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Organisation de l'espace agropastoral d'un terroir saturé pour une gestion durable des ressources naturelles: cas de Laà¯ndé Karéwa au Nord Cameroun

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par Borgoto DAOUD
Université de Dschang - Ingénieur agronome 2008
  

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4.1.1.2 Logiques d'organisation de l'espace agropastoral exondé

La gestion paysanne de l'espace agropastoral dans le terroir, est basée de part

nos analyses, sur les logiques d'intérêt d'abord, ensuite sur les principes d'apaisement des tensions et sur les logiques techniques.

i. logiques d'intérêt

Nous avons pris cet aspect dans un sens où les jeux d'intérêt économique sont à la base du mode de gestion de l'espace par les exploitants. Les agriculteurs emblavent d'avantage les terres pour des raisons principalement liées à l'augmentation de leur revenu. Ils sollicitent plus de terres pour la production de cultures de rente (arachide, coton) et non de subsistance (sorgho, maïs). Il existe par rapport à cela, selon certains producteurs, des principes souvent imposés par les structures d'encadrement: Pour bénéficier des intrants agricoles par exemple, le producteur est obligé d'avoir plusieurs parcelles qu'il réparti en cultures vivrières et celles de rente. Une surface d'un demi hectare exploitée en coton lui vaudra un sac d'engrais (Urée) pour son champ vivrier. Globalement pour la production agricole et surtout avec le problème général actuel de rareté d'engrais, les paysans font la relation entre surface cultivée et rendement qu'on résume par l'équation suivante :

Grande surface exploitée = grande production = plus de revenu après vente.

Or dans un contexte d'agriculture de subsistance, cette équation ne peut qu'augmenter la pression sur l'espace. Elle va d'ailleurs limiter l'application de certaines techniques biologiques de restauration de la fertilité du sol. L'espace pastoral tel que les pâturages au sud et au nord du terroir est géré suivant un système de relais. En effet ils sont réservés au pâturage de saison sèche. En saison pluvieuse les animaux pâturent non loin des habitations et sur les zones de jachères pour permettre aux éleveurs de pratiquer aussi l'agriculture.

Dans ce contexte où les paysans cherchent à satisfaire leurs besoins économiques et surtout avec la pression démographique actuelle (2 à 3% par an), une gestion non conflictuelle de l'espace doit nécessairement passer par la responsabilisation des exploitants. Cette dernière suppose, une situation où chaque paysan (agriculteur/éleveur) respecte son domaine d'exploitation. Il doit reconnaître le droit de son prochain sur la ressource mais aussi de connaître ses devoirs pour assurer la pérennité de cette ressource. Cette éducation doit passer par le renforcement de la sécurité foncière et l'amélioration de la productivité des espaces agropastoraux. Pour ce dernier cas, Bilaz et Kane affirment que l'accroissement durable des productions vivrières, fourragères et forestières est indispensable à la solution des conflits d'usage des ressources naturelles qui entravent leur bonne gestion collective (Bilaz et Kane source : www.iram-fr.org ). La vulgarisation des techniques de cultures sous couverture végétale peut contribuer à cette démarche. A titre d'illustration, nous soulignons que l'un des facteurs expliquant la complexité foncière en zone de colonisation agricole au Burkina Faso (région de Padamé), est le jeu d'acteurs multiples dominé par les intérêts contradictoires. Ce facteur, caractérisé par la difficulté de cohabitation spatiale entre agriculteurs et éleveurs et la dégradation des relations entre autochtones et migrant, laisse entrevoir deux changements majeurs :

- l'impact de l'accroissement démographique qui accélère le sentiment de fin des terres disponibles, et qui contribue à l'émergence d'une vision beaucoup plus économique des relations à la terre ;

- le renouvellement des générations d'en temps par une nouvelle génération qui ne se sent pas forcément liée par les termes initiaux des premiers accords. Ce renouvellement introduit de nouvelles donnes dans le jeu des différents acteurs sociaux (Bernard Tallet ; source : www.iram-fr.org ). Ces changements limitent la participation paysanne au processus de prise de décision en matière de gestion commune des ressources naturelles. La

difficulté de cohabitation spatiale entre agriculteurs et éleveurs est la situation qui se vie dans le terroir de Laïndé Karéwa. La réticence des acteurs à la mise en place de la plate forme de concertation est directement liée à cette situation. L'initiative d'un projet de sécurisation foncière dans la zone peut faciliter la participation des acteurs. Comme proposé par Bernard Tallet dans la dernière source, la mise en oeuvre d'une approche de sécurisation foncière s'organise autour de trois axes de travail complémentaires :

- repérage et cartographie de l'organisation foncière : découpage de l'espace en maîtrises foncières, en domaines lignagers, en unités d'exploitation ;

- rétablissement du dialogue par la promotion d'instances locales de régulation foncière; - appui à la formalisation de pratiques contractuelles de contrôle foncier (clarification des droits concédés, élaboration de différents types de conventions).

ii. Logiques d'apaisement des tensions

Elles apparaissent comme les faiblesses de l'administration traditionnelle dans le processus de gestion de l'espace et d'arbitrage des conflits. Les autorités ont coutume de réagir sur l'occupation d'un espace lorsqu'il y'a conflit entre les acteurs. Ce qui ne favorise pas le suivi de la progression de la pression d'exploitation sur la ressource terre du village. Il en est de même chez les exploitants qui ne se prononcent sur leurs conflits qu'en période pluvieuse, temps des travaux. En saison sèche, cela ne constitue pas une priorité en zone exondée. Ainsi, il est difficile de trouver des solutions durables à moins que les paysans prennent au sérieux le problème d'organisation de leur espace pour son exploitation durable et saine. Avec le climat actuel, il y'a un sentiment de manque d'information sur le bien fondé de la gestion concertée des ressources naturelles du village. Une collaboration entre les autorités traditionnelles et les animateurs de la plate forme peut avoir un impact positif sur la gestion des espaces conflictuels et favoriser la mise en place d'un plan d'aménagement du village. Cette approche est de nos jours à la base d'élaboration des programmes locaux de développement et de gestion de terroir en Afrique de l'Ouest.

La logique d'apaisement de tension à Laïndé Karéwa peut être qualifié de non objective dans la mesure où, la gestion de l'espace ne se fait pas avec un esprit de préservation de la ressource. Mais plutôt avec un souci, variable d'un individu à l'autre, de maîtriser les populations pour des intérêts quelconques. Or ces deux aspects à savoir préservation des ressources et maîtrise de la population devraient être combinés pour

que les autorités arrivent à jouer pleinement leur rôle de modérateur et celui d'organisateur.

iii. Logiques techniques

L'exploitation de l'espace agricole devient de plus en plus liée à la capacité du paysan à résoudre certaines contraintes de terrain. Avec le manque de terre, cette qualité est importante pour l'activité agricole. Les planches rizicoles rencontrées sont l'oeuvre des producteurs. Elles ont permis de valoriser les terres marginales de la zone exondée. Cette attitude commence à être observée chez les éleveurs qui mettent en place des cultures fourragères. Encadrés par les chercheurs, ceux-ci expérimentent une association du fourrage (Mucuna spp) aux cultures vivrières (maïs) pour sa grande production. Le seul handicap signalé à cet effet, est le manque des semences de cette espèce fourragère. Tel que le soulignent Barbier et al., (2002), le Nord-Cameroun offre des exemples remarquables d'adaptations réussies. Dans ses zones cotonnières, les producteurs utilisent les sols de manière relativement durable.

Dans ce cadre il serait important d'étudier comme autres alternatives, les techniques agroforestières pour lever les contraintes de fertilité des sols et même de la disponibilité de fourrages. Pour ce cas de figure, la sécurité foncière s'impose puisqu'il s'agit d'aménagement durable sur une parcelle agricole ou pastorale donnée. De même, les techniques de culture sous couverture végétale, réussis dans certains villages de la Bénoué, peuvent être envisagées dans ce terroir. Cependant, le souci majeur étant la gestion des ressources naturelles, il serait indispensable d'associer le processus de la plate forme à celui de l'amélioration de la productivité des espaces. Ce qui sera un gage à la participation des exploitants.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius