CHAPITRE I: CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE
Pays situé dans la boucle du Niger au coeur de
l'Afrique occidentale, le Burkina Faso est un pays enclavé couvrant une
superficie de 274 200 km2. Il partage ses frontières avec six
pays : le Mali au nord et à l'oust, le Niger à l'est, la
Côte d'Ivoire, le Togo, le Ghana et le Bénin au sud. Le relief du
Burkina est principalement constitué d'un plateau d'une altitude moyenne
de 250 à 350 mètres, qui s'effondre brutalement dans le sud-ouest
(falaises et chutes de Banfora) et s'abaisse dans le nord en direction de la
vallée du Niger. Le pays est drainé par trois fleuves : le
Mouhoun, le Nazinon et le Nakambé. Le Burkina est soumis à la
sécheresse et aux vents secs. Le point le plus proche de l'océan
Atlantique en est distant de 500 km. Ouagadougou, la capitale du pays est
située à 1 200 km du port d'Abidjan (Côte d'Ivoire),
à 980 km du port de Téma (Ghana) et à 970 km du port de
Lomé (Togo). Faisant partie des pays sahéliens, le Burkina Faso
connaît un climat tropical de type soudanien rude et sec à deux
saisons : une longue saison sèche (neuf mois) et une courte saison
pluvieuse (trois mois).
Le pays est divisé en treize régions (La Boucle
du Mouhoun, le Centre, Le CentreSud, Le Plateau Central, Le Centre-Ouest, Le
Centre Est, Le Centre Nord, L'Est, Le Nord, Les Cascades, Les Hauts Bassins, Le
Sahel et le Sud-ouest) placées sous l'autorité des gouverneurs.
Ces dernières sont constituées de 45 provinces (placées
sous l'autorité des hauts commissaires). Les provinces sont
divisées en départements qui sont constitués de villages.
Le département est placé sous l'autorité d'un
préfet. Les services de santé sont calqués sur cette
structure administrative.
L'économie du Burkina Faso repose essentiellement sur
l'agriculture et l'élevage qui occupent plus des trois quarts de la
population active et contribuaient pour 37,2 % au PIB du pays en 1998.
L'agriculture emploie 75 % de la population active du Burkina, mais la
production ne permet pas de nourrir tous les habitants (le pays n'est pas
autosuffisant sur le plan alimentaire). L'inégale répartition de
la pluviométrie conjuguée à la pauvreté
différentielle des sols au plan interne constitue un facteur
d'inégalité entre les régions Sud et Ouest du pays
comparativement à celles du Nord et de l'Est. Les premières (Sud
et Ouest), aux sols riches sont les mieux arrosées également. Le
sous-sol, en revanche, possède certaines richesses dont le
manganèse, le cuivre, le fer ou encore le phosphate.
1.1. Contexte culturel
1.1.1 Des sociétés majoritairement rurales
et agricoles
Au Burkina Faso, la population rurale représente 85% de
la population totale (CONAPO, 2000). L'économie est
caractérisée par l'existence d'un secteur traditionnel de
subsistance encore très répandu et d'un secteur moderne
d'échanges tourné vers l'extérieur. Les
familles vivent surtout de l'agriculture et de l'élevage. Le climat
soudano-sahélien, avec une seule saison des pluies ne permet qu'une
récolte annuelle compromise souvent par la pauvreté des sols et
la pluviométrie irrégulière et mal répartie.
Pendant une bonne partie de l'année, le sol reste complètement
sec et exposé à des phénomènes d'induration. Les
populations vivent ainsi dans une insécurité alimentaire
permanente. La persistance des pratiques ancestrales d'élevage et
d'agriculture (cultures itinérantes sur brûlis, feux de brousse,
coupe abusive du bois...) est préjudiciable à l'environnement et
entraîne une désertification avancée dans certaines zones.
A ces contraintes naturelles, s'ajoutent des obstacles sociaux. Les
sociétés burkinabés se composent de collectivités
rurales dont les pratiques ne préparent pas toujours l'individu à
accepter facilement les changements qu'impose aujourd'hui la vie moderne. Si
ces collectivités rurales aspirent à une descendance nombreuse,
c'est que l'agriculture extensive qu'elles pratiquent exige un fort apport de
main-d'oeuvre.
1.1.2 Des traditions
Le Burkina Faso compte une multitude de groupes ethniques
ayant des cultures différentes. Ces groupes constituent souvent des
sociétés structurées en villages. Par ailleurs, les
sociétés burkinabé, malgré leur diversité,
partagent un fond démo-culturel commun. Les traditions renfermaient un
certain nombre d'atouts et de valeurs socio-culturelles positives. En effet,
les sociétés burkinabés étaient régies par
les principes de respect de la vie, de solidarité, d'échanges et
de réciprocité qui cimentaient la vie sociale et assuraient une
totale intégration des individus dans la société. L'esprit
communautaire y était aussi développé, basé sur la
subordination de l'individu au groupe et à la famille. Toutefois,
certains aspects de ces traditions constituent des préoccupations de
premier ordre dans les questions de population et développement.
D'abord au sein de chaque groupe, le mariage apparaît
comme une institution obligatoire, qui mobilise l'ensemble de la
communauté lignagère. Il est un signe de maturité sociale
et de responsabilité. Les stratégies matrimoniales ont en
général pour fondement de
« disposer » de plusieurs femmes, d'avoir une
descendance nombreuse, d'étendre plus loin les réseaux
d'alliance. Elles visent à renforcer le clan sur les plans
démographique, économique et social. La femme apparaît
ainsi comme un capital qu'il faut acquérir, conserver et rentabiliser.
Sa fonction la plus valorisée est celle de la reproduction qui, en
donnant à l'homme une descendance nombreuse, lui permet d'accéder
à une plus grande considération sociale. Il s'ensuit que la
quasi-totalité de ces groupes privilégie le mariage par alliance.
Ils ont une préférence pour les mariages précoces.
L'âge idéal souhaité à la primo nuptialité se
situe au seuil de la puberté et de l'adolescence pour les filles (11
à 19 ans).
Ensuite, les sociétés burkinabés, de
manière générale, sont pro-natalistes. La
préoccupation fondamentale de chaque groupe demeure sa
perpétuation et tous les moyens économiques, culturels,
spirituels et idéologiques sont mis en oeuvre à cet effet. Il y a
pour les hommes et les femmes une justification pour une progéniture
nombreuse : le don de la vie et sa conservation constituent un devoir
sacré ; la famille nombreuse constitue un facteur important de
production économique et de prestige social ; les enfants sont un
véritable capital car ils constituent une sécurité sociale
pour leurs parents pendant leurs vieux jours.
Enfin, les sociétés burkinabés, à
des degrés divers, conservent encore des pratiques traditionnelles
néfastes et préjudiciables à la santé des femmes et
des petites filles. Ce sont notamment les mutilations génitales
féminines (excision), les interdits alimentaires et tabous
nutritionnels, le mariage forcé, le mariage précoce et le
lévirat.
1.1.3 Des mutations en cours
Les sociétés burkinabés ont subi et
continuent de subir un certain nombre de transformations depuis la
période coloniale. Sur le plan économique, la diffusion de la
monnaie a rompu un certain nombre d'équilibres anciens. L'introduction
des cultures de rente par exemple a eu un impact sur les cultures
vivrières et a modifié les rapports de production dans le sens
d'une industrialisation et d'une autonomie des exploitations agricoles dans
leur gestion et dans la jouissance de leurs produits.
Sur le plan social, les mutations sont allées de pair
avec la dislocation des institutions et l'affaiblissement des valeurs
traditionnelles (famille, groupe de pairs, etc.), sans que l'éducation
scolaire ne puisse les remplacer valablement dans leur rôle de
socialisation. L'effritement de la famille africaine en général
et burkinabé en particulier, amorcé depuis la
période coloniale par des facteurs tels que les
migrations, les travaux forcés et autres déportations, s'est
poursuivi après 1960 par des éléments récurrents ou
aggravés de ces facteurs (la migration extérieure et l'exode
rural par exemple) et a sérieusement affecté les valeurs qui
s'enseignaient dans ce cadre social de base et qui soutenaient et entretenaient
la cohésion sociale.
La promotion de la femme a connu une intensification à
partir de 1984, notamment avec l'avènement de la Révolution
Démocratique et Populaire. Il s'agit au niveau national de l'adoption
d'un certain nombre de textes, de plans et de programmes d'action. On citera
entre autres l'adoption d'un plan d'action en matière de planification
familiale en 1986, ainsi que l'adoption de stratégies de renforcement du
rôle de la femme dans le processus de développement en 1992.
Toutes ces actions, renforcées par la ratification au niveau
international de la convention sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'encontre des femmes ont été rendues
possibles grâce à un environnement favorable marqué par la
modernisation de l'économie, l'engagement politique et la mobilisation
sociale, notamment des femmes et des associations.
1.2 Situation démographique
Estimée à 4 349 600 résidents en 1960, la
population burkinabé est passée de 5,6 millions en 1975 à
près de 8 millions en 1985 puis à 10 312609 en 1996. Elle est
aujourd'hui estimée à plus de 13 millions (en 2006). Cette
évolution de l'effectif global est due essentiellement à
l'accroissement démographique. Le taux d'accroissement naturel est
estimé à 3,1 % et le taux de fécondité à 6,8
enfants par femme en 1996 (tableau 1.1). Le taux de croissance annuel moyen est
de l'ordre de 2,4 %. A ce rythme la population doublera en 29 ans. La
population burkinabé est extrêmement jeune. En 1996, les moins de
15 ans représentaient 47,9 % de la population et les plus de 65 ans 3,7
% seulement. Cette situation se traduit par un rapport de dépendance
assez élevé de 107,8% et pose le problème de la prise en
charge et de la satisfaction des besoins sociaux de base (éducation,
santé, emploi...) des jeunes.
L'état de la population (volume, structure, niveau de
mortalité et de fécondité) et sa dynamique ont un impact
sur la réalisation des objectifs de développement humain durable.
En effet, les variables démographiques déterminent les besoins
sociaux de base à satisfaire en termes de santé,
d'éducation, d'alimentation etc.
Tableau 1.1: Principaux indicateurs démographiques
d'après RGPH de 1996
Indicateurs du RGPH 1996
|
Valeurs
|
Population totale
|
10 312 609
|
Densité (habitants/km2)
|
37,6
|
Population urbaine (en %)
|
15,5
|
Taux d'accroissement naturel (en %)
|
3,1
|
Indice Synthétique de Fécondité
(enfants/femme)
|
6,8
|
Taux brut de natalité (pour mille)
|
48,2
|
Taux de mortalité infantile (pour mille)
|
107
|
Espérance de vie a la naissance (en années)
|
53,8
|
Source: RGPH 1996
La mortalité a connu une baisse très sensible au
Burkina Faso depuis 1960. De 32%o en 1960, le taux de mortalité est
tombé a 17,5%o en 1985 et 14,8%o en 1996. On observe cependant que la
mortalité masculine est relativement plus importante que celle des
femmes, même si elle accuse une légère baisse. De 1985 a
1996, le taux de mortalité masculine est passé de 17,9%o a 16,3%o
contre respectivement 17,1%o a 13,5%o chez les femmes au cours de la même
période. Cela traduit bien une surmortalité masculine dont le
rapport est de 120,7% en 1996. Ainsi, pour 100 décès de femmes on
enregistre environ 121 décès d'hommes ce qui a pour
conséquences entre autres, l'accroissement du nombre de femmes chefs de
ménage (avec a charge leurs enfants).
Le taux de mortalité infantile (0-1 an révolu)
est passé de 182%o en 1960 a 134%o en 1985, puis a 107,1%o en 1996. La
mortalité juvénile (mortalité des enfants de 1 a 5 ans), a
suivi la même tendance que la mortalité infantile. En effet, de
217%o en 1960, le quotient de mortalité juvénile est passé
a 75,1%o en 1996, soit une baisse relative de 65,4 % en 36 ans. De même,
la mortalité infanto-juvénile (mortalité des enfants de 0
a 5 ans) a été marquée par une baisse relative de plus de
50% entre 1960 et 1996. Le quotient de mortalité infanto-juvénile
est passé de 360%o en 1960 a 174,2%o en 1996.
La baisse de la mortalité et notamment celle des
enfants de 0 a 5 ans s'est traduite par une amélioration de
l'espérance de vie a la naissance qui est passée de 32 ans en
1960 a 48,5 ans en 1985 et a 53,8 ans en 1996. Entre 1985 et 1996 le gain
annuel moyen en espérance de vie est de 0,56 an, ce qui paraît
raisonnable par rapport a la moyenne mondiale qui est de 0,5. Toutefois, ce
gain est plus faible par rapport a celui de la période (1976 -1985) qui
était de 0,65 an par an. Cette situation pourrait en partie s'expliquer
par l'apparition de la pandémie du SIDA a partir de 1986.
Figure1.1: Evolution de la mortalité infantile et
infanto-juvénile entre 1960 et 2003
1960 1975 1985 1991 1993 1996 1998 2003
400
350
300
250
Quotient
200
150
100
50
0
Mortalité infantile Mortalité
Infanto-Juvénile
La baisse du taux de mortalité relève notamment
de l'introduction de la médecine moderne. Avant la diffusion
générale de cette médecine, la situation était
caractérisée par une croissance démographique
modérée, avec des taux bruts de natalité et de
mortalité élevés avoisinant 50%o. Mais depuis une
cinquantaine d'années, grâce aux progrès de la
médecine, la mortalité a fortement baissé tandis que la
fécondité se maintient à un niveau élevé. Le
déclin de la mortalité est aussi lié à une
série de transformations économiques, sociales et mentales
à savoir l'amélioration du niveau de vie, l'amélioration
du niveau d'instruction, la prise de conscience des besoins de l'enfant,
l'esprit de maîtrise de la nature, etc. (CONAPO, 2000).
Figure1.2: L'évolution de l'espérance de vie
à la naissance entre 1985 et 1996
55
54
53
Esperance de vie
52
51
50
49
48
47
46
45
1985 1991 1996
Hommes Ensemble
Année
Femmes
Le taux de mortalité maternelle au Burkina Faso est
passé de 566 pour 100 000 naissances vivantes en 1991 (Enquête
Démographique de 1991) à 484 en 1998 (EDS 98).
Cependant, quoiqu'en baisse constante, ce taux reste tout de
même un des plus élevés de l'Afrique. Cette situation
s'explique par le faible niveau de développement socio-économique
du pays (insuffisance et éloignement des formations sanitaires), la
faible accessibilité des soins obstétricaux aggravée par
des facteurs liés aux comportements procréateurs à risque
(maternités précoce et/ou tardive, naissances
rapprochées), et à des attitudes et pratiques culturelles
néfastes à la santé des femmes et des enfants (interdits
alimentaires, excision, etc.). A cela s'ajoutent le faible taux d'utilisation
des services, le faible statut social de la femme et la faible implication des
hommes dans la résolution des problèmes.
Le Burkina Faso est depuis toujours un pays de migration. Au
cours de la période 1988/92, environ 602 000 personnes ont
été touchées par la migration internationale dont 273 000
immigrés et 329 000 émigrés. Ces échanges
s'opèrent essentiellement avec la Côte d'Ivoire. Avec la crise
sociale qu'a connue ce pays en 1999 et celle plus récente de 2002 qui se
poursuit de nos jours, les mouvements migratoires dans ce sens se sont
considérablement modérés et modifiés.
En outre, en milieu urbain, depuis le début des
années 1980, les conditions économiques très difficiles et
les compressions du personnel dans le secteur public, combinées à
une croissance rapide de la population active qualifiée semblent
favoriser la migration vers l'étranger des cadres et des professionnels
de haut-niveau, à la fois hommes et femmes. Le niveau d'éducation
est alors souvent rapporté comme facteur déterminant dans
l'émigration internationale.
Tous les indicateurs permettant de mesurer l'accès
à l'enseignement se sont sensiblement améliorés au cours
des quinze dernières années au Burkina. L'amélioration du
niveau d'instruction se reflète, entre autre, dans l'augmentation
régulière de la proportion des adultes sachant lire et
écrire et du taux de scolarisation au primaire. Le taux brut de
scolarisation au primaire est passé de 30% en 1991 à 52.2% en
2003. Entre 1985 et 2003, le taux d'alphabétisation est passé de
12,5% à 21,8% (CONAPO, 2000). Ce chiffre reste assez faible lorsqu'on le
compare aux taux d'alphabétisation des autres pays en
développement. En 1995, le taux d'alphabétisation des Pays les
moins avancés était de 49% et celui des pays d'Afrique du Nord et
du Moyen-Orient de 62%.
Par delà les bénéfices individuels que
les hommes et les femmes tirent de l'accès à l'enseignement
(développement personnel, accès à de meilleurs
emplois...), tout porte à
croire que l'élévation du niveau d'instruction
entraîne pour l'ensemble de la société des effets positifs
supérieurs à la simple somme des bénéfices
individuels. Ces effets, sont connus sous le terme d'effets externes. Par
exemple, on a observé dans de nombreux pays que l'amélioration du
niveau d'éducation des mères permet d'améliorer
significativement la santé des enfants et de réduire le taux de
mortalité infantile. Or, l'amélioration de la santé
individuelle des enfants permet d'enrayer la propagation, à l'ensemble
de la société, des maladies transmissibles - principales causes
d'invalidité dans les pays du Sahel. De ce fait, l'amélioration
de l'éducation d'une partie de la population bénéficie au
reste de la société.
1.3 Situation sanitaire
La santé est un élément fondamental du
bien-être des populations et un facteur de développement
économique et social. En termes économiques, une politique
efficace de santé publique permet de .limiter l'incidence de la
morbidité sur la main d'oeuvre, les femmes et les enfants.
D'une manière générale, la situation
sanitaire est déplorable. Elle est caractérisée par une
morbidité et une mortalité générale
élevées qui sont imputables aux facteurs suivants :
+ La fréquence des endémies (paludisme,
affections respiratoires, diarrhées ...) et des épidémies
meurtrières (méningite cérébro-spinale, rougeole,
choléra). La méningite cérébrospinale a
présenté des pics épidémiques au cours des
dernières années : 42 000 cas en 1996 et 22 200 cas en 1997.
Quant à la rougeole, elle a connu des poussées
épidémiologiques importantes depuis 1993 (14.445 cas) pour
atteindre 17 848 cas dans le premier trimestre de 19962.
+ L'apparition du VIII et l'augmentation des porteurs
asymptomatiques et des cas de SIDA. Les premiers cas de SIDA ont
été diagnostiqués en 1986 et depuis lors le nombre de
personnes infectées se multiplie malgré les efforts fournis
à divers niveaux. En 1999, on estimait le taux de
séroprévalence du VIII à 7,17 % de la population. Le taux
de séropositivité est plus élevé chez les personnes
de 20 à 39 ans (plus de 50 % des cas). Les hommes sont les plus
touchés (60 % des cas) que les femmes. On compte aujourd'hui au Burkina
Faso 370 000
2 Tous ces chiffres sont issus du rapport 2000 du
Conseil National pour la Population (CONAPO, 2000).
personnes vivant avec le VIH et 200 000 orphelins du
SIDA3. Cette situation fait du Burkina Faso le deuxième pays
le plus touché de l'Afrique de l'Ouest (après la Côte
d'Ivoire).
+ L'insuffisance du personnel médical tant du point de
vue quantitatif que qualitatif. En 1998, on comptait 7 078 agents toutes
catégories confondues (médical et paramédical). Il existe
une disparité notoire dans la répartition du personnel entre zone
urbaine et zone rurale. Les deux principales villes (Ouagadougou et Bobo
Dioulasso) regroupent à elles seules 53,7 % des médecins, 57,3 %
des sages femmes, 59 % des pharmaciens et le tiers des infirmiers4.
Le ratio personnel de santé/population reste nettement en
deçà des normes préconisées par l'OMS pour la
région Afrique de l'Ouest (un médecin pour 10 000 habitants, une
sage-femme pour 5 000 habitants et un infirmier pour 5 000 habitants). En 1995,
on comptait un médecin pour 29 250 habitants, un pharmacien pour 188 498
habitants, une sage-femme pour 28 512 habitants, un infirmier d'Etat pour 8 143
habitants, ce qui traduit un déséquilibre notoire entre le rythme
d'accroissement du personnel soignant et celui de la population5.
+ L'inaccessibilité et la faible performance des
formations sanitaires. En 1998, il existait 1 022 formations sanitaires dont
deux Centres Hospitaliers Nationaux (CHN), 9 Centres Hospitaliers
Régionaux (CHR), 30 Centres Médicaux avec Antennes chirurgicales
(CMA), 784 Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS), 144
dispensaires isolés et 17 maternités isolées6.
Il faut en moyenne parcourir 8,5 Km pour accéder à une formation
sanitaire contre 5 km préconisé par l'Initiative de Bamako.
Seulement 51 % des populations urbaines et 48 % des populations rurales ont
accès aux formations sanitaires. Ces contraintes expliquent en partie la
baisse du taux de fréquentation des services de santé en
général et de Santé Maternelle et infantile en
particulier. Ainsi, le taux de fréquentation des formations sanitaires
est passé de 31,95% en 1986 à 18 % en 1996. Le pourcentage des
enfants de moins d'un an inscrits en consultation infantile est
inférieur à 40 %, et, en 1999, seulement 60 % des enfants de 0
à 11 mois avaient reçu le vaccin BCG contre 71 % en 1990. Le taux
de fréquentation des services de santé par les femmes est
passé de 19 % en 1991 à 16 % en 19957.
3 Tous ces chiffres sont issus du rapport 2000 du
Conseil National pour la Population (CONAPO, 2000).
4 Tout ces chiffres sont issus du rapport 2001 de la
Direction des Etudes et de la Planification / Ministère de la
Santé.
5 Idem.
6 Idem.
7 Idem.
Figure 1.3 : Structure des soins de santé au Burkina Faso
en 2001
- 2 Centres Hospitaliers Nationaux (CHN)
- 3 Maternités de
référence
- etc.
- 784 Centres de santé et de promotion sociale
(CSPS)
- 144 Dispensaires isolés - 17 Maternités
isolées
- 9 Centres hospitaliers régionaux
-30 Centres médicaux avec antennes chirurgicales
(CMAC)
Structures de soins
Niveau périphérique
Niveau intermédiaire
Niveau tertiaire
Appui stratégique :
Ministère de la Santé Publique
Appui technique :
Directions Régionales de la Santé
Publique
Structures d'appui
Appui opérationnel : Districts
sanitaires
+ La faible accessibilité des médicaments et des
consommables médicaux. Seulement 30% de la population peuvent s'offrir
les médicaments essentiels, et la production pharmaceutique nationale
moderne ne couvre que 2 % des besoins nationaux. Les besoins en santé de
la population restent donc insatisfaits. Cependant, bien qu'encore
insuffisants, les efforts fournis dans ce secteur comme dans d'autres ont
néanmoins abouti à une réduction sensible du taux de
mortalité générale et celui de la mortalité
infantile en particulier. Il en résulte un accroissement
considérable de la population totale et de la population la plus
vulnérable (femmes en âge de procréer et enfants de 0-5
ans). Etendre les services de santé à toute la population sera
encore plus difficile si le taux de croissance démographique reste aussi
élevé et si les ressources disponibles demeurent à leur
niveau actuel.
Les retombées économiques de
l'amélioration de la santé sont particulièrement
élevées pour les couches pauvres de la population, habituellement
plus sujettes que les autres à la maladie.
Mais depuis la dernière décennie, on assiste
à une amélioration des conditions générales de
santé dans le pays qui s'explique notamment par l'amélioration de
l'accès de la population aux services de santé. Les services de
santé publique interviennent auprès de la population de deux
façons : à travers les programmes de santé publique
(vaccination, salubrité de l'environnement) qui visent la population
dans son ensemble d'une part et d'autre part, à travers les services
cliniques qui répondent aux besoins de santé particuliers des
individus.
Le taux de couverture vaccinale du pays reste très
insuffisant puisque moins d'un enfant sur deux de moins d'un an serait
convenablement vacciné : 78,3 % contre la diphtérie, le
tétanos et la poliomyélite (DTP) et 71,1% contre la rougeole en
20038. Ces taux de couverture sont bien inférieurs au niveau
de couverture de 95% préconisé par l'OMS pour ces deux
vaccins.
Figure1.4. : Évolution de la couverture vaccinale des
enfants de 0 à 11 mois (en %) entre 1997 et 2003
|
100
|
90
80
70
60
50
40
30
20
10
Couverlure vaccinale
Iv w 41, cm 0 -si co o C
)000000000c 0
|
|
|
|
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
|
|
BCG DTC polio3 Rougeole
|
|
|
Source de données: Direction des Etudes et de la
Planification / Ministère de la Santé
Néanmoins, on observe une augmentation
régulière de la couverture vaccinale concernant la vaccination
contre la rougeole, la poliomyélite, la diphtérie, le
tétanos, la tuberculose et même la fièvre jaune sur la
période 1997-2003 (cf. figure 1.3.).
En ce qui concerne la santé maternelle et infantile,
l'examen de la proportion des accouchements assistés montre une
amélioration entre 1993 et 2003, même si cette proportion a connu
une certaine baisse en 1998 (41,5% en 1993 contre 40% en 1998) (Cf. tableau
1.2.).
8 INSD, Enquêtes démographiques et de
santé 2003
Tableau 1.2 : Évolution des accouchements assistés
entre 1993 et 2003 (en %)
Année
|
1993
|
1998
|
2003
|
Proportion des accouchements assistés
|
41,5
|
40
|
56,5
|
Source : INSD, EDS 1993, 1998 et 2003
Parmi les programmes de santé publique visant à
améliorer la salubrité de l'environnement, l'accès
à l'eau potable est essentiel. En effet, les affections
diarrhéiques et les infections parasitaires véhiculées par
l'eau insalubre sont à l'origine de près de 17 % des maladies
transmissibles. Or, on estime que seulement 60,5% de la population
burkinabé a accès à de l'eau potable (EDS, 2003).
1.4 Grandes orientations politiques pour la
population
La population constituant la première richesse d'une
nation, les questions de population et de développement
préoccupent tout pays. En effet, au plan international, les trois
conférences mondiales sur la population tenues à Bucarest (1974),
à Mexico (1984) et au Caire (1994), traduisent bien ces
préoccupations en reconnaissant explicitement l'importance des relations
entre Population et Développement. La Conférence des Nations
Unies sur l'Environnement et le Développement tenue en 1992 à Rio
témoigne d'une prise de conscience de la Communauté
Internationale sur les problèmes d'environnement en reconnaissant que la
résolution de ceux-ci est le garant d'un développement
durable.
Au plan africain, la tenue de trois conférences (Accra
en 1971, Arusha en 1984 et Dakar en 1992) a permis d'examiner la situation
démographique du continent. Le programme d'action de Kilimandjaro issu
de la deuxième conférence africaine reconnaît que les Etats
membres partagent un certain nombre de préoccupations communes en ce qui
concerne les problèmes démographiques et le développement,
et réaffirme «leur volonté collective d'assurer un
développement social économique, autosuffisant et
accéléré dans l'intérêt des populations
africaines ». Cette volonté a été
réaffirmée par les pays membres du Comité
Interétats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS)
dans le programme d'action de N'Djamena, en décembre 1988 et de
Ouagadougou en octobre 1997.
Le Burkina Faso a souscrit à différentes
recommandations issues aussi bien des conférences africaines que des
conférences mondiales. Convaincu que la population est un
facteur essentiel de développement, et soucieuse de lui
assurer la satisfaction de ses besoins fondamentaux le gouvernement a mis en
place une politique de la population qui a pour but de contribuer à la
lutte contre la pauvreté par la recherche d'un équilibre entre
population et ressources. Il a élaboré à cet effet, en
2000, un Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP).
Une des préoccupations majeures de ce cadre de référence
est la promotion des secteurs sociaux de base (éducation, santé y
compris la santé de la reproduction, eau potable, hygiène et
assainissement). Concernant particulièrement la santé de la
reproduction, le gouvernement a déterminé les composantes
prioritaires en la matière à savoir la maternité sans
risque, la santé des enfants, les changements sociaux pour
accroître le pouvoir de décision de la femme.
Synthèse partielle
En somme, le Burkina Faso est un pays pauvre en ressources
naturelles et physiques. Par ailleurs, les conditions économiques et
sanitaires qui prévalent dans ce pays laissent à désirer.
Ainsi, malgré les efforts déployés par le gouvernement,
à travers les multiples politiques, programmes et politiques sanitaires,
la situation sanitaire de la population, notamment celle des enfants et des
femmes reste précaire même si cette situation a connu une nette
amélioration.
Ce chapitre nous aidera à mieux comprendre les
résultats des analyses qui feront l'objet des chapitres suivants. Mais
avant les analyses, il conviendra d'abord de faire la revue de la
littérature sur les facteurs de la mortalité des enfants et sur
les théories explicatives de la baisse de la mortalité et
présenter le cadre conceptuel ainsi que les hypothèses de cette
étude. Ces deux points feront l'objet du chapitre suivant.
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