2. PROBLÉMATIQUE ET
HYPOTHÈSES DU TRAVAIL
2.1. Problématique
La chute du mur de Berlin, la fin de la guerre froide, les
ajustements structurels et d'adoption de nouveaux modes de gestion ou bonne
gouvernance, les diverses pressions extérieures, la
libéralisation des régimes de l'Est, cela, aux années
quatre-vingt-dix, s'est concrétisée par des tenues de
conférences nationales. Celles-ci, dans les Etats africains qui les ont
organisées, ont accouché d'une souris. C'était suite au
difficile passage de la dictature à une bonne gouvernance. Les
mouvements socio-politiques qui s'ensuivirent n'ont pas su intégrer la
quasi-totalité des systèmes politiques africains.
La République Démocratique du Congo n'en est pas
épargnée. Celle-ci ne s'est pas encore relevée de ces
bouleversements jusqu'à nos jours. La crise institutionnelle et
constitutionnelle n'a cessé de remettre en question sa
souveraineté, hypothéquée par une classe politique
irresponsable (divisée), la médiocrité administrative, la
militarisation de la région, l'extraversion de son économie...
Dans cette perspective au cours de cinq dernières
années (1998-2003), la République Démocratique du Congo,
en général, et le Nord-Kivu, en particulier, cible de notre
investigation, ont été victimes d'une guerre
d'agression-rébellion. Etant donné la complexité des
acteurs ainsi que les mobiles socio-politiques et économiques, notre
préoccupation a consisté à essayer de découvrir les
causes et motivations qui seraient à la base de cette guerre.
Par ailleurs, il est également légitime
d'identifier les responsabilités des acteurs et leurs stratégies
mises en oeuvre dans le pillage des ressources du Nord-Kivu. Telle est la
problématique qui constitue l'ossature de notre mémoire. Force
nous est d'y suggérer quelques réponses anticipatives.
2.2. Hypothèses
Pour répondre aux interrogations esquissées dans
notre problématique, nous pourrions penser à la mauvaise
gouvernance du pays, à la question de nationalité à l'Est
du pays et à la convoitise que suscitent les ressources naturelles de la
République Démocratique du Congo. L'enjeu d'occupation n'est pas
non plus à exclure. C'est ainsi que chacun des acteurs a pris partie de
sa participation à cette guerre du Rassemblement Congolais pour la
Démocratie selon ses visées. C'est la sacralisation du
morcellement du territoire congolais.
Cela fait que les acteurs sont de deux types : les
acteurs internes et les acteurs externes. En effet, parmi les acteurs externes
dans le réseau d'exploitation des ressources, nous pouvons identifier
les sociétés militaro-industrielles, les multinationales
minières et les mercenariats d'Etat Ougandais, Rwandais et Burundais.
Ceux-ci auraient joué un rôle important dans cette guerre au
Nord-Kivu, en mettant en place de véritables réseaux
d'élite qui alimentent des micro-conflits dans le pays afin d'exploiter
des minerais. Le diamant, le colombotantalite, les produits agricoles, les
taxes d'importation, les bois, même des recettes fiscales, des cheptels
bovins et caprins ont été les cibles de cette guerre.
Quant aux acteurs internes, ceux-ci, d'une part les
Rwandophones, veulent l'acquisition de la nationalité congolaise
massivement. D'autre part, les Congolais de souche justifient leurs
participations à cette guerre par la mégestion des régimes
précédents. Tout au long de cette dissertation, nous aurons
à infirmer ou confirmer ces hypothèses. Mais c'est pourquoi la
phase méthodologique s'impose en vue de l'opérationnalisation de
ces concepts.
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