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Le BIR et la GP dans la politique de défense et de sécurité du Cameroun. Socioanalyse du rôle présidentiel, des concepts stratégiques et d'emploi des forces

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par Hans de Marie HEUNGOUP
Université catholique d'Afrique centrale - Master en gouvernance et politiques publiques 2011
  

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CONCLUSION PARTIELLE

Cette partie a étudié de quoi est faite la politique de défense et de sécurité du Cameroun, et surtout a montré la place et le rôle de celle-ci dans le système politique camerounais. Il en ressort que la politique de défense et de sécurité du Cameroun s'articule autour du concept de défense populaire, lequel concept est contradictoire à la relation entre l'armée et la population dans ce pays. Cette contradiction est elle-même inhérente au rôle et à la place des forces armées dans le système politique. Ce rôle et cette place se résument schématiquement à la survie du président de la République ; ce qui donne lieu à un travestissement de la politique de défense et de sécurité nationale.

Pour comprendre cela, il faut comprendre le système politique camerounais. Il faut étudier le décentrage et le recentrage dans le système étatique. La dynamique du décentrage cristallisée par les évènements de la nuit du 06 au 07 avril 1984 a conduit à un recentrage et un repositionnement du président de la République dans le champ politique et étatique. Les vocables et expressions statomorphisme et statophagie ont été usités pour montrer la consubstantialité de l'État du Cameroun au président de la République du Cameroun.

Toutefois, cette partie a perçu, au-delà de la personnification, la place du collectif bureaucratico-présidentiel, incarné par la formation dirigeante et le boss system, dans la production des cadres cognitifs de la gouvernance camerounaise et de l'ascension sociale. Ce qui se donne à penser n'est pas se qui ce donne à observer ; étant donné que le président de la République a les mains liés et en même temps n'a pas les mains liés.

DEUXIEME PARTIE

LA CONFIRMATION DE LA PRESIDENCE COMME
CENTRE PRETORIEN DE PUISSANCE : LE
RECADRAGE SOUVERAIN DU BIR ET DE LA GP

INTRODUCTION PARTIELLE

La question du recadrage présidentiel de la GP et du BIR est intimement liée à la consolidation militaire du charisme présidentiel. Lorsqu'on remonte à la colonisation et aux années d'indépendance, on se rend compte que l'inceste entre l'armée et le pouvoir politique est inhérent à l'histoire du Cameroun. Le Cameroun hérite le 1er janvier 1960 d'une armée fortement politisée ; en accointance avec le pouvoir colonial, puis postcolonial. Dans ce contexte, les forces armées du Cameroun assumeront essentiellement les fonctions policières ; leur principale mission étant l'ordre et la sécurité publics.122

Au-delà de la corruption des FAC, le problème le plus sinueux de l'État postcolonial camerounais reste l'aporie du contrat social entre gouvernants et gouvernés.123 Comme l'exécutif colonial autrefois, l'exécutif postcolonial ne dispose pas de la légitimité populaire. La bourgeoisie bureaucratique compradore tient sa légitimité du « centre ».124 Dans cette situation d'illégitimité, le maintien au pouvoir devient l'exigence absolue des pouvoirs périphériques d'Afrique noire. Cette exigence va engendrer la filiation entre l'armée et le pouvoir politique au Cameroun. Cette filiation a connu un tournant majeur avec la tentative de coup d'état du 06 avril 1984. A partir de ce jour, le prince a plus que jamais été obsédé par sa sécurité. Le président va prendre en main le contrôle absolu des forces armées. La GR est dissolue et remplacée par la GP. L'EMP et le SED sont créés. Les services de renseignements sont restructurés : le CND devient le CENER. Puis plus tard la DGRE. Un CNS est mis en place dès 1986. Dans le même temps, l'armée sera de plus en plus utilisée pour venir à bout des opposants au régime.

Le 28 février, le BIR est appelé à la rescousse du palais présidentiel menacé par les manifestants. C'est également le BIR qui attiédira la ville de Douala. Cette action va lui valoir de bénéficier de la confiance du président et d'être avec la GP les forces militaires principales du Cameroun. Au chapitre 3, nous allons situer la place du BIR et la GP au sein de la configuration sécuritaire du président de la République. Le chapitre 4 fait la rétrospective et la prospective de la défense et de la sécurité du Cameroun.

122 Général OUMMAROUDAJAM YAYA, L'ordre et la sécurité publics, mission principale de la gendarmerie du Cameroun, Paris, Karthala, 1998.

123 BELOMO ESSONO Chantal Pélagie, « Crise sociopolitique de février 2008 : nouvelle gouvernementalité au Cameroun », in www.apsanet.com, consulté le 15 juillet 2009. Lire aussi sa communication à l'Association Française de Science politique en 2010.

124 SAMIR AMIN, Op. cit., 1973.

CHAPITRE 3
LE BIR ET LA GP AU CCEUR DE LA CONFIGURATION SECURITAIRE
PRESIDENTIELLE

«Face à l'émergence de nouvelles formes de criminalités et du banditisme transfrontalier, les BIR s'imposent comme la réponse proportionnée et décisive de l'ETAT ».125

Capitaine François PELENE, Chef d'État-major, 2è BIR

La question qui travaille ce chapitre se pose en ces termes : quels sont la place et le rôle du BIR dans la configuration du système de défense et de sécurité du président de la République du Cameroun ? Peut-on dire que le BIR et la GP jouent leur rôle ? Quelle analyse bilancière peut-on faire ? Ces questions débouchent sur un truisme : celui de la prétoprésidentialisation des forces de défense et de sécurité du Cameroun.

La Garde présidentielle en particulier assure depuis sa création en 1985 la sécurité du président de la République. C'est une force intimement liée du point de vue ethnique et politique au président de la République. Au cours de la section consacrée à la Garde présidentielle nous évoquerons, son organisation et son fonctionnement, d'une part; ses capacités opérationnelles de défense et de sécurité, d'autre part. Le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR), nouveau né des forces spéciales, par transformation de l'ancien Bataillon Léger d'Intervention (BLI), contribue depuis sa reprise en main par le défunt Colonel Israélien Abraham Sir VAN et les évènements de février 2008, une force étroitement liée au président de la République. Associé souvent au cortège et à la sécurisation des manifestions auxquelles le président prend part, il constitue surtout l'élément stratégique et opérationnel majeur de la stabilité de l'exécutif gouvernant et de la défense du territoire.

Paradoxalement, ces deux forces constituent une source de fragilité de la défense du territoire. Cette fragilité s'entend du point de vue socio-militaire, sociopolitique et sociogéopolitique.

125 Capitaine François PELENE, « Bataillon d'intervention rapide, composante essentielle des forces de défense », in Honneurs et Fidélité, numéro spécial du 20 mai 2009, p. 30.

SECTION I ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DU BIR ET DE LA GP

L'étude de l'organisation du BIR et de la GP donne à lire d'une part, une force militaire préto-présidentielle dont le but est la sécurité du président, des édifices présidentiels et les honneurs aux chefs d'état; d'autre part, une force spéciale placée sous l'autorité directe du président de la République, associée à la sécurité présidentielle et qui constitue l'atout stratégique majeur de la défense camerounaise.

I- La GP, archétype de la préto-présidentialisation sécuritaire

Dans presque tous les pays du monde, il existe un corps spécialisé chargé de la sécurité présidentielle. Mais, la sécurité présidentielle n'est pas gérée de la même façon. En effet, chaque pays a ses traditions militaires et de sécurité. Selon que l'on est en France, en Allemagne, en Chine, en Russie ou en Afrique du sud, la sécurité du président n'est pas gérée de la même façon. Mais au-delà de ces variables, la constante générale que l'on peut dégager est que la sécurité présidentielle est intimement liée au système politique et à la forme de régime. Au Cameroun, le système politique et la nature du régime font de la GP une force nécessairement préto-présidentielle.

I.A- Organisation d'une force pétro-présidentielle

La GP est née dans un contexte de défiance du président vis-à-vis de la GR. Les éléments de la GR, en majorité ressortissants de la province de l'ex président, étaient soupçonnés de lui être encore fidèles. Avant même l'épisode sanglant du 06 avril, le président s'apprêtait déjà à prendre un texte pour les écarter de sa sécurité. Ce désir d'écarter les affidés de l'ancien régime était mu par les pressions de l'élite Béti. L'on sait que la construction du charisme présidentiel au Cameroun s'est assise sur le facteur ethnique. Le décret n° 84-113 du 11 avril 1984 portant dissolution du commandement de la Garde Républicaine dissout le commandement de la GR. Les éléments précédemment de ce commandement sont remis à la disposition du Délégué général à la gendarmerie nationale. Ceux bénéficiant d'avantages pécuniaires et en nature de leurs anciens emplois les conservent à titre individuel jusqu'au 30 juin 1984. Les équipements de l'escadron blindé et du groupement d'artillerie de l'ex GR sont reversés au Quartier général. Les équipements du groupe d'escadrons à pied, de l'escadron de cavalerie et de l'escadron de musique sont reversés à la Délégation générale à la Gendarmerie nationale. Quant à la garde et la protection du palais, elles sont assurées provisoirement par

une formation du Quartier général. La garde et la protection des autres palais et résidences présidentiels sont assurées par les Légions de gendarmerie territorialement compétentes.126

Entre le 06 avril, 1984 et 15 janvier 1985, c'est le Quartier général qui assurait la sécurité et la protection du palais. Même si le décret confie plusieurs missions à la Gendarmerie et plus tard à la police, la tentative de coup d'état a entraîné un certain discrédit de la gendarmerie et de la police. Lorsque la GP naît le 21 mai 1985, la suprématie de l'armée et notamment de l'armée de terre va se ressentir dans la sélection des éléments qui en feront partie. Le facteur ethnique va être crucial dans le choix des éléments de la nouvelle GP.

D'après le décret n° 85/738 du 21 mai 1985, portant création de la GP, la GP est un corps des forces armées spécialisées dont la mission est la garde et la protection du palais et du président de la République. En plus de cette mission principale, elle rend les honneurs au chef de l'état et aux chefs d'états étrangers. Elle assure également la protection des palais et résidences présidentiels des régions. La garde présidentielle est présente et honore les grandes manifestations.127 La GP ne dépend pas du Ministère de la défense. Elle dépend directement du président de la République. Au concret, le Commandant de la GP est sous l'autorité du Chef d'état major particulier du président de la République et du directeur de la sécurité présidentielle. Le commandant de la GP fait partie de l'état major particulier du président et du Conseil National de Sécurité. Autrefois, les éléments de la GR étaient choisis parmi les meilleurs élèves des écoles de Gendarmerie. Aujourd'hui, la GP est une force essentiellement militaire. Même si on trouve au sein de la GP toutes les composantes des FAC, les militaires dominent en effectif. Le recrutement se fait en même temps que celui des éléments du BIR, et ce sont les meilleurs éléments de cette formation conjointe qui rejoignent la GP. La GP est donc nécessairement une force de combat surentraînée et bien équipée pour le contexte local.

Pour mieux comprendre cela, il faut se référer à l'organisation de la GP. Le cadre organique de la GP est fixé par le décret n° 85/738 du 21 mai 1985 portant création et organisation de la GP précise les structures qui la composent. D'après ce texte, la GP est constituée :

> d'un état-major,

> d'un Groupement de soutien et de Commandement,

126 Décret n° 84-113 du 11 avril 1984 portant dissolution du commandement de la Garde Républicaine

127 Décret n° 85/738 du 21 mai 985, portant création et organisation de la garde présidentielle.

> d'un Groupement d'honneur,

> de Groupements de reconnaissance et d'appui, > de groupes d'intervention

> et d'un centre d'instruction.128

L'état-major est organisé en trois bureaux. Au sein de la GP, on peut distinguer les groupements de combat des groupements d'honneur et autres groupements. Parmi les groupements de combat, il y a :

> le Groupement de commandement et de soutien qui est constitué de la Compagnie protection-sécurité, la Compagnie de transport, la Compagnie d'État Major et la Compagnie médicale. C'est le Groupement le plus important au sein de la GP, tant en ce qui concerne le niveau stratégique de ses missions, que le nombre de ses effectifs, de ses équipements et de son budget.

> Ensuite, Le Groupement de reconnaissance et d'appui, constitué de la Compagnie antiterroriste, l'Escadron de reconnaissance, la Batterie d'artillerie sol-air et la Batterie d'Artillerie sol-sol.

> Puis, le Premier groupement d'intervention, constitué de la 10ème compagnie de commandement, d'appui et de soutien, des 11ème, 16ème, 17ème et 18ème Compagnie d'intervention.

> Le Deuxième groupement d'intervention comprend la 20ème Compagnie de commandement d'appui et de soutien, des 22ème, 23ème, 24ème et 29ème compagnies d'intervention.

Ces différentes compagnies sont réparties en cinq groupes d'intervention de la GP. En ce qui concerne les autres organes, il y a le Groupement d'honneur qui comprend : la Compagnie de commandement et d'honneur, l'escadron motocycliste, l'escadron à cheval et la Compagnie de musique. Puis, le Centre d'instruction de la GP qui est organisé en deux compagnies d'encadrement et cinq compagnies de soutien. Le quartier général de la GP est situé à Yaoundé, au quartier OBILI.

128 Ibidem.

ORGANIGRAMME DE LA GP

GROUPEMENT DE COMMANDEMENT

ET DE SOUTIEN

GROUPEMENT DE RECONNAISSANCE

ET D'APPUI

ETAT MAJOR

GROUPEMENT D'HONNEUR GROUPEMENTS D'INTERVENTION CENTRE D'INSTRUCTION

Source : Hans De Marie HEUNGOUP NGANGTCHO

I.B- Capacités opérationnelles de la GP

La GP est une force de combat; susceptible d'être associée aux missions de défense nationale. Composée d'environ 2000 éléments, dont 1300 combattants, elle constitue une véritable armée dans l'armée. La GP est un groupe auto-suffisant. On y retrouve toutes les composantes des forces armées régulières. Cette armée miniature, majoritairement composée du groupe ethno-régional du président, comme le fut autrefois la GR de l'ex président AHIDJO, constitue une roue de secours du président face à une éventuelle volteface de l'armée régulière. La GP définie au Cameroun comme une force de secours destinée à protéger le président en cas de rupture de l'alliance hégémonique avec l'armée régulière permet de comprendre sa place dans le système politique et le dispositif de défense camerounais. L'objectif est de parer aux agressions contre la personne du président et sa famille sous toutes ses formes. Il peut s'agir d'une tentative d'assassinat contre le président, comme une tentative de putsch comme en avril 1984.

S'agissant des capacités opérationnelles, la GP a disposé la moitié de ses effectifs au sein de la capitale. La base d'OBILI abrite l'essentiel des effectifs de la GP du centre. Le reste des effectifs est déployé dans les différentes bases régionales de la GP et affecté à la protection des résidences et palais présidentiels régionaux. La GP est particulièrement présente au village natal du chef de l'état à MVO MEKA. L'importance de la GP à ce coin

perdu du Cameroun est stratégique, étant donné que le président y séjourne souvent. La GP camerounaise est une force essentiellement terrestre. Elle ne dispose pas d'équipements navals : bâtiments et navires de guerre. Elle ne dispose pas non plus d'équipements aériens et aéronavals : avions, hélicoptères. En revanche, elle dispose de radars, de matériels de détection avancés, de l'artillerie sol-sol et sol-air, des défenses anti-missiles. Elle dispose également des chars d'assaut, de véhicules blindés, des tanks et de la batterie de combat: fusil, grenades, lance-roquettes.

C'est donc une véritable force de combat. D'ailleurs, on l'a vue combattre à Bakassiavec le reste de l'armée régulière, précisément en 1997, lors de la riposte de l'armée

camerounaise à l'invasion nigériane. Il sied de préciser tout de même que la sécurité de la personne du président n'est pas assurée par la GP, mais par la DSP. En réalité, la DSP joue le rôle que joue les services de sécurité présidentiels dans d'autres pays; c'est-à-dire une sécurité rapprochée. On peut donc dire que la GP intervient au deuxième niveau dans le système de gestion de la sécurité du président et de sa famille. Quant au BIR, il intervient au troisième niveau. Sa position est délicate, étant donné que le BIR n'est pas exclusivement une force de sécurité présidentielle comme la GP. Il contribue également à la défense et à la sécurité du territoire au quotidien.

II- Le BIR au coeur des mécanismes présidentiels de défense et de sécurité

Le Bataillon d'Intervention Rapide, plus connu des camerounais sous le sigle BIR est la transformation de l'ancien Bataillon Léger d'Intervention, créé en 1999 pour faire face aux nouvelles menaces contre la sécurité du territoire, notamment les coupeurs de route du Nord et de l'Extrême Nord. Du BLI au BIR et février 2008, le BIR a muté par l'étendue de ses missions, la spécificité de sa formation et de son commandement, par l'augmentation de ses effectifs, de ses équipements. Aujourd'hui, le BIR a un poids sans égal dans le dispositif de défense camerounais.

II.A- Le BLI, le BIR et le recadrage présidentiel post-28 février 2008

Le BIR a été né en 1999 sous l'appellation de Bataillon Léger d'Intervention. D'après le décret n° 99-16 du 1er février 1999, le BLI est une formation de la réserve générale d'infanterie spécialisée dans les actions de type commando. Sous l'autorité d'un commandant de bataillon, assisté d'un commandant en second, nommées par arrêté présidentiel, le BLI comprend :

> Un état-major ;

> Une compagnie de commandement et de services ; > Des unités légères d'intervention.129

Le BLI naît dans un contexte de montée de la criminalité transfrontalière activée par le phénomène des coupeurs de route et la multiplication des groupes armés non contrôlés dans l'espace de la CEEAC. La création du BLI fait suite à l'échec de l'armée régulière et de la gendarmerie à venir à bout du phénomène dans les régions de l'Adamaoua, du Nord, de l'Extrême-Nord et de l'Est. Cet échec des forces régulières est à relier au contexte fragmentaire de l'armée du Cameroun, avec des unités régulières peu équipées et des forces spéciales qui bénéficient d'un régiment de faveur. Le BLI est en concurrence dans la lutte contre les nouvelles formes de criminalité avec le GPIGN, qui lutte contre le grand banditisme. Mais le BIR va très vite se démarquer et se distinguer du reste des forces spéciales du fait des succès qu'il engrange.

En 2001, le BLI est confié à AVI Abraham SIRVAN, un Colonel retraité de l'armée israélienne et ancien attaché de défense à l'ambassade d'Israël à Yaoundé, qui est lié par un contrat privé à la présidence. Il devient alors le BIR et dépend directement de la présidence de la République. A partir de ce moment, le BIR va devenir peu à peu l'atout stratégique majeur de la défense camerounaise. Les recrutements et la formation du BIR sont les plus physiques des forces armées du Cameroun. La formation militaire s'achève par la difficile marche commando de 400 Km, avec une charge au dos de 15 Kilos.130 Les militaires du BIR sont parmi les plus habiles au maniement des armes. L'implication d'Israël dans l'encadrement du BIR en particulier et de la sécurité présidentielle en général date de la tentative de coup d'État de 1984 : doutant de la loyauté des Français qui assuraient jusque-là sa sécurité, Paul Biya s'est tourné vers les États-Unis. Ces derniers ont à leur tour sous-traité le marché à Israël. Les éléments de GP sont habillés avec le même uniforme que celui de l'armée israélienne et ceux du BIR portent celui des forces spéciales israéliennes. Israël est auréolé d'un mythe au Cameroun ; plus même que des pays plus puissants militairement comme la France et les États-Unis. L'implication d'Israël dans la formation et l'encadrement du BIR et de la GP contribue à mystifier et mythifier ces corps.

129 Décret n° 99-16 du 1er février portant création du Bataillon Léger d'Intervention 1999.

130 Honneur et fidélité, N° spécial du 20 mai 2009.

A partir des émeutes de février 2008, le rôle du BIR a considérablement changé. Il a été appelé en renfort pour sécuriser Douala, puis Yaoundé et le palais présidentiel, menacés par les manifestants. Depuis mars 2009, ses effectifs ont été augmentés et il a remplacé à Bakassi les forces traditionnelles. Mais cette présence accrue du BIR, qui compte désormais au moins 4000 hommes, cause des problèmes. En le déployant notamment à Bakassi, Paul BIYA a marqué sa défiance vis-à-vis de l'armée traditionnelle. Celle-ci se sent lésée. Les moyens donnés au BIR, qui apparaît comme une armée dans l'armée, sont plus importants et perfectionnés que les siens. Les éléments du BIR ont des avantages et primes que n'ont pas les soldats ordinaires, ce qui suscitent jalousies et tensions. Depuis 2010, le BIR est associé à la sécurité du président. S'il ne participe qu'indirectement, sa présence s'explique par l'image d'invincibilité et la crainte qu'il suscite auprès des camerounais. La présence du BIR aux abords des itinéraires du cortège présidentiel est surtout dissuasive.

Si le BIR est associé à la GP au dispositif de sécurité présidentiel, sa mission principale reste et demeure la défense du territoire.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon