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La lutte contre la pauvreté dans les sections communales de Jean Rabel: Conditions de développement rural

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par Jhon Réginald RODNEY
Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Port-au-Prince - Licence 1999
  

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CHAPITRE I

1.1. Diagnostic de la situation

A-Cadre géographique et physique

La localisation et les limites de la commune

D'une superficie de 484 km², la commune de Jean Rabel est située dans le département du Nord-Ouest d'Haïti et fait partie de l'arrondissement du Môle Saint Nicolas. Fondé en 1743, Jean Rabel fut d'abord paroisse avant d'être élevé au rang de commune le 17 octobre 1821. Elle est limitée au Nord par l'Océan Atlantique, au Sud par les communes de Baie de Henne et d'Anse Rouge, à l'Est par la commune de Port-de-Paix et à l'Ouest par la commune du Môle Saint Nicolas. La commune de Jean Rabel est comprise entre les 19°41' et 19°55' de latitude Nord et entre les 72°56' et 73°45' de longitude Ouest1(*).

Divisions administratives

La commune de Jean Rabel comprend sept (7) sections communales et le bourg. Centre commercial et administratif, le bourg loge les services déconcentrés de l'Etat, l'administration communale, l'Hôpital, certaines institutions scolaires d'envergure (le Lycée, les collèges, les écoles congréganistes) et les bâtiments religieux les plus importants de la commune. C'est aussi au Bourg qu'on retrouve la plus grande concentration humaine de la commune (plus de 7000 habitants)2(*).

Les sections communales jouent peu de rôle sur le plan administratif. Elles sont classées dans l'ordre selon la taille de leur population. Il convient de citer : Lacoma, Guinaudée, Vieille Hatte, La Montagne, Dessources, Grande Source et Diondion. Chacune de ces sections est subdivisée en habitations qui à leur tour se subdivisent en localités. Le nombre des habitations et des localités varie d'une section à l'autre.

Il n'existe en effet aucune loi sur la construction et la délimitation des habitations malgré l'urgence en la matière et la volonté affichée par les gouvernements successifs, à travers les plans stratégiques, depuis 1996. D'après les informations recueillies auprès de l'Administration Communale de Jean Rabel, plusieurs critères sont pris en considération pour transformer une localité en habitation.

1) La localité demandeuse doit se placer au centre de plusieurs autres localités

2) Elle doit avoir une population plus importante que les autres

3) Elle doit posséder une église, une école ou un marché

4) Elle doit être la plus ancienne d'un groupe de localités habitées

Ces critères sont inspirés d'une pratique utilisée par les anciens Chefs de Section Rurale (actuelle Section Communale) lorsqu'il s'agissait de créer de nouvelles habitations.

En se référant aux registres de l'Administration Municipale, la commune de Jean Rabel compte deux sections à onze habitations chacune, une à 10 habitations, trois à neuf habitations et une à huit habitations, réparties selon le tableau ci-dessous.

Tableau 1 : Répartition des habitations de la commune par Section Communale

Sections communales

Nombre d'habitations

Distance du centre au bourg

Les habitations

Localités revendiquant un statut d'habitation

01

Lacoma

11

15 km

Atrèl, Barbe Pagnol, Cabaret, Caletang, Dubois, Fond Lectine, Gombo, Lacoma, Pisée, Port-à-l'Ecu*, Raymond

 

02

Guinaudée

11

13 km

Boucan Patriot, Café, Paul, Ca Philippe, Colette, Datty, Fond noir, Guinaudée, Lalande 2ème, Loubier, Péchaud, Sauval

 

03

Vieille Hatte

10

19 km

Bassin Bleu, Campledo (Ca Matthieu), Fourby, Grande Falaise, La Source, La Réserve, Nan Solon (parfois appelée Fond Zombi), Repos, Trassael, Vieille Hatte

 

04

La Montagne

9

19 km

Bois aux vents, Cademé, Ca Gaudette, Désabée, Gaudette, Jens, Labellée, Nan Jules, Nan Plaisir

 

05

Dessources

9

5 km

Catron, Goimbert, Lalande 5ème, Leblanc, Moudo, Nan Man Noël, Porrier, Vert de Gris, Yawe

 

06

Grande Source

9

9 km

Buron (+ Beauvoir), Fond Madame (+ Bois Neuf), Grande Source, Jean Solme (+ Métayer), Nan Digé, Nan Saut (+ La Salombe), Osina, Pellier (+ Bombel), Richard

La Salombe, Bombel, Dicongé, Débauché, Beauvoir, Bois Neuf, Métayer

07

Diondion

8

9 km

Gros Sable (+ Leban), Fond Ramadou, Baguette, Vieille Terre (Deschamps), Diondion, Corail, Bingo (Beauvoir), Coicou

Leban

Sources : Mairie de Jean Rabel

En gras : l'habitation considérée comme le centre administratif de la section

En italique : les localités revendiquant le statut d'habitation

*: habitations donnant sur la mer

Coicou : entièrement prise sur le bourg élargi (= agglomération du bourg)

Il faut souligner que la délimitation administrative et territoriale de la commune de Jean Rabel, en ce qui concerne les habitations, est vieille de plus de quinze ans et n'a pas été réactualisée. Ce qui suscite beaucoup de protestations dans certaines sections, notamment dans la troisième et la sixième section où beaucoup de localités ont fait valoir leur prétention à être élevées au rang d'habitation. Ainsi dans la troisième section une localité, Bananier Blain, attend que le statut d'habitation lui soit conféré. C'est le même cas à Grande Source où les localités de Richard, La Salombre, Dicongé et Débauché ont la même revendication.

Le Relief

Le relief de la commune de Jean Rabel est diversifié et constitué de plateaux, collines et de massifs peu élevés. Leur hauteur varie de 300m à 900m d'altitude. Le Nord de la commune, le long de la côte, est marqué par un petit massif qui culmine à 324 mètres environ (Morne Bourrique). Les massifs les plus élevés se trouvent dans la partie Sud. Les mornes les plus importants sont : le morne Dublain (500m) et le morne Movent (711m) qui se trouvent à Guinaudée ; le morne Château (885m) qui se situe à la limite de la troisième et la quatrième section et le morne Déré (907m) qui sépare la commune de Jean Rabel avec celle de Baie de Henne. Ces massifs sont coupés de profondes vallées orientées Nord-Sud3(*).

Il faut noter que la commune est coupée, à partir du morne Tapion, en deux bassins versants principaux : le bassin versant de Jean Rabel et celui de Catinette. Ceux-ci donnent naissance à deux ensembles de plaines qui sont : la plaine de Jean Rabel et la plaine sèche de Sauval.

La première regroupe un ensemble de petites plaines, Colette, Coicou et Fond Ramadou qui se rencontrent avec la plaine alluviale La Source, qui occupe le lit majeur de la rivière de Jean Rabel, laquelle se prolonge jusqu'au littoral aux alentours du quartier du Bord de Mer. Elle a une superficie de 500ha environ. La seconde se trouve dans les deuxième et première sections communales. Elle se prolonge à l'Est à Lacoma et s'étend au Nord jusqu'aux confins de l'habitation dite Péchaud. Sa superficie est de 10000ha.

Il faut toutefois mentionner la situation géographique particulière du bourg de Jean Rabel qui se trouve dans une cuvette. Coincé entre les Sections Communales de Vieille Hatte, de Dessources et de Diondion, le Bourg sert de déversoir aux eaux de ruissellement provenant des mornes avoisinantes. Cela rend la population du bourg très vulnérable pendant les saisons pluvieuses et au moment des cyclones.

Hydrographie

La commune de Jean Rabel est divisée en deux principaux bassins versants. Celui de la rivière de Jean Rabel (145 km²), à l'Ouest du Morne Tapion, et celui de la rivière Catinette (150 km²) à l'Est du Morne.

La rivière de Jean Rabel mesure environ 23 km. Elle prend sa source au morne Château situé à 885m d'altitude. Dans sa partie supérieure, la rivière de Jean Rabel est essentiellement alimentée par des ravines torrentielles. Sur les 10 premiers kilomètres du cours de la rivière, on dénombre 20 ravines principales, pour un seul affluent régulier, la rivière Doucet. La rivière de Jean Rabel est donc sujette aux crues subites et destructrices, comme en Novembre 2006, où les inondations ont fait 6 morts et de nombreux dégâts matériels. Les berges de la rivière sont aussi fortement érodées4(*).

Au Nord du bourg de Jean Rabel, 17 km après sa source, la rivière de Jean Rabel rencontre ses deux principaux affluents : la rivière Coicou (4,5 km) et la rivière Prien (15,5 km). Ces deux affluents connaissent eux aussi de graves problèmes d'érosion de leurs berges, en particulier la rivière Prien, dont le lit mesure près de 30 à 100 mètres de large sur les 12 derniers kilomètres de son cours, pour un débit moyen de quelques centaines de litres d'eau par seconde. De très importants aménagements de berges seraient nécessaires afin de contrôler l'érosion et de limiter les risques d'inondations destructrices.

Les derniers kilomètres avant l'embouchure de la rivière de Jean Rabel sont moyennement aménagés, avec la présence de nombreuses parcelles irriguées.

La rivière Catinette quant à elle, prend sa source à 500m d'altitude. Après un parcours de plus de 15km, elle rejoint la rivière Dispute (21km) pour donner naissance à la rivière de Lacoma. Celle-ci se perd dans les marais de Port à l'Ecu, sans atteindre la mer, tout comme la rivière Denisse, généralement incluse dans la même bassin versant.

Globalement, les berges de ces cours d'eau sont moins endommagées que celle des rivières Prien et de Jean Rabel. Les crues peuvent malgré tout endommager fortement les aménagements effectués, comme en Novembre 2006 où l'adduction et le système d'irrigation de Sauval ont subit des dégâts importants.

Le climat

De par les caractéristiques de son relief, la commune de Jean Rabel connaît deux régimes climatiques bien distincts. Un climat d'altitude avec une pluviométrie moyenne annuelle de 1200 mm de pluie dans les hauteurs et un climat semi-aride5(*) allant de 500 mm à 900 mm de pluie dans sa plus grande partie.

Deux saisons bien marquées caractérisent la première zone : une saison sèche de février à avril et une saison pluvieuse entrecoupée parfois de mois sec durant le reste de l'année. La végétation, de type arboré, est plus dense dans cette zone. Il ne s'agit pas de forêt à proprement parler. Il existe cependant beaucoup d'arbres fruitiers à l'ombre desquels le café et le cacao sont cultivés. Les sections communales concernées sont : La Montagne, Vieille Hatte (La Réserve, Bassin Bleu), les hauteurs de Grande Source et de Dessources.

La zone semi-aride est très étendue. Elle commence à l'Est à partir du Bas des Moustiques, dans les environs de la commune de Port-de-Paix, couvre entièrement la partie septentrionale des sections communales de Lacoma, de Guinaudée et de Vieille Hatte et se prolonge à l'Ouest jusque dans les piémonts karstiques de Dessources, de Grande Source et de Diondion.

Les observations faites à partir des pratiques culturales de la population et les données pluviométriques recueillies montrent que la zone semi-aride est caractérisée par quatre saisons : deux saisons sèche et deux saisons pluvieuses. La première saison pluvieuse va du mois de septembre à novembre. Elle est suivie immédiatement par une saison sèche de décembre à avril. La deuxième saison pluvieuse va de la première décade du mois de mai à la dernière décade du mois de juin. La période sèche se réinstalle à nouveau en juillet.

Durant les saisons sèches le vent souffle très fort et le débit des sources et des cours d'eau diminue. Les périodes sèches nuisent au développement de l'agriculture. Dans la vaste plaine de 15000 hectares, qui va de Sauval à Lacoma, les cultivateurs sont contraints de pratiquer une agriculture pluviale c'est-à-dire liée à la tombée de la pluie. Dans les périmètres irrigués, la distribution de l'eau se fait dans des conditions qui aboutissent souvent à des conflits entre cultivateurs. Par ailleurs une pénurie d'eau potable est constatée au niveau du Bourg durant ces périodes.

A noter que ces saisons ne sont pas toujours régulières. La pluviométrie varie d'une année à l'autre. Sur deux années consécutives un même mois peut-être sec ou pluvieux. C'est le cas, par exemple, du mois de janvier qui a été particulièrement pluvieux en 2006 et sec en 2007.

Tableau 2 : Pluviométrie enregistrée à Jean Rabel de 2002 à 2005 (en millimètre)

 

Janv.

Fév.

Mars

Avr.

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Oct.

Nov.

Déc.

2002

101.4

19.6

13.6

27.8

73.6

75.2

17.4

67.4

66.4

40.6

18.8

49

2003

262

6.2

70.9

159

86.4

74.6

13

79.4

57.8

70.8

51.8

293.5

2004

74.3

37

132.5

81.8

99.5

50.5

39

38

136.5

79.8

75.8

90

2005

137.5

 

25

84

79

118

68

52.5

101

212

89

17

Sources : Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural ; CARE-Haïti ; BRH

De même, l'année 2002 a été la plus sèche avec 462,5 millimètres de pluie. Ces instabilités climatiques sont liées en partie à la proximité de la commune par rapport au Tropique du Cancer, son ouverture sur l'Océan Atlantique et les caractéristiques de son relief, lequel est soumis de façon constante aux alizés qui soufflent durant une grande partie de l'année.

Par ailleurs, du 21 au 26 novembre 2006 entre 300mm et 400mm de pluie ont été déversés sur la commune. Ces pluies diluviennes, liées à la saison cyclonique, étaient dues au passage d'une onde tropicale stationnaire sur Haïti notamment sur les régions du Nord-ouest, de la Grande Anse et des Nippes. Elles ont provoqué le débordement des rivières des deux principaux bassins versants de la commune, (BV de Jean Rabel et BV de Catinette) avec comme conséquence l'inondation du Bourg et des plaines. Il faut noter qu'une inondation pareille avait frappé la commune en avril 19716(*).

Il faut enfin souligner qu'il n'existe aucune donnée disponible en matière d'enregistrement de température à Jean Rabel. Cependant il est constaté que la commune jouit d'une température relativement fraîche de novembre à mars.

* 1 Source : Département du Nord-Ouest, Rapport diagnostic PDC Jean Rabel, Janvier 2007.

* 2 Idem.

* 3 Source : Département du Nord-Ouest, Rapport diagnostic PDC Jean Rabel, Mars 2007.

* 4 Source: Département du Nord-Ouest, Rapport diagnostic PDC Jean Rabel, mars 2007.

* 5 Source: Rapport sur le diagnostic de la situation du Nord-Ouest, mai 1998.

* 6 On ne dispose pas de données chiffrées sur la quantité de millimètres de pluie tombés en avril 1971.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci