CHAPITRE 2 : LES PERFORMANCES DE LA FILIERE
2.1- Production de l'anacarde
Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire occupe une place
stratégique dans la production mondiale de la noix de cajou.
Classé à « la 3ème place en 2007, elle
est passé au 2ème rang mondial en 2008,
avec près de 330.000 tonnes produites » (Marchés Africains,
2009).
2.1.1- Evolution de la production nationale de 1990
à 2009
L'enquête de terrain, la recherche documentaire et la
revue des statistiques à jour menées ont montré une
insuffisance sur les donnés de la production des noix de cajou dans
toutes les régions où il en existe des potentialités.
Il n'y a aucune institution qui récence des
informations exactes sur ce sujet. Toutes fois, deux méthodes
d'estimations peuvent être appliquées afin d'aboutir au volume de
la production nationale. Soit à travers les données statistiques
des exportations, auxquelles s'ajoute un certain pourcentage
représentant la consommation locale et les contrebandes ou exportations
illégales. Selon une mission d'information de l'ARECA qui a eu lieu dans
les zones de productions du 23 Août au 2 Juillet 2008, 50.000 tonnes pour
les trois zones du Zanzan (Bouna, Bondoukou, Tanda) et Sandégué
ont été escortées vers le Ghana. Cela s'est produit parce
que les producteurs ont trouvé un meilleur prix d'achat bord-champ au
Ghana. Il est donc raisonnable d'estimer les quantités consommées
localement et les contrebandes à travers les frontières ne
dépassant pas les dix pourcent (10%) du volume annuel des exportations.
Soit à travers la surface totale cultivée, qui est la
méthode la plus utilisée par certaines institutions. Ainsi pour
les statistiques de la production, nous avons retenu les données
suivantes (tableau VII).
Tableau VII: Quantités de production des
noix de cajou de 1990 à 2009.
Années
|
Production (tonne)
|
1990
|
6401
|
1991
|
7415
|
1992
|
10080
|
1993
|
16662
|
1994
|
16327
|
1995
|
26347
|
1196
|
23666
|
1997
|
36691
|
1998
|
26464
|
1999
|
74552
|
2000
|
63379
|
2001
|
87573
|
2002
|
104984
|
2003
|
84830
|
2004
|
167000
|
2005
|
185000
|
2006
|
235000
|
2007
|
280000
|
2008
|
330000
|
2009 prévisions
|
350000
|
Source : ARECA
De 1990 à 2008, la production nationale a
augmentée de 323.599 tonnes, soit un peu plus de 51,55%. Le tableau
montre que la production nationale a connue une évolution importante de
2001 (87.573 tonnes) à 2002 (104.984 tonnes) avec une baisse
considérable en 2003 soit 84830 tonnes. Malgré la crise que
traverse le pays, on constate que de 2004 à 2008, la production a
augmenté considérable et continue d'augmenter sans cesse. De
167.000 tonnes en 2004 à 350.000 tonnes (prévision) pour
l'année 2009. Cela montre également que les populations adoptent
progressivement la culture de l'anacarde. Ainsi, la Côte d'Ivoire est
passé de la 3ème place en 2007 à la
2ème place mondiale de producteur d'anacarde en 2008 avec
près de 330.000 tonnes.
2.1.2- Principaux facteurs qui ont influencé les
performances de la production
Plusieurs facteurs influencent la productivité de la
noix de cajou entre autres le prix d'achat et la qualité de la noix dans
tout le pays puis, les associations de producteurs (cas du Zanzan à
Bondoukou).
-Le prix de la noix.
Le prix de la noix est décisif dans l'augmentation de
la production des noix. Pendant plusieurs années, les agriculteurs n'ont
pas montré d'intérêts pour la culture des noix de cajou.
C'est seulement quand ils se sont rendu compte qu'ils pouvaient augmenter leurs
revenus à partir de ce produit, qu'ils ont commencé à se
dédier à sa culture. Aujourd'hui, la chute du coton a
donné lieu à une adoption massive de cette culture. Plusieurs
surfaces dédiées à la culture du coton ont donné
place à la culture de l'anacardier. Tout au long d'une saison, les prix
de la noix brute varient d'un commerçant à un autre, d'un pisteur
à un autre et cela dans toute la chaîne de commercialisation
(tableau VIII).
Tableau VIII: Evolution du prix d'achat
bord-champs de 1999 à 2009.
Années Prix de la noix brute (en f CFA)
1990 75
1991 65
1992 85
1993 65
1994 160
1995 170
1996 300
1997 470
1998 75 à 300
1999 75 à 400
2000 75
2001 100 à 175
2002 110 à 200
2003 85 à 500
2004 75 à 175
2005 75 à 250
2006 110 à 300
2007 25 à 170
2008 15 à 250
2009 100 à 250
Source: données d'enquêtes, Juillet-Août
2009.
L'observation du tableau montre clairement que le prix d'achat
de la noix brute varie d'une année à une autre et d'une
période à une autre pendant toute une saison. Pour le cas typique
de 2008, le prix des noix est descendu jusqu'à 15 Fcfa. Contrairement
à l'année 2008, le prix moyen de la noix brute en 2009
était de 100 Fcfa pour toute la saison. Au même moment dans des
pays comme le Ghana, la Guinée Bissau et le Sénégal, les
prix variaient entre 250 et 300 Fcfa le kg de noix brute pour l'année
2009.
-Les associations.
Le phénomène des associations de producteurs
d'anacarde est très récent en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui,
les quelques associations existantes jouent un rôle très important
dans les activités socio-économiques (associations non encore
suffisamment fortes). La Coopérative des Producteurs Agricoles de
Bondoukou (COOPABO) et la Coopérative
Générale de Sépingo (COOGES) en sont des exemples.
Crée en «1999, la COOPABO a réalisé un projet de
transformation de noix de cajou en amandes qui a démarré en 2004
avec l'appui de l'ONG français `'RONGEAD»» (Fraternité
Matin, no12172).
Inauguré en Mars 2008, l'unité de
décorticage de noix de cajou de la COOGES a été
entièrement financée par la coopérative de la
localité. Ces deux (2) unités emploient respectivement 200 et 480
femmes qui, peuvent se prendre en charge sans l'aide de leurs parents ou maris,
et participer aux dépenses courantes de la maison. Elles en sont des
exemples de coopératives qui participent effectivement à la lutte
contre la pauvreté dans ces différentes localités. Notons
que plusieurs unités de transformation ont vu le jour grâce
à l'appui de l'ONG français `'RONGEAD» et l'INADES
Formation, notamment Chiongagnigui de Karakoro, Klognomon de Ferké et
Cofini de Niofoin pour ne citer que ceux-là. On peut affirmer que
l'augmentation des prix et l'apparition d'organisations paysannes,
appuyées par les projets de certains organismes non gouvernementaux et
internationaux ont un grand impact sur l'expansion de la production de la noix
de cajou. Avant l'apparition des ces organisations, se sont les
commerçants et les exportateurs qui empochaient ces revenus.
2.2- Transformation locale
Aujourd'hui, les paysans ont plusieurs tonnes de noix brutes
qui sont invendues. Le processus de transformation reste donc la meilleure voix
à exploiter si l'on veut prétendre à un
développement durable de la filière anacarde.
2.2.1- Evolution et perspectives de la transformation
locale
Suite aux échecs répétés des
usines de transformation, « une volonté politique plus accrue pour
le développement de la transformation de la noix de cajou de
manière à porter le taux actuel de transformation de 5 % à
20% en l'an 2010 » (ARECA, 2006), a vu le jour. Par conséquent,
plusieurs organisations et associations se sont motivées pour la
création d'unités de transformation. Cette motivation est
essentiellement due à la chute du prix de la noix sur le marché
international. En Côte d'Ivoire, on continue de jeter la paume de cajou
alors qu' « elle représente 70% de la valeur du produit »
(Marché Africains, 2008, op cit).
2.2.2- Types de produits transformés et
commercialisés
L'anacardier est surtout cultivé pour sa pomme et sa
noix. La pomme, partie charnue et juteuse, constitue la partie
supérieure du fruit. Bien sucrée, elle laisse tout de même
un arrière goût amer. De ce fruit, on peut tirer du jus qui, selon
les spécialistes, contient cinq fois plus de vitamine C que le jus
d'orange. Avec cette pomme, on peut fabriquer également de l'alcool et
du vin de pomme de cajou. Ces différents sous produits, sont
rentrés dans les habitudes alimentaires de certains pays comme le
Brésil, l'Inde, le Vietnam ou même la Guinée-Bissau et le
Nigéria. La partie inférieure du fruit qui est la noix de cajou
est la plus rentable. Les amandes de cajou grillées et salées
sont grignotées à l'apéritif. L'image suivante
présente des amandes grillées, prêtent pour la
consommation.
Figure 4 : Amandes grillées et
salées.
Elles rentrent aussi dans la fabrication de confiseries, des
biscuits et pattes alimentaires. « Le péricarpe de la noix, la
partie qui entoure la noix, renferme un liquide visqueux d'un brin foncé
appelé «baume de cajou» est utilisé dans l'industrie
chimique. La pellicule, peau mince qui entoure l'amande et qui protège
le baume de cajou, sert aussi dans l'industrie du cuir » (bulletin de
presse SYFIA, 1998). L'arbre de cajou quant à lui, sert dans la
fabrication d'engins de navigation en bois.
En Côte d'Ivoire, le processus de transformation est
basé sur le jus de cajou, le vin de cajou, les amandes (blanches et
grillées), la patte alimentaire. En plus des produits qu'on transforme
en Côte d'Ivoire, le Mali qui a une production inferieure à celle
de la Côte d'Ivoire, utilise l'amande pour faire de l'huile, du savon,
des gâteaux, du pain etc. Nous avons interrogé nos
enquêtés au sujet de l'idée qu'ils ont des produits
dérivés de l'anacardier et l'usage qu'ils en font. Les
réponses à ce propos ont été diverses. Le tableau
IX présente ces résultats.
Tableau IX: Répartition des
enquêtés en fonction de leur connaissance sur l'utilisation des
produits dérivés de l'anacardier.
Produits
|
n
|
%
|
% cumulé
|
Tatouage
|
43
|
70.5
|
70.5
|
Pommade
|
3
|
4.9
|
75.4
|
Médicament
|
14
|
23.0
|
98.4
|
Aucune idée
|
1
|
1.6
|
100.0
|
Total
|
61
|
100.0
|
|
Source : Données d'enquêtes, Juillet-Août
2009.
Par rapport à ces références, on peut
affirmer que 98,4% des producteurs savent que les produits issus de
l'anacardier servent à faire quelque chose. En effet, 43 personnes, soit
70,5% des producteurs interrogés se sont penchés sur
l'utilisation de ce produit pour faire des tatouages ; 4,9% soit 3 personnes
disent que l'anacarde est utilisé pour faire des pommades ; 23% soit 14
producteurs savent que l'anacarde est utilisé à des fins de
médicament et 1,6% soit une personne dit n'avoir aucune idée de
l'usage qu'on en fait.
Avec le niveau de production que le pays a atteint, tous les
producteurs devraient savoir à quoi servent les produits
dérivés de l'anacardier. Il faut donc faire une promotion dans ce
sens pour que les producteurs puissent en savoir plus. Nous avons aussi
demandé à nos enquêtés s'ils consomment des noix
à la maison. Les réponses recueillies ont été
synthétisées dans le tableau X.
Tableau X: Consommation des amandes.
Réponses
|
n
|
%
|
% cumulé
|
Oui
|
21
|
34.4
|
34.4
|
Non
|
40
|
65.6
|
100.0
|
Total
|
61
|
100.0
|
|
Sources: Données d'enquêtes, Juillet-Août
2009.
L'observation du tableau montre que moins de 50% des
enquêtés consomment les amandes de cajou. Par rapport à nos
références, 21 personnes sur 61, soit 34,4% consomment les
amandes chez eux. Ceux qui n'en
consomment pas sont au nombre de 40 personnes, soit 65,6% de
la population interrogée. Certains producteurs ont même
affirmé que consommer des amandes à la maison réduit leurs
gains financiers. Quand ils voient leurs enfants en manger, ils en font un
palabre. Ce qui montre qu'il y a effectivement un manque d'information sur les
vertus surtout thérapeutiques de l'anacarde (en annexe, vous trouverez
un tableau sur ces vertus). Aujourd'hui, la consommation locale est très
limitée, ce qui ne contribue pas à encourager la production de la
noix.
2.2.3- Principaux facteurs qui influencent les
performances des entreprises nationales de
transformation
La chute du prix de la noix de cajou sur le marché
international a donné une importance capitale à la transformation
locale de la noix. Cette importance a donné lieu à la
création de plusieurs usines et unités de transformation (OLAM
IVOIRE, Cajou de Fassou, SITA, PAMO, COOPABO, COOGES, Chiongagnigui,...).
Malgré leur importance pour l'économie du pays, les unités
de transformation sont confrontées à un ensemble de facteurs qui
ont une influence négative sur leur développement. Pour preuve,
aucune de ces sociétés ou coopératives n'a jamais pu
transformer sa capacité potentielle. En 2008, OLAM-IVOIRE qui a une
capacité potentielle de 5.000 tonnes a pu transformer 3.909 tonnes;
cajou de Fassou qui a une capacité potentielle de 1.500 tonnes, a pu
transformer 55 tonnes et la COOGES qui a une capacité potentielle de
4.000 tonnes n'a pu elle aussi transformer que 100 tonnes. Les facteurs
d'étranglements suivants ont été identifiés:
-manque d'une véritable politique incitative au niveau
gouvernemental; -manque de débouchés des produits
dérivés;
-difficultés d'accès au marché
international;
-manque de ressources financières;
-manque de matériels adéquats pour les
unités de décorticages ;
-capacité limitée du marché interne;
-pas de politique d'incitation à la consommation
locale.
2.3- Exportations
2.3.1.- Analyse des exportations nationales de noix de
cajou de 1990-2008
2.3.1.1- Analyse des exportations des noix de
cajou
Pour la production apparente, à savoir les
exportations, l'évolution a été très forte ces
dernières années. De 1990 à 2008, le taux d'exportation
nationale de noix brutes s'est multiplié par 48,42% en 18 années,
avec 6.401 tonnes en 1990 et 310.000 tonnes en 2008. L'évolution des
exportations des 18 années sont dans le tableau XI.
Tableau XI: Evolution des exportations de la
noix de cajou de 1990 à 2008.
Années
|
Exportation de noix (tonne)
|
Evolution (en %)
|
1990
|
6401
|
-
|
1991
|
7415
|
26%
|
1992
|
10080
|
36%
|
1993
|
16662
|
66%
|
1994
|
16327
|
-2%
|
1995
|
25631,5
|
61%
|
1996
|
23666
|
-10%
|
1997
|
36513
|
56%
|
1998
|
26036
|
-28%
|
1999
|
71113
|
182%
|
2000
|
61696
|
-15%
|
2001
|
85111
|
38%
|
2002
|
103980
|
20%
|
2003
|
84740
|
-19%
|
2004
|
140643
|
66%
|
2005
|
167000
|
17%
|
2006
|
210240
|
20%
|
2007
|
250000
|
19%
|
2008
|
310000
|
24%
|
Source: ARECA
L'observation du tableau montre que depuis 2004, les
exportations de noix n'ont cessé d'augmenter. De 2004 à 2008 les
exportations ont évolué de plus de 220%. Cette augmentation
dépend du prix d'achat aux producteurs (plus on paie chère, plus
il y a des adhérents à la culture. Pour les exportations de 2008,
la Côte d'Ivoire est 1er exportateur mondial de noix de cajou.
"En 2007, les flux financiers se sont élevés globalement à
91,474 milliards de Fcfa; sur cette base de 2007, les producteurs ont obtenu un
gain de 33,17 milliards de Fcfa et l'Etat pour sa part, a perçu 2,351
milliards de Fcfa. En 2008 avec la production nationale, la filière a
engrangé un flux global de 179,349 milliards de Fcfa. Dans ce flux, les
producteurs ont obtenu 62,22 milliards de Fcfa, et l'Etat plus de 3,111
milliards de Fcfa" selon président du conseil d'administration de
l'INTERCAJOU. Ainsi la filière anacarde joue un rôle de plus en
plus important dans l'économie de la Côte d'Ivoire. Avec le
respect par endroit du prix d'achat fixé par l'Etat, ces
résultats peuvent être considérés aujourd'hui comme
remarquables contrairement à ceux obtenus les années
précédentes. Mais compte tenu des difficultés que
connaît l'exportation exclusive de la noix brute, il est impératif
d'amorcer la phase de la transformation par une politique de promotion des
technologies alternatives de transformation.
2.3.1.2- Analyse des exportations des amandes
Après les premières tentatives de
transformations qui se sont soldées par des échecs, c'est
véritablement en 1997 que la Côte d'Ivoire a repris le processus
de transformation. Aussi faible qu'elle soit, elle mérite un
encouragement au vu de son évolution ces trois dernières
années. Le tableau XII montre l'évolution des exportations
d'amandes de cajou.
Tableau XII: Evolution des exportations des
amandes de cajou de 1995 à 2008.
Années
|
Amandes exportée (tonne)
|
Evolution (en %)
|
1995 1996 1997
|
150,5 -
37,4
|
- - -
|
1998
|
89,47
|
139%
|
1999
|
722,24
|
707%
|
2000
|
353,35
|
-52%
|
2001
|
517,05
|
46%
|
2002
|
210,77
|
-59%
|
2003
|
18,94
|
-1012%
|
2004
|
7,16
|
-62%
|
2005
|
133
|
1757%
|
2006
|
457
|
231%
|
2007
|
1139,67
|
150%
|
2008
|
Non déclarée
|
-
|
Source : ARECA
L'observation du tableau montre que la production d'amande a
augmenté fortement en 1999, soit un taux de 707%. Cette augmentation est
due au fait que plusieurs opérateurs économiques avaient
commencé à se dédier à la transformation. En 2003,
la production d'amande a baissé considérablement, soit de -1012%.
Cette baisse est la conséquence directe de la crise socio-politique de
2002. C'est seulement à partir de 2005 que la production d'amande va
connaître une autre évolution avec la fin de la crise qui
s'annonçait. Le manque de marché d'amande ne constitue pas le
seul facteur limitant pour le développement des exportations des
produits transformés. On note d'autres facteurs tels que la faiblesse
des ressources financières, l'absence de technologies adéquates
de transformation et l'organisation de la filière.
2.3.2- Degré d'organisation, de coordination de la
filière et son incidence sur les performances à
l'exportation
La filière anacarde est gérée par plusieurs
organisations à savoir le MINAGRI, l'ARECA, l'INTERCAJOU, le CSCA, les
transformateurs, pour ne
citer que ceux-là. Toutefois, ces organisations et
institutions n'ont eu l'impact escompté sur le développement de
la filière.
En effet, plusieurs problèmes existent, et qui
méritent une attention particulière notamment au niveau des
conditions d'agrément; le concept du prix au producteur qui, dans les
faits devient un simple prix de référence; l'absence de
mécanisme de suivi de la campagne dans les zones de production. En se
penchant sur le cas particulier des agréments délivrés aux
exportateurs, nous avons constaté que certains agréments
délivrés par l'ARECA sont mis en locations, pire sont vendus par
les bénéficiaires. Ceci dit, ils n'ont pas les capacités
financières pour travailler. Quant aux prix bord-champ, ils varient du
début à la fin de la saison bien qu'un prix soit fixé par
l'Etat. Pour la campagne 2008 certains acheteurs ont acheté les noix de
cajou jusqu'à 25 Fcfa le kilogramme alors que le prix avait
été fixé à 200 Fcfa le kilogramme.
L'un des problèmes majeurs du processus de
développement reste le manque de collaboration franche des industriels
et des exportateurs. Selon l'Assistant chargé de la filière
anacarde à l'ARECA et le Responsable à la communication à
l'INTERCAJOU, ces partenaires de la filière ne sont pas justes. Ils
refusent parfois de donner les réelles quantités
transformées et exportées. L'ARECA qui a le devoir de
gérer ces situations, ne peut appliquer son autorité.
Malgré ces difficultés que rencontre la
filière, la culture de la noix de cajou fait l'objet d'une adoption
massive. Quelles sont les facteurs qui favorisent cette adoption massive ? Le
chapitre suivant présente les avantages qui favorisent l'adoption
massive de cette culture.
CHAPITRE 3: AVANTAGES FAVORISANT L'ADOPTION DE LA CULTURE
DE L'ANACARDIER
L'une des caractéristiques majeures qui
déterminent l'adoption de l'innovation, c'est l'avantage relatif, tel
que le conçoivent les membres de la société, par rapport
aux pratiques courantes. Ses avantages peuvent être mesurés en
terme économique, de prestige social ou de satisfaction. Dans toutes les
zones de culture, ce sont effectivement les nombreux avantages
socio-économiques liés à la culture de l'anacardier qui
ont favorisé son adoption massive par la population paysanne.
3.1-Avantages économiques liés à la
culture de l'anacardier
Pour les populations des zones favorables à la culture,
l'un des grands intérêts de la culture de l'anacardier
réside dans sa rentabilité économique. Selon les paysans,
la vente de la noix de cajou constitue une importante source de revenus
sûre. Ces revenus leurs permettent de s'acquérir des biens en
vivres comme en matériels (maison en tôle,
électricité, moto, vélo, téléphone,
télévision, ...). Nous avons demandé aux
enquêtés, quelle est la culture qui rapporte plus d'argent
aujourd'hui entre l'anacarde, le coton et la mangue. Les résultats sont
exposés dans le tableau XIII.
Tableau no XIII : Répartition
des enquêtés en fonction de la culture la plus porteuse
économiquement.
Motifs
|
n
|
%
|
% cumulé
|
Coton
|
4
|
6.6
|
6.6
|
Anacarde
|
51
|
83.6
|
90.2
|
Mangue
|
6
|
9.8
|
100.0
|
Total
|
61
|
100.0
|
|
Source : Données d'enquêtes, Juillet-Août
2009.
Aujourd'hui, la culture de l'anacarde est la plus rentable
économiquement. L'observation du tableau montre que 4 personnes
seulement, soit 6,6% estiment que la culture du coton leurs rapporte plus
d'argent. Ceux qui disent que l'anacarde est la culture la plus porteuse sont
51 personnes, soit 83,6% et 6 personnes ont porté leur choix sur la
culture de la mangue.
En outre, la commercialisation de la noix de cajou qui a lieu
à partir du mois d'Avril, est un facteur d'équilibre important
pour la trésorerie de l'exploitation et du ménage; car, tous les
autres revenus monétaires agricoles sont perçus bien avant.
Certains producteurs, en particulier les plus âgés (personnes du
troisième âge) ne vivent que des retombées de l'anacarde.
Un autre grand intérêt lié à la culture de
l'anacardier réside dans l'accroissement des revenus au fur et à
mesure que les années passent. Selon l'INTERCAJOU, une plantation bien
entretenue peut produire 400 kg/ha à partir de la 5ème
année et aller au delà de 1000 kg/ha à partir de la
10ème année.
3.2- Les transformations sociales induites par l'adoption
de la culture de l'anacardier
Au niveau des prestations sociales, on note l'abandon et la
perte de certaines pratiques héritées des ancêtres telles
que la chasse en commun et la pèche traditionnelle. Ces pratiques
avaient lieu généralement en saison sèche. Depuis
l'introduction de l'anacarde, cette période est consacrée au
ramassage des noix de cajou. Une autre pratique, celle de la culture du coton
qui a fait la fierté des paysans des zones Centre et Nord, est en train
d'être abandonnée progressivement du fait de la crise
socio-économique que vit la Côte d'Ivoire. Par ailleurs, la
négligence dont il fait l'objet est due aussi à son faible poids
dans l'échelle de la comparaison avec l'anacarde. L'abandon massif de
cette culture ces dernières années réside dans le fait que
tous les paysans qui, pour une quelconque raison, n'ont pas pu rembourser leurs
crédits, ont vu vendre leurs
biens pour le remboursement du crédit. D'autres l'ont
abandonnée parce qu'ils ont rencontré des difficultés pour
écouler leurs produits.
L'occupation des surfaces en verger d'anacardier a
modifié non seulement les agro-systèmes, mais aussi une
modification du système de propriété. Les systèmes
de production étaient caractérisés par l'alternance des
cultures annuelles et de jachère. Avec la méthode de culture qui
associe l'anacardier aux vivriers, il n'existe pratiquement plus de
jachères des terres. Aujourd'hui, la plantation d'anacardier est devenue
source de propriété car, la plupart des détenteurs de
plantation d'anacarde se dissent propriétaires de la terre sur laquelle
se trouve leur plantation.
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