Section 2 : enlisement de la
pauvreté
Les populations des pays aidés ne voient pas
réellement les manifestations de l'aide publique au
développement, soit qu'elle soit si insuffisante, soit qu'elle a des
difficultés à irriguer l'ensemble du pays. En effet, l'aide
destinée au Tiers Monde n'a jamais atteint le niveau fixé par
l'ONU qui se fixe à 0.7 du PIB des pays industrialisés.
Les pauvres subissent la domination et l'exploitation des
riches. Ils cultivent d'ordinaire une terre qui ne leur appartient pas. Ils
sont victimes de discriminations économiques et culturelles et sont
l'objet d'oppressions politiques.
Ils appartiennent à des classes sociales qui n'ont
guère accès à l'éducation, à la formation,
à l'information et aux soins de santé primaires.
Le nombre de pauvres a progressé de 100 millions au
cours de la dernière décennie. Surtout en Afrique subsaharienne,
où l'augmentation du nombre des pauvres a été de 39 %.
La crise générale de
«l'État-nation» africain procède aussi, il faut le
souligner, de certains mauvais choix. L'interventionnisme n'a pas souvent
abouti à élaborer une politique de développement. A
l'origine basée sur le secteur agricole.
Tirant profit de l'enseignement des autres nations, les
dirigeants Africains auraient dû comprendre qu'historiquement les
États développés du monde ont atteint la croissance en
procédant d'abord au développement de l'agriculture. C'est
à partir de cette donnée qu'un marché national a pu se
développer et par contagion donner naissance à une industrie
nationale développée.
De ce point de vue, le développement par le secteur
agricole apparaît comme la base d'un processus durable devant conduire
à la croissance. Ce n'est pas qu'il faille attendre la constitution d'un
marché intérieur avant de mettre en oeuvre une politique
d'industrialisation. L'idéal, comme l'a expliqué M. Edgar PISANI,
c'est de mener de front la politique agricole avec une industrialisation qui ne
peut être que d'extractions et de premières transformations, car
dans l'esprit exclusivement en terme de «rattrapage», se comportant
comme si les pays riches avaient définit un modèle idéal
vers lequel ils doivent tendre.
En plus, L'État Africain prend bien d'avantage aux
consommateurs qu'il ne leur donne. Malgré que le FMI prétend agir
au nom de l'efficacité économique, il bafoue ses propres
principes en imposant des mesures qui sont non seulement dévastatrices
pour la population mais irrationnelles au niveau économique. Imposer aux
consommateurs des sacrifices sous couvert de vérité des prix est
une escroquerie quand la vérité n'existe nulle part ailleurs.
Pourquoi le FMI ne regarde-t-il que les distorsions du prix payé par le
consommateur, alors que tous les autres composants de ce prix sont
déterminés en dehors des lois du marché ? Si les
gouvernements du Tiers Monde et le FMI refusent de s'en prendre aux vrais
profiteurs, il est clair que les consommateurs devront encore se serrer la
ceinture ; tout cela au nom des lois du marché !1
1- Susan GEORGES, P. 94.
En effet, l'Afrique saignée à blanc en proie
à des famines répétitives, déchirée,
déstructurée, cache une autre réalité. Elle donne
à voir l'échec patent des modèles forgés par
l'occident ; elle montre les effets destructeurs de la supposée
rationalité économique. Il s'agit rien moins que de pratiques
alternatives de production et d'échanges qui se sont imposées en
réponse à l'échec de la «méga-machine
techno-économique» mondialisant, sans pour autant éliminer
les contradictions et les conflits sociaux1.
La seule façon, pour une économie extravertie de
rester compétitive, c'est de maintenir ses salaires à un niveau
très bas. Les salariés voulant continuer à manger, il faut
qu'ils puissent acheter au moins les produits de premières
nécessités à des prix qui correspondent à leurs
salaires. «Si vous voulez encadrer les salaires, il faut également
encadrer les prix».
Actuellement, avec la hausse des prix du pétrole et la
population qui augmente et le blé importé coûtant de plus
en plus de dollars difficiles à gagner, il faut faire des choix
ardus.
Les gouvernements du Tiers Monde comptent sur les bas salaires
et subventionner les produits de premières nécessités.
Cependant, quand on n'apprécie ni les grèves, ni les
émeutes. La seule solution, c'est de subventionner les produits de
grandes consommations plutôt que d'augmenter les salaires, on parvient
à contenir les prix des exportations ; ce qui confirme à
l'échelle internationale le proverbe selon lequel «on ne
prête qu'aux riches».
Par conséquent, les résultats d'un demi -
siècle d'aide en Afrique sont assez probants lorsqu'on constate comment
le sous-développement s'est développé grâce à
cette «aide». Aussi, la dépendance envers des sources
extérieures d'aides a encouragé le maintien de structures
économiques et sociales
1- «Le monde
diplomatique», septembre, 1999, P. 30.
héritées de la période coloniale et favorise
un développement inégal sur le plan intérieur.
L'aide a découragé également la recherche
de solutions créatrices et innovatrices, y compris la formulation de
modèles de développement plus conformes aux besoins des
populations des pays africains.
En plus, la programmation, l'administration et le
contrôle de l'aide mènent inévitablement à des
interventions qui limitent la liberté de choix des politiques
économiques nationales et déduisent la flexibilité dans
leur mise en oeuvre.
Enfin, l'aide constitue un véritable obstacle à
l'intégration économique et à la coopération
Sud-Sud1.
1- Mahdi EL-MANJRA, «Nord/Sud,
prélude à l'ère post-coloniale», Toubkal,
1992, P. 119.
EPILOGUE :
Il est apparu dans la dernière décennie des
revendications pour le déliement de l'aide. Mais, si l'aide devient
déliée qui va penser à aider l'Afrique ? Ceci nous pousse
à dire que la continuité de l'aide des pays industrialisés
au développement des pays du Tiers Monde est due à sa
conditionnalité. Ce qui fait que celle-ci est une
nécessité pour la pérennité de l'aide publique au
développement.
D'autre part, lorsque les matières premières des
pays aidés seront épuisées et lorsque les régimes
politique qui règnent dans ces pays seront abolis par des
révolutions de leurs peuples (ce qui est utopique, en voyant la force de
ces systèmes et l'aliénation de leurs peuples), à quoi
l'aide sera liée ? Et ainsi par qui l'Afrique sera aidée ? Est-ce
qu'on ne va laisser tomber l'Afrique ?
Nous voyons tous qu'avec les hausses des prix du
pétrole, l'expansion des guerres, le SIDA, le gaspillage de l'aide
publique, la pauvreté qui augmente et la modicité de
l'aide...etc., l'Afrique se trouve menacée d'être abandonné
par tout le monde si les dirigeants ne pensent pas aux intérêts
généraux et délaissent leurs intérêts
égoïstes.
Enfin, les sociétés sous
développées se trouvent affrontées à un
phénomène très dangereux qui est celui de
l'éclipsement de la classe moyenne ce qui conduit à l'absence de
la cohésion sociale.
Par conséquent, ce qu'on peut déduire de ce
travail, c'est qui aide qui enfin de compte ? Est-ce que les pays du Nord qui
aident les pays du Sud ou c'est le contraire ?
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