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Politique environnementale et développement durable en Cote d'Ivoire

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par Brou Germain Alexis Edoh KOMENAN
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest/Unité Universitaire d'Abidjan - Maitrise 2009
  

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Section 1 : LA SITUATION ENVIRONNEMENTALE

L'étude de la situation de l'environnement ivoirien est envisagée selon une approche qui, sans se départir de l'unicité territoriale, dicte cependant l'analyse respective des milieux naturels (Paragraphe 1) et des milieux anthropiques (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les milieux naturels

Les milieux naturels ivoiriens s'entendent de l'ensemble des zones territoriales desquelles est normalement exclue toute présence humaine permanente. Les divers biomes du pays incluent, en plus d'un respectable réseau hydrographique, 550 kilomètres de façade maritime. Il sera ici procédé à un examen de l'état de la flore (A) et de la faune (B) de ces milieux.

A. L'état de la flore

Sans entrer dans de vastes considérations écologiques qui ne sont pas l'objet de cette analyse, il convient de poser que, sommairement, la Côte d'Ivoire a quatre zones biogéographiques : la zone guinéo-congolaise au sud, la zone soudanaise au nord, une zone de transition guinéo-congolo-soudanaise au centre, et des éléments montagneux spécifiques à la région du Mont Nimba. La végétation comprend des forêts de basses terres au sud, des savanes soudanaises parsemées de forêts claires au nord, et une mosaïque de forêt dense humide et de savane guinéenne au centre, ainsi que des formations montagnardes particulières au milieu physique de l'ouest montagneux53(*).

La superficie forestière ivoirienne est aujourd'hui évaluée à moins de 30 000 kilomètres carrés, contre 90 000 kilomètres carrés en 1965, et 120 000 kilomètres carrés en 1956. Cette diminution drastique de la sylve est évidemment imputable au déboisement. Ainsi, le taux de déboisement en Côte d'Ivoire était estimé à 5,2% entre 1980 et 1990. Le défrichement annuel a atteint le pic de 350 000 hectares entre 1967 et 1974 pour dégringoler à quatre-vingt mille hectares entre 1987 et 1991, le massif étant épuisé (annexe III). Les causes du déboisement sont diverses et s'enchaînent : ce sont l'explosion démographique, la demande en bois de feu, l'exploitation forestière, le développement de l'agriculture, les grands projets de réalisation d'infrastructures économiques, les causes culturelles, les responsabilités politiques et les défaillances administratives (Lauginie).

· la croissance démographique : de moins de 2 000 000 d'habitants en 1920, la Côte d'Ivoire est passée à 2 700 000 habitants en 1960, 4 500 000 habitants en 1965, 6 720 000 habitants en 1975, 10 815 694 habitants en 1988, et 15 366 672 habitants en 1998. En 2005, la population ivoirienne est estimée à 19 800 000 habitants, chiffre qui devrait encore être revu sérieusement à la hausse à l'heure actuelle. Soit une densité de 61 habitants au km² contre 48 habitants au km² au recensement de 199854(*). Le pays possède, avec 4,4% de taux d'accroissement moyen annuel - dont 3,1% d'accroissement moyen annuel de la population et 1,3% d'immigration, la croissance démographique la plus élevée du continent pour ces dernières décennies.

Une telle explosion numérique du capital humain ne peut être sans conséquences sur l'utilisation des terres. Selon une étude du Programme National d'Action pour l'Environnement publiée en 1994, entre 1955 et 1990, la population rurale de la zone forestière du pays est multipliée par quatre, la superficie de forêt dense humide se trouvant réduite des trois-quarts pour la même période. Au cours de ces trente dernières années, la superficie d'espace forestier par habitant est ainsi passée, dans cette zone, de 8,5 hectares à 0,5 hectare. Quant au taux annuel moyen de croissance urbaine, il est de 8%, rendant du coup préoccupant l'accélération du rythme d'urbanisation, singulièrement dans le sud du pays, avec l'agglomération abidjanaise qui, de deux millions d'habitants en 1990, s'est peuplée de près de 900 000 habitants supplémentaires en huit ans (Direction de l'Environnement, 1991 ; La Côte d'Ivoire en chiffres, 2007).

· le développement de l'agriculture et la demande en combustible : l'évolution croissante de la population, synonyme de nouvelles bouches à nourrir, entraîne un accroissement tout aussi rapide de la superficie des terres cultivées. Celle-ci était de 1 900 000 hectares soit 6% du territoire en 1965, de 3 500 000 hectares soit 11% du territoire en 1975 et de 7 500 000 hectares soit 23% du territoire en 1989. La pression agricole sur les ressources forestières, dans la zone des savanes, est évaluée, pour la période 1960-1990, à 200 000 hectares par an (Direction de l'Environnement, 1991). Les techniques agricoles inappropriées entraînent un gaspillage de terres et une inquiétante ponction sur celles encore disponibles. L'utilisation du bois comme combustible traditionnel, même s'il n'est pas à négliger, particulièrement dans les régions de savane, se révèle être un facteur secondaire de dégradation.

· L'exploitation forestière : toujours dans l'optique de la satisfaction des besoins nationaux de développement, la diversification des sources de devises a engendré la progression accélérée de prélèvement du matériel ligneux éburnéen : De 228 000 m3 en 1950, on est passé à 2 560 000 m3 en 1965, puis à 4 000 000 de m3 en 1969, ensuite 5 321 000 m3 en 1977. Naturellement, la ressource s'amenuisant, la production de grumes s'est affaissée à 1 400 000 m3 en 1990 pour remonter dans l'ordre des deux millions de mètres cubes au début de ce siècle, serrant de très près les mesures de préservation et de suivi de la ressource (annexe III).

Au total, force est de reconnaître que le déboisement vorace, corollaire d'une croissance démographique et d'une occupation spatiale non maîtrisées, a précipité la forêt et la savane ivoiriennes dans une situation délicate55(*). Situation qui ne peut être sans conséquence pour la faune locale.

B. L'état de la faune

Le nombre d'espèces animales sauvages en Côte d'Ivoire est évalué à environ 120 espèces de poissons d'eau douce56(*), 83 espèces d'amphibiens, 117 espèces de reptiles, 710 espèces d'oiseaux et 232 espèces de mammifères57(*). L'inventaire de la faune ne pouvant être véritablement exhaustif58(*), la prise en compte des nombreux représentants de la faune marine ainsi que des milliers, sinon des centaines de milliers de représentants de la microfaune, ne pourra se faire ici59(*).

Les animaux jouent un rôle écologique et économique inestimable : fertilisation des sols, dispersion des graines, pollinisation, production d'aliments, et ont donc un impact aussi crucial que les autres éléments naturels dans le développement durable. « A la seule condition de maintenir, en l'état, les types de milieux qui permettent leur propre survie. »60(*)

La diminution drastique des habitats naturels dont il a déjà été question, associée à une chasse et un piégeage atteignant des sommets, pratiqués indifféremment dans les zones libres et les espaces protégés, suffit à réduire considérablement les effectifs et à menacer sérieusement de nombreuses espèces61(*). Ainsi, ce sont au moins 45 espèces animales qui sont en danger de disparition dans le pays62(*). La situation s'est sans doute dégradée avec la crise militaro-civile déclenchée le 19 septembre 2002. En 2003, 60% des habitats de la faune se trouvent en zone de guerre. Le fait de guerre a fait fuir une part importante de la faune nationale vers les pays voisins63(*). Pourtant, des efforts de protection des effectifs et des habitats, voire de leur restauration, existent : mesures institutionnelles, classification de parcs et réserves, projets de classification en cours, création de corridors biologiques64(*).

Au total, le potentiel floristique et faunique de la Côte d'Ivoire, riche en diversité biologique, est fortement dégradé par le déboisement, corollaire de l'impressionnant accroissement des besoins humains en espace et de l'exploitation irrationnelle du sol. La situation politiquement difficile à contrôler, engendrée par la guerre, avec son lot d'insouciance écologique manifestée par une pression plus accrue sur la biosphère aussi bien en zone gouvernementale qu'en zone sous contrôle des Forces Nouvelles65(*), n'a fait qu'empirer les choses.

Le déboisement est principalement dû à la croissance démographique incontrôlée d'une part, ainsi qu'à l'agriculture et à l'exploitation forestière d'autre part. Or, l'agriculture, depuis le dépassement du système de la chasse et de la cueillette, est la base de la vie humaine. Par conséquent d'un développement durable. En Côte d'Ivoire, l'impact de l'activité agricole est double : recul de la biosphère, pourtant sa base et sa nécessaire collaboratrice, du fait de l'extension des terres utilisées ; dégradation des sols, du fait de la gestion inappropriée de ces terres et des techniques culturales destructrices. Par là, l'agriculture ivoirienne sape lentement ses propres bases. Les terres disponibles se réduisent en même temps que la demande s'accroît66(*). Il est pourtant possible d'adopter un modèle agricole en harmonie avec la nature et par conséquent profitable aux populations. Un recadrage s'impose.

Par ailleurs, faire l'état des lieux des milieux anthropiques se révèle d'un intérêt certain, en corrélation avec celui des milieux naturels.

* 53 Kadio AHOSSANE, « La difficile gestion du couple environnement/développement », in PACIPE infos/news, numéro 13, sept.-oct. 1998, p.6.

* 54 La Côte d'Ivoire en chiffres édition 2007. République de Côte d'Ivoire. Ministère de l'économie et des finances. Direction générale de l'économie, p. 14. Voir aussi Mémorial de la Côte d'Ivoire, op. cit., tome troisième, p. 262.

* 55 Pour un approfondissement de la question forestière, lire Les politiques forestières de Gérard BUTTOUD, collection « Que sais-je ? », Presses Universitaires de France, 1998.

* 56 Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, 1978. Grand Dictionnaire encyclopédique de la Côte d'Ivoire, 1986.

* 57 Francis LAUGINIE, Conservation de la nature et aires protégées en Côte d'Ivoire, op. cit.

* 58 L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, op. cit., vol.1.

* 59 A propos de la microfaune L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire conclut de façon assez éloquente : « Il s'en faut naturellement de beaucoup pour que ces animaux, et même seulement les plus abondants, soient tous connus. » Vol.1, p. 230.

* 60 Francis LAUGINIE, op. cit.

* 61 Voir L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, Le Grand Dictionnaire encyclopédique de la Côte d'Ivoire. Se référer aussi à l'ouvrage  Conservation de la nature et aires protégées en Côte d'Ivoire de Francis LAUGINIE, qui contient en outre une importante bibliographie rassemblant les nombreuses études sur la question.

* 62 Kadio AHOSSANE, op. cit.

* 63 La Côte d'Ivoire en chiffres, édition 2007, op.cit.

* 64 Agenda SODEFOR/GTZ, 2004.

* 65 Forces Nouvelles : appellation donnée par ses membres au groupe d'insurgés formé à partir de la fusion du MPCI (Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire), du MPIGO (Mouvement Patriotique Ivoirien du Grand Ouest) et du MJP (Mouvement pour la Justice et la Paix). Ce groupe occupe la moitié nord du territoire ivoirien depuis la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002.

* 66 Kadio AHOSSANE, op. cit. ; La Côte d'Ivoire en chiffres, édition 2007, op. cit. ; L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, 1978.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery