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Soins préventifs et baisse de la mortalité infantile au Burkina Faso

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par Hermann BADOLO
IFORD - DESS 2007
  

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CHAPITRE II: CADRE THERIQUE

Toute recherche en sciences sociales exige l'élaboration d'un cadre théorique. Ce dernier permet d'expliquer la démarche scientifique à suivre dans la conception (problématique, hypothèses de recherche, opérationnalisation des concepts, cadre d'analyse).

Ce chapitre présente la synthèse de la littérature sur les facteurs de la mortalité des enfants et sur les théories explicatives de la baisse de la mortalité. Le cadre conceptuel et les hypothèses de recherche sont également exposés dans ce chapitre.

2.1. Revue de la littérature

Les travaux de recherche sur la mortalité des enfants sont relativement abondants en Afrique. En faire une synthèse est utile car elle guidera dans la définition des hypothèses, dans le choix des variables pertinentes pour l'étude et dans la description des mécanismes selon lesquels ces variables influencent la mortalité des enfants en Afrique en général. Dans les paragraphes qui suivent nous exposerons les facteurs de la mortalité des enfants qui ont déjà fait l'objet d'étude par certains auteurs et les différentes théories qui ont été élaborées pour expliquer la baisse de la mortalité.

2.1.1 Facteurs de la mortalité des enfants

La mortalité est un phénomène complexe qui dépend d'une variété de facteurs, et les cadres conceptuels élaborés pour tenter de les ordonner montrent la diversité des chemins possibles. Les modèles explicatifs de la mortalité des enfants distinguent, d'une part, les variables dites intermédiaires (les caractéristiques de l'enfant, les comportements procréateurs et les comportements en matière de soins et de nutrition) qui agissent directement sur les chances de survie de l'enfant et, de l'autre, les variables exogènes (économiques, socioéconomiques, culturels et environnementaux) dont l'influence est médiatisée par les variables intermédiaires (Mosley et Chen, 1984).

Nous distinguons ici, les variables liées à la mère des variables liées à l'enfant et des variables contextuelles. Nous présentons ci-dessous les relations générales entre ces variables et la mortalité des enfants rencontrées dans la littérature.

a) Variables liées à la mère

a1) Comportements de la mère en matière de soins

Selon l'OMS, la manière dont la famille contribue à l'amélioration de la santé des enfants constitue ce qu'on appelle « les principales pratiques familiales ». Les comportements des mères en matière de soins de santé regroupent les pratiques en matière de la qualité des soins et de la qualité de la nutrition qui peuvent favoriser la croissance physique et le développement mental et prévenir la maladie. Par exemple lorsqu'un enfant est malade, sa mère doit se rendre compte qu'il y a un problème, dispenser les premiers soins, présenter l'enfant à un personnel de santé, élaborer avec celui-ci une ligne de conduite appropriée. Ces pratiques de la mère sont souvent ignorées, ce qui entraîne des décès chez les enfants.

a11) Qualité des soins

Les soins apportés à l'enfant commencent depuis la conception (les soins prénatals) jusqu'à après la naissance (les soins postnatals). La grossesse et l'accouchement constituent des périodes à risque pour la femme et l'enfant à naître. Ces risques peuvent être maîtrisés par des mesures de surveillance prénatale, une assistance qualifiée au moment de l'accouchement et de suites de couches. Les soins prénatals, l'assistance à l'accouchement et les soins postnatals réduisent significativement le risque de décès des enfants (les décès néonatals en particulier) du fait que s'ils sont détectés à temps, les soins accordés pendant ces phases permettent d'éliminer ou de diminuer leur impact sur l'état de santé de la mère et de l'enfant.


· Visites prénatales

Durant les premières années de vie, la santé de l'enfant dépend des conditions de grossesse; le régime de la mère pendant sa grossesse est important pour la santé de l'enfant. Les affections telles que le paludisme, l'anémie (causes déterminantes du faible poids de l'enfant à la naissance) sont facilement dépistées et traitées lors des visites prénatales. Lors de ces visites, on peut assurer l'immunisation de la mère contre le tétanos et fournir des suppléments nutritionnels à la femme présentant des signes de malnutrition (Dackam, 1987).

Selon Grenier et Gold (1986, cité par Harouna, 1998), à travers le cordon ombilical, la mère transmet au foetus certaines substances immunitaires au moment de la grossesse. La sécrétion de la plupart de ces substances est assurée par la qualité de son alimentation et

l'administration de certains produits médicaux pendant la grossesse. Au fur et à mesure que la grossesse avance, l'organisme de la mère s'affaiblit et la sécrétion des substances immunitaires baisse en quantité et en qualité. Le suivi médical de la grossesse permet de pallier ces insuffisances et de maintenir la sécrétion à un niveau constant et nécessaire pour la protection future du nouveau né.

· Vaccination antitétanique

La vaccination antitétanique vise à immuniser les mères contre le tétanos et surtout à prévenir le tétanos qui menace les enfants nés à domicile sans précaution d'asepsie en particulier. Le nombre de doses de vaccins antitétaniques et le respect du calendrier de la vaccination ont une influence sur la protection du foetus et du nouveau-né. Ils permettent de réduire la part des facteurs endogènes dans la mortalité des enfants. Pour une protection complète, une femme enceinte devrait recevoir deux doses de vaccin. Dans une étude menée en Inde, Venkatacharya et Tesfay (1986) ont constaté que les décès néonatals attribuables au tétanos par exemple représentent 60% de tous les décès de cet âge. Une autre étude menée au Sénégal par Leroy et Garenne (1989) a montré que le tétanos était responsable de 31% des décès néonatals entre 1983 et 1986.

· Lieu et assistance à l'accouchement

Plusieurs études, notamment celles menée par Venkatacharya et Tesfay en 1986 en Inde et par Desgrées Du Loû en 1996 au Sénégal montrent que la mortalité néonatale diminue lorsque la mère sont assistées par des sages femmes ou des agents médicaux compétents au moment de l'accouchement. Ces mêmes constats ont été faits au Sénégal par Garenne et Leroy (1989). Parmi les avantages d'un accouchement en milieu médical, on peut relever les conseils pratiques donnés à la femme pendant le travail pour assurer un meilleur accouchement, la réduction au minimum du risque de contamination de l'enfant, par le tétanos par exemple, au cours du travail à travers l'administration des soins adéquats et de l'accouchement. Selon Grenier et Gold (1986), l'enfant court un risque très élevé d'infection par les maladies telles que le tétanos au moment du passage dans la filière génitale maternelle. Des soins particuliers sont administrés contre ces types d'infections pour les accouchements qui ont eu lieu dans les centres de santé. Le personnel de santé administre les premiers soins médicaux postnatals à l'enfant qui sont très déterminants pour l'état de santé de l'enfant.


· Vaccination de l'enfant

Après leur naissance, les enfants doivent bénéficier de soins qui permettront de préserver leur santé contre un certain nombre de maladies. Cette préservation se fait sous forme de vaccination. En effet, l'OMS recommande un programme élargi d'immunisation des enfants avant leur premier anniversaire contre les différentes maladies de l'enfance. Ce programme recommande essentiellement la vaccination contre la rougeole, la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la tuberculose dans des pays comme le Burkina Faso.

On observe une relation négative entre la vaccination et la mortalité des enfants. Aux enfants ayant reçu des vaccinations correspond un faible risque de décès. Une étude réalisée au Sénégal sur l'impact de la vaccination a montré que la vaccination contre la rougeole est très indiquée pour la survie de l'enfant; elle souligne que la réduction de la mortalité entre six mois et trois ans du fait de la vaccination contre la rougeole serait de 30,9% (Garenne; Cantrelle, 1985 cité par Dackam, 1987). Dans une autre étude de Desgrées Du Loû dans la zone rurale de Bandafassi au Sénégal, il a été relevé le rôle déterminant qu'a pu jouer le Programme Elargi de Vaccination dans les régions du Sénégal éloignées de la capitale et pauvres en équipements sanitaires. Dans cette dernière étude, non seulement la mortalité des enfants a baissé brutalement dans la zone étudiée après l'introduction des vaccinations mais en plus la poursuite de la baisse a été étroitement liée au niveau de couverture vaccinale.

a12) Qualité de la nutrition

La nutrition est un élément très important pour préserver les maladie et les décès chez les enfants dans les pays en développement. En matière de nutrition, l'information la plus disponible concerne la malnutrition des jeunes enfants. Celle-ci contribue pour plus d'un tiers à la mortalité infantile et juvénile dans de nombreux pays africains (Banque Mondiale 1994) et pour 20 à 80% à la mortalité maternelle.


· Allaitement de l'enfant

Parmi les mesures concernant la préservation de la santé du nouveau-né, l'allaitement maternel est probablement le plus universellement encouragé. Il est aussi celui dont l'évolution pourrait remettre en cause la santé des mères et des enfants. L'effet positif de l'allaitement sur la survie des enfants n'est plus à démontrer et constitue l'argument sur lequel on se base pour organiser la lutte contre la tendance à le remplacer par une alimentation

artificielle. En effet, le lait maternel secrété par la mère pendant les premiers jours qui suivent la naissance de l'enfant protège le nourrisson contre les infections les plus courantes surtout celles des appareils respiratoires et digestifs (Akoto, 1993). Un bébé alimenté avec le lait maternel est moins souvent malade et de moins en moins malnutri qu'un bébé nourri au biberon avec d'autres aliments. Dans une collectivité pauvre, un enfant de moins de six mois nourri au biberon court 3 fois plus de risque de mourir qu'un enfant nourri au sein. Le mode d'allaitement et la durée d'allaitement contribuent à la mortalité des enfants à travers la prédisposition de l'enfant aux risques d'infection et de malnutrition (Dackam, 1987). Le sevrage partiel ayant lieu avant quatre mois ou après six mois peut augmenter le risque de décès des enfants. Après six mois, le lait maternel seul ne suffit plus pour assurer une nutrition adéquate (Akoto, 1990).


· Aliments de complément

L'OMS recommande que tous les enfants de 4-6 mois reçoivent des aliments de complément en plus du lait maternel car, à ce âge, le lait maternel n'est plus suffisant à lui seul pour couvrir les besoins nutritionnels de l'enfant pour lui assurer une croissance optimale. Pour la mère n'ayant pas la possibilité d'allaiter exclusivement ses enfants au sein, l'allaitement mixte permet de prolonger la plupart des bénéfices de l'allaitement maternel. D'un autre côté, c'est au moment du sevrage que l'enfant risque de ne plus se trouver dans des conditions nutritionnelles et sanitaires optimales. Lorsque l'alimentation de complément est pauvre, l'enfant est exposé à des risques élevés d'infection. La sous nutrition et la malnutrition affectent le système immunitaire et engendre le marasme et le kwashiorkor (Harouna, 1998). Ces derniers s'associent à un déficit immunitaire pour rendre l'enfant particulièrement sensible à certaines maladies infectieuses et parasitaires comme la rougeole.

a2) Caractéristiques d'identification sociale

Les caractéristiques d'identification sociale de la mère sont l'ensemble des caractéristiques et des conditions qui déterminent et modulent à des degrés divers les valeurs, les normes et les comportements propres à celle-ci. Ce sont des variables qui affectent la mortalité à travers les variables intermédiaires.


· Age de la mère à l'accouchement

La procréation précoce ou tardive influe négativement sur la survie de l'enfant. En effet, les études sur les facteurs de la mortalité infantile et juvénile montre une corrélation entre l'âge de la mère à l'accouchement et le niveau de la mortalité des enfants. Le risque de décès des enfants nés des femmes âgées de moins de 20 ans ou de plus de 35 ans est relativement plus élevé que celui des enfants nés des mères des autres groupes d'âges (Akoto et Hill, 1988). A Bamako (Mali) et Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), ce risque est de 45% plus élevé chez les enfants nés des mères âgées de moins de 18 ans, de 15% plus élevé chez ceux des mères âgées de 18-20 ans par rapport à celui des enfants nés des mères âgées de 20 à 34 ans (Legrand et Mbacké, 1992, cité par Rakotodrabé, 1996).

Le risque de décès infantile et juvénile est lié à l'âge de la mère à l'accouchement pour des raisons physiologiques et comportementales. En général, les femmes qui accouchent très jeunes au moment où leur propre développement n'est pas encore achevé, ont plus de chance de mettre au monde un enfant de faible poids, ce qui augmente son risque de décès (Akoto et Hill, 1988). Ces femmes ne sont pas expérimentées et peuvent avoir des comportements inappropriés en matière de soins et de nutrition (en cas de non assistance) pour les enfants ce qui augmenterait le risque de décès (Legrand et Mbacké, 1992, cité par Rakotodrabé, 1996). En ce qui concerne les femmes ayant un âge élevé (35 ans et plus), elles courent des risques divers (fausses couches, malformation congénitale) liés au vieillissement (syndrome d'épuisement maternel) et peuvent connaître des difficultés d'allaitement pour le dernier-né, ce qui diminue sa "protection maternelle" (Akoto, 1985). En outre, ces femmes sont plus sensibles aux maladies telles que le diabète ou l'hypertension, maladies qui affectent la santé de l'enfant (Echarri, 1994).


· Instruction de la mère

L'éducation de la mère est de première importance. Elle a des conséquences sociales profondes. Elle fournit à la femme un large réseau social, de nouveaux groupes de référence, des modèles d'autorité et une plus grande identification au monde moderne (Tabutin, 1992). Ainsi l'instruction de la mère est sans doute une des variables auxquelles les auteurs se sont le plus intéressé dans l'analyse des déterminants de la mortalité des enfants. Plusieurs études empiriques ont mis en évidence le rôle de l'instruction de la mère sur les chances de survie de leurs enfants dans toutes les grandes régions du monde (Banza, 1998). Elle influence la mortalité infantile à travers la conscientisation à l'importance de l'hygiène individuelle et

collective et des soins médicaux qui, à son tour, influence la fréquence des consultations prénatales (Akoto, 1985). L'instruction de la mère peut en même temps refléter le niveau économique du ménage et agir a travers celui-ci, tout comme elle peut représenter une rupture avec la tradition (croyances sur la pratique contraceptive, tabous et régimes alimentaires, recours aux sages femmes traditionnelles...) qui agit négativement sur la survie de l'enfant (Akoto, 1985).

· Activité économique de la mère

La relation entre l'activité économique de la femme et la mortalité des enfants dépend de la nature et des conditions de travail. Par exemple, quand la femme travaille hors de la maison, l'enfant est le plus souvent confié à d'autres membres de la famille ou à des frères et soeurs. Certains auteurs ont pensé que l'activité économique de la mère réduit le temps nécessaire aux soins de l'enfant. Mais une activité rémunérée de la mère peut constituer une source de revenu supplémentaire pour le ménage ou pour la femme, nécessaire à l'achat des biens et services relatifs aux soins de santé. En effet, l'occupation de la femme peut influencer la mortalité des enfants à travers l'alimentation des jeunes enfants (allaitement, sevrage) ou l'attention et les soins qui leurs sont accordés (Akoto et Tabutin, 1987, Noumbissi, 1993). Dans une étude des Nations Unies (1985), faite sur six pays africains, dans quatre pays sur six, l'activité de la mère semblait plus nuisible à l'enfant que sa non-activité. Mais cela dépendait du type d'activité, puisque les travailleuses familiales présentaient presque partout une nette surmortalité, alors que les mères se déclarant "employées" avaient un gros avantage par rapport aux non-actives ou à celles exerçant d'autres activités (Nations Unies, 1985 cité par Akoto et Tabutin, 1987).

b) Variables liées à l'enfant

· Sexe de l'enfant

Le Burkina est un pays où la procréation est valorisée et ce, quel que soit le sexe du nouveau-né. Au moment où dans les pays développés la surmortalité féminine a disparu à tous les âges, toute surmortalité féminine observée est en soi un signe de différence ou de discrimination entre les deux sexes. En effet, la recherche des différences de mortalité selon le sexe a montré que le désavantage féminin à partir de l'âge d'un an, des jeunes filles pendant la période de puberté, et des femmes aux âges de reproduction qui a caractérisé l'ensemble des pays de l'Europe dans le passé, n'a complètement disparu que vers les années 1920. Ce

même désavantage féminin est encore présent dans de nombreux pays en voie de développement en particulier chez les petites filles (1-4 ans) ou aux âges de reproduction.

Toutefois, dans la plupart des pays on observe une surmortalité infantile des personnes de sexe masculin (Dackam, 1987). Dans les pays en développement la mortalité infantile masculine est près de 16% plus élevée que celle des petites filles (Rustein, 1984 cité par Dackam, 19987). Akoto (1985) a noté que les garçons sont plus vulnérables à la naissance alors qu'une fois les premiers mois franchis, la résistance des enfants aux agressions extérieurs dépend en grande partie du comportement social à l'égard des garçons et filles.

Au Burkina Faso la surmortalité des petites filles et des jeunes filles peut s'expliquer à la fois par la préférence accordée aux garçons dans la culture burkinabé (la culture mooga par exemple) et par un mode de socialisation sexuellement différencié entre garçons et filles les préparant à assumer les statuts qui leur sont destinés. Certes, ce mode est encore plus accentué dans le milieu rural que dans le milieu urbain mais il subsiste encore (CONAPO, 2000).


· Rang de naissance

Beaucoup d'études montrent qu'il existe une relation étroite entre le risque de décès avant le premier anniversaire et/ou le cinquième anniversaire de l'enfant et le rang de naissance de celui-ci. Le rang de naissance de l'enfant influe sur la mortalité des enfants de façon similaire à l'âge de la mère à l'accouchement. Les enfants de rang 1 courent un risque de mortalité plus élevé. Ce risque diminue pour les enfants de rang 2 et 3, et commence à s'accroître pour les enfants de rang 4 et plus.

Les différents auteurs ne donnent pas clairement les raisons qui sont à la base de cette relation, mais ils admettent en général qu'elle résulte d'une combinaison de facteurs d'ordre physiologique et comportemental.

Notons qu'il existe une forte interaction entre l'âge de la mère à l'accouchement et le rang de naissance: en Afrique, la précocité du premier mariage, et partant, de la première naissance rend les enfants de rang 1 plus exposés à l'insuffisance pondérale ou au prématuré (Venkatacharya et Teklu, 1986 cité par Mudubu, 1996). Ces enfants soufrent aussi bien de l'immaturité biologique de la mère au moment de l'accouchement que de la non-maîtrise par les mères des techniques en matière de soins et de nutrition à apporter aux nouveau-nés.

Quant aux enfants de rang élevé, ils subissent les conséquences d'un état de santé médiocre de la mère (épuisement maternel provoqué par les grossesses successives) (Akoto, 1985). De même le rang de naissance élevé correspond généralement à une famille nombreuse, donc à un grand nombre d'enfant qui peuvent contribuer à l'appauvrissement de cette famille. D'où les nouveaux nés dans ces types de famille (famille nombreuse) sont exposés à un risque de mortalité plus élevé que ceux nés d'une famille réduite, toute chose étant égale par ailleurs. En outre, pour une mère ayant eu une naissance de rang élevé, il y a non seulement concurrence entre ce dernier et les premiers concernant les soins, mais aussi, la mère à tendance à se fier à son expérience en matière de soins, en ce qui concerne le dernierné. Ce qui peut augmenter le risque de mortalité des enfants (Rakotodrabé, 1996).

c) Variables liées au contexte
· Milieu de résidence

Les plus notables divergences en matière de mortalité se trouvent entre le milieu urbain et le milieu rural. L'urbanisation et les conditions de vie qu'elle induit, constituent l'un des facteurs essentiels de divergence en matière de mortalité. En effet, dans toute analyse descriptive, on observe en général dans le tiers monde actuel des niveaux de mortalité plus faible en milieu urbain qu'en milieu rural, plus faible dans les grandes villes que dans les villes moyennes (Hobcraft et al, 1984 cité par Akoto et Tabutin, 1987).

De même Evina (1990) affirme que « dans la plupart des analyses univariées des phénomènes démographiques tels que la fécondité et la mortalité, on observe en général des niveaux plus faibles en milieu urbain qu'en milieu rural ». Ces résultats ne sont guère surprenants, dans la mesure où dans la plupart des pays en voie de développement, le milieu urbain et le milieu rural sont totalement différents, voir même opposés en ce qui concerne les modes de vie, les types d'activités et les infrastructures sociales de base (santé et éducation).

Dans une étude sur le Burkina Faso, Lachaud (2001) souligne qu'il existe de fortes variations des taux de mortalité infantile selon le milieu de résidence. En moyenne, le taux de mortalité infantile est deux fois plus élevé en milieu rural qu'à Ouagadougou la capitale. On peut faire les mêmes observations pour le taux de mortalité infanto-juvénile bien que les écarts entre la capitale et le milieu rural soient moins marqués.

En définitive, et les analyses explicatives le confirment bien, la variable "milieu de résidence" demeure une variable-clé dans l'étude de la mortalité des enfants (Akoto et Tabutin, 19987). Au Sénégal la situation peut être extrême, c'est la variable la plus discriminante parmi toutes les variables socio-économiques envisagées (Cantrelle et al, 1986 cité par Akoto et Tabutin, 1987).


· Région de résidence

La variation de la mortalité selon la région de résidence résulte des effets combinés des différences dans les conditions climatiques, démographiques, géographiques, socioéconomiques et sociales (rythme de vaccination, manque d'infrastructures et absence de personnel, manque de médicaments et des ressources alimentaires).

Akoto et Tabutin (1987) souligne que les quelques analyses explicatives menées au niveau national en Afrique sub-saharienne (sur le Sénégal et le Kenya par exemple) dégagent toutes l'importance de la variable "région de résidence" parmi les variables "explicatives" de la mortalité des enfants. En termes de politiques d'action et de planification sanitaire, c'est évidemment un résultat important. Les changements de répartition géographique de la population doivent ainsi être pris en compte dans l'effet de la dynamique de la population sur les besoins de santé. Si certaines régions croissent plus rapidement que d'autres en raison d'une croissance naturelle plus rapide ou de l'immigration, ce phénomène affectera clairement la répartition géographique des besoins de services sanitaires et doit être pris en compte dans la politique de la santé.

2.1.2. Théories de la baisse de la mortalité

Dans la littérature, plusieurs théories ont été proposées pour aider à comprendre les raisons qui sont à la base de la baisse de la mortalité. Plusieurs auteurs ont eu à développer des théories explicatives de cette baisse.

D'après la synthèse développée par Vallin (1989), la théorie initiale et dominante jusqu'à la fin des années soixante met en avant le rôle majeur des technologies sanitaires, en déniant toute importance dans la diminution de la mortalité à la croissance économique et à la progression des revenus individuels. Une deuxième théorie s'est située dans une perspective rigoureusement inverse en affirmant que seule l'élévation du niveau de vie pouvait déterminer une diminution de la mortalité ; le modèle le plus achevé de cette théorie se trouvant

développé par certains auteurs instituant les progrès dans l'alimentation comme source essentielle de l'augmentation de l'espérance de vie. Une autre théorie qui soutient fortement l'impact des changements d'ordre socio-culturel a été également développée. Le radicalisme de ces thèses est apparu dépassé dès les années 1980, et l'articulation de plusieurs facteurs est devenue l'idée dominante et inspiratrice de nombreux travaux où se trouvent privilégiées certaines variables clés (revenu, alimentation, instruction, développement de la santé publique, transfert technologique, urbanisation).

a) Technologie sanitaire ou révolution de la médecine

Depuis la mise au point des médicaments antibactériens et des nouveaux vaccins, la médecine s'est dotée de moyens qui ont permis de lutter efficacement contre la plupart des maladies transmissibles. Ainsi la victoire sur la variole est aujourd'hui totale, et grâce, dans une large mesure, au programme Elargi de Vaccination (PEV) lancé conjointement par l'OMS et l'UNICEF environ 50% des enfants du monde entier sont désormais vaccinés contre les principales maladies infectieuses. Grâce aux insecticides, le paludisme a pu être marginalisé dans un certain nombre de pays. Des progrès ont été aussi réalisés grâce à des mesures curatives telles que la réhydratation par voie orale, qui permet de sauver les malades atteints d'affections diarrhéiques.

Dans les pays en développement, l'importation des médicaments et des antibiotiques en particulier, les campagnes d'éradication de quelques endémies (paludisme, variole, rougeole), les programmes nationaux verticaux (Programmes Elargies de Vaccination (PEV)) d'interventions et de contrôle des grandes maladies vont être considérés comme facteurs essentiels de la baisse de la mortalité. Jusqu'aux années 60, la thèse dominante attribuait l'essentiel de la baisse de la mortalité dans les pays en développement à la révolution de la médecine. A ce sujet Tabutin (1995, p.272) note:

« Des organismes internationaux et bien de scientifiques accorderont une grande confiance à ces programmes de santé publique, en démontrant notamment qu'il n'est guère de relation entre les déclins de mortalité et les rythmes de croissance économique ou d'augmentation du niveau de vie; en résumé, la mortalité baisse- et baissera- quelle que soit la situation économique et sociale ».

Même dans les pays développés, la mise au point des techniques de prévention ou de traitement particulièrement efficaces et relativement peu couteux a conduit à imaginer que la baisse de la mortalité a été réalisée indépendamment du développement économique et social.

Des recherches récentes relativisent le rôle de la technologie sanitaire dans le tiers monde. Par exemple Preston (cité par Younoussi, 1997) l'estime à 50% pour l'ensemble du tiers monde.

Par ailleurs, Mosley (1985, p.122, cité par Younoussi, 1997) écrivait : « La stagnation récente de la diminution de la mortalité à des niveaux assez bas de l'espérance de vie incite à revoir la thèse de la prédominance de la technique médicale dans la diminution de la mortalité. »

Dans presque tous les pays, on note une surmortalité rurale par rapport au milieu urbain. Il est donc certain que des pays ont su mieux tirer parti des moyens offerts par la médecine moderne. Ceci montre clairement que l'incidence des progrès de la médecine sur la santé dépend aussi d'autres facteurs tels que le progrès de la scolarisation et le développement économique.

b) Développement économique

Les défenseurs de la théorie du " développement économique" rangent de ce côté tout ce qui a trait aux facteurs économiques, notamment le revenu qui permet aux individus et aux ménages d'acquérir les biens et services favorisant la santé (nourriture, soins de santé, logements, etc.). Certains auteurs, considérant la relation mortalité-niveau de vie très importante, sont arrivés à considérer les indices de mortalité infantile et juvénile ou infantojuvénile comme indicateurs de niveau de développement économique et social.

Sur un échantillon de 58 pays en développement, une hausse du revenu par habitant de 10% réduit les taux de mortalité infantile et juvénile dans une proportion allant de 2 à 3,5% et allonge l'espérance de vie d'un an (Banque Mondiale, 1995). Mais depuis le début des années 1970, on assiste à un ralentissement du déclin de la mortalité dans les pays du tiers monde notamment en Afrique Subsaharienne qui n'ont que entre 56 et 43 ans de vie moyenne (Tabutin, 1995).

Dans la grande partie des pays en développement, le niveau de vie des populations stagne parfois et baisse le plus souvent depuis une quinzaine d'années. La pauvreté rurale et

de nos jour urbaine, s'étend considérablement. Le budget de consommation des ménages est en baisse et l'alimentation d'une bonne partie de la population se dégrade. En définitive, loin de disparaitre la malnutrition (considérée comme cause et conséquence morbidités infectieuses et parasitaires chez les enfants) est toujours là. Tant pour le passé occidentale que pour le tiers monde aujourd'hui ce facteur est d'une importance considérable pour la santé.

c) Amélioration de l'état nutritionnel

Les tenants de cette approche pensent que l'accroissement du niveau de vie qui permet une amélioration de l'alimentation des individus et donc de la diminution de leur risque aux infections, conduit à la baisse de la mortalité. C'est donc une théorie basée essentiellement sur l'économie qui n'accorde pas d'importance aux facteurs médicaux. Dans les pays du tiers monde et particulièrement en Afrique au Sud du Sahara, on a souvent considéré que la forte mortalité qui sévit était essentiellement due à la malnutrition des enfants qui affaiblit leur système immunitaire (Desgrées Du Loû, 1996). La malnutrition favorise les infections qui elles-mêmes aggravent la malnutrition et c'est la synergie des deux causes qui conduirait à la mort. Cette théorie a eu le mérite de "réveiller" tant les chercheurs travaillant sur les déterminants de la mortalité que les décideurs politique qui croyaient fermement à la suffisance de l'action médicale (vaccination).

d) Culture et comportement en matière de santé

Les préjugés sociaux, en particulier la disparition des éléments de comportement traditionnel préjudiciable à la santé (discrimination selon le sexe dans le traitement des enfants, résistance traditionnelle à utiliser les moyens de la médecine moderne...) jouent un rôle déterminant dans la baisse de la mortalité. C'est ce qui justifie le fait que plusieurs chercheurs ont tenté de dissocier les facteurs culturels et sociologiques des facteurs essentiellement économiques.

L'étude de la mortalité infantile et juvénile selon l'accès différentiel aux services de santé et au revenu requiert la prise en compte de chaque catégorie sociale. Pour chacune d'elles l'accès peut être considérer sous trois aspects : institutionnel (ou juridique), matériel et culturel.

Il peut exister des services de santé dans une région sans que les différentes couches de la population les utilisent de la même façon et avec la même intensité. VIMARD (1980)

montre qu'au Togo, une ethnie située à plus d'une heure de marche d'un dispensaire a plus recours à ce dernier pour les soins préventifs et curatifs qu'une autre située à proximité. Ceci montre que la distance physique ou matérielle qui sépare la population des services de santé est beaucoup moins importante que la distance culturelle. Pour certains des tenants de cette approche, l'éducation en matière de santé, les changements en matière d'hygiène personnelle et collective ont été nettement plus importants que le revenu ou l'alimentation.

Actuellement, la démarche de la plupart des auteurs s'inscrit dans le cadre d'une reconnaissance de la multiplicité et de la complexité des facteurs qui entrent en jeu dans la détermination du niveau de la mortalité.

2.2. Cadre conceptuel

Les études sur la mortalité des enfants montrent que l'Afrique au Sud du Sahara forme un ensemble à la fois homogène et varié. La région présente une homogénéité relative, caractérisée par une forte mortalité infantile et juvénile. Un autre point commun à tous ces pays est leur appartenance au groupe des pays sous-développés. Du fait cependant de sa diversité géographique et de son morcellement politique, l'Afrique subsaharienne est très diversifiée, notamment sur le plan humain et culturel, entraînant ainsi des variations importantes des déterminants (écologiques, économiques, sociaux et culturels) de la mortalité des enfants. Malgré l'existence de nombreuses études sur les facteurs de la mortalité des enfants dans cette partie du monde, il y a des lacunes à combler dans la connaissance de ces facteurs. Les contextes politique, socio-économique et culturel n'étant pas les mêmes dans tous les pays, l'influence de chaque facteur sur la mortalité des enfants peut varier d'un pays à l'autre. Le phénomène ne se manifeste pas avec la même ampleur d'un pays à un autre et, au sein d'un même pays, les disparités sont constatées entre les différentes couches sociales (Dackam, 1987). Une analyse spécifique sur chaque pays s'avère ainsi indispensable.

Au Burkina Faso, l'exploitation des données issues de l'enquête démographique et de santé réalisée en 2003 (EDSBF-III) a montré un taux de mortalité infantile et juvénile relativement élevé (EDSBF-III relève un taux de mortalité infantile de 81%o et un taux de mortalité infanto-juvénile de 195%o). Les données disponibles montrent que la mortalité infantile connaît une tendance à la baisse depuis les années 1960 (le taux de mortalité infantile (TMI) est passé de 182%o en 1960-61 à 107%o en 1996 et à 81%o en 2003). En dépit de cette baisse le niveau reste encore très élevé.

La mortalité dépend d'une variété de facteurs aussi bien économiques, politiques, et sanitaires que sociaux, culturels et biologiques. Nombre de cadres analytiques essayent de classer et de relier les types de variables selon leur nature (sociale, économique, environnementale, biologique, etc.) ou selon le niveau d'analyse (macro, méso et micro). Beaucoup ont un point commun. Ils partent du niveau le plus macro-sociétal (politique, économie, développement, etc.) avant de passer par une série de variables intermédiaires et d'arriver à la morbidité et la mortalité. Mais les chemins (variables intermédiaires) varient en fonction de la mortalité privilégiée (infantile, juvénile, tous âges), des contextes étudiés, et aussi des mécanismes ou des variables privilégiées par le chercheur, enfin en fonction du niveau d'analyse retenue (on va d'approches globales à des analyses de risques purement individuels) (Tabutin, 1976).

Pendant longtemps, dans la recherche des facteurs explicatifs du déclin de la mortalité (au niveau macro), on s'est limité à la dichotomie « développement économique et politique de santé » ; récemment, on s'est intéressé à des éléments plus culturels. Actuellement, on est à la recherche, d'une vision multisectorielle évitant tout cloisonnement entre la démographie, l'épidémiologie, la médecine ou la sociologie médicale et ce en encourageant la réflexion interdisciplinaire et intersectorielle sur la causalité du phénomène.

En effet, différents courants explicatifs ont été développés pour l'explication du déclin de la mortalité. On distingue quatre grands courants: le courant médico-technologique, le courant économique, le courant nutritionnel, et enfin le courant socioculturel. Ces courants montrent l'évolution de la connaissance des déterminants de la baisse de la mortalité et les expériences vécues. Ces divers courants vont et viennent dans le temps et dans l'espace. Certains dominants à une époque ne le sont plus à une autre, d'autres émergent pour quelque temps, puis disparaissent avant, peut-être, de renaître. Tabutin ne disait-il pas en 1992 que:

«Une chose est certaine: la relation simple et le facteur unicausal ne sont plus de mise; l'interdépendance entre l'économique, le social, le sanitaire et le culturel s'impose dans les faits et dans la réflexion, l'approche systémique devient une nécessité».

Le cadre conceptuel adopté pour cette étude s'inspire de celui de Barbieri (1991). Il se présente schématiquement comme à la figure 2.1.

Le contexte socio-sanitaire influence les caractéristiques d'identification sociale de la mère. Il détermine non seulement la disponibilité des soins médicaux adéquats, mais agit également sur les comportements des mères en matière d'utilisation des services de santé.

En ce qui concerne les caractéristiques d'identification sociale et les comportements de mères, ils déterminent les représentations sociales de la santé ainsi que les moyens nécessaires des services médicaux. Ils agissent ainsi sur le suivi médical de la grossesse, de l'accouchement et de l'enfant et impriment à la mère son comportement nutritionnel.

2.2.1 Hypothèses a) Hypothèse générale

Nous postulons que la baisse de la mortalité infantile au Burkina Faso découle de l'amélioration des pratiques des soins préventifs et des pratiques nutritionnelles que les femmes adoptent pendant la première année de vie de l'enfant.

Mortalité
infantile

Comportements des mères en
matière de soins de santé

Contexte socio-sanitaire

Pratiques préventives et
curatives en matière de
soins santé

Caractéristiques individuelles
d'identification sociale de la
mère

Figure 2.1 : Schéma conceptuel de l'étude

b) Hypothèses spécifiques

Les hypothèses simples suivantes découlant de l'hypothèse sont testées:

H1: La baisse de la mortalité infantile découle d'une amélioration des soins prénataux et d'accouchement. On s'attend à ce que les enfants nés de mères ayant effectué un suivi médical régulier au cours de la grossesse, ayant été assisté à l'accouchement courent moins de risque de mourir avant leur premier anniversaire que les autres.

H2: Plus la mère adopte un comportement nutritionnel adéquat, plus élevée est la

probabilité de survie entre la naissance et le premier anniversaire de son enfant. On s'attend à ce que :

- les mères allaitant leurs enfants exclusivement au sein durant les six premiers mois de vie connaissent un risque de mortalité de leurs progénitures moins élevé que les autres.

- les enfants ayant un poids moyen à la naissance courent moins de risque de décéder avant le premier anniversaire que les autres.

H3: Plus les enfants bénéficient des doses normales de vaccination, moins ils courent le risque de mourir avant leur premier anniversaire.

2.2.2 Définition des concepts

Par souci de clarté, nous allons définir les quelques concepts utilisés dans cette étude avant de présenter les variables retenues.

a) Mortalité infantile

La mortalité infantile, encore appelée mortalité de la première année de naissance, est l'action de la mort sur une population depuis la naissance jusqu'au premier anniversaire. Elle peut être décomposée en mortalité néonatale ou mortalité du premier moi (entre 0 et 27 jours révolus) et en mortalité post-néonatale (entre l moi et le premier anniversaire). Elle sera mesurée par la variable DECE qui prend la modalité 1 si l'enfant est décédé avant le premier anniversaire et prend la modalité 0 si l'enfant a survécu à cet âge. Il s'agit des enfants nés au cours des quatre dernières années précédent l'année de la date de l'enquête.

b) Les caractéristiques d'identification sociale de la mère

Elles sont d'ordre économique (type d'activité économique exercée, revenu) et socioculturels (appartenance religieuse, groupe ethnique, niveau d'instruction). Ces caractéristiques déterminent les pratiques de la mère en matière d'hygiène, de santé, de procréation et à l'égard de l'enfant.

c) Comportements des mères

Il s'agit des comportements en matière d'hygiène et de santé. Ils désignent les attitudes des mères face aux soins de santé pendant la grossesse et l'accouchement et après l'accouchement.

d) Pratiques préventives en matière de soins de santé

Les pratiques préventives en matière de soins de santé désignent les visites prénatales, le lieu et l'assistance à l'accouchement, la nutrition de la mère pendant la grossesse et de l'enfant et la vaccination.

2.2.3 Variables utilisées dans l'étude

a) Variable dépendante

La variable dépendante est le décès des enfants de moins d'un an (la mortalité infantile). Il s'agit des enfants nés au cours des quatre dernières années précédent l'année de la date des différentes enquêtes utilisées dans cette étude. La question relative à l'état de survie de chaque enfant né vivant a permis de distinguer les enfants survivants et ceux décédés. Pour chaque enfant, l'âge au décès a été saisi.

b) Variables indépendantes

Les variables indépendantes sont celles qui rendent compte des pratiques des mères en matière de soins préventifs et des caractéristiques individuelles d'identification sociale des mères.

Concernant les soins préventifs, nous avons retenu les variables relatives aux consultations prénatales (durée de la grossesse à la première consultation prénatale, nombre de visites prénatales au cours de la grossesse, nombre d'injections antitétaniques reçues au

cours de la grossesse), au lieu et à l'assistance à l'accouchement, au poids de l'enfant à la naissance et aux soins postnatals (nombre et type de vaccins reçus pour protéger l'enfant contre les maladies) et à la durée d'allaitement au sein.

En ce qui concerne les caractéristiques individuelles d'indentification sociale de la mère (utilisées comme variables de contrôle), cette étude retient l'âge, le niveau d'instruction, et l'occupation. Afin de mieux déterminer l'impact du milieu social environnant, nous avons retenu l'appartenance ethnique et religieuse et le milieu de résidence de la mère.

Le cadre d'analyse Figure 2.7: Schéma d'analyse de l'étude

Comportement en
matière de santé vis-à-
vis de l'enfant

Vaccination

Poids de l'enfant à
la naissance

Comportement
nutritionnel de la
mère

Comportement nutritionnel vis-à-vis de l'enfant

Durée
d'allaitement

Suivi médical
de la grossesse

Décès infantile

Assistance à l'accouchement

Synthèse partielle

Dans ce chapitre nous avons passé en revue les connaissances sur les facteurs de la mortalité des enfants et également sur les théories explicatives de la baisse de la mortalité. La littérature ayant trait à ces deux points est relativement abondante. Cependant, cela n'est pas le cas en ce qui concerne les facteurs explicatifs de la baisse de la mortalité des enfants. En se référant à la revue de la littérature, nous avons proposé un cadre conceptuel pour expliquer la baisse de la mortalité infantile. A partir de ce cadre, nous avons posé quelques hypothèses que nous tenterons de vérifier dans le contexte particulier du Burkina Faso, a partir des données empiriques des EDS réalisés en 1992, 1998 et 2003.

Avant de passer à la vérification proprement dite des hypothèses, nous allons présenter dans le chapitre suivant les données utilisées dans cette étude, en faire une évaluation de la qualité et présenter en fin les méthodes d'analyse qui seront mises en oeuvre dans cette étude..

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld