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Analyse de la filière anacarde en Cote d'Ivoire: stratégies de développement et de lutte contre la pauvreté.

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par Gnénémon TUO
Université de Bouaké (Cote d'Ivoire) - D.E.A 2007
  

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Conclusion partielle.

Comme on peut le remarquer, la culture de l'anacardier est une pratique agricole qui a été massivement adoptée par les paysans sans un réel appui technique parce qu'elle permet, non seulement d'améliorer la condition socioéconomique, mais aussi de se constituer un patrimoine familial durable.

Aujourd'hui, la filière regorge un certain nombre de performance desquelles on devrait tirer un meilleur profit en réorganisant la filière. Cette réorganisation qui doit prendre en compte, l'enseignement des techniques culturales et d'entretien gratuit aux producteurs, la bonne gestion de la filière et une meilleure collaboration de la classe dirigeante. Aujourd'hui, on parle de développement participatif, ceci dit, les paysans doivent eux-mêmes prendre conscience de la situation.

Dans la deuxième partie du mémoire, sont analysées les contraintes au développement et l'identification de quelques stratégies de développement et de lutte contre la pauvreté des producteurs d'anacarde. Cependant nous mettrons l'accent sur les problèmes qui doivent être résolus pour que le système qui est en train de se ficeler puisse exister, se maintenir aussi longtemps que possible.

Deuxième partie:

ANALYSE DES CONTRAINTES LIEES AU

DEVELOPPEMENT, IDENTIFICATION DES

PROJETS ET ACTIVITES DE LUTTE CONTRE

LA PAUVRETE.

CHAPITRE 1: ANALYSE DES CONTRAINTES LIEES AU DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE ANACARDE

1.1- Accès des jeunes à la terre

La terre a un statut dans lequel le principe de l'usage communautaire et de l'hospitalité joue un rôle très prépondérant. Elle ne peut être ni vendue, ni échangée, ni même faire l'objet d'une quelconque transaction. Dans la zone nord en général et en particulier dans la Sous-préfecture de Karakoro, la terre peut être accordée gratuitement à toute personne qui désire l'exploiter à condition de ne pas y planter un arbre.

Lorsque vous plantez un arbre, les fruits de cet arbre appartiennent au propriétaire terrien. La seule condition pour un exploitant de planter un arbre, c'est d'avoir une autorisation du propriétaire terrien. Cette autorisation est difficilement accordée aux jeunes. Parmi les enquêtés, nous avons déchiffré très peu de jeunes (14%). Le tableau XIV montre les enquêtés par classes d'âges.

Tableau XIV: Classification des enquêtés par classes d'âge.

Tranche d'âge

n

%

% cumulé

25-34

9

14.8

14.8

35-44

11

18.0

32.8

45-54

9

14.8

47.5

55-64

11

18.0

65.6

65-74

7

11.5

77.0

75-84

12

19.7

96.7

85-94

1

1.6

98.4

95-105

1

1.6

100.0

Total

61

100.0

 

Source: Données d'enquêtes, Juillet-Août 2009.

Très peu de jeunes sont propriétaires de verger. Quand ils le sont, ils en sont héritiers de leur père ou de leur oncle. De 25 à 34 ans, on a enregistré seulement 9 jeunes, soit 14,8%. Ceci dit, le champ d'anacarde est une denrée rare pour les jeunes dont l'âge se situe entre 25 et 34 et moins de cette tranche

d'âge, nous n'avons enregistré aucune personne. Les difficultés d'accès à la terre par les jeunes est un facteur limitant dans le processus de production de la noix de cajou. Notons que tout le monde peut faire un champ d'anacarde pourvu que le chef de terre vous en donne son accord.

1.2- Contraintes de la production de la noix de cajou

Plusieurs contraintes entravent le développement de la production de la noix de cajou. L'éradication de ces contraintes devrait permettre à nos producteurs de produire plus et renforcer leur pouvoir économique. Ces contraintes sont nombreuses. On peut citer entre autres, le faible prix d'achat des noix, les conflits entre producteurs et éleveurs, les feux de brousse, l'itinéraire agronomique de production, la faiblesse de l'encadrement, la clôture des vergers, l'entretien des vergers.

1.2.1- Faiblesse du prix des noix

Le facteur de contrainte le plus important est le faible prix d'achat bord champ pour les producteurs de noix de cajou. La chute du prix a un impact négatif sur la production. Lorsque le prix baisse, certains producteurs qui avaient l'intension d'agrandir leur plantation attendent l'évolution positive de la situation. D'autres préoccupés par le futur incertain du prix de la noix, montrent des signes de regret pour avoir dédié une grande surface pour la culture de l'anacardier.

Face aux difficultés que connaît la filière anacarde (surtout le non respect des prix d'achats), bon nombre de planteurs de la région du N'Zi-Comoé ont commencé à abandonner la culture de la noix de cajou pour désormais s'adonner à la culture du jatropha. Jusqu'au mois de novembre 2009, une production importante de noix de cajou était invendue. La campagne 2009 d'anacarde selon

le Collectif des Syndicats et des Associations des producteurs d'anacarde de Côte d'Ivoire (COSYNAPA CI), « la campagne 2009 s'est très mal déroulée : plus de 290.000 tonnes ont été vendues à de très mauvais prix. Et environ 60.000 tonnes seraient restées dans les champs » (le jour, no 1828). Ce sont des facteurs qui devraient interpeller les dirigeants de la filière anacarde, à prendre leurs responsabilités pour un développement durable de la filière.

1.2.2- Conflits entre producteurs et éleveurs

La saison sèche est la période de récolte des noix de cajou. En ce moment, il est difficile de trouver parfois de l'herbe fraîche pour les animaux. Pendant ce temps, les animaux ne sont plus surveillés, ils sont livrés à eux-mêmes. Les éleveurs les libèrent le matin et c'est le soir qu'ils vont les chercher. Quand ils sont libérés de cette façon, ils passent parfois toute la journée dans les vergers non clôturés à la recherche de la pomme de cajou. Ne pouvant pas détacher la pomme de la noix, les animaux avalent les graines. Après avoir déféqués dans les pâturages, certains éleveurs se retrouvent sur les marchés avec des sacs de noix de cajou sans être propriétaire de verger. Les éleveurs libèrent leurs animaux consciemment parce que la pomme de cajou est très aimée par les animaux et même très nourrissant pour eux. En plus de cet apport, pour les animaux, les éleveurs gagnent de l'argent, ce qui n'est pas du goût des producteurs. Pour éviter ces conflits qui sont parfois sanglants, certaines personnes préfèrent ne pas avoir une plantation d'anacarde.

1.2.3- Feux de brousse (brûlis)

Le feu de brousse, une préoccupation constante pour tous les agriculteurs en général et en particulier les producteurs d'anacarde. Les feux de brousse surviennent toujours en saison sèche. C'est la période où l'anacardier est en

plein état de floraison. L'origine d'un feu de brousse est restée inconnue pour la plupart des cas. Les sources d'un feu de brousse sont diverses. Ils peuvent être provoqués par des chasseurs pour la plupart du temps, par des paysans qui veulent nettoyer leurs champs pour la nouvelle saison ou par une simple cigarette jetée par un fumeur. Les feux de brousses sont de véritables ravageurs de plantations d'anacarde.

1.2.4- Itinéraire agronomique de production

Aucun itinéraire agronomique de production n'est recommandé aux producteurs en particulier en termes de densité des plantations, d'entretien des arbres (taille) et du verger. Il y a une absence de programme de lutte contre les maladies. Les plantations d'anacarde sont menacées par les maladies, par les insectes et les feux de brousse (brûlis).

1.2.5- Encadrement des producteurs

L'intérêt économique de l'anacardier a pris une ascension particulière ces dernières années. Au vu de cette nécessité, les producteurs d'anacarde devraient être l'objet d'une attention particulière allant dans le sens d'une assistance et d'un encadrement subséquent, surtout lorsqu'il s'agit de paysans très peu formés aux techniques culturales.

L'ANADER, est la seule structure de l'Etat chargée de l'encadrement des paysans. Par le passé, les prestations de cette structure étaient quasiment gratuites. Aujourd'hui, les choses ont changé. Toutes les prestations de l'ANADER allant dans le sens de l'encadrement d'un paysan nécessitent des coûts parfois trop élevés pour celui-ci. Une situation qui ne fait pas le bonheur des paysans déjà très affaiblies financièrement. L'encadrement devant se faire

avant la vente des produits; il est donc difficile pour eux de pouvoir se payer des prestations d'encadrement.

1.2.6- Clôture du verger

Clôturer un verger d'anacardier nécessite beaucoup de moyens. Quant il est clôturé, il procure plusieurs avantages. Un champ d'anacardier clôturé avec des barbelés et délimité par un pare-feu est à l'abri du feu de brousse. Cette clôture lutte efficacement contre certains ennemis de l'anacardier tel que les boeufs et autres animaux ravageurs.

1.2.7- Entretien du verger

Un verger bien entretenu produit beaucoup et de bonne qualité. L'entretien d'un verger est basé sur le désherbage régulier. C'est le seul moyen pour lutter contre les perdrix, les rats palmistes, les agoutis. Il consiste aussi à éliminer les insectes qui mangent le bois, à abattre les branches mortes et gênantes, à sectionner les tiges inutiles, à lutter contre les hannetons en bouchant tous les trous qui sont sur les arbres. Pour une meilleure production, il faut un meilleur entretien du verger.

1.3- Contraintes de la transformation

Plusieurs contraintes entravent le processus de transformation :

-le manque d'équipements adaptés à la transformation. Les coûts élevés des équipements destinés à la transformation et surtout l'absence de mesures incitatives, le matériel de transformation de noix de cajou n'est pas fabriqué ou disponible sur le marché local ;

-difficultés d'approvisionnement des industriels ivoiriens (cette difficulté est liée
aux pratiques de commercialisation interne de la noix de cajou), la limitation de

la demande locale (limitation due à la méconnaissance au plan national des produits issus de l'anacarde). L'amande de cajou est un produit cher, et le pouvoir d'achat des consommateurs locaux est bien limité. En conséquence, les transformateurs sont confrontés à l'impossibilité d'écouler leurs productions sur le marché local ;

-difficulté d'accès au marché d'exportation. Les transformateurs ivoiriens sont confrontés à un problème d'accès au marché d'exportation.

L'Inde, le Brésil et le Vietnam sont les pays les mieux connus pour le marché de l'anacarde, l'origine Côte d'Ivoire n'est pas toujours affichée, les quantités produites sont relativement petites pour satisfaire les quantités minimum à l'exportation exigées par les exportateurs. Le manque d'un cadre financier adapté à l'exportation. Les entrepreneurs qui veulent embrasser le métier de transformateurs de la noix de cajou sont confrontés à un manque de ressources financières afin d'être en mesure d'acheter des équipements performants en la matière.

1.4- Contraintes de la commercialisation et de l'exportation

Le système financier est inadéquat. Un système de financement capable de garantir un bon fonctionnement des opérateurs commerciaux et d'exportation n'est pas mis en place. Ceci constitue un des problèmes majeurs pour les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) ivoiriennes. Le système portuaire n'est pas favorable pour les exportateurs. Ceux-ci dénoncent la cherté des frais de transport au port autonome d'Abidjan. Les taxes douanières qui restent encore élevés ne facilitent pas le système de commercialisation et d'exportation.

1.5- Politique nationale de production et de commercialisation

Il n'y a aucune politique nationale de production et de commercialisation explicite à la filière anacarde qui couvre toutes les zones de production puisque dans la plupart des zones de production, les producteurs sont encore inorganisés. La filière mérite une politique bien définie avec des orientations claires.

La filière anacarde se développe peu à peu du fait de son intérêt économique et de son impact sur la lutte contre la désertification.

1.6- Autres contraintes

D'autres contraintes entravent le processus de développement de la filière entre autres :

-Les difficultés que rencontre le monde rural durant ces dernières années, ne laissent aucun choix aux producteurs qui sont dans les zones non organisés ; les prix dérisoires proposés (25 francs à 150 francs) sont acceptés par ceux-ci ; -L'état de dégradation très avancé du réseau routier en Côte d'Ivoire et surtout dans le monde rural, n'est pas déterminant dans la performance de la filière ;

-Le manque d'encadrement, l'absence de structure de contrôle en amont, de régulation et de certification des champs, sont à l'origine de collecte précoce des noix ;

-Pas de financement lié à l'aménagement et à la protection des plantations.

CHPITRE 2 : STRATEGIES DE DEVELOPPEMNT DE LA FILIERE

La stratégie de développement repose en général sur un processus de planification des choix politiques. Cette stratégie exprime des choix sur un horizon donné sous forme d'objectifs articulés entre eux et de manière cohérente. Au niveau de la filière anacarde, l'ensemble des projets initiés n'ont

pas permis de mettre à profit toutes les opportunités de la filière. Lorsque le processus d'élaboration et d'exécution d'un projet ne prend pas en compte les préférences industrielles et collectives des populations concernées, par conséquent, ces populations, ne pourront jamais se mobiliser pour sa mise en oeuvre.

Le diagnostic de la filière montre l'incohérence des stratégies et l'échec des politiques longtemps développées. Durant les décennies 70-80 et le début des années 90, un certain nombre de projets dans le secteur n'ont pas atteint l'objectif d'autonomie et de maîtrise des orientations à terme de la filière. Nous avons choisi d'orienter notre stratégie de développement sur certains aspects qui nous semblent très importants si l'on veut prétendre à un développement durable de la filière anacarde.

2.1- Stratégie de développement de la noix cajou

Cette stratégie de développement est orientée sur les volets suivants :

-la formation des producteurs à la maîtrise du système de production, à l'itinéraire technique. Dans le cadre de la formation qui revient chère aux producteurs, l'INTERCAJOU peut utiliser la méthode de l'audio-visuel pour leurs enseigner ces techniques. Cette technique permet ou devrait permettre de faire passer le message à plusieurs personnes en même temps ;

-l'amélioration variétale de l'anacardier local. Il faut procéder à la sélection d'une meilleure variété, ce qui permettrait également de produire une meilleure qualité de noix ;

-prendre des mesures dans le sens de la protection des vergers contre les feux de brousse et contre les ravageurs ;

-sensibiliser les producteurs à la délimitation des parcelles qui devrait permettre de connaitre la superficie totale cultivée ;

-sensibiliser les propriétaires terriens à céder les terres aux jeunes;

-accompagner les producteurs dans la mise en place des coopératives (faire la promotion de l'action coopérative) ;

-prendre des mesures d'amélioration des qualités, à travers la récolte, le séchage et le stockage de la production puis dans le choix des terrains aptes pour la plantation.

2.2- Stratégies de développement de la commercialisation

Il s'agit ici de :

-réduire le circuit de commercialisation qui est long et qui réduit considérablement le prix d'achat bord-champ. En se proposant d'éliminer la voix des pisteurs, les producteurs doivent se réunir en coopératives afin de pouvoir mieux vendre leur production;

-mettre en place un comité de surveillance des prix fixés par l'Etat;

-mettre en place un système d'informations sur les marchés dans toutes les zones de productions;

- surtout diversifier les débouchés (la seule Inde ne peut pas faire le bonheur des producteurs).

2.3-Stratégies de développement de la transformation locale

Le but principal de cette stratégie est d'augmenter l'exportation du produit transformé et de créer des emplois pour les ivoiriens. Elle est essentiellement concentrée sur les aspects suivants :

-créer un fond spécial pour la transformation;

-stimuler la création des unités de transformation de la noix de cajou;

-appuyer les programmes de formation pour les travailleurs de ces unités;

-mettre en place un schéma directeur de développement de la transformation de la noix et de la paume de cajou fondé sur des mesures fiscales incitatives; -stimuler et appuyer les programmes de production locale avec des équipements de transformation;

-création des laboratoires crédibles d'analyse et de contrôle de qualité pour l'amande transformée et destinée à l'exportation;

-faire la promotion des PME à travers les organisations professionnelles; -diversifier les produits finis;

-développer et encourager la consommation locale.

2.4- Autres stratégies pour le développement de la filière anacarde L'Etat doit créer un environnement propice :

-faire en sorte que les producteurs puissent évacuer leur productions; -procéder à l'existence l'égale de coopératives;

-aider les investisseurs qui veulent venir s'installer en réduisant les taxes; -apporter un appui financier aux coopératives déjà sur pieds, équiper ces coopératives en matériels (bascules, véhicules);

-mettre en place un véritable cadre de concertation pour une collaboration franche entre les gestionnaires de la filière et producteurs de la noix de cajou.

Aujourd'hui, la filière anacarde peut permettre à des millions de personnes de vivre aisément. Pour cela, il faut trouver les moyens de contourner les contraintes au développement de la filière. Dans le chapitre suivant sont identifiés des projets et des activités de lutte contre la pauvreté afin de contourner les contraintes au développement de la filière.

CHAPITRE 3 : IDENTIFICATION DES PROJETS ET DES ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE POUR CONTOURNER LES CONTRAINTES LIEES AU DEVELOPPEMENT

3.1-Production et collecte des noix

Il existe plusieurs zones de production (voir carte) propices se présentant à cette culture. Il faut sensibiliser les propriétaires terriens à la cession des terres aux jeunes. Cela va permettre à la Côte d'Ivoire de produire plus. La protection du verger étant un gros facteur de production, il faut donc sensibiliser les producteurs à la clôture des vergers et à la réalisation des pare-feux puis à la délimitation des parcelles. Il est nécessaire que les producteurs s'organisent entre eux pour défendre leurs intérêts. La réussite de cette activité de regroupement conduira nécessairement à une production plus grande. Il faut montrer et encourager les producteurs à l'utilisation de la bouillie des grains de Neem comme produit pour lutter contre les maladies liées à l'anacardier et aux produits issus de cet arbre en lieu et place des produits phytosanitaires.

Pour la récolte des noix, il faut instaurer des services de qualités en amont et non en aval. Il faut mettre en place un système pour sensibiliser les producteurs sur certaines règles de récolte à savoir, ramasser les noix une fois qu'elles tombent à terre, éviter la collecte précoce des noix, ne jamais aller les cueillir sur les arbres ou faire tomber les noix en secouant les arbres.

3.2- Transformation des noix

Aujourd'hui, la problématique de la transformation s'impose comme une priorité pour une meilleure valorisation de l'anacarde afin d'éviter une trop grande dépendance de l'extérieur et surtout la mévente du produit brute. Pour répondre donc au besoin imminent de la transformation, il faut réglementer les

conditions d'installation des unités de transformation aux fins du développement de cette branche d'activité de la filière anacarde ; il faut et de façon spéciale qu'une volonté politique s'exprime à ce niveau pour encourager surtout les nationaux à embrasser le processus d'industrialisation de la filière. Ces trois dernières années, le nombre d'unités de transformation a augmenté. Il s'agit là d'un apport très important pour la lutte contre la pauvreté. Mais l'effectif du nombre d'unités qui s'est vu augmenter, reste très négligeable face à l'augmentation de la production. Jusqu'à ce jour, le taux de produits transformés reste très faible (moins de 5%). Il est donc important qu'un effort soit fait à ce niveau surtout quant on sait que le marché de la noix brute n'est pas connu sur le marché international.

Avec une organisation de producteurs forte, accompagnée d'une véritable politique nationale d'allègement des taxes pour la transformation, toutes les zones de production pourraient alors avoir un tissu industriel se développer progressivement autour de la filière anacarde. Certains exportateurs pourraient se spécialiser pour l'exploitation de l'amande blanche. Ainsi, la Côte d'Ivoire pourrait pleinement développer sa filière de cajou et contribuer à la reconstruction et à la relance post-crise en s'engageant résolument dans l'exploitation de son potentiel de transformation à l'instar des pays comme l'inde, le Brésil et le Vietnam.

3.3- Commercialisation et promotion des exportations

La filière anacarde est marquée par une désorganisation des acteurs et une exploitation des pauvres producteurs par les commerçants. Les organisations existantes fonctionnent timidement. C'est pourquoi nous préconisons l'organisation des producteurs au niveau des différentes localités de production. Les producteurs doivent ainsi s'organiser en Groupement d'Intérêt Economique (GIE) ou union au niveau des villages, des arrondissements des départements et

des régions pour défendre leurs intérêts économiques. Ces unions devront être fédérées en association nationale forte qui devra porter les revendications de toute la corporation.

La commercialisation et la promotion des exportations de la noix de cajou et surtout de l'amande doit être soutenue dans le contexte actuel. La filière anacarde peut constituer un rempart et une juste réponse à l'équation de la pauvreté et à l'exigence de création des projets générateurs de revenus et de l'emploi en milieu rural. C'est pourquoi, il faut qu'une initiative soit prise pour la promotion du décorticage nationale et ainsi le développement du marché local. Pour une meilleure promotion, il faut élaborer un plan et une stratégie marketing adaptés au développement commercial des produits issus de l'anacarde par les dirigeants de la filière à savoir l'ARECA et l'interprofession. Afin d'accroître la consommation nationale de l'amande de cajou, il faut définir une politique de promotion pour informer le public sur les vertus de ces produits qui sont très énormes.

3.4- Stratégies et politiques nationales favorisant le développement de la filière

Aujourd'hui, il faut saluer l'avènement de l'interprofession et bien plus la gestion de l'ARECA qui manque encore d'une certaine autorité. Mais il faut aller au-delà en élaborant et appliquant d'autres modèles qui puissent assurer le développement capacitaire de tous les aspects de la filière et par la même, éliminer les distorsions et les goulots d'étranglements.

En attendant que le processus de transformation rentre dans une phase de croisière, il faut bien gérer dans l'immédiat et à court terme la filière de production et d'exportation exclusive des noix brutes et optimiser les revenus des opérateurs impliqués à ce niveau. Il s'agit surtout ici des producteurs et par la suite des autres intervenants. Plusieurs approches stratégiques existent à ce

niveau pour soustraire la filière de la noix brute des maux qui l'affectent. On peut par exemple citer le renforcement des OPA (Organisation des Producteurs d'Anacarde) déjà en place. L'Etat doit créer un environnement propice (favorable), c'est-à-dire :

-créer un cadre réglementaire efficient de la filière anacarde ;

-faire en sorte que les producteurs puissent évacuer leur production (en créant des voies d'accès) ;

-il faut accroître et sécuriser le revenu et l'emploi de la filière ;

-stimuler les recherches dans la filière anacarde ;

-améliorer la compétitivité de la filière dans le cadre d'une bonne gestion des ressources humaines. Pour tout cela, il est souhaitable que l'Etat cède une partie de son Droit Unique de Sortit (DUS) pour la constitution d'un fond devant servir aux activités de production, de commercialisation et de transformation de l'anacarde.

3.5- Amélioration et garantie de la qualité des exportations

La promotion et l'assurance de la qualité de la noix et des produits dérivés permettent aux producteurs et aux transformateurs de tirer le meilleur profit et avantage possible de la filière. Il faut donc recommander l'adoption d'une norme de qualité ivoirienne de la noix susceptible d'aider à la promotion du label ivoirien; ce qui devrait conduire à l'ouverture d'un service de contrôle en amont.

La qualité des produits issus de l'anacarde doit être certifiée et en

conformité avec les normes de références. En dehors de la région du Zanzan la qualité des noix est très bonne (l'outturn varie de 47 à 50 avec un taux de
grainage oscillant entre 180 et 185), dans les autres régions cette qualité est
moyenne; l'outturn y varie de 40 à 48). Il est par conséquent nécessaire de

poursuivre la sensibilisation sur la qualité pour que cette pratique fasse partie des priorités des producteurs dans la conduite de l'itinéraire technique.

Les producteurs doivent être nécessairement sensibilisés sur les méthodes de récoltes (ne jamais récolter le produit sur pied ou arbre) et faire le stockage dans un endroit aéré à l'abri de toute humidité. La conformité aux normes doit se matérialiser par une marque nationale dont l'utilisation est régie par des règles rigoureuses.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote