, on peut affirmer sans risque de se tromper que les producteurs vivent essentiellement des revenus du coton car ces revenus représentent 83,4% des revenus agricoles totaux du ménage agricole moyen.

A Savè, le producteur du coton tire 53,5 % de ses ressources financières de la vente de ce produit bien que cette spéculation ne soit pas rentable pour lui. Enfin dans les sous-préfectures de Djidja et de Zogbodomey, les parts de la production du coton dans les revenus agricoles du producteur sont respectivement de 33,5 % et de 34,5 %. Dans tous les cas, les producteurs déclarent que le revenu du coton se perçoit en une seule tranche c'est-à-dire en gros et leur permet de faire un certain nombre de réalisations qui contribuent à leur épanouissement et celui de leur voisinage. Ainsi, à Parakou 80,9 % des enquêtés déclarent pouvoir subvenir à leur besoin vestimentaire grâce au revenu cotonnier et ceci de façon moyenne. Dans cette sous-préfecture 66,7 % des enquêtés puisent dans leur revenu net du coton pour satisfaire les besoins en alimentation. De même, les proportions de ceux qui épargnent l'argent du coton ou l'utilisent pour les cérémonies ne sont pas moindres (respectivement 61,9 % et 61,9 %). A Bembèrèkè, les plus grandes utilisations du revenu tiré de la culture du coton concernent l'habillement et les cérémonies (mariage, baptême...) comme l'affirment 95 % des enquêtés. En outre les producteurs déclarent utiliser les recettes du coton pour s'ériger des habitations et pour satisfaire leur besoin en déplacement, mais ceci de façon moyenne.

Sur les 24 producteurs du coton enquêtés à Banikoara, 21 ont déclaré que les revenus cotonniers leur servent à faire face aux besoins en habillement, 17 utilisent ces revenus pour accroître leur cheptel (bovins, ovins et caprins) et 14 s'en servent pour financer une partie des dépenses de cérémonies. Quant aux producteurs de Djougou, ils épargnent une part importante de leur revenu cotonnier (80 % des enquêtés) ; à cet usage s'ajoutent le financement des cérémonies confirmé par plus de la moitié des enquêtés.

A Kouandé les plus grandes utilisations du revenu cotonnier des producteurs concernent l'habillement (17 enquêtés sur 20) et l'épargne.

A Toucountuouna, les besoins en habillement consomment une grande partie du revenu cotonnier du producteur, ensuite viennent la construction des habitations et les cérémonies.

A Djidja comme à Savè, les exploitants agricoles utilisent les revenus tirés de la vente du coton pour s'habiller (75 et 70 % des déclarations) ; mais les emplois de ces revenus les plus fréquents sont les dépenses de cérémonies (funérailles...) à Djidja et la consommation alimentaire à Savè. Quant aux producteurs de Zogbodomey, plutôt que de financer l'habillement et les cérémonies avec leurs revenus cotonniers, ils préfèrent les dépenser pour la scolarisation de leurs enfants, la consommation alimentaire du ménage et la provision pour la campagne suivante.

En somme, les ressources issues de la production du coton sont investies dans l'habillement, les cérémonies, l'épargne, la construction, l'achat de biens de luxe....

Les revenus du coton permettent aussi aux producteurs de rembourser les dettes déjà engagées, de soigner leur famille et de payer les frais d'écolage de leurs enfants. D'un autre point de vue, la culture du coton contribue à la réduction du chômage en milieu rural. En effet, plusieurs chefs de ménage utilisent la main d'oeuvre salariée dans leurs exploitations(annexe n° 4 et n° 5), ce qui permet aux jeunes de trouver un emploi saisonnier surtout pendant la campagne cotonnière. La culture du coton facilite aux producteurs l'accès aux crédits auprès des CLCAM et des CVEC. Ces crédits peuvent servir pour la production du coton ou pour la culture d'autres spéculations ou servir comme fonds de commerce pour les producteurs qui exercent d'autres activités, surtout le commerce de bétail dans le Nord.

Les atouts économiques de la culture du coton pour le producteur ne se limitent pas à ceux dessus cités. Il y a aussi les arrières effets des engrais sur les autres spéculations et le bénéfice de ces mêmes engrais pour la fumure des champs en monoculture de maïs, du riz, du sorgho du piment, ...etc. et des insecticides pour le traitement du niébé contre les parasites.

3-4-2- AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE

Les recettes du coton contribuent à la construction des bâtiments socio-communautaires comme c'est le cas à Banikoara (magasin de stockage des intrants agricoles, infrastructures sanitaires pour les premiers soins) et dans certaines autres sous-préfectures de l'enquête. De plus, les ressources issues de la vente du coton (ristournes) que verse la CSPR aux USPP ont permis à ces dernières de s'acheter des véhicules de transport (titan, camions ...) qui servent pendant la campagne cotonnière et de construire des logements qu'elles mettent en location afin de se constituer des fonds de roulement et de contribuer au développement du milieu ;l'installation de la radio communautaire de Djougou, un outil important de communication que les producteurs utilisent avec fierté (annonce de réunion par les secrétaires des GV, USPP) constitue un témoignage expressif. Toujours à ce stade, la production du coton a permis la naissance de plusieurs organisations paysannes bien structurées et fonctionnelles ; c'est le cas des GV, GF et USPP et même de la FUPRO/BENIN qui est la structure faîtière de ces organisations.

3-4-3- L'IMPACT ENVIRONNEMENTAL

Il n'y a cependant pas que les impacts financiers et socio-économiques de la production du coton à appréhender: il est important d'aborder aussi les impacts de la culture du coton sur les ressources naturelles et l'environnement.

Les pesticides utilisés pour la production du coton, en particulier les insecticides EC ont d'impacts sur le corps humain comme sur le milieu physique. Ces insecticides surtout l'endosulfan intoxiquent l'organisme et les cultures vivrières (niébé, etc..). Dans la zone d'enquête, aussi longtemps qu'il y a de terres disponibles les producteurs préfèrent encore aujourd'hui défricher et mettre en valeur de nouvelles terres pour la culture du coton plutôt que d'adopter des itinéraires techniques favorables. Ce comportement conduit à la dégradation de l'environnement, à la déforestation, à la perte de la biodiversité et à une destruction de la chaîne alimentaire (morts d'animaux, d'oiseaux, de vers, de termites) ont déclaré plusieurs producteurs.

3-5-PROBLEMES ET DIFFICULTES RENCONTRES PAR LES PRODUCTEURS

Les producteurs de coton sont confrontés à une multitude de problèmes. Loin d'en faire ici un chapelet, abordons les plus pertinents.

Dans la zone d'enquête, 61,6% des enquêtés affirment que le premier problème majeur qu'ils rencontrent est le retard dans le paiement des décades (revenus cotonniers). Ce problème a de lourdes conséquences.

En effet, le retard de paiement des revenus cotonniers rend la population miséreuse et la famine s'installe dans les ménages agricoles ayant consacré la saison à ne produire essentiellement que du coton. Il s'ensuit alors une insécurité alimentaire.

Ce problème entraîne la vente du stock des céréales à contre -temps et à vil prix, le bradage des intrants agricoles et le bouleversement des programmes préétablis par les producteurs.

De plus le retard dans les paiements entraînent presque chez tous les producteurs enquêtés des impayés au niveau des institutions de crédit (CLCAM, CVEC....) et par conséquent une augmentation du taux d'intérêt et introduit dans leur rang le découragement .

Le second problème soulevé par les producteurs est celui relatif au coût élevé des intrants en inadéquation avec le prix d'achat du coton graine. La conséquence directe de ce problème est le faible niveau de la Marge Après Remboursement Intrants (MARI) et par ricochet le faible niveau du revenu net du producteur.

Il existe d'autres difficultés qui affectent la rentabilité de la filière : l'irrégularité des pluies (sécheresse et inondation), le manque et l'insuffisance des moyens matériels, humains et financiers nécessaires, le retard dans l'évacuation du coton, le problème foncier (manque de terres cultivables dans le ZOU), la mise en place tardive des intrants. Tous ces problèmes contraignent les paysans à limiter leur production

3-6- SUGGESTIONS

Aujourd'hui, la question de la bonne santé de la filière coton préoccupe plus d'un acteur. Ainsi, des actions concrètes doivent être menées et des propositions doivent être faites par n'importe qui est intéressé par la filière coton. Les suggestions que nous proposons concernent aussi bien les autorités publiques (gouvernement) que les responsables à divers niveaux de la filière.

Envers les autorités publiques.

- De commun accord avec les organismes de stabilisation existants (ONS) et surtout dans la perpective croissante de privatisation de la SONAPRA, le gouvernement doit rechercher des mécanismes alternatifs de stabilisation permettant de réduire les risques encourus par les producteurs dus aux fluctuations des cours sur le marché international de coton.

- De même, il faudrait susciter et développer d'autres marchés intéressants dans une approche de diversification des cultures de rente, génératrices de devises.

- Aussi, le gouvernement devrait utiliser des parts du revenu issu de l'exportation du coton pour mettre en place des infrastructures appropriées pour la recherche-développement interdisciplinaire basée sur la participation paysanne afin de trouver des alternatives durables et efficientes aux modes actuels de production qui réduisent les coûts de production du coton pour le producteur.

- Pour pallier au problème de manque de moyens financiers et la difficulté d'accès aux outils mécaniques les plus appropriés pour la production du coton, des actions suivantes devront être menées :

* développement et renforcement du système de crédit dans les milieux de production cotonnière avec des taux d'intérêt spéciaux pouvant permettre à tous surtout aux agriculteurs d'y accéder.

* création des postes de vente de matériels agricoles (charrues, charrettes, animaux de trait, motoculteurs ...) a défaut de la mise en place des sociétés comme la SOBEMAG à PARAKOU, partout où le besoin se fait sentir.

- Si l'on tient à pérenniser et à maintenir la filière coton au Bénin, les préoccupations suivantes relatives aux doléances des producteurs lors de notre enquête doivent être prises en considération. Il s'agit :

* du paiement des décades dans les délais raisonnables qui profitent aux producteurs ;

* de l'équilibre entre le coût des intrants et le prix d'achat du coton graine pour limiter la course à l'extensification, au défrichement et à l'exploitation massive et appauvrissante des sols. A cette fin, nous proposons que les plus-values et les surplus soient utilisés pour réduire les coûts des intrants aux producteurs.

Envers les responsables de la filière

- Les organisations des producteurs en l'occurrence la FUPRO/Bénin et ses structures décentralisées doivent rechercher des projets visant l'amélioration de la fertilité des sols afin de pouvoir relever le niveau actuel de rendement. A cet effet, des recherches doivent être entreprises pour l'identification d'autres techniques de fertilisation des sols plus pratiques et moins nocives.

Ainsi,l'utilisation et la généralisation de la jachère Mucuna proposée par Albert HONLONKOU N. doivent devenir opérationnelles.

- En ce qui concerne le problème du coût élevé des intrants et celui de l'intoxication à travers l'utilisation des pesticides et leurs impacts sur l'environnement, nous proposons la pratique et la généralisation de la Lutte Etagée Ciblée ( LEC) qui est une méthode de lutte assurant une protection de fond de la culture avec des doses réduites d'insecticides appliquées de façon calendaire auxquels sont associées des interventions complémentaires décidées en fonction des seuils atteints par les ravageurs. En effet, cette méthode permet de diminuer le coût élevé des intrants agricoles et celui de la protection insecticide en réduisant la quantité de matières nocives épandue et en respectant mieux l'environnement.

- L'absence de matières organiques dans les sols réduit l'efficacité des engrais chimiques. Pour cela, l'encadrement technique doit être plus axé sur l'utilisation efficace et efficiente des matières organiques disponibles ( y compris les tiges de cotonniers )pour réduire les risques d'érosion dus à des déficits en matières organiques qui détériorent la structure des sols et diminuent leur capacité d'absorption en eau.

- Pour finir, dans le cadre du développement global du monde rural et de la réduction des risques pour les producteurs, des stratégies telles que la prévoyance agricole ( à travers le système d'assurance ) doivent être mises en place.

La culture du coton a toujours contribué à l'augmentation des revenus aussi bien de l'Etat que des populations rurales et continue d'avoir une importance capitale dans la vie des exploitants agricoles.

A travers cette étude, nous pouvons conclure que les producteurs du Nord (Atacora, Borgou) adoptent deux modes de culture (culture manuelle et culture mixte) et que ceux du centre (Zou) ne pratiquent que le mode de culture manuel sur les emblavures cotonnières. Avec ces différents choix de mode de culture le coton perd progressivement sa place dans la taille des exploitations bien qu'il soit la principale spéculation dans la majorité des zones d'enquête.

De plus, nous pouvons aussi conclure, sauf exception faite à Savè, qu'avec la prise en compte de tous les éléments de la structure des coûts, la production du coton est globalement rentable car dégageant un résultat net positif même si ce profit est insignifiant par endroits. Néanmoins, cette rentabilité financière ne peut arriver à compenser l'effort personnel et le risque encouru par le producteur si ce ne sont les arrières effets des intrants agricoles (engrais) sur les autres cultures, l'utilisation des matériels adaptés pour la culture du coton à d'autres fins, la construction des infrastructures sociales grâce aux surplus du coton, bref les avantages socio-économiques de la production du coton.

Aussi, nous proposons que de plus grandes études soient faites (tenant compte d'un plus vaste échantillon) pour percevoir plus les réalités paysannes dans les zones cotonnières afin de chercher des solutions efficaces aux problèmes à la base de la filière coton.

OUVRAGES

1- ACCLASSATO Houensou Dénis, 1999; Efficacité économique des paysans et performance des coopératives agricoles de coton et du riz dans le département du Borgou au Bénin ( thèse de doctorat )

2- ADJINACOU G. Cyriaque et BACHABI A.  Abdoul'Ganyi ; Rapport de base pour une gestion décentralisée des stocks tampon d'intrants coton par les organisations professionnelles agricoles.

3-AIC, octobre 2001 ; Note sur la crise financière du coton et approches de solutions

4- AIC, décembre 2001 ; Etude sur la crise financière cotonnière.

5 - AGRITERRA ET FUPRO-BENIN, octobre 1998 ; Etude sur le mouvement paysan au bénin

6-ALLAYE Athanase, DOGBAN E. Didier, YERIMA N'Gobi Roger, 2000-2001 (maîtrise Histoire UV417); La filière coton au Bénin :bilan et perspectives

7-BNETD-HORUS Entreprises, novembre1999 ( Côte d'Ivoire); Etude pour la détermination d'un mécanisme du prix d'achat du coton graine.

8- CROLE-REES Anna et BIO GOURA Soulé, juin 2001 ; Secteur cotonnier du bénin : mécanisme de formation des prix cotonniers et des intrants.

9- DEVEZE Jean-Claude, avril 1994 ; Les zones cotonnières entre développement, ajustement et dévaluation : Réflexions sur le rôle du coton en Afrique francophone de l'ouest et du centre.

10- FAURE Guy, décembre 1994, Pratiques paysannes et utilisation des intrants en culture cotonnière au BENIN.

11- G. Raymond et BEAUVAL Valérie , juillet 1995 ; Le coton au Bénin en 1995, Situation actuelle et projection à l'horizon 2000 de la production du coton graine .

12-HONLONKOU N'lédji Albert, 1999 ; Impact économique des techniques de fertilisation des sols : cas de la jachère Mucuna au Sud du Bénin (thèse de doctorat )

13- LARES et APEIF , novembre 1995 ;Coûts de production et alternatives à la culture du coton dans le Zou et le Sud - Borgou

14- LARES , octobre 1998 ; Analyse descriptive du marché des produits agricoles au Bénin.

15- MACRAE John, 2001 ; Etude comparative sur l'impact de la libéralisation du secteur cotonnier en Afrique subsaharienne.

16-MDR, juillet 1996 ; Les enjeux de la filière coton au Bénin

MDR ; Aperçu sur la filière coton au BENIN.

17- TON Peter, 2001, Production cotonnière et conditions de vie en milieu rural en Afrique de l'Ouest.

18- SONAPRA, février 2002 ; Diagnostic des difficultés et l'identification des potentialités de la filière coton au BENIN.

19-Jean Paul Déguidé TOIHEN et Eustache WANKPO, novembre-décembre 2001 ;suivi de la mise en oeuvre du programme d'information et de communication de la Fédération des Unions des Producteurs du Bénin

20-TOMETY Simon Narcisse et SEMONDJI Maxime, Août 2001 ; Contributions des organisations paysannes et producteurs agricoles à la définition de la politique agricole de l'UEMOA.

REVUES

-« AGRICULTURE » n°37 Avril 2002

-« AGRICULTURE » n°38 Avril 2002

L'ECHOS DES COTONNIERS » n°5 Mai 1999

L'ECHOS DES COTONNIERS » n°8 Septembre 2000

ANNEXES

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand