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Les contes égyptiens anciens et les contes de l'Afrique subsaharienne: essai d'une analyse comparée

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par David Elysée Magloire TESSOH
Université Yaoundé 1 - Master en littérature et civilisations africaines 2011
  

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INTRODUCTION

-Motivations du choix du sujet.

Le continent africain et plus particulièrement l'Afrique noire a été pendant longtemps considérée comme une vacuité historique. Dans le but d'expulser définitivement l'Afrique du concert de l'humanité et par conséquent hors de l'histoire universelle, plusieurs penseurs occidentaux vont sous le couvert de l'écriture définir l'histoire comme étant la connaissance du passé basée sur les écrits. Cette définition qui prétend que seules les écrits sont la seule source pour l'investigation du passé d'un peuple à faire dire à Hegel que l'Afrique est un continent anhistorique parce qu'elle n'a pas d'écriture. Dans sa logique il n'hésitera pas à déclarer :

L'Afrique n'est pas une partie historique du monde. Elle n'a pas de mouvement, de développement à montrer (...) sa partie septentrionale appartient au monde européen et asiatique, ce que nous entendons par Afrique est l'esprit anhistorique, l'esprit non développé encore enveloppé dans les conditions de naturel1(*)

Ces propos de Hegel seront récupérés par la quasi-totalité des égyptologues européens. Animés par l'européocentrisme qui était caractérisé, par la nécessité de détruire à tout prix l'idée d'une Egypte nègre, ils vont à leur tour essayer de démontrer de manière historique l'absence d'une culture et d'une histoire africaine propre. Ce faisant, ils vont valoriser la thèse d'une prétendue origine méditerranéenne de la civilisation égyptienne ancienne. C'est ainsi que des mythes stéréotypés seront élaborés dans le souci de prouver que l'Egypte ancienne berceau de la civilisation n'était pas peuplée de Noirs. C'est précisément cette définition lacunaire de l'histoire qui semble délibérément ignorer l'existence des sources historiques orales tels que les légendes ,les mythes et les contes qui a fondé l'objet de notre étude.

En effet, nous essayons sans être historien de rétablir la vérité historique en montrant à travers les contes la parenté culturelle entre les Egyptiens anciens et les Négro-africains. D'où l'intitulé  de notre sujet : « Les Contes Egyptiens anciens et les contes de l'Afrique Subsaharienne : essai d'une analyse comparée ».

Le conte est un mot plurivoque. Le définissant, Jean Cauvin déclare :

Le conte est une manifestation de la société orale qui se présente sous la forme d'un texte constitué d'une succession de phrases ayant une situation initiale, une situation finale et entre les deux, une certaine évolution et des éléments divers1(*)

Pour Propp, le conte est :

Un récit qui se présente comme un ensemble structuré où tout se tient logiquement, les chaînes isolables formant une structure hiérarchique dans laquelle certaines épreuves se terminent chacune, un échelon nécessaire pour aborder la suivante d'où certaines valeurs reconnues par le conteur sont les seuls moyens d'atteindre d'autres buts 2(*)

Mamby Sidibi quant à lui le définit comme étant :

 Un récit d'aventures imaginaires où l'extraordinaire, le merveilleux se mêlent au réel. C'est un échafaudage de l'imagination ; mais il s'agit d'une fiction contenant un grain de vérité. La fiction séduit et attire ses fantasmes, ses images, ses épisodes comiques, voire tragi-comiques ; cependant, le grain de vérité suspend le rire et incline le front 3(*)

Les définitions qui précèdent étant conformes à notre étude, il convient à présent de présenter notre corpus qui sera composé de 30 contes. Soit 8 contes Egyptiens anciens ou pharaoniques et 22 contes de l'Afrique Subsaharienne répartis ainsi qu'il suit : 6 contes Burkinabés, 7 contes camerounais, 5 contes Ivoiriens, 2 contes Ethiopiens et 2 contes Malgaches. Le choix des contes de l'Afrique subsaharienne issus des pays différents trouve sa motivation dans le profond souci de mettre en exergue quelques éléments culturels propres à toutes les cultures négro-africaines afin de voir dans quelle mesure, l'Egypte pharaonique survit toujours en Afrique noire profonde.

- Etat de la question

Tout travail de recherche venant le plus souvent se greffer aux travaux qui l'ont précédé, nous tenons à rappeler que notre initiative n'est pas nouvelle car la voie comparative Egypte antique Afrique noire a été inaugurée par Cheikh Anta Diop. Celui-ci va s'illustrer par un positionnement scientifique contraire aux thèses européocentristes en cours. En puisant dans sa formation multidisciplinaire, il va trouver le fil conducteur qui lui permettra de démontrer le haut degré de civilisation que les peuples noirs ont atteint dans leur passé lointain. Pour établir la vérité historique sur l'origine nègre de la civilisation Egypto-pharaonique, il mènera avec minutie des recherches en histoire dans lesquelles il réfutera les thèses européocentristes en montrant l'antériorité de la civilisation noire dans l'histoire de l'humanité.4(*) Du point de vue linguistique, il va établir l'unité linguistique ente l'égyptien ancien et les langues négro-africaines.5(*)Dans le domaine de l'anthropologie culturelle, il apportera des évidences scientifiques sur l'identité qui existe entre les Egyptiens anciens et les Négro-africains. Au niveau de l'anthropologie physique, il analysera les momies par rapport à l'ostéologie et le taux de mélanine.

Plusieurs autres chercheurs africains vont continuer à approfondir les pistes de recherches déblayées par le maître Cheikh Anta Diop. Le plus connu d'entre eux est incontestablement son disciple Théophile Obenga. A partir d'une maîtrise profonde de l'écriture hiéroglyphique, ce dernier va peaufiner les recherches sur la parenté linguistique entre l'égyptien ancien et les langues négro-africaines contemporaines6(*). Il mettra également en évidence la parenté historique noire traditionnelle7(*).

Aboubakari Lam de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal établira un rapport entre l'égyptien ancien et le pulsar8(*). Mubabinge Bilolo quant à lui va mener une étude comparative entre la cosmo théologie égyptienne de la naissance du monde et celle de l'Afrique noire actuelle.9(*). Plus près de nous nous avons Oum Ndigui qui a fait un travail d'égyptologie comparée intitulé : « les Basaa du Cameroun et l'Antiquité pharaonique égypto nubienne : recherche historique et linguistique comparative sur leurs rapports culturels à la lumière de l'égyptologie ».10(*)

-Originalité et intérêts du sujet

Les travaux qui précèdent et bien d'autres encore attestent que nous ne sommes pas sur une terre vierge. Seulement, ces sources sur l'origine d'une Egypte ancienne nègre sont généralement des sources historiques, anthropologiques, archéologiques ou linguistiques. Dès lors, l'originalité de notre travail et sa pertinence viennent du fait qu'il se démarque des sentiers battus par nos prédécesseurs pour répondre à un besoin littéraire.

Outre l'intérêt scientifique qui découle logiquement de son originalité à savoir une source littéraire, notre travail se veut une contribution à l'éveil de l'Afrique. En effet, nous intéresser aux contes Egyptiens dénote de notre ambition d'apporter notre participation à l'effort de confirmer l'existence des liens réels entre les pratiques de l'Egypte ancienne et celles de notre continent. La connaissance de ces liens dans le développement politique, économique, culturel et social du pays des pharaons pourrait à notre sens être d'un très grand intérêt dans les travaux menant à la renaissance de l'Afrique.

Cette préoccupation rejoint celle du maître Cheikh Anta Diop qui disait :

Pour nous, le retour à l'Egypte dans tous les domaines est la condition nécessaire pour réconcilier les civilisations africaines avec l'histoire, pour pouvoir bâtir un corps de sciences humaines modernes, pour rénover la culture africaine. Loin d'être une délectation sur le passé, un regard vers l'Egypte antique est la meilleure façon de concevoir et bâtir notre futur culturel. L'Egypte jouera dans la culture africaine repensée et rénovée, le même rôle que les antiquités gréco-latines dans la culture occidentale11(*)

- Problématique et hypothèse

Les jalons posés par les travaux de recherches de nos prédécesseurs et l'intitulé de notre sujet nous ont permis d'arriver à une problématique qui se fonde sur les contes comme manifestation d'une vérité historique incontestable et infalsifiable quant à la parenté culturelle entre l'Egypte ancienne et l'Afrique Noire. Cette problématique fait appel à une préoccupation essentielle : Peut-on établir à la lumière des contes un continuum culturel entre l'Egypte ancienne et l'Afrique Noire ?

Une telle problématique s'inspire de l'hypothèse selon laquelle :

 La tradition orale, (...) naguère méconnue apparaît aujourd'hui comme une source précieuse de l'histoire de l'Afrique, permettant de suivre le cheminement de ces différents peuples dans l'espace et dans le temps, de comprendre de l'intérieur la vision africaine du monde, de saisir les caractères originaux des valeurs qui fondent les valeurs et institutions du continent 12(*)

Par ailleurs, en partant de l'idée selon laquelle certains peuples vivant dans les espaces géographiques différents mais ayant en commun la même histoire présentent des similitudes dans leur langue, leur mode de vie, leur culture et leur littérature orale, on peut être fondé à émettre l'hypothèse selon laquelle les contes Egyptiens anciens trahiraient ou laisseraient apparaître de manière flagrante la survivance de la culture Egyptienne ancienne en Afrique Noire.

-Méthodologie

L'étude des contes nous offre une myriade d'approches. Dans le souci de bien mener notre tâche qui consistera à dépiauter les contes de notre corpus l'un après l'autre, nous ferons appel au structuralisme. D'après Gerald Gengembre c'est un courant de pensée qui

  « étudie les faits des hommes en décrivant les structures c'est-à-dire le système formé par un ensemble de phénomènes solidaires les uns aux autres »13(*)

Aux dires de Propp14(*) et de Lévi-Strauss15(*), cette approche permet de mieux expliquer et de saisir les contes dans l'historique des disciplines structuralistes. Nous focaliserons notre attention sur les grilles d'analyses de Greimas16(*) qui relève qu'un texte narratif à au moins trois niveaux d'analyse : la manifestation, les structures narratives et les structures discursives. En considérant les actants du point de vue de leur rôle et en définissant les relations qu'ils entretiennent entre eux, le model de Greimas a l'avantage de faciliter la lecture car à partir de ses schémas on obtient aisément un résumé du récit.

Nous compléterons ce model de Greimas avec la démarche de Paulme qui s'applique aux contes africains et montre comment les combinaisons peuvent être possibles à l'intérieur d'un conte.

Le caractère comparatif de notre sujet nous oblige à convoquer le comparatisme. S'agissant de la critique comparative nous dirons qu'elle est comme le proposent Pierre Brunel, Claude Pichois et Michel Rousseau, l'art méthodique à travers une recherche d'analogies, de parentés, d'influences, de similitudes, de convergences, de divergences qui permet de rapprocher la littérature des autres domaines de l'expérience et de la connaissance ou bien les faits et les textes littéraires entre eux, distants ou non dans le temps et dans l'espace, pourvu qu'ils appartiennent à plusieurs cultures. Cette approche comparative est définie par Yves Chevreuil comme étant cette « démarche intellectuelle visant à étudier tout objet dit, ou pouvant être dit littéraire, en le mettant en relation avec d'autres éléments constitutifs d'une culture »

Pour Pierre Brunel et compagnie elle est :

 Une description analytique, comparaison méthodique et différentielle ou interculturelle synthétique des phénomènes inter linguistiques ou interculturels, par l'histoire, la critique et la philosophie afin de mieux comprendre la littérature comme fonction spécifique de l'esprit humain.

- Plan

Fondant nos analyses sur ces méthodes et compte tenu de l'intitulé de notre sujet, nous sommes arrivés à un plan en quatre chapitres.

Le chapitre 1 qui s'attardera sur la manifestation des contes sera libellé : la manifestation et les procédés stylistiques. Il s'agira de voir si sur le plan de la manifestation et du style l'on peut relever des ressemblances et des divergences entre les contes négro-africains et Egyptiens anciens.

Le chapitre 2 intitulé : les structures narratives sera consacré à l'examen des schémas actantiels, fonctionnels et la classification typologique des contes du corpus.

Dans le chapitre 3 titré : l'étude du fonctionnement des personnages, nous verrons si les personnages des contes Egyptiens anciens peuvent faire l'objet d'une étude similaire à ceux des contes négro-africains.

Le quatrième et dernier chapitre sera libellé les structures discursives. Nous nous attarderons sur les thèmes et les significations des contes négro-africains et Egyptiens anciens.

* 1 Hegel, cours sur la philosophie de l'histoire professé en 1830 en Allemagne, cité par Joseph Kizerbo in Histoire de l'Afrique noire d'hier à demain, Hâtier, Paris, 1978, P.10.

* 1 Jean Cauvin, comprendre les Contes, Paris, les Classique africaines 1972, P11.

* 2 Vladimir Propp, la Morphologie des Contes, Paris, le point, 1977, P.112.

* 3 S. Mamby cité par F.N, Bikoi in le français en seconde, Paris, Edicef, 1999 ,

P. 1O9.

* 4 Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations nègres, mythe ou vérité historique ? Paris, présence Africaine, 1967.

* 5 Cheikh Anta Diop, Nations Nègres et cultures, paris, présence Africaine, 1955.

* 6 Théophile Obenga, l'origine commune de l'égyptien ancien, du copte et les langues négro-africaines modernes, paris harmattan, 1993.

* 7 T. Obenga, la philosophie africaine de la période pharaonique 2780-330 avant notre ère (extraits choisis) Paris, harmattan, 1990.

* 8 Aboubakari Lam, lire à ce propos ses travaux publiés dans la revue ANKH, n°3.

* 9 Mubabinge Bilolo, les cosmos théologies philosophiques d'Héliopolis d'Hermopolis, essai de la schématisation et de la systématisation P.U.A, 1986.

* 10 Oum Ndigui, Thèse de doctorat, Université Lumière Lyon II, Institut d'égyptologie Victor Loret, France, 1997.

* 11 Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Paris Présence Africaine, 1981, P. 12.

* 12 Am Mbow, cité par Corine Mitambo, in « Préface » à l'histoire Générale de l'Afrique, vol 1, Paris, Jeune Afrique stock/Unesco, 1980, P.2.

* 13 Gerald Gengembre, les grands courant de la critique littéraire, Paris, Seuil, 1996, P.60.

* 14 Vladimir Propp, Morphologie du conte, Paris, Le point, 1977.

* 15 Lévis-strauss, la vie des masques, Editions Albert Skira 1960.

* 16 Julien Algirdas Greimas, du sens, Paris seuil, 1970.

Sémantique structurale , Paris Larousse 1966.

18 Yves Chevreuil, La littérature comparée, Paris, PUF, coll «  Que sais-je ? »1ère édition, 1989.

19 Pierre Brunel et alii, Qu'est-ce la littérature comparée ? Paris, Armand colin, 1996, P.151.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille