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Soins préventifs et baisse de la mortalité infantile au Burkina Faso

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par Hermann BADOLO
IFORD - DESS 2007
  

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CHAPITRE I: CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE

Pays situé dans la boucle du Niger au coeur de l'Afrique occidentale, le Burkina Faso est un pays enclavé couvrant une superficie de 274 200 km2. Il partage ses frontières avec six pays : le Mali au nord et à l'oust, le Niger à l'est, la Côte d'Ivoire, le Togo, le Ghana et le Bénin au sud. Le relief du Burkina est principalement constitué d'un plateau d'une altitude moyenne de 250 à 350 mètres, qui s'effondre brutalement dans le sud-ouest (falaises et chutes de Banfora) et s'abaisse dans le nord en direction de la vallée du Niger. Le pays est drainé par trois fleuves : le Mouhoun, le Nazinon et le Nakambé. Le Burkina est soumis à la sécheresse et aux vents secs. Le point le plus proche de l'océan Atlantique en est distant de 500 km. Ouagadougou, la capitale du pays est située à 1 200 km du port d'Abidjan (Côte d'Ivoire), à 980 km du port de Téma (Ghana) et à 970 km du port de Lomé (Togo). Faisant partie des pays sahéliens, le Burkina Faso connaît un climat tropical de type soudanien rude et sec à deux saisons : une longue saison sèche (neuf mois) et une courte saison pluvieuse (trois mois).

Le pays est divisé en treize régions (La Boucle du Mouhoun, le Centre, Le CentreSud, Le Plateau Central, Le Centre-Ouest, Le Centre Est, Le Centre Nord, L'Est, Le Nord, Les Cascades, Les Hauts Bassins, Le Sahel et le Sud-ouest) placées sous l'autorité des gouverneurs. Ces dernières sont constituées de 45 provinces (placées sous l'autorité des hauts commissaires). Les provinces sont divisées en départements qui sont constitués de villages. Le département est placé sous l'autorité d'un préfet. Les services de santé sont calqués sur cette structure administrative.

L'économie du Burkina Faso repose essentiellement sur l'agriculture et l'élevage qui occupent plus des trois quarts de la population active et contribuaient pour 37,2 % au PIB du pays en 1998. L'agriculture emploie 75 % de la population active du Burkina, mais la production ne permet pas de nourrir tous les habitants (le pays n'est pas autosuffisant sur le plan alimentaire). L'inégale répartition de la pluviométrie conjuguée à la pauvreté différentielle des sols au plan interne constitue un facteur d'inégalité entre les régions Sud et Ouest du pays comparativement à celles du Nord et de l'Est. Les premières (Sud et Ouest), aux sols riches sont les mieux arrosées également. Le sous-sol, en revanche, possède certaines richesses dont le manganèse, le cuivre, le fer ou encore le phosphate.

1.1. Contexte culturel

1.1.1 Des sociétés majoritairement rurales et agricoles

Au Burkina Faso, la population rurale représente 85% de la population totale (CONAPO, 2000). L'économie est caractérisée par l'existence d'un secteur traditionnel de subsistance encore très répandu et d'un secteur moderne d'échanges tourné vers l'extérieur. Les familles vivent surtout de l'agriculture et de l'élevage. Le climat soudano-sahélien, avec une seule saison des pluies ne permet qu'une récolte annuelle compromise souvent par la pauvreté des sols et la pluviométrie irrégulière et mal répartie. Pendant une bonne partie de l'année, le sol reste complètement sec et exposé à des phénomènes d'induration. Les populations vivent ainsi dans une insécurité alimentaire permanente. La persistance des pratiques ancestrales d'élevage et d'agriculture (cultures itinérantes sur brûlis, feux de brousse, coupe abusive du bois...) est préjudiciable à l'environnement et entraîne une désertification avancée dans certaines zones. A ces contraintes naturelles, s'ajoutent des obstacles sociaux. Les sociétés burkinabés se composent de collectivités rurales dont les pratiques ne préparent pas toujours l'individu à accepter facilement les changements qu'impose aujourd'hui la vie moderne. Si ces collectivités rurales aspirent à une descendance nombreuse, c'est que l'agriculture extensive qu'elles pratiquent exige un fort apport de main-d'oeuvre.

1.1.2 Des traditions

Le Burkina Faso compte une multitude de groupes ethniques ayant des cultures différentes. Ces groupes constituent souvent des sociétés structurées en villages. Par ailleurs, les sociétés burkinabé, malgré leur diversité, partagent un fond démo-culturel commun. Les traditions renfermaient un certain nombre d'atouts et de valeurs socio-culturelles positives. En effet, les sociétés burkinabés étaient régies par les principes de respect de la vie, de solidarité, d'échanges et de réciprocité qui cimentaient la vie sociale et assuraient une totale intégration des individus dans la société. L'esprit communautaire y était aussi développé, basé sur la subordination de l'individu au groupe et à la famille. Toutefois, certains aspects de ces traditions constituent des préoccupations de premier ordre dans les questions de population et développement.

D'abord au sein de chaque groupe, le mariage apparaît comme une institution obligatoire, qui mobilise l'ensemble de la communauté lignagère. Il est un signe de maturité sociale et de responsabilité. Les stratégies matrimoniales ont en général pour fondement de

« disposer » de plusieurs femmes, d'avoir une descendance nombreuse, d'étendre plus loin les réseaux d'alliance. Elles visent à renforcer le clan sur les plans démographique, économique et social. La femme apparaît ainsi comme un capital qu'il faut acquérir, conserver et rentabiliser. Sa fonction la plus valorisée est celle de la reproduction qui, en donnant à l'homme une descendance nombreuse, lui permet d'accéder à une plus grande considération sociale. Il s'ensuit que la quasi-totalité de ces groupes privilégie le mariage par alliance. Ils ont une préférence pour les mariages précoces. L'âge idéal souhaité à la primo nuptialité se situe au seuil de la puberté et de l'adolescence pour les filles (11 à 19 ans).

Ensuite, les sociétés burkinabés, de manière générale, sont pro-natalistes. La préoccupation fondamentale de chaque groupe demeure sa perpétuation et tous les moyens économiques, culturels, spirituels et idéologiques sont mis en oeuvre à cet effet. Il y a pour les hommes et les femmes une justification pour une progéniture nombreuse : le don de la vie et sa conservation constituent un devoir sacré ; la famille nombreuse constitue un facteur important de production économique et de prestige social ; les enfants sont un véritable capital car ils constituent une sécurité sociale pour leurs parents pendant leurs vieux jours.

Enfin, les sociétés burkinabés, à des degrés divers, conservent encore des pratiques traditionnelles néfastes et préjudiciables à la santé des femmes et des petites filles. Ce sont notamment les mutilations génitales féminines (excision), les interdits alimentaires et tabous nutritionnels, le mariage forcé, le mariage précoce et le lévirat.

1.1.3 Des mutations en cours

Les sociétés burkinabés ont subi et continuent de subir un certain nombre de transformations depuis la période coloniale. Sur le plan économique, la diffusion de la monnaie a rompu un certain nombre d'équilibres anciens. L'introduction des cultures de rente par exemple a eu un impact sur les cultures vivrières et a modifié les rapports de production dans le sens d'une industrialisation et d'une autonomie des exploitations agricoles dans leur gestion et dans la jouissance de leurs produits.

Sur le plan social, les mutations sont allées de pair avec la dislocation des institutions et l'affaiblissement des valeurs traditionnelles (famille, groupe de pairs, etc.), sans que l'éducation scolaire ne puisse les remplacer valablement dans leur rôle de socialisation. L'effritement de la famille africaine en général et burkinabé en particulier, amorcé depuis la

période coloniale par des facteurs tels que les migrations, les travaux forcés et autres déportations, s'est poursuivi après 1960 par des éléments récurrents ou aggravés de ces facteurs (la migration extérieure et l'exode rural par exemple) et a sérieusement affecté les valeurs qui s'enseignaient dans ce cadre social de base et qui soutenaient et entretenaient la cohésion sociale.

La promotion de la femme a connu une intensification à partir de 1984, notamment avec l'avènement de la Révolution Démocratique et Populaire. Il s'agit au niveau national de l'adoption d'un certain nombre de textes, de plans et de programmes d'action. On citera entre autres l'adoption d'un plan d'action en matière de planification familiale en 1986, ainsi que l'adoption de stratégies de renforcement du rôle de la femme dans le processus de développement en 1992. Toutes ces actions, renforcées par la ratification au niveau international de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'encontre des femmes ont été rendues possibles grâce à un environnement favorable marqué par la modernisation de l'économie, l'engagement politique et la mobilisation sociale, notamment des femmes et des associations.

1.2 Situation démographique

Estimée à 4 349 600 résidents en 1960, la population burkinabé est passée de 5,6 millions en 1975 à près de 8 millions en 1985 puis à 10 312609 en 1996. Elle est aujourd'hui estimée à plus de 13 millions (en 2006). Cette évolution de l'effectif global est due essentiellement à l'accroissement démographique. Le taux d'accroissement naturel est estimé à 3,1 % et le taux de fécondité à 6,8 enfants par femme en 1996 (tableau 1.1). Le taux de croissance annuel moyen est de l'ordre de 2,4 %. A ce rythme la population doublera en 29 ans. La population burkinabé est extrêmement jeune. En 1996, les moins de 15 ans représentaient 47,9 % de la population et les plus de 65 ans 3,7 % seulement. Cette situation se traduit par un rapport de dépendance assez élevé de 107,8% et pose le problème de la prise en charge et de la satisfaction des besoins sociaux de base (éducation, santé, emploi...) des jeunes.

L'état de la population (volume, structure, niveau de mortalité et de fécondité) et sa dynamique ont un impact sur la réalisation des objectifs de développement humain durable. En effet, les variables démographiques déterminent les besoins sociaux de base à satisfaire en termes de santé, d'éducation, d'alimentation etc.

Tableau 1.1: Principaux indicateurs démographiques d'après RGPH de 1996

Indicateurs du RGPH 1996

Valeurs

Population totale

10 312 609

Densité (habitants/km2)

37,6

Population urbaine (en %)

15,5

Taux d'accroissement naturel (en %)

3,1

Indice Synthétique de Fécondité (enfants/femme)

6,8

Taux brut de natalité (pour mille)

48,2

Taux de mortalité infantile (pour mille)

107

Espérance de vie a la naissance (en années)

53,8

Source: RGPH 1996

La mortalité a connu une baisse très sensible au Burkina Faso depuis 1960. De 32%o en 1960, le taux de mortalité est tombé a 17,5%o en 1985 et 14,8%o en 1996. On observe cependant que la mortalité masculine est relativement plus importante que celle des femmes, même si elle accuse une légère baisse. De 1985 a 1996, le taux de mortalité masculine est passé de 17,9%o a 16,3%o contre respectivement 17,1%o a 13,5%o chez les femmes au cours de la même période. Cela traduit bien une surmortalité masculine dont le rapport est de 120,7% en 1996. Ainsi, pour 100 décès de femmes on enregistre environ 121 décès d'hommes ce qui a pour conséquences entre autres, l'accroissement du nombre de femmes chefs de ménage (avec a charge leurs enfants).

Le taux de mortalité infantile (0-1 an révolu) est passé de 182%o en 1960 a 134%o en 1985, puis a 107,1%o en 1996. La mortalité juvénile (mortalité des enfants de 1 a 5 ans), a suivi la même tendance que la mortalité infantile. En effet, de 217%o en 1960, le quotient de mortalité juvénile est passé a 75,1%o en 1996, soit une baisse relative de 65,4 % en 36 ans. De même, la mortalité infanto-juvénile (mortalité des enfants de 0 a 5 ans) a été marquée par une baisse relative de plus de 50% entre 1960 et 1996. Le quotient de mortalité infanto-juvénile est passé de 360%o en 1960 a 174,2%o en 1996.

La baisse de la mortalité et notamment celle des enfants de 0 a 5 ans s'est traduite par une amélioration de l'espérance de vie a la naissance qui est passée de 32 ans en 1960 a 48,5 ans en 1985 et a 53,8 ans en 1996. Entre 1985 et 1996 le gain annuel moyen en espérance de vie est de 0,56 an, ce qui paraît raisonnable par rapport a la moyenne mondiale qui est de 0,5. Toutefois, ce gain est plus faible par rapport a celui de la période (1976 -1985) qui était de 0,65 an par an. Cette situation pourrait en partie s'expliquer par l'apparition de la pandémie du SIDA a partir de 1986.

Figure1.1: Evolution de la mortalité infantile et infanto-juvénile entre 1960 et 2003

1960 1975 1985 1991 1993 1996 1998 2003

400

350

300

250

Quotient

200

150

100

50

0

Mortalité infantile Mortalité Infanto-Juvénile

La baisse du taux de mortalité relève notamment de l'introduction de la médecine moderne. Avant la diffusion générale de cette médecine, la situation était caractérisée par une croissance démographique modérée, avec des taux bruts de natalité et de mortalité élevés avoisinant 50%o. Mais depuis une cinquantaine d'années, grâce aux progrès de la médecine, la mortalité a fortement baissé tandis que la fécondité se maintient à un niveau élevé. Le déclin de la mortalité est aussi lié à une série de transformations économiques, sociales et mentales à savoir l'amélioration du niveau de vie, l'amélioration du niveau d'instruction, la prise de conscience des besoins de l'enfant, l'esprit de maîtrise de la nature, etc. (CONAPO, 2000).

Figure1.2: L'évolution de l'espérance de vie à la naissance entre 1985 et 1996

55

54

53

Esperance de vie

52

51

50

49

48

47

46

45

1985 1991 1996

Hommes Ensemble

Année

Femmes

Le taux de mortalité maternelle au Burkina Faso est passé de 566 pour 100 000 naissances vivantes en 1991 (Enquête Démographique de 1991) à 484 en 1998 (EDS 98).

Cependant, quoiqu'en baisse constante, ce taux reste tout de même un des plus élevés de l'Afrique. Cette situation s'explique par le faible niveau de développement socio-économique du pays (insuffisance et éloignement des formations sanitaires), la faible accessibilité des soins obstétricaux aggravée par des facteurs liés aux comportements procréateurs à risque (maternités précoce et/ou tardive, naissances rapprochées), et à des attitudes et pratiques culturelles néfastes à la santé des femmes et des enfants (interdits alimentaires, excision, etc.). A cela s'ajoutent le faible taux d'utilisation des services, le faible statut social de la femme et la faible implication des hommes dans la résolution des problèmes.

Le Burkina Faso est depuis toujours un pays de migration. Au cours de la période 1988/92, environ 602 000 personnes ont été touchées par la migration internationale dont 273 000 immigrés et 329 000 émigrés. Ces échanges s'opèrent essentiellement avec la Côte d'Ivoire. Avec la crise sociale qu'a connue ce pays en 1999 et celle plus récente de 2002 qui se poursuit de nos jours, les mouvements migratoires dans ce sens se sont considérablement modérés et modifiés.

En outre, en milieu urbain, depuis le début des années 1980, les conditions économiques très difficiles et les compressions du personnel dans le secteur public, combinées à une croissance rapide de la population active qualifiée semblent favoriser la migration vers l'étranger des cadres et des professionnels de haut-niveau, à la fois hommes et femmes. Le niveau d'éducation est alors souvent rapporté comme facteur déterminant dans l'émigration internationale.

Tous les indicateurs permettant de mesurer l'accès à l'enseignement se sont sensiblement améliorés au cours des quinze dernières années au Burkina. L'amélioration du niveau d'instruction se reflète, entre autre, dans l'augmentation régulière de la proportion des adultes sachant lire et écrire et du taux de scolarisation au primaire. Le taux brut de scolarisation au primaire est passé de 30% en 1991 à 52.2% en 2003. Entre 1985 et 2003, le taux d'alphabétisation est passé de 12,5% à 21,8% (CONAPO, 2000). Ce chiffre reste assez faible lorsqu'on le compare aux taux d'alphabétisation des autres pays en développement. En 1995, le taux d'alphabétisation des Pays les moins avancés était de 49% et celui des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient de 62%.

Par delà les bénéfices individuels que les hommes et les femmes tirent de l'accès à l'enseignement (développement personnel, accès à de meilleurs emplois...), tout porte à

croire que l'élévation du niveau d'instruction entraîne pour l'ensemble de la société des effets positifs supérieurs à la simple somme des bénéfices individuels. Ces effets, sont connus sous le terme d'effets externes. Par exemple, on a observé dans de nombreux pays que l'amélioration du niveau d'éducation des mères permet d'améliorer significativement la santé des enfants et de réduire le taux de mortalité infantile. Or, l'amélioration de la santé individuelle des enfants permet d'enrayer la propagation, à l'ensemble de la société, des maladies transmissibles - principales causes d'invalidité dans les pays du Sahel. De ce fait, l'amélioration de l'éducation d'une partie de la population bénéficie au reste de la société.

1.3 Situation sanitaire

La santé est un élément fondamental du bien-être des populations et un facteur de développement économique et social. En termes économiques, une politique efficace de santé publique permet de .limiter l'incidence de la morbidité sur la main d'oeuvre, les femmes et les enfants.

D'une manière générale, la situation sanitaire est déplorable. Elle est caractérisée par une morbidité et une mortalité générale élevées qui sont imputables aux facteurs suivants :

+ La fréquence des endémies (paludisme, affections respiratoires, diarrhées ...) et des épidémies meurtrières (méningite cérébro-spinale, rougeole, choléra). La méningite cérébrospinale a présenté des pics épidémiques au cours des dernières années : 42 000 cas en 1996 et 22 200 cas en 1997. Quant à la rougeole, elle a connu des poussées épidémiologiques importantes depuis 1993 (14.445 cas) pour atteindre 17 848 cas dans le premier trimestre de 19962.

+ L'apparition du VIII et l'augmentation des porteurs asymptomatiques et des cas de SIDA. Les premiers cas de SIDA ont été diagnostiqués en 1986 et depuis lors le nombre de personnes infectées se multiplie malgré les efforts fournis à divers niveaux. En 1999, on estimait le taux de séroprévalence du VIII à 7,17 % de la population. Le taux de séropositivité est plus élevé chez les personnes de 20 à 39 ans (plus de 50 % des cas). Les hommes sont les plus touchés (60 % des cas) que les femmes. On compte aujourd'hui au Burkina Faso 370 000

2 Tous ces chiffres sont issus du rapport 2000 du Conseil National pour la Population (CONAPO, 2000).

personnes vivant avec le VIH et 200 000 orphelins du SIDA3. Cette situation fait du Burkina Faso le deuxième pays le plus touché de l'Afrique de l'Ouest (après la Côte d'Ivoire).

+ L'insuffisance du personnel médical tant du point de vue quantitatif que qualitatif. En 1998, on comptait 7 078 agents toutes catégories confondues (médical et paramédical). Il existe une disparité notoire dans la répartition du personnel entre zone urbaine et zone rurale. Les deux principales villes (Ouagadougou et Bobo Dioulasso) regroupent à elles seules 53,7 % des médecins, 57,3 % des sages femmes, 59 % des pharmaciens et le tiers des infirmiers4. Le ratio personnel de santé/population reste nettement en deçà des normes préconisées par l'OMS pour la région Afrique de l'Ouest (un médecin pour 10 000 habitants, une sage-femme pour 5 000 habitants et un infirmier pour 5 000 habitants). En 1995, on comptait un médecin pour 29 250 habitants, un pharmacien pour 188 498 habitants, une sage-femme pour 28 512 habitants, un infirmier d'Etat pour 8 143 habitants, ce qui traduit un déséquilibre notoire entre le rythme d'accroissement du personnel soignant et celui de la population5.

+ L'inaccessibilité et la faible performance des formations sanitaires. En 1998, il existait 1 022 formations sanitaires dont deux Centres Hospitaliers Nationaux (CHN), 9 Centres Hospitaliers Régionaux (CHR), 30 Centres Médicaux avec Antennes chirurgicales (CMA), 784 Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS), 144 dispensaires isolés et 17 maternités isolées6. Il faut en moyenne parcourir 8,5 Km pour accéder à une formation sanitaire contre 5 km préconisé par l'Initiative de Bamako. Seulement 51 % des populations urbaines et 48 % des populations rurales ont accès aux formations sanitaires. Ces contraintes expliquent en partie la baisse du taux de fréquentation des services de santé en général et de Santé Maternelle et infantile en particulier. Ainsi, le taux de fréquentation des formations sanitaires est passé de 31,95% en 1986 à 18 % en 1996. Le pourcentage des enfants de moins d'un an inscrits en consultation infantile est inférieur à 40 %, et, en 1999, seulement 60 % des enfants de 0 à 11 mois avaient reçu le vaccin BCG contre 71 % en 1990. Le taux de fréquentation des services de santé par les femmes est passé de 19 % en 1991 à 16 % en 19957.

3 Tous ces chiffres sont issus du rapport 2000 du Conseil National pour la Population (CONAPO, 2000).

4 Tout ces chiffres sont issus du rapport 2001 de la Direction des Etudes et de la Planification / Ministère de la Santé.

5 Idem.

6 Idem.

7 Idem.

Figure 1.3 : Structure des soins de santé au Burkina Faso en 2001

- 2 Centres Hospitaliers Nationaux (CHN)

- 3 Maternités de référence

- etc.

- 784 Centres de santé et de promotion sociale (CSPS)

- 144 Dispensaires isolés - 17 Maternités isolées

- 9 Centres hospitaliers régionaux

-30 Centres médicaux avec antennes chirurgicales (CMAC)

Structures de soins

Niveau périphérique

Niveau
intermédiaire

Niveau
tertiaire

Appui stratégique :

Ministère de la Santé Publique

Appui technique :

Directions Régionales de la Santé Publique

Structures d'appui

Appui opérationnel :
Districts sanitaires

+ La faible accessibilité des médicaments et des consommables médicaux. Seulement 30% de la population peuvent s'offrir les médicaments essentiels, et la production pharmaceutique nationale moderne ne couvre que 2 % des besoins nationaux. Les besoins en santé de la population restent donc insatisfaits. Cependant, bien qu'encore insuffisants, les efforts fournis dans ce secteur comme dans d'autres ont néanmoins abouti à une réduction sensible du taux de mortalité générale et celui de la mortalité infantile en particulier. Il en résulte un accroissement considérable de la population totale et de la population la plus vulnérable (femmes en âge de procréer et enfants de 0-5 ans). Etendre les services de santé à toute la population sera encore plus difficile si le taux de croissance démographique reste aussi élevé et si les ressources disponibles demeurent à leur niveau actuel.

Les retombées économiques de l'amélioration de la santé sont particulièrement élevées pour les couches pauvres de la population, habituellement plus sujettes que les autres à la maladie.

Mais depuis la dernière décennie, on assiste à une amélioration des conditions générales de santé dans le pays qui s'explique notamment par l'amélioration de l'accès de la population aux services de santé. Les services de santé publique interviennent auprès de la population de deux façons : à travers les programmes de santé publique (vaccination, salubrité de l'environnement) qui visent la population dans son ensemble d'une part et d'autre part, à travers les services cliniques qui répondent aux besoins de santé particuliers des individus.

Le taux de couverture vaccinale du pays reste très insuffisant puisque moins d'un enfant sur deux de moins d'un an serait convenablement vacciné : 78,3 % contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) et 71,1% contre la rougeole en 20038. Ces taux de couverture sont bien inférieurs au niveau de couverture de 95% préconisé par l'OMS pour ces deux vaccins.

Figure1.4. : Évolution de la couverture vaccinale des enfants de 0 à 11 mois (en %) entre 1997 et 2003

 

100

90

80

70

60

50

40

30

20

10

Couverlure vaccinale

Iv w 41, cm 0 -si co o C )000000000c 0

 
 
 

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

 

BCG DTC polio3 Rougeole

 
 

Source de données: Direction des Etudes et de la Planification / Ministère de la Santé

Néanmoins, on observe une augmentation régulière de la couverture vaccinale concernant la vaccination contre la rougeole, la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos, la tuberculose et même la fièvre jaune sur la période 1997-2003 (cf. figure 1.3.).

En ce qui concerne la santé maternelle et infantile, l'examen de la proportion des accouchements assistés montre une amélioration entre 1993 et 2003, même si cette proportion a connu une certaine baisse en 1998 (41,5% en 1993 contre 40% en 1998) (Cf. tableau 1.2.).

8 INSD, Enquêtes démographiques et de santé 2003

Tableau 1.2 : Évolution des accouchements assistés entre 1993 et 2003 (en %)

Année

1993

1998

2003

Proportion des accouchements assistés

41,5

40

56,5

Source : INSD, EDS 1993, 1998 et 2003

Parmi les programmes de santé publique visant à améliorer la salubrité de l'environnement, l'accès à l'eau potable est essentiel. En effet, les affections diarrhéiques et les infections parasitaires véhiculées par l'eau insalubre sont à l'origine de près de 17 % des maladies transmissibles. Or, on estime que seulement 60,5% de la population burkinabé a accès à de l'eau potable (EDS, 2003).

1.4 Grandes orientations politiques pour la population

La population constituant la première richesse d'une nation, les questions de population et de développement préoccupent tout pays. En effet, au plan international, les trois conférences mondiales sur la population tenues à Bucarest (1974), à Mexico (1984) et au Caire (1994), traduisent bien ces préoccupations en reconnaissant explicitement l'importance des relations entre Population et Développement. La Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement tenue en 1992 à Rio témoigne d'une prise de conscience de la Communauté Internationale sur les problèmes d'environnement en reconnaissant que la résolution de ceux-ci est le garant d'un développement durable.

Au plan africain, la tenue de trois conférences (Accra en 1971, Arusha en 1984 et Dakar en 1992) a permis d'examiner la situation démographique du continent. Le programme d'action de Kilimandjaro issu de la deuxième conférence africaine reconnaît que les Etats membres partagent un certain nombre de préoccupations communes en ce qui concerne les problèmes démographiques et le développement, et réaffirme «leur volonté collective d'assurer un développement social économique, autosuffisant et accéléré dans l'intérêt des populations africaines ». Cette volonté a été réaffirmée par les pays membres du Comité Interétats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) dans le programme d'action de N'Djamena, en décembre 1988 et de Ouagadougou en octobre 1997.

Le Burkina Faso a souscrit à différentes recommandations issues aussi bien des conférences africaines que des conférences mondiales. Convaincu que la population est un

facteur essentiel de développement, et soucieuse de lui assurer la satisfaction de ses besoins fondamentaux le gouvernement a mis en place une politique de la population qui a pour but de contribuer à la lutte contre la pauvreté par la recherche d'un équilibre entre population et ressources. Il a élaboré à cet effet, en 2000, un Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP). Une des préoccupations majeures de ce cadre de référence est la promotion des secteurs sociaux de base (éducation, santé y compris la santé de la reproduction, eau potable, hygiène et assainissement). Concernant particulièrement la santé de la reproduction, le gouvernement a déterminé les composantes prioritaires en la matière à savoir la maternité sans risque, la santé des enfants, les changements sociaux pour accroître le pouvoir de décision de la femme.

Synthèse partielle

En somme, le Burkina Faso est un pays pauvre en ressources naturelles et physiques. Par ailleurs, les conditions économiques et sanitaires qui prévalent dans ce pays laissent à désirer. Ainsi, malgré les efforts déployés par le gouvernement, à travers les multiples politiques, programmes et politiques sanitaires, la situation sanitaire de la population, notamment celle des enfants et des femmes reste précaire même si cette situation a connu une nette amélioration.

Ce chapitre nous aidera à mieux comprendre les résultats des analyses qui feront l'objet des chapitres suivants. Mais avant les analyses, il conviendra d'abord de faire la revue de la littérature sur les facteurs de la mortalité des enfants et sur les théories explicatives de la baisse de la mortalité et présenter le cadre conceptuel ainsi que les hypothèses de cette étude. Ces deux points feront l'objet du chapitre suivant.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius