Section 1 : Etudes d'autres régions du
monde
Sabine Rabourdin, 1996. Les
sociétés traditionnelles au secours des sociétés
modernes, Paris, Delachaux, 223 p.
Sabine Rabourdin, Ingénieur et diplômée en
ethnologie, est journaliste-écrivain. Son travail s'oriente sur la
réaction de la société face aux changements globaux
d'environnement.
Dans cet ouvrage, l'auteur part du fait que la terre des
sociétés modernes est fragile et ne peut plus aujourd'hui
répondre aux sollicitations demeurées des hommes. Comment alors
concilier « modernité» et écologie?
À travers un tour du monde des savoirs
écologiques traditionnels chez les Yanomanis, les Ladakhis, les inuit,
Sabine Rabourdin montre que ces sociétés ont su développer
des façons de vivre qui s'harmonisent avec leur environnement et se
fixent des limites. Ces « bons sauvages» auraient beaucoup à
apprendre aux « civilisés»: depuis leur rapport homme/nature
aux techniques novatrices de préservation des ressources naturelles.
C'est alors de multiples concepts occidentaux que l'auteur nous amène
à réviser la pauvreté, le bonheur, la place de l'homme sur
terre. Il conclura en disant qu'entre ethnologie et écologie, cet essai
montre que les sociétés traditionnelles peuvent constituer une
source d'inspiration précieuse pour les sociétés
occidentales, si chacun se donne la peine de considérer la
modernité autrement.
Cet ouvrage nous guide dans notre réflexion dans la
mesure où si 1 `homme adopte un comportement aussi dominateur
vis-à-vis de la nature, c'est certes pour s'en protéger, mais
c'est également pour l'exploiter. Dans tous les pays du monde, la
tendance est d'accroître l'exploitation des ressources naturelles, pour
soutenir l'évolution démographique mais aussi pour tenter de
répondre à une exigence grandissante de confort (p. 31).
Aussi, dans les sociétés modernes, la gestion de
l'environnement n'implique pas l'individu, devenu un service régi par
l'État, cette manière de déléguer la gestion de la
nature empêche la prise de conscience par chaque individu de ses
possibilités d'action et élargit encore le fossé (p.
32).
Dans le chapitre 1 l'écologie à la
lumière des peuples traditionnels: « pour le sauvage, le monde
en général est animé: arbres et plantes ne font pas
exception à la règle 1`homme croit qu'ils ont des âmes
comme la sienne, et il les traite en conséquence. » (p. 44).
Ainsi, quand vous détruisez un site, vous créez une ride qui va
tout sillonner dans le cosmos comme la jarre de billes. Cela détruit
l'équilibre et ce déséquilibre entraîne le chaos, la
maladie et la mort des gens et de la nature.
Les populations autochtones de la Mondah (Benga) ont une
gestion de la forêt que ce qui leur ait nécessaire à la
survie. Car les sociétés traditionnelles ont connu le
développement durable bien avant que ce terme n'ait été
inventé, dans le domaine des relations entre l'homme et la nature, ces
sociétés peuvent venir au secours des sociétés
modernes, parce qu'elles ont des réponses à apporter aux maux de
la modernité, parce qu'elles peuvent constituer un exemple qui nous
permette de nous situer à la hauteur des exigences écologiques et
sociales de notre époque. Car pour qu'il ait une bonne gestion de
l'écosystème forestier et penser un développement durable,
il faut tenir compte des opinions des peuples autochtones (riverains).
Descola Philippe, 1986. La nature
domestique. Symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar, Paris,
Fondation Singer-Polignac, Maison des Sciences de l'Homme, 450 p.
Anthropologue français, il a fait des études de
philosophie à l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud et
d'ethnologie à l'École Pratique des Hautes Études
où il a passé sa thèse sous la direction de
Lévi-Strauss. Actuellement, il est directeur d'étude d'«
Écologie symbolique» et directeur du laboratoire d'Anthropologie
Sociale à l'École des Hautes Études en sciences sociales
et professeur au Collège de France (Chaire de l'Anthropologie de la
nature).
Considéré comme l'ouvrage qui donna naissance
à l'anthropologie de la nature, la nature domestique a fait date dans 1
`histoire de la discipline. Les principales raisons qui ont conduit l'auteur
vers l'anthropologie écologique étaient de déconstruire
son caractère réductionniste ainsi que de relier les aspects
symboliques et les aspects matérialiste dans une étude des
relations entre les Achuar et leur environnement. En effet, sont
bordées, dans cette monographie, à la fois les modalités
d'usage du milieu et leurs formes de représentation.
Pour ce qui est des Achuar, il s'agit d'un groupe appartenant
à l'ensemble Jivaro, situé dans le haut Amazone, à la
frontière entre le Pérou et l'équateur. Il est important
de noter qu'il constitue également un des derniers groupes Jivaro
à n'avoir pas encore subit les effets déstructurant du contact
avec le monde Occidental. Philippe Descola et son épouse, Anna Christine
Taylor ont réalisé leur terrain parmi eux (les Achuar du
Pérou) entre 1976 et 1979, y réalisant plusieurs séjours
prolongés. En découvrant l'ethnologie et les
sociétés exotiques, Descola se détourne progressivement de
ce discours qu'il qualifie au passage de "léthargie dogmatique" (p. 3).
Il se familiarise alors à l'approche structurale des mythologies
amérindiennes de Claude Lévi-Strauss et s'initie aux arcanes de
l'anthropologie économique de Maurice Godelier. Ces derniers vont
l'accueillir, l'orienter et le soutenir dans son projet ethnologique. De retour
en France en 1984, il rédige une thèse dont ce livre est le
fruit.
Dans cet ouvrage, l'auteur passe aisément de la
description de la cosmologie achuar à des explications scientifiques
rigoureuses, l'objectif étant de déconstruire la théorie
écologique déterministe. Il va alors examiner les dynamiques et
processus de socialisation de la nature sous leurs formes techniques et
symboliques, matériels et idéelles. Son projet étant de
« montrer comment la pratique sociale de la nature s'articule à
la fois sur l'idée qu'elle se fait de son environnement matériel
et sur l'idée qu'elle se fait de son intervention sur cet
environnement » (p. 12).
Pour Philippe Descola, « lorsqu'une
société conçoit l'usage de la nature comme homologue
à un type de rapport entre les hommes, toute modification ou
intensification de cet usage devra passer par une réorganisation
profonde tant de la représentation de la nature que du système
social qui sert à penser métaphoriquement son exploitation
». Autrement dit on ne peut séparer les déterminations
techniques des déterminations mentales. Dans le cas des Achuar il
constate que ces derniers ont « une connaissance pragmatique et
théorique de la diversité de leur environnement connaissance qui
est instrumentalisée dans leurs modes d'usage de nature et notamment,
dans les techniques agricoles » (p 60).
Ici, on voit apparaître la primauté du symbolique
sur la pratique, car pour Philippe Descola, on ne peut pas penser l'un sans
l'autre. Toute son étude repose en effet sur l'étude de la
pratique, ou plus précisément de la praxis, selon lui, il est
illusoire de vouloir séparer les dimensions matérielles des
dimensions mentales, elles sont en effet intrinsèquement liées.
Ainsi, le coeur de la nature domestique consiste avant tout en une description
détaillée des relations qu'entretiennent les Achuar avec leur
environnement naturel et des représentations qu'ils en font.
Or, l'idée que la nature est un champ des
phénomènes qui se réalisent indépendamment de
l'homme est évidemment complètement étranger aux Achuar.
Car, chaque plante et chaque animal se voient doté par les Achuar d'une
vie autonome aux affects très humain. Tous les êtres de la nature
ont ainsi une personnalité singulière qui les distingue de leur
congénère.
Philippe Descola, montre dans cet ouvrage qu'il existe une
continuité sociale entre humain et non humain, de même qu'une
forme d'hiérarchie à l'intérieur de la place des agents
(êtres de langage). Aux humains s'opposent les choses muettes et
inaccessibles. Descola remarque également qu'à l'intérieur
des non-humains avec lesquels la communication est possible (par le langage de
l'âme, exprimé chez les Achuar sou forme de chants) des
différences sont instaurées. Il y a d'abord les esprits qui ont
une sociabilité exemplaires, identiques à celle des humains
(Tsunki) esprit tutélaire des jardins, certains animaux et certaines
plantes. Ensuite viennent des êtres qui bafouent les règles
sexuelles d'exogamie. En dernier lieu, on trouve les êtres solitaires.
A la lumières des faits recueillis par l'auteur chez
les Jivaro de la forêt du Haut Amazonie, nous retenons que les
éléments architecturaux, les techniques de productions en rapport
avec les lieux ou elles s'exercent (horticulture, chasse, pêche et
cueillette) sont en relative à la sous exploitation des ressources, aux
habitudes alimentaires et nutritionnelles des Achuar. Le plus important
étant que « l'écologie d'une société
apparaissait comme un fait social total synthétisant les
éléments techniques, économiques et religieux, selon un
mode de combinaison dont la structure profonde était isomorphe aux
autres structures régissant la totalité sociale ».
L'intérêt de cet ouvrage est d'avoir
étudié à la fois les réalités culturelles et
naturelles, d'avoir souligné l'importance d'une production symbolique
qui entraîne le bon usage de la nature et son respect. Ce qui nous renvoi
à l'exploitation de la forêt de la Mondah par les populations
rurales endogènes et aux techniques d'exploitation précaires
comme la société d'achuar.
Descola Philippe, 2002.
« L'anthropologie de la nature » in Annales
histoire, Sciences sociales, Paris, EHESS, Armand Colin, 925
p.
Philippe Descola, est professeur au Collège de France,
titulaire de la Chaire d'anthropologie de la nature, directeur d'étude
à l'École des Hautes Études en sciences sociales et
directeur du Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS-EHESS/CNRS/Collège
de France).
Ses thèmes de recherche sont l'ethnologie des
sociétés amérindiennes, d'anthropologie comparative des
modes de socialisation de la nature, l'épistémologie et la
philosophie des sciences sociales et l'anthropologie cognitive. Dans cet
ouvrage, l'auteur a pour objectif de montrer comment ce courant a ouvert de
nouvelles pistes dans la réflexion anthropologique.
« Parler de la nature c'est avant tout parler de la culture.
Parce que la nature ne peut plus être considéré comme
extérieure au monde des hommes. La manière dont les
différents peuples sont entrés en relation avec elles, l'ont
appréhendé et conceptualisé a donné naissance n'ont
pas à une nature extérieure, régis par des lois que la
science peut nous révéler, mais il plusieurs natures, aussi
diverses que les cultures ».
Ce travail sera donc organisé en plusieurs temps.
Premièrement, le contexte dans lequel l'anthropologie de la nature a
émergé (une anthropologie en crise). Les grandes lignes de ce
nouveau champ seront ensuite abordées de manière
générale. Troisièmement, une explication des liens que
l'anthropologie de la nature entretient avec Claude Lévi-Strauss. Le
chapitre six nous fera entrer dans le coeur de la question: les théories
et terrains de quatre grands penseurs en anthropologie de la nature. Il
reviendra notamment sur la crise de l'anthropologie, établir un lien
plus clair entre l'anthropologie de la nature et l'anthropologie dynamique.
Pour terminer, à la lumière de toutes ces théories,
courantes et perspectives, l'auteur dessinerait les grands signes d'une
anthropologie de la nature personnelle, une « anthropologie perspective de
la nature ». D'après lui, on ouvre les limites de l'anthropologie
de la nature actuelle seront dépassées dans une volonté
d'inscrire l'anthropologie de la nature dans la dynamique actuelle des
relations entre sociétés et environnement.
Cet ouvrage nous est capital dans la mesure où
l'exploitation commune dans la forêt trouvera sa justification dans ce
que Philippe Descola appuie par une description devenue aujourd'hui
célèbre du musée d'histoires naturelles de la Plata au
Brésil. Il montre combien ce musée illustre le point de vue selon
lequel il y a un ordre dans le monde depuis l'univers naturel très
ordonné (rez-de-chaussée) jusqu'à la diversité
humaine confuse (du premier étage). Descola ici, utilise cette
description comme une caricature du monde tel que nous le voyons. La
séparation du champ de la nature et du champ de la culture est en effet
devenue un automatisme dans notre société, dû à
notre intégration profonde du schème dualiste. Dans cette
perspective, le monde serait entre une nature et plusieurs cultures, la
forêt de la Mondah (nature) exploitée par plusieurs ethnies de
culture différentes.
Section 2 : Etudes africaines.
Suzanne Jean, 1975. Les Bandjabi,
les jachères en Afrique tropicale. Interprétation technique et
foncière, Musée de l'Homme, pp. 97-131.
Suzanne Jean est docteur en géographie (études
rurales) et licenciée en droit. Après avoir obtenu à la
Sorbonne les certificats d'Ethnologie et d'Histoire, elle a
fréquenté le centre de formation aux recherches Ethnologiques
(Musée de 1 `Homme) et a bénéficié de la formation
de l'École Pratique des Hautes Études (II section, Sciences
Économiques et Sociales). Ayant collaboré pendant de longues
années à un organisme de coopération, l'auteur a eu
l'occasion d'acquérir une grande expérience de terrain et de
faire de nombreuses observations sur l'agriculture et les systèmes
fonciers africains.
Dans cet ouvrage, l'auteur envisage d'étudier le
rôle de la jachère en agronomie tropicale puis s'emploie à
définir ce qu'on attend par interprétation foncière de la
jachère dans les communautés villageoise du point de vue
théorique. D'autre part, travaillant sur le terrain, elle analyse
quelques cas d'interprétations foncières à travers
l'exemple des Banzèbi du Gabon et autres communautés humaines du
Dahomey (actuel Bénin), de Côte-d'Ivoire, du Cameroun et du
Nigeria. En dehors de l'introduction qui restitue le cadre
général de l'histoire du peuple Zébie tout en donnant des
informations sur sa situation démographique, géographique que
scolaire. Nous avons porté un accent particulier au chapitre V qui
comprend trois parties. La première partie est consacrée à
l'organisation familiale et scolaire du groupe Zébie. Celle-ci est
construite autour des principes de la matrilinéarité et de la
patrilocalité. En fonction de la matrilinéarité, l'auteur
examine les structures parentales, leur rôle et l'origine. De leur
formation. Ce sont les clans (ibandu), le sous-clan (nzo), le
lignage (nzo pour les hommes libres et dibura pour les
serviteurs d'après l'auteur) qui sont examinés. En fonction de la
patrilocalité l'accent est mis sur les groupements familiaux
basés non plus sur la communauté des clans mais sur la
continuité territoriale à l'exemple du groupe de production
appelé itsuku.
Cette partie montre que la société zébie
a pour fondement la parenté et la solidarité et ce sont elles qui
conduisent à une certaines organisation sociale et familiale. Dans cette
même. Partie, l'auteur traite également des associations à
caractères d'intégrations dont, le nimbe, le mwiri et le
bwiti. Dans la deuxième partie, l'auteur traite du
système cultural zébie. Celui-ci donne lieu à une
alternance bisannuelle des cultures de cucurbitacées et
solanacées. Autrement dit, « à une année de la courge
ilem sia nzaka, succède une année d'aubergine
ilem sia mbongolo ce qu'il faut surtout comprendre c'est que
le phénomène de l'alternance bisannuelle a pour
conséquence immédiate l'exclusion dans le temps et dans l'espace
de l'une ou de l'autre plante. L'auteur précise par exemple qu'en 1961
c'était l'année des courges et 1962 celle des aubergines. Dans
cette partie, l'auteur montre aussi que le système cultural zébie
donne lieu à une division sexuelle des tâches et que certaines
cultures sont toujours accompagnées de rites religieux et interdits
telle que la récolte des courges.
Enfin, dans la dernière partie, l'auteur examine les
règles d'appropriation, de transmission et de gestion du sol en se
plaçant au niveau du village, du lignage et de l'individuel. Au niveau
du village par exemple, il parle d'« inanga villageoise»
pour dire « Étendue de surface variable dont les limites
sont connues et généralement marquées par des
repères naturels du terrain: rivière, colline, forêt ou
bien certains arbres » (p. 112). La Transmission du droit
d'usage du sol se fait différemment: par voie successorale, par le fait
d'appartenir au clan, par le lien familial ou bien par l'alliance passée
entre deux familles.
Cet ouvrage nous est important car il permet de comprendre
l'installation et les activités du peuple zébie qui vit au
Cap-Estérias et Santa-Clara et qui exploite la forêt de la Mondah.
Nous comprenons plus que, c'est par solidarité et familiarité que
ces populations ont occupé cette espace qui auparavant appartenait aux
Benga. Étant un peuple culturellement structuré, les populations
rurales de ladite zone pratiquent l'exploitation forestière selon leurs
pratiques culturelles. Nous trouvons aussi l'implantation des temples de «
bwiti» qui montre les socialisations à caractères
d'intégrations dont l'auteur fait appelle dans la deuxième
partie.
Laplantine François et Nouss Alexis, 1997.
Le métissage, Paris, Dominos, 142 p.
Ces deux auteurs français appartiennent à deux
sphères scientifiques aux objets d'étude différents.
François Laplantine est anthropologue alors qu'Alexis Nouss est
linguiste. La rédaction conjointe de cet ouvrage s'explique par le fait
que ces auteurs partagent la même passion pour l'étude des
phénomènes métis. Nouss en tant que linguiste s'oriente
sur la question de bilinguisme alors que l'anthropologue Laplantine s'oriente
dans celle des constructions des identités culturelles métisses.
Cette assertion trouve bien sa légitimité à travers sa
conférence tenue à Libreville au mois de juillet sur l'Afrique
Bantu au Brésil.
Cet ouvrage qui regroupe les connaissances anthropologiques et
linguistiques fonde son argumentaire sur la reconstruction des identités
des sociétés immigrées ou celles vivants au Contact
d'autres sociétés. Ces auteurs parviennent à
démontrer a partir de leurs disciplines respectives qu'avec les
déplacements et les contacts, les sociétés se
reconstruisent des nouvelles identités qui parfois combinent à
une nouvelle culture. Pour étayer cela, ils prennent plusieurs exemples
parmi lesquels la domination d'une langue ou d'une culture sur une autre, mais
le produit d'une association de langues et de cultures
hétérogènes. Autrement dit, une culture prend forme
à partir d'un assemblage d'éléments
hétérogènes.
En cela, cet ouvrage nous guide beaucoup dans notre
réflexion sur le changement de comportements des populations rurales et
urbaines. Le brassage de culture a fait que les Benga peuple marin au contact
des populations venant de l'intérieur du pays (zébi, fang, punu)
qui sont des peuples forestiers et pratiquent l'extraction du vin de palme le
font aussi. De même les peuples zébi, fang, punu aujourd'hui
pratiquent la pêche en mer en dehors des activités
forestières. La monétarisation, la recherche du gain pousse les
populations à exploiter les ressources forestières sans lendemain
pour s'adapter au nouveau monde dans lequel il se trouve.
Dupré Georges, 1982. Un ordre et sa
destruction, Paris, ORS TOM, 446 p.
Ce livre a été conçu sur la base des
sources écrites, archives et enquête de terrains menés en
pays zébie au Congo dans la région de Mossendjo. Dans cet
ouvrage, l'auteur prend comme objet d'étude l'analyse de la situation de
dépendance dans laquelle se trouvent les sociétés rurales
congolaises. Et principalement la société zébie à
un moment donné de son histoire. Bien plus, il tente de «relever,
à l'intérieur de la situation de dépendance ou se trouvent
les sociétés rurales congolaises, toutes les possibilités
même si elles sont vaincues qui doivent être prises en compte par
tous ceux qui s'attellent à la tache immense mais surmontable de mettre
fin à une domination qui n'est nullement inscrite à jamais dans
l'ordre des choses» (p. 12). Pour résumer, cet ouvrage est une
présentation du rapport de force entre la culture zébie (culture
dominée) et la culture occidentale (culture dominante).
Dans la première partie intitulée:
Coordonnées, l'auteur livre quelques points généraux au
sujet, mais nécessaires a sa saisie. Il présente l'espace
zébie, le parcourt migratoire de ce peuple, ses rapports avec les autres
groupes avoisinants, etc.
La deuxième partie qui traite de l'ordre zébie
analyse la société zébie précoloniale, c'est-a-dire
avant les formes précédent la production capitaliste. Pour
Dupré: « avant de considérer les
sociétés africaines immergées dans les eaux d'une histoire
qui les domine, il faut montrer comment se reproduisent elles-mêmes,
comment, ce faisant, elles s'orientent dans le temps, c'est-a-dire comment
elles produisent leur histoire » (p. 12). Dans cette
perspective, l'auteur passe en revue les diverses structures
socio-économiques des zébie (chasse, pêche, cueillette,
agriculture, élevage, travail du fer, artisanat, etc.), leur
système clanique et lignager, leur formes de mariage, les
systèmes d'attitude, leur vision du monde, leurs habitudes
alimentaire.
Il insiste sur la gestion de la forêt. La jachère
était un élément primordial dans cette gestion et
était toujours respectée. En fait, dans cette partie qui
constitue le point de départ de la démarche de l'auteur, il livre
accès à la réalité économique et sociale de
la société zébie puis montre comment la production
matérielle affecte la production sociale. C'est dire que l'analyse des
productions matérielles n'est pas simplement d'ordre économique.
Elle est aussi d'ordre social, il existait déjà la division
sexuelle du travail.
Dans la troisième partie intitulée la
destruction l'auteur analyse la destruction de l'ordre ancien suite aux
regroupements des villages, aux recrutements forcés et suite à
l'introduction du salariat au coeur de la culture zébie. Il s'interroge
donc sur le sens précis des changements et transformations
socioculturelles, économiques et politiques depuis la traite
jusqu'à l'installation de l'administration française en 1911 en
passant par le système concessionnaire.
Il résume ce rapport de force en ces termes: «
A cette époque, le de part de presque tous les jeunes hommes des
villages vers les chantiers (chemin de fer Comilog) et l'arrivée massive
dans la région de travailleurs célibataires furent à l'
origine d'une instabilité matrimoniale importante » (p.
177). Aussi, ces regroupements ont causé de lourds préjudices
à la production agricole et la concentration de la population va
contribuer à accroître sa fragilité (p. 276).
Il notera aussi que la pression démographique sur les
terres va accentuer la dégradation des sols dans les zones proches de la
route à la fois par l'allongement des durées de culture et la
diminution de la jachère forestière; et cela à un moment
où le salariat concurrence l'agriculture (p. 290).
Il conclura en disant: « Désormais la permanence
dans laquelle s'installe l'économie nzébi est celle de sa
soumission au capitalisme dont les interventions successives ne sont que
l'écho de sa croissance, de l'expansion a l'échelle
planétaire de ses contradictions et de ses stratégies
impérialistes. La conquête coloniale installe le peuple
nzébi dans la division internationale du travail en faisant de lui
l'argent d'une économie d'extraction dont les nécessités
vont modèleer directement l'infrastructure administrative et
économique et l `équipement dont le colonisateur pourvoit le
peuple nzébi » (p. 281).
Pour l'essentiel, retenons que cet ouvrage est d'un
intérêt considérable à en juger par la
qualité de sa richesse et ses informations renseignant presque sur tous
les savoirs et savoir faire du peuple nzébie. Il ressort en rapport avec
notre thème que les populations de l'intérieur du pays immigrant
à Libreville à la recherche d'un emploi
rémunéré sont' à la base de la pression
démographique dans la capitale et est à l'origine de
l'exploitation abusive des forêts environnantes pour la satisfaction des
besoins alimentaires, sanitaires, monétaires, religieux, etc., sans
cesse croissants. Tout comme la société nzébie lors de sa
destruction, la forêt classée de la Mondah court un danger.
Kialo Paulin, 2005. Pové
et forestiers face à la forêt gabonaise. Esquisse d'une
anthropologie comparée de la forêt, Thèse de doctorat.
Université Paris V René Descartes, 380 p.
Anthropologue de formation, Paulin Kialo est attaché de
recherche à l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (I.R.S.H) du
Gabon. Il intervient en tant que vacataire au département
d'anthropologie de l'Université Omar Bongo.
Les travaux de cet auteur s'inscrivent dans la perspective
d'une anthropologie comparée des modes d'exploitation de la forêt
avant et après le contact des sociétés traditionnelles du
Gabon et les exploitants forestiers occidentaux. En d'autres termes avant et
après la période coloniale. De cette comparaison, il
relève l'existence de deux modèles d'exploitation de la
forêt contradictoire. Pour un européen, la forêt est
constituée d'arbres, ce qui intéresse les forestiers ce sont les
bois utiles à leur industrie. Ses origines dans 1 `histoire des rapports
entre l'occident et la forêt y sont présents les systèmes
de pensée religieux; y sont en pratique la science et le capitalisme. La
forêt n'était plus le lieu ou habitent les démons, elle
n'était plus le lieu symbole de la non-civilisation, elle était
devenue un capital. De l'autre côté la forêt nourrit
l'homme. Pour le Pové, la mort de l'homme vient du village et non de la
forêt. Ici, c'est la terre qui fait fonction de grenier.
Il poursuit en disant que l'un est anti-forêt et l'autre
est pro-forêt. Son analyse des rapports de l'homme à la
forêt va plus loin en ce qu'il arrive à démontrer que la
gestion de l'espace forestier obéit à une logique cyclique qui
oscille entre les modèles déjà énoncés.
Cloisonnées jusqu'à une certaine époque dans un mode de
vie propre fait des croyances et des valeurs culturelles respectueuses de la
nature, pour les sociétés pro-forêt. Par contre, la
civilisation occidentale dont l'exploitant forestier est le symbole vu
l'outillage utilisé contre la forêt et les objectifs de profits
qui l'animent serait anti-forêt. Aujourd'hui, les deux civilisations
(sociétés africaines / sociétés occidentales) sont
anti-forêt. Ainsi, donc le mode de vie actuel des sociétés
modernes inscrit l'humanité dans une spirale anti-forêt. Une
tendance que les organismes non gouvernementaux tendent à
renversé en optant pour la protection et la conservation de
l'environnement.
Cette thèse nous guide dans notre travail sur les
comportements des africains en général et ceux des gabonais en
particulier, mais aussi des occidentaux face au patrimoine forestier. Il
ressort clairement aujourd'hui que le modèle anti-forêt gagne du
terrain, et que l'usage actuel des potentiels forestiers passe
nécessairement par les besoins financiers. Par ailleurs, plus la
pression démographique croit dans la capitale (Libreville), plus les
besoins alimentaires peuvent requérir des formes d'intensifications de
culture ou de coupes excessives de bois qui éloignerait la forêt
de la Mondah d'une gestion douce comme celle qu'elle a connu autrefois avec les
Benga. Ainsi, à travers les analyses faites par les auteurs, nous
pouvons pour le moment, approcher notre thème avec un esprit
scientifique.
Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale
(LUTO), 1998. Acte du Séminaire les formes
traditionnelles de gestion des écosystèmes au Gabon, in
Revue Gabonaise des Sciences de l'Homme n°5, PUG, Libreville, UOB, 331
p.
Cet ouvrage est une compilation de communications au cours du
séminaire, qui a été réalisé par un ensemble
de chercheurs provenant de disciplines diverses: Sciences Humaines et Sociales,
Science de la Vie et de la Terre, et autres. Tout en prenant en compte les
connaissances traditionnelles du Gabon.
En effet, la réflexion au cours de ces débats
tournait autour des patrimoines identifiés et constitutifs de
l'écosystème forestier, notamment les patrimoines botaniques,
animal, aquatique, foncier et humain. Cet acte visait plus
précisément l'identification et l'invention des techniques
traditionnelles de gestion de l'environnement mises en oeuvre par les
ethnocultures gabonaises. Toutes ces différentes pratiques visent
à préserver les différents patrimoines identifiés.
De même, les croyances et prescriptions relatives à l'application
de ces pratiques et techniques n'ont pas été laissées en
marge. « Même sur les représentations très
élémentaires, tout un processus d'élaboration cognitive et
symbolique prend place et va orienter les comportements »
(Jodelet 1980 : 334 p.), il ressort que, l'homme d'Afrique avant
l'arrivée des Blancs, au moins dans l'intérieur de la
forêt, vivait dans un véritable équilibre biologique avec
tous les êtres végétaux et animaux, qu'il connaît et
qu'il savait utiliser, ou dont il pouvait se défendre sans aller
jusqu'à l'abus et jusqu'à la destruction (Chevalier 1934).
Le chapitre sur le patrimoine botanique (pp. 3-39), nous
présente les relations de l'homme avec son environnement. L'importance
que le peuple gabonais accordait à la forêt celle-ci qu'il
considère comme leur mère nourricière. Même
étant en ville, la forêt occupe toujours une place importante pour
les citadins. Aux fonctions sociales culturelles vient s'ajouter la fonction
économique. C'est ce que la population gabonaise investie comme valeur
essentielle dans son rapport à la nature et aux hommes.
Il y a comme une sorte de retour aux sources. La population de
Libreville est formée à près de 80% des paysans et cela
expliquerait le retour aux sources, aux origines. 70% de cette population a
fréquenté la forêt pendant l'enfance et quand elle vient
à Libreville, elle tend à avoir un contact avec la forêt.
C'est ainsi qu'elle prend le risque d'affronter les agents des eaux et
forêt dans la forêt protégée du Cap-Estérias
(Mondah).
Cet acte du séminaire est particulièrement
intéressant pour nous en ce sens qu'il montre l'utilisation rationnelle
de quelques végétaux utiles aux populations rurales au Gabon,
aussi la représentation mentale de la forêt par le citadin au
Gabon. Il nous ait aussi important dans le sens ou il nous présente les
formes traditionnelles de gestion de l'écosystème du village du
Cap-Estérias qui est l'une de nos zones d'enquête.
Projet forêt Environnement (PFE), 2000.
Étude de faisabilité des forêts communautaires
au Gabon Rapport final, LUTO, Université Omar Bongo, 156
p.
Cette étude est initiée par le Laboratoire
Universitaire de la Tradition Orale (LUTO) en partenariat avec le
Ministère de l'économie forestière. Elle était
composée d'une équipe interdisciplinaire: d'un juriste (Zeh
Ondoua Jean), d'un anthropologue (Kiola Paulin), de deux économistes
(Okoué Metogo Fabien et Zomo Yebe Gabriel), d'un écologue (Ngoye
Alfred). Elle était assistée de trois agents du Ministère
des Eaux et Forêts. L'étude s'est déroulée dans cinq
provinces du Gabon: Estuaire (Oyan, et Ekouk), Ngounié (Yétsou),
Ogooué Lolo (Baniati et Bassegha), Ogooué Maritime (Idjembo
M'pivié, Diombou) et Woleu-Ntem (Nkang).
Elle a consisté à déceler, parmi les
modes de gestion traditionnelle des forêts qui existent, un mode de
gestion qui correspondrait au concept de « forêt communautaire
». La mission a simplement constaté qu'il existe une
diversité de modes de gestions villageois des espaces et des ressources
forestières.
Le premier est une gestion individualisée; le
deuxième est une gestion lignagère (Baniati et Nkang) ; le
troisième est une association (Bassegha) ; le quatrième est une
gestion locale mixte (Yestou).
Ainsi, l'inexistence d'un modèl unique de gestion
traditionnelle rend problématique la mise en place d'une gestion de type
communautaire des forêts du Gabon au sens défini par la Banque
mondiale: « Mon village est plus vieux que le Gabon »
dit un informateur aux hommes de sciences au cours de cette enquête, pour
dire que l'État du Gabon n'a pas de prérogatives sur les terres
des villages ou encore « Mon grand père, c'est
l'État » pour dire que les lignages n'existent plus dans
la Mondah comme structures qui veillent sur les terres, puisqu'elles sont
contrôlées par l'État. Ce qui expliquerait peut-être
le « désordre », le « non respect des limites de la
partie classée dans la Mondah » constaté dans la gestion de
cette forêt.
Les experts étaient confrontés au
problème de l'identification d'un mode de gestion standard pouvant
garantir la gestion durable des espaces forestiers. Le texte se termine par des
recommandations à l'endroit du Ministère des Eaux et Forêts
et par la proposition d'un cadre juridique relatif aux forêts
communautaires de la gestion individualisée étant la mode qui
prime, chacun cherche à satisfaire ses besoins dont la source principale
est la forêt. Et, ainsi nous assistons à une
désarticulation des ressources forestières et une diminution des
espèces car le prélèvement, l'utilisation, et la
conservation ne sont pas harmonieusement suivit.
Lévi-Strauss Claude, 1962. La pensée
sauvage, Paris, Plon 389 p.
Anthropologue Français, Lévi-Strauss Claude est
né à Bruxelles de parents français, le 28 novembre 1908,
il a étudié le droit à Paris jusqu'en licence, et la
philosophie. Il est reçu à l'agrégation de philosophie en
1931. Sa carrière d'ethnologue débute 3 ans après,
lorsqu'il est invité à venir enseigner la sociologie à Sao
Paulo, où il restera jusqu'en 1939. C'est à cette occasion qu'il
séjourne parmi les populations indiennes (Nambikwara, Caduvéos et
Borors) et mène ses seules enquêtes de terrain. D'abord,
maître de recherches au CNRS puis sous-directeur du musée de
l'homme il est ensuite nommé directeur des études à la
section de l'école pratique des hautes études, à l'ancien
chaire de Marcel Mauss. Il est élu à la chaire d'anthropologie
sociale du collège de France, et y fonde le laboratoire d'anthropologie
sociale et revue de l'homme.
C'est en 1960 que Lévi-Strauss va commencer sans
relâche la rédaction de la pensée sauvage. C'est « un
livre d'une grande technicité consacré pour l'essentiel aux
modalités et aux méthodes des taxinomies populaires
étudiées par l'ethnologue » p.14. Il manifeste sa
volonté d'interpréter la vie des sociétés et des
cultures en termes de logique inconsciente. Il est évident que les
propriétés de ce qu'il va qualifier de « pensée
sauvage» sont à la fois structurées et structurantes. Le
primat des formes inconscientes vient de ce qu'elles fonctionnent comme
langage, donc comme une structure, mais aussi de ce qu'elles expriment le mode
de lecture, voire de fabrication du monde. Le rôle de l'inconscient
s'explique par la nature de la réalité institutionnelle (la
parenté) ou matérielle (l'esthétique des objets).
Dans cet ouvrage, l'expression pensée sauvage est
employée pour décrire le fonctionnement de la pensée
à l'état brut, « naturel », « sauvage» en
quelque sorte, telle qu'on peut l'observer même dans les
sociétés ou se développe une pensée scientifique et
non pour qualifier celle des peuples dits sauvages.
Suzanne Jean, 1973. La
jachère en Afrique tropicale. Interprétation technique et
foncière, Paris, Musée de l'Homme, 168 p.
D'après l'auteur, la grande majorité des
cultivateurs d'Afrique au sud du Sahara abandonnent à la jachère
des terres qui ont été cultivées pendant une ou plusieurs
années. Ce procédé semble être le plus
économique. En apparence simple, ce procédé soulève
plutôt des problèmes tant sur le plan agronomique que sur le plan
foncier et donc humain. D'après lui la jachère est liée
à la pratique de la culture itinérante dont elle n'est qu'une
étape. Cette technique permet le maintien d'une fertilité
certaine de la terre en favorisant sa reconstitution.
En plus de ces données, l'auteur nous dit de tenir
compte des plantes cultivées, des rotations des cultures, de
l'outillage, de techniques de débroussage, etc. Ceci pour dire que la
reconstitution de la terre n'est jamais totale ce qui amène les
populations à procéder à des ajustements. Sur le plan
foncier par exemple, tous les droits sur les jachères ont pour fondement
leur caractère religieux, variable selon la position sociale du
détenteur, l'impérieuse nécessité de confirmer
perpétuellement ce droit par les travaux qui y sont accomplis:
entretien, nouvelle plantation, etc. L'auteur ajoute aussi le fait que ce droit
est limité dans le temps.
Ce droit est ébranlé par l'incursion et
l'intrusion opérées par la colonisation. Ainsi des faits tels que
l'extension des surfaces mises en valeur, l'introduction des cultures
pérennes: café, cacao, hévéa pour ne citer que
celles-là modifient en profondeur l'organisation sociale. Peu à
peu l'idée de propriété foncière au sens occidental
du terme fait jour.
Mais en ce qui concerne les pays à faible
densité de population, l'intérêt de terre est fonction de
ce qu'elle nourrit les hommes. Ce qui fait dire à l'auteur que quiconque
contrôle la terre contrôle égaille les hommes. Ce qui
implique que le contrôle de la terre ou du foncier constitue en
même temps un essort important politiquement. La conséquence est
que la course à l'occupation de la terre se manifeste à travers
des tactiques d'occupation des terres.
L'auteur n'a (pas) analysé la problématique de
la terre que par rapport à l'agriculture, il n'a pas fait allusion
à l'exploitation des essences de bois tels que l'okoumé, l'ozigo,
etc. qui fait également changer l'image que renvoie le droit foncier
africain. Ainsi il est fait interdiction aux populations de disposer de leurs
terres telles que le faisaient leurs ancêtres. Relativement à la
forêt classée de la Mondah c'est dans cette optique que les
populations ne disposants plus totalement de leur terre, vont en l'encontre des
politiques étatique. L'Etat, s'auto proclament propriétaire des
terres.
Kabala, Matuka avec la coll. de Souindoula, Simao,
1985. « Rapport entre l'homme et les
écosystèmes dans le monde bantu », Racines
bantu - Bantu roots, CICIBA, Libreville, pp. 49-66.
La vision et les rapports entre le bantu et
l'écosystème est l'aboutissement d'un long processus du fait
qu'ils tiraient tout ce qu'ils consommaient de la nature. Il s'est
établi alors entre eux et l'écosystème « des
interrelations étroites et dynamiques » (p. 49) Les auteurs
relève la difficulté de faire une évaluation de l'impact
de telles mutations sur les cultures et les langues. Ils notent par ailleurs
qu'il y a deux choses à faire ressortir : une influence interne et une
influence externe des valeurs due aux relations entretenues avec l'histoire,
l'écosystème, l'économie, le social et le
psychologique.
Les auteurs passent en revue la présentation des traits
physiques généraux de l'espace géographique occupé
par le Bantu, notamment la structure et le relief, le climat et enfin la
végétation. Il poursuit l'analyse des écosystèmes,
en rapport avec sa problématique générale- part du constat
que les modifications récentes du milieu écologique menées
en, Afrique depuis un siècle, ont modifié les rapports entre les
populations et leur milieu qui ont une incidence sur les sociétés
et leurs cultures. A cet effet des groupes de chasseurs/cueillette ont pu
devenir cultivateurs ou pasteurs ; d'autres éleveurs de gros
bétail ont pu devenir des agriculteurs ou se livrent à la
cueillette. L'histoire semble ces derniers. S'emballer. On récence pour
l'essentiel deux Impacts des « influences /extérieures sur
les cultures traditionnelles, elles-mêmes en évolution constante.
Et une dégradation des écosystèmes et en particulier des
forêts tropicales humides, entraînant des graves
conséquences sur le sol, le climat, les régimes hydrologiques et
la faune sauvage » (p. 53)
La problématique des interrelations entre l'homme et
ses écosystèmes s'analyse sous deux angles: la richesse et
l'intérêt des cultures et les langues et ensuite des facteurs qui
sont internes aux populations elle-même tels que la démographie et
son impact sur l'écosystème. L'auteur continue son analyse en
faisant remarquer qu'une uniformisation est entrain de s'opérer. On
constate partout une entropie tant sur le plan des écosystèmes
que sur celui des cultures humaines
La problématique se complique quand on mesure la folie
interaction qui existe entre nature et culture compte tenu du fait que toutes
les cultures traditionnelles sont ébranlées. L'auteur rappelle
que «les systèmes de production, déterminent les modes de
vie qui retentissent à leur tour sur les cadres de vie, sur
l'environnement ». La problématique ne réside pas dans le
choix entre le maintien ou le rejet des changements mais plutôt dans
l'harmonisation des impératifs entre ce développement tant voulu
par les uns et les autres, la gestion pensée de l'environnement et la
sauvegarde de certains traits fondamentaux de la spécificité
culturelle. La problématique est complexe ce qui explique le peu de
cohérence dans tout ce qui a été proposé
jusque-là.
Finalement il n'y a aucune réponse satisfaisante
pendant ce temps constate l'auteur les équilibres millénaires
sont entrain de voler en éclats surtout depuis les dix dernières
décennies.
L'auteur passe ensuite en revu les représentations de
la forêt chez les Bantu. Ce point est fondamental car «la
manière d'utiliser les ressources naturelles et le milieu est largement
influencer, dans les modes de production traditionnels, par la culture»
(p. 55) L'auteur regroupe ces représentations dans six (6) chapitres.
Ainsi l'on a :
Celle des naturalistes, de panthéistes, des animistes
et les préanimistes Celle des mânistes, des animistes, de la
mythologie et religieuse
3. Celle de magiciens ;
4. Celle de la science;
5. Celle des philosophes."
L'auteur regroupe ensuite ce découpage en trois
catégories dont «les trois premières supposent des
croyances, tandis que la quatrième est basée sur l'observation et
l'expérimentation et enfin la dernière suppose des convictions
sur la base de tout ce qui précède». Il lève une
équivoque en précisant que toutes ces réalités
coexistent mais à des degrés divers. Mais en ce qui concerne
l'Africain, la multiplicité des liens entre ces instances et leur
diversité «met en réappropriation constante des textes
anciens, à commencer par ceux provenant de l'inter culturalité
contrairement aux approches classiques qui semblent statiques et
passéiste. Il fait une tentative de dépassement du rejet des
corpus issus de la période coloniale visés
particulièrement dans cette thèse, la démarche
générale de l'auteur tend plutôt au contraire à
fonder leur actualisation permanente en imaginant des approches de
« contre-corpus de la culture endogène répondant
aux corpus de la culture exogène, des lectures séquentielles
permettant de dégager des «items centraux », ainsi que des
inventaires systématiques formalisant a la fois des bilans contrastes et
la nécessite de prendre en charge, sous forme de patrimoine socialement
reconnu, l'ensemble des données léguées par les auteurs de
corpus. La recherche s'appuie sur une documentation de 1200 (mille deux cents)
références, 85 (quatre vingt-cinq) récits de fondation de
villages de première main et des corpus spécialises de 100 (cent)
icones, 40 (quarante) cartes et 20 (vingt) manuscrits tous originaux.
»
Notre travail voudrait faire un dépassement par rapport
à cette approche. Ceci parce que les différents corpus ne sont
pas traités de part en part avec la même intensité. Si
l'histoire de vie de Balandier est lue ou restituée rigoureusement, il
n'en est pas de même de celles des Delikat ou des informateurs
interrogés par les étudiants relatifs aux récits de
fondation des villages ou des villes. Nous pensons pour notre part que
l'analyse aurait été plus profonde si elle traitait les histoires
de vie des informateurs endogènes au même pied
d'égalité que les «informateurs exogènes».
Bruce, John, 1991. Foresterie
communautaire. Evaluation rapide des droits fonciers et propriété
de l'arbre et la terre, Rome, F A O, 54 p.
Le régime foncier est question de "droits", droits que
l'on détient vis-à-vis de la terre et des arbres. Etudier un
régime foncier consiste à examiner la nature de ces droits, leur
origine, leur exercice et la façon dont ils interagissent avec d'autres
facteurs notamment la plantation et la conservation des arbres.
L'auteur entend par régime foncier l'ensemble des
droits qu'une personne physique ou morale, privé ou publique, peut
détenir sur la terre et les arbres. C'est un ensemble de dispositions
régissant les relations qu'entretiennent entre eux les individus et les
groupes en ce qui concerne le statut et l'usage de la terre. Les droits sur la
terre participent du bon fonctionnement d'ensemble du système social.
Partage et mise en valeur dépendent d'abord des éléments
constitutifs fondamentaux, matériels et idéels, de toute
société territorialisée : écologie,
démographie, technologie, attitudes envers la nourriture et le travail;
Idéologie religieuse et système
d'autorité souvent imbriques, relation de parenté et de
solidarité. Le système foncier représente l'ensemble de
modes de jouissances fonciers dans une société donnée.
La diversité des systèmes fonciers interdits, il
faut le signaler, toute généralisation facile sur la jouissance
foncière et son incidence sur l'arbre, mais elle n'exclut pas de tracer
quelques grands axes par rapport auxquels orienter, la réflexion de
l'auteur de façon pertinente. La majorité des unités
agricoles se caractérise par la conduite individuelle ou familiale des
opérations agricoles. Les forêts communautaires sont des terres
d'utilisation collective. La jouissance foncière et la gestion
reviennent à la collectivité qui s'entend comme un lignage, un
village, un groupe d'âge, etc.
Les collectivités territoriales peuvent être
propriétaires des forêts et chercher en protéger les
ressources. La réserve peut ériger pour plusieurs raisons:
forêt naturelle qui pourrait abriter des ressources biologiques et
ligneux diversité génétique de grande valeur; elle peut
être aménagée à des fins commerciales, avec coupe et
reboisement par alternance. Les pouvoirs publics se sont convaincus de la
nécessité de créer des réserves forestières
pour protéger la forêt d'une utilisation qui la condamnerait
là où elle est accessible à tous ou lorsque la gestion du
bien collectif n'est pas une assise. » Et les forêts interdites
à quoi elles servent dans nos villes en général et les
villages en particulier? On constate que dans la plupart des cas les
populations sont exclues de la prise des décisions
Il est nécessaire de préciser que les arbres et
les terres ne bénéficient pas des mêmes droits. Ceux qui ne
connaissent que les formes occidentales les plus courantes du droit qui
régit la propriété croient souvent que les arbres font
partie de la terre sur laquelle ils poussent. Mais en fait les arbres peuvent,
comme les ressources minérales et les eaux, faire l'objet et de droits
de propriété distincts de ceux qui régissent la terre sur
laquelle ils se trouvent.
Les droits de propriété ou de jouissance sur les
arbres ne sont nullement une curiosité issue de l'imaginaire des peuples
du bout du monde et ne devraient jamais être traités comme
étant l'exception, comme on pourrait facilement le croire. Il convient
alors de s'interroger sur les droits forestiers en même temps que l'on
cherche à connaître quels sont les droits de la terre, et
s'assurer de comprendre la relation entre les deux types de droits.
Cet article ne nous situe pas dans des études de cas
qui nous aurait aidé a mieux comprendre l'articulation des ces
différents droits dans le temps et dans l'espace.
Eitsma, Jean Marie. 1988. Végétation
forestière du Gabon. Forest vegetation of Gabon, Netherland,
Tropenbos toundation, 142 p.
Cet ouvrage est le compte rendu d'un séminaire
écologique quantitatif détaille fait au Gabon sur la
période allant de 1985 à 1987 dans quatre parcelles d'une
superficie d'un hectare chacun. Cet inventaire fait partie d'un programme
d'inventaire des forêts denses tropicales. Les quatre sites sont repartis
à travers les pays et se situent à Movengui, Doussala, Lope et
Ekobakoba.
Ces sites qui sont couverts de forêts vierges et de
plaines n'auraient pas été exploités dans le passé.
Sur chaque site, les lianes possédant un diamètre minimum de dix
centimètres ont été pourvues des plaquettes en aluminium,
mesurés et intensifiés. Les mesures ont porté sur la
hauteur, le diamètre de la couronne et la position de la parcelle.
L'auteur a enregistré les données relatives à la
morphologie et à la phénologie. A chaque fois que cela
était possible des feuilles, fruits et fleurs étaient
prélèves.
Les sites d'étude présente d'importantes
différences dans la répartition en espèces. La plus grande
similarité au point de vue composition floristique pour les arbres et
les lianes a été notée. L'auteur constate que seule une
partie des vastes zones forestières sont encore vierges. Les
majorités des forêts sont exploitées à des
degrés divers soit pour les bois d'oeuvre, soit pour l'exploitation
agricole de manière itinérante. La forêt vierge est
essentiellement confinée dans la partie du Gabon où poursuit-il
les travaux d'exploitation n'ont pas encore débutés. L'auteur
passe en revu les hypothèses qui ont trait a cette
problématique.
Ainsi, Ma.ckinnon et Mackinnon affirmaient en 1986 que des
vastes étendues de forêt sont encore intactes mais ils ne les
situent pas géographiquement. Pour Nicoll et Langrand 37% de la
forêt sont encore à l'état primitif et prévoient que
ce pourcentage serait réduit à 20% avant 1997. Ils situent ces
forêts vierges à l'est de l'aire de distribution de
l'okoumé. Cependant que pour Myers les vastes zones forestières
du Gabon ne subiront que peu de changement d'ici l'an 2000. Le rythme de
déboisement au Gabon pendant la période qui s'étend de
1976 à 1980 a été de 27000 ha par an, soit 0,13% de la
zone forestière. Mais l'opinion générale semble être
que la dégradation forestière sera moins rigoureuse au Gabon que
dans bien d'autres pays tropicaux
De manière générale le point de vue des
botanistes est essentiellement exogène. En effet, Aubreville qui est
forestier et botaniste entreprendra des études sur plusieurs territoires
de l'Afrique. Tout au long de son exploration, il ne s'intéresse jamais
aux usages indigènes de la forêt encore moins aux relations
profondes entre cet espace et le Noir, même s'il préconise la
protection des bois sacres. Nous remettons en cause le concept de forêt
primaire au sens où elle n'a jamais été exploitée,
car cet espace dans son acception signifierait qu'il n'appartient à
personne ou comme le dit Aubréville « les forêts
primaires sont celles dans lesquelles les indigènes n'ont jamais
exercé d'autre droit de jouissance que celui de quelques usages
secondaires, tels la récolte de fruits et produits. Elles ont donc
indubitablement le caractère de forêts vacantes et sans
maître » (Aubréville, 1937, pp. 106-107) Or dans la
conception négro-africaine en général et, en particulier,
la notion de terres vacantes n'a pas de sens. Toute terre appartient à
un clan, un lignage avec des limites géographiques bien
définies.
Bergeret, Anne. 1993.
« Discours et politiques forestières
coloniales » in Colonisation et Environnement, Paris,
l'Harmattan, pp. 23-47.
L'auteur, historienne de formation, est chargé de
recherche au CNRS.
La perception des forêts tropicales fut, durant la
période coloniale, et singulièrement à partir de
l'Algérie, imprégnée tout à la fois de l'imaginaire
lié a la culture d'origine, et des doctrines économiques de
l'époque qui fournirent le soubassement de la construction de
l'idéologie coloniale. La vision du monde dominante en France
modèlea et prédétermina en quelque sorte la perception de
la forêt coloniale.
Dans un premier temps cependant, les conquérants eurent
affaire à une nature méditerranéenne non étrange,
parce que liée aux origines de leur propre culture. Aussi est.-ce en
toute connaissance de cause que les officiers donnaient l'ordre de couper tous
les arbres utiles afin d'en priver la population kabyle ou arabe. Mais bien
vite, la prise de conscience aigue du danger d'un manque d'arbres se manifesta.
La ligue pour le reboisement, née en Algérie, préfigure le
discours écologiste.
Face à la forêt tropicale, étrange parce
que réellement étrangère, la perception des colonisateurs
oscille entre l'impression «d'enfer vert », de désordre,
d'hostilité permanente, et l'impression inverse: éblouissante
profusion, richesse sans limite, opulence de l'âge d'or d'une forêt
qui sera longtemps perçue comme vierge. Les indigènes qui vivent
dans ce milieu inhumain ne peuvent que participer à la sauvagerie.
Quant aux forestiers, avec une étonnante constante,
dans la forêt tropicale ils ne voient que du bois, et surtout des
essences précieuses à exploiter. Pour exploiter, il importe de
mettre de l'ordre, c'est-a-dire réglementer et séparer le capital
forestier des ennemis invétérés: l'agriculteur et plus
encore le pasteur. Ainsi, de nombreuses «réserves » seront
mises en place dans toutes les colonies tropicales afin de dissocier la
forêt des indigènes et de leurs droits d'usage immémoriaux.
De nos jours encore, la plupart des forestiers tropicaux
français ne voient que du bois dans les forêts tropicales, et leur
sylviculture continue à ignorer largement les essences locales et leurs
multiples usages. Les populations autochtones restent méconnues, car le
pouvoir exclusif sur le territoire reste leur principale
préoccupation.
Ce texte est fort intéressant car il fait l'histoire
des rapports qui ont toujours existe entre le forestier et les populations
autochtones. Mais nous regrettons tout de même l'absence de textes
originaux qui pouvaient être par exemple des interviews de ceux qui ont
vécu ces moments. Il y a eu des guerres par exemples à Madagascar
entre ces populations et les forestiers. L'ouvrage de Dominique Des jeux
consacré à ce problème est à ce propos fort
éloquent.
Le texte souffre aussi de l'insuffisance de ne pas avoir
parlé des relations entre les forestiers et les ouvriers dans les
chantiers, notamment à travers les travaux forcés qui ont
particulièrement marqué les pays d'outre-mer dans leur chaire.
Ils se verront alors non seulement spoliés leurs terres et leurs arbres,
mais aussi transformés en bêtes de sommes pour payer
l'impôt. Enfin l'auteur aurait pu nous présenter le forestier
noir, comment il se comporte devant la forêt à travers
l'intermédiaire qu'est l'argent.
Mais au-delà de ces critiques, ce texte nous permet de
comprendre et nous saisir des enjeux de l'exploitation forestière
pendant la colonisation. En effet de l'Algérie à Madagascar, de
la Cote d'Ivoire au Gabon, la forêt a été un enjeu majeur
et une motivation primordiale qui a marqué de son sceau le fait
colonial.
Deuxième Partie
Juridiction traditionnelle de la
forêt
Chapitre III
Présentation de la forêt classée de
la Mondah
Nous allons présenter la forêt de la Mondah, en
partant de son historique. D'abord, les populations qui exploitent cette
forêt et qui y vivent, ensuite les différents rapports que ceux-ci
ont avec cette forêt, à commencer par les rapports,
socio-économiques et les rapports culturels, il sera question les
différentes ressources de cette forêt.
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