CONCLUSION GENERALE
La morphogenèse actuelle des bassins versants
étudiés est en partie dominé par l' érosion
hydrique. Cette érosion hydrique se manifeste sur ces bassins versants
de Wankama et Tondi Kiboro étudiés par le développement
quasi général de l'érosion aréolaire sur presque
tous les états de surface des bassins versants étudiés.
Celle-ci traduit l'accentuation du phénomène d'encroûtement
qui dressent de vastes plages de décapage des parties superficielles des
sols et formations de vastes croûtes d'érosion surtout.
L'érosion linéaire est la seconde forme d'érosion hydrique
qui s'accentue de plus en plus par le phénomène de ravinement.
L'érosion aréolaire et le ravinement des versants sont
prépondérants dans les régions semi-arides et celles
où le couvert végétal a été fortement
dégradé. La première tend vers un abaissement, une
régularisation des versants qui prennent parfois la forme d'un plan
incliné (glacis). Ce dernier développe des formes très
variables de collecteurs d'écoulement: On trouve une multitude de
ravines de moins 50 cm et celles de plus 50 cm à 10 m de large sont les
plus actives et développent des secteurs où la dégradation
est plus sévèrement exprimée notamment au niveau des
piedmonts des plateaux de Pourra et de Sofia. La dynamique d'évolution
de ces ravines est très rapide car elles peuvent croître fortement
en largeur en une crue plus ou moins exceptionnelle, à fortiori d'une
année à l'autre. On observe aussi l'élargissement des
berges par sapement ce qu `on appelle érosion latérale. Les
accroissements de très nombreuses formes de dépôts sableux
dans des zones préférentielles: bas-fond, fonds de ravines et
autres secteurs à rupture de pente et la très forte
évolution de ces ravines par érosion régressive car les
têtes de ravines connaissent une évolution spectaculaire. Les
charges solides sont importantes. Elles sont mobilisées par les eaux et
déposées dans les zones préférentielles (les fonds
des mares et bas-fonds, et zones de ruptures de pentes). Les comportements
hydrologiques de ces petits bassins versants sahéliens expriment bien
une forte sensibilité des écoulements au changement
environnemental et à la péjoration climatique. Cette
péjoration climatique a certes des impacts sur ces comportements
hydrologiques. Les impacts et influences de la péjoration climatique
(voire le changement climatique de façon générale) sont
très peu connus et des études en ce sens méritent
d'être développées surtout au Sahel. Car les manifestations
de ces
changements climatiques semblent déjà plus
aiguës. Toutes ces formes de dégradation
énumérées ci dessus sont liées à une
évolution hydrodynamique actuelle. Cette évolution est la
résultante directe des actions essentiellement anthropiques, la mise en
culture des terres de versants et bas-fonds, les défrichements
incontrôlés voire des coupes abusives et rases etc. Tout ceci
aboutit à une augmentation des ruissellements et écoulements
annuels (de plus de 30 à 40%) malgré la baisse
générale de la pluviométrie (entre 24 à 30 %) Le
taux d'occupation des terres varie entre 50 à 70 % par le système
jachèrescultures. Cette mise en culture et les mauvaises pratiques
socio-écologiques sont la conséquence directe de l'explosion
démographique tant dans le Fakara que dans l'ensemble du pays ou
même à l'échelle du Sahel. L'augmentation des
ruissellements et les très forts débits solides qu'ils charrient,
modifient constamment les formes hydrogéomorphologiques, les cônes
alluviaux, les fonds et les berges de ravines etc. Cette augmentation de
débits liquides et solides est à l'origine du
développement des mares dans les fonds de vallée de Dantiandou.
Cela est effectivement lié au système de distribution
endoréique de l'eau de surface. On observe des modifications
topographiques des fonds de vallées principalement les niveaux de base
de ces ravines. Ces niveaux de base évoluent et peuvent se
déplacer d'une année à l'autre et à
l'échelle de plusieurs années mais aussi à celle de la
crue. Dans ces zones endoréiques, les mares se multiplient de plus en
plus, d'autres se comblent encore. Ce développement de mare et le
ravinement qui se généralise, multiplie ce que LEDUC & KARBO
(1994) et FAVREAU (2000) ont appelé les points bas très in
filtrants, fonds de mares, de ravines et zones d'épandages sableuses.
Cependant et de façon plus générale, l'on risque d'aboutir
vers une évolution irréversible des paysages du Fakara à
moyen et long terme car l'encroûtement et le ravinement se manifestent
à toutes les échelles. Ceci est encore accentué par le
niveau de pauvreté de plus en plus drastique et des alternatives de
développement peu durables.
|