I.4.1.c Calibration écho-faciès/carotte et
processus de dépôts
J'ai essayé dans ce paragraphe, de mettre en relation les
processus sédimentaires et les faciès observés dans les
logs décrits ci-haut.
Les carottes montrent des dépôts dominés
par des boues carbonatées ou pélagiques, les vases
hémipélagiques et les sapropèles. C'est une
sédimentation pélagique et hémipélagique
influencée uniquement par des modifications en apports terrigènes
provenant de la marge et biogenèses liés à la
productivité biologique de surface. Le zoom fait sur la section 4 de la
carotte 84MD654 (fig. 26) montre des micro-failles, preuve d'un glissement ou
d'une destructuration de la couverture sédimentaire en haut de pente.
Les carottes ne présentent pas toujours des
faciès caractéristiques des glissements de grande ampleur
(Ducassou, 2006), suggérant que certaines parties des glissements
identifiées contiennent des « radeaux » peu
déstructurés. Les carottes NLK11, 84MD652 et 84MD653 montrent une
alternance de lits carbonatés, ce qui correspond au faciès
lité mamelonné. Ces hémipélagites ont donc
simplement été déformées ; elles montrent des
intercalations fines de types débrites et reposent sur une
débrite plus massive (observé sur les données 3-5 kHz)
dont le sommet a été atteint dans NLK11.
Le haut de pente est le siège des écoulements
laminaires et turbulents donnant naissance à des débrites, des
séquences turbiditiques massives et organisées, d'où la
présence des débrites et des turbidites.
Dans les zones distales qui ne sont pas
caractérisées par des corps sédimentaires particuliers
(chenal, lobe ou levée) on observe l'écho-faciès
lité continu qui peut représenter des successions des
turbiditiques (assez fines) et/ou hémipélagites.
L'écho-faciès transparent lité s'observe dans les lobes,
les chenaux ou des zones de remplissage où il est également
courant d'enregistrer des courants de turbidité associés à
des coulées de débris.
I.5. Les plongées ROV et Nautiles
I.5.1 Les plongées ROV
I.5.1.a Les plongées ROV
Les plongées ROV de la campagne Medeco étaient
effectuées principalement sur une zone de pockmarks, entre le haut de
pente et la mi-pente, marquée par des encroûtements
carbonatés fissurés par endroit.
Dédié à la recherche scientifique dans le
domaine de l'océanographie, le ROV (Remotly Operated Vehicule)
appelé encore Victor 6000 est un système
téléopéré grande profondeur, instrumenté et
modulaire, capable d'effectuer de l'imagerie optique de qualité,
d'emporter et opérer divers équipements et outillage
scientifique. Sa profondeur d'intervention est de 6000m. Il est doté
d'un module de mesure en route (MMR) qui permet de dresser des cartes
bathymétriques avec des résolutions de 25 à 50 cm à
partir des levées effectuées entre 30 et 50m au-dessus du fond.
Grâce à ce module, les scientifiques peuvent visualiser les
réseaux de petites failles et fissures qui jouent un rôle
important dans la perméabilité des sédiments, la
remontée et l'émission des fluides. Cet engin a été
utilisé lors de la campagne Medeco en 2007 pour la cartographie et la
photographie du fond marin afin de faire un état des lieux de la
biodiversité de ces écosystèmes profonds et de mettre en
évidence l'évolution temporelle du milieu sur certains sites
connus.
Quatre plongées ont été effectuées
au niveau de la province centrale lors de la campagne Medeco au niveau d'un
pockmark situé au point N32°30- N32°32 et
E30°16-E30°21. Cet ensemble de plongées avait pour but
l'exploration d'une zone de pockmarks où différents objectifs ont
été définis lors des précédentes
plongées (Bionil en 2006) (fig. 29).
Figure 29: Carte de la navigation du ROV au
niveau de la province centrale (Bayon et al., 2006)
Figure 30: Des photographies de la
plongée ROV
a : des escarpments; b
: un bouquet garni ; c :des faunes associées
à des croûtes carbonatées entre les wp1 et p4 ; d :
encoûtrement carbonaté ( zone fissurée entre wp1
et wp2) ; e : intense activité faunique aux alentours
des encoûtrements carbonatés; f : une couche des
bactéries; g et h: des pockmarks. A
gauche, une partie colmatée de pockmark.
Ces plongées ont montré que le domaine de haut
de pente était le lieu d'échappement de fluides associés
à des encoûtrements carbonatés (Medeco report). Ces
croûtes sont apparues très fracturées.
Notons que ces fissures, apparaissant comme des crêtes
sur la bathymétrie, sont liées au mouvement des masses
glissées. Ces principales fissures entre wp1 et wp2, de direction SW-NE
(fig. 29), ont été explorées vers l'ouest au cours de la
récente plongée (Bionil). Parfois récentes, elles
affectent des sédiments hémipélagiques drapées par
des encroûtrements carbonatés. Le long de ces encroûtrements
carbonatés, on observe des sorties de fluides et certaines
espèces comme de oursins, gastéropodes, des coquillages,
lamellibranches se développent.
Plusieurs dépressions ont été
explorées. Probablement issus des récents effondrements, les
pockmarks semblent être remplis des débris qui seraient
concentrés par des courants. Ils ont des formes circulaires dans
certains endroits avec des diamètres qui varient entre 5 et 6
mètres et une profondeur d'environ 2 mètres.
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