CONCLUSION
La techno hardcore que les membres de la Spiral Tribe
avaient importé en France a évolué vers une
polarité entre, d'une part, une voie reconnue et accepté par la
société mais ayant perdu, pour les adeptes des free-parties, sa
plus value revendicatrice et d'autre part, une voie marginalisée et
invisible, défendant une esthétique hardcore et des
valeurs perçues comme oubliés par la société.
Malgré ce qu'amène à penser cette
esthétique pour l'observateur extérieur, les free-parties ne sont
pas des lieux où les teufeurs sont seuls au milieu d'une foule. Les
interactions entre les individus existent bel et bien, même si elles ne
prennent pas des formes habituelles et reconnaissables. Mais la fusion totale,
recherchée par les ravers, n'apparaît pas
réellement possible. Parmi une foule de semblables appréciant la
même musique au même moment, l'individu existe toujours. Cependant,
le sentiment de fusion vécu par les teufeurs est présent, et
c'est bien là ce qu'il faut retenir. En effet, lorsque l'on cherche
à comprendre le comportement des acteurs, c'est bien plus le sens que
ceux-ci donnent à leurs agissements que leurs sens réels qui
importe.
Les parcours des teufeurs à l'intérieur de cet
univers ne sont pas prédéfinis, ils sont aussi divers que
possible. En effet, plusieurs voies d'entrée existent, notamment la
musique, les amis ou la drogue. Bien sûr, il est très rare qu'un
seul de ces facteurs soit déterminant. Ainsi, chaque teufeur est
allé à sa première teuf du fait d'une association de
causes, et non d'une seule. Ces chemins empruntés définissent en
partie, ou du moins influencent, le parcours du teufeur à
l'intérieur de cet univers. Chacun cherche, d'une manière plus ou
moins poussée, à se différencier à
l'intérieur de cette foule de teufeur. Ils sont teufeurs, mais ils sont
et cherchent avant tout à être eux-mêmes.
Finalement, l'existence de cette culture aux marges de la
société peut être comprise comme une conséquence de
phénomènes macro-sociaux liés à la politique. En
effet, malgré une apparente a-politisation de cet univers, les teufeurs
semblent avoir quelques revendications et surtout partager un ensemble de
valeurs et de critiques envers la société. Ainsi, les
free-parties et le mode de vie les accompagnant peut-il s'expliquer par le
sentiment d'une rupture du contrat social. L'Etat, n'utilisant plus sa violence
dans le seul but d'assurer leur sécurité, les teufeurs
préfèrent créer des Zones Autonomes Temporaires au sein
desquelles ils retrouvent la liberté de l'état de nature. Cela
les amène à revivre (ou du moins à
chercher à revivre) des états fusionnels et
communautaires considérés comme liés à cet
état de nature et à un mode de vie plus primitif que celui que
propose la société.
Finalement, au vu de ces conclusions, on peut être
amené à se demander s'il s'agit d'un
épiphénomène qui ne durera pas ou d'une nouvelle forme de
penser, de la recherche d'une nouvelle manière de vivre ensemble qui
pourrait être annonciatrice d'évolutions futures.
REFERENCES
|