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La gestion des programmes et projets axés sur les résultats: outils et mécanismes de mise en oeuvre; expérience du bureau du PNUD au Tchad

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par Emmanuel Nguéyanouba
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master 2 Développement et management des Projets 2007
  

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III.2. La faiblesse des capacités de réponse à la pauvreté.

La paupérisation décrite plus haut est exacerbée par la faiblesse dans la gestion du développement c'est-à-dire dans l'élaboration et l'exécution des programmes de relance économique et de redistribution sociale. L'épineuse question de capacité d'absorption dans l'administration tchadienne affecte négativement la qualité des dépenses publiques, et ce au détriment des secteurs du développement humain (santé, éducation, développement rural,...). Au 30 juin 2005, seulement 34 % des crédits alloués aux dépenses prioritaires de développement (santé, éducation, développement rural...) ont été engagés et 24% seulement ont été payés. Ce problème de capacités d'absorption doit être cependant posée de manière globale et non pas être réduite à la faiblesse des ressources humaines, techniques et matérielles des structures nationales impliquées dans la chaîne des dépenses publiques. En effet, la faiblesse des capacités d'absorption au Tchad est un problème global de lacunes à chacune des étapes du cycle de mise en oeuvre des programmes et politiques de développement depuis la conception peu participative des cadres stratégiques jusqu'à l'inefficacité du suivi et évaluation en passant par les faiblesses de programmation et d'exécution financière ou physique.

La faiblesse des capacités d'absorption est également liée à trois autres facteurs : la corruption, la mobilité élevée des fonctionnaires et l'impact limité du partenariat au développement sur le renforcement des capacités nationales du fait notamment de règles et procédures trop complexes. La corruption risque en effet d'inhiber l'efficacité des investissements publics, de freiner ainsi la croissance économique et de contrarier les efforts accomplis en vue d'instaurer une bonne gouvernance. Contribuent aussi à cette faiblesse les fréquentes restructurations des ministères, la mobilité fort élevée des agents de l'Etat ainsi que des hauts responsables l'Administration.

III.3. Les contraintes structurelles au développement humain.

La gestion du développement se trouve en grande partie contrecarrée par le caractère structurel des déterminants de la pauvreté que sont les dégradations continues des environnements économique, politique, et physique du pays. La croissance a été très faible au cours des dernières décennies. Jusqu'en 1999, elle a rarement excédé de plus d'un point le taux d'accroissement annuel de la population ; la croissance a même reculé de 0,4 % en 2000 par rapport à 1999. Il va de soi que ces rythmes de croissance de l'économie ne pouvaient créer suffisamment d'emplois pour une population estimée à 6,28 millions avec un taux d'accroissement naturel de 2,5%.

L'avènement de l'ère pétrolière a été considéré comme une opportunité unique de progresser dans la voie du développement humain étant donné que les revenus de l'Etat allaient doubler et que 80% de ceux-ci devaient être affectés aux secteurs prioritaires du développement humain de la santé, de l'éducation, du développement rural et des infrastructures. Cette vue optimiste doit être tempérée au regard des prévisions récentes qui projettent un déclin de la production pétrolière entraînant un recul drastique du taux de croissance du PIB pétrolier réel qui s'établira à 2% en 2005 comparé au taux de 27% de croissance projeté auparavant.

Sur le plan politique, l'Etat tchadien montre comme partout en Afrique les caractéristiques structurelles d'une faible institutionnalisation. En effet, si certaines normes bureaucratiques (élections, grades administratifs, armée et police nationales) permettent une certaine fonctionnalité du pouvoir administratif, le système d'obligations reste cependant déterminée par des normes non institutionnalisées telles que le clientélisme politique ou les relations personnelles. La corruption mentionnée ci-dessus s'explique ainsi par un dysfonctionnement du système étatique dans lequel certains services de l'Etat (subventions, licences, exemptions, emplois, dotations budgétaires,...) peuvent être fournis par des voies arbitraires, discrétionnaires, voire personnalisées.

La résurgence de l'insécurité et des conflits au Tchad est chronique et constitue un problème fondamental de société et de développement, au sens où l'existence de foyers de tensions perpétuelles empêche la constitution d'un tissu social et le maintien d'un consensus politique stable. Aucune perspective de long terme ne peut être envisagée dans un tel contexte de tensions, d'insécurité physique, de pertes matérielles, de crise alimentaire, ou de violences diverses. Ceci explique en grande partie le peu d'intérêt des investisseurs privés pour le pays, ou encore le bas niveau de la production agricole et donc le pourcentage élevé de la population souffrant de la faim et de la malnutrition.

L'absence d'un dialogue suivi entre les différents acteurs politiques ainsi qu'entre le gouvernement et la société civile ne permet pas une gestion participative et transparente du développement. La priorité doit être donc donnée à des actions qui rétablissent le dialogue politique et social en vue d'engager de manière participative des actions qui augmentent l'institutionnalisation de l'Etat tchadien et notamment de son système de distribution.

L'insécurité au Tchad comme ailleurs en Afrique a une dimension transfrontalière particulièrement le long des frontières Sud et Est avec respectivement la RCA et le Soudan (région du Darfour). Elle y prend diverses formes : insécurité physique, matérielle et alimentaire du fait d'importants déplacements des populations fuyant les troubles dans ces pays voisins. Cette insécurité frontalière engendre des groupes vulnérables particuliers que sont les réfugiés et les populations autochtones d'accueil. On relève sur les sites de Maro et Danamadji au Sud du Tchad, la présence d'environ 20.000 personnes. Le conflit dans le Darfour, a provoqué le déplacement d'environ 1 000 000 de personnes. Plus de 150 000 ont franchi la frontière pour se mettre à l'abri au Tchad. Du fait de la présence et des mouvements de ces réfugiés et déplacés, les conditions d'existence des populations tchadiennes d'accueil se trouvent fragilisées par les dégâts causés sur les cultures, les pâturages, et la pression exercée sur les ressources déjà rares en eau et en vivres. Ces conséquences de la présence de réfugiés et de déplacés nécessitent des stratégies et des programmes de développement local qui combinent l'assistance d'urgence de court terme à des interventions de sortie de crise de plus long terme. La mise en oeuvre de ces stratégies et programmes dans les régions d'accueil de réfugies et déplacés peut servir d'expérience pilote de développement local transposable dans d'autres régions ou à l'ensemble du pays.

  Comme la décroissance économique, la dégradation continue des écosystèmes revêt également un caractère structurel du fait de la position géographique du Tchad. L'enclavement du pays conjugué au changement du régime des pluies depuis la période humide de 1950-1973 a provoqué le déplacement des isohyètes annuelles d'environs 180 km vers le sud entraînant de profonds bouleversements des paysages et des activités humaines en dépit d'une amélioration très sensible du régime moyen des pluies depuis cinq ans. Ces changements sont, avec l'augmentation des pressions anthropiques à la base des phénomènes d'appauvrissement des sols, de la désertification, et de l'érosion éolienne ou hydrique. Autant de facteurs qui influent négativement sur la santé et la productivité des hommes. En effet, les pratiques culturales inadaptées ont entraîné une extension des zones de pâturage vers le sud, au détriment des terroirs agricoles, créant régulièrement des conflits entre agriculteurs et éleveurs. A cela s'ajoutent les modes d'exploitation inappropriées : feux de brousse, ramassage incontrôlé du bois de feu, intensification de la pêche et du braconnage.

CHAPITRE IV. LES REALITES DE LA MISE EN OEUVRE DE LA GAR : LA GESTION DU PROGRAMME

L'analyse de la situation permet d'identifier les différents problèmes de développement et d'isoler ceux sur lesquels le PNUD va axer son intervention. Ensuite le CPAP aborde l'étape des parties prenantes, s'accorde avec elles sur un consensus en ce qui concerne les priorités de développement à retenir pour la durée de la programmation. Lors du séminaire de validation du CPAP en cours du bureau du PNUD tenu au CEFOD (N'djamena, 21- 22 décembre 2005), le Représentant Résident adjoint qui dirigeait le séminaire n'a pas manqué de mentionner que « tout est priorité au Tchad » et que cela pose une véritablement difficulté quant au choix d'axe d'intervention. C'est, au regard des priorités définies dans le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) et des domaines d'intervention du PNUD que ce dernier a retenu de centrer l'action sur une problématique de développement à deux manches : la gouvernance et la lutte contre la pauvreté constituant deux sous-programmes déclinés en différents projets.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard