Conclusion partielle.
Comme on peut le remarquer, la culture de l'anacardier est une
pratique agricole qui a été massivement adoptée par les
paysans sans un réel appui technique parce qu'elle permet, non seulement
d'améliorer la condition socioéconomique, mais aussi de se
constituer un patrimoine familial durable.
Aujourd'hui, la filière regorge un certain nombre de
performance desquelles on devrait tirer un meilleur profit en
réorganisant la filière. Cette réorganisation qui doit
prendre en compte, l'enseignement des techniques culturales et d'entretien
gratuit aux producteurs, la bonne gestion de la filière et une meilleure
collaboration de la classe dirigeante. Aujourd'hui, on parle de
développement participatif, ceci dit, les paysans doivent
eux-mêmes prendre conscience de la situation.
Dans la deuxième partie du mémoire, sont
analysées les contraintes au développement et l'identification de
quelques stratégies de développement et de lutte contre la
pauvreté des producteurs d'anacarde. Cependant nous mettrons l'accent
sur les problèmes qui doivent être résolus pour que le
système qui est en train de se ficeler puisse exister, se maintenir
aussi longtemps que possible.
Deuxième partie:
ANALYSE DES CONTRAINTES LIEES AU
DEVELOPPEMENT, IDENTIFICATION DES
PROJETS ET ACTIVITES DE LUTTE CONTRE
LA PAUVRETE.
CHAPITRE 1: ANALYSE DES CONTRAINTES LIEES AU
DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE ANACARDE
1.1- Accès des jeunes à la
terre
La terre a un statut dans lequel le principe de l'usage
communautaire et de l'hospitalité joue un rôle très
prépondérant. Elle ne peut être ni vendue, ni
échangée, ni même faire l'objet d'une quelconque
transaction. Dans la zone nord en général et en particulier dans
la Sous-préfecture de Karakoro, la terre peut être accordée
gratuitement à toute personne qui désire l'exploiter à
condition de ne pas y planter un arbre.
Lorsque vous plantez un arbre, les fruits de cet arbre
appartiennent au propriétaire terrien. La seule condition pour un
exploitant de planter un arbre, c'est d'avoir une autorisation du
propriétaire terrien. Cette autorisation est difficilement
accordée aux jeunes. Parmi les enquêtés, nous avons
déchiffré très peu de jeunes (14%). Le tableau XIV montre
les enquêtés par classes d'âges.
Tableau XIV: Classification des
enquêtés par classes d'âge.
Tranche d'âge
|
n
|
%
|
% cumulé
|
25-34
|
9
|
14.8
|
14.8
|
35-44
|
11
|
18.0
|
32.8
|
45-54
|
9
|
14.8
|
47.5
|
55-64
|
11
|
18.0
|
65.6
|
65-74
|
7
|
11.5
|
77.0
|
75-84
|
12
|
19.7
|
96.7
|
85-94
|
1
|
1.6
|
98.4
|
95-105
|
1
|
1.6
|
100.0
|
Total
|
61
|
100.0
|
|
Source: Données d'enquêtes, Juillet-Août
2009.
Très peu de jeunes sont propriétaires de verger.
Quand ils le sont, ils en sont héritiers de leur père ou de leur
oncle. De 25 à 34 ans, on a enregistré seulement 9 jeunes, soit
14,8%. Ceci dit, le champ d'anacarde est une denrée rare pour les jeunes
dont l'âge se situe entre 25 et 34 et moins de cette tranche
d'âge, nous n'avons enregistré aucune personne.
Les difficultés d'accès à la terre par les jeunes est un
facteur limitant dans le processus de production de la noix de cajou. Notons
que tout le monde peut faire un champ d'anacarde pourvu que le chef de terre
vous en donne son accord.
1.2- Contraintes de la production de la noix de
cajou
Plusieurs contraintes entravent le développement de la
production de la noix de cajou. L'éradication de ces contraintes devrait
permettre à nos producteurs de produire plus et renforcer leur pouvoir
économique. Ces contraintes sont nombreuses. On peut citer entre autres,
le faible prix d'achat des noix, les conflits entre producteurs et
éleveurs, les feux de brousse, l'itinéraire agronomique de
production, la faiblesse de l'encadrement, la clôture des vergers,
l'entretien des vergers.
1.2.1- Faiblesse du prix des noix
Le facteur de contrainte le plus important est le faible prix
d'achat bord champ pour les producteurs de noix de cajou. La chute du prix a un
impact négatif sur la production. Lorsque le prix baisse, certains
producteurs qui avaient l'intension d'agrandir leur plantation attendent
l'évolution positive de la situation. D'autres préoccupés
par le futur incertain du prix de la noix, montrent des signes de regret pour
avoir dédié une grande surface pour la culture de
l'anacardier.
Face aux difficultés que connaît la
filière anacarde (surtout le non respect des prix d'achats), bon nombre
de planteurs de la région du N'Zi-Comoé ont commencé
à abandonner la culture de la noix de cajou pour désormais
s'adonner à la culture du jatropha. Jusqu'au mois de novembre 2009, une
production importante de noix de cajou était invendue. La campagne 2009
d'anacarde selon
le Collectif des Syndicats et des Associations des producteurs
d'anacarde de Côte d'Ivoire (COSYNAPA CI), « la campagne 2009 s'est
très mal déroulée : plus de 290.000 tonnes ont
été vendues à de très mauvais prix. Et environ
60.000 tonnes seraient restées dans les champs » (le jour,
no 1828). Ce sont des facteurs qui devraient interpeller les
dirigeants de la filière anacarde, à prendre leurs
responsabilités pour un développement durable de la
filière.
1.2.2- Conflits entre producteurs et
éleveurs
La saison sèche est la période de récolte
des noix de cajou. En ce moment, il est difficile de trouver parfois de l'herbe
fraîche pour les animaux. Pendant ce temps, les animaux ne sont plus
surveillés, ils sont livrés à eux-mêmes. Les
éleveurs les libèrent le matin et c'est le soir qu'ils vont les
chercher. Quand ils sont libérés de cette façon, ils
passent parfois toute la journée dans les vergers non
clôturés à la recherche de la pomme de cajou. Ne pouvant
pas détacher la pomme de la noix, les animaux avalent les graines.
Après avoir déféqués dans les pâturages,
certains éleveurs se retrouvent sur les marchés avec des sacs de
noix de cajou sans être propriétaire de verger. Les
éleveurs libèrent leurs animaux consciemment parce que la pomme
de cajou est très aimée par les animaux et même très
nourrissant pour eux. En plus de cet apport, pour les animaux, les
éleveurs gagnent de l'argent, ce qui n'est pas du goût des
producteurs. Pour éviter ces conflits qui sont parfois sanglants,
certaines personnes préfèrent ne pas avoir une plantation
d'anacarde.
1.2.3- Feux de brousse (brûlis)
Le feu de brousse, une préoccupation constante pour
tous les agriculteurs en général et en particulier les
producteurs d'anacarde. Les feux de brousse surviennent toujours en saison
sèche. C'est la période où l'anacardier est en
plein état de floraison. L'origine d'un feu de brousse
est restée inconnue pour la plupart des cas. Les sources d'un feu de
brousse sont diverses. Ils peuvent être provoqués par des
chasseurs pour la plupart du temps, par des paysans qui veulent nettoyer leurs
champs pour la nouvelle saison ou par une simple cigarette jetée par un
fumeur. Les feux de brousses sont de véritables ravageurs de plantations
d'anacarde.
1.2.4- Itinéraire agronomique de
production
Aucun itinéraire agronomique de production n'est
recommandé aux producteurs en particulier en termes de densité
des plantations, d'entretien des arbres (taille) et du verger. Il y a une
absence de programme de lutte contre les maladies. Les plantations d'anacarde
sont menacées par les maladies, par les insectes et les feux de brousse
(brûlis).
1.2.5- Encadrement des producteurs
L'intérêt économique de l'anacardier a
pris une ascension particulière ces dernières années. Au
vu de cette nécessité, les producteurs d'anacarde devraient
être l'objet d'une attention particulière allant dans le sens
d'une assistance et d'un encadrement subséquent, surtout lorsqu'il
s'agit de paysans très peu formés aux techniques culturales.
L'ANADER, est la seule structure de l'Etat chargée de
l'encadrement des paysans. Par le passé, les prestations de cette
structure étaient quasiment gratuites. Aujourd'hui, les choses ont
changé. Toutes les prestations de l'ANADER allant dans le sens de
l'encadrement d'un paysan nécessitent des coûts parfois trop
élevés pour celui-ci. Une situation qui ne fait pas le bonheur
des paysans déjà très affaiblies financièrement.
L'encadrement devant se faire
avant la vente des produits; il est donc difficile pour eux de
pouvoir se payer des prestations d'encadrement.
1.2.6- Clôture du verger
Clôturer un verger d'anacardier nécessite
beaucoup de moyens. Quant il est clôturé, il procure plusieurs
avantages. Un champ d'anacardier clôturé avec des barbelés
et délimité par un pare-feu est à l'abri du feu de
brousse. Cette clôture lutte efficacement contre certains ennemis de
l'anacardier tel que les boeufs et autres animaux ravageurs.
1.2.7- Entretien du verger
Un verger bien entretenu produit beaucoup et de bonne
qualité. L'entretien d'un verger est basé sur le
désherbage régulier. C'est le seul moyen pour lutter contre les
perdrix, les rats palmistes, les agoutis. Il consiste aussi à
éliminer les insectes qui mangent le bois, à abattre les branches
mortes et gênantes, à sectionner les tiges inutiles, à
lutter contre les hannetons en bouchant tous les trous qui sont sur les arbres.
Pour une meilleure production, il faut un meilleur entretien du verger.
1.3- Contraintes de la transformation
Plusieurs contraintes entravent le processus de transformation
:
-le manque d'équipements adaptés à la
transformation. Les coûts élevés des équipements
destinés à la transformation et surtout l'absence de mesures
incitatives, le matériel de transformation de noix de cajou n'est pas
fabriqué ou disponible sur le marché local ;
-difficultés d'approvisionnement des industriels
ivoiriens (cette difficulté est liée aux pratiques de
commercialisation interne de la noix de cajou), la limitation de
la demande locale (limitation due à la
méconnaissance au plan national des produits issus de l'anacarde).
L'amande de cajou est un produit cher, et le pouvoir d'achat des consommateurs
locaux est bien limité. En conséquence, les transformateurs sont
confrontés à l'impossibilité d'écouler leurs
productions sur le marché local ;
-difficulté d'accès au marché d'exportation.
Les transformateurs ivoiriens sont confrontés à un
problème d'accès au marché d'exportation.
L'Inde, le Brésil et le Vietnam sont les pays les mieux
connus pour le marché de l'anacarde, l'origine Côte d'Ivoire n'est
pas toujours affichée, les quantités produites sont relativement
petites pour satisfaire les quantités minimum à l'exportation
exigées par les exportateurs. Le manque d'un cadre financier
adapté à l'exportation. Les entrepreneurs qui veulent embrasser
le métier de transformateurs de la noix de cajou sont confrontés
à un manque de ressources financières afin d'être en mesure
d'acheter des équipements performants en la matière.
1.4- Contraintes de la commercialisation et de
l'exportation
Le système financier est inadéquat. Un
système de financement capable de garantir un bon fonctionnement des
opérateurs commerciaux et d'exportation n'est pas mis en place. Ceci
constitue un des problèmes majeurs pour les Organisations
Professionnelles Agricoles (OPA) ivoiriennes. Le système portuaire n'est
pas favorable pour les exportateurs. Ceux-ci dénoncent la cherté
des frais de transport au port autonome d'Abidjan. Les taxes douanières
qui restent encore élevés ne facilitent pas le système de
commercialisation et d'exportation.
1.5- Politique nationale de production et de
commercialisation
Il n'y a aucune politique nationale de production et de
commercialisation explicite à la filière anacarde qui couvre
toutes les zones de production puisque dans la plupart des zones de production,
les producteurs sont encore inorganisés. La filière mérite
une politique bien définie avec des orientations claires.
La filière anacarde se développe peu à peu
du fait de son intérêt économique et de son impact sur la
lutte contre la désertification.
1.6- Autres contraintes
D'autres contraintes entravent le processus de
développement de la filière entre autres :
-Les difficultés que rencontre le monde rural durant ces
dernières années, ne laissent aucun choix aux producteurs qui
sont dans les zones non organisés ; les prix dérisoires
proposés (25 francs à 150 francs) sont acceptés par
ceux-ci ; -L'état de dégradation très avancé du
réseau routier en Côte d'Ivoire et surtout dans le monde rural,
n'est pas déterminant dans la performance de la filière ;
-Le manque d'encadrement, l'absence de structure de
contrôle en amont, de régulation et de certification des champs,
sont à l'origine de collecte précoce des noix ;
-Pas de financement lié à l'aménagement et
à la protection des plantations.
CHPITRE 2 : STRATEGIES DE DEVELOPPEMNT DE LA
FILIERE
La stratégie de développement repose en
général sur un processus de planification des choix politiques.
Cette stratégie exprime des choix sur un horizon donné sous forme
d'objectifs articulés entre eux et de manière cohérente.
Au niveau de la filière anacarde, l'ensemble des projets initiés
n'ont
pas permis de mettre à profit toutes les
opportunités de la filière. Lorsque le processus
d'élaboration et d'exécution d'un projet ne prend pas en compte
les préférences industrielles et collectives des populations
concernées, par conséquent, ces populations, ne pourront jamais
se mobiliser pour sa mise en oeuvre.
Le diagnostic de la filière montre l'incohérence
des stratégies et l'échec des politiques longtemps
développées. Durant les décennies 70-80 et le début
des années 90, un certain nombre de projets dans le secteur n'ont pas
atteint l'objectif d'autonomie et de maîtrise des orientations à
terme de la filière. Nous avons choisi d'orienter notre stratégie
de développement sur certains aspects qui nous semblent très
importants si l'on veut prétendre à un développement
durable de la filière anacarde.
2.1- Stratégie de développement de la noix
cajou
Cette stratégie de développement est
orientée sur les volets suivants :
-la formation des producteurs à la maîtrise du
système de production, à l'itinéraire technique. Dans le
cadre de la formation qui revient chère aux producteurs, l'INTERCAJOU
peut utiliser la méthode de l'audio-visuel pour leurs enseigner ces
techniques. Cette technique permet ou devrait permettre de faire passer le
message à plusieurs personnes en même temps ;
-l'amélioration variétale de l'anacardier local.
Il faut procéder à la sélection d'une meilleure
variété, ce qui permettrait également de produire une
meilleure qualité de noix ;
-prendre des mesures dans le sens de la protection des vergers
contre les feux de brousse et contre les ravageurs ;
-sensibiliser les producteurs à la délimitation des
parcelles qui devrait permettre de connaitre la superficie totale
cultivée ;
-sensibiliser les propriétaires terriens à
céder les terres aux jeunes;
-accompagner les producteurs dans la mise en place des
coopératives (faire la promotion de l'action coopérative) ;
-prendre des mesures d'amélioration des
qualités, à travers la récolte, le séchage et le
stockage de la production puis dans le choix des terrains aptes pour la
plantation.
2.2- Stratégies de développement de la
commercialisation
Il s'agit ici de :
-réduire le circuit de commercialisation qui est long
et qui réduit considérablement le prix d'achat bord-champ. En se
proposant d'éliminer la voix des pisteurs, les producteurs doivent se
réunir en coopératives afin de pouvoir mieux vendre leur
production;
-mettre en place un comité de surveillance des prix
fixés par l'Etat;
-mettre en place un système d'informations sur les
marchés dans toutes les zones de productions;
- surtout diversifier les débouchés (la seule Inde
ne peut pas faire le bonheur des producteurs).
2.3-Stratégies de développement de la
transformation locale
Le but principal de cette stratégie est d'augmenter
l'exportation du produit transformé et de créer des emplois pour
les ivoiriens. Elle est essentiellement concentrée sur les aspects
suivants :
-créer un fond spécial pour la transformation;
-stimuler la création des unités de transformation
de la noix de cajou;
-appuyer les programmes de formation pour les travailleurs de ces
unités;
-mettre en place un schéma directeur de
développement de la transformation de la noix et de la paume de cajou
fondé sur des mesures fiscales incitatives; -stimuler et appuyer les
programmes de production locale avec des équipements de
transformation;
-création des laboratoires crédibles d'analyse et
de contrôle de qualité pour l'amande transformée et
destinée à l'exportation;
-faire la promotion des PME à travers les organisations
professionnelles; -diversifier les produits finis;
-développer et encourager la consommation locale.
2.4- Autres stratégies pour le
développement de la filière anacarde L'Etat doit
créer un environnement propice :
-faire en sorte que les producteurs puissent évacuer leur
productions; -procéder à l'existence l'égale de
coopératives;
-aider les investisseurs qui veulent venir s'installer en
réduisant les taxes; -apporter un appui financier aux
coopératives déjà sur pieds, équiper ces
coopératives en matériels (bascules, véhicules);
-mettre en place un véritable cadre de concertation pour
une collaboration franche entre les gestionnaires de la filière et
producteurs de la noix de cajou.
Aujourd'hui, la filière anacarde peut permettre
à des millions de personnes de vivre aisément. Pour cela, il faut
trouver les moyens de contourner les contraintes au développement de la
filière. Dans le chapitre suivant sont identifiés des projets et
des activités de lutte contre la pauvreté afin de contourner les
contraintes au développement de la filière.
CHAPITRE 3 : IDENTIFICATION DES PROJETS ET DES
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE POUR CONTOURNER LES CONTRAINTES LIEES AU
DEVELOPPEMENT
3.1-Production et collecte des noix
Il existe plusieurs zones de production (voir carte) propices
se présentant à cette culture. Il faut sensibiliser les
propriétaires terriens à la cession des terres aux jeunes. Cela
va permettre à la Côte d'Ivoire de produire plus. La protection du
verger étant un gros facteur de production, il faut donc sensibiliser
les producteurs à la clôture des vergers et à la
réalisation des pare-feux puis à la délimitation des
parcelles. Il est nécessaire que les producteurs s'organisent entre eux
pour défendre leurs intérêts. La réussite de cette
activité de regroupement conduira nécessairement à une
production plus grande. Il faut montrer et encourager les producteurs à
l'utilisation de la bouillie des grains de Neem comme produit pour lutter
contre les maladies liées à l'anacardier et aux produits issus de
cet arbre en lieu et place des produits phytosanitaires.
Pour la récolte des noix, il faut instaurer des
services de qualités en amont et non en aval. Il faut mettre en place un
système pour sensibiliser les producteurs sur certaines règles de
récolte à savoir, ramasser les noix une fois qu'elles tombent
à terre, éviter la collecte précoce des noix, ne jamais
aller les cueillir sur les arbres ou faire tomber les noix en secouant les
arbres.
3.2- Transformation des noix
Aujourd'hui, la problématique de la transformation
s'impose comme une priorité pour une meilleure valorisation de
l'anacarde afin d'éviter une trop grande dépendance de
l'extérieur et surtout la mévente du produit brute. Pour
répondre donc au besoin imminent de la transformation, il faut
réglementer les
conditions d'installation des unités de transformation
aux fins du développement de cette branche d'activité de la
filière anacarde ; il faut et de façon spéciale qu'une
volonté politique s'exprime à ce niveau pour encourager surtout
les nationaux à embrasser le processus d'industrialisation de la
filière. Ces trois dernières années, le nombre
d'unités de transformation a augmenté. Il s'agit là d'un
apport très important pour la lutte contre la pauvreté. Mais
l'effectif du nombre d'unités qui s'est vu augmenter, reste très
négligeable face à l'augmentation de la production.
Jusqu'à ce jour, le taux de produits transformés reste
très faible (moins de 5%). Il est donc important qu'un effort soit fait
à ce niveau surtout quant on sait que le marché de la noix brute
n'est pas connu sur le marché international.
Avec une organisation de producteurs forte, accompagnée
d'une véritable politique nationale d'allègement des taxes pour
la transformation, toutes les zones de production pourraient alors avoir un
tissu industriel se développer progressivement autour de la
filière anacarde. Certains exportateurs pourraient se spécialiser
pour l'exploitation de l'amande blanche. Ainsi, la Côte d'Ivoire pourrait
pleinement développer sa filière de cajou et contribuer à
la reconstruction et à la relance post-crise en s'engageant
résolument dans l'exploitation de son potentiel de transformation
à l'instar des pays comme l'inde, le Brésil et le Vietnam.
3.3- Commercialisation et promotion des
exportations
La filière anacarde est marquée par une
désorganisation des acteurs et une exploitation des pauvres producteurs
par les commerçants. Les organisations existantes fonctionnent
timidement. C'est pourquoi nous préconisons l'organisation des
producteurs au niveau des différentes localités de production.
Les producteurs doivent ainsi s'organiser en Groupement d'Intérêt
Economique (GIE) ou union au niveau des villages, des arrondissements des
départements et
des régions pour défendre leurs
intérêts économiques. Ces unions devront être
fédérées en association nationale forte qui devra porter
les revendications de toute la corporation.
La commercialisation et la promotion des exportations de la
noix de cajou et surtout de l'amande doit être soutenue dans le contexte
actuel. La filière anacarde peut constituer un rempart et une juste
réponse à l'équation de la pauvreté et à
l'exigence de création des projets générateurs de revenus
et de l'emploi en milieu rural. C'est pourquoi, il faut qu'une initiative soit
prise pour la promotion du décorticage nationale et ainsi le
développement du marché local. Pour une meilleure promotion, il
faut élaborer un plan et une stratégie marketing adaptés
au développement commercial des produits issus de l'anacarde par les
dirigeants de la filière à savoir l'ARECA et l'interprofession.
Afin d'accroître la consommation nationale de l'amande de cajou, il faut
définir une politique de promotion pour informer le public sur les
vertus de ces produits qui sont très énormes.
3.4- Stratégies et politiques nationales
favorisant le développement de la filière
Aujourd'hui, il faut saluer l'avènement de
l'interprofession et bien plus la gestion de l'ARECA qui manque encore d'une
certaine autorité. Mais il faut aller au-delà en élaborant
et appliquant d'autres modèles qui puissent assurer le
développement capacitaire de tous les aspects de la filière et
par la même, éliminer les distorsions et les goulots
d'étranglements.
En attendant que le processus de transformation rentre dans
une phase de croisière, il faut bien gérer dans l'immédiat
et à court terme la filière de production et d'exportation
exclusive des noix brutes et optimiser les revenus des opérateurs
impliqués à ce niveau. Il s'agit surtout ici des producteurs et
par la suite des autres intervenants. Plusieurs approches stratégiques
existent à ce
niveau pour soustraire la filière de la noix brute des
maux qui l'affectent. On peut par exemple citer le renforcement des OPA
(Organisation des Producteurs d'Anacarde) déjà en place. L'Etat
doit créer un environnement propice (favorable), c'est-à-dire
:
-créer un cadre réglementaire efficient de la
filière anacarde ;
-faire en sorte que les producteurs puissent évacuer leur
production (en créant des voies d'accès) ;
-il faut accroître et sécuriser le revenu et
l'emploi de la filière ;
-stimuler les recherches dans la filière anacarde ;
-améliorer la compétitivité de la
filière dans le cadre d'une bonne gestion des ressources humaines. Pour
tout cela, il est souhaitable que l'Etat cède une partie de son Droit
Unique de Sortit (DUS) pour la constitution d'un fond devant servir aux
activités de production, de commercialisation et de transformation de
l'anacarde.
3.5- Amélioration et garantie de la qualité
des exportations
La promotion et l'assurance de la qualité de la noix et
des produits dérivés permettent aux producteurs et aux
transformateurs de tirer le meilleur profit et avantage possible de la
filière. Il faut donc recommander l'adoption d'une norme de
qualité ivoirienne de la noix susceptible d'aider à la promotion
du label ivoirien; ce qui devrait conduire à l'ouverture d'un service de
contrôle en amont.
La qualité des produits issus de l'anacarde doit
être certifiée et en
conformité avec les normes de références.
En dehors de la région du Zanzan oüla qualité des
noix est très bonne (l'outturn varie de 47 à 50 avec un taux
de grainage oscillant entre 180 et 185), dans les autres régions
cette qualité est moyenne; l'outturn y varie de 40 à 48). Il
est par conséquent nécessaire de
poursuivre la sensibilisation sur la qualité pour que
cette pratique fasse partie des priorités des producteurs dans la
conduite de l'itinéraire technique.
Les producteurs doivent être nécessairement
sensibilisés sur les méthodes de récoltes (ne jamais
récolter le produit sur pied ou arbre) et faire le stockage dans un
endroit aéré à l'abri de toute humidité. La
conformité aux normes doit se matérialiser par une marque
nationale dont l'utilisation est régie par des règles
rigoureuses.
|