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Erosion et ensablement dans les koris du Fakara-Degre carre de Niamey-Niger

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par Ibrahim MAMADOU
Université Abdou Moumouni Niamey Niger - DEA Géographie 2006
  

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CHAPITRE 4: DISCUSION-CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES DE

RECHERCHES

4. 1-DISCUSSION-CONCLUSIONS

Les bassins versants des koris du Fakara sont des organismes vivants dont les mécanismes dynamiques évoluent constamment. La question de la dégradation des bassins est en fait un problème aigu au Sahel. Ceci s'explique par la complexité des relations liant les aspects physiques et humains de ces derniers. La dynamique hydro-érosive des bassins est liée à la péjoration climatique mais surtout aux changements d'usage des sols donc aux actions humaines sur les principales ressources que sont: les sols, les eaux et les végétaux. La dynamique des bassins versants du Fakara se traduit par le renforcement du ravinement accompagnés par une importante mobilisation de matériaux solides et cela à l'échelle de presque tous les états de surface végétatifs et état d'occupation du sol représentatifs de la région du Fakara: Brousse tigrée, mil, jachères. L'encroûtement s'accentue de plus en plus et l'on assiste à une dynamique hydro-érosive récente dont le moteur actif est: l'augmentation du ruissellement. Cette augmentation du ruissellement est en fait la conséquence directe de la dégradation des sols et de la couverture végétale. Les taux de ruissellement et d'érosion sont en nette progression sur presque tous les états de surface du sol de la région (Travaux 2004-2005 sur les parcelles d'érosion, Alzouma I. à paraître).

Tableau 21: Erosion et coefficients de ruissellement annuels sur trois types
de parcelles d'érosion dans le bassin versant de Wankama en 2004.

Types d'état de surface

Taux d'érosion en g/m2/an

coefficient de
ruissellement en %

Mil

35

20

Jachère

20

30

Croûte d'érosion

150

85

Source: DESCROIX et al., 2005

Le tableau 21 nous montre l'importance des croûtes d'érosion dans la fourniture de matériau pris par les eaux et sur ces versants. Ce tableau traduit la situation actuelle des risques d'érosion dans le bassin versant de Wankama en particulier et du Fakara de façon générale. La croûte d'érosion est bien un état de surface du sol. Très répandu dans le Fakara et son importance dans la production

du ruissellement et des pertes en terres, la classent dans la série des types d'occupation du sol pour l'évaluation des risques d'érosion.

La croûte d'érosion appelé localement <<gangani>> se généralise dans les champs mis en valeur et même sur les jachères vielles ou jeunes. En fait 150 g / m2 /an sont en moyens annuellement décapés (Tableau 21). Malgré la nette diminution des pluies au Sahel en général, l'érosion hydrique actuelle s'accentue et ses facteurs majeurs sont les coupes rases des végétaux. Les espèces ligneuses les plus utilisées ou menacées sont Prosopus africana, Guiera senegalensis, Combretum micranthum, Combretum gluttinosum, Faidherbia albida, Balanites aegyptiaca etc. Ces ligneux sont coupés pour les besoins de bois de feu, d'art et d'oeuvre des populations de ces villages et surtout des centres urbains comme Niamey. La consommation de la ville de Niamey se chiffre à 201000 tonnes (2001) (PAFN 2003). Près de 11% du bois consommé à Niamey transite par l'axe routier Niamey-Filingué (ATTARI 1997). Il estime l'utilisation des ressources ligneuses à des fins énergétiques par plus de 98% de ménages au Niger. Il ne faut surtout pas négliger les besoins en bois des populations rurales. Car dans le Fakara, le bois est une source de revenus (vente), et est utilisé comme matière première pour les constructions des cases, les toits et haies des cours, comme support de greniers etc. Les herbacées vivaces et graminées annuelles (Andropogon gayanus, Cenchrus biflorus) sont aussi recueillies et vendues aux marchés ou utilisées pour les toitures des cases aussi. A vert, elles sont utilisées comme pâturages d'animaux.

En prenant la moyenne nationale de besoins en bois des villages ruraux au Niger qui est de 0. 8 kg de bois par personne et par jour, évaluée par le Plan National de Lutte contre la Désertification (1990) et cité par SIDIKOU H. A (1997). On peut estimer à 214, 328 tonnes de bois /an de besoins de bois à Wankama, 314, 484 tonnes de bois /an à Banizoumbou et 80, 3 tonnes de bois /an à Tondi Kiboro (Figure 54). Le marché du village de Wankama est un grand centre de transit de bois vers la ville de Niamey. D'ailleurs ce marché de bois n'est pas un marché de bois contrôlé (mais ils exploitent le bois vert). La pression animale sur les ligneux arbustifs et le tapis herbacé est de plus en plus renforcée par des pratiques d'élevage de divagation, de pâturages aériens et du non respect de la capacité de charge donc le surpâturage.

Photos 33 & 34: Evolution de la mise en culture sur le versant de Wankama, situation de 1950 (Photo 33) et situation en 2004 (Photo34) (Interprétation Photos aériennes 1950-2004, LE-BRETON E. 2004)

La mise en culture de ces bassins versants explique en partie la dégradation de ces bassins versants. Entre 2003, les cultures (systèmes culturesjachères) occupent plus de 70% du versant (Photo 34). Alors qu'en 1950, ce système n'occupait que 20 à 25% du versant en 1950. A cette période aussi, les

formations denses de savanes occupent plus des trois quarts de la superficie du versant (Photo 33). Le croît démographique a bien un impact sur l'évolution de l'occupation du sol, mais c'est plutôt tout le système socio-économique, culturel et même la péjoration climatique qui constituent les facteurs essentiels de cette évolution. Les temps de jachères sont fortement réduits. Car la très forte pression démographique oblige les chefs de ménage à morceler plusieurs fois les grands champs familiaux pour servir les jeunes chefs de ménages. Chaque lopin de terres a son propriétaire de droit. Les friches et les vielles jachères (5 ans à plus) sont devenues rares. Les mauvaises pratiques agricoles se traduisent par le peu ou absence de moyens et techniques de gestion, restitution et de récupération des sols. Car beaucoup de paysans de la région de Fakara ne connaissent pas l'utilisation des engrais dans les champs pluviaux. La seule méthode de restitution est la pratique de la jachère et actuellement sur une période très courte maximum 3 ans. Tout cela aboutit à la mise à nu de vastes états de surface des bassins versants qui ruissellent et s'érodent à grande échelle. L'on observe sur la photo de 1950, que le réseau des ravines est très faible et entre-coupé. Mais en 2003, il devient plus fonctionnel et mieux structuré. La mobilisation des grains de sables sur ces bassins versants trouve son origine à travers une dynamique systémique: hydrique, éolienne et humaine qui est peu soucieuse de la restauration et la bonne gestion des ressources eaux et sols. Cela aboutit à un important recul du couvert végétal, apparition des zones nues et dégradées, augmentation du ruissellement et mobilisation des matériaux. A ce propos KEITA (2003) explique les causes la dégradation de l'environnement dans le bassin versant de la mare de Sormo, région de Gaya au Niger. Selon KIETA, cette dégradation se marque essentiellement sur trois de ses composantes, la végétation, par la diminution du degré de couverture, les sols par les modifications de la structure physique et appauvrissement en éléments minéraux et en matières organiques. Et pour la troisième composante, toutes les formes d'érosion hydrique et éolienne s'activent. L'ampleur des concentrations solides enregistrées à partir des prélèvements effectués sur la station aval atteste de l'importance de la sédimentation dans les bas-fonds et autres fonds de mares sahéliens. A comparer nos résultats aux données obtenues par KARAMBIRI et al., (2003) l'on constate que les taux de concentrations solides de nos bassins versants sont plus importantes que ceux enregistrées par Karambiri et al. (2003). Malgré la similitude climatique du Fakara

avec le Nord Burkina Faso, les bassins versants de Wankama et Tondi Kiboro sont plus anthropisés. L'on note sur ces derniers une dominance de formations superficielles essentiellement sableuses sur les versants. L'évolution des ravines (plus de vingt mètres de progression pour la ravine principale de Wankama) et la présence de végétation en forme de fourré sur les berges attestent du caractère récent de la dynamique hydro-érosive de ces bassins versants. Cette nouvelle dynamique hydro-érosive entraîne à l'échelle des bassins versants, une dégradation des réseaux hydrographiques. RODIER (1964) explique cette dégradation du réseau hydrographique par deux phénomènes:

-en saison sèche la dégénérescence de la végétation herbacée favorise l'érosion éolienne et l'érosion hydrique en début de saison des pluies;

-le caractère sporadique des crues et les pentes faibles des terrains induisent des débits insuffisants pour charrier les dépôts de l'érosion et entretenir les lits des cours d'eau.

En plus la cyclicité des mares dans les fonds du kori de Dantiandou à l'échelle de quelques années voire de celle de la crue exceptionnelle montre la rapidité des changements morphologiques des unités hydrogéomorphologiques des bas-fonds principalement les fonds de mares (niveau de base des ravines alimentant ces dernières) et les cônes de déjection. Par exemple en 2004, les échanges de flux d'écoulements entre mare Ouest et mare Sud-Ouest sont très variables. Car une bonne partie des écoulements de la ravine alimentant la mare Ouest se dirigent vers la petite mare Sud-Ouest et la plus récente dans le secteur du village de Wankama (moins de 20 ans). D'ailleurs DESCONNETS (1994) explique la cyclicité des mares par l'ensablement localisé (dépôts des transports solides à la jonction du drain principal et du collecteur) et ou généralisé (effacement de la pente du lit par apport sableux éoliens et colluviaux) des principaux collecteurs. Cela a pour conséquence de rendre inefficace la fonction de transport de ces collecteurs à la jonction de la vallée principale. Ces collecteurs latéraux déposent leurs charges et bloque le ruissellement aval. Ils se forme finalement un chapelet de mares au cours de la saison des pluies. C'est ce que ROUSSEL B, & LUXEREAU A, qualifient de <<cycles des mares>> (ROUSSEL & LUXEREAU 1997).

Enfin, nous disons que toutes ces observations et conclusions confirment notre
hypothèse de base. La dynamique actuelle de ces bassins versants sahéliens du

Fakara est vraiment récente. Elle est essentiellement due à l'anthropisation. Et cette forte anthropisation est la conséquence directe de la démographie galopante. La région du Fakara enregistre un taux d'accroissement de 5. 54%, largement supérieur à la moyenne nationale. La cyclicité des mares est aussi une conséquence de l'augmentation du ruissellement. En plus de cela, l'augmentation des débits de ruissellement linéaire dans les ravines, et sur les états de surface représentatifs de cette région du Fakara (prolifération de l'encroûtement et ruissellement en nappe) à l'échelle tant des bassins versants que du Fakara, explique et confirme les conclusions de LEDUC et al. (1994) et Favreau (2000) sur la hausse de la nappe dans ces systèmes endoréiques du Fakara. Car on note le développement des zones d'importantes infiltrations que sont: les fonds de ravines, les fonds de mares, les zones d'épandage sableuses. La dynamique d'occupation du sol montre de façon globale, un important recul des couvertures végétales naturelles. Les mises en culture progressent fortement. Une forte mobilisation de matériau sédimentaire se développe tant sur les interfluves que dans les fonds de ravines et koris. Les pertes en terres énormes par encroûtement se traduisent par les comblements en matériaux des zones préférentielles: bas-fonds et replat intermédiaires. Toutes ces conséquences émanent des processus hydro-érosifs très actifs encore aujourd'hui: désertification, encroûtement, ravinement et accumulation de sédiments pris par les eaux du ruissellement. Cette dynamique véritablement active est bien récente et ses causes ci dessus énumérées sont très complexes. Mais au centre de cette dynamique se trouve l'homme. Car il déclenche et active tous ces facteurs de la dynamique dégradante de ces milieux sahéliens. ROGNON (1989) assimile << en fait la dégradation observée au Sahel à une densification de l'occupation humaine, une exploitation excessive des arbres comme pâturage de substitution et comme source d'énergie, une érosion éolienne sur des sols dénudés. CHINEN (1999) aboutit presque aux mêmes conclusions que la présente étude. Il constate une dynamique actuelle des bassins versants exoréiques de Koutéré et Saga Gourou et est liée surtout à l'anthropisation de ces milieux riverains de Niamey. Mais le constat de la dynamique érosive est plus accusé sur ces bassins versants. Dans le bassin versant exoréique du Kori de Ouallam, MOUSSA (2005) présente une situation similaire. Malgré la fonctionnalité saisonnière de ce kori, il connaît une dynamique hydro-géomorphologique très dégradante et fortement anthropique. Mais même si

l'homme demeure l'acteur principal de la dynamique tant hydro-érosive que globale au Sahel en général, il ne faut pas aussi négliger les influences directes et indirectes de la variabilité climatique observée au Sahel. Il est nécessaire de voir les influences directes et indirectes du changement climatique à travers les impacts de ses manifestations (réchauffement de la planète, baisse de la pluviométrie etc.) sur les facteurs de la dynamique érosive globale des milieux sahéliens, car c'est au Sahel que se situe le plus fort signal du changement climatique.

A ce niveau et comme l' a dit AMANI (communications séminaire AMMA du 28 octobre 2005), dans l'explication de la dynamique actuelle, les changements d'usage des sols expliquent bien l'évolution récente des bassins versants sahéliens, la dynamique hydrologique, les évolutions hydrogémorphologiques, hydrogéologiques et même socio-économiques. Mais l'influence de la péjoration climatique est nécessaire surtout dans l'explication de la variabilité pluviométrique, sa répartition spatiale et temporelle voire aussi son importance. A ce titre l'on peut se poser les quelques questions suivantes:

-Le prolongement du stress hydrique (plus de dix jours) à l'échelle de la saison, n'est -il pas un frein important au développement du couvert végétal (surtout des herbacées) dans ces milieux sahéliens?

-Quelles seraient les conséquences hydrologiques des débuts de plus en plus précoces des saisons de pluies sahéliennes observées ces dernières années (mois d'avril et mai) et surtout que c'est cette période qui semble enregistrer les forts événements pluvieux deux dernières années?

-Quelles seraient aussi les conséquences des prolongements ou multiplication des stress hydriques généralement caractéristiques de la saison des pluies au Sahel.

4. 2-Perspectives de recherche et questionnements sur les stratégies adaptatives d'aménagement dans la zone du Fakara

4. 2. 1-Amélioration de l'approche méthodologique de l'étude -Cartographie du réseau de ravines

Il serait intéressant à ce niveau de continuer l'inventaire régulier des ravines, l'on peut apprécier l'évolution à l'échelle de la saison, et de plusieurs années. En superposant cette cartographie annuelle des ravines, l'on peut définir les zones d'évolution rapide des ravines.

-Suivi de l'évolution régressive des ravines et élaboration de leurs profils transversaux

L'utilisation régulière du dispositif <<peigne>> au niveau des secteurs des ravines bien localisés va nous fournir des informations plus fiables sur les phases de stabilité, comblement ou ablation des ravines étudiées.

-Cubage des formes de dépôts importants

Pour améliorer ces sondages, il nous faut nécessairement effectuer des sondages de ces zones de dépôts si possible avant et après la saison des pluies. Cela permettrait de voir la variabilité des dépôts à l'échelle annuelle. Et pour la fiabilité des données de ces cubages, nous devrons en plus du critère de distinction des niveaux anciens ou argileux, cuber ces zones de dépôt avec une maille dense de points d'application de tarière) ou coupler cette méthode avec celle de nivellement (à partir d'un niveau de référence bien défini et suffisamment distingué).

-Mesures des débits liquides et solides dans les bassins versants étudiés

Il est intéressant de faire des prélèvements à l'échelle de la saison en choisissant une station pour mieux avoir une série de données pour la station et à l'échelle de la saison ou de deux pour plusieurs saisons. Il est indispensable aussi de continuer l'analyse granulométrique des sédiments calculés pour établir une typologie des particules transportées selon les débits liquides. L'on doit surtout privilégier des prélèvements aux stations aval (à l'exutoire du bassin), afin de mieux apprécier les comportements spécifiques des bassins versants étudiés et si possible comparer les données entre les bassins versants étudiés à l'image des travaux de KARAMBIRI H. (2003).

-Observations hydrologiques et entretiens des personnes -ressources

Il serait important de faire une enquête hydrologique à l'échelle de quelques terroirs voir de l'ensemble du Fakara. L'étude historique des mares, koris et ravines serait importante dans la compréhension de la dynamique érosive. La datation orale à partir d'entretiens doit être prise avec modération sinon il est plus efficace de dater par exemple les cônes de déjection ou la naissance des mares et autres zones de dépôts avec recours aux datations des poteries et morceaux de charbons au Carbone 14. Cette datation une fois couplée aux résultats des enquêtes et entretiens permettront de fixer de façon plus précise les dates de formation de ces unités hydrogéomorphologiques.

4.2. 2-Perspectives de recherche et recommandations stratégiques d'aménagement

-Compléter l'approche méthodologique de l'étude

Le travail d'un mémoire ou d'une thèse n'est jamais fini, après ces deux années d'observations nous nous retrouvons avec plus de questionnements et d'hypothèses nouvelles. Certes deux années d'observations ne nous permettent pas de produire des conclusions générales sur notre thème de recherche (étude des risques d'érosion), mais des résultats partiels et dont la validité scientifique nécessiterait plus d'observations à long terme. En plus il y a la nécessité de trouver d'autres informations pour pouvoir compléter les explications complexes: données pédologiques (granulométrie des formations superficielles) et hydrodynamisme des état de surface) des bassins étudiés. Par exemple dans l'analyse de cette dynamique dégradante l'on ne peut tout attribuer à l'eau ! est -il possible de faire la part des choses entre les agents d'érosion: eau et vent dans la dynamique sédimentaire des zones de dépôt sableux par exemple? Des études sur des sites, mais à différentes échelles spatio-temporelles doivent être entreprises afin de mieux produire des données et informations permettant de généraliser les résultats de la dynamique hydro-érosive des bas - fonds au Niger. Il faut étudier et quantifier tous les axes et processus moteurs de la dynamique actuelle de ces bas-fonds. Cela ne serait possible qu' à travers des études typologiques et l'établissement d'une base de données sur les bas -fonds à travers le développement d'un SIG fonctionnel sur les bas-fonds et les milieux humides au Niger et intégrant tous les facteurs de la dynamique actuelle dans leur complexité. Nous pensons que l'on peut aborder cette dynamique des milieux sahéliens dans leur complexité. Ainsi des études à l'image de celle réalisée par Visser (2004) peuvent être reproduite dans le Fakara par exemple. Il ne faudrait surtout négliger des études sur la variabilité des facteurs anthropiques et enjeux socio-économiques dans l'utilisation des ressources naturelles (cas de l'étude effectuée par M. LOIREAU 1998 par exemple dans la partie centrale Est du degré carré). Ces études, une fois couplées à celle de la dynamique érosive générale seront un complément nécessaire à la production des modèles performants et fonctionnels. Les modèles de la dynamique globale serviront surtout à mieux évaluer les risques, enjeux et dangers de l'érosion sur toutes ses formes. Ils permettront de comprendre et caractériser les processus généraux de la

dynamique globale. Car à travers ce mémoire, nous pensons contribuer sur un des aspects de la dynamique érosive au Sahel. De cette analyse de l'évolution actuelle des bassins du Fakara, l'on risque d'atteindre d'ici peu un degré d'irréversibilité très menaçant pour les acteurs locaux. La généralisation des phénomènes de ravinement, suivi de mobilisation renforcée de matériaux aboutirait au développement des secteurs de bad-lands et à un rapide comblement des mares et vallées importantes. Cela aura comme conséquence l'accentuation du niveau de pauvreté et la éclatement du tissu socioculturel des populations rurales d'où crise sociale, économique voire politique et culturelle. Et comme l'a dit MOHAMMED, & MOHAMMED (2004), pour mieux appréhender ce phénomène d'envasement ou d'ensablement des barrages, retenues et cours d'eau en général, il s'impose de proposer des modèles liant les débits solides aux débits liquides à différentes échelles temporelles. L'effort de quantification des processus doit être développé surtout pour le transport solide à l'échelle des cours d'eau et ravine. Car le manque de données sur les transports solides dans les cours d'eau au Niger est un sérieux handicap. L'estimation des taux de sédimentation des retenues de barrages ou de mares, leur durée de vie nécessitent une bonne connaissance des apports solides (MOHAMMED, MOHAMMED 2004). Pour les bassins versants du Fakara, un effort de suivi régulier des bas-fonds permettra de mieux saisir les rôles et enjeux de la dynamique actuelle des bas-fonds. Cet effort sera beaucoup plus axé sur la quantification des phénomènes tant hydriques, humains et surtout éoliens. D'autre part l'étude des phénomènes éoliens s'avère primordiale car l'éolien fournit des flux de matériaux aux bassins versants et modèle certaines unités des paysages. Par exemple les fonds des ravines constituent d'importantes zones de dépôts et de départ de matériaux sablo-limoneux. En fait s'agissant de la présente étude, nous souhaitons renforcer les capacités d'analyses et de suivi régulier, par exemple coupler les études de l'érosion par les méthodes de parcelles à la présente étude (échelle du bassin versant et de la ravine) pour mieux appréhender les différents changements de variables topographiques, lithologiques, hydrologiques et humains et d'échelle. C'est à dire développer une étude de l'érosion spécifique par des méthodes et techniques finement définies et à travers différentes échelles spatio-temporelles. Pouvoir si possible spécifier la

dynamique des bassins versants et aussi changer et comparer les échelles d'études.

CHINEN (1999) a étudié les bassins versants exoréiques de Kourtéré (230 km2) et Saga Gourou (54 km2) Leur écoulement atteint le fleuve Niger. Ils sont situés aussi dans le degré carré de Niamey (13°30'N et 2°00'E). Il en fait les conclusions suivantes: malgré la baisse de la pluviométrie dans la région (depuis 1960), le ravinement s'accentue de plus en plus. Il observe une très forte occupation des sols. Les pertes de terres fertiles se généralisent par l `érosion. La sédimentation est très marquée par d'importantes masses de terres arrachées et déposées le long des deux vallées, dans les champs des dits bassins versants et surtout drainées directement dans le fleuve Niger. Il montre aussi que l'origine du ravinement est surtout liée aux déboisements causés par le besoins en bois de la ville de Niamey surtout et par la péjoration du climat. Cette évolution morphodynamique de ces bassins versants de Kourtéré et Saga Gourou, riverains du fleuve Niger est presque similaire à celle que nous étudions sur le Fakara. De par les processus érosifs qui commandent la dynamique actuelle, on observe la même tendance d'évolution: généralisation du ravinement et pertes en terres,
ensablement des bas-fonds. Cette similitude des résultats doit interpeller tous les acteurs car à court terme, on risque au cas où rien n'est envisagé d'assister à une situation de catastrophe <<éco-sociologique >>. Cette catastrophe risque de poser de sérieux problèmes de pertes de terres agricoles par ravinement et ensablement, de forte baisse des rendements agro-pastoraux. Mais surtout l'ensablement des cours d'eau devient de plus en plus un danger: cas du fleuve Niger, des mares et autres points d'eau importants. La ressource eau de surface risque de se raréfier, tout comme la faune aquatique, les sols humides.

Les sources de revenus seront de plus en plus réduites d'où les crises multidimensionnelles car toutes les activités socio-économiques (agricultureélevage - pêche -artisanat-tourisme etc.) vont connaître à nouveau des impacts néfastes de la dynamique hydro-érosive actuelle et dégradante des milieux sahéliens. Cependant il faut rappeler que cette dynamique hydro-érosive récente est partie intégrante de la dynamique globale de ces milieux sahéliens du Fakara. En effet les deux dynamiques sont très liées et sont systémiques. Car à titre d'exemple, la progression rapide de la mise en valeur des terres a entraîné le développement des surfaces nues très ruisselantes. Le déboisement aussi des

versants est la cause directe de l'encroûtement. Et puis le développement des plages nues des versants du Fakara a entraîné l'augmentation du ruissellement linéaire dans les ravines. Le développement des ravines est aussi un des facteurs de la recharge et hausse de la nappe (infiltration par les fonds des ravines et mares qui se multiplient aussi) Cependant l'on peut encore chercher à comprendre comme perspectives de recherche, l'impact récent et à moyen terme de la hausse de la nappe en milieux endoréiques du degré carré. On peut voir s'il existe d'effets ou impacts inverse de la hausse de la nappe (au cas où la tendance actuelle se maintienne) sur le ruissellement, les comportements de certains végétaux, ou sur les propriétés hydrodynamiques des sols du Fakara ? Que se passerait-il une fois que les paysans des milieux endoréiques du Fakara auront bien perçu la remontée de la nappe et comment pourraient-ils en tirer profits? D'autres difficultés résident surtout dans le niveau de pauvreté des populations sahéliennes et les problèmes de mobilisation des ressources et des moyens à mettre en oeuvre pour renverser les tendances d'évolution de ces milieux du Fakara. Mais il serait illusoire de penser à reboiser le Fakara au vu de la dynamique démographique galopante.

Mais dans ce contexte d'accès difficile à la ressource eau, de pauvreté du Fakara: -Faut-il chercher à renverser la tendance actuelle (augmentation du ruissellement) ?

-Ou tirer meilleur profit de la hausse de la nappe phréatique à travers des stratégies adaptatives nouvelles (utilisation des pompes solaires ou éoliennes par exemple) ?

Nous pensons qu'il est nécessaire de changer de comportements paysans, et pratiques agro-pastorales. Ce changement de comportement ne serait possible qu'à travers une nouvelle reforme socio-culturelle et éducative. Cette reforme socio-éducative prendrait en compte les aspects écologiques de la fragilité environnementale sahélienne. C'est à dire sur la base de sensibilisation, d'informations d'éducation de base à l'école et à toutes les échelles, amener les populations rurales et urbaines vers un respect plus conséquent de l'environnement végétal surtout. A titre d'exemple, nous pensons que les casernes militaires peuvent s'adapter mieux à l'utilisation du charbon (alternative du charbon de Chirozérine, foyers ou fourneaux améliorés et gaz subventionné) qu'au bois coupé des brousses tigrées du Fakara. Et voire aussi à moyen terme,

l'utilisation plus généralisée tant dans les foyers de la ville de Niamey, et à long terme dans ceux du Fakara. Pour renverser véritablement cette tendance, nous pensons qu'une approche systémique et intégrée est indispensable. Et cette approche systémique n'est autre que la réduction des niveaux de pauvreté. Par exemple pour pouvoir généraliser l'utilisation du charbon par les foyers nigériens, la question principale serait: à quel prix? BOUBE (2005 à paraître) pose la difficulté des approches d'aménagement surtout les problèmes de choix d'échelles et de démarches d'aménagement. Ce pendant il est surtout primordial de définir les rôles des différents acteurs qui sont en jeu: Etat-Commune-Bailleurs de fondsociété civile et l'acteur principal qu'est le paysan en amont comme en aval des réalisations d'aménagements.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus