Section 2 : Approche méthodologique
« La préoccupation première est de ne
plus séparer le terrain de la théorie » J. Copans,
(1996, p. 22). Pour savoir pourquoi la forêt de la Mondah fait l'objet de
conflit entre ses exploitants, notre recherche a été
organisée en tenant compte de deux aspects méthodologiques
primordiaux a savoir: la pré-enquête et l'enquête de terrain
et la recherche documentaire.
2.1. La pré-enquête
2.1.1. Lecture préalable
« Bien que l'ethnologue privilégie
l'observation des pratiques concrètes et le recueil des données
de terrain elle incline également à s'appuyer sur toutes sortes
d'autres matériaux parmi lesquels ceux qui lui fournissent la
littérature » (Sylvie Fainzang, 2002).
De plus en plus « faire de la documentation
écrite» c'est-a-dire la présentation de tout ce qui a
été écrit sur le même sujet devient saillant et
pertinent dans les sciences sociales notamment en anthropologie. Il
paraît alors judicieux de prendre connaissance au maximum de ce qui a
été écrit non seulement sur notre objet d'étude,
mais aussi sur le champ et l'orientation théorique dans lequel s'inscrit
l'étude.
Ainsi, pour notre étude, nous avons eu recours
premièrement à l'analyse des travaux qui traitent de la
biodiversité, du droit forestier, lesquels seront
présentés dans le chapitre consacré a l'état de la
documentation. Nous avons également exploité les données
géographiques sur la zone d'étude afin d'avoir des
préalables théoriques, nous permettant de localiser l'état
actuel des activités sur la forêt.
L'état de la documentation a servit également
dans l'élaboration de notre problématique, laquelle nous a
conduit à avoir une hypothèse de recherche qui nous a permit de
collecter les premières données sur le terrain.
2.1.2. Pré-enquête de terrain
L'objectif de notre pré-enquête était de
tester le questionnaire et l'hypothèse de recherche. Au cours de la
pré-enquête sur le terrain nous avons pris contact avec nos
potentiels informateurs et voir comment nous devrions entreprendre notre
recherche. Nous avons ainsi recensé les personnes-ressources capables de
nous fournir des informations.
Cette étape nous a permis de tester notre questionnaire
et le réajuster, pour une meilleure exploitation de l'enquête.
C'est grâce à la pré-enquête que nous avons pu
sélectionner nos potentiels informateurs ainsi que les
différentes classes sociales susceptibles de nous fournir les
informations sur l'objet étudié.
Ainsi, nous avons établi des relations de sympathie
avec ces derniers. Notre pré-enquête a commencé au
Cap-Estérias au près des populations villageoises et des
administrateurs de l'ENEF. Ensuite, pour étendre notre zone
d'étude et élargir notre échantillonnage, notre
pré-enquête s'est poursuivit à Libreville auprès des
personnes qui utilise la forêt de la Mondah pour diverses raisons.
Au sortir de cette pré-enquête, nous avons
élaboré un guide d'entretien en fonction de nos premières
informations sur le phénomène d'exploitation des ressources
naturelles dans la Mondah. Nous avons dressé la liste des informateurs
potentiels ou réels. Cette étape nous a permis de revoir notre
problématique et notre hypothèse principale
2.2. Enquête
Nous entamons ici le côté pratique de notre
étude à savoir la campagne de terrain, étape cruciale dans
tout projet ethnographique visant les matrices ou modèles sous-jacents
aux savoirs et savoir-faire anciens et contemporains liés à
n'importe quel phénomène social.
Depuis les classiques de l'anthropologie, l'expérience
du terrain a toujours été un instrument central de la
démarche. Malgré les débats qui y ont cours, cette
question d'expérience du terrain comme critère de validité
reste prégnante. Surtout depuis l'apport de Kaspar Bronislaw Malinowski
et son « observation participante» le terrain devient un
préalable systématique à toute étude.
Malinowski dit d'ailleurs « Qu'en ce qui concerne le
terrain anthropologique, nous exigeons une nouvelle méthode de recueil
de matériaux. L'anthropologue doit abandonner sa confortable position
dans une chaise longue sur véranda d'une mission, d'un poste
gouvernemental ou du bungalow d'un planteur ou arme d'un crayon, il s'est
habitue à des déclarations d'informateurs à mettre par
écrit des listes et à noircir des feuilles de papier de textes
sauvages. Il doit aller au village et regarder les indigènes au
travail (...) » Malinowski, (1968, p. 23).
Comme disait Jean Copans : « L'enquête de terrain
reste le symbole par excellence des sucées en anthropologie ... »
(Malinowski, 1968, p 23). Sa conduite exige donc une attention
particulière et minutieuse, une organisation rationnelle et
méthodique. Cette exigence se justifie par le fait que le corpus
rapporté du terrain est un matériau soumis à l'analyse.
Cette exigence de terrain se justifie par le fait que le corpus rapporté
du terrain est un matériau soumis à l'analyse, Ainsi, comme le
disait François Laplantine « La présence de l'ethnologue
sur le terrain, est la seule voie d'accès au mode de connaissance
».
Nous avons réalisé notre enquête de
terrain au Cap-Estérias, au Cap Santa-Clara, à Malibé 1 et
2, Avorbam, Marseille 1 et 2 et dans certains quartiers de Libreville. Nous
nous sommes d'abord rapprochés des personnes avec lesquelles nous avons
pris contact lors de la pré-enquête. Nous avons
enquêté auprès de vingt trois personnes-ressources dont
l'âge varie entre 27 et 68 ans c'est grâce à l'entretien
semi-directif que nous avons pu recueillir des corpus en langue officielle
(française) sur les activités, le statut juridique, la conception
de la forêt auprès des populations et des agents de l'Etat.
Ainsi exposées et déterminées dans ce
cadre les conditions générales de collecte des textes
ethnographiques notamment les lieux et moments d'enquête, les techniques
et matériels utilisés, les types de matériaux
ethnographiques recueillis, les corpus en langue vernaculaire et en langue
officielle (française), sur les différentes conceptions de la
forêt de la Mondah et son état actuel.
Représentation graphique des
effectifs
Par âge et par sexe
Tableau n°1. Effectifs des
informateurs
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Effectifs des Informateurs
|
17
|
6
|
23
|
Effectifs des informateurs en pourcentage
|
73.91%
|
26.09%
|
100%
|
2.2.1. Difficultés
Les difficultés rencontrées lors de la
pré-enquête et l'enquête étaient multiples.
Aujourd'hui, presque la totalité des détenteurs de connaissances,
l'information est payante. Peu importe le niveau d'instruction ou son rang
social. Nous avons eu de sérieux problèmes avec les
commerçants d'écorces et de plantes au premier campement et au
marché Mont-Boute, certains nous ont qualifié de politicien et
d'autre ont refusé de se faire enregistrer de peur qu'ont ne prennent
leur voix, il a fallu les rassurer que nous ne leur enregistrons pas, et nous
sommes passée par entretien écrit. Ce qui ne nous a pas
été facile et a prit beaucoup de temps par rapport a
l'enregistrement avec le magnétophone.
Même pendant l'entretien il y avait certains
commerçants qui venaient crier autour de nous avec les propos mal
saints, d'autres ont pris nos coordonnées qu'au cas où il
arrivait quelque chose à leurs collègues enquêtes dans les
jours qui suivent (une semaine après) ils sauront comment nous joindre.
Pendant l'enquête, nous avons aussi été renvoyé par
certains informateurs disant qu'ils n'avaient pas de temps à consacrer
aux projets de recherche qui n'ont jamais amélioré leurs
conditions de vie, D'autres par contre en dépit de leurs occupations et
la fatigue, se sont efforcés de nous donner des informations qui nous
ont permis d'avancer dans notre travail. Enfin, l'enquête s'étant
effectuée dans une zone enclavée de l'Estuaire (Cap-Esterias),
nous avions été confrontés au problème de
locomotion, Une fois nous sommes resté tardivement au Cap-Esterias sans
moyen de transport jusqu'a 22 h 00, c'est à 23 h que nous avons eu par
chance une voiture sur Libreville, Connaissant les dangers de cette zone c'est
dans une peur terrible que nous avons effectue ce voyage.
Sur cette images on voit trois individus principalement, elle
a été prise sur le site de fabrication de charbon en forêt
à bolokoboué .
On peut y distinguer un arbre qui est abattu et couper en
morceaux, La tombée de l'arbre a entraîne une trouée.
Derrière la première personne, à gauche, on voit un
arbuste penché. Les morceaux de bois qui sont devant et derrière
la première fille sont fait pour la fabrication du charbon.
2.3. Méthodes d'exploitation des
corpus
Pour pouvoir rendre compte des représentations d'usage
sociales liées à la forêt â l'échelon des
populations rurales, urbaine et l'Etat exploitant la forêt de la Mondah,
nous proposons d'appliquer deux méthodes.
2.3.1 Méthode 1
Notre premier niveau de lecture des corpus ethnologiques sera
la lecture élémentaire encore appelée « lecture de
surface de l'énoncé ». Par lecture de « surface»
d'énoncé, nous entendons non seulement que l'énoncé
lui-même est un phénomène de rapports de nature et
société et par le fait même un problème de culture.
Mais encore et surtout que l'énoncé est la présentation
formelle de l'objet (phénomène) étudié.
Ce premier niveau de lecture constitue pour nous une sorte de
résumé autonome de chaque séquence visant à
identifier les traits fondamentaux du corpus ethnologique et leur mise en
rapport. Ici, on ne vise que les narrateurs.
2.3.2. Méthode 2
Dans son essai sur le totémisme aujourd'hui, Claude
Lévi-Strauss (1962, p 134) précise qu' « il est
impossible de dissocier la forme du contenu. La forme n'est pas en dehors, mais
au-dedans ». Pour cela, notre deuxième niveau de
traitement des corpus, s'appuiera sur l'analyse du contenu dans sa variante
thématique. Selon Macc Gordon, (1991, p 96) l'analyse de contenu est:
« une technique d'analyse des données visant à
décrire et à interpréter de manière
systématique le contenu manifeste des communications, c'est une
technique que l'on utilise pour répondre à cinq questions
soulevées par l'analyse interne d'une communication: qui parle? Pour
qui? Pour dire quoi? Par quels procèdes? À qui? Avec quel effet
recherche? ».
À cela s'ajoute Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt
(1995, p 75) pour qui « l'analyse du contenu a donc une fonction
essentielle heuristique, c'est-à-dire qui sert à la
découverte d'idées et de pistes de travail (..). Elle aide le
chercheur à éviter les pièges de l'illusion de la
transformation, et surtout à découvrir ce qui se dit
derrière les mots, entre les lignes, et à Travers les
stéréotypes. Elle permet de dépasser, au moins dans une
certaine mesure, la subjectivité de nos propres interprétations
».
Notre plan
D'une manière générale, on dira que ce
travail est scindé en quatre parties: De ce fait, dans une
première nous avons l'exploitation des arguments de contenu et de
méthode des sources documentaires.
Nous allons présenter la juridiction traditionnelle de
la forêt dans la deuxième partie, puis nous nous proposons de voir
la juridiction actuelle de la forêt, dans la troisième partie et
enfin dans la quatrième partie, nous tenterons d'établir par la
biais du rapport Homme-Nature, les risques (conséquences) entre les deux
conceptions appliquées à la forêt de la Monda , les
constats et l'analyse.
Chapitre II
Etat de la documentation
Dans ce chapitre, il sera question de présenter
l'analyse des différents ouvrages que nous avons parcourue tout au long
de notre étude et qui nous ont permis de bien orienter nos recherches.
Nous l'avons structuré en deux sections : les études d'autre
régions du monde d'une part et celles faites en Afrique d'autre part.
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