CONCLUSION
Il s'agissait à travers une analyse
d'identifier les dysfonctionnements inhérents aux régimes de
retraite ainsi que les facteurs explicatifs des retards constatés dans
le payement de la pension de retraite, sans omettre les effets
collatéraux sur la vie quotidienne des acteurs sociaux
retraités.
Il va sans dire que cela impose
des objectifs opérationnels qui se sont articulés
l'identification des dysfonctionnements et des facteurs explicatifs des
retards, description des étapes de la procédure de liquidation d
et de traitement de la retraite. C'est ainsi qu'au niveau pratique, les
résultats des investigations montrent que les institutions de retraite,
notamment la CGRAE et la CNPS sont en proie à des dysfonctionnements
tant au niveau organisationnel qu'économique.
Du point de vue
organisationnel, cela résulte de la rigidité et de la
fragilité d'un système administratif en proie aux vices,
d'où l'expression d'une certaine lenteur, lourdeur dans le
fonctionnement.
Toute chose ne permettant pas le fonctionnement normal,
efficace et transparent des institutions et provoquant ainsi certains retards
non seulement dans le processus de liquidation, mais également dans le
payement des pensions de retraite. Cette réalité est d'ailleurs
plus perceptible dans l'administration publique notamment dans la fonction
publique qu'à la CNPS, une administration privée, qui demeure en
marge de la corruption.
Quant au dysfonctionnement économique, cela
a trait au déficit économique qui sous-tend les comptes
financiers des institutions de retraite. En effet, de la CGRAE à la
CNPS, l'on constate un accroissement du nombre social des acteurs sociaux
retraités par rapport aux actifs cotisants. En pratique dans un
système par répartition comme celui des institutions, il faut
plusieurs actifs cotisants pour (en moyenne 5) pour q'une pension de retraite
soit payer. Ainsi le déséquilibre numérique entre actifs
cotisants et retraités entraîne des déficits
économiques relativement importants et ne permettant pas d'assurer en
temps réels le payement des pensions de retraite. Cette étude met
en évidence le fait que, pour la CGRAE, c'est un déficit
structurel depuis sa création qui la caractérise, tandis
qu'à la CNPS, le déficit n'est que conjoncturel.
A cela, faut-il ajouter, les frais de gestion et de
fonctionnement des institutions relativement importants et qui constituent une
part non négligeable dans les comptes financiers de ces institutions. Ce
sont des problèmes socio économiques qui assaillent les
institutions de retraite en cote d'ivoire sinon en Afrique subsaharienne.
Toujours est il que la faiblesse des taux de cotisation actuel
participe, tant bien que mal au déficit économique
constaté dans les comptes des régimes de retraite.
Ces institutions sont caractérisées
aussi par des retards constants dans la liquidation et le payement des
pensions de retraite. Dès lors, les dysfonctionnements apparaissent
comme l'une des causes efficiente des retards. Cela ne permet de perdre de vue
que le processus de liquidation qui part de la constitution du dossier de
retraite au payement effectif de la pension de retraite, est entaché
d'obstacles, mais aussi accentué par la lenteur,la lourdeur et la
longueur du processus. Toutefois, ce sont des facteurs liés à la
constitution des dossiers, à la période de
dépôt ; aux mécanismes de traitement qui expliquent et
justifient les retards constatés.
Tous les dysfonctionnements relevés dans cette
étude ainsi que les facteurs des retards identifiés sont des
signes manifestes d'une instabilité socio économiques et
organisationnelle des régimes de retraite en Côte d'Ivoire.
Toute choses qui peuvent être liées aux
conditions de vie difficiles des acteurs sociaux retraités, eu
égard aux faibles niveaux des pensions de retraite. Des pensions qui
dans la plupart des cas, ne permettent pas un développement humain
durable des acteurs sociaux, qui demeurent de tout temps et en tout lieu,
vulnérables économiquement et maternellement.
Parant de cette constatation, la retraite apparaît comme
un arrêt du parcours de vie pour certains acteurs sociaux, eu
égard aux conditions de vie difficiles.
Sociologiquement et pour d'autres acteurs sociaux, elle
implique à la fois une reconstitution identitaire et du parcours de vie,
entraînant ainsi des mutations socio économiques multiformes et
multisectorielles.
Cependant à ce niveau de notre travail, nous
nous apercevons que nos objectifs de départ ont été
atteints, dans la mesure où nous avons non seulement identifier les
dysfonctionnements, mais aussi et surtout les facteurs explicatifs des retards
du payement des pensions de retraite. De même, nous avons mis en
évidence les conditions de vie relativement difficiles de la plupart des
acteurs sociaux retraités.
Du coup, nos hypothèses de travail qui
s'énonçaient : les dysfonctionnement économiques
s'expliquent par l'accroissement de l'effectif des retraités.
Les retards constatés dans le payement de la pension de
retraite sont liés au processus de liquidation notamment à la
période de dépôt du dossier de retraire.
Du coup, nous constatons qu'elles ont été
confirmées, dans la mesure où d'une part, l'accroissement des
retraités est lié au déficit économique,
entraînant ainsi un dysfonctionnement économique et d'autre part,
le processus de liquidation qui apparaît comme l'une des causes
efficiente des retards constatés.
Cependant,il serait tout indiquer et judicieux
de ne pas omettre la responsabilité des acteurs sociaux retraités
quant à la préparation effective de leur retraite ,au suivi de
leurs dossiers respectifs dans le circuit de liquidation et leur participation
au fonctionnement normal et transparent des institutions de retraite.
Au demeurant, l'analyse des systèmes de
retraite sous l'angle de la comparaison, participe et contribution
scientifiquement non seulement à la connaissance, mais aussi et surtout
à la compréhension du fonctionnement des institutions et des
systèmes de retraite en Côte d'Ivoire. Et c'est à juste
titre que la dialectique et le fonctionnalisme ont permis toute fois
d'identifier dans le fonctionnement d'un système les pratiques
dysfonctionnelles et les facteurs explicatifs qui sous-tendent le
déséquilibre entre les diverses composantes d'un système
dont la dynamique dépend d'une interdépendance ou
corrélation déterminante. De fait, il nous apparaît donc
que la retraite est un phénomène socialement,
idéologiquement et économiquement construit. Elle structure et
restructure les rapports sociaux et entraîne des mutations dans la
longévité, la quête identitaire et le parcours de vie.
A notre sens, les systèmes de retraite en
Côte d'Ivoire paraissent mal adapté, non contributif et n'offrent
qu'aucunes perspectives de viabilité. Ce sont des systèmes, qui
à l'instar de bien d'autres, sont en proie à de fortes pressions
organisationnelles, économiques et démographiques, fragilisant
ainsi leur fonctionnement. Ce sont des « géants aux pieds
d'argile » « géant » par les missions
assignées ; mais « aux pieds d'argile » par les
difficultés qui les assaillent.
Ces pistes de réflexion engagées montrent la
nécessité d'adapter les systèmes de retraite aux nouvelles
configurations sociales notamment la flexibilité « des
marqueurs de temps dans le parcours de vie et l'émergence d'une culture
de solidarité intergénérationnelle renforcée de
sortie du marché du travail.
De tels systèmes de retraite doivent s'adonner
à une véritable reforme institutionnelle, car un système
de retraite viable et performant repose sur la prise en compte des indicateurs
socio économiques et démographiques et offre des
possibilité d'améliorations des conditions de vie socio
économiques et matérielles des acteurs sociaux.
L'on retient donc que la retraite est un droit
fondamental humain, car faut-il en toute chose préserver l'espèce
et la dignité humaine ainsi que les institutions de prise en charge des
inactifs par les actifs qui incarnent les valeurs humaines.
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