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L'enseignement spécial, des "anormaux d'école" aux "anormaux d'emploi"

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par Sharon Geczynski
Université Libre de Bruxelles - Diplôme d'études spécialisées en Sciences du Travail 2003
  

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3.4 LES PRESCRIPTIONS DE L'ENSEIGNEMENT SPECIAL

BINET et SIMON dans leur guide d'admission aux classes de perfectionnement recommandait une maniere de presenter les ecoles speciales aux parents. Ils preconisaient d'attenuer le diagnostic revelant la debilite legere de leurs enfants en presentant cette orientation comme un avantage, une structure de « rattrapage » ou l'enfant « qui ne suit pas » a l'ecole ordinaire pourra beneficier d'un enseignement « approprie ».

« On leur expliquera [aux parents] que les classes de quarantes eleves sont trop nombreuses pour les sujets de ce genre, et que le maitre n'a pas le temps de s'en occuper. On leur dira que la loi nouvelle organise des classes de 10 a 20 eleves au maximum, dans lesquelles on pourra donner un enseignement individuel. 87»

« Qu'on ne dise jamais aux parents que leur enfant est imbecile, idiot ou fou ou simplement anormal. Qu'on leur presente l'entree de leurs fils ou de leur fille dans une ecole speciale comme un avantage, ou meme une faveur ; qu'on n'exige pas de maniere trop formelle leur consentement ; ce serait leur laisser croire que ce sont eux qui accordent quelque chose et beaucoup refuseraient.88 »

« Bref de la prudence, de la douceur, du cceur et un peu de diplomatie, voila ce qu'il faut ; et l'experience professionnelle que nous avons acquise nous a demontre qu'il n'est pas trop difficile de gagner les parents a la cause de l'enseignement special89 »

Ce discours se retrouve aujourd'hui, a quelques modernisations pres, dans le discours de nos directrices :

Comment expliquer-vous aux parents la necessite d'orienter leur enfant vers l'enseignement special ?

Les parents, au debut ils ont peur. Quand ils arrivent a l'ecole, ils croient qu'ils vont voir des handicapes. Lorsqu'ils se rendent comp te que c'es t une ecole comme les autres, ils son t rassures.

87 BINET et SIMON op. cit., p. 54

88 Ibidem

89 Ibidem

Ce n'es t jamais evident mais on leur explique que leur enfant est en souffrance e t qu'il a besoin d'une attention particuliere qu'il ne peu t trouver qu'au sein d'une ecole speciale. L'enfant sera mieux pris en charge, il pourra avancer a son rythme e t ra ttraper le retard accumule, dans de pe ti tes classes. Dans no tre ecole les classes sont composees de 8 enfants pour un professeur. Parfois il faut passer ou tre la decision des parents.

Pour les parents c'es t difficile parce que le mot debile leger... C'es t le mo quand meme pour le type 1 !

Les chefs d'etablissements preconisent de terminer le cycle primaire avant de rejoindre l'enseignement ordinaire. Tout se passe comme si l'enseignement special n'etait qu'une etape, qu'un accident de parcours.

Ils insistent sur la meilleure prise en charge des enfants dans de petites structures. Selon eu x, si l'enfant recoit le « bagage necessaire », et acquiert « le sens des responsabilites et la regularite dans le travail », il pourra esperer rejoindre l'enseignement ordinaire.

L'enfant a-t-il la possibilite de rejoindre l'enseignement ordinaire ?

Ca depend, parfois un enfant arrive chez nous e t il a accumule un tel retard qu'on ne peu t pas faire de miracles, parfois il a les capaci tes intellec tuelles mais il est trop tracasse par ses problemes familiaux pour reellemen t se concen trer sur l'ecole.

Les parents peuvent-ils retirer leur enfant de l'ecole s'ils estiment que cet enseignement ne lui convient pas ?

Un enfant qui commence l'annee avec nous, a le droi t de quitter l'ecole jusqu'au 30 sep tembre (c'es t la loi pour tou tes les ecoles en Belgique). A partir du 30 sep tembre, on ne qui tte plus, on ne change plus d'ecole sauf si on demenage ou alors il faut un accord d'ecole a ecole jus tifie.

Que recommandez-vous aux parents qui desirent que leur enfant rejoigne l'enseignement ordinaire au plus vite ?

Moi je conseille que l'enfant fasse tout le cycle primaire dans l'enseignemen t special, parce qu'un enfant qui arrive chez nous, comme je l'ai deja dit est un enfant qui a beaucoup d'echecs a encaisser e t de souffrance a surmonter e t quand il arrive chez nous, le temps de le reme ttre sur le rail, ben le temps passe...il faut se dire qu'un enfant qui es t sur le rail, imaginons qu'il ai t 11ans, es t-ce qu'il est ap te a aller en 5eme primaire, es t-ce qu'on doi t le me ttre en 3eme primaire, ou faut-il le me ttre?

Alors, l'ideal, c'es t d'essayer de « boucler sa valise pour qu'elle soi t prete » pour aller en accueil, donc lui donner tou te ce tte autonomie, ce sens des responsabili tes, ce tte regulari te dans le travail, de lui inculquer vraimen t ce dont il a besoin pour redemarrer avec une nouvelle carte de visite vierge. Parce qu'un enfant qui re tourne en primaire a souvent son passe de primaire qui lui re tombe dessus par apres, e t il fau t pas aller trop vi te, surtout pas me ttre la charrue avant les boeufs. Il vaut mieux y aller avec prudence, une annee dans la vie d'un enfant ce n'es t rien, du moment que ce tte annee a servi t a le s timuler, le regonfler, le revigorer. Tout ca c'es t tres important il faut bien l'armer pour qu'il soi t sur de lui e t qu'il ai t confiance en lui, il fau t pas aller trop vi te, sauf si nous ~tions dans un autre milieu, une direction d'Auderghem ou d'Uccle ne parlera pas comme moi.

Pour le type 8 sur tou t, c'es t sur que suivant la region d'oil on vient...euh, ben il fau t voir un petit peu...Nous on a 28 na tionali tes chez nous, je ne suis pas sur qu'~ Woluwe, il y ai t 28 na tionali tes. E t si il y a des na tionali tes ce sont peut titre des enfants qui ont eu un probléme linguistique tout simplement mais qui proviennent de familles plus aisées etplus cultivées aussi.

Et d'illustrer son propos par l'histoire scolaire d'une petite fille issus d'un milieu aise et instruit :

Pendant 6 ans j'ai eu une petite, sa maman e tai t infirmiere a Erasme, son papa e tai t chercheur a Borde t mais c'es t sur que l'ecole finie, ce tte maman exagerai t meme, parce qu'elle la me ttai t dans toutes sor tes de choses, d'a teliers,...En fait, elle ne pouvai t pas sor tir pour s'amuser, tout ce qui e tai t vecu par ce tte petite en dehors de l'ecole c'e tai t pour l'aider a avancer au niveau scolaire e t nous souvent on lui a di t que parfois il fau t pouvoir jouer simplemen t pour le plaisir de jouer. Quand elle jouai t c'e tai t avec une intention d'apprendre quelque chose en plus. La maman avai t tapisser les murs de son living de grandes affiches educa tives pour apprendre a lire ou a calculer (je chante, tu chantes,...) (les jours de la semaines). Tout e tai t educa tif e t c'e tai t meme exagere, là c'e tai t un exces.

Bon donc ces familles ld, de ce cote-ld de Bruxelles seront probablement avec d'autres visions de l'éducation et d'autres attentes aussi. Nous essayons de repondre aux a tten tes des parents e t sans doute qu'~ Woluwe ou a Uccle, ils font de meme.

En d'autres termes l'environnement socio-culturel de l'enfant, peut avoir une influence considerable sur le « diagnostic » et sur les remediations proposees aux familles.

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