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Expérience d'art-thérapie aux dominantes écriture et arts plastiques auprès de la personne à¢gée dépendante souffrant d'exclusion sociale

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par Marie NOà‹L
Université François Rabelais - faculté de médecine de Tours - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2010
  

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2) Une approche épistémologique de l'art est nécessaire pour comprendre ses fondements et les évolutions philosophiques qui l'ont transformé et affiné au cours des siècles.

Le mot art est issu du latin ars, signifiant technique, et est employé, dans l'Antiquité, pour désigner le savoir-faire d'un métier, qui n'était pas nécessairement lié à une activité artistique (par exemple l'orateur, le médecin). La notion d'artiste n'avait pas, à cette époque, le sens que nous lui donnons aujourd'hui ; ici on parlera davantage d'artisan, l'individu qui maîtrise un savoir-faire. L'art est très présent chez les Grecs, tant sur le plan sensible (monuments, statues, peintures...) que sur le plan intelligible (le monde des Idées*, la philosophie).

Platon s'est penché sur cette notion, à laquelle il allie celle de beauté, qui n'est autre que le vecteur et la finalité de l'art. Rappelons-nous dans le contexte de l'époque, que la nature, fruit de l'oeuvre des dieux, êtres parfaits, ne peut qu'être belle puisque ses créateurs sont bons. Les Hommes, créés par des demi-dieux, sont quand à eux imparfaits, et ont donc une aspiration naturelle et spirituelle* à promouvoir la beauté, et à << faire du beau ». Mais Platon souligne la difficulté, notamment dans la discussion entre Socrate et Hippias, de définir ce qu'est le beau et de le distinguer de ce qui est beau. Ce qui est beau, pour Platon, se révèle être ce qui appartient au plaisir des sens, aux passions (par exemple la vue d'une jeune femme, des temples), tandis que le beau lui-même, bien qu'engendrant un plaisir sensoriel chez l'individu, trouverait son essence dans le monde intelligible, au-delà de l'homme, dans le divin, à travers l'acte de contemplation.

Les artistes sont alors des hommes pourvus d'une certaine spiritualité qui les entraîne dans la recherche de la beauté ; et pour mettre cette recherche en pratique, ils imiteront la nature. C'est pourquoi les oeuvres d'art de cette époque, notamment en ce qui concerne les statues, sont dotées d'une idéalisation des formes très prononcée. Cependant, Platon dénonce le travail des artistes, plus précisément le fait d'imiter, de copier les phénomènes (la mimêsis). Quel que soit le modèle utilisé, et le réalisme, la copie ne sera jamais considérée dans son essence comme une vérité ; par exemple, une peinture d'un vignoble restera avant tout une peinture, et non le vignoble. Platon parle de l'illusion de l'art, et la condamne.

Aristote poursuit cette réflexion en conservant l'idée de mimêsis comme essence de l'art, toutefois il l'envisage sous un angle plus humain. En effet, pour lui, la mimêsis se traduit par la représentation d'une action vraisemblable à partir du réel humain, faisant de l'art << la faculté de produire le vrai avec réflexion » ; autrement dit la vérité par et pour les hommes, en reconnaissant le processus de représentation. La spiritualité n'est toutefois pas écartée, l'artiste reste toujours sous une inspiration divine ; et cela s'élargit à toute forme d'art (la médecine par exemple).

En ce qui concerne la beauté, Aristote évoque les notions << d'ordre » et << d'étendue ». Une oeuvre, pour qu'elle soit belle, doit posséder des proportions harmonieuses, telles qu'elles le seraient dans la nature (cela vaut aussi pour un bel être). L'oeuvre doit se contenter d'être juste.

Artistote parle également de l'art comme ayant un effet cathartique sur l'être. La catharsis se définit comme une action purificatrice de l'esprit d'un être, mais aussi purgative (évacuation des humeurs). Le plaisir éprouvé par la contemplation d'une oeuvre (une peinture, une tragédie, etc.) aurait une fonction libératrice et bienfaisante. Il reconnaît donc un pouvoir à l'art sur le corps et l'esprit humain. Ce concept inspirera la majeure partie des philosophes des époques ultérieures.

En France, et jusqu'à la Renaissance, les arts sont majoritairement au service de la religion (peintures et sculptures retraçant les scènes et les personnages de la Bible, architecture des lieux de culte...). Ce n'est qu'à partir de la fin du XVème siècle, que l'art est pensé et appliqué dans de nouveaux objectifs, dont la science et plus spécialement l'anatomie font partie. La recherche de la beauté idéale et parfaite est peu à peu grignotée par l'arrivée du réalisme, dont l'une des manifestations caractéristiques est la laideur (peinture d'hommes écorchés, mal-formés, mutilés). Le divin nous quitte pour aborder une représentation de la réalité humaine sous toutes ses coutures, et cela bouleverse évidemment les mentalités de l'époque. Aussi naissent les << Beaux-Arts », qui se révèle être une discipline promouvant la recherche esthétique dans les arts. La distinction entre l'art de l'artisan, et l'art de l'artiste émerge doucement dans les courants de pensée, mais n'en sera vivement discutée qu'au XVIIIe siècle, aussi appelé le siècle des Lumières*.

Diderot trouve à l'artiste un rôle politique potentiel qu'il devrait exploiter dans les oeuvres qu'il produit (par exemple les vertus nationales à prêcher pour le poète tragique). Il tient aussi à populariser l'art (au même titre que toute autre connaissance et science), à le rendre accessible pour chaque citoyen. Il est l'un des premiers philosophes à tenter de << démocratiser » l'art.

Burke reprend l'idée aristotélicienne d'harmonie des proportions en avançant le fait que la beauté d'une oeuvre ne peut se limiter à ce critère << formel ». Il avance aussi l'idée d'une pluralité de l'esthétique ; que si la beauté est un concept universel, elle se manifeste selon des critères de reconnaissance propres à chaque individu.

Kant va plus loin en réfléchissant sur la notion même d'esthétique, qu'il définit comme

la science du beau. Le sentiment esthétique est vu ici comme le plaisir désintéressé éprouvé par l'acte contemplatif ; en ce sens l'esthétique est universelle, nous sommes tous aptes à éprouver ce plaisir. Toutefois Kant prend soin de distinguer le beau de l'agréable, siège du jugement de goût. Si une oeuvre est agréable pour l'un et non pour l'autre, << ce n'est qu'une question de goût >>.

Au début du XIXe siècle, les travaux de Hegel discutent la pensée kantienne, notamment à l'égard du beau. Hegel exclut la beauté naturelle (qui pour Kant représente la beauté dans son universalité, et par conséquent supérieure à la beauté artistique), car dénuée de spiritualité, dont cette dernière est le propre de l'homme. L'esthétique est un sentiment humain, et n'a donc rien à voir avec la nature. L'art est vu ici comme une nécessité humaine (toute activité humaine existante répond à un besoin chez Hegel), et plus précisément comme l'expression sensible d'une chose spirituelle. Il souligne aussi que la beauté d'une oeuvre fait appel aussi bien à son apparence qu'à son essence, autrement dit comment elle est faite et pourquoi elle est faite.

Nietzsche soulève l'idée de la puissance de l'art, comme véhicule de la vérité existant dans un temps donné. L'évolution de la culture, et donc de ses normes et de ses valeurs, et par extension l'art, contribue à faire de ce dernier une activité d'expression qui tend à améliorer la vie humaine. A cela il reproches les idées platoniciennes d'une réalité immuable, parfaite, mais fictive, visant à rassurer mais privant du coup les hommes de la vérité. << L'art est changement >>.

Au milieu du XIXe, Bergson voit dans l'art un révélateur de l'essence des choses qui nous échappe. Prisonniers et trompés par nos sens et les artifices de la société, l'art permet de montrer la vérité des choses auxquelles on n'accrocherait a priori aucune attention dans la vie quotidienne.

À la fin du XIXe, Alain réfléchit quant à lui sur le statut de l'oeuvre d'art. Une oeuvre d'art est belle et reconnue comme telle lorsqu'elle est achevée, << affirmative d'elle-même >>. Elle existe et s'impose comme un fait dans le monde, et résistant dans le temps. Alain réfléchit sur le statut d'artiste et d'artisan : l'artiste produit des oeuvres, l'artisan des ouvrages, mais il y a bien dans l'oeuvre un savoir-faire, et dans l'ouvrage un style qui fait appel à l'esthétique de l'artisan. La distinction s'opère dans la finalité du travail : l'oeuvre appelle à une fin esthétique, et l'ouvrage à une fin utilitaire.

Au milieu du XXe siècle, Merleau-Ponty s'avance sur les ressentis dans l'art. Pour lui, l'art éveille tant chez l'artiste que chez le contemplateur des sensations brutes, issues de notre inconscient, de ce qui n'est pas immédiatement accessible à notre esprit. Le brut est associé au non-visible, et c'est là que se manifeste le talent de l'artiste : il est celui qui est capable de nous montrer la réalité qui l'habite et qu'il habite, et ce quelle que soit la forme d'art. L'art a le pouvoir de nous faire ressentir des choses qui ne nous sont pas visibles, conscientes sur l'instant où nous percevons l'oeuvre.

Aujourd'hui nous poursuivons la perspective humaniste lancée par les intellectuels de l'époque des Lumières, en tirant les leçons des sagesses que les penseurs de l'Histoire nous ont légué. Il est important pour nous de distinguer deux concepts de l'art : l'art avec un << a >> minuscule, qui concerne l'ensemble des techniques reconnues jusqu'à ce jour, et l'Art avec un << a >> majuscule qui représente le domaine, la science du beau (d'où le terme de Beaux-Arts). L'Art contemporain a tendance à s'inscrire, comme le dit Deleuze, dans une démarche de résistance. Il faut voir l'art comme un éclairage original de la réalité, loin de la vulgarité, de la bêtise et tout ce qui fait honte à notre condition d'être humain, même si certaines oeuvres en traitent. L'intérêt réside dans la dénonciation des erreurs de notre histoire, dans l'investissement de l'artiste sur des faits qui amène ces derniers à une accessibilité plus << brute >> qui éveille nos émotions et notre intellect. Percevoir la réalité sous une charge

émotionnelle bien souvent enfouie dans les profondeurs de l'esprit ne nécessite pas d'avoir fait de longues et grandes études, et n'est pas réservé à une élite de personnes ; c'est une capacité propre à l'Homme, à chacun d'entre nous, et qui plus ou moins éveillée selon l'expérience que la réalité du monde nous a donné à vivre. Et si tout être humain n'est pas impliqué dans l'Art, l'Art impliquera toujours l'être humain.

Mais si nous exploitons davantage le caractère humanitaire que l'Art est susceptible de véhiculer, pourquoi ne pas penser l'Art dans un rôle thérapeutique ?

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite