SOMMAIRE
AVANT PROPOS 3
REMERCIMENTS 3
SIGLES UTILISES 5
INTRODUCTION GENERALE 6
CADRE THEORIQUE ET PRATIQUE DE LA METHODOLOGIE
10
1-Cadre théorique de la méthodologie 10
1.5- Hypothèses et objectifs de l'étude 22
2- Cadre pratique de la méthodologique 23
Première partie : STRUTURE, ORGANIISATION,
PERFORMANCES DE LA FILIERE ET FACTEURS FAVORISANT L'ADOPTION DE LA CULTURE
35
CHAPITRE 1- STRUCTURE ET ORGANISATION DE LA FILIERE
36
CHAPITRE 3: AVANTAGES FAVORISANT L'ADOPTION DE LA CULTURE
DE L'ANACARDIER 59
3.1-Avantages économiques liés à la culture
de l'anacardier 59
3.2- Les transformations sociales induites par l'adoption de la
culture de l'anacardier 60
Conclusion partielle. 61
Deuxième partie: ANALYSE DES CONTRAINTES LIEES AU
DEVELOPPEMENT, IDENTIFICATION DES PROJETS ET ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA
PAUVRETE.
62
CHAPITRE 1: ANALYSE DES CONTRAINTES LIEES AU
DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE ANACARDE 63
CHPITRE 2 : STRATEGIES DE DEVELOPPEMNT DE LA FILIERE
69
CHAPITRE 3 : IDENTIFICATION DES PROJETS ET DES
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE POUR CONTOURNER LES CONTRAINTES LIEES AU
DEVELOPPEMENT 73
Troisième partie : PLAN PROVISOIRE DE LA THESE ET
CONCLUSION GENERALE. 78
PLAN PROVISOIRE DE LA THESE 79
CONCLUSION GENERALE 82
BIBLIOGRAPHIE 84
ANNEXES 89
LISTE DES FIGURES
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Figure 1 : Les zones favorables à la culture de
l'anacardier
|
9
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Figure 2 : Carte de la Sous-préfecture de Karakoro
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27
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Figure 3: Fruit de l'anacardier (noix et pomme)
|
36
|
Figure 4 : Amandes grillées et salées
|
.52
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LISTE DES TABLEAUX
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Tableau I : Répartition des producteurs selon les motifs
d'adoption
|
40
|
Tableau II: Répartition des enquêtés selon
que la culture soit la moins fatigante ..40
Tableau III : Appréciation des pisteurs par les paysans.
42
Tableau IV : Sociétés de transformation en 2008
.44
Tableau V : Coopératives transformatrices en 2008 44
Tableau VI : Evolution du nombre d'usines et d'unités de
décorticage. 45
Tableau VII : Quantités de production des noix de cajou de
1990 à 2009 47
Tableau VIII : Evolution du prix d'achat bord-champs de 1990
à 2009 49
Tableau IX : Répartition des enquêtés en
fonction de leur connaissance sur l'utilisation des produits
dérivés de l'anacardier 53
Tableau X : Consommation des amandes .53
Tableau XI: Evolution des exportations de la noix de cajou de
1990 à 2008....55
Tableau XII : Evolution des exportations des amandes de cajou de
1995 à
2008 57
Tableau XIII : Répartition des enquêtés en
fonction de la culture la plus porteuse économiquement .59
Tableau XIV : Classification des enquêtés par
classes d'âges ..63
AVANT PROPOS
Dans le cadre du mémoire du Diplôme d'Etudes
Approfondies (D.E.A), il est demandé aux étudiants de
développer une recherche librement choisie. C'est dans cette perspective
que notre choix s'est porté sur le thème suivant: «
Analyse de la filière anacarde en Côte d'Ivoire:
stratégies de développement et de lutte contre la pauvreté
».
Le présent document est le fruit de mes investigations.
Une priorité concerne le cadre théorique et méthodologique
dans lequel sont définis certains concepts clés, à savoir
le concept d'analyse, de pauvreté et de
développement. Pour ma part, en tant que jeune chercheur ; ma
réponse est d'apporter ma contribution dans l'intérêt et
l'avancement de la filière anacarde.
Tous ceux qui ont fait des recherches dans le domaine de
l'anacarde ont toute notre admiration. Via ce mémoire, j'invite tous les
dirigeants de la filière anacarde à redoubler d'efforts pour que
la filière anacarde puisse se maintenir aussi longtemps que possible.
S'il suscite de nombreux commentaires, alors j'aurais atteint mon objectif.
REMERCIMENTS
Ce mémoire n'aurait pu être réalisé
et surtout mené à bien sans le concours de certaines personnes
que nous voudrions remercier. A notre Maître et Directeur de
mémoire, le Professeur KOUAKOU N'Guessan François, pour sa
rigueur intellectuelle, son souci du travail bien fait et sa volonté
d'assurer le bien-être des étudiants sous sa tutelle. Nous l'en
remercions vivement et lui exprimons notre gratitude. Nous remercions
également notre co-directeur, le Docteur KOUASSI N'Goran
François. Que cette étude qu'ils ont dirigée,
puisse être un témoignage de la formation que nous
recevons d'eux et du département d'Anthropologie et de Sociologie de
l'Université de Bouaké.
Nous exprimons notre profonde gratitude à Monsieur KORE
au Ministère de l'Agriculture, à Monsieur DJAN Nakan Vincent
(Assistant chargé de la filière anacarde à l'ARECA), au
Directeur général de l'INTERCAJOU M. Aboubakary Traoré et
son responsable de la communication, Monsieur SORO N'Golo, à Monsieur
SORO Tiorna Alphonse (Président du CSCA), à Monsieur YEO Yacouba
(coordinateur de l'ONG CHIGATA à Korhogo), à Monsieur COULIBALY
Abdoulaye, pisteur à Sinématiali, à tous les gestionnaires
de l'unité de décorticage de Karakoro qui nous ont
accompagné dans les villages sans oublier le Sous-préfet de
Karakoro, Monsieur RUFIN Kouassi. Nous sommes reconnaissants
particulièrement à notre grand-frère TIHO
Tagouèlbè pour son soutien financier.
Nous adressons aussi nos remerciements aux producteurs des
villages de Karakoro qui nous ont si bien accueillis. Que ce travail soit
l'expression de notre reconnaissance et de notre profond respect pour eux qui
sont les acteurs de la principale activité économique sur
laquelle se fonde l'économie de notre pays :
Øl'agricultureØ. Nous remercions aussi tous
ceux qui de près ou de loin nous ont soutenus. Enfin, ce mémoire
est dédié à mon père TUO Sowa et à ma
mère SORO Wagamignan.
SIGLES UTILISES
AICI : Anacar-Industrie de Côte d'Ivoire.
ARECA: Autorité de Régulation du Coton et de
l'Anacarde.
CDFA : Comité pour le Développement de la
Filière Anacarde. CIDT : Compagnie Ivoirienne pour le
Développement Textile.
COSYNAPA CI : Collectif des syndicats et associations des
producteurs d'anacarde de Côte d'Ivoire.
CSCA : Comité de Suivi Coton-Anacarde.
DSRP : Document Stratégie de Réduction de la
Pauvreté.
ENV : Enquête Niveau de Vie des ménages.
GIE : Groupement d'Intérêt Economique.
INADES : Institut Africain pour le Développement
Economique et Social. IRFA : Institut de Recherche sur les Fruits et
Agrumes.
MINAGRI : Ministère de l'Agriculture.
OPA : Organisation Professionnelle Agricole.
RONGEAD : Réseau d'ONG Européenne sur
l'Agro-alimentaire, le commerce, l'Environnement et le Développement.
SATMACI : Société d'Assistance Technique pour la
Modernisation Agricole en Côte d'Ivoire.
SEDES : Société d'Etude pour le
Développement Economique et Social. SODEFOR : Société pour
le Développement des Plantations Forestières. SODIRO :
Société pour le Développement Industriel d'Odienné.
SOVANORD : Société de Valorisation de l'Anacarde du Nord.
INTRODUCTION GENERALE
L'économie de la Côte d'Ivoire repose sur
l'agriculture avec des cultures de rente telles que le café, le cacao,
l'hévéa et le palmier à huile dans les zones
forestières; le coton et récemment l'anacarde dans les zones de
savane. La diversification des produits agricoles en milieu rural Ivoirien fait
partie des principales stratégies adoptées par les paysans pour
faire face aux contraintes alimentaires mais aussi agro-écologiques. En
effet, les producteurs espèrent arriver à améliorer leur
niveau économique tout en ayant de quoi à satisfaire leurs
besoins alimentaires.
En général, ces cultures de rente sont des
plantes non traditionnelles introduites par les colons, soit au travers de
programmes de développement agricole initiés par l'Etat (cas de
l'oignon dans le nord, puis de l'hévéa, du
palmier-à-huile, du coco... au sud). «En ce qui concerne
l'anacarde, les premières plantations Ivoiriennes ont été
introduites au début des années 1959- 1960 par deux
sociétés d'Etat, la SATMACI et la SODEFOR» (Gouma, 2003).
En effet, l'anacardier est une (sinon la seule) culture
pérenne sur laquelle les structures de développement ont le moins
investi en Côte d'Ivoire. Sa diffusion massive et son introduction dans
les systèmes de production ont été l'oeuvre des
producteurs eux- mêmes, dès lors qu'elle résolvait un de
leur problème majeur, à savoir, l'amélioration de la
condition économique. C'est donc de manière spontanée et
sans encadrement qu'en quelques années, l'adoption de cette culture va
se développer sur l'ensemble de la zone de savane et du V baoulé.
Aujourd'hui, l'anacarde est appelé «l'Or brun» du
Nord; c'est donc l'espoir des régions de savane.
«L'innovation adoptée produisant toujours des
effets» (De Sardan, 1993), la politique de développement n'est
pas efficace malgré la croissance de la
production. La filière anacarde est confrontée
à des difficultés de plusieurs ordres:
-le marché de la noix brute est instable, il se
prête à un jeu spéculatif qui ne fait pas le bonheur des
producteurs;
-l'Inde qui importe 85% des noix ivoiriennes selon
l'INTERCAJOU, s'est engagée dans un vaste programme de plantation qui
risque de la rendre autosuffisante dans quelques années. Ce qui signifie
une perte de débouché pour les noix ivoiriennes;
-la consommation locale reste très peu
encouragée;
-le marché des noix décortiquées n'est pas
développé pour sécuriser la production;
-la filière anacarde n'est toujours pas bien
organisée pour permettre aux producteurs de jouir de leur production.
Cependant, l'importance que prend aujourd'hui la plantation de
l'anacardier en Côte d'Ivoire et les enjeux économiques
liés à cette culture suscitent des interrogations. Comment
garantir le marché extérieur quand l'Inde qui en assure le
monopole s'est lancée dans des plantations industrielles pour couvrir
ses propres besoins? N'est-il pas nécessaire de réorganiser cette
filière? La voie de la transformation n'est- elle pas la meilleure pour
rendre le produit plus concurrentiel et qui pourrait ainsi susciter la
consommation locale?
A travers cette étude qui se rapporte à
l'analyse de la filière anacarde, l'intérêt pour nous est
de mener une étude sur l'avènement de la filière, voir les
contraintes liées à son développement et faire des
propositions dans le sens de sa structuration.
La présentation de cette étude
préliminaire à la thèse s'articule autour de quatre grands
points. Le premier point est consacré à la présentation du
cadre théorique et méthodologique, qui représente la phase
de construction de notre objet d'étude. Le second point présente
la filière anacarde dans sa structure, son
organisation, puis les stratégies de
développement et performances de la filière. Cette
présentation permettra par ailleurs de mieux comprendre pourquoi la
filière mérite une réorganisation et aussi de voir les
performances de la filière ou encore les innovations transformatrices.
Dans le troisième point, sont analysées les contraintes au
développement et l'identification de quelques stratégies de
développement et de lutte contre la pauvreté en
général, et en particulier celle des producteurs d'anacarde.
Cependant nous mettrons en exergue les problèmes qui doivent être
résolus pour que le système de production, de transformation et
de commercialisation puisse se maintenir aussi longtemps que possible. Le
quatrième point expose le plan provisoire de la thèse et les
conclusions auxquelles nous sommes parvenues au terme de nos enquêtes.
CARTE DE REPRESENTATION DES ZONES DE CULTURES.
Source: ARECA
Figure 1 : Les zones favorables à la
culture de l'anacardier.
CADRE THEORIQUE ET PRATIQUE DE LA METHODOLOGIE 1-Cadre
théorique de la méthodologie
1.1- Justification du choix du thème
Les raisons qui nous ont poussées à choisir ce
thème sont de deux ordres. Elles sont d'ordre pratique et d'ordre
scientifique.
-Raisons d'ordre pratique
Premièrement en abordant ce travail, nous voudrions
attirer l'attention des politiques sur la possibilité d'accroître
les revenus des producteurs d'anacarde de la région des savanes afin de
réduire les disparités de revenus qui contribuent aux
déséquilibres régionaux.
Deuxièmement, la filière anacarde regorge
beaucoup de potentialités et les pôles de développement
Centre-Nord et Nord propices à la culture sont considérés
comme les plus pauvres selon le DSRP R.C.I. Leur taux de pauvreté est
passé respectivement de « 32% et 40,3% en 2002 à 57% et
77,3% en 2008, soit une évolution de 25% et 37% » en sept ans (DSRP
R.C.I, 2009). Le développement de celles-ci pourrait contribuer à
réduire le taux de pauvreté dans toutes les zones favorables
à la culture de la noix de cajou (voir carte, page 9).
-Raison scientifique
Nous avons constaté la rareté, sinon
l'insuffisance d'études approfondies dans le domaine de l'anacarde comme
culture de rente. C'est donc dans ce cadre que ce présent travail
apparaît comme une contribution. En effet, cette étude s'inscrit
dans le cadre d'une spécialisation en socio-économie du
développement.
En se proposant d'appliquer la problématique du
développement de la filière anacarde dans les régions Nord
et Centre, nous contribuerons à faire connaître ces
régions, mieux à lutter contre la pauvreté dans le Nord et
le Centre
de la Côte d'Ivoire. En faisant cette étude, nous
voulons faire le diagnostic des obstacles qui bloquent le développement
de la filière anacarde afin de promouvoir nécessairement la
production dans les régions Centre et Nord du pays.
1.2- Définition des concepts
clés
La rigueur méthodologique exige que nous explicitions
le sens de certains concepts qui apparaissent essentiels pour la
compréhension de notre travail. C'est dans ce cadre que Durkheim disait
: « la première démarche du sociologue doit donc être
de définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache
bien de quoi il est question. C'est la première et la plus importance
condition de toute preuve et de toute vérification » (Durkheim,
1982). Dans le cadre de notre étude, trois concepts méritent
d'être clarifiés. Il s'agit du concept d'analyse de la
filière anacarde, du concept de développement de la
filière et du concept de pauvreté.
-Le concept d'analyse
Selon le Petit Robert, l'analyse est «une
opération intellectuelle consistant à décomposer une
oeuvre, un texte en ses éléments essentiels afin d'en saisir les
rapports et donner un schéma de l'ensemble» (Robert, 1976). Avec
ComoéKrou, nous allons en profondeur dans la définition de ce
concept lorsqu'il écrit que: « l'analyse consiste d'une part
à pénétrer dans la structure interne d'une
réalité et d'autre part à mettre en lumière la
nature et le sens de l'action que ses parties composantes exercent les uns sur
les autres, la nature et le sens des rapports qu'elles entretiennent»
(Comoé, 1985). Bachelard disait: «la science réalise ses
objets sans jamais les trouver tout faits (...) elle ne correspond pas à
un monde à décrire, elle est un monde à construire (...)
ce fait est conquis,
construit, constaté » (Bachelard, 1986). Nous
ajouterons avec Grawitz, dans le lexique, des sciences sociales, que l'analyse
«c'est aussi le premier stade de toute recherche mais surtout, elle se
précise suivant le terme auquel elle est associée» (Grawitz,
1994). Dans notre travail, l'analyse consiste à mettre en lumière
les contraintes liées au développement des exportations des
produits issus de la filière anacarde. Qu'en est-il du concept de
développement?
-Le concept de développement.
L'idée de développement, c'est la fabrication.
Le développement est multidimensionnel (politique, économique,
social, culturel, éthique...) et ses échelles de conception sont
variées (local, national, régional, mondial, global...). Le
concept de développement est imprégné de relents
idéologiques et politiques, des courants de pensées,
libérale et radicale. Nous pouvons distinguer grossièrement deux
courants de pensée dans la clarification du concept de
développement. Il y a d'un côté, celui qui le
définit comme un retard à rattraper et qui par conséquent
privilégie essentiellement l'aspect économique et de l'autre
côté, il y a celui qui suggère que le développement
définit en terme de retard par rapport à l'accident contribue
plutôt au Ødéveloppement du sousdéveloppement. Cette
conception préconise par conséquent des stratégies de
développement autocentrées prenant en compte les forces
internes.
L'analyse que nous faisons devant ces deux courants, c'est que
les conditions sociales, historiques, culturelles et
politico-économiques dans lesquelles notre monde évolue
aujourd'hui ne nous permettent pas de réduire le développement
à sa seule dimension économique. En effet, contrairement à
la définition économique qui se fonde sur le transfert de
technologie et l'équipement du territoire en vue de rattraper le retard
qu'accuse les pays en voies de développement sur les pays occidentaux,
la seconde définition prend en compte la recherche objective des causes
du sous-développement, de sa genèse
et de ses manifestations afin de lui trouver des solutions
adaptées. Pour cette tendance, le développement est une
transformation historique d'une société en réponse aux
exigences historiques du moment, de l'époque et dans la
continuité historique du peuple.
Pour notre part, nous ferons le tour des différentes
définitions proposées par certains auteurs et nous nous
déterminerons à partir d'elles. «Le développement ne
peut être confondu à la croissance économique qui est une
condition nécessaire mais non suffisante» (Winter, 2002), «il
intègre de plus en plus la gestion du risque» (Bourdin, 2003) et
«la prise en compte des intérêts des
générations futures à travers le principe de
précaution» (Galland, 1998,) et «le principe de
responsabilité» (Bindé, 1997). «L'apport de la
théorie de confiance» (Allouche, 1998) «comme facteur de
développement et les thèses contre versées sur le
rôle des valeurs culturelles comme facilitatrices ou comme obstacles au
développement» (Bourdieu, 2003). Le développement est un
projet de transformation des sociétés pauvres d'après le
modèle des sociétés riches, il est aussi une «
transformation des structures rendant possible l'utilisation du surplus
à des fins consciemment choisies par la société»
(Sachs, 1966). Pour Lebret, il est « un progrès économique
et social qui doit concerner toute la société» (Lebret,
1978). Le développement selon lui concerne fondamentalement les
êtres humains. Perroux a tenté une approche globalisante du
concept de développement. Aussi le définit-il comme « les
changements mentaux sociaux d'une population qui la rendent aptes à
faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel
global» (Perroux, 1969). Le développement, tel que le
définit Perroux, est donc un effort appuyé sur l'environnement,
un effort dont les résultats doivent permettre à l'homme de
satisfaire ses besoins essentiels y compris ceux de l'esprit. Il doit
être alors compris dans toutes les dimensions de la vie humaine
(culturelle, sociale, politique et économique).
Ainsi dans notre travail, nous entendons par
développement un progrès économique et social qui doit
concerner toute la société. En somme, le développement ici
est un changement global d'une société donnée. Il prend en
compte comme nous le constatons tous les aspects de cette
société. Que dit-on du concept de pauvreté ?
-Le concept de pauvreté.
Tout comme le développement, la pauvreté est un
phénomène multidimensionnel. Elle est « monétaire
(conso < 1$ par tête); "objective" non monétaire (en termes de
conditions d'existence (pauvreté d'existence), en terme de capital
humain, en terme d'exclusion sociale); "subjective" (perception
générale, non satisfaction des besoins jugés vitaux,
difficultés financières)» (Razafindrakoto et Roubaud, 2001).
En Cote d'Ivoire «est pauvre en 2008 ; celui qui a une dépense de
consommation inférieurs à 241145 FCFA par an, soit 661 FCFA par
jour»
D'étymologie gréco-latine, (du Latin Pauper et
du Grec Penes), le terme de pauvreté renvoie à deux notions: la
pénurie et un état d'esprit. Etre pauvre, pour certaines
institutions financières internationales, renvoie à la situation
d'une personne qui se trouve dans l'incapacité de subvenir à ses
besoins essentiels tels que l'alimentation, la santé, le logement,
l'éducation...
Ainsi, « le pauvre est soit un individu qui de par
lui-même est incapable de subvenir à ses besoins essentiels, soit
une personne qui se satisfait de peu, en ce sens, la pauvreté est une
vertu» (Henry, 1990). Le paradoxe que relèvent ces approches de la
notion de pauvreté serait à la base des diverses acceptions de
cette notion. A ce propos, l'on peut identifier plusieurs conceptions de la
pauvreté. Il y a celle des économistes en général.
Ceux-ci retiennent traditionnellement comme critère le niveau de revenu
de l'individu. Les professions médicales se fondent sur l'état
sanitaire de l'individu pour refléter
son niveau de pauvreté. Quand au Programme des Nations
Unies pour le développement (PNUD), il a recours aux indicateurs sociaux
des ressources humaines pour donner une définition élargie de la
pauvreté. Il construit alors un Indice de Développement Humain
(I.D.H) qui combine le revenu national à deux indicateurs sociaux: le
niveau d'instruction de la population adulte et l'espérance de vie.
L'Organisation Internationale du Travail (OIT) quant à elle mesure la
pauvreté d'après le nombre d'heures de travail
rémunérées requis pour acheter certains biens. Dans le cas
précis de notre recherche, nous nous sommes focalisés sur la
pauvreté "subjective" c'est-à-dire la situation où une
personne se trouve dans l'incapacité de subvenir à ses besoins
essentiels tels que l'alimentation, la santé, le logement,
l'éducation, pour désigner le terme de pauvreté.
1.3-Revue critique de la littérature
La revue de la littérature est l'élément
qui confère une pertinence scientifique au travail de recherche. Elle
est un texte ordonné, écrit à partir des lectures des
travaux antérieurs. Il est donc nécessaire qu'un chercheur prenne
connaissance des travaux antérieurs qui portent sur des objets
d'études comparables. C'est dans ce sens que disait Bernard de Chartres:
« Nous somme des nains juchés sur des épaules de
géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que
notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils
nous portent en l'air de toute leur hauteur gigantesque... ». (U.R.P8,
2006).
Pour notre étude, nous avions eu recours au rapport de
Mme TOURE sur la filière anacarde portant sur Présentation du
secteur de l'anacarde, situation actuelle et perspective de
développement (TOURE, 2006). Dans ce document, Mme TOURE a
présenté le cadre réglementaire de la filière, le
contexte de l'industrialisation, la caractérisation de la production et
de la
transformation. Dans son rapport, elle a
présenté aussi d'un côté les quantités
d'amandes de cajou de Côte d'Ivoire exportées de 1990 à
2005 par an dans un tableau et de l'autre côté, l'évolution
de leurs exportations à travers une courbe représentative. De ces
deux résultats intimement liés, nous avons constaté des
incohérences dans les quantités. Elle montre dans le tableau que
pour les années 1990, 1992, 1997 et 2004, les exportations sont
respectivement 6.401, 10.080, 36.931, et 140.643 tonnes. Pour les mêmes
années, elle montre à travers la courbe que 5.901, 10.050, 36.931
et 132.000 tonnes ont été exportées.
Outre ces incohérences, Mme TOURE n'a montré nul
par dans son rapport l'évolution de la production nationale puisqu'il
s'agissait pour elle de présenter la filière anacarde. Elle a
également mis en exergue les difficultés de la filière
anacarde à savoir l'«exportation illégale vers les pays
voisins, faible niveau d'organisation des producteurs, inexistence d'un
matériel végétal à haut rendement» (TOURE,
2006).
Aussi, nous avons eu recours au rapport de SARR sur
l'Analyse du secteur de l'anacarde, situation actuelle et perspective de
développement (SARR, juillet 2002). Le but général de
SARR était de montrer que la filière anacarde
Sénégalaise, regorge de grandes potentialités. C'est dans
ce sens qu'il a dit que «la filière anacarde même si elle
connait des problèmes très divers, constitue un volet très
sensible de l'économie mondiale en générale et celle du
Sénégal en particulier» (SARR, juillet 2002). Dans son
rapport, SARR n'a pas manqué de faire l'historique et de montrer
l'évolution de la filière anacarde du Sénégal.
Un autre rapport nous a été utile, il s'agit de
Bilan diagnostic et perspectives de développement de la
filière anacarde en Côte d'Ivoire (ARECA, septembre 2006).
L'objectif de cet atelier sur la filière anacarde visait à «
1- Dresser l'état des lieux de la filière avec l'examen des
dispositions réglementaires et de l'organisation actuelle de la
filière. 2-Dégager pour la
promotion de son développement, de nouvelles
orientations, inspirées des expériences d'autres pays producteurs
d'Afrique et d'Asie visités par l'ARECA en liaison avec des partenaires
de la filière. 3-Enfin, permettre à la filière de
contribuer davantage au développement économique des
régions du centre et du nord de la Côte d'Ivoire et au programme
de reconstruction post-crise » (ARECA, septembre 2006). Autrement dit,
l'atelier visait le développement de la transformation avec le potentiel
important de création d'emploi à court terme. Cet atelier avait
prévu «la mise en place d'une stratégie de
développement des PME dans le domaine de la transformation de l'anacarde
à travers les OPA» (ARECA, Septembre 2006). Une stratégie
qui jusque là traine encore ses pieds.
Enfin, le rapport de l'INTERCAJOU intitulé
Potentiels et perspectives de la filière anacarde de Côte
d'Ivoire (INTERCAJOU, 2009), nous a été utile. Ce rapport a
présenté brièvement en «I-histoire de la culture de
l'anacarde en Côte d'Ivoire, II-Cadre organisationnel de la
filière anacarde en Côte d'Ivoire, III-Perspectives de
développement de la filière anacarde de Côte d'Ivoire»
(INTERCAJOU, 2009). Selon ce rapport, sont membre de l'INTERCAJOU «le
collège des producteurs, le collège des exportateurs, le
collège des transformateurs» (INTERCAJOU, 2009). Si, les
producteurs sont membre de l'INTERCAJOU, ils devraient participer à la
fixation des prix qui revient à l'INTERCAJOU. Or, le constat que nous
avons fait est le contraire, les producteurs ne sont pas associés
à la fixation des prix de la noix. Ces rapports de l'ARECA, de
l'INTERCAJOU et de Mme TOURE, nous ont permis de voir l'évolution de la
filière anacarde en Côte d'Ivoire.
Outre ces rapports, le mémoire de SEDIA sur
Introduction à la culture de l'anacardier et renégociation
des règles des jeux fonciers et sociaux (SEDIA, 2001) a
attiré notre attention. «Quelle va être la conséquence
de l'introduction d'une culture marqueur de propriété sur la
gestion des terres et plus particulièrement sur le régime de
propriété collective qui préexistait? Quelle va
aussi être la conséquence de la pratique de
l'arboriculture par les non ayants droit sur le maintien du statut lignager des
terres?» (SEDIA, 2001). C'est en substance, les questions auxquelles Sedia
essaie de répondre. SEDIA affirme dans son étude que
«même si l'ANADER ne le mentionne pas dans ces rapports
d'études, il ressort des propos recueillis auprès de plusieurs
paysans, que cette pomme est un poison très violent si elle est
consommée avant ou après avoir absorbé un produit
laitier» (SEDIA, 2001). Cependant, cette affirmation est fausse selon M.
DJAN N. Vincent (assistant chargé de la filière anacarde à
l'ARECA).
Outre les points de divergences et de contradictions, tous ces
auteurs, reconnaissent que la filière à besoin d'une meilleur
organisation. Mais, certains problèmes comme la lutte contre la
pauvreté des producteurs d'anacarde et les stratégies de
développement de la filière ont été omises. C'est
ce qui justifie l'authenticité de l'étude. Nous avons aussi
constaté une véritable absence d'ouvrages généraux
sur l'anacarde dans les bibliothèques (INADES Formation, C.I.R.E.S,
I.R.D).
1.4- Problématique
L'anacarde a été identifié dans de
nombreux pays comme un produit de diversification agricole. « L'anacardier
est réputé pour sa rusticité et ses faibles exigences
pédologiques et climatique» (Sedia, 2001). Son potentiel à
l'exportation jugé des plus prometteurs devrait permettre à des
nations comme la Côte d'Ivoire de réduire leur trop forte
dépendance des spéculations traditionnelles telles que le
café, le cacao, le coton... En 2008 à titre d'exemple, «la
production de noix a engrangé un flux global de 173.349 milliards de
FCFA» (Marchés Africains, 2009). Belle aubaine, qui semble n'avoir
d'intérêt que dans les grands discours. Sinon comment comprendre
qu'en dépit de ce que la production Ivoirienne de noix de cajou
excède selon le CSCA trois cent
cinquante mille (350.000) tonnes et fait vivre environ deux
millions (2.000.000) de personnes, la filière anacarde soit l'objet de
très peu d'intérêt réel de la part des pouvoirs
publics.
Aujourd'hui, la filière anacarde cherche encore ses
repères malgré l'importance qu'on veut bien lui accorder.
L'économie de la région Nord de la Côte d'Ivoire s'est
longtemps reposée sur la production cotonnière. Aujourd'hui, le
système de production cotonnière se dégrade de plus en
plus (selon l'ARECA , la production de coton graine qui était de 321.286
tonnes en 2004- 2005 est passée à 267.731 tonnes en 2005-2006,
145.636 tonnes en 2006-2007 et à 120.000 tonnes en 2007-2008) et la
filière coton fait face à des difficultés structurelles
majeures. Suite à cette crise cotonnière, et dans le cadre de la
diversification de la production agricole et des revenus des populations
rurales, il est opportun de créer un environnement propice à
l'émergence ou au développement de la filière anacarde.
Disons le, la filière anacarde est sinon devrait être une
alternative intéressante au coton. C'est un engagement légitime
et logique qui devrait pouvoir contribuer à réduire le
degré de pauvreté dans la région.
Aujourd'hui, le manque d'encadrement des producteurs, la
complexité du circuit de commercialisation, le faible taux de produits
transformés, le manque de financement, le nombre pléthorique de
pisteurs etc., autant de maux qui laissent la porte grandement ouverte aux
acheteurs véreux qui s'enrichissent sur le dos des producteurs qui ne
sont pas organisés. A la vérité, il y a une absence de
structure devant regrouper les producteurs d'anacarde en vue de défendre
leurs intérêts.
L'espoir est grand pour les populations du nord et du centre
de voir la culture de la noix de cajou revêtir le même
intérêt chez eux, que le café et le cacao dans le Moyen-
Comoé et le Haut- Sassandra. Un espoir qui a conduit très
rapidement les paysans à se consacrer exclusivement à la culture
de l'anacardier.
Mais en dépit de l'anarchie qui caractérise la
filière, les paysans tiennent toujours à faire de la culture de
la noix de cajou, leur principale activité agricole.
En tant qu'acheteur exclusif, l'Inde pèse de tout son
poids sur le prix de la noix cajou en sa faveur. Cette situation crée un
échange inéquitable au détriment de la chaîne
d'opérateurs impliqués dans la commercialisation de la noix brute
et particulièrement le maillon le plus vulnérable que
représentent les producteurs. Cette situation de dépendance de ce
seul marché durera tant qu'au niveau national, une véritable
stratégie de transformation ne sera assise et soutenue à travers
tout le pays.
Pour mieux structurer notre analyse, nous avons fait un choix
théorique ; celui de considérer l'anacarde comme un produit
d'avenir, dans toutes les zones de productions du pays. L'anacarde en tant que
culture pérenne peut rapporter gros. C'est cet aspect de voir la culture
de la noix de cajou revêtir un intérêt particulier chez ces
peuples qui justifie cette prise de position qui consiste à
considérer l'anacardier comme étant un produit d'avenir.
A quels besoins répond l'enseignement des techniques
culturelles et les méthodes d'entretiens des plantations d'anacardiers?
A quelle logique répond le processus de transformation de la noix de
cajou dans le développement de la filière anacarde? Quelles sont
les contraintes liées au développement de la filière
anacarde? Ces pistes de réflexions que nous aurons à explorer et
à approfondir dans notre étude ont été
suggérées par quelques constats fondamentaux.
Premier constat: les techniques culturales modernes et les
méthodes d'entretiens sont restées jusque là très
peu connues des producteurs d'anacarde. Plusieurs plantations sont
restées non entretenues. Les techniques de récoltes ne sont pas
toujours connues. Certaines personnes utilisent des long bois pour couper les
fruits mûrs (le ramassage se fait lorsque les noix sont tombées
d'elles-mêmes).
Deuxième constat: aucune véritable
stratégie de transformation n'est encore assise et soutenue à
travers tout le pays, alors que «depuis 1994, la production ivoirienne de
noix de cajou connait une croissance soutenue de seize mille (16.000) tonnes,
elle est passée à cent soixante milles (160.000) tonnes en
2005» (Fraternité Matin, N° 11.973), puis à 330.000
tonnes pour la campagne de 2008 selon l'ARECA.
Troisième constat: il y a de l'anarchie dans la
filière anacarde. Chaque année bon nombre de paysans se laissent
gruger par les pisteurs du fait de la fluctuation du prix du kilogramme de la
noix de cajou, de la non fiabilité des bascules des pisteurs et autres
acheteurs, les prix imposés par l'acheteur, l'absence véritable
de structure devant regrouper les producteurs d'anacarde en vue de
défendre leurs intérêts. Le prix d'achat bord champs,
magasins intérieurs et dans la zone portuaire n'est pas respecté.
Des agréments sont délivrés à des exportateurs qui
n'en ont pas les capacités financières.
Quatrième constat: la méconnaissance du verger
(absence de délimitation des vergers en terme d'hectares). Les
vergés sont très souvent menacés par les feux de brousse
et plusieurs dégâts sont causés par les animaux
(destruction des petits plans, ils avalent les grains d'anacarde).
Cinquième constat: la pression foncière et la
difficulté d'accès à la terre par les jeunes. Tous ceux
qui ont une plantation d'anacarde se réclament propriétaires
terriens. Très peu de jeunes sont propriétaires de vergers.
Sixième constat: l'absence d'inventaire des maladies et
ravageurs de l'anacardier et l'inexistence de méthodes de lutte contre
les ennemies de l'anacardier.
Septième constat: aucune structure n'accorde de
subvention aux producteurs d'anacarde comme il en est/était pour le
coton avec la CIDT. Les producteurs d'anacarde sont confrontés à
des difficultés économiques. En effet, les possibilités
d'amélioration des revenus agricoles ont longtemps été
peu
nombreuses dans les régions favorables à la
culture. «Dans la région de Bouaké l'espoir suscité
par le développement de la culture du café vers les années
1960 n'a été qu'un rêve. Les ambitions de la Compagnie
Ivoirienne pour le Développement du Textile (CIDT) de vulgariser le
coton dans les années 1970 et 1980 n'ont pas connu de résultat
probant» (le Front; N°1326).
La question qui permet de prendre en compte toutes les
préoccupations ci- dessus relevées est la suivante. Quels
sont les problèmes qui minent la filière et les contraintes
liées au développement de la production puis de la
commercialisation des produits issus de l'anacardier? Pour traiter cette
question centrale, il importe de la décomposer en objectifs de recherche
et au-delà, en hypothèses.
1.5- Hypothèses et objectifs de
l'étude
1.5.1- Hypothèses de l'étude
Les hypothèses suivantes ont été
formulées pour conduire notre travail de recherche:
-les problèmes qui minent la filière anacarde
émanent du non regroupement des producteurs en une association forte
capable de défendre leurs intérêts, de la mauvaise gestion
des organes de gestion de la filière, du manque de collaboration franche
entre les différentes structures impliquées dans la
filière (MINAGRI, ARECA, INTERCAJOU, CSCA, Transformateurs,
exportateurs) et du manque de cohésion sociale entre les producteurs
d'anacarde;
- les paysans ne bénéficient pas de
l'enseignement des techniques culturales et des méthodes d'entretiens
dont dépendent la quantité et la qualité d'une production
d'anacarde bio (anacarde biologique, production sans produits phytosanitaires)
pour une meilleure commercialisation;
-le processus de transformation de la noix dans le contexte
étudié, est lié aux opportunités qu'offre
l'industrialisation et aux potentialités de productions.
1.5.2- Objectifs de l'étude
Notre étude comporte un objectif général
et deux objectifs spécifiques. L'objectif général vise
à identifier les problèmes liés au développement de
la filière anacarde afin de proposer des stratégies de luttes
contre la pauvreté dans les zones de productions.
Les objectifs spécifiques visent particulièrement
à :
-identifier les problèmes qui minent la gestion de la
filière anacarde ;
-déterminer les contraintes liées au
développement de la production et de la commercialisation de la noix de
cajou ;
-déterminer les contraintes liées au
développement de la transformation et de l'exportation des produits
issus de l'anacardier ;
2- Cadre pratique de la méthodologique
2.1-Techniques de collecte des informations
La collecte des informations s'est effectuée au moyen
de l'observation directe, du questionnaire et du guide
d'entretien.
2.1.1-Observation directe
Parmi les différentes méthodes d'enquêtes
mises à la disposition de la sociologie pour connaître les
pratiques sociales, l'observation directe par le chercheur présent dans
la situation étudiée est celle qui, a priori permet de saisir le
mieux la réalité de ces pratiques. Cette technique nous permet
sans aucun doute de recueillir des récits d'acteurs suspects de
sélectivité ou de
reconstruction de la réalité. Cette
méthode est basée sur un regard intentionnel porté sur un
champ précis de recherche ou une visualisation des manières
d'agir ou de pensées d'un groupe ou d'une collectivité. Par cette
technique, nous avons observé que certaines personnes ne connaissaient
pas les techniques de récolte des noix ou soit, ils voulaient
récolter une grande quantité au cours de la journée. Ces
personnes observées, utilisaient des bois ou montaient sur les arbres
pour faire tomber les fruits. On a aussi observé que plusieurs
plantations n'étaient pas clôturées, ni même
protégées contre les feux de brousses.
2.1.2- Questionnaire
Le questionnaire est l'instrument de base qui nous a permis de
collecter les données nécessaires pour la vérification de
nos hypothèses. En tenant compte de la composition de notre
échantillon, nous avons élaboré trois types de
questionnaires que nous avons administré à la population cible,
à savoir :
-les dirigeants des organes de gestion de la filière;
-les usiniers;
-les producteurs.
Le questionnaire administré collectivement aux
dirigeants des organes de gestion de la filière s'est
intéressé à l'implication de chaque organe dans la gestion
de la filière. Ceux administrés aux usiniers
s'intéressaient aux méthodes de transformation et les
différents problèmes qu'ils y rencontrent. La dernière
série de questions administrées individuellement aux producteurs
d'anacarde était relative:
-à l'organisation de la production agricole de la noix de
cajou,
-à la connaissance des produits dérivés de
l'anacardier,
-à la comparaison entre l'anacarde, le coton et la
mangue,
-à la commercialisation de la noix de cajou,
-aux règles coutumières du foncier,
-à la gestion du revenu (ce qu'ils en font).
2.1.3-Guide d'entretien
Instruments de recherches en sciences sociales, les entretiens
sont des procédés d'investigation scientifique qui utilisent des
processus de communication verbale pour recueillir des informations en relation
avec le but fixé. Pour notre étude, nous avons opté pour
l'entretien semi directif. C'est un procédé scientifique qui
permet de recueillir de plus amples informations sur un sujet donné.
Nous avons porté notre choix sur l'entretien semi
directif parce qu'il s'agissait pour nous, de vérifier certaines
informations recueillies ailleurs et d'approfondir nos connaissances par
rapport à des domaines précis. Ce type d'entretien permet
à l'enquêté de répondre librement aux questions
selon son inspiration en laissant toutefois à l'enquêteur la
possibilité au cours de l'entretien, de recentrer le débat et de
poser des questions de clarification lorsqu'il le juge nécessaire.
Nous avons donc élaboré un guide d'entretien
adressé respectivement à des travailleurs de certains organes de
gestion de la filière, à des acheteurs et aux paysans.
2.2-Etapes de la recherche
2.2.1-Pré-enquête
Afin de nous imprégner de la situation de la
filière anacarde, nous nous sommes rendu au siège de certains
organes de gestion de la filière tels que le MINAGRI, l'ARECA, le CSCA,
l'INTERCAJOU et dans la région de Korhogo
et particulièrement dans la Sous-préfecture de
Karakoro. Ces différentes visites avaient pour but de rechercher les
problèmes qui existent et le niveau d'information de chacune des
parties. Cette technique de collecte d'informations nous a permis d'avoir une
idée générale sur la situation de la gestion de la
filière et aussi d'élaborer définitivement notre
échantillon.
2.2.2- Enquête
L'enquête s'est réalisée du 18 Juin au 5
Août 2009 dans la région de Korhogo, plus
précisément dans la sous-préfecture de Korhogo. Elle s'est
étendue à dix villages de ladite Sous-préfecture entre
autres Gnélokaha, Karakoro, Koumiguékaha, Nakaha, Nahouokaha,
Pangarikaha, Pinsorikaha, Pokaha, Tahouélékaha et Topinakaha
(voir carte). La Sous-préfecture de Karakoro compte environ 99 villages
selon le Sous-préfet de la localité. Nous avons choisi de
parcourir 10% des villages pour la collecte des informations. L'enquête
menée dans ces différents villages nous a permis de recenser les
données communes à tous les producteurs en
générales.
Source: Sous-préfecture de Karakoro.
Figure 2: Carte de la Sous-préfecture de
Karakoro.
2.2.3-Recherche documentaire
Tout travail de recherche s'inscrit dans la continuité.
La documentation constitue la matière première de la recherche,
elle représente l'ensemble des données qui permettent
objectivement d'apprécier la capacité de la recherche, et la
valeur de l'argumentation à travers la description et l'analyse.
Cette recherche, nous a permis de savoir que du point de vue
socioéconomique, la vente des noix de cajou procure des revenus
substantiels aux paysans producteurs d'anacarde. Au plan écologique, la
faible exigence climatique et pédologique de l'anacardier, contribue
à la régénération des sols, luttant ainsi contre
l'érosion et la déforestation.
Dans le souci de renforcer nos connaissances
méthodologique, nous avons eu recours à certains ouvrages de
méthodologie. Cependant, nous avons eu recours au « Manuel de
recherche en sciences sociales» (Quivy et Van Campenhoudt, 1988). Les
auteurs de cet ouvrage ont mis en exergues les étapes de la
démarche scientifique à suivre pour réussir à un
travail de recherche. Aussi, nous avons eu recours au Guide pratique de la
rédaction scientifique de Affou et Gourene qui disaient : « la
rédaction scientifique est le moyen privilégié par lequel
le chercheur met ses résultats de recherche sur le marché libre
de la valorisation scientifique. Or, sur ce marché, règne une
rude concurrence (...) par conséquent, le chercheur qui souhaite faire
publier sont article doit disposer de tous les atouts en matière de
rédaction scientifique » (Affou et Gourene, 2005). Dans le
même ordre d'idée, Paul N'Da écrivait que son «
ouvrage s'adresse à tous ceux qui doivent entreprendre et
réaliser une recherche, notamment les étudiants et tous ceux qui
sont assujettis à la rédaction d'un mémoire ou d'une
thèse (...). Il se veut un outil indispensable, pratique et efficace
pour maîtriser le processus de recherche et conduire à bonne fin
le processus de recherche» (N'Da, 2006). Le recours à ces ouvrages
nous a permis de consolider, de renforcer nos acquis méthodologiques.
2.3-Echantillonnage
Notre échantillon est subdivisé en deux rubriques
à savoir le critère de choix et la taille de
l'échantillon.
-Critère de choix de l'échantillon
La population mère de notre étude est
composée essentiellement des producteurs d'anacarde, des organismes de
gestion de la filière anacarde tels que le MINAGRI, l'ARECA,
l'INTERCAJOU et le CSCA. Les organismes de gestion de la filière ont
été choisis comme population sur laquelle doit porter la collecte
des informations du fait que ce sont eux les gestionnaires de la filière
(le MINAGRI est le ministère de tutelle ; l'ARECA est la seule structure
de l'ETAT chargée de gérer la filière anacarde ;
l'INTERCAJOU quant-à-elle, est composée de trois collèges
qui sont le collège des exportateurs, le collège des
transformateurs et le collège des producteurs ; le CSCA est la structure
mise en place par les forces nouvelles pour gérer la filière
anacarde).
L'objectif principal de notre étude étant
d'analyser les contraintes liées à la production et aux
exportations des produits issus de l'anacardier, puis d'initier des
stratégies de développement, l'un des objets se trouve en effet
être la plantation. Il est juste que les gestionnaires de
l'élément sur lequel porte la propriété soit
l'élément clé de la population mère. Par ailleurs
ce sont eux qui cultivent la plante, ils constituent donc une véritable
source d'informations.
Cependant, tous les producteurs d'anacarde n'ont pas fait partie
de notre échantillon. Quand est-il de la taille de
l'échantillon?
-Taille de l'échantillon
Nous avons constitué un échantillon
représentatif de soixante un (61) personnes. Ce sont les personnes qui
étaient présentent dans les villages lors de notre passage.
L'échantillon a été constitué à partir des
techniques d'échantillonnage des quotas ou de choix raisonné
simple et de choix aléatoire.
Cette dernière technique, même si elle se fonde
sur le hasard, il ne s'agit pas d'une technique anarchique car le hasard porte
ici sur le contenu de l'unité de référence qui lui est
choisit selon une logique scientifique. C'est un hasard qui donne la chance
à tout élément de figurer dans l'échantillon.
Selon le Sous-préfet, la sous-préfecture de
Karakoro compte environ 99 villages. Nous avions pris 10% des villages qu'on a
arrondis à 10 villages. Ces 10 villages ont été choisis au
hasard. C'est ce qui justifie le choix des techniques utilisées pour
notre enquête.
2.4-Méthodes d'analyses
Toute étude qui se veut scientifique doit être
conduite en fonction de méthodes scientifiques données. Nous
utiliserons pour les besoins de notre étude, la méthode
historique, la méthode dialectique et la méthode comparative, la
théorie de la régulation sociale et la théorie des
conventions.
-La méthode historique.
Pour les retombées économiques et sociales de la
culture de l'anacarde sur les populations, nous avons opté pour la
méthode historique qui consiste à situer
l'événement dans son évolution et dans ses transformations
successives. Le choix de cette méthode se justifie donc par le fait que
dans le cadre de notre étude, nous avons voulu saisir les effets
positifs et négatifs de la culture de la noix sur les populations
concernées.
-La méthode dialectique.
Elle est empruntée des théories philosophiques
notamment marxistes. Pour la méthode dialectique, la
réalité est une totalité concrète en mouvement
agitée de contradictions nécessairement toujours ouvertes.
Derrière la différence apparente, la méthode dialectique
tente de montrer le processus unique qui leur
donne jour et derrière l'apparente identité,
elle montre le combat souterrain de forces contradictoires. Cette
méthode nous semble la plus indiquée pour saisir notre objet
d'étude dans sa dynamique, de mieux saisir les différents
rapports dialectiques entre les acteurs de la filière anacarde et, voir
dans quelle mesure on peut arriver à une dimension plus humaine de la
gestion de la filière anacarde, c'est-à-dire une gestion plus
juste pour un développement durable. Qu'en est-il de la méthode
comparative?
-La méthode comparative.
Cette méthode conduit à un rapprochement de
faits ou d'événements et à analyser leurs ressemblances
et/ou dissemblances de manière à pouvoir dégager des
éléments de constats généraux. Cette méthode
va nous permettre de comprendre les différentes étapes
d'évolution de la production et de la commercialisation des produits
issus de l'anacardier d'une période à une autre, de nous
référer à des exemples pratiques de certains pays
producteurs d'anacarde. Qu'en est-il de la théorie de la
régulation sociale et de la théorie des conventions.
-La théorie de la régulation sociale et la
théorie des conventions.
La culture de l'anacardier est une pratique agricole qui donne
des droits de propriété privée sur le sol utilisé.
Son adoption massive a par ailleurs entraîné dans les zones de
culture, une modification du système de propriété. Cela
signifie que les règles qui régissaient l'action collective et le
foncier coutumier ont subit des modifications. Pour l'explication du processus
de modification et de l'analyse des changements, notre choix a porté sur
la théorie de la régulation et la théorie des
conventions.
La théorie de la régulation sociale est «
une théorie développée par le français Jean-Daniel
Reynaud depuis les années 1970» (Paul et Benoît, 1991).
Elle vise à remettre les rapports sociaux au centre de
l'analyse économique. Dans le processus d'explication du fait social,
elle fait de la règle ou plutôt de la modification des
règles du jeu social, l'objet principal de l'analyse.
La culture de l'anacardier étant une pratique agricole
qui donne des droits de propriété privée sur le sol
utilisé, son introduction dans les systèmes de production ne
pouvait qu'entrainer une individualisation des droits de
propriété. La théorie de la régulation permet donc
de comprendre cette appropriation privée des terres comme des
règles nouvelles. En effet, les règles anciennes qui prescrivent
le contrôle communautaire des terres ne régissent plus les
parcelles utilisées pour la culture de l'anacardier. D'ailleurs, le fait
que les producteurs se disent chefs des terres sur lesquelles se trouvent leurs
plantations, signifie que les règles nouvelles dans lesquelles ils se
reconnaissent sont celles qui annulent le pouvoir de contrôle des
gestionnaires coutumiers sur ces parcelles d'anacardier. Cette activité
de régulation se passe au travers de négociations;
c'est-à-dire qu'on tente de montrer que la règle ancienne ne
convient plus à l'intérêt du plus grand nombre et qu'une
autre est plus adaptée.
En fait, on essaie à travers la négociation de
faire accepter la règle nouvelle. Cette nouvelle règle est donc
un accord en matière de gestion du foncier. Les règles qui sont
en train d'être modifiées aujourd'hui sont ellesmêmes le
résultat de négociations passées. En effet, elles ont
remplacé d'autres règles et ont été
acceptées par tous jusqu'à ce qu'elles soient jugées
aujourd'hui inadaptées à la nouvelle qu'est la culture de
l'anacardier. Ces modifications et productions de règles ne se font pas
sous forme de rapport de force ou le détenteur du pouvoir impose sa
propre règle du jeu. L'activité de régulation se passe au
travers de négociations, et c'est la théorie de conventions qui
permet d'en rendre compte.
Dans le processus d'explication des phénomènes
sociaux, la théorie des conventions accorde une place
prépondérante à la négociation comme recherche
de compromis entre deux groupes ayant des logiques
différentes. Elle permet de comprendre l'activité de
régulation comme une sorte de négociation au cours de laquelle on
tente de faire accepter la règle nouvelle. Dans ces conditions, cette
activité de régulation apparaît comme un processus au cours
duquel les règles de l'actions collective sont négociées ;
c'est-à-dire qu'on tente de montrer que la règle ancienne ne
convient plus à l'intérêt du plus grand nombre et qu'une
autre est plus adaptée.
En somme, toutes ces méthodes et théories nous
ont permis de dégager les effets positifs et négatifs de la
filière anacarde, de comprendre l'activité de régulation
non pas comme une simple production de règles nouvelles à
imposer, mais comme une négociation.
La première partie de notre recherche va
présenter la filière anacarde dans sa structure, son
organisation, puis les stratégies de développement et
performances de la filière. Cette présentation permettra par
ailleurs de mieux comprendre pourquoi la filière mérite une
réorganisation et aussi de voir les performances de la filière ou
encore les innovations transformatrices.
2.5-Dépouillement du questionnaire
Le dépouillement des questionnaires consiste en la
codification des données collectées et en leur saisie dans un
logiciel (Word, Excel, SPSS, SPHINX...). Dans le cadre de cette étude,
la saisie et le traitement des données quantitatives, se sont faits
à l'aide du logiciel SPSS version 10.5. Les données qualitatives
par contre ont fait l'objet d'un traitement manuel (traitement qui s'est fait
en une lecture de l'ensemble des transcriptions des entretiens, par le
repérage des mots-clés retenus puis la classification des
discours en fonction des niveaux explicatifs de la problématique. Le
document final a été saisi à l'aide du logiciel Word.
2.6-Difficultés rencontrées sur le
terrain
Au cours de nos recherches, nous avons rencontrés
plusieurs difficultés,
dont les deux plus importantes méritent d'être
mentionnées.
La première est liée à la documentation
écrite. Après avoir parcouru plusieurs bibliothèques
à savoir : l'Institut Africain pour le Développement Economique
et Social (INADES), le Centre Ivoirien de Recherche Economique et Social
(CIRES), l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) (pour ne
citer que ceux-là) nous avons constaté un manque crucial
d'ouvrages traitant sur l'anacarde en général et de façon
particulière, aucun document ne se rapportait à notre
thème.
La deuxième est le manque de moyens financiers. Ce manque
de moyens ne nous a pas permis d'accomplir ce travail dans les délais
requis.
Première partie :
STRUTURE, ORGANIISATION,
PERFORMANCES DE LA FILIERE ET
FACTEURS FAVORISANT L'ADOPTION DE LA
CULTURE
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