CHAPITRE III : METHODOLOGIE
L'étude des facteurs de la mortalité des enfants
dans les pays en développement comme le Burkina Faso rencontre un
certain nombre de difficultés liées d'une part à la
démarche conceptuelle suivie et d'autre part à la nature et
à la qualité des données disponibles.
Pour atteindre les objectifs que nous nous sommes
fixés, les hypothèses que nous avons formulées doivent
être soumises à l'épreuve des données empiriques. Ce
chapitre présente les données utilisées, en fait une
évaluation critique et décrit les méthodes d'analyses
retenues.
3.1. Présentation des sources de données
utilisées
Les données que nous allons utiliser dans le cadre de
cette étude proviennent de la première, de la deuxième et
de la troisième Enquêtes Démographiques et de Santé
du Burkina Faso (EDSBF-I, EDSBF-II et EDSBF-III), réalisées
respectivement en 1992/1993, en 1998/1999 et en 2003 par l'Institut Nationale
de la Statistique et de la Démographie (INSD) avec l'assistance
technique de Macro International. Ces trois enquêtes fournissent des
informations détaillées sur la fécondité, la
planification familiale, la santé de la mère et de l'enfant, les
soins prénatals et postnatals, les vaccinations, la mortalité
infanto-juvénile, l'état nutritionnel des enfants de moins de
cinq ans et des mères et l'excision. En plus de cela l'EDSBF-III
fournissait des informations sur les infections sexuellement (IST) et
VIH/SIDA.
3.1.1. Objectifs des trois enquêtes EDS
Ces trois enquêtes poursuivaient plusieurs objectifs, entre
autres :
v' recueillir les données au niveau national permettant
de calculer des taux démographiques et plus particulièrement des
taux de mortalité infantile, juvénile, infant-juvénile, et
de fécondité.
v' analyser les facteurs associés au niveau et tendance de
la mortalité infantile et juvénile. v' analyser les facteurs
associés au niveau et tendance de la fécondité.
v' évaluer la santé de la mère et de
l'enfant : vaccination, soins prénatals, traitement de la fièvre
et de la diarrhée, l'état nutritionnel de la mère et de
l'enfant.
v' Mesurer les taux de connaissance et de pratique contraceptive
par méthode, par milieu d'habitat et selon les secteurs de distribution
de la contraception.
v' Mesurer l'état nutritionnel des mères et des
enfants de moins de cinq ans (mesures anthropométriques : taille et
poids).
3.1.2. Plan de sondage
Le plan de sondage adopté pour les enquêtes
EDSBF-I, EDSBF-II et EDSBF-III consiste à un sondage stratifié
par grappes à deux degré, pondérée et
représentative au niveau national, au niveau des milieux de
résidence et des régions de résidence. La base de sondage
utilisée est la liste des Zones de Dénombrement du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1996 pour
EDSBF-II et EDSBF-III et RGHPH 1985 pour l'EDSBF-I.
3.1.3. Questionnaires
Les trois enquêtes ont été
réalisées à l'aide de trois types de questionnaires afin
d'atteindre les objectifs fixés. Il s'agit du questionnaire
ménage, du questionnaire individuel femme et du questionnaire individuel
homme.
Le questionnaire ménage a permis d'enregistrer tous les
membres du ménage et les visiteurs ; de collecter un certain nombre
d'informations tels que l'âge, le sexe, le milieu de résidence,
l'éducation, l'état matrimonial et enfin les
caractéristiques socio-économiques et environnementales dans
lesquelles vivent les enquêtés. Il a également permis
d'établir l'éligibilité des personnes à interviewer
individuellement et de déterminer les populations de
référence pour le calcul de certains indicateurs
démographiques.
Le questionnaire individuel femme s'adresse uniquement aux
femmes en âge de procréer (15-49 ans) éligibles dans les
ménages enquêtés. A ce niveau, le critère de
sélection est essentiellement fondé sur l'âge de la femme.
Toutes les femmes âgées de 15 à 49 ans de tous les
ménages enquêtés ont été
sélectionnées. Il offre plusieurs variables relatives à la
procréation, à la connaissance et à l'utilisation de la
contraception, à la grossesse et à l'allaitement, à la
vaccination et à la santé des enfants, à la
nuptialité, à la préférence en matière de
fécondité, à la mortalité maternelle, à
l'état nutritionnel des mères et des enfants de moins de cinq ans
et enfin aux caractéristiques socio-économiques et culturelles de
la femme et du conjoint. Des informations détaillées ont
été recueillies sur les enfants nés vivants, les
enfants survivants et les enfants
décédés, sur le sida et autres infections sexuellement
transmissibles et enfin sur l'excision.
Le questionnaire individuel homme s'adresse à un
échantillon d'hommes sélectionnés parmi les maris des
femmes éligibles au questionnaire individuel femme. Il vise à
collecter des informations sur la connaissance et l'utilisation de la
contraception et sur les opinions des maris en matière de
fécondité, de taille de la famille et planification familiale.
Des informations détaillées ont été recueillies sur
le sida et autres infections sexuellement transmissibles, sur l'excision et la
circoncision des hommes.
Les fichiers d'analyse ont été constitués
à partir du questionnaire ménage et du questionnaire individuel
femme. Le questionnaire ménage a permis d'avoir certaines informations
relatives aux caractéristiques du milieu de vie des
enquêtés alors que le questionnaire individuel femme fournit les
détails liés à la santé familiale en
générale et à la santé des enfants en particulier
et à l'état nutritionnel de la mère et de l'enfant.
3.2. Méthodes d'analyse
La plupart des informations recueillies lors de trois EDS du
Burkina Faso (EDSBF-I, EDSBF-II et EDSBF-III) sur la mortalité des
enfants portent sur les évènements survenus au cours des cinq
dernières années précédent la date des
différentes enquêtes. Les variables qui opérationnalisent
le comportement des mères en matière de soins préventifs
et curatifs (allaitement, vaccination, consultations prénatales, lieu et
l'assistance à l'accouchement, etc.) n'ont été saisies que
pour les enfants nés vivants au cours des cinq dernières
années précédent les trois enquêtes.
Le diagramme de LEXIS ci-dessous (Figure 3.1) illustre bien cette
situation.
Figure 3.1: Diagramme de Lexis montrant la période
quinquennale précédent les enquête
Ages
5
Temps t-5 t-4 t-3 t-2 t-1 t
Pour l'étude de la mortalité infantile, tous les
enfants nés au cours de la période annuelle [t-1, t] ne sont pas
exposés au même risque de décéder que les autres
nés au cours de la période [t-5, t-1] car à la date t
certains d'entre eux n'ont pas encore atteint leur premier anniversaire, alors
que ceux des générations [t-5, t-1] ont été
totalement exposés au risque.
Compte tenu de ce problème et du fait du faible
effectif de décès enregistrés dans les
générations totalement exposées au risque de
décéder si nous considérons une période annuelle,
nos analyses porteront sur la cohorte d'enfants de la période [t-5,
t-1].
En l'absence des variables susceptibles de rende compte des
comportements de mères en matière de santé telles que la
vaccination et la nutrition pour les enfants décédés, nous
allons retenir les comportements des mères pour les enfants survivants.
Ce faisant, nous supposons que les femmes ont eu les mêmes comportements
pour les enfants survivants que pour les enfants
décédés.
Cette démarche pose un problème. En effet, il
est impossible d'associer les variables relative aux comportements de la
mère en matière de santé à un enfant
décédé si sa mère n'a eu que lui seul au cours de
la période retenue pour l'enquête ou si les autres enfants
nés avant ou après lui au cours de la période de
l'enquête sont aussi décédés.
Du fait de la nature des données (recueillies a partir
des enquêtes rétrospectives) que nous allons utilisées dans
cette étude, deux approche d'analyse peuvent être utilisées
: une analyse transversale ou une analyse longitudinale. L'analyse transversale
se base sur les indices calculés pour une période donnée,
toutes cohortes confondues (période d'un an ou de cinq ans avant
l'enquête). Par contre l'analyse longitudinale rend compte de
l'évolution du risque de décès d'une
génération ou d'un groupe de générations. Son
postulat de base est fondé sur le fait que les enfants nés au
cours d'une même période donnée sont sensés
connaître les mêmes conditions qui les exposent de façon
indifférenciée au risque de mourir. Compte tenu des objectifs de
notre étude, nous allons adopter cette dernière approche.
Pour cette étude les analyses seront essentiellement
descriptives. Dans un premier temps les analyses consisteront à faire
une analyse différentielle des variables liées à la
mortalité infantile. Elles seront menées grâce aux tableaux
croisés. A l'aide de la statistique de Khi-deux, nous
apprécierons l'existence ou non de relation entre chacune des facteurs
préventifs et le risque de mortalité infantile. Dans un
deuxième temps, nous recourons à l'Analyse Factorielle des
Correspondances Multiples (AFCM) pour saisir l'association entre ces
différents facteurs et la mortalité infantile selon chaque
période d'étude. Il s'agit de mettre en évidence une
modification ou une conservation de la structure d'une telle association
à travers le temps.
3.3. Evaluation de la qualité des données
utiisées
D'importantes précautions ont été prises
lors de l'exécution des trois enquêtes démographiques et de
santé au Burkina en 1992, en 1998 et en2003 pour s'assurer de la
représentativité de toutes les couches sociales dans
l'échantillon. Cependant, cela ne peut que minimiser les erreurs de
conception; il reste à maîtriser les erreurs liées à
la collecte des données sur le terrain pour avoir des données de
meilleure qualité. Ce deuxième type d'erreurs peut provenir de la
nature de l'enquête, du comportement des agents enquêteurs et/ou de
la capacité des enquêtés à fournir des
réponses fiables. Dans le cadre de l'analyse de la mortalité
infantile, nous essayerons de vérifier la qualité des
données collectées à partir de l'âge
déclaré des enquêtées de la parité moyenne et
de la structure par âge et par sexe des enfants
décédés.
3.3.1 Evaluation de l'âge déclaré des
mères
Une distribution par âge des femmes
enquêtées permet d'apprécier, en partie, la qualité
des données recueillies. Comme la souligné Gilles Roger et al
(1981), une structure par âge enregistrée à l'occasion
d'une enquête est la résultante de l'histoire passée des
générations concernées et des conditions de la collecte.
La première composante de cette relation est déterminée
par les lois de la fécondité de la mortalité et de la
migration tandis que la seconde (condition de la collecte) dépend
surtout de la nature de la question sur l'âge, du niveau de la formation
des enquêteurs, des coutumes du milieu de la collecte et enfin du niveau
d'instruction des enquêtés. Les lois régissant les
phénomènes démographiques (fécondité,
mortalité et migration) présentent des effets moindre sur la
perturbation de la structure par âge; par contre les effets liés
à la déclaration d'âge peuvent entrainer d'importantes
distordions. L'importance de l'effectif des enquêtés n'ayant pas
déclaré leur âge (modalité
indéterminée) au moment de l'enquête et la forme de la
structure par âge (creux) permettent de se rendre compte des
défauts de déclarations d'âge des enquêtés.
Les indices de Whipple et de Myers permettent également
d'apprécier l'importance des mauvaises déclarations
d'âge.
Graphique 3.1 : Répartition des mères selon leur
âge
700
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600
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500
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400
300
200
100
0
Effeciff
-. NJ C ..3 A 0 0 0 0 7 0 0 0
0
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2003
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1998
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1992
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15 16
|
17
|
18 19
|
20 21
|
22 23
|
24 25
|
26 27
|
28 29
|
30 31
|
32
|
33 34
|
35 36
|
37
|
38 39
|
40 41
|
42
|
43 44
|
45 46
|
47 48
|
49
|
|
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Age
|
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La structure par âge des femmes enquêtées
(figure 3.2), laisse apparaître beaucoup d'irrégularités.
On observe des pics particulièrement aux âges ronds (se terminant
par 0) et semi-ronds (se terminant par 5). Le calcule des indices de Whipple et
Myers va nous permettre de confirmer ou d'infirmer cette
préférence des âges se terminant par les chiffres 0 et
5.
a) Indice de Whipple
L'indice de Whipple (Iw) permet de mesurer le
degré de préférence des âges se terminant par 0 ou
5. Le calcul de cet indice consiste à prendre l'effectif total des
femmes âgées de 23 à 62 ans, et à calculer la somme
des effectifs des femmes de cet intervalle dont les âges se terminent par
les chiffres 0 ou 5; puis on fait le rapport de cette dernière somme au
un cinquième de l'effectif total. L'indice ainsi obtenu varie entre
zéro et cinq. Mais pour les données issues des EDS, la formule
est la suivante :
I w
P + P + +
... P
20 25 45
=
1
47
Pi
?
5 i =18
Lorsque sa valeur est égale à 1, il n'y a pas de
préférence pour les âges se terminant par zéro et
par cinq. Par contre pour une valeur inférieure à un, il y a
répulsion tandis que pour une valeur comprise entre un et cinq il y a
attraction (Roger et al, 1981). Les valeurs proposées par les Nations
Unies pour apprécier la qualité des données sur
l'âge à partir de cet indice sont:
v' Si Iw= 0, il y a répulsion total des
âges terminés o et 5.
v' Si Iw= 5, tous les âges enregistrés se
terminent par 0 ou 5.
v' Si Iw < 1, il y a répulsion pour les
âges terminés par 0 et 5.
v' Si Iw = 1, il n'y a aucune préférence
pour les âges terminés par 0 ou 5. v' Si 1 < Iw <
5, il y a attraction d'autant plus forte que Iw est proche de 5.
Le calcul de l'indice de Whipple pour les données des
EDS de 1993 de 1998 et 2003 (1,31 pour 2003, 1,33 pour 1998 et 1,26 pour 1993)
montre qu'il y a une attraction pour les âges se terminant par 0 ou 5. On
peut donc dire que les femmes ont mal déclaré leurs âges
lors de chacune des trois enquêtes. Cependant, l'indice de Whipple
présente certaines limites. Il ne permet de se prononcer que sur la
préférence des âges se terminant par zéro ou
cinq.
b) Indice de Myers
Contrairement à l'indice de Whipple, celui de Myers
mesure la répulsion ou l'attraction de chacun des chiffres compris entre
zéro et neuf. Il permet aussi de se prononcer de façon globale
sur l'ensemble des chiffres. Cet indice présente aussi l'avantage
d'éliminer, au moins en partie, la diminution des chiffres entre les
âges en se servant des effectifs pondérés. Cet indice varie
entre 0 et 180. Plus il est proche de zéro, meilleure est la
déclaration des âges. Pour chaque chiffre, le signe négatif
du coefficient indique une répulsion, tandis que le signe positif
traduit une attraction. La valeur absolue du coefficient renseigne sur
l'ampleur de préférence.
Tableau 3.1: Indices de Myers
|
2003
|
1998
|
1992
|
0
|
14,2
|
17,1
|
15,7
|
1
|
-4,3
|
-4,7
|
-4,5
|
2
|
-2,4
|
-2,7
|
-2,6
|
3
|
-3,0
|
-3,9
|
-3,5
|
4
|
-4,7
|
-5,3
|
-5,0
|
5
|
8,7
|
8,8
|
8,8
|
6
|
-3,3
|
-3,9
|
-3,6
|
7
|
-0,8
|
-0,4
|
-0,6
|
8
|
-3,1
|
-3,3
|
-3,2
|
9
|
-2,9
|
-2,5
|
-2,7
|
Le calcule de l'indice de Myers pour l'EDS 1993, l'EDS de 1998
et celui de 2003 montre qu'il y a une préférence pour les
chiffres se terminant par 0 et 5, dans la déclaration de l'âge
pour chacune des trois enquêtes (ce qui confirme les résultats
obtenus par l'indice de Whipple), et une répulsion pour les autres. Ce
résultat est également confirmé par la figure 3.2
(représentant la répartition des mères selon leurs
âges). En considérant les déclarations d'âge des
femmes enquêtées lors des trois EDS, on constate que les
données recueillies sur l'âge sont entachées d'erreurs. Le
regroupement des effectifs en groupes d'âge quinquennaux permet de
corriger les biais constatés en lissant la structure initiale (Roger et
al, 1981).
Tableau 3.2: Répartition des femmes au cours des trois
EDS et du RGPH-1996
Groupe d'âges
|
RGPH-1966
|
EDS-2003
|
EDS-1998
|
EDS-1993
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
15-19
|
550 596
|
23,6
|
2777
|
22,3
|
1474
|
22,9
|
1480
|
23,3
|
20-24
|
428 963
|
18,4
|
2243
|
18,0
|
1183
|
18,4
|
1221
|
19,2
|
25-29
|
382 837
|
16,4
|
1988
|
15,9
|
1045
|
16,2
|
1142
|
18,0
|
30-34
|
323 952
|
13,9
|
1600
|
12,8
|
849
|
13,2
|
914
|
14,4
|
35-39
|
262 931
|
11,3
|
1535
|
12,3
|
816
|
12,7
|
723
|
11,4
|
40-44
|
218 161
|
9,3
|
1257
|
10,1
|
600
|
9,3
|
507
|
8,0
|
45-49
|
167 181
|
7,2
|
1077
|
8,6
|
478
|
7,4
|
367
|
5,8
|
Total
|
2 334 621
|
100
|
12477
|
100
|
6445
|
100
|
6354
|
100
|
Les courbes obtenues à partir de la répartition
des femmes enquêtées selon le groupe d'âges (cf. figure
3.3), montre une décroissance régulière des proportions
des femmes en âge de procréer au fur et à mesure que
l'âge augmente. Les allures générales de ces distributions
sont semblables à celles obtenue à partir des données du
RGPH de 1996 (Figure3.3). Par exemple, pour le groupe d'âges 20-24 ans,
les proportions observées sont de 18,0% pour l'EDSBF-III, 18,4% pour
l'EDSBF-II et 19,2% pour l'EDSBF-I contre 18,4% pour le RGPH de 1996
(Tableau3.2). Ce constat permet d'affirmer que les erreurs des
déclarations d'âge ne sont pas assez importantes pour remettre en
cause la qualité des données des trois EDS utilisées dans
cette étude.
Graphique3.2 : Répartition des femmes
enquêtées et des femmes recensées selon le groupe
d'âges
|
25
|
20
15
10
5
0
Struclure par age (%)
_, _, rs.) r,
D C11 0 C11 0 C
|
|
|
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49
|
|
RGPH-1966 EDS-2003 EDS-1998 EDS-1993
G
|
|
|
3.3.2 Evaluation des déclarations de la
parité moyenne
La parité moyenne est le nombre moyen d'enfants
nés vivants par femme. En supposant que la structure de la
fécondité ne souffre pas d'une mauvaise déclaration de
l'âge de la mère, le nombre d'enfants nés vivant par femme
devrait croître avec l'âge de la mère. Une baisse de la
parité pourrait dénoter soit une omission d'enfants nés
vivants, soit une sous représentativité des mères aux
âges élevés, ou encore soit une mauvaise déclaration
de l'âge de la mère. Effet de mémoire, lieu de
résidence de la mère, influence des traditions, us et coutumes
sont des raisons avancées pour expliquer un tel phénomène
(Roger et al, 1981). Au cours des opérations de collecte, les omissions
d'enfants nés vivants touchent le plus souvent les enfants nés
des mères non instruites, résidant en milieu rural ou n'ayant pas
accouché dans les centres de santé qui délivrent
directement une pièce d'identité à l'enfant, etc. (Roger
et al, 1981). Les omissions introduisent non seulement un biais dans le calcul
des indices de la mortalité des enfants, mais rendent également
difficile l'analyse des facteurs qui conduisent à la mort de
façon différentielle car les enfants déclarés sont
le plus souvent ceux qui ont bénéficié de contacts avec
les services de santé au moment de la grossesse, de l'accouchement et/ou
de la période postnatale.
La figure3.4 montre que les parités augmentent presque
régulièrement jusqu'à 46 ans pour les trois
enquêtes. Des petites anomalies sont observées entre 46 et 49
ans. L'omission de quelques enfants (enfants vivant hors du
ménage ou confiés à d'autre personnes) et le faible
effectif des femmes âgées de 46-49 ans expliqueraient ces
anomalies. Par ailleurs, la baisse observée à 49 ans en 1998 peut
être due à une omission de naissances due à la
déficience de mémoire, à un rajeunissement ou un
vieillissement fictif des femmes (dans le premier cas, la femme baisse son
âge pour se montrer encore jeune et, dans le deuxième cas,
l'enquêteur estime l'âge de la femme à un âge
élevé pour éviter certaines questions). Le rajeunissement
de la femme fait augmenter les parités moyennes trouvées pour les
âges inférieurs et le vieillissement soustrait ces femmes dans le
calcule de la parité moyenne.
Graphique3.3 : Evolution des parités moyennes selon
l'âge de la mère
12
|
|
|
|
|
|
|
|
10
|
|
|
|
|
8
|
|
|
|
|
6
|
|
|
|
|
4
|
|
|
|
|
2
|
|
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1992
|
Age
1998
|
2003
|
|
Les méthodes indirectes d'estimation du taux de
fécondité général (TFG) permettent de se prononcer
sur la qualité des déclarations du nombre d'enfants nés
vivants par femmes. Soient P2, P3 et P4 les parités moyennes des femmes
âgées respectivement de 20-24 ans, 25-29 ans et 30-34 ans
révolus. On estime le taux de fécondité
général de deux manières différentes: TFG=
(P3)2/P2 ou TFG = P2(P4/P3)4. Selon Rachad et Brass
(1979) si la valeur minimale du taux de fécondité global (TFG)
obtenu à partir de ces deux formules est supérieure à la
parité moyenne des femmes âgées de 45-49 ans, on peut
conclure que les femmes ont probablement omis des enfants dans leurs
déclarations.
Tableau 3.3 : Les taux de fécondité
général obtenus méthodes indirectes d'estimation de Rachad
et Brass
EDS
|
(P3)2/P2
|
P2(P4/P3)4
|
Min ((P3)2/P2, P2(P4/P3)4)
|
Parités déclarées des femmes
de 45-49ans
|
EDSBF-III
|
5, 40
|
6,39
|
5, 40
|
6,04
|
EDSGF-II
|
5, 76
|
6,51
|
5, 76
|
6,47
|
EDSBF-I
|
5, 52
|
6,27
|
5, 52
|
6,29
|
Les valeurs minimales étant (5,40, 5,76 et 5,52)
étant inférieures aux parités déclarées par
les femmes âgées de 45-49 ans (respectivement 6,04, 6,47 et 6,29),
on peut conclure que la déclaration des enfants nés vivants est
relativement bonne comme l'atteste d'ailleurs la figure 3.4.
Graphique3.4: Evolution des parités moyennes selon le
groupe d'âge de la mère
|
Parités moyennes selon le groupe d'âges de la
mère
|
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
llubSs moyeonek
) .- N La A ln Cl 1 OD D C
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49
Groupe d'âge de la mère
|
|
2003 1998 1992
|
|
|
Le tableau ci-après donne le nombre d'enfants nés
vivants par groupes d'âges quinquennaux de la mère.
Tableau 3.4: Répartition des enfants nés vivants et
des enfants décédés selon le groupe d'âges de la
mère
Période
|
Groupe d'âges
|
Effectifs des mères
|
Nombre d'enfants né vivants
|
Nombre d'enfants décédés
|
Parité atteinte
|
Proportion des décès
|
1999-2003
|
15-19
|
2777
|
538
|
61
|
0,19
|
0,11
|
20-24
|
2243
|
2467
|
317
|
1,29
|
0,13
|
25-29
|
1988
|
2686
|
333
|
2,64
|
0,12
|
30-34
|
1600
|
2084
|
216
|
3,94
|
0,10
|
35-39
|
1535
|
1611
|
189
|
4,99
|
0,12
|
40-44
|
1257
|
905
|
113
|
5,71
|
0,12
|
45-49
|
1077
|
354
|
51
|
6,04
|
0,14
|
Total
|
12477
|
10645
|
1280
|
|
|
1994-1998
|
15-19
|
1474
|
321
|
57
|
0,22
|
0,18
|
20-24
|
1183
|
1396
|
225
|
1,4
|
0,16
|
25-29
|
1045
|
1505
|
210
|
2,84
|
0,14
|
30-34
|
849
|
1125
|
157
|
4,17
|
0,14
|
35-39
|
816
|
991
|
120
|
5,38
|
0,12
|
40-44
|
600
|
466
|
82
|
6,16
|
0,18
|
45-49
|
478
|
149
|
26
|
6,47
|
0,17
|
Total
|
6445
|
5953
|
877
|
|
|
1988-1993
|
15-19
|
1480
|
362
|
58
|
0,24
|
0,16
|
20-24
|
1221
|
1391
|
181
|
1,38
|
0,13
|
25-29
|
1142
|
1576
|
187
|
2,76
|
0,12
|
30-34
|
914
|
1163
|
110
|
4,03
|
0,09
|
35-39
|
723
|
811
|
91
|
5,15
|
0,11
|
40-44
|
507
|
393
|
59
|
6,93
|
0,15
|
45-49
|
367
|
132
|
22
|
6,29
|
0,17
|
Total
|
6354
|
5828
|
708
|
|
|
3.3.3 Evaluation de la qualité de l'âge au
décès
a) Evolution des proportions des décès
d'enfants selon l'âge déclaré des mères
On s'attendrait à ce que les naissances qui surviennent
aux jeunes et aux âges élevés donnent lieu à des
risques de décès plus élevés que ceux des
âges intermédiaires. En effet comme l'indique la revue de la
littérature, le risque de décès est élevé
chez les enfants issus de mères jeunes et mères
âgées du fait non seulement de l'immaturité (mères
moins de 20 ans) et de la fatigue biologique (mères âgées
de plus de 35 ans), mais aussi et surtout à cause des comportements
différentiels en matière de suivi médical de la grossesse,
de l'accouchement et du nouveau-né. Tout écart par rapport
à ce constat peut traduire une mauvaise déclaration des enfants
décédés.
On remarque (Figure3.6) que l'évolution des proportions
ne suit pas cette règle. On observe que la courbe des proportions des
décès présente une allure irrégulière pour
les trois sources de données. Ce qui montre une mauvaise
déclaration des décès surtout chez les femmes ayant un
âge élevé qui présentent souvent un déficit
de mémoire.
Graphique 3.5: Evolution des proportions des décès
selon le groupe 'âges
|
|
3,50 3,00 2,50 2,00 1,50 1,00 0,50
|
|
0,00
|
|
2003 1998 Ag 1992
|
|
|
Mais en regroupant les femmes par tranche d'âges
quinquennaux, observe une allure assez régulière des courbes des
proportions des décès (Figures 3.7). Ce qui montre que
malgré les distordions observées dans la déclaration des
décès quand on considère les unités d'âges,
celle-ci a été dans l'ensemble satisfaisante.
Graphique3.6: Evolution des proportions des décès
selon le groupe 'âges
|
Proportion des enfants décédés par groupe
d'âges de la mère
3
|
2,5
2
1,5
1
0,5
R-opertion des erfaols decedi
0N.)
) in .-2(:)," N.) In u
0
|
|
|
|
|
|
|
|
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49
Groupe d'âges
|
|
2003 1998 1992
|
|
|
b) Evaluation de la qualité des données
à partir de la distribution par âge des enfants
décédés
Pour évaluer la qualité des données sur
l'âge, nous allons commencer par évaluer les taux de non
réponse. Ainsi, nous avons trouvé des taux de non réponse
(cf. Tableau 3.5) qui ne sont pas de nature à influencer
significativement la déclaration des âges au
décès.
Tableau 3.5 : Proportions des âges au décès
non déclarés
Année
|
Effectifs
|
Proportions (%)
|
2003
|
9
|
0,1
|
1998
|
1
|
0,01
|
1992
|
2
|
0,03
|
L'analyse biométrique de la mortalité des
enfants postule que la distribution des décès est uniquement
fonction de l'âge (Akoto, 1996). Dans les pays en développement,
l'insuffisance du suivi médical de la grossesse, de l'accouchement et du
nouveau-né, joint à d'autres facteurs culturels, entraînent
le plus souvent un nombre important de décès au cours du premier
moi de vie. Ce nombre de décès diminue
régulièrement au fur et à mesure que les enfants avancent
en âge. Cette tendance est confirmée par la proportion des
décès néonatals dans la mortalité infantile qui ne
devrait pas s'écarter de un tiers (Akoto, 1985). Le calcul de la
proportion des décès néonataux dans la mortalité
infantile, à partir des données de l'EDSBF-III, de l'EDSBF-II et
de l'EDSBF-I donne respectivement les valeurs suivantes 0,40, 0,42 et 0,48
(tableau3.6). Les proportions ainsi trouvées sont supérieures
à un tiers, on peut donc dire que la déclaration des
décès selon l'âge au décès n'est pas de
très bonne qualité. Cependant on remarque une déclaration
relativement bonne pour l'EDS de 2003 par rapport à l'EDS de 1993. Par
ailleurs, il existe des enfants dont leur âge au décès n'a
pas été déclaré (tableau 3.5). Mais ces proportions
sont faibles pour compromettre l'utilisation des ces données.
Tableau 3.6: Proportion des décès néonatals
parmi les décès infantiles selon les EDS
Age au décès
|
2003
|
1998
|
1992
|
0-28 jours
|
306
|
238
|
225
|
0-11 mois révolus
|
772
|
569
|
466
|
Proportion des décès néonatals dans
la mortalité infantile
|
0,40
|
0,42
|
0,48
|
Synthèse partielle
En définitive, nous avons pu évaluer la
qualité des données permettant d'étudier la
mortalité des enfants au Burkina. L'enregistrement des naissances et des
décès est relativement fiable en raison du type d'enregistrement
(EDS). Les données anciennes (1998- 1993) et les données
récentes sont de qualité équivalente et, bien que ne
couvrant pas exactement les mêmes femmes, fournissent des
résultats comparables.
Malgré les insuffisances liées à la
méthodologie des trois enquêtes (indisponibilité des
informations sur les enfants dont les mères sont
décédées à la date de l'enquête par exemple)
et à la qualité des données sur l'âge, la
parité et les décès, les données utilisées
dans cette étude permettent de faire une analyse sans s'éloigner
de la réalité. En effet, après regroupement des âges
en des groupes d'âges d'amplitude cinq, les données se sont
révélées de qualité satisfaisante pour mener une
étude de qualité acceptable.
Dans ce chapitre, nous avons essayé de présenter
et d'évaluer la qualité des données des Enquêtes
Démographiques et Santé (EDS) de 1993, 1998 et de 2003 qui
constituent nos sources de données utilisées dans cette
étude. Les informations recueillies lors de ces trois enquêtes
sont relativement de bonne qualité malgré l'existence de quelques
imperfections. La présentation des méthodes d'analyse qui seront
utilisées dans les analyses a clôturé ce chapitre.
Après avoir présenté et
évalué la qualité des données utilisées et
choisit la méthode d'analyse appropriée, nous allons entrer dans
les analyses proprement dites. Ce dernier chapitre aura pour objectif de
vérifier empiriquement les hypothèses de cette étude. Les
résultats obtenus vont permettre de formuler par la suite des
suggestions que se soient au niveau de la perspective de recherche ou au niveau
des stratégies en matière de santé.
CHAPITRE IV: PRATIQUES PREVENTIVES DES MERES
EN MATIERE DE SOINS DE SANTE ET MORTALITE INFANTILE
Le présent chapitre s'attelle à l'analyse des
données des trois enquêtes utilisées dans cette
étude. Il s'agit essentiellement d'une analyse descriptive des facteurs
de la mortalité infantile liés aux pratiques préventives
des mères en matière de soins de santé.
L'exploitation des données porte sur une cohorte de
8994 enfants pour l'EDS-III (2003), de 5886 enfants pour l'EDS-II (1998) et de
5688 enfants pour l'EDS-I (1992), nés vivants dont l'âge varie
entre zéro et onze mois révolus. L'analyse est menée selon
les groupes de variables relatives au suivi médical de la grossesse et
de l'accouchement (soins prénatals), à la vaccination des enfants
et enfin à la nutrition. Les variables d'identification sociale de la
mère et les variables liées au contexte nous servent de variables
de contrôle des différentes relations éventuelles entre le
risque de décès infantile et les facteurs préventifs
susénumérés.
4.1 Pratiques des mères en matière de suivi
médical de la grossesse et de l'accouchement et risque de
mortalité infantile
La grossesse et l'accouchement sont des périodes
à risque pour la femme et l'enfant à naître. Ces risques
sont en grande partie maîtrisés par des mesures de surveillance
prénatale, une assistance qualifiée au moment de l'accouchement
et de suites de couches. Les soins prénatals le lieu et l'assistance
à l'accouchement diminuent le risque de décès des enfants
et/ou de la mère en détectant les grossesses à risques. Le
comportement des mères en matière de suivi médical de la
grossesse et de l'accouchement est approché ici à travers la
durée de la grossesse au moment de la première visite
prénatale, le nombre de visites prénatales, le nombre
d'injections antitétaniques reçues par la mère au moment
de la grossesse, le lieu et l'assistance à l'accouchement.
4.1.1 Age de la grossesse au moment de la première
visite prénatale
Au cours de chacune des trois enquêtes, il a
été demandé à chacune des femmes
enquêtées ayant eu au moins un enfant au cours des cinq
dernière années précédents l'enquête, le
temps qui s'est écoulé entre la conception de la grossesse et le
moment de la première visite prénatale (les réponses ont
été enregistrées en nombre de mois). En se
référant à la revue de la littérature et à
la répartition des effectifs, nous avons été amené
à crée un indicateur à trois
modalités. Il s'agit notamment des enfants n'ayant
bénéficié d'aucune visite prénatale, de ceux dont
les mères ont effectué la première consultation au cours
des trois premiers mois de la grossesse, et enfin de ceux pour lesquels la
première visite a eu lieu a partir de trois mois ou plus après la
conception.
On constate que pour l'EDSBF-III (2003), près d'un
enfant sur quatre n'a bénéficié d'aucune visite
prénatale (figure 4.1). Parmi les enfants qui en ont
bénéficié 29,67% des enfants proviennent des mères
ayant effectuées leur premier contrôle au cours des trois premiers
mois de la grossesse.
Graphique4.1: Répartition des enfants de moins d'un an
selon l'âge de la grossesse au moment du premier contrôle
prénatale
1992 1998 2003
|
39,36
|
|
38,24
|
|
|
46,73 29,67
|
|
|
|
26,39
|
|
21,85 38,79
|
|
|
|
35,37
|
|
23,60
|
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Aucune visite Au cours des 3 mois Après 3 mois
Tableau 4.1: Evolution de la variation du risque
de mortalité infantile selon l'âge de la grossesse au moment de la
première visite prénatale
Période
|
Durée de la grossesse au moment de la première
visite
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
Aucune visite prénatale
|
122,57
|
0,003***
|
Visite au cours des 3 premiers mois
|
63,92
|
Visite prénatale après 3 mois
|
76,58
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
Aucune visite prénatale
|
130,45
|
0,00***
|
Visite au cours des 3 premiers mois
|
86,86
|
Visite prénatale après 3 mois
|
95,53
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
Aucune visite prénatale
|
123,95
|
0,001**
|
Visite au cours des 3 premiers mois
|
98,32
|
Visite prénatale après 3 mois
|
71,90
|
Ensemble
|
95,11
|
*** Significatif au seuil de 1%
|
Pour l'EDSBF-II (1998), 35,37% des enfants n'ont
bénéficié d'aucune consultation prénatales et parmi
ceux qui ont bénéficié d'au moins une visite
prénatale, 26,4% appartiennent aux femmes ayant effectuée leurs
premiers contrôles au cours des trois premiers mois de la grossesse
contre 38,24% dont les mères ont attendu quatre mois ou plus avant de
contacter un personnel de santé. Enfin, pour l'EDSBF-I (1993), 38,8% des
enfants sont issus des mères qui n'ont eu recours à aucune visite
prénatale au cours de la grossesse contre 61,45% qui ont
bénéficié d'au moins une consultation.
On remarque que la proportion des enfants n'ayant
bénéficié d'aucune visite prénatale va
décroissant de l'EDSBF-I à l'EDSBF-III. Cette proportion est
passée de 38,8% en 1992 à 23,6% en 2003. Ainsi, les femmes
recourent de plus en plus aux visites prénatales même si cela se
fait un peu tardivement. Par ailleurs, on remarque que ces proportions sont
très variables suivant le niveau d'instruction de la mère et le
milieu de résidence. En effet, les enfants qui n'ont
bénéficié d'aucune visite prénatale proviennent des
mères vivant en milieu rural (98,24% entre 1999 et 2003, 98,97% entre
1994 et 1998 et 96,09% entre 1988 et 1993), sans niveau d'instruction (97,54%
entre 1994 et 1998 et entre 1988 et 1993, 97,17% entre 1999 et 2003) et sont
généralement agricultrices (84,76% 1999 et 2003, 51,63% 1994 et
1998 et 33,92% 1988 et 1993) (annexe 3).
Ce comportement des mères n'est pas sans
conséquence sur la survie des enfants. Comme on s'y attendait, on
remarque, sur les trois périodes, une association significative entre
l'âge de la grossesse au moment de la première visite et le risque
de décès infantile (Tableau4.1).
La différence est nette entre les enfants dont les
mères ont effectué au moins une visite prénatale et ceux
dont les mères n'ont effectué aucune visite, et cela se
vérifie quelque soit la durée de la grossesse et quelque soit la
période d'étude. Le risque de décès des enfants qui
n'ont bénéficié d'aucune visite est plus de 1,5 fois
élevé que celui de ceux dont les mères ont effectué
au moins une consultation et cela pour les trois périodes
d'études. On constate en outre, pour toute la période
d'études qu'il n'existe pas de différence significative de risque
de décès entre les enfants dont les mères ont
effectué au moins une visite prénatale quelle que soit la
durée de la grossesse.
Cependant, le risque de décès infantile
lié à ce comportement de la mère a considérablement
diminué entre 1988 et 2003. Pour les enfants dont les mères n'ont
eu
recours à aucune consultation prénatale, ce
risque a suivi une baisse de 5% entre 1988 et 1993 et une baisse encore
importante entre 1999 et 2003 (6,1%).
La variation du risque de décès infantile en
fonction du moment de la première visite prénatale pourrait
s'expliquer par la relation que celui-ci entretient avec le nombre de visites
prénatales effectuées et le nombre d'injections
antitétaniques reçues par la mère pendant la grossesse. En
effet, les femmes ayant débuté tôt leurs consultations
prénatales ont plus de chance (sous les conseils des personnels de
santé) d'effectuer le nombre adéquat de visites médicale
de la grossesse et d'injections antitétaniques pour protéger le
foetus et accoucher dans de meilleures conditions. Cela se justifie par le fait
que les visites médicales sont régulièrement
espacées dans le temps et que les injections antitétaniques sont
administrées, dans la plus part des cas, au cours des contrôle de
la grossesse.
4.1.2 Nombre de visites prénatales
Tout comme la durée de la grossesse au moment de la
première visite prénatale, les EDS de 1993, 1998/99 et de 2003
ont également saisi les informations sur le nombre de visites
prénatales effectuées par les femmes ayant eu des naissances au
cours des cinq dernières années qui ont
précédées les différentes enquêtes. Nous
avons constitué, à partir de ces informations, un indicateur
mesurant le nombre de visites prénatales.
On remarque que jusqu'en 2003, près d'un enfant sur
quatre n'a bénéficié d'aucune visite prénatale. Ce
nombre était presque de deux enfants sur cinq entre 1988 et 1993 et
entre 1994 et 1998 (figure 4.2). Les femmes ont de plus en plus recourt aux
visites prénatales pendant la grossesse. Comme l'indique la figure4.2,
la proportion des femmes ayant eu recourt à plus de trois visites
prénatales pendant la grossesse a augmenté entre 1992 et 2003.
On remarque également que ces proportions sont
très variables suivant le milieu de résidence et le niveau
d'instruction de la mère (le même constat que la durée de
la grossesse au moment de la première visite).
Graphique4.2: Répartition des enfants de moins d'un an
selon le nombre de visites prénatales effectuées pendant la
grossesse
|
47,43
|
|
|
|
50,83
|
|
|
52,61
|
|
|
|
15,84 36,73
|
|
15,99 33,19
|
|
24,09
|
|
23,30
|
1992 1998 2003
Aucune visite 1 è 2 visites Plus de 3 visites
100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%
Tableau 4.2: Evolution de la variation du risque de
mortalité infantile selon le nombre de visites prénatales
effectuées par la mère durant la grossesse.
Période
|
Nombre de visites prénatales
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
Aucune visite prénatale
|
122,57
|
0,005***
|
Une à deux visites prénatales
|
89,36
|
Plus de trois visites prénatales
|
71,74
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
Aucune visite prénatale
|
136,36
|
0,00***
|
Une à deux visites prénatales
|
100,02
|
Plus de trois visites prénatales
|
86,48
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
Aucune visite prénatale
|
127,37
|
0,009***
|
Une à deux visites prénatales
|
67,61
|
Plus de trois visites prénatales
|
85,55
|
Ensemble
|
95,11
|
*** Significatif au seuil de 1%
|
On constate une association significative entre le nombre de
visites prénatales effectuées par la mère et la
mortalité des enfants des moins d'un an (Tableau 4.2). Les enfants dont
les mères n'ont effectué aucune visite médicale courent
presque 1,7 fois plus de risque de décès que les autres ayant
bénéficié d'au moins trois contrôles de la grossesse
et cela pour les trois périodes considérées.
Comparé aux enfants dont les mères n'ont effectué aucune
visite prénatale, on observe, pour les trois périodes
d'étude, un écart de l'ordre 27,1% de risque de mortalité
en faveur de ceux qui ont bénéficié d'un à deux
contrôles prénataux.
Par ailleurs, pour les enfants nés en milieu urbain,
ceux dont les mères n'ont eu recours à aucune visite
prénatale cours en moyenne 2,5 fois plus de risque de
décéder que
leurs camarades qui ont bénéficié d'au
moins trois visites prénatales par contre pour ceux nés en milieu
rural l'écart de risque entre les deux groupes est en moyenne de 1,25
(Annexe 1) Concernant le niveau d'instruction, les enfants nés des
mères sans niveau, ceux qui n'ont bénéficié d'aucun
suivi médical de la grossesse ont environ 1,6 fois moins de chance de
survivre que les autres qui ont bénéficié de trois visites
au moins. Par contre, les enfants dont les mères ont un niveau
d'instruction primaire et secondaire ou plus le risque de décès
ne varie pas beaucoup entre les différentes modalités de la
variable "nombre de visites prénatales".
Ces résultats semblent confirmer les observations
faites par Grenier et Gold (1986), qui stipulent que le contrôle
médical permet d'éviter, sinon de réduire, le risque de
malformation du foetus conduisant le plus souvent au décès des
enfants en bas âge, de moitié. Tout comme la durée de la
grossesse au moment de la première visite, les écarts de risque
de mortalité infantile entre les différents groupes se sont
réduits au cours du temps. Cette réduction pourrait s'expliquer
par le recours de plus en plus aux visites prénatales. Plusieurs
facteurs entre en jeux pour expliquer cette situation. Elle dépendrait
non seulement, de leur perception du système traditionnel de soins, mais
également de leur capacité de se détacher des rites ou des
habitudes traditionnelles ainsi que de leur situation économique.
4.1.3 Injection antitétanique reçue par la
mère pendant la grossesse.
Les informations contenues dans les trois enquêtes nous
ont permis de constituer un indicateur répartissant les enfants
nés au cours des cinq dernières années qui ont
précédées chacune des trois EDS, selon le nombre
d'injections antitétaniques reçues par la mère au cours de
la grossesse. La vaccination antitétanique vise à immuniser les
mères contre le tétanos et surtout à prévenir le
tétanos qui menacerait les enfants nés à domicile sans
précaution d'asepsie.
Pour une protection plus ou moins complète, une femme
enceinte devrait recevoir deux doses de vaccin. Selon Letonturier (1996), la
réception de quatre doses d'injections antitétaniques par la
mère au moment de la grossesse immunise l'enfant contre les infections
tétaniques qui peuvent l'affecter au cours de l'accouchement.
On remarque qu'entre 1988 et 1992 près deux enfant sur
cinq (44,30%) sont nés des mères qui n'ont reçu aucune
injection antitétaniques au cours de la grossesse contre un sur
trois dont la mère n'a reçu aucune injection
antitétanique (Figure 4.3) entre 1999 et 2003. Les proportions des
mères ayant reçu une ou deux injections antitétaniques au
cours de la grossesse sont respectivement de 44,13% entre 1988 et 1993, de
54,37% entre 1994 et 1998 et de 59,76% entre 1999 et 2003. La proportion des
femmes ayant reçu au moins une injection antitétanique au cours
de la grossesse a augmenté au cours du temps même si la proportion
de celles qui ont reçus plus de trois injections a diminué en
2003. Cela traduit la faiblesse du pourcentage de femmes enceintes
protégées contre le tétanos néonatal au Burkina
Faso au cours des périodes 1988-1993 et 1994-1998, ce qui n'est pas sans
conséquence sur la survie des enfants en bas âge.
Graphique4.3: Répartition des enfants de mois d'un an
selon le nombre d'injections antitétaniques reçues par la
mère au cours de la grossesse
1992 1998 2003
|
11,56
|
|
14,43
|
|
8,42
|
|
|
44,13
|
|
|
|
|
|
|
|
|
54,37
|
|
59,76
|
|
|
44,30
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
31,20
|
|
31,81
|
|
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Aucune injection 1_2 injections Plus de 3 injections
Tableau 4.3: Evolution de la variation du risque de
mortalité infantile selon le nombre d'injections antitétaniques
reçues par la mère durant la grossesse
Période
|
Nombre de vaccins antitétaniques reçus par
la mère au cours de la grossesse
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
Aucune injection antitétanique
|
116,86
|
0,0013***
|
une ou deux injections antitétaniques
|
89,51
|
Au moins 3 injections antitétaniques
|
66,96
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
Aucune injection antitétanique
|
135,07
|
0,006***
|
une ou deux injections antitétaniques
|
100,35
|
Au moins 3 injections antitétaniques
|
83,70
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
Aucune injection antitétanique
|
126,36
|
0,00***
|
une ou deux injections antitétaniques
|
80,75
|
Au moins 3 injections antitétaniques
|
88,37
|
Ensemble
|
95,11
|
*** significatif au seuil de 1%
|
On remarque une forte corrélation entre le nombre
d'injections antitétanique reçues par la mère au cours de
la grossesse et la mortalité des enfants de moins d'un an (tableau 4.3).
Les enfants dont les mères n'ont reçu aucune injection
antitétanique au cours de la grossesse courent presque deux fois plus de
risque de mortalité que ceux dont les mères ont eu au moins trois
injections et cela quelque soit la période d'étude. Ce risque va
en diminuant dans le temps, il était de 126,36(%o) entre 1988 et 1993 et
atteint 116,86(%o) entre 1999 et 2003. Par contre, il n'existe, quelque soit la
période d'étude que nous avons considéré ici,
presque pas de différence significative de mortalité entre les
enfants dont les mères ont reçu respectivement une ou deux
injections antitétaniques et au moins trois injections
antitétaniques. Ce qui importe plus pour la survie des enfants, c'est de
tout faire pour recevoir au moins une injection antitétanique au cours
de la grossesse.
Toutes choses étant égale par ailleurs,
l'injection antitétanique permet de faire face aux facteurs
endogènes de la mortalité des enfants en bas âge. Le vaccin
antitétanique réduit donc le risque d'infection par certaines
maladies tel que le tétanos au cours de l'accouchement et durant les
premiers mois de vie de l'enfant. Dans les milieux ruraux où les
pratiques dominants prônent l'accouchement à domicile favorisant
ainsi l'infection par le tétanos néonatal, il parait important de
développer des campagnes de sensibilisation des femmes enceintes afin
qu'elles se fassent vacciner au moment de la grossesse.
4.1.4 Lieu et assistance à
l'accouchement
Les trois EDS réalisé au Burkina ont
enregistré des informations détaillées sur le lieu et
l'assistance à l'accouchement, à partir desquelles nous avons
constitué les indicateurs du lieu et d'assistance à
l'accouchement. Les effets négatifs de l'insuffisance des soins
précédemment énumérés peuvent être
atténués par un choix adéquat des conditions de
l'accouchement. Ces conditions dépendent essentiellement du lieu et de
l'assistance à l'accouchement. Le lieu de l'accouchement permet d'avoir
une idée des conditions d'hygiènes dans lesquelles a eu lieu la
naissance. Ainsi, à partir de l'indication du lieu de l'accouchement, on
distingue les enfants nés à domicile de ceux qui ont vu le jour
dans un centre de santé.
On constate que jusqu'à récemment (entre 1999 et
2003) plus de deux enfants sur cinq (45,94%) sont nés à domicile.
Cette proportion était de 63,71% entre 1988 et 1993 et de 58,78% entre
1994 et 1998. Parmi les enfants nés au cours des différentes
périodes de référence un peu plus de trois enfants sur dix
ont vu le jour dans un centre de santé entre 1988
et 1992 (32,4%) et quatre sur dix entre 1994 et 1998 et plus
d'un enfant sur deux, entre 1999 et 2003. Ces proportions ont peu varié
dans le temps. Néanmoins, on constate que les femmes accouchent de plus
en plus dans les centres de santé.
Graphique4.4: Répartition des enfants de moins d'un an
selon le lieu de l'accouchement.
|
36,29
|
|
41,22
|
|
|
|
|
|
|
|
|
54,06
|
|
|
63,71
|
|
58,78
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
45,94
|
|
1992 1998 2003
Domicile Centre de santé
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Graphique4.5: Répartition des enfants selon la
qualité du personnel ayant assisté à l'accouchement
100%
40%
20%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
10%
0%
75,53
Autre personne Personne Personnel de santé
11,67
12,80
1992 1998 2003
68,30
12,43
19,27
23,74
60,68
15,58
En ce qui concerne l'assistance à l'accouchement, on
remarque que seulement un enfant sur dix (11,67%) a
bénéficié de la supervision d'un personnel de santé
entre 1988 et 1993 contre près d'un sur quatre (23,74%) entre 1999 et
2003. La majorité des femmes qui ont une naissance entre 1988 et 1993 et
entre 1994 et 1998 ont préféré être seule au moment
de la délivrance (12,80% entre 1988 et 1993 et 19,27% entre 1994 et
1998) ou être assistées par d'autres personnes telles que les
accoucheuses traditionnelles et leurs parents ou amis
(75,53% entre 1988 et 1993 et 68,30% entre 1994 et 1998). La
pratique dominante est alors l'assistance d'autres personnes telles que les
accoucheuses traditionnelles, les parents et amis de la parturiente. Tout comme
le lieu de l'accouchement, les femmes ont recourt de plus en plus aux
personnels de santé pendant l'accouchement.
On remarque une forte corrélation entre le lieu de
l'accouchement et la mortalité infantile (Tableau 4.4). Les enfants
nés a domicile cours plus de risque de décès que ceux
nés dans un centre de santé cela quelque soit la période
d'étude considérée. Ce constat confirme les observations
faites par plusieurs études menées en Afrique et mettant l'accent
sur l'efficacité des centre de santé à réduire, en
dépit de leurs insuffisance, le risque d'infection par certaines
maladies au cours de l'accouchement. On remarque par ailleurs, que les
écarts de risque de décès ne se sont pas significativement
réduits au cours du temps.
On note également qu'en contrôlant le milieu de
résidence, les enfants qui ont vu le jour à domicile courent plus
de risque de décéder en milieu rural qu'en milieu urbain (74,06%
contre 101,34% en 2003 par exemple) (Annexe 2). On fait également le
même constat en ce qui concerne le niveau d'instruction. En effet, on
remarque que les enfants né à la maison et des mères sans
niveau courent plus de risque (100,88% en 2003) que ceux issus des mères
de niveau primaire ou plus (96,69% pour le niveau primaire et 51,91% pour le
niveau secondaire ou plus en 2003) (Annexe 2).
Tableau 4.4: Evolution de la variation du risque
de mortalité infantile selon le lieu d'accouchement
Période
|
Lieu d'accouchement
|
Risque de décéder (%)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
Domicile
|
105,57
|
0,001***
|
Centre de santé
|
82,54
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
Domicile
|
119,48
|
0,0031***
|
Centre de santé
|
88,10
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
Domicile
|
110,57
|
0,02**
|
Centre de santé
|
83,90
|
Ensemble
|
95,11
|
*** significatif au seuil de 1% ** significatif au seuil de 5%
|
L'effet positif de l'accouchement dans les services de
santé sur la chance de survie des enfants de moins d'un an pourrait
s'expliquer par les conditions hygiéniques et la qualité du
personnel superviseur du travail d'accouchement, toutes choses étant
égales par ailleurs. En effet, dans les établissements de
santé, la plupart des pratiques traditionnelles utilisées pour
extraire l'enfant au moment de l'accouchement et pour couper le cordon
ombilicale sont interdites à cause justement de la
légèreté des soins y afférents. Le personnel de
santé suit de près l'évolution de la grossesse et de
l'accouchement et administre les différents soins nécessaires au
bon déroulement de toutes les opérations ayant trait à
l'accouchement
Tableau 4.5: Evolution de la variation du risque de
mortalité infantile selon l'assistance à l'accouchement
Période
|
Assistance à l'accouchement
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
Personne
|
100,82
|
0,23 (ns)
|
Autre personne
|
92,96
|
personnel de santé
|
89,50
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
Personne
|
138,53
|
0,17 (ns)
|
Autre personne
|
105,07
|
personnel de santé
|
98,09
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
Personne
|
113,82
|
0,71 (ns)
|
Autre personne
|
111,69
|
personnel de santé
|
95,72
|
Ensemble
|
95,11
|
Ns non significatif au seuil de 10%
|
Concernant l'assistance à l'accouchement, on remarque
une corrélation non significative entre cette variable et le risque de
mortalité infantile. On constate un écart de risque de
décès entre les enfants nés dans un centre de santé
sous la supervision probable d'un personnel médical et les autres.
En définitive, l'explication qu'on serait tenté
de donner à la baisse de la mortalité infantile est la
vaccination antitétanique des femmes enceintes à travers les
visites prénatales. En effet, les pratiques d'accouchement et
d'assistance à l'accouchement n'ont pratiquement pas changé
depuis 1988 au Burkina Faso. La grande majorité des femmes accouchent
toujours dans leur domicile (toujours 56,5% entre 199 et 2003), sans aucune
aide médicale ou paramédicale (toujours 61% ont
préféré être seule au moment de la délivrance
ou être
assistées par d'autres personnes telles que les
accoucheuses traditionnelles et leurs parents). Il est donc peu probable que
les décès néonatals dus aux difficultés de la
grossesse ou de l'accouchement aient diminuées. Le principal changement
a été le recours massif à au moins une consultation
médicale au cours de la grossesse qui a probablement induit un recours
massif à la vaccination antitétanique chez les femmes enceintes.
Cette situation dépendrait non seulement, de leur perception du
système traditionnel de soins, mais également de leur
capacité de se détacher des rites ou des habitudes
traditionnelles ainsi que de leur situation économique. Ces derniers,
eux-mêmes, pourraient dépendre de l'amélioration de
l'instruction des femmes et la promotion des valeurs modernes.
4.2. Vaccination des enfants et mortalité
infantile
Hormis les soins prénatals, la vaccination constitue un
élément prépondérant pour la préservation de
la santé et de la réduction du risque de mortalité des
enfants. Après leur naissance, les enfants doivent
bénéficier de soins qui permettront de préserver leur
santé contre un certain nombre de maladies. Cette préservation se
fait sous forme de vaccination. En effet, l'OMS recommande un programme
élargi d'immunisation des enfants avant leur premier anniversaire contre
les différentes maladies de l'enfance. Ce programme élargi de
vaccination (PEV) de l'organisation Mondiale de la Santé, simple et
efficace, programme qui a débuté au Burkina Faso en juin 1980,
permet de tenir en échec six maladies infectieuses meurtrières
(tuberculose, diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite
et rougeole) et par conséquent de réduire d'une façon
significative la mortalité des enfants. La vaccination des enfants en
bas âge contre les six principales maladies de l'enfance constitue un
pilier majeur de l'action entreprise en faveur de la santé de
l'enfant.
Nous appréhendons ici, l'effet de la vaccination
à travers les types de vaccins et le nombre de vaccins reçus
avant le premier anniversaire. L'enquête a permis de connaître les
différents types de vaccins reçus par les enfants nés au
cours des cinq dernières années ayant
précédées les trois enquêtes
considérées. Nous avons crée, à partir de ces
informations, un indicateur relatif au statut vaccinal de l'enfant pour chaque
type de vaccin. Les principaux types de vaccins retenus sont le BCG, le DTP, la
rougeole et la poliomyélite. Nous avons constitué ces
différentes variables en tenant compte du fait que l'enfant ait
reçu ou non le vaccin en question, quel que soit le nombre d'injections
administrées.
4.2.1 Vaccination BCG
Les nouveaux nés sont susceptibles de recevoir le BCG
et bénéficier éventuellement de la vaccination
antitétanique de leur mère. On remarque que la couverture
vaccinale en BCG a peu varié entre 1988 et 2003. Cependant, en moyenne
quatre enfants burkinabés sur cinq nés entre 1988 et 2003 ont
été vaccinés contre la tuberculose (81,14% entre 1988 et
1992, 74,46% entre 1994 et 1998, 81,77% entre 1999 et 2003). La proportion
d'enfants vaccinés contre la tuberculose varie selon le milieu de
résidence et le niveau d'instruction de la mère. Les pourcentages
des enfants vaccinés passent de 94,6% en ville à 79,4% en milieu
rural, entre 1999 et 2003, de 95,3% à 66,1% entre 1994 et 1998, enfin de
81,8% en ville à 53.2% en milieu rural entre 1988 et 1993. Il en est de
même pour le niveau d'instruction de la mère. Plus de neuf enfants
sur dix (97,1%) nés des mères ayant le niveau secondaire ou plus
ont été vaccinés contre six enfants sur dix (61.2%)
nés des mères sans niveau au cours de la période
1999-2003. Le constat est pratiquement le même pour les autres
périodes. Cette situation peut s'expliquer par d'une part la
disponibilité des infrastructures sanitaires en milieu urbain et d'autre
part, par le fait que non seulement les femmes instruites (du fait de
l'instruction) prennent conscience de la santé de leurs enfants mais
aussi par le fait que la majeure partie des femmes instruites vivent en milieu
urbain.
Graphique4.6 : Répartition des enfants selon la
vaccination contre le BCG
100%
40%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
81,14
18,86
1992 1998 2003
Non vacciné Vacciné
25,54
74,46
81,77
18,23
Le tableau 4.6 semble donner raison aux mères ayant
vacciné leurs enfants contre la tuberculose avant le premier
anniversaire. On remarque une forte association entre la vaccination contre la
tuberculose et le risque de mortalité infantile. L'écart de
risque de
mortalité entre les enfants vaccinés et ceux non
vaccinés va en diminuant dans le temps. Toutes choses égales par
ailleurs, entre 1988 et 1993, les enfants non vaccinés avaient
près de six fois plus de risque de décéder que ceux
vaccinés (303,28%o contre 44,5%o) (Tableau 4.6). Ce désavantage
était près trois fois entre 1994 et 1998 et seulement de 1,5 fois
entre 1999 et 2003.
Tableau 4.6 : Evolution de la variation du
risque de mortalité infantile selon la vaccination contre la
tuberculose.
Période
|
Vaccination BCG
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
non vacciné
|
114,55
|
0,00***
|
vacciné
|
78,36
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
non vacciné
|
133,28
|
0,00***
|
vacciné
|
49,07
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
non vacciné
|
303,28
|
0,0001***
|
vacciné
|
44,50
|
Ensemble
|
95,11
|
*** significatif au seuil de 1%
|
Par ailleurs, on constate qu'en contrôlant le milieu de
résidence, en milieu rural, les enfants qui ont reçu le vaccin
contre la rougeole courent plus de risque que les enfants non vaccinés.
Le constat est le même pour les enfants nés de mères sans
niveau, quand on contrôle le niveau d'instruction (Annexe 5). En outre,
lorsqu'on contrôle la religion, on remarque que les enfants non
vacciné nés des mères musulmanes ont plus de risque de
décéder avant le premier anniversaire que les autres. Cette
situation peut s'expliquer par le fait que les femmes sans niveau vivant pour
la plupart du temps en milieu rural ont des comportements en matière
d'hygiène qui ne favorise pas l'effet bénéfique de la
vaccination.
4.2.2 Vaccination DTP
Tout comme la vaccination contre la tuberculose, la couverture
vaccinale de la vaccination contre la diphtérie n'a pas varié
significativement entre 1988 et 2003. La proportion des enfants vaccinés
varie entre 76,62% entre 1999 et 2003 et 72,71% entre 1988et 1993.
Graphique4.7: Répartition des enfants de moins d'un an
selon la vaccination contre la diphtérie.
100%
40%
20%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
10%
0%
27,29
72,71
1992 1998 2003
Non vaccine Vaccine
23,18
76,82
23,38
76,62
On remarque une forte corrélation entre la vaccination
contre la diphtérie et le risque de mortalité infantile.
L'écart de risque de mortalité entre les enfants vaccinés
et ceux non vaccinés va en diminuant dans le temps. Toutes choses
égales par ailleurs, entre 1988 et 1993, les enfants non vaccinés
avaient près de huit fois plus de risque de décéder que
ceux vaccinés (256,45%o contre 33,41%o) (Tableau 4.7). Ce
désavantage était de 1,6 fois entre 1994 et 1998 (114,44%o contre
90,86%o) et près de 1,7 fois entre 1999 et 2003 (124,02%o contre
74,36%o).
Tableau 4.7: Evolution de la variation du risque de
mortalité infantile selon la vaccination contre la diphtérie
Période
|
vaccination DTP
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
non vacciné
|
124,02
|
0,00'K'K'K
|
vacciné
|
74,36
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
non vacciné
|
114,44
|
0,00'K'K'K
|
vacciné
|
90,86
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
non vacciné
|
256,45
|
0,00'K'K'K
|
vacciné
|
33,41
|
Ensemble
|
95,11
|
'K'K'K significatif au seuil de 1%
|
4.2.3 Vaccination rougeole
La vaccination contre la rougeole, disponible depuis 1963,
constitue l'une des actions les plus efficaces moins onéreuses pour
réduire la morbidité et la mortalité infantile. C'est l'un
des constats du programme élargi de vaccination (PEV), initié en
1974 sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Dans le cadre du PEV, d'énormes efforts ont été
déployés au cours de ces vingt dernières années,
notamment par l'UNICEF, en vue de vacciner les enfants avant leur premier
anniversaire et augmenter la couverture vaccinale mondiale.
La vaccination contre la rougeole semble être moins
répandue que celles contre la tuberculose et la diphtérie au
Burkina Faso. Un peu plus d'un enfant sur deux a été
vacciné contre la rougeole entre 1988 et 1993 (54,08%) et entre 1994 et
1998 (57,25%), trois enfants sur cinq l'ont été entre 1999 et
2003 (62,25%) avant leur premier anniversaire (figure4.8). On remarque
également une variation importante des proportions des enfants
vaccinés contre la rougeole parmi les enfants nés entre 1988 et
2003 comparativement aux vaccins contre la tuberculose et la
diphtérie.
Cette situation peut s'expliquer par le fait que dès
que la vaccination contre la rougeole a été proposée pour
la première fois dans une population en Afrique (au Burkina Faso en
1961), elle a été acceptée sans réserve, car au
niveau des mères comme de la communauté, tous avaient
éprouvé la gravité de cette maladie. Au constat de son
efficacité, la vaccination contre la rougeole a été
considéré comme un nouveau pouvoir protecteur, à
l'instar des «protecteurs» traditionnels (amulettes, etc.) et
sans doute plus puissant (Cantrelle.P et Locoh.T, 1990). En plus, les essais
actuels en situation d'un vaccin précoce chez l'enfant de 4 mois au lieu
de 9 mois, peut également permettre d'améliorer la couverture
vaccinale. Ces essais laissent espérer la possibilité d'une
nouvelle étape dans la lutte contre cette affection.
Graphique4.8: Répartition des enfants de moins d'un an
selon la vaccination contre la rougeole
1992 1998 2003
|
54,08
|
|
57,25
|
|
62,36
|
|
|
45,92
|
|
42,75
|
|
37,64
|
|
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Non vaccine Vaccine
Tableau 4.8: Evolution de la variation du risque de
mortalité infantile selon la vaccination contre la rougeole
Période
|
Vaccination contre la rougeole
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
non vacciné
|
116,43
|
0,00***
|
Vacciné
|
80,16
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
non vacciné
|
133,16
|
0,00***
|
Vacciné
|
93,54
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
non vacciné
|
200,41
|
0,00***
|
vacciné
|
16,98
|
Ensemble
|
95,11
|
*** significatif au seuil de 1%
|
Le tableau 4.8 montre une forte corrélation entre la
vaccination contre la rougeole et la mortalité des enfants en bas
âge (mortalité infantile).Entre 1988 et 1993, les enfants non
vaccinés contre la rougeole avaient près de douze fois plus de
risque de décéder que ceux vaccinés (200,41%o contre
16,98%o) (Tableau 4.8). Ce désavantage était de 1,4 fois entre
1994 et 1998 (133,16%o contre 93,54%o) et entre 1999 et 2003 (7,3 contre 2,8).
Ce constat amène à penser qu'une vaccination massive des enfants
contre la rougeole pourrait améliorer positivement la survie des enfants
avant le premier anniversaire.
Toutes choses égales par ailleurs, la vaccination contre
la rougeole semble contribuer de façon sensible à la baisse de la
mortalité infantile au Burkina Faso.
4.2.4 Vaccination poliomyélite
La figure 4.9 montre que plus de huit enfants sur dix ont
été vaccinés contre la poliomyélite entre 1999 et
2003 (85,57%), contre huit enfants sur dix entre 1994 et 1998 (79,24%) et sept
enfants sur dix entre 1988 et 1993 (73,72%). On remarque en plus que les
enfants non vaccinés proviennent majoritairement des mères
résidents en milieu rural et sans niveau d'instruction. On devrait
pourtant s'attendre à ce que le taux de couverture en
poliomyélite ne soit pas tellement fonction de ces variables
précitées car l'administration de ce vaccin est assurée
par des équipes mobiles au Burkina Faso. Cette stratégie devait
permettre de mieux répondre aux besoins en vaccination des enfants en
milieu rural et des enfants dont les mères sont réfractaires
à l'utilisation des services de santé.
Graphique4.9: Répartition des enfants selon la vaccination
contre la poliomyélite
100%
40%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
73,72 26,28
|
|
79,24 20,76
|
|
85,57 14,43
|
|
1992 1998 2003
Non vaccine Vaccine
Tableau 4.9: Evolution de la variation du risque
de mortalité infantile selon la vaccination contre la
poliomyélite
Période
|
Vaccination contre la Poliomyélite
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
non vacciné
|
131,63
|
0,00***
|
Vacciné
|
77,53
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
non vacciné
|
113,99
|
0,00***
|
Vacciné
|
89,86
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
non vacciné
|
264,16
|
0,00***
|
vacciné
|
33,27
|
Ensemble
|
95,11
|
*** significatif au seuil de 1%
|
Le tableau 4.9 montre une association significative entre la
vaccination contre la poliomyélite et la mortalité infantile. Les
enfants non vaccinés contre la poliomyélite présentent un
risque de mortalité plus élevé que leurs camarades qui ont
reçu ce vaccin. En effet, le risque de décédés est
de 33,27%o pour les enfants vaccinés contre 264,16%o entre 1988 et 1993,
ce risque est de 89,86%o contre 133,99%o entre 1994 et 1998 et de 77,53%o
contre 131,63%o entre 1999 et 2003.
En définitive, la couverture vaccinale varie selon le
milieu de résidence et le niveau d'instruction de la mère. Ces
résultats confirment les conclusions avancées par plusieurs
études en matière de fréquentation des services de
santé par les femmes. Le niveau d'instruction imprime à la femme
un comportement favorable à l'utilisation des services de santé
modernes et le milieu de résidence influence l'accessibilité
géographique des centres médicaux. L'accès
différentiel des enfants à la vaccination semble induire une
nette discrimination en matière de mortalité. Mais la vaccination
reste un moyen efficace de lutte contre la mortalité infantile. Quelque
soit le milieu de résidence et le niveau d'instruction de la
mère, la vaccination reste efficace pour réduire le risque de
mortalité des enfants. Son association avec une nutrition saine et
complète est encore plus bénéfique pour assurer la survie
des enfants.
4.3. Pratiques nutritionnelles des mères et
mortalité infantile
Outre les pratiques des mères en matière de
soins prénatals et de vaccination de l'enfant, les pratiques
nutritionnelles des mères sont également importantes pour la
survie de l'enfant. Les variables retenues pour appréhender l'effet de
la nutrition sur la mortalité infantile concernent la durée
d'allaitement et le poids de l'enfant à la naissance.
4.3.1 Durée d'allaitement
Parmi les risques concernant la préservation de la
santé, l'allaitement au sein maternel est probablement le plus
universellement encouragé. Il est aussi celui dont l'évolution
pourrait remettre en cause la santé des enfants. L'effet positif de
l'allaitement sur la survie des enfants n'est plus à démontrer et
constitue l'argument sur lequel on se base pour organiser la lutte contre la
tendance à le remplacer par une alimentation artificielle. L'allaitement
maternel protège l'enfant contre la malnutrition et les agressions du
milieu pathogène au cours du premier semestre de la vie.
Graphique4.10: Répartition des enfants selon la
durée d'allaitement au sein
1992 1998 2003
|
|
88,39
|
|
|
|
86,67
|
|
|
|
60,66
|
|
|
35,79
|
11,60
|
9,85
|
|
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Non allaité Allaité moins 6 de mois Allaité
plus de 6mois
Tableau 4.10: Evolution de la variation du
risque de mortalité infantile selon la durée d'allaitement
Période
|
Durée de l'allaitement au sein
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
Non allaités
|
819,64
|
0,00***
|
Allaités pendant moins de 6 mois
|
83,16
|
Allaités pendant plus 6 mois
|
54,23
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
Non allaités
|
939,25
|
0,00***
|
Allaités pendant moins de 6 mois
|
758,19
|
Allaités pendant plus 6 mois
|
3,59
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
Non allaités
|
866,04
|
0,00***
|
Allaités pendant moins de 6 mois
|
792,82
|
Allaités pendant plus 6 mois
|
7,81
|
Ensemble
|
95,11
|
*** significatif au seuil de 1%
|
On remarque que l'allaitement exclusif au sein maternel est
très répandu au Burkina. En moyenne neuf enfants sur dix ont
été allaité au sein pendant plus de six mois entre 1988 et
1998 (86,67% entre 1994 et 1998, 88,39% entre 1988 et 1993) et seulement six
enfants sur dix l'ont été entre 1999 et 2003 (60,66%). Ceci
montre que les femmes allaitent de moins en moins pendant longtemps leurs
enfants au Burkina Faso.
On constate une forte association entre la durée
d'allaitement et la mortalité infantile. On remarque que les enfants non
allaités présentent un risque de mortalité, avant le
premier
anniversaire, plus important que ceux qui ont
bénéficié du lait maternel pendant moins de six mois
(819,64%o) pour les enfants non allaités contre 83,16%o pour ceux qui
ont été allaité pendant moins de six mois, pour la
période de 1999-2003). Par contre, une durée d'allaitement de six
mois ou plus est associée à un risque de mortalité
très réduit (54,23%o entre 1999 et 2003, 3,59%o entre 1994 et
1998 et 7,81%o entre 1988 et 1993).
4.3.2 Poids de l'enfant à la naissance
Comme pour la vaccination, le poids de l'enfant à la
naissance est un indicateur de santé de l'enfant et de l'état de
la nutrition de la mère pendant la grossesse. En effet, une mère
qui a eu une alimentation adéquate pendant sa grossesse est susceptible
d'avoir un enfant de poids normal (poids moyen) à la naissance. Il est
également probable qu'un enfant de faible poids à la naissance
soit perçu par sa mère comme étant relativement fragile et
bénéficie de ce fait d'une durée d'allaitement plus
longue.
Lors des trois enquêtes, il a été
demandé aux femmes ayant accouché au cours de la période
d'étude de donner une estimation du poids à la naissance de leurs
enfants. Faute de pouvoir estimer le poids de la mère au moment de la
grossesse, nous avons constitué un indicateur de la qualité de la
nutrition de la mère à partir des informations recueillies sur le
poids de leurs enfants à la naissance.
On constate qu'au cours des trois périodes, en moyenne
sept enfants sur dix son nés avec un poids moyen (72,9% entre 1988 et
1992, 70,4% entre 1994 et 1998, 72,98% entre 1999 et 2003) (Figure4.11), contre
en moyenne 14% présentant un poids élevé et un faible
poids. Se référant aux études mettant en évidence
les effets de la nutrition de la mère sur le poids à la naissance
des enfants, on peut dire que qu'une forte proportion des femmes enceintes
(72,9% entre 1988 et 1992, 70,34% entre 1994 et 1998, 72,98% entre 1999 et
2003) présentent une bonne nutrition pendant la grossesse.
Graphique4.11 : Répartition des enfants de moins d'un an
selon le poids à la naissance
100%
40%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
14,68
|
15,65
|
|
12,67
|
|
72,90
|
|
70,34
|
|
72,98
|
|
12,42
|
|
14,01
|
|
14,35
|
|
1992 1998 2003
Petit poids Poids moyen Gros poids
Tableau 4.11: Evolution de la variation du
risque de mortalité infantile selon le poids à la naissance
Période
|
Poids à la naissance
|
Risque de décéder (%o)
|
Probabilité du Khi-deux
|
2003
|
Petit poids
|
129,48
|
0,00***
|
Poids moyen
|
57,13
|
Gros poids
|
37,89
|
Ensemble
|
81,01
|
1998
|
Petit poids
|
89,69
|
0,00***
|
Poids moyen
|
67,76
|
Gros poids
|
62,86
|
Ensemble
|
105,18
|
1992
|
Petit poids
|
147,88
|
0,00***
|
Poids moyen
|
40,96
|
Gros poids
|
36,47
|
Ensemble
|
95,11
|
*** significatif au seuil de 1%
|
On constate que le poids à la naissance est
significativement associé au risque de mortalité infantile
(Tableau4.11). Notre hypothèse concernant le poids de l'enfant à
la naissance était que les parents auraient tendance à donner
plus de soins, donc à réduire le risque de mortalité,
à un enfant né avec un petit poids afin de compenser dans une
certaine mesure son désavantage pondéral. En fait, les
résultats semblent indiquer exactement le contraire. Les naissances
hypotrophiques sont significativement moins susceptibles de survivre que les
enfants de poids normal à la naissance, toutes choses étant
égaies par ailleurs. En effet, durant la période de
référence, les enfants de faible poids présentent le
risque de mortalité plus élevé. Le risque de
mortalité des enfants né avec un faible poids est de deux
fois plus élevé que celui de leurs
congénères ayant un poids moyen, entre 1999 et 2003, de 1,3 fois
plus élevé entre 1994 et 1998 et de 3,6 fois plus
élevé entre 1988 et 1992. Il existe également une
légère différence de risque de mortalité entre les
enfants présentant un poids élevé et ceux nés avec
un poids moyen en faveur des derniers.
Plusieurs raisons peuvent expliquer le risque de
mortalité élevé chez les enfants de faible poids. Non
seulement ces enfants sont fragile, mais il est possible, par exemple, que la
crainte des effets secondaires parfois observés à la suite d'une
vaccination, amène les parents à remettre à plus tard la
vaccination de l'enfant qu'ils considèrent comme étant
relativement fragile. On peut se demander si ce comportement à l'endroit
des naissances de petit poids n'accroît pas dans une certaine mesure
leurs risques de décès.
4.4 Variation de la mortalité infantile selon les
pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère
Dans ce paragraphe nous nous proposons d'étudier les
tendances de la mortalité infantile en fonction des pratiques
préventives en matière de soins de santé, des
caractéristiques d'identification sociale de la mère et de
quelques variables liées au contexte. Ainsi, nous allons identifier les
tendances de la mortalité infantile, c'est-à-dire les relations
qui existeraient entre certaines variables relatives aux pratiques en
matière de soins préventifs, les caractéristiques de la
mère et la mortalité infantile. L'analyse factorielle des
correspondances multiples va nous permettre d'avoir une vue d'ensemble sur les
relations entre ces différentes variables selon les trois
périodes d'étude retenues.
Brièvement, l'analyse factorielle des correspondances
multiples est une technique d'analyse d'interdépendances entre des
variables qu'on veut analyser simultanément. Cette technique n'impose
aucune contrainte au niveau de la taille de l'échantillon et du nombre
de variables.
4.4.1 Variation de la mortalité infantile selon
les pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère entre 1998
et 2003
Les résultats de l'analyse factorielle des
correspondances multiples (AFCM) montrent une concentration relative des
variables relatives à la vaccination. On note que ces dernières
avec l'injection antitétanique pendant la grossesse (auij : aucune
injection), le milieu
résidence (rur : milieu rural), le niveau d'instruction
(auin : sans niveau d'instruction), la durée d'allaitement (nall : non
allaités), l'ethnie (peul et mossi) et l'occupation (travaillant hors du
domicile sont plus proches des décès (dec). Le rapprochement de
ces variables montre une forte association entre celles-ci et le
décès infantile
Il s'en suit que ces variables influencent la survie des
enfants de moins d'un an au Burkina Faso entre 1999 et 2003. Ainsi, les
décès sont plus important chez les enfants qui ne sont pas
vaccinés contre la rougeole, la poliomyélite, la diphtérie
et la tuberculose, non allaités, nés des mères qui n'ont
reçu aucune injection antitétanique pendant la grossesse, sans
niveau d'instruction et/ou vivant en milieu rural, appartenant à
l'ethnie peul, mossi ou lobi et travaillant hors du domicile. Par contre les
enfants dont les mères vivent en milieu urbain (urb), ayant le niveau
d'instruction secondaire et plus (seco) et même primaire, travaillant
pour son propre compte ou à domicile (elme, fami) sont moins
exposés au risque de mortalité.
Graphique4.12: Variation de la mortalité infantile selon
les pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère entre 1998
et 2003
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SECO
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PPOI
MPOI
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PRIMCENT
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BODI
! P3VI
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MUSU
! GOUR
ROUG
!
POLICHRE
MOSI
! MOI6
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! AURL HORS
! AUIN
NALLRUR DEC-
! AUIJ !
! PEUL
!
! GOUM
! NSPA
!
!
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SANT
!
!
!
!
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!
!
! AUCM
+
NOMBRE DE POINTS SUPERPOSES : 7
GPOI(PPOI) IN3P(IN12) VIP3(MUSU) BCG (ROUG) DTP (ROUG) AETH(ROUG)
LOBI(PEUL)
4.4.2 Variation de la mortalité infantile selon
les pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère entre 1993
et 1998
L'examen du plan factoriel montre une forte association entre
le risque de décès et le fait de vivre en milieu rural (du fait
de la superposition de rur et dec). Sur le plan factoriel, on peut noter une
répartition concentrée des variables relatives aux soins
prénataux, à la vaccination, au niveau d'instruction et à
l'ethnie. Ainsi les variables modalités rur (pour milieu rural), aucv
(pour aucune visite prénatale), nall (pour non allaité), auin
(pour sans niveau d'instruction), aurl (pour autre religion) sont plus proches
de la variable décès. Cela traduit une mortalité infantile
élevée en milieu rural, chez les enfants dont les mères
n'ont eu recours à aucune visite prénatale pendant la grossesse.
Le fait que la mère soit sans niveau d'instruction et appartiennent
à d'autres religions traduit le même constat. En d'autres termes,
les enfants dont les mères n'ont eu recours à aucune visite
prénatale et ceux qui n'ont pas été vaccinés contre
la rougeole, la diphtérie, le BCG sont soumis un risque de
mortalité infantile élevé. Il en est de même pour
les enfants non allaités et dont les mères sont sans niveau
d'instruction et vivent en milieu rural.
Graphique4.13: Variation de la mortalité infantile selon
les pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère entre 1993
et 1998
+---SECO----+ + 0 01
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01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01
01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01
! ! ! ! URB
! MPOI
PLU6
PPOI
! ! ! PRIM
! ! MOI6
IN3P
IN12
VI12
MUSU
! CHRE
SANT
DTP
POLI
+
MOSI AUCV !
AURL
! RUR
! PEUL
! NSPA
DOME
! AUIJ
! ! ! ! LOBI
! AUCM
+
NOMBRE DE POINTS SUPERPOSES : 12
GPOI(PPOI) VIA3(PRIM) VIP3(IN3P) BODI(CHRE) ROUG(SANT) BCG (SANT)
AETH(SANT) GOUR(DTP) AUIN(AURL) DEC (RUR) GOUM(PEUL) NALL (poli)
4.4.3 Variation de la mortalité infantile selon
les pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère entre 1988
et 1993
Le plan factoriel montre que les variables modalités
proches de la variable décès sont rur (pour milieu rural), auin
(aucune instruction), auij (aucune injection antitétanique pendant la
grossesse), peul, goum, aeth (pour respectivement peul, gourmantché et
autre ethnie). Ce
rapprochement de ces modalités avec le décès
infantile renseigne que le risque de décès est
élevé dans ces modalités.
Graphique4.14: Tendance de la mortalité infantile selon
les pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère entre 1993
et 1998
+ HORS + + 0 01
! ! ! 0 01
! ! ! 0 01
! ! SECO ! 0 01
! ! GPOI ! 0 01
! ! PPOI ! 0 01
! ! MPOI ! 2 01
! ! PLU6 ! 0 01
! CENT ! PRIM ! 0 01
! P3VI ! MOI6 ! 0 01
! ELMEAGE2! VI12 ! 1 01
! ! IN3P ! 0 01
! ! ! 0 01
! ! IN12 ! 1 01
! ! ! 0 01
! ! LOBIROUG! 3 01
! ! BODIPERS! 0 01
+ ---- GOUR+ 0 0
! ! MUSU! 1 01
! ! AETH ! 0 01
! ! AUIN! 0 01
! ! GOUM! 0 01
! ! ! 0 01
! ! PEUL! 1 01
! AGE3 ! RUR! 0 01
! ! AUIJ ! 0 01
! ! ! 0 01
AGE1 ! ! 0 01
! Sant ! ! 0 01
! ! NSPA! 0 01
! ! DOME ! 0 01
! ! ! 1 01
! ! ! 0 01
FAMI ! ! 0 01
! ! AUCV ! 0 01
! ! AUCM! 1 01
+ + + 0 01 NOMBRE DE POINTS SUPERPOSES : 11
URB (MPOI) VIA3 (MPOI) VIP3 (VI12) CHRE (IN12) BCG (ROUG) POLI
(ROUG) DTP (ROUG) MOSI (MUSU) DEC (PEUL) AURL (AUIJ) NALL (AUCM)
Synthèse partielle
Dans ce chapitre, nous avons évalué
l'évolution et le lien entre certaines pratiques préventives en
matière de soins de santé et le risque de mortalité
infantile. Nous avons dégagé les tendances
générales du phénomène étudié. A ce
niveau, les variables proches telles que les soins prénataux, la
nutrition et la vaccination semblent être les médiateurs par
lesquels s'effectue l'action des caractéristiques d'identification
sociale de la mère (milieu de résidence et niveau d'instruction
de la mère, l'ethnie, l'occupation).
CONLUSION GENERALE
A la fin de cette étude, nous ne prétendrons pas
avoir relevé tous les facteurs de risque pour la mortalité
infantile, ni avoir soulevé toutes les inégalités sociales
en matière mortalité des enfants, mais nous avons essayé
de contribuer à la connaissance du phénomène. Il
apparaît alors que l'amélioration des soins préventifs
contribue pour une large part dans la baisse du niveau de mortalité
infantile. De prime abord, cela parait évident pour l'observateur de
santé, mais il demeure essentiel pour le planificateur de la
santé publique de bien cibler les types d'actions à entreprendre
pour atteindre ses objectifs.
Certes, la connaissance des facteurs de risque de
mortalité infantile est pertinente pour elle-même mais elle doit
l'être aussi pour l'action qu'elle induit. La connaissance nous situe au
niveau de la population et de la santé, alors que l'action nous situe au
niveau de l'élaboration d'une politique de santé visant
l'amélioration de l'état de santé de la population et la
réduction des disparités et des inégalités entre
les différentes couches sociales.
L'objectif de cette étude était d'abord
d'identifier, dans l'environnement économique et culturel, les
principaux facteurs préventifs en matière de santé qui
sont à l'origine de la baisse de la mortalité infantile au
Burkina Faso. La question principale que nous sommes posée a
porté sur le rôle des soins préventifs qui ont dans la
baisse de la mortalité infantile. Il s'agissait pour nous de savoir en
quoi les comportements des mères en matière de soins
prénatals, de nutrition et de vaccination ont influencé à
la baisse la mortalité infantile au Burkina Faso.
Pour répondre à cette question, nous avons d'une
part présenté le contexte générale de
l'étude en particulier la situation sanitaire au Burkina et d'autre part
nous avons parcouru un certain nombre d'études portant sur les
différents facteurs (les soins prénataux, la nutrition, la
vaccination, les facteurs socio-économiques et démographiques) de
la mortalité des enfants et nous avons fait un tour d'horizon sur les
différentes théories explicatives de la baisse de la
mortalité. Cette revue de la littérature nous a permis
d'élaborer notre cadre conceptuel qui se réfère au
modèle mis en oeuvre par Barbieri (1991) et de formuler les
hypothèses de cette étude. Nous avons postulé que la
baisse de la mortalité infantile au Burkina Faso découle de
l'amélioration des pratiques nutritionnelles et des pratiques des soins
préventifs que les femmes apportent à leurs enfants. De
manière générale, Les femmes utilisent de plus en plus les
infrastructures de santé mises à leur disposition pour les soins
de la grossesse,
l'accouchement et la vaccination de leurs enfants. Leur
comportement nutritionnel s'est également amélioré. Ce
serait donc ces principaux changements qui expliqueraient la baisse de la
mortalité infantile au Burkina Faso. De cette hypothèse
principale nous avons déduit trois hypothèses secondaires :
H1: La baisse de la mortalité infantile découle
d'une amélioration des soins prénataux et d'accouchement. On doit
s'attendre à ce que les enfants nés de mères ayant
effectué un suivi médical régulier au cours de la
grossesse, à l'accouchement courent moins de risque de mourir avant leur
premier anniversaire que les autres.
H2: Plus la mère adopte un comportement nutritionnel
adéquat, plus élevée est la
probabilité de survie entre la naissance et le premier
anniversaire de son enfant. On s'attend à ce que :
- les mères allaitant leurs enfants exclusivement au sein
durant les six premiers mois de vie connaissent un risque de mortalité
de leurs progénitures moins élevé que les autres.
- les enfants ayant un poids moyen à la naissance courent
moins de risque de décéder avant le premier anniversaire que les
autres.
H3: Plus les enfants bénéficient des doses
normales de vaccination, moins ils courent le risque de mourir avant leur
premier anniversaire.
Nous avons utilisé les données des
Enquêtes Démographiques et de santé réalisées
en 2003, 1998 et 1992 au Burkina Faso dans cette étude. Ces trois
enquêtes ont accordé une importance particulière à
la santé familiale en général et celle des enfants en
particulier. Des questions sur le suivi médical de la grossesse et
l'accouchement, la nutrition et la vaccination des enfants ont
été posées aux femmes en âge de procréer. Ces
trois EDS ont également saisi des informations détaillées
sur les caractéristiques d'identification sociale de la femme et du
conjoint. Ces données présentent cependant quelques limites.
L'évaluation de la qualité des données nous a permis de
nous rendre compte de certaines insuffisances relatives à la
déclaration des âges de la mère, des âges au
décès des enfants et des omissions d'évènements
portant sur les naissances et les décès. Nous avons
procédé à des regroupements des femmes en des groupes
d'âges quinquennaux pour mieux évaluer la qualité des
données des trois EDS. Nous nous sommes rendu compte que les erreurs
observées ne sont de nature à empêcher l'utilisation de ces
données pour notre étude.
Les conclusions auxquelles nous avons aboutit dans cette
étude ne sont peut être pas nouvelles, mais elles apportent une
contribution complémentaire sur les variables sur lesquelles on pourrait
agir pour réduire davantage le risque de décès des enfants
de moins d'un an au Burkina Faso. Il s'agit notamment de la durée
d'allaitement, des soins prénatals et de la vaccination.
Nous avons observé dans nos analyses dans un premier
temps une corrélation entre le nombre d'injections antitétaniques
et le risque de décès des enfants avant le premier anniversaire.
Dans un deuxième temps les analyses nous ont révélé
une corrélation parfaite entre d'une part le nombre de visites
prénatales et d'autre part le lieu et l'assistance à
l'accouchement et le risque de décès infantile. Ces
présomptions de relation de causalité paraient très
plausibles. Il serait donc intéressant de mener une campagne de
sensibilisation pour amener les femmes à mieux suivre leurs grossesses
et accoucher dans les centres de santé et/ou sous la supervision d'un
personnel de santé.
Les analyses (analyses descriptives) ont montré que les
différents types de vaccins concourent énormément à
l'atténuation du risque de décès des enfants de moins d'un
an au Burkina Faso. La vaccination est une arme fondamentale contre la maladie.
Elle favorise l'acquisition d'un système immunitaire performant dans la
lutte de l'organisme de l'enfant contre les germes. Il est donc
nécessaire et urgent d'amener les parents et notamment les femmes en
âge de procréer à faire vacciné leurs enfants le
plus tôt possible.
Nous avons constaté que les enfants qui ont
bénéficié du lait maternel pendant plus de six mois
courent moins de risque de décès avant le premier anniversaire
que les autres. L'allaitement maternel procure des avantages énormes
à l'enfant. Cependant, l'action du lait maternel est surtout efficace
lorsque l'enfant est né avec un poids satisfaisant (poids moyen). A cet
effet, il est essentiel de continuer à mettre un accent particulier sur
la qualité de la nutrition de la femme pendant l grossesse et au cours
de l'allaitement.
En dépit des résultats intéressants que
nous avons obtenus, ce travail présente certaines limites qu'il convient
de souligner :
L'échantillon des femmes éligibles pour le
questionnaire individuel femme ne prend en compte que les femmes
âgées de 15 à 49 ans révolus. A supposer même
que les déclarations des âges soient exactes, on peut affirmer que
les informations saisies sur les
comportements en matières de fécondité et
de mortalité sont incomplètes car, au Burkina Faso, un nombre
important de femmes commencent leur vie procréative à moins de 15
ans. Il aurait fallut tenir compte de cette réalité sociologique,
car les indicateurs de mortalité des enfants en général et
celles de la mortalité infantile en particulier peuvent être
sous-estimés du fait de la prise en compte des enfants nés de
mères de moins de 15 ans dans cette étude.
Une autre limite provient de l'hypothèse sur les
comportements en matière de vaccination concernant les enfants
décédés. C'est vrai que la mère peut avoir le
même comportement pour les enfants survivants que pour les enfants
décédés, néanmoins, il peut arriver que du fait du
décès de l'enfant précédent, elle change de
comportement en matière de vaccination pour l'enfant survivant. Donc, le
fait d'assimiler le statut vaccinal de l'enfant survivant à l'enfant
décédé peut introduire un biais.
Les résultats de ce travail nous amènent à
formuler quelques recommandations.
Au plan politique, nous recommandons l'éducation et la
sensibilisation des femmes en âge de procréer, à travers
les CCC et la mobilisation sociale, sur les avantages du suivi médical
de la grossesse et de la vaccination de l'enfant et ceux d'une bonne nutrition
de l'enfant et de la mère. A défaut de pouvoir rehausser
rapidement le taux de scolarisation des femmes à cause peut être
de l'insuffisance des moyens disponibles, il nous semble opportun de mettre
l'accent sur la sensibilisation par les moyens moderne d'information de masse.
Les enfants doivent être vaccinés contre toutes les maladies
meurtrières de l'enfance en général et en particulier
contre la rougeole.
Au plan scientifique :
v' Il serait intéressant de mener une étude
approfondie sur le rôle des soins préventifs dans la baisse de la
mortalité infantile au Burkina Faso
v' Il serait également plus judicieux de recueillir les
informations sur les pratiques des mères en matière de
vaccination pour les enfants décédés
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