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Double juridiction de la forêt gabonaise : cas de la forêt de Mondah

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par Mnuela MINTSA
Unibersité Omar Bongo - DEA (Master Recherche) 2010
  

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Section 1 : Etudes d'autres régions du monde

Sabine Rabourdin, 1996. Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes, Paris, Delachaux, 223 p.

Sabine Rabourdin, Ingénieur et diplômée en ethnologie, est journaliste-écrivain. Son travail s'oriente sur la réaction de la société face aux changements globaux d'environnement.

Dans cet ouvrage, l'auteur part du fait que la terre des sociétés modernes est fragile et ne peut plus aujourd'hui répondre aux sollicitations demeurées des hommes. Comment alors concilier « modernité» et écologie?

À travers un tour du monde des savoirs écologiques traditionnels chez les Yanomanis, les Ladakhis, les inuit, Sabine Rabourdin montre que ces sociétés ont su développer des façons de vivre qui s'harmonisent avec leur environnement et se fixent des limites. Ces « bons sauvages» auraient beaucoup à apprendre aux « civilisés»: depuis leur rapport homme/nature aux techniques novatrices de préservation des ressources naturelles. C'est alors de multiples concepts occidentaux que l'auteur nous amène à réviser la pauvreté, le bonheur, la place de l'homme sur terre. Il conclura en disant qu'entre ethnologie et écologie, cet essai montre que les sociétés traditionnelles peuvent constituer une source d'inspiration précieuse pour les sociétés occidentales, si chacun se donne la peine de considérer la modernité autrement.

Cet ouvrage nous guide dans notre réflexion dans la mesure où si 1 `homme adopte un comportement aussi dominateur vis-à-vis de la nature, c'est certes pour s'en protéger, mais c'est également pour l'exploiter. Dans tous les pays du monde, la tendance est d'accroître l'exploitation des ressources naturelles, pour soutenir l'évolution démographique mais aussi pour tenter de répondre à une exigence grandissante de confort (p. 31).

Aussi, dans les sociétés modernes, la gestion de l'environnement n'implique pas l'individu, devenu un service régi par l'État, cette manière de déléguer la gestion de la nature empêche la prise de conscience par chaque individu de ses possibilités d'action et élargit encore le fossé (p. 32).

Dans le chapitre 1 l'écologie à la lumière des peuples traditionnels: « pour le sauvage, le monde en général est animé: arbres et plantes ne font pas exception à la règle 1`homme croit qu'ils ont des âmes comme la sienne, et il les traite en conséquence. » (p. 44). Ainsi, quand vous détruisez un site, vous créez une ride qui va tout sillonner dans le cosmos comme la jarre de billes. Cela détruit l'équilibre et ce déséquilibre entraîne le chaos, la maladie et la mort des gens et de la nature.

Les populations autochtones de la Mondah (Benga) ont une gestion de la forêt que ce qui leur ait nécessaire à la survie. Car les sociétés traditionnelles ont connu le développement durable bien avant que ce terme n'ait été inventé, dans le domaine des relations entre l'homme et la nature, ces sociétés peuvent venir au secours des sociétés modernes, parce qu'elles ont des réponses à apporter aux maux de la modernité, parce qu'elles peuvent constituer un exemple qui nous permette de nous situer à la hauteur des exigences écologiques et sociales de notre époque. Car pour qu'il ait une bonne gestion de l'écosystème forestier et penser un développement durable, il faut tenir compte des opinions des peuples autochtones (riverains).

Descola Philippe, 1986. La nature domestique. Symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar, Paris, Fondation Singer-Polignac, Maison des Sciences de l'Homme, 450 p.

Anthropologue français, il a fait des études de philosophie à l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud et d'ethnologie à l'École Pratique des Hautes Études où il a passé sa thèse sous la direction de Lévi-Strauss. Actuellement, il est directeur d'étude d'« Écologie symbolique» et directeur du laboratoire d'Anthropologie Sociale à l'École des Hautes Études en sciences sociales et professeur au Collège de France (Chaire de l'Anthropologie de la nature).

Considéré comme l'ouvrage qui donna naissance à l'anthropologie de la nature, la nature domestique a fait date dans 1 `histoire de la discipline. Les principales raisons qui ont conduit l'auteur vers l'anthropologie écologique étaient de déconstruire son caractère réductionniste ainsi que de relier les aspects symboliques et les aspects matérialiste dans une étude des relations entre les Achuar et leur environnement. En effet, sont bordées, dans cette monographie, à la fois les modalités d'usage du milieu et leurs formes de représentation.

Pour ce qui est des Achuar, il s'agit d'un groupe appartenant à l'ensemble Jivaro, situé dans le haut Amazone, à la frontière entre le Pérou et l'équateur. Il est important de noter qu'il constitue également un des derniers groupes Jivaro à n'avoir pas encore subit les effets déstructurant du contact avec le monde Occidental. Philippe Descola et son épouse, Anna Christine Taylor ont réalisé leur terrain parmi eux (les Achuar du Pérou) entre 1976 et 1979, y réalisant plusieurs séjours prolongés. En découvrant l'ethnologie et les sociétés exotiques, Descola se détourne progressivement de ce discours qu'il qualifie au passage de "léthargie dogmatique" (p. 3). Il se familiarise alors à l'approche structurale des mythologies amérindiennes de Claude Lévi-Strauss et s'initie aux arcanes de l'anthropologie économique de Maurice Godelier. Ces derniers vont l'accueillir, l'orienter et le soutenir dans son projet ethnologique. De retour en France en 1984, il rédige une thèse dont ce livre est le fruit.

Dans cet ouvrage, l'auteur passe aisément de la description de la cosmologie achuar à des explications scientifiques rigoureuses, l'objectif étant de déconstruire la théorie écologique déterministe. Il va alors examiner les dynamiques et processus de socialisation de la nature sous leurs formes techniques et symboliques, matériels et idéelles. Son projet étant de « montrer comment la pratique sociale de la nature s'articule à la fois sur l'idée qu'elle se fait de son environnement matériel et sur l'idée qu'elle se fait de son intervention sur cet environnement » (p. 12).

Pour Philippe Descola, « lorsqu'une société conçoit l'usage de la nature comme homologue à un type de rapport entre les hommes, toute modification ou intensification de cet usage devra passer par une réorganisation profonde tant de la représentation de la nature que du système social qui sert à penser métaphoriquement son exploitation ». Autrement dit on ne peut séparer les déterminations techniques des déterminations mentales. Dans le cas des Achuar il constate que ces derniers ont « une connaissance pragmatique et théorique de la diversité de leur environnement connaissance qui est instrumentalisée dans leurs modes d'usage de nature et notamment, dans les techniques agricoles » (p 60).

Ici, on voit apparaître la primauté du symbolique sur la pratique, car pour Philippe Descola, on ne peut pas penser l'un sans l'autre. Toute son étude repose en effet sur l'étude de la pratique, ou plus précisément de la praxis, selon lui, il est illusoire de vouloir séparer les dimensions matérielles des dimensions mentales, elles sont en effet intrinsèquement liées. Ainsi, le coeur de la nature domestique consiste avant tout en une description détaillée des relations qu'entretiennent les Achuar avec leur environnement naturel et des représentations qu'ils en font.

Or, l'idée que la nature est un champ des phénomènes qui se réalisent indépendamment de l'homme est évidemment complètement étranger aux Achuar. Car, chaque plante et chaque animal se voient doté par les Achuar d'une vie autonome aux affects très humain. Tous les êtres de la nature ont ainsi une personnalité singulière qui les distingue de leur congénère.

Philippe Descola, montre dans cet ouvrage qu'il existe une continuité sociale entre humain et non humain, de même qu'une forme d'hiérarchie à l'intérieur de la place des agents (êtres de langage). Aux humains s'opposent les choses muettes et inaccessibles. Descola remarque également qu'à l'intérieur des non-humains avec lesquels la communication est possible (par le langage de l'âme, exprimé chez les Achuar sou forme de chants) des différences sont instaurées. Il y a d'abord les esprits qui ont une sociabilité exemplaires, identiques à celle des humains (Tsunki) esprit tutélaire des jardins, certains animaux et certaines plantes. Ensuite viennent des êtres qui bafouent les règles sexuelles d'exogamie. En dernier lieu, on trouve les êtres solitaires.

A la lumières des faits recueillis par l'auteur chez les Jivaro de la forêt du Haut Amazonie, nous retenons que les éléments architecturaux, les techniques de productions en rapport avec les lieux ou elles s'exercent (horticulture, chasse, pêche et cueillette) sont en relative à la sous exploitation des ressources, aux habitudes alimentaires et nutritionnelles des Achuar. Le plus important étant que « l'écologie d'une société apparaissait comme un fait social total synthétisant les éléments techniques, économiques et religieux, selon un mode de combinaison dont la structure profonde était isomorphe aux autres structures régissant la totalité sociale ».

L'intérêt de cet ouvrage est d'avoir étudié à la fois les réalités culturelles et naturelles, d'avoir souligné l'importance d'une production symbolique qui entraîne le bon usage de la nature et son respect. Ce qui nous renvoi à l'exploitation de la forêt de la Mondah par les populations rurales endogènes et aux techniques d'exploitation précaires comme la société d'achuar.

Descola Philippe, 2002. « L'anthropologie de la nature » in Annales histoire, Sciences sociales, Paris, EHESS, Armand Colin, 925 p.

Philippe Descola, est professeur au Collège de France, titulaire de la Chaire d'anthropologie de la nature, directeur d'étude à l'École des Hautes Études en sciences sociales et directeur du Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS-EHESS/CNRS/Collège de France).

Ses thèmes de recherche sont l'ethnologie des sociétés amérindiennes, d'anthropologie comparative des modes de socialisation de la nature, l'épistémologie et la philosophie des sciences sociales et l'anthropologie cognitive. Dans cet ouvrage, l'auteur a pour objectif de montrer comment ce courant a ouvert de nouvelles pistes dans la réflexion anthropologique. « Parler de la nature c'est avant tout parler de la culture. Parce que la nature ne peut plus être considéré comme extérieure au monde des hommes. La manière dont les différents peuples sont entrés en relation avec elles, l'ont appréhendé et conceptualisé a donné naissance n'ont pas à une nature extérieure, régis par des lois que la science peut nous révéler, mais il plusieurs natures, aussi diverses que les cultures ».

Ce travail sera donc organisé en plusieurs temps. Premièrement, le contexte dans lequel l'anthropologie de la nature a émergé (une anthropologie en crise). Les grandes lignes de ce nouveau champ seront ensuite abordées de manière générale. Troisièmement, une explication des liens que l'anthropologie de la nature entretient avec Claude Lévi-Strauss. Le chapitre six nous fera entrer dans le coeur de la question: les théories et terrains de quatre grands penseurs en anthropologie de la nature. Il reviendra notamment sur la crise de l'anthropologie, établir un lien plus clair entre l'anthropologie de la nature et l'anthropologie dynamique. Pour terminer, à la lumière de toutes ces théories, courantes et perspectives, l'auteur dessinerait les grands signes d'une anthropologie de la nature personnelle, une « anthropologie perspective de la nature ». D'après lui, on ouvre les limites de l'anthropologie de la nature actuelle seront dépassées dans une volonté d'inscrire l'anthropologie de la nature dans la dynamique actuelle des relations entre sociétés et environnement.

Cet ouvrage nous est capital dans la mesure où l'exploitation commune dans la forêt trouvera sa justification dans ce que Philippe Descola appuie par une description devenue aujourd'hui célèbre du musée d'histoires naturelles de la Plata au Brésil. Il montre combien ce musée illustre le point de vue selon lequel il y a un ordre dans le monde depuis l'univers naturel très ordonné (rez-de-chaussée) jusqu'à la diversité humaine confuse (du premier étage). Descola ici, utilise cette description comme une caricature du monde tel que nous le voyons. La séparation du champ de la nature et du champ de la culture est en effet devenue un automatisme dans notre société, dû à notre intégration profonde du schème dualiste. Dans cette perspective, le monde serait entre une nature et plusieurs cultures, la forêt de la Mondah (nature) exploitée par plusieurs ethnies de culture différentes.

Section 2 : Etudes africaines.

Suzanne Jean, 1975. Les Bandjabi, les jachères en Afrique tropicale. Interprétation technique et foncière, Musée de l'Homme, pp. 97-131.

Suzanne Jean est docteur en géographie (études rurales) et licenciée en droit. Après avoir obtenu à la Sorbonne les certificats d'Ethnologie et d'Histoire, elle a fréquenté le centre de formation aux recherches Ethnologiques (Musée de 1 `Homme) et a bénéficié de la formation de l'École Pratique des Hautes Études (II section, Sciences Économiques et Sociales). Ayant collaboré pendant de longues années à un organisme de coopération, l'auteur a eu l'occasion d'acquérir une grande expérience de terrain et de faire de nombreuses observations sur l'agriculture et les systèmes fonciers africains.

Dans cet ouvrage, l'auteur envisage d'étudier le rôle de la jachère en agronomie tropicale puis s'emploie à définir ce qu'on attend par interprétation foncière de la jachère dans les communautés villageoise du point de vue théorique. D'autre part, travaillant sur le terrain, elle analyse quelques cas d'interprétations foncières à travers l'exemple des Banzèbi du Gabon et autres communautés humaines du Dahomey (actuel Bénin), de Côte-d'Ivoire, du Cameroun et du Nigeria. En dehors de l'introduction qui restitue le cadre général de l'histoire du peuple Zébie tout en donnant des informations sur sa situation démographique, géographique que scolaire. Nous avons porté un accent particulier au chapitre V qui comprend trois parties. La première partie est consacrée à l'organisation familiale et scolaire du groupe Zébie. Celle-ci est construite autour des principes de la matrilinéarité et de la patrilocalité. En fonction de la matrilinéarité, l'auteur examine les structures parentales, leur rôle et l'origine. De leur formation. Ce sont les clans (ibandu), le sous-clan (nzo), le lignage (nzo pour les hommes libres et dibura pour les serviteurs d'après l'auteur) qui sont examinés. En fonction de la patrilocalité l'accent est mis sur les groupements familiaux basés non plus sur la communauté des clans mais sur la continuité territoriale à l'exemple du groupe de production appelé itsuku.

Cette partie montre que la société zébie a pour fondement la parenté et la solidarité et ce sont elles qui conduisent à une certaines organisation sociale et familiale. Dans cette même. Partie, l'auteur traite également des associations à caractères d'intégrations dont, le nimbe, le mwiri et le bwiti. Dans la deuxième partie, l'auteur traite du système cultural zébie. Celui-ci donne lieu à une alternance bisannuelle des cultures de cucurbitacées et solanacées. Autrement dit, « à une année de la courge ilem sia nzaka, succède une année d'aubergine ilem sia mbongolo ce qu'il faut surtout comprendre c'est que le phénomène de l'alternance bisannuelle a pour conséquence immédiate l'exclusion dans le temps et dans l'espace de l'une ou de l'autre plante. L'auteur précise par exemple qu'en 1961 c'était l'année des courges et 1962 celle des aubergines. Dans cette partie, l'auteur montre aussi que le système cultural zébie donne lieu à une division sexuelle des tâches et que certaines cultures sont toujours accompagnées de rites religieux et interdits telle que la récolte des courges.

Enfin, dans la dernière partie, l'auteur examine les règles d'appropriation, de transmission et de gestion du sol en se plaçant au niveau du village, du lignage et de l'individuel. Au niveau du village par exemple, il parle d'« inanga villageoise» pour dire « Étendue de surface variable dont les limites sont connues et généralement marquées par des repères naturels du terrain: rivière, colline, forêt ou bien certains arbres » (p. 112). La Transmission du droit d'usage du sol se fait différemment: par voie successorale, par le fait d'appartenir au clan, par le lien familial ou bien par l'alliance passée entre deux familles.

Cet ouvrage nous est important car il permet de comprendre l'installation et les activités du peuple zébie qui vit au Cap-Estérias et Santa-Clara et qui exploite la forêt de la Mondah. Nous comprenons plus que, c'est par solidarité et familiarité que ces populations ont occupé cette espace qui auparavant appartenait aux Benga. Étant un peuple culturellement structuré, les populations rurales de ladite zone pratiquent l'exploitation forestière selon leurs pratiques culturelles. Nous trouvons aussi l'implantation des temples de « bwiti» qui montre les socialisations à caractères d'intégrations dont l'auteur fait appelle dans la deuxième partie.

Laplantine François et Nouss Alexis, 1997. Le métissage, Paris, Dominos, 142 p.

Ces deux auteurs français appartiennent à deux sphères scientifiques aux objets d'étude différents. François Laplantine est anthropologue alors qu'Alexis Nouss est linguiste. La rédaction conjointe de cet ouvrage s'explique par le fait que ces auteurs partagent la même passion pour l'étude des phénomènes métis. Nouss en tant que linguiste s'oriente sur la question de bilinguisme alors que l'anthropologue Laplantine s'oriente dans celle des constructions des identités culturelles métisses. Cette assertion trouve bien sa légitimité à travers sa conférence tenue à Libreville au mois de juillet sur l'Afrique Bantu au Brésil.

Cet ouvrage qui regroupe les connaissances anthropologiques et linguistiques fonde son argumentaire sur la reconstruction des identités des sociétés immigrées ou celles vivants au Contact d'autres sociétés. Ces auteurs parviennent à démontrer a partir de leurs disciplines respectives qu'avec les déplacements et les contacts, les sociétés se reconstruisent des nouvelles identités qui parfois combinent à une nouvelle culture. Pour étayer cela, ils prennent plusieurs exemples parmi lesquels la domination d'une langue ou d'une culture sur une autre, mais le produit d'une association de langues et de cultures hétérogènes. Autrement dit, une culture prend forme à partir d'un assemblage d'éléments hétérogènes.

En cela, cet ouvrage nous guide beaucoup dans notre réflexion sur le changement de comportements des populations rurales et urbaines. Le brassage de culture a fait que les Benga peuple marin au contact des populations venant de l'intérieur du pays (zébi, fang, punu) qui sont des peuples forestiers et pratiquent l'extraction du vin de palme le font aussi. De même les peuples zébi, fang, punu aujourd'hui pratiquent la pêche en mer en dehors des activités forestières. La monétarisation, la recherche du gain pousse les populations à exploiter les ressources forestières sans lendemain pour s'adapter au nouveau monde dans lequel il se trouve.

Dupré Georges, 1982. Un ordre et sa destruction, Paris, ORS TOM, 446 p.

Ce livre a été conçu sur la base des sources écrites, archives et enquête de terrains menés en pays zébie au Congo dans la région de Mossendjo. Dans cet ouvrage, l'auteur prend comme objet d'étude l'analyse de la situation de dépendance dans laquelle se trouvent les sociétés rurales congolaises. Et principalement la société zébie à un moment donné de son histoire. Bien plus, il tente de «relever, à l'intérieur de la situation de dépendance ou se trouvent les sociétés rurales congolaises, toutes les possibilités même si elles sont vaincues qui doivent être prises en compte par tous ceux qui s'attellent à la tache immense mais surmontable de mettre fin à une domination qui n'est nullement inscrite à jamais dans l'ordre des choses» (p. 12). Pour résumer, cet ouvrage est une présentation du rapport de force entre la culture zébie (culture dominée) et la culture occidentale (culture dominante).

Dans la première partie intitulée: Coordonnées, l'auteur livre quelques points généraux au sujet, mais nécessaires a sa saisie. Il présente l'espace zébie, le parcourt migratoire de ce peuple, ses rapports avec les autres groupes avoisinants, etc.

La deuxième partie qui traite de l'ordre zébie analyse la société zébie précoloniale, c'est-a-dire avant les formes précédent la production capitaliste. Pour Dupré: « avant de considérer les sociétés africaines immergées dans les eaux d'une histoire qui les domine, il faut montrer comment se reproduisent elles-mêmes, comment, ce faisant, elles s'orientent dans le temps, c'est-a-dire comment elles produisent leur histoire » (p. 12). Dans cette perspective, l'auteur passe en revue les diverses structures socio-économiques des zébie (chasse, pêche, cueillette, agriculture, élevage, travail du fer, artisanat, etc.), leur système clanique et lignager, leur formes de mariage, les systèmes d'attitude, leur vision du monde, leurs habitudes alimentaire.

Il insiste sur la gestion de la forêt. La jachère était un élément primordial dans cette gestion et était toujours respectée. En fait, dans cette partie qui constitue le point de départ de la démarche de l'auteur, il livre accès à la réalité économique et sociale de la société zébie puis montre comment la production matérielle affecte la production sociale. C'est dire que l'analyse des productions matérielles n'est pas simplement d'ordre économique. Elle est aussi d'ordre social, il existait déjà la division sexuelle du travail.

Dans la troisième partie intitulée la destruction l'auteur analyse la destruction de l'ordre ancien suite aux regroupements des villages, aux recrutements forcés et suite à l'introduction du salariat au coeur de la culture zébie. Il s'interroge donc sur le sens précis des changements et transformations socioculturelles, économiques et politiques depuis la traite jusqu'à l'installation de l'administration française en 1911 en passant par le système concessionnaire.

Il résume ce rapport de force en ces termes: « A cette époque, le de part de presque tous les jeunes hommes des villages vers les chantiers (chemin de fer Comilog) et l'arrivée massive dans la région de travailleurs célibataires furent à l' origine d'une instabilité matrimoniale importante » (p. 177). Aussi, ces regroupements ont causé de lourds préjudices à la production agricole et la concentration de la population va contribuer à accroître sa fragilité (p. 276).

Il notera aussi que la pression démographique sur les terres va accentuer la dégradation des sols dans les zones proches de la route à la fois par l'allongement des durées de culture et la diminution de la jachère forestière; et cela à un moment où le salariat concurrence l'agriculture (p. 290).

Il conclura en disant: « Désormais la permanence dans laquelle s'installe l'économie nzébi est celle de sa soumission au capitalisme dont les interventions successives ne sont que l'écho de sa croissance, de l'expansion a l'échelle planétaire de ses contradictions et de ses stratégies impérialistes. La conquête coloniale installe le peuple nzébi dans la division internationale du travail en faisant de lui l'argent d'une économie d'extraction dont les nécessités vont modèleer directement l'infrastructure administrative et économique et l `équipement dont le colonisateur pourvoit le peuple nzébi » (p. 281).

Pour l'essentiel, retenons que cet ouvrage est d'un intérêt considérable à en juger par la qualité de sa richesse et ses informations renseignant presque sur tous les savoirs et savoir faire du peuple nzébie. Il ressort en rapport avec notre thème que les populations de l'intérieur du pays immigrant à Libreville à la recherche d'un emploi rémunéré sont' à la base de la pression démographique dans la capitale et est à l'origine de l'exploitation abusive des forêts environnantes pour la satisfaction des besoins alimentaires, sanitaires, monétaires, religieux, etc., sans cesse croissants. Tout comme la société nzébie lors de sa destruction, la forêt classée de la Mondah court un danger.

Kialo Paulin, 2005. Pové et forestiers face à la forêt gabonaise. Esquisse d'une anthropologie comparée de la forêt, Thèse de doctorat. Université Paris V René Descartes, 380 p.

Anthropologue de formation, Paulin Kialo est attaché de recherche à l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (I.R.S.H) du Gabon. Il intervient en tant que vacataire au département d'anthropologie de l'Université Omar Bongo.

Les travaux de cet auteur s'inscrivent dans la perspective d'une anthropologie comparée des modes d'exploitation de la forêt avant et après le contact des sociétés traditionnelles du Gabon et les exploitants forestiers occidentaux. En d'autres termes avant et après la période coloniale. De cette comparaison, il relève l'existence de deux modèles d'exploitation de la forêt contradictoire. Pour un européen, la forêt est constituée d'arbres, ce qui intéresse les forestiers ce sont les bois utiles à leur industrie. Ses origines dans 1 `histoire des rapports entre l'occident et la forêt y sont présents les systèmes de pensée religieux; y sont en pratique la science et le capitalisme. La forêt n'était plus le lieu ou habitent les démons, elle n'était plus le lieu symbole de la non-civilisation, elle était devenue un capital. De l'autre côté la forêt nourrit l'homme. Pour le Pové, la mort de l'homme vient du village et non de la forêt. Ici, c'est la terre qui fait fonction de grenier.

Il poursuit en disant que l'un est anti-forêt et l'autre est pro-forêt. Son analyse des rapports de l'homme à la forêt va plus loin en ce qu'il arrive à démontrer que la gestion de l'espace forestier obéit à une logique cyclique qui oscille entre les modèles déjà énoncés. Cloisonnées jusqu'à une certaine époque dans un mode de vie propre fait des croyances et des valeurs culturelles respectueuses de la nature, pour les sociétés pro-forêt. Par contre, la civilisation occidentale dont l'exploitant forestier est le symbole vu l'outillage utilisé contre la forêt et les objectifs de profits qui l'animent serait anti-forêt. Aujourd'hui, les deux civilisations (sociétés africaines / sociétés occidentales) sont anti-forêt. Ainsi, donc le mode de vie actuel des sociétés modernes inscrit l'humanité dans une spirale anti-forêt. Une tendance que les organismes non gouvernementaux tendent à renversé en optant pour la protection et la conservation de l'environnement.

Cette thèse nous guide dans notre travail sur les comportements des africains en général et ceux des gabonais en particulier, mais aussi des occidentaux face au patrimoine forestier. Il ressort clairement aujourd'hui que le modèle anti-forêt gagne du terrain, et que l'usage actuel des potentiels forestiers passe nécessairement par les besoins financiers. Par ailleurs, plus la pression démographique croit dans la capitale (Libreville), plus les besoins alimentaires peuvent requérir des formes d'intensifications de culture ou de coupes excessives de bois qui éloignerait la forêt de la Mondah d'une gestion douce comme celle qu'elle a connu autrefois avec les Benga. Ainsi, à travers les analyses faites par les auteurs, nous pouvons pour le moment, approcher notre thème avec un esprit scientifique.

Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale (LUTO), 1998. Acte du Séminaire les formes traditionnelles de gestion des écosystèmes au Gabon, in Revue Gabonaise des Sciences de l'Homme n°5, PUG, Libreville, UOB, 331 p.

Cet ouvrage est une compilation de communications au cours du séminaire, qui a été réalisé par un ensemble de chercheurs provenant de disciplines diverses: Sciences Humaines et Sociales, Science de la Vie et de la Terre, et autres. Tout en prenant en compte les connaissances traditionnelles du Gabon.

En effet, la réflexion au cours de ces débats tournait autour des patrimoines identifiés et constitutifs de l'écosystème forestier, notamment les patrimoines botaniques, animal, aquatique, foncier et humain. Cet acte visait plus précisément l'identification et l'invention des techniques traditionnelles de gestion de l'environnement mises en oeuvre par les ethnocultures gabonaises. Toutes ces différentes pratiques visent à préserver les différents patrimoines identifiés. De même, les croyances et prescriptions relatives à l'application de ces pratiques et techniques n'ont pas été laissées en marge. « Même sur les représentations très élémentaires, tout un processus d'élaboration cognitive et symbolique prend place et va orienter les comportements » (Jodelet 1980 : 334 p.), il ressort que, l'homme d'Afrique avant l'arrivée des Blancs, au moins dans l'intérieur de la forêt, vivait dans un véritable équilibre biologique avec tous les êtres végétaux et animaux, qu'il connaît et qu'il savait utiliser, ou dont il pouvait se défendre sans aller jusqu'à l'abus et jusqu'à la destruction (Chevalier 1934).

Le chapitre sur le patrimoine botanique (pp. 3-39), nous présente les relations de l'homme avec son environnement. L'importance que le peuple gabonais accordait à la forêt celle-ci qu'il considère comme leur mère nourricière. Même étant en ville, la forêt occupe toujours une place importante pour les citadins. Aux fonctions sociales culturelles vient s'ajouter la fonction économique. C'est ce que la population gabonaise investie comme valeur essentielle dans son rapport à la nature et aux hommes.

Il y a comme une sorte de retour aux sources. La population de Libreville est formée à près de 80% des paysans et cela expliquerait le retour aux sources, aux origines. 70% de cette population a fréquenté la forêt pendant l'enfance et quand elle vient à Libreville, elle tend à avoir un contact avec la forêt. C'est ainsi qu'elle prend le risque d'affronter les agents des eaux et forêt dans la forêt protégée du Cap-Estérias (Mondah).

Cet acte du séminaire est particulièrement intéressant pour nous en ce sens qu'il montre l'utilisation rationnelle de quelques végétaux utiles aux populations rurales au Gabon, aussi la représentation mentale de la forêt par le citadin au Gabon. Il nous ait aussi important dans le sens ou il nous présente les formes traditionnelles de gestion de l'écosystème du village du Cap-Estérias qui est l'une de nos zones d'enquête.

Projet forêt Environnement (PFE), 2000. Étude de faisabilité des forêts communautaires au Gabon Rapport final, LUTO, Université Omar Bongo, 156 p.

Cette étude est initiée par le Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale (LUTO) en partenariat avec le Ministère de l'économie forestière. Elle était composée d'une équipe interdisciplinaire: d'un juriste (Zeh Ondoua Jean), d'un anthropologue (Kiola Paulin), de deux économistes (Okoué Metogo Fabien et Zomo Yebe Gabriel), d'un écologue (Ngoye Alfred). Elle était assistée de trois agents du Ministère des Eaux et Forêts. L'étude s'est déroulée dans cinq provinces du Gabon: Estuaire (Oyan, et Ekouk), Ngounié (Yétsou), Ogooué Lolo (Baniati et Bassegha), Ogooué Maritime (Idjembo M'pivié, Diombou) et Woleu-Ntem (Nkang).

Elle a consisté à déceler, parmi les modes de gestion traditionnelle des forêts qui existent, un mode de gestion qui correspondrait au concept de « forêt communautaire ». La mission a simplement constaté qu'il existe une diversité de modes de gestions villageois des espaces et des ressources forestières.

Le premier est une gestion individualisée; le deuxième est une gestion lignagère (Baniati et Nkang) ; le troisième est une association (Bassegha) ; le quatrième est une gestion locale mixte (Yestou).

Ainsi, l'inexistence d'un modèl unique de gestion traditionnelle rend problématique la mise en place d'une gestion de type communautaire des forêts du Gabon au sens défini par la Banque mondiale: « Mon village est plus vieux que le Gabon » dit un informateur aux hommes de sciences au cours de cette enquête, pour dire que l'État du Gabon n'a pas de prérogatives sur les terres des villages ou encore « Mon grand père, c'est l'État » pour dire que les lignages n'existent plus dans la Mondah comme structures qui veillent sur les terres, puisqu'elles sont contrôlées par l'État. Ce qui expliquerait peut-être le « désordre », le « non respect des limites de la partie classée dans la Mondah » constaté dans la gestion de cette forêt.

Les experts étaient confrontés au problème de l'identification d'un mode de gestion standard pouvant garantir la gestion durable des espaces forestiers. Le texte se termine par des recommandations à l'endroit du Ministère des Eaux et Forêts et par la proposition d'un cadre juridique relatif aux forêts communautaires de la gestion individualisée étant la mode qui prime, chacun cherche à satisfaire ses besoins dont la source principale est la forêt. Et, ainsi nous assistons à une désarticulation des ressources forestières et une diminution des espèces car le prélèvement, l'utilisation, et la conservation ne sont pas harmonieusement suivit.

Lévi-Strauss Claude, 1962. La pensée sauvage, Paris, Plon 389 p.

Anthropologue Français, Lévi-Strauss Claude est né à Bruxelles de parents français, le 28 novembre 1908, il a étudié le droit à Paris jusqu'en licence, et la philosophie. Il est reçu à l'agrégation de philosophie en 1931. Sa carrière d'ethnologue débute 3 ans après, lorsqu'il est invité à venir enseigner la sociologie à Sao Paulo, où il restera jusqu'en 1939. C'est à cette occasion qu'il séjourne parmi les populations indiennes (Nambikwara, Caduvéos et Borors) et mène ses seules enquêtes de terrain. D'abord, maître de recherches au CNRS puis sous-directeur du musée de l'homme il est ensuite nommé directeur des études à la section de l'école pratique des hautes études, à l'ancien chaire de Marcel Mauss. Il est élu à la chaire d'anthropologie sociale du collège de France, et y fonde le laboratoire d'anthropologie sociale et revue de l'homme.

C'est en 1960 que Lévi-Strauss va commencer sans relâche la rédaction de la pensée sauvage. C'est « un livre d'une grande technicité consacré pour l'essentiel aux modalités et aux méthodes des taxinomies populaires étudiées par l'ethnologue » p.14. Il manifeste sa volonté d'interpréter la vie des sociétés et des cultures en termes de logique inconsciente. Il est évident que les propriétés de ce qu'il va qualifier de « pensée sauvage» sont à la fois structurées et structurantes. Le primat des formes inconscientes vient de ce qu'elles fonctionnent comme langage, donc comme une structure, mais aussi de ce qu'elles expriment le mode de lecture, voire de fabrication du monde. Le rôle de l'inconscient s'explique par la nature de la réalité institutionnelle (la parenté) ou matérielle (l'esthétique des objets).

Dans cet ouvrage, l'expression pensée sauvage est employée pour décrire le fonctionnement de la pensée à l'état brut, « naturel », « sauvage» en quelque sorte, telle qu'on peut l'observer même dans les sociétés ou se développe une pensée scientifique et non pour qualifier celle des peuples dits sauvages.

Suzanne Jean, 1973. La jachère en Afrique tropicale. Interprétation technique et foncière, Paris, Musée de l'Homme, 168 p.

D'après l'auteur, la grande majorité des cultivateurs d'Afrique au sud du Sahara abandonnent à la jachère des terres qui ont été cultivées pendant une ou plusieurs années. Ce procédé semble être le plus économique. En apparence simple, ce procédé soulève plutôt des problèmes tant sur le plan agronomique que sur le plan foncier et donc humain. D'après lui la jachère est liée à la pratique de la culture itinérante dont elle n'est qu'une étape. Cette technique permet le maintien d'une fertilité certaine de la terre en favorisant sa reconstitution.

En plus de ces données, l'auteur nous dit de tenir compte des plantes cultivées, des rotations des cultures, de l'outillage, de techniques de débroussage, etc. Ceci pour dire que la reconstitution de la terre n'est jamais totale ce qui amène les populations à procéder à des ajustements. Sur le plan foncier par exemple, tous les droits sur les jachères ont pour fondement leur caractère religieux, variable selon la position sociale du détenteur, l'impérieuse nécessité de confirmer perpétuellement ce droit par les travaux qui y sont accomplis: entretien, nouvelle plantation, etc. L'auteur ajoute aussi le fait que ce droit est limité dans le temps.

Ce droit est ébranlé par l'incursion et l'intrusion opérées par la colonisation. Ainsi des faits tels que l'extension des surfaces mises en valeur, l'introduction des cultures pérennes: café, cacao, hévéa pour ne citer que celles-là modifient en profondeur l'organisation sociale. Peu à peu l'idée de propriété foncière au sens occidental du terme fait jour.

Mais en ce qui concerne les pays à faible densité de population, l'intérêt de terre est fonction de ce qu'elle nourrit les hommes. Ce qui fait dire à l'auteur que quiconque contrôle la terre contrôle égaille les hommes. Ce qui implique que le contrôle de la terre ou du foncier constitue en même temps un essort important politiquement. La conséquence est que la course à l'occupation de la terre se manifeste à travers des tactiques d'occupation des terres.

L'auteur n'a (pas) analysé la problématique de la terre que par rapport à l'agriculture, il n'a pas fait allusion à l'exploitation des essences de bois tels que l'okoumé, l'ozigo, etc. qui fait également changer l'image que renvoie le droit foncier africain. Ainsi il est fait interdiction aux populations de disposer de leurs terres telles que le faisaient leurs ancêtres. Relativement à la forêt classée de la Mondah c'est dans cette optique que les populations ne disposants plus totalement de leur terre, vont en l'encontre des politiques étatique. L'Etat, s'auto proclament propriétaire des terres.

Kabala, Matuka avec la coll. de Souindoula, Simao, 1985. « Rapport entre l'homme et les écosystèmes dans le monde bantu », Racines bantu - Bantu roots, CICIBA, Libreville, pp. 49-66.

La vision et les rapports entre le bantu et l'écosystème est l'aboutissement d'un long processus du fait qu'ils tiraient tout ce qu'ils consommaient de la nature. Il s'est établi alors entre eux et l'écosystème « des interrelations étroites et dynamiques » (p. 49) Les auteurs relève la difficulté de faire une évaluation de l'impact de telles mutations sur les cultures et les langues. Ils notent par ailleurs qu'il y a deux choses à faire ressortir : une influence interne et une influence externe des valeurs due aux relations entretenues avec l'histoire, l'écosystème, l'économie, le social et le psychologique.

Les auteurs passent en revue la présentation des traits physiques généraux de l'espace géographique occupé par le Bantu, notamment la structure et le relief, le climat et enfin la végétation. Il poursuit l'analyse des écosystèmes, en rapport avec sa problématique générale- part du constat que les modifications récentes du milieu écologique menées en, Afrique depuis un siècle, ont modifié les rapports entre les populations et leur milieu qui ont une incidence sur les sociétés et leurs cultures. A cet effet des groupes de chasseurs/cueillette ont pu devenir cultivateurs ou pasteurs ; d'autres éleveurs de gros bétail ont pu devenir des agriculteurs ou se livrent à la cueillette. L'histoire semble ces derniers. S'emballer. On récence pour l'essentiel deux Impacts des « influences /extérieures sur les cultures traditionnelles, elles-mêmes en évolution constante. Et une dégradation des écosystèmes et en particulier des forêts tropicales humides, entraînant des graves conséquences sur le sol, le climat, les régimes hydrologiques et la faune sauvage » (p. 53)

La problématique des interrelations entre l'homme et ses écosystèmes s'analyse sous deux angles: la richesse et l'intérêt des cultures et les langues et ensuite des facteurs qui sont internes aux populations elle-même tels que la démographie et son impact sur l'écosystème. L'auteur continue son analyse en faisant remarquer qu'une uniformisation est entrain de s'opérer. On constate partout une entropie tant sur le plan des écosystèmes que sur celui des cultures humaines

La problématique se complique quand on mesure la folie interaction qui existe entre nature et culture compte tenu du fait que toutes les cultures traditionnelles sont ébranlées. L'auteur rappelle que «les systèmes de production, déterminent les modes de vie qui retentissent à leur tour sur les cadres de vie, sur l'environnement ». La problématique ne réside pas dans le choix entre le maintien ou le rejet des changements mais plutôt dans l'harmonisation des impératifs entre ce développement tant voulu par les uns et les autres, la gestion pensée de l'environnement et la sauvegarde de certains traits fondamentaux de la spécificité culturelle. La problématique est complexe ce qui explique le peu de cohérence dans tout ce qui a été proposé jusque-là.

Finalement il n'y a aucune réponse satisfaisante pendant ce temps constate l'auteur les équilibres millénaires sont entrain de voler en éclats surtout depuis les dix dernières décennies.

L'auteur passe ensuite en revu les représentations de la forêt chez les Bantu. Ce point est fondamental car «la manière d'utiliser les ressources naturelles et le milieu est largement influencer, dans les modes de production traditionnels, par la culture» (p. 55) L'auteur regroupe ces représentations dans six (6) chapitres. Ainsi l'on a :

Celle des naturalistes, de panthéistes, des animistes et les préanimistes Celle des mânistes, des animistes, de la mythologie et religieuse

3. Celle de magiciens ;

4. Celle de la science;

5. Celle des philosophes."

L'auteur regroupe ensuite ce découpage en trois catégories dont «les trois premières supposent des croyances, tandis que la quatrième est basée sur l'observation et l'expérimentation et enfin la dernière suppose des convictions sur la base de tout ce qui précède». Il lève une équivoque en précisant que toutes ces réalités coexistent mais à des degrés divers. Mais en ce qui concerne l'Africain, la multiplicité des liens entre ces instances et leur diversité «met en réappropriation constante des textes anciens, à commencer par ceux provenant de l'inter culturalité contrairement aux approches classiques qui semblent statiques et passéiste. Il fait une tentative de dépassement du rejet des corpus issus de la période coloniale visés particulièrement dans cette thèse, la démarche générale de l'auteur tend plutôt au contraire à fonder leur actualisation permanente en imaginant des approches de « contre-corpus de la culture endogène répondant aux corpus de la culture exogène, des lectures séquentielles permettant de dégager des «items centraux », ainsi que des inventaires systématiques formalisant a la fois des bilans contrastes et la nécessite de prendre en charge, sous forme de patrimoine socialement reconnu, l'ensemble des données léguées par les auteurs de corpus. La recherche s'appuie sur une documentation de 1200 (mille deux cents) références, 85 (quatre vingt-cinq) récits de fondation de villages de première main et des corpus spécialises de 100 (cent) icones, 40 (quarante) cartes et 20 (vingt) manuscrits tous originaux. »

Notre travail voudrait faire un dépassement par rapport à cette approche. Ceci parce que les différents corpus ne sont pas traités de part en part avec la même intensité. Si l'histoire de vie de Balandier est lue ou restituée rigoureusement, il n'en est pas de même de celles des Delikat ou des informateurs interrogés par les étudiants relatifs aux récits de fondation des villages ou des villes. Nous pensons pour notre part que l'analyse aurait été plus profonde si elle traitait les histoires de vie des informateurs endogènes au même pied d'égalité que les «informateurs exogènes».

Bruce, John, 1991. Foresterie communautaire. Evaluation rapide des droits fonciers et propriété de l'arbre et la terre, Rome, F A O, 54 p.

Le régime foncier est question de "droits", droits que l'on détient vis-à-vis de la terre et des arbres. Etudier un régime foncier consiste à examiner la nature de ces droits, leur origine, leur exercice et la façon dont ils interagissent avec d'autres facteurs notamment la plantation et la conservation des arbres.

L'auteur entend par régime foncier l'ensemble des droits qu'une personne physique ou morale, privé ou publique, peut détenir sur la terre et les arbres. C'est un ensemble de dispositions régissant les relations qu'entretiennent entre eux les individus et les groupes en ce qui concerne le statut et l'usage de la terre. Les droits sur la terre participent du bon fonctionnement d'ensemble du système social. Partage et mise en valeur dépendent d'abord des éléments constitutifs fondamentaux, matériels et idéels, de toute société territorialisée : écologie, démographie, technologie, attitudes envers la nourriture et le travail;

Idéologie religieuse et système d'autorité souvent imbriques, relation de parenté et de solidarité. Le système foncier représente l'ensemble de modes de jouissances fonciers dans une société donnée.

La diversité des systèmes fonciers interdits, il faut le signaler, toute généralisation facile sur la jouissance foncière et son incidence sur l'arbre, mais elle n'exclut pas de tracer quelques grands axes par rapport auxquels orienter, la réflexion de l'auteur de façon pertinente. La majorité des unités agricoles se caractérise par la conduite individuelle ou familiale des opérations agricoles. Les forêts communautaires sont des terres d'utilisation collective. La jouissance foncière et la gestion reviennent à la collectivité qui s'entend comme un lignage, un village, un groupe d'âge, etc.

Les collectivités territoriales peuvent être propriétaires des forêts et chercher en protéger les ressources. La réserve peut ériger pour plusieurs raisons: forêt naturelle qui pourrait abriter des ressources biologiques et ligneux diversité génétique de grande valeur; elle peut être aménagée à des fins commerciales, avec coupe et reboisement par alternance. Les pouvoirs publics se sont convaincus de la nécessité de créer des réserves forestières pour protéger la forêt d'une utilisation qui la condamnerait là où elle est accessible à tous ou lorsque la gestion du bien collectif n'est pas une assise. » Et les forêts interdites à quoi elles servent dans nos villes en général et les villages en particulier? On constate que dans la plupart des cas les populations sont exclues de la prise des décisions

Il est nécessaire de préciser que les arbres et les terres ne bénéficient pas des mêmes droits. Ceux qui ne connaissent que les formes occidentales les plus courantes du droit qui régit la propriété croient souvent que les arbres font partie de la terre sur laquelle ils poussent. Mais en fait les arbres peuvent, comme les ressources minérales et les eaux, faire l'objet et de droits de propriété distincts de ceux qui régissent la terre sur laquelle ils se trouvent.

Les droits de propriété ou de jouissance sur les arbres ne sont nullement une curiosité issue de l'imaginaire des peuples du bout du monde et ne devraient jamais être traités comme étant l'exception, comme on pourrait facilement le croire. Il convient alors de s'interroger sur les droits forestiers en même temps que l'on cherche à connaître quels sont les droits de la terre, et s'assurer de comprendre la relation entre les deux types de droits.

Cet article ne nous situe pas dans des études de cas qui nous aurait aidé a mieux comprendre l'articulation des ces différents droits dans le temps et dans l'espace.

Eitsma, Jean Marie. 1988. Végétation forestière du Gabon. Forest vegetation of Gabon, Netherland, Tropenbos toundation, 142 p.

Cet ouvrage est le compte rendu d'un séminaire écologique quantitatif détaille fait au Gabon sur la période allant de 1985 à 1987 dans quatre parcelles d'une superficie d'un hectare chacun. Cet inventaire fait partie d'un programme d'inventaire des forêts denses tropicales. Les quatre sites sont repartis à travers les pays et se situent à Movengui, Doussala, Lope et Ekobakoba.

Ces sites qui sont couverts de forêts vierges et de plaines n'auraient pas été exploités dans le passé. Sur chaque site, les lianes possédant un diamètre minimum de dix centimètres ont été pourvues des plaquettes en aluminium, mesurés et intensifiés. Les mesures ont porté sur la hauteur, le diamètre de la couronne et la position de la parcelle. L'auteur a enregistré les données relatives à la morphologie et à la phénologie. A chaque fois que cela était possible des feuilles, fruits et fleurs étaient prélèves.

Les sites d'étude présente d'importantes différences dans la répartition en espèces. La plus grande similarité au point de vue composition floristique pour les arbres et les lianes a été notée. L'auteur constate que seule une partie des vastes zones forestières sont encore vierges. Les majorités des forêts sont exploitées à des degrés divers soit pour les bois d'oeuvre, soit pour l'exploitation agricole de manière itinérante. La forêt vierge est essentiellement confinée dans la partie du Gabon où poursuit-il les travaux d'exploitation n'ont pas encore débutés. L'auteur passe en revu les hypothèses qui ont trait a cette problématique.

Ainsi, Ma.ckinnon et Mackinnon affirmaient en 1986 que des vastes étendues de forêt sont encore intactes mais ils ne les situent pas géographiquement. Pour Nicoll et Langrand 37% de la forêt sont encore à l'état primitif et prévoient que ce pourcentage serait réduit à 20% avant 1997. Ils situent ces forêts vierges à l'est de l'aire de distribution de l'okoumé. Cependant que pour Myers les vastes zones forestières du Gabon ne subiront que peu de changement d'ici l'an 2000. Le rythme de déboisement au Gabon pendant la période qui s'étend de 1976 à 1980 a été de 27000 ha par an, soit 0,13% de la zone forestière. Mais l'opinion générale semble être que la dégradation forestière sera moins rigoureuse au Gabon que dans bien d'autres pays tropicaux

De manière générale le point de vue des botanistes est essentiellement exogène. En effet, Aubreville qui est forestier et botaniste entreprendra des études sur plusieurs territoires de l'Afrique. Tout au long de son exploration, il ne s'intéresse jamais aux usages indigènes de la forêt encore moins aux relations profondes entre cet espace et le Noir, même s'il préconise la protection des bois sacres. Nous remettons en cause le concept de forêt primaire au sens où elle n'a jamais été exploitée, car cet espace dans son acception signifierait qu'il n'appartient à personne ou comme le dit Aubréville « les forêts primaires sont celles dans lesquelles les indigènes n'ont jamais exercé d'autre droit de jouissance que celui de quelques usages secondaires, tels la récolte de fruits et produits. Elles ont donc indubitablement le caractère de forêts vacantes et sans maître » (Aubréville, 1937, pp. 106-107) Or dans la conception négro-africaine en général et, en particulier, la notion de terres vacantes n'a pas de sens. Toute terre appartient à un clan, un lignage avec des limites géographiques bien définies.

Bergeret, Anne. 1993. « Discours et politiques forestières coloniales » in Colonisation et Environnement, Paris, l'Harmattan, pp. 23-47.

L'auteur, historienne de formation, est chargé de recherche au CNRS.

La perception des forêts tropicales fut, durant la période coloniale, et singulièrement à partir de l'Algérie, imprégnée tout à la fois de l'imaginaire lié a la culture d'origine, et des doctrines économiques de l'époque qui fournirent le soubassement de la construction de l'idéologie coloniale. La vision du monde dominante en France modèlea et prédétermina en quelque sorte la perception de la forêt coloniale.

Dans un premier temps cependant, les conquérants eurent affaire à une nature méditerranéenne non étrange, parce que liée aux origines de leur propre culture. Aussi est.-ce en toute connaissance de cause que les officiers donnaient l'ordre de couper tous les arbres utiles afin d'en priver la population kabyle ou arabe. Mais bien vite, la prise de conscience aigue du danger d'un manque d'arbres se manifesta. La ligue pour le reboisement, née en Algérie, préfigure le discours écologiste.

Face à la forêt tropicale, étrange parce que réellement étrangère, la perception des colonisateurs oscille entre l'impression «d'enfer vert », de désordre, d'hostilité permanente, et l'impression inverse: éblouissante profusion, richesse sans limite, opulence de l'âge d'or d'une forêt qui sera longtemps perçue comme vierge. Les indigènes qui vivent dans ce milieu inhumain ne peuvent que participer à la sauvagerie.

Quant aux forestiers, avec une étonnante constante, dans la forêt tropicale ils ne voient que du bois, et surtout des essences précieuses à exploiter. Pour exploiter, il importe de mettre de l'ordre, c'est-a-dire réglementer et séparer le capital forestier des ennemis invétérés: l'agriculteur et plus encore le pasteur. Ainsi, de nombreuses «réserves » seront mises en place dans toutes les colonies tropicales afin de dissocier la forêt des indigènes et de leurs droits d'usage immémoriaux.

De nos jours encore, la plupart des forestiers tropicaux français ne voient que du bois dans les forêts tropicales, et leur sylviculture continue à ignorer largement les essences locales et leurs multiples usages. Les populations autochtones restent méconnues, car le pouvoir exclusif sur le territoire reste leur principale préoccupation.

Ce texte est fort intéressant car il fait l'histoire des rapports qui ont toujours existe entre le forestier et les populations autochtones. Mais nous regrettons tout de même l'absence de textes originaux qui pouvaient être par exemple des interviews de ceux qui ont vécu ces moments. Il y a eu des guerres par exemples à Madagascar entre ces populations et les forestiers. L'ouvrage de Dominique Des jeux consacré à ce problème est à ce propos fort éloquent.

Le texte souffre aussi de l'insuffisance de ne pas avoir parlé des relations entre les forestiers et les ouvriers dans les chantiers, notamment à travers les travaux forcés qui ont particulièrement marqué les pays d'outre-mer dans leur chaire. Ils se verront alors non seulement spoliés leurs terres et leurs arbres, mais aussi transformés en bêtes de sommes pour payer l'impôt. Enfin l'auteur aurait pu nous présenter le forestier noir, comment il se comporte devant la forêt à travers l'intermédiaire qu'est l'argent.

Mais au-delà de ces critiques, ce texte nous permet de comprendre et nous saisir des enjeux de l'exploitation forestière pendant la colonisation. En effet de l'Algérie à Madagascar, de la Cote d'Ivoire au Gabon, la forêt a été un enjeu majeur et une motivation primordiale qui a marqué de son sceau le fait colonial.

Deuxième Partie

Juridiction traditionnelle de la forêt

Chapitre III

Présentation de la forêt classée de la Mondah

Nous allons présenter la forêt de la Mondah, en partant de son historique. D'abord, les populations qui exploitent cette forêt et qui y vivent, ensuite les différents rapports que ceux-ci ont avec cette forêt, à commencer par les rapports, socio-économiques et les rapports culturels, il sera question les différentes ressources de cette forêt.

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