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La lutte contre la pauvreté dans les sections communales de Jean Rabel: Conditions de développement rural

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par Jhon Réginald RODNEY
Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Port-au-Prince - Licence 1999
  

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4.4. Le développement rural de Jean Rabel dans une perspective de développement global et national

A Jean Rabel, comme dans toutes les communes de la République d'Haïti, le monde rural demeure le principal réservoir de pauvreté. En effet, les ruraux pauvres représentent plus de trois quarts de la population totale de la commune, et 82% de la population nationale. Il s'ensuit que la pauvreté est un phénomène essentiellement rural tant qu'au niveau de la commune qu'au niveau national. C'est pourquoi le développement rural de Jean Rabel se révèle fondamental à la concrétisation du bien-être national. Alors, qu'est-ce qui mérite d'être fait?

A la lumière des analyses présentées ci-dessus, il est possible d'indiquer les éléments fondamentaux d'une politique de développement rural pour la commune dans une perspective de développement global et national:

a) Le développement rural de Jean Rabel ne peut être réalisé sans l'engagement de l'Etat. Cela s'explique surtout par les apports en crédit, en assistance technique, en irrigation, en voies de communication ainsi qu'en infrastructure de production et de commercialisation.

Aujourd'hui, après plusieurs années d'instabilité politique, d'isolement international et de chaos économique, le secteur privé ne réunit pas les moyens nécessaires pour mettre en branle le processus de développement rural. Les ONGs ou les associations communautaires sont en train de pallier à des failles de l'Etat, mais elles n'ont pas encore les structures suffisantes (peu de resources, manque de coordination entre elles, etc.) pour réaliser le développement rural tant espéré. Alors, il revient à l'Etat de prendre en main sa responsabilité constitutionnelle et de recourir aux emprunts internationaux ou à d'autres moyens légaux de collecte de fonds pour se doter en ressources matérielles et humaines que nécessite la relance économique du monde rural.

Aussi, des instruments plus adéquats - non seulement de type juridique et répressif - doivent être utilisés pour combattre la corruption des fonctionnaires de l'Etat et plus particulièrement ceux qui sont en charge du recouvrement des recettes fiscales (douanières, impôts) et non fiscales afin que cela ne fausse pas les investissements dans les infrastructures du développement et ne réduit pas le potentiel d'intervention social de l'Etat.

b) L'engagement de l'Etat ne peut être efficient et efficace sans l'élimination des structures injustes et une bonne répartition des services sociaux de base. Dans le monde rural, il existe un profond dualisme qui se manifeste principalement à travers l'accès aux ressources et aux services sociaux de base. Ce sont surtout les grands propriétaires qui bénéficient des projets d'irrigation et de reboisement. Les programmes de crédit laissent de côté les petits propriétaires et les salariés agricoles. Plusieurs interventions réalisées dans le monde rural n'ont pas réussi à enclencher un processus de développement auto-soutenu parce qu'elles ont négligé les problèmes structurels.

Parallèlement, la mauvaise répartition des services sociaux de base contribue grandement en l'appauvrissement des paysans. Pourtant, une bonne répartition et une bonne qualité des services sociaux de base sont les meilleurs moyens d'améliorer la productivité économique et le bien-être des familles.

La constitution en elle-même, par le fait qu'elle recommande la réforme agraire, l'accès à une éducation de base et à la santé, indique déjà le chemin à suivre pour combattre les structures d'un tel dualisme. Il est vrai que, dans les années soixante et soixante-dix, de multiples erreurs ont été commises dans les politiques de réforme agraire appliquées en Amérique Latine. Heureusement, il existe aujourd'hui des instruments conceptuels et méthodologiques qui permettent de les éviter. L'essentiel est de savoir faire preuve de discernement et de volonté politique.

c) L'élimination des structures injustes et une bonne répartition des services sociaux de base ne peuvent réduire la pauvreté rurale si elles ne sont pas accompagnées d'une politique de développement agricole. Il ne suffit pas de favoriser un meilleur accès aux ressources et aux services sociaux de base. Il est nécessaire de les améliorer de façon à garantir une croissance soutenue de l'agriculture qui est la principale activité des paysans.

La croissance rapide de l'agriculture peut être engendrée de différentes manières. Elle peut provenir de l'expansion des superficies cultivées. Elle peut aussi résulter de l'utilisation efficace de technologies. Dans le cas de Jean Rabel, la deuxième option serait la meilleure. Même ainsi, on devrait choisir le type de technologies à utiliser. Les techniques qui augmentent la productivité de la terre serait à court et moyen terme les plus adéquates. L'essentiel est de déployer des efforts pour mettre en place des systèmes de production rentables en combinant des connaissances traditionnelles avec des innovations scientifiques modernes.

On ne peut pas laisser les investissements des agriculteurs et des éleveurs totalement exposés aux caprices de la nature. Par exemple, il est nécessaire d'avoir des variétés de plantes et des races d'animaux plus résistantes à des maladies rencontrées dans la commune. A ce niveau, la raison de l'engagement de l'Etat est de rendre le secteur primaire plus flexible, c'est-à-dire plus âpte à répondre aux signaux des prix. Pour atteindre une telle flexibilité, l'agriculture ne doit plus être considérée comme une source d'excédent à être transféré au secteur urbano-industriel. Elle doit avoir à sa disposition une grande partie de la valeur ajoutée qu'elle produit (MELLOR, 1995).

En ce qui a trait aux activités à entreprendre, la priorité est à accorder à la production d'aliments. Cela s'explique en partie par le fait qu'il est nécessaire de réduire dans l'immédiat la vulnérabilité alimentaire des ruraux. En plus de cela, il est indispensable d'économiser des devises qui seraient destinées à l'importation d'aliments d'autant plus que les perspectives d'obtention de celles-ci à court et moyen terme sont très modestes.

Il y a deux autres points importants mais qui, à Jean Rabel, sont toujours oubliés dans les programmes de développement rural. D'abord, la localisation de chaque activité agricole est à déterminer essentiellement en fonction de la vocation des terres. C'est en quelque sorte anormal de voir les plaines largement couvertes d'arbres alors que les montagnes sont presque totalement dénudées et livrées à des cultures sarclées. En suite, une politique de prix alimentaires est à envisager. Elle doit être définie de manière à prendre en compte non seulement l'allocation de meilleures incitations aux producteurs mais aussi l'amélioration de l'accès des consommateurs aux aliments.

c) Et, en dernier lieu, le développement agricole ne peut être garanti s'il n'est pas poursuivi dans le cadre d'une politique macro-économique bien structurée. Un contexte macro-économique inadéquat résulterait en l'échec de la meilleure politique de développement agricole. Pour atteindre des objectifs de croissance soutenue en agriculture, il est nécessaire de définir et d'appliquer des mesures à effets globaux et nationaux (voire internationaux).

Les politiques budgétaires, fiscales et monétaires ainsi que les taux de change, les taux d'intérêts et le niveau des salaires ont une influence considérable sur le secteur agricole. Un manque d'attention budgétaire envers l'agriculture peut être fatal notamment à la mise en place d'infrastructures nécessaires à la production ou à la commercialisation d'aliments. Une forte taxation de l'économie peut décourager les producteurs. Les taux de change font varier significativement les importations de certains facteurs de production. Les taux d'intérêt conditionnent amplement la décision du producteur de consentir un emprunt. Le niveau des salaires est un déterminant évident de la disponibilité d'emplois et de la variation des revenus (TIMMER et al., 1986).

Aujourd'hui, il est impératif de gagner la confiance des investisseurs petits ou grands afin qu'ils n'hésitent plus à entreprendre des activités tant dans l'agriculture que dans d'autres secteurs de l'économie. Pour concevoir et mettre en application une politique de développement rural propre à atteindre un tel objectif, on ne peut pas négliger les variables macro-économiques.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand