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Expérience d'art-thérapie aux dominantes écriture et arts plastiques auprès de la personne à¢gée dépendante souffrant d'exclusion sociale

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par Marie NOà‹L
Université François Rabelais - faculté de médecine de Tours - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2010
  

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2) Mme A est à un stade modérément avancé de la maladie, et reste à l'écart de la collectivité car elle n'en voit plus l'intérêt.

« Vous savez, je suis au bout de ma vie. >> ont été les premiers mots que l'artthérapeute stagiaire a entendu sortir de la bouche Madame A envers une aide-soignante qui venait la saluer, dans le couloir où elle déambulait en fauteuil roulant. Une des infirmières a profité de cette situation pour souligner à l'art-thérapeute que Mme A. tenait ce discours depuis plusieurs semaines et qu'elle n'avait plus goût à rien. Cela fait plusieurs années que Mme A vit dans l'établissement, et elle a régulièrement fait preuve d'une présence et d'une participation actives au regard des activités proposées, mais depuis quelques temps, il est impossible de la motiver. L'équipe soignante a alors demandé à l'art-thérapeute stagiaire de mettre en place un projet qui ferait en sorte de lui redonner l'envie de renouer le contact avec les autres résidents, de participer à des projets collectifs, de lui montrer qu'elle est toujours capable de faire quelque chose et d'en tirer de la satisfaction.

Le lendemain matin (mardi 12 janvier 2010) vers 10h30, l'art-thérapeute stagiaire s'est rendue dans la chambre de Mme A, et l'accueil qui en a découlé était plutôt impressionnant. Après avoir poussé la porte d'entrée, l'art-thérapeute stagiaire a vu Mme A, élégamment vêtue, allongée sur son lit, les mains croisées et posées sur sa poitrine, le visage très pâle et le regard orienté vers le plafond. L'art-thérapeute stagiaire s'est approchée doucement, l'a saluée puis tendu la main, mais Mme A n'a répondu qu'un « bonjour >> sur un ton méfiant et s'est mise à la fixer avec grande attention. L'étudiante s'est brièvement présentée, puis a demandé à Mme A si elle pouvait lui emprunter une chaise pour s'asseoir près d'elle afin de « discuter un peu >>. Mme A a poliment acquiescé et lui a demandé ce qu'elle lui voulait. L'art-thérapeute stagiaire lui a expliqué ce qu'elle faisait au sein de la structure pendant son stage, et a enchaîné sur le récent désintérêt pour les activités de l'établissement qu'éprouvait la patiente. « Je n'ai plus le coeur à tout ça, vous savez, je suis au bout de ma vie >>, dit Mme A en grimaçant. Pendant qu'elle parlait, elle semblait préoccupée par le couloir qu'elle pouvait apercevoir car la porte n'était pas fermée. L'art-thérapeute stagiaire lui a alors proposé de fermer la porte, afin de tenir la conversation dans un cadre strictement privé. Mme A a vivement acquiescé puis la stagiaire a fermé la porte.

Dès lors, un petit sourire s'est dressé sur son visage, et elle confiait ensuite à l'étudiante que plein de gens rentraient et sortaient de sa chambre sans rien lui demander, que certains même repartaient avec quelques-uns de ses effets personnels, toujours sans savoir qui ils sont et sans lui demander son autorisation. L'art-thérapeute stagiaire lui a expliqué et justifié la présence de plusieurs membres du personnel au sein de sa chambre dans le cadre des soins et de l'entretien des lieux, qu'il n'y avait pas manière de s'inquiéter, même si il était effectivement impoli de ne pas se présenter et de ne rien dire. Puis, Mme A. a de nouveau demandé qui était son interlocutrice, et ce qu'elle lui voulait. Par quatre fois l'art-thérapeute stagiaire a dû ré-expliquer son identité et son rôle, ainsi que le projet qu'elle voulait mettre en place avec elle. Le projet a été présenté comme un travail d'écriture sur la vie de Mme A. et de ce qu'elle aime. Mme A. a alors cru que l'étudiante était journaliste et a demandé si les notes qu'elle prenait aller se retrouver dans La Nouvelle République (le journal régional du

Centre et Pays-de-Loire). L'ambiance s'était détendue depuis que la porte était fermée, mais Mme A. gardait toujours la même posture. Elle a répondu brièvement mais sérieusement aux questions de l'art-thérapeute stagiaire, à savoir ses passions, le métier qu'elle a exercé, ses voyages. Mme A. est issue d'une famille aisée, d'une fratrie de 6 frères et soeurs et a reçu une éducation stricte mais pas malheureuse. Quand elle était petite, un professeur venait chaque semaine enseigner à toute la fratrie la pratique du piano. Adulte, elle a officié dans le secrétariat, et a connu une grande variété de postes qui l'ont faite voyager à travers le pays. Elle s'est mariée mais n'a pas voulu discuter de la présence éventuelle d'enfants. Elle a juste précisé qu'aujourd'hui, sa belle-soeur et son époux venaient de temps en temps lui rendre visite, et qu'elle appréciait ces moments.

L'entretien s'est terminé sur l'acceptation du travail par Mme A., mais elle a insisté sur le fait qu'il s'agissait << d'un essai, pour voir ». Ayant remarqué l'attitude anxieuse de Mme A. vis-à-vis de l'extérieur de sa chambre, l'art-thérapeute stagiaire a proposé de commencer l'atelier dans la chambre, ce qu'elle a approuvé en souriant. Le rendez-vous a été fixé pour le lendemain matin, à 10h15. Mme A a demandé à l'art-thérapeute stagiaire de le lui noter sur un bout de papier. Après avoir salué Mme A, l'étudiante est allée à la rencontre de l'équipe soignante pour confirmer la mise en place de la prise en charge art-thérapeutique.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci