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Dette publique et épargne des menages en Republique Democratique du Congo

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par Joachim MORISHO Ntaganda
Université Catholique de Bukavu - Licence en sciences de gestion 2008
  

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II.2. INTERPRETATION DES RESULTATS

Dans cette section, nous interprétons les résultats obtenus aux regards des spécificités de l'économie congolaise.

III.2.1. interprétation des modèles à correction d'erreurs

Dans le court terme, on peut considérer que l'altruisme intergénérationnel est invalidé. L'accroissement du déficit budgétaire entraîne une baisse du potentiel d'épargne dans la seconde équation. Ce résultat est tout à fait conforme à la thèse de CHAMBAS (1994)13(*) dans le cadre des pays de la zone franc. En revanche, il invalide celle soutenu par BARRO14(*).

Les résultats obtenus confirment bien que la République Démocratique du Congo est une économie d'endettement au sens de HICKS. Ainsi, l'accroissement de la dette publique constitue une cause de déséquilibre, car elle donne lieu à une baisse de l'épargne au profit d'une consommation accrue entraînant une augmentation de la demande interne et donc des importations.

Par ailleurs, on remarque que l'épargne et le déficit public suivent une évolution opposée. Ce qui signifie qu'une hausse de la consommation publique favorise une chute de l'épargne et par déduction un accroissement de la consommation des ménages dans le pays. En revanche, dans la première relation estimée, la baisse de l'épargne favorise l'endettement en RDC. Nos hypothèses de départ sont ainsi validées.

En effet, il apparaît globalement que les ménages congolais n'étant pas bien informés sur les effets de l'endettement public et subissant une contrainte financière, accroissent leur niveau de consommation lorsque la dette publique augmente au lieu de procéder à la constitution d'une épargne permettant à la génération future de rembourser l'emprunt contracté.

Ces résultats rejoignent les conclusions de Ndo ndong (2002) pour le cas du Gabon, de Ffrench Davis (1990) pour le cas du Chili, de Enders et Lee (1990) pour le cas américain. Selon ces auteurs la dette publique agit positivement sur la consommation privée. Leurs conclusions confirment que les accroissements de la dette publique entraînent une baisse de l'épargne des ménages. Ce qui implique le rejet d'équivalence ricardienne dans ces pays.

Par ailleurs, ce résultat s'oppose à ceux obtenus par Apprahamian et Paraponaris (1997) pour le cas du Canada et de l'Italie. En effet, ces auteurs montrent qu'une hausse de la dette publique provoque un recul de la consommation privée dans ces deux pays et une hausse de l'épargne privée. L'altruisme intergénérationnel est ainsi validé dans ces pays.

Le résultat de l'estimation accrédite également les thèses des institutions de Bretton Woods qui lorsque l'absorption interne est forte, proposent aux différents gouvernements des pays en déséquilibre de mener des politiques de stabilisation visant à comprimer la demande intérieure (réduction des salaires et les effectifs jugés pléthoriques). Ce résultat est également conforme à l'analyse de STEIN, selon laquelle la consommation des ménages est source de l'endettement de l'Etat

En définitive, il s'avère que le déficit budgétaire a un effet négatif sur l'épargne en République démocratique du Congo. C'est sans doute une telle relation entre le déficit public et l'épargne des ménages qui conduit au rejet du théorème d'équivalence ricardienne pour le cas de l'économie congolaise.

On s'aperçoit en outre que le déficit budgétaire a le signe négatif dans le court terme. Ce qui signifie qu'un excès des dépenses publiques agit négativement sur l'épargne des ménages. Cette conclusion s'oppose à celle de Drakos (2001) pour le cas de la Grèce. En effet, l'auteur trouve que l'accroissement des déficits publics a entraîné une hausse de l'épargne privée en Grèce.

Ces résultats traduit le fait que l'économie congolaise est caractérisée par la hausse des dépenses de consommation publique principalement composées des dépenses relatives aux rémunérations des responsables des institutions politiques et administratives et les dépenses allouées à la défense nationale.

Il ressort en effet des rapports de la Banque Centrale du Congo (1990) qu'entre 1990 et 1993, les charges communes ont absorbées en moyenne 60,15% des crédits budgétaires suivis par les dépenses allouées aux institutions politiques avec une moyenne de 19,25% et des dépenses militaires avec 12,25% des ressources budgétaires. Par la suite, la décomposition du système financier à la suite des crises inflationniste des années 90 a découragé l'épargne des ménages étant donné le risque associé au système. On comprend dès lors qu'une hausse régulière des dépenses publiques a une influence négative sur le volume de l'épargne en RDC.

Dans le long terme, la variable « Déficit budgétaire » a le signe positif. En effet, le déficit agit positivement sur l'épargne. On en déduit que l'accroissement du déficit budgétaire entraîne une légère augmentation de l'épargne. On en est à croire qu'à long terme l'hypothèse d'équivalence ricardienne est valide en RDC. Cette validité pourrait probablement être due à la prise en compte par les ménages des effets de la dette dans leur comportement ainsi qu'à l'allègement de la contrainte financière des ménages. Cependant, cette étude ne donne qu'un avis assez discutable sur la validité à terme de l'équivalence ricardienne étant donné que son objet principal est de savoir si la dette publique et l'épargne des ménages sont dynamiquement interdépendantes ou sont en interaction.

L'enseignement le plus important à tirer des résultats obtenus est que la RDC agit en réalité comme un « Etat Providence ». Il compense les chocs extérieurs qui pèsent négativement sur le bien être des ménages en s'endettant à l'extérieur pour maintenir le niveau de vie de la population. Comme les ménages congolais ne sont pas bien informés sur les effets de la dette et parce que la contrainte financière joue, ils accroissent leur niveau de consommation en baissant leur épargne à la suite de l'accroissement des déficits budgétaires. Ce qui accroît davantage les déficits et par le fait même l'endettement public. Mais, dans ces conditions la question qui se pose est de savoir si une politique de promotion du bien être des ménages par l'emprunt extérieur ne risque pas finalement de maintenir la RDC dans un cercle vicieux d'endettement excessif.

* 13 Selon les travaux de cet auteur, le déficit budgétaire agit négativement sur l'épargne et positivement sur la consommation des ménages. La plupart d'auteurs ont soutenu cet argument notamment BUCHANAN (1976), DIAMOND (1965)

* 14 Pour cet auteur, l'accroissement du déficit entraîne l'expansion de l'épargne en vue du remboursement ultérieur de la dette publique qui sera contractée.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand