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Organisation de l'espace agropastoral d'un terroir saturé pour une gestion durable des ressources naturelles: cas de Laà¯ndé Karéwa au Nord Cameroun

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par Borgoto DAOUD
Université de Dschang - Ingénieur agronome 2008
  

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4.1.2.3 Plan parcellaire du bas fond : mode d'exploitation actuelle

En milieu rural, les modes d'exploitations ne dépendent pas que de la nature du milieu mais aussi des stratégies économiques des ruraux qui sont elles mêmes fonction de leurs différentes sources de revenu, du contexte économique et des moyens de production qu'ils disposent (Lavigne et Camphius, 1997). Les modes d'exploitation du bas fond sont donc les déterminants de son état de fonctionnement, c'est-à-dire son organisation. A Laïndé Karéwa, on distingue trois types d'usages essentiels du bas fond : la production agricole à plus de 90 % de sa superficie totale, l'élevage qui est plus important en saison sèche et repose sur l'abreuvement et le pâturage, puis la pêche qui est pratiquée par les jeunes pour la complémentation alimentaire. Compte tenu de son importance, l'usage agricole a fait l'objet d'intérêt pendant cette étude. Le système des cultures du bas fond et les logiques de son organisation sont les principaux points développés.

i. Système de culture

Il a été traité suivant trois facteurs caractéristiques de la production agricole d'un milieu à savoir : les cultures, la terre et les techniques de productions.

Les principales cultures du bas fond qui ont une importance économique non négligeable chez les producteurs sont présentées à la figure 4.6.

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Figure 4.6 : Répartition spatiale des prin cipales cu ltures recensées en 20 08

pas rare de rencontrer ces types de cultures dans les bas fonds en zone soudano-sahélien où la surface occupée par l'arboriculture est de 6% de la surface totale du bas fond (Lavigne et Camphius, 1997). Cette valeur est inférieure à celle obtenue à Laïndé Karéwa qui est de 7,6 %. Cette valeur laisse croire que l'arboriculture est bien développée dans ce terroir, malgré l'investissement en temps et argent qu'elle réclame. La canne à sucre et les fruitiers nécessitent assez d'espace, leur importance est sans doute liée au système d'exploitation de la terre.

La sécurité foncière est nécessaire pour le développement de toute agriculture d'une région. Elle se caractérise par le mode d'accès et la liberté d'exploitation qu'a un paysan sur une parcelle donnée. A Laïndé Karéwa la saturation rapide de l'espace a rendu impossible de nos jours l'accès à la terre par défrichement. Le seul moyen, surtout dans le bas fond, est la location. Le coût de location de la terre dans cet espace se chiffre entre 10 000 et 15 000 FCFA /qrt/an (qrt= quart d'hectare soit 2500 m2). Les contrats de location des parcelles sont essentiellement annuels mais certains s'étalent sur deux ans. Ces contrats excluent tout investissement à long terme tel que la plantation d'arbres. Tout acte d'aménagement durable sur un espace signifierait une tentative d'appropriation de la parcelle par le locataire. Des cas de prêt et de don sont rarement rencontrés dans le contexte actuel. La figure 4.7 présente la carte de situation actuelle de la propriété foncière dans le bas fond de Laïndé Karéwa.

Figure 4.7 : Répartition spatiale du statut foncier des exploitants du bas fond

De cette figure, il apparaît que l'espace dans le bas fond est occupé pour l'essentiel par des propriétaires. Ces derniers sont soit des anciens qui sont les premiers occupants, soit des personnes « riches » ou soit des héritiers, adultes d'âge compris entre 30 et 40 ans. Les propriétaires représentent 78,3 % des exploitants. Ils existent parmi eux des paysans qui disposent de plusieurs parcelles localisées en différentes parties du bas fond. Cette opportunité est plus constatée au près des premiers arrivants que sont en majorité les Mofous. Les locataires dans le bas fond sont les 18% des exploitants et concernent pour la plupart, les habitants du village. La location d'une parcelle au bas fond se fait pour une durée de deux ans. Dans les contrats, le système de fermage (le bail) est le plus dominant. Le métayage existe aussi mais très rarement. Le nombre réduit des locataires vient du fait que le système d'exploitation de la terre dans cet espace est essentiellement du type faire valoir direct. Le propriétaire exploite en général lui-même sa parcelle. Les cas de prêt, 8% des parcelles, sont très peu fréquents et dépendent des circonstances et relations qu'entretiennent les exploitants. Ici, ce sont des personnes vivant hors du village et qui disposent des vergers à entretenir, qui confient leurs domaines à des connaissances locales. En plus de la rémunération qu'elles ont droit, la culture des sous bois et le maraîchage leurs sont également permises dans le verger.

La superficie occupée par les propriétaires, 99,1 ha, est très considérable dans une perspective d'aménagement. La raison principale pour laquelle, la culture de canne à sucre est dominante doit être liée à ce facteur. La répartition de cette surface sur toutes les parties du bas fond est un avantage dans la mesure où elle permet de voir les limites ou les manques liés à la gestion de l'espace et à la concertation. Tout bas fond en effet, est un espace socialisé, approprié, et ses différents modes de mise en valeur font l'objet de règles d'accès et de gestion. L'aménagement se faisant sur un espace socialisé, transforme le statut et la valeur de la terre. Il peut consolider des droits sur l'espace à aménager, ou au contraire d'en conquérir. Il aura des effets sur les différents usages (pâturage, vergers de bas de pente), et donc sur les différents usagers. Tout aménagement hydro agricole a un enjeu foncier. Il faut donc, préalablement à tout, clarifier s'il y a ou non redistribution foncière et selon quelles modalités, en négociant le devenir de ceux qui exploitent en faire valoir indirect, en négociant avec les usagers potentiellement lésés, en précisant les règles d'accès à la ressource (limitation des zones de culture autour d'un barrage pour permettre l'accès au bétail) (CIRAD et GRET, 2002). L'importance qu'un espace comme le bas fond, soit en majorité détenu par des

propriétaires est de ce fait évidente. La gestion de cette ressource, à haut potentiel d'ailleurs, peut être mieux discutée avec cette catégorie d'exploitants. Ces derniers sont en fait les maîtres des lieux, ceux avec lesquels, toute initiative d'aménagement et de gestion de conflit peut être bien débattus. La diversité ethnique des propriétaires est également importante dans la mesure où elle permet d'avoir au maximum possible une représentation globale des populations dans le processus de concertation.

En ce qui concerne les techniques de production, deux phases sont distinguées dans le mode d'exploitation du bas fond. La phase de saison pluvieuse et celle de contre saison. Les techniques de productions varient avec la période et dans tous les cas les paysans cherchent à s'adapter aux conditions hydriques du milieu. D'habitude, au début de la saison pluvieuse (avril-mai), la majorité des parcelles porte la canne à sucre qui est à la moitié de son cycle. Le semis du maïs dans certains vergers (vergers cultivés) et parcelles encore humides a lieu pendant la même période. Ceci est une stratégie qui permet aux paysans de vite se libérer pour s'occuper au mois de juin des parcelles exondées. Au début de juillet, les activités d'aménagement des parcelles de canne à sucre en monoculture ou associée aux tubercules commencent et continuent jusqu'en fin août. Elles consistent à la réalisation, au nettoyage des canaux de drainage et à la disposition des touffes d'herbes sur les limites des parcelles (lutte antiérosive sous forme de diguettes enherbées). Cette période est très exigeante en main d'oeuvre et demandent assez d'investissement. La gestion des canaux de drainage consiste à les ouvrir lors des inondations et à les fermer après drainage de la parcelle.

Les principales difficultés liées à ce mode d'exploitation du bas fond sont relatives aux situations extrêmes de son hydrologie. Globalement il se pose un problème de gestion de l'eau et du sol caractérisé par :

- un système de drainage limité laissant des parcelles inondées au mois d'août causant ainsi des dégâts considérables. Ceci est le résultat du contraste qui existe entre le débit d'écoulement du bas fond et les dimensions et formes des canaux. Ces derniers ont une capacité de contenance inférieure à ce débit. L'orientation et la forme des canaux constituent également une limite du système.

- les difficultés d'accès à l'eau d'irrigation marquées par une mauvaise organisation des tours d'eaux qui se soldent souvent par des disputes et bagarres. En effet, pendant la saison sèche, l'activité d'irrigation est intense. La canne à sucre en croissance est très exigeante en eau. La demande étant plus forte que l'offre, la ressource en eau devient insuffisante. Les paysans n'arrivent pas à

irriguer convenablement leurs parcelles. La ressource en eau du bas fond comme ci haut mentionné étant importante, on peut gérer de manière efficiente ce stock annuel pour amoindrir ces difficultés.

- l'ensablement des parcelles et l'agrandissement des canaux dus au processus d'érosion sont une contrainte agronomique dans le bas fond. Elles réduisent l'espace cultivable. En effet, de plus en plus les paysans constatent que le lit mineur s'agrandit, s'ouvre et prend des dimensions inquiétantes (figure 4.8). La pression de l'eau exercée sur les parois des canaux finit par créer des méandres (formes serpentées) le long de ceux-ci. Le transport et le dépôt des particules du sol favorisent alors l'ensablement des parcelles avales. Les champs de canne à sucre, par leur proximité au lit mineur, sont les plus touchés par ce processus.

Figure 4.8 : Parcelle de canne à sucre inondée et agrandissement du lit mineur

A Laïndé Karéwa, la culture de la canne à sucre ne respecte pas strictement ses exigences agroclimatiques. En effet, chez certains groupes de producteurs, la levée se situe en fin des pluies (septembre-octobre) et chez d'autres, une partie de la croissance en début de la même saison. La période de maturation, nécessitant le froid et le stresse hydrique, se rencontre pour la plus part en pleine saison humide. Si la température peut être satisfaite, le besoin en eau de la plante en cette période est excédentaire. Sa maturation sera de ce fait retardée. Cette pratique ne permet pas à la plante d'exprimer son potentiel. Ce qui à coup sûr serait à l'origine des multiples travaux d'aménagement et d'entretient que font les producteurs pour atteindre un rendement conséquent. La qualité du produit, le rendement et même leur capacité de production sont largement

affectés par ce problème de maîtrise du calendrier agricole. Avec le niveau actuel qu'occupe la culture en matière de génération de revenu aux producteurs, il est indispensable d'organiser sa production. A cet effet, nous pensons à un décalage de sa période de bouturage en avril afin de permettre la satisfaction des besoins en eau lors de la levée et une bonne partie de la croissance. La maturation correspondra ainsi à la saison froide et chaude, ce qui met la plante dans ces conditions de stress hydrique qui favorisera sa maturation et dont un meilleur rendement. La figure 4.9, montre le calendrier de production de la canne à sucre proposé. Le tableau 4.4 quand à lui résume les principales pratiques et techniques culturales annuelles dans le bas fond de Laïndé Karéwa.

Phase de Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre janvier Février Mars

développement

de la canne à

sucre

Bouturage

Levée

Croissance

Maturation

Récolte

Figure 4.9 : Calendrier de production de la canne à sucre

Cultures annuelles exploitées

Phase de saison pluvieuse Avril Mai Juin

-sarclage
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Canne à sucre (12 mois)

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Pas de

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culture véritable

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Légumes (1 à 3 mois)

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vente

-récoltevente des fruits

-récoltevente des fruits

Fruitiers (manguier et anacardier)

-élagage et

entretient

Tableau 4.4 : principales techniques et pratiques culturales dans le bas fond

Juillet

Techniques et pratiques culturales

Phase de saison sèche

Août Septembre Octobre Novembre

Décembre

 
 
 

Janvier

Février

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Entretient

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fruits

fruits

71

Maïs (3 mois) semis -sarclage -sarclage et

-irrigation fertilisation

ii. Logiques d'organisation des parcelles du bas fond

Globalement on distingue trois types de parcelle mise en exploitation dans le bas fond. Les parcelles à cultures annuelles, à cultures pérennes (vergers) et des parcelles à cultures combinées (vergers cultivés en dessous). Ces derniers concernent les vergers dans lesquels sont exploitées des cultures vivrières sur des espaces non occupés. La mise en exploitation de chaque parcelle tient compte de l'espèce à produire et de l'environnement en place.

Au regard de l'hydrographie du bas fond, la figure 4.10 montre la répartition spatiale des parcelles.

Figure 4.10 : Répartition spatiale des types des parcelles

La figure révèle que la mise en exploitation des parcelles respecte d'abord l'exigence en eau de l'espèce principale, la proximité de la parcelle à cette ressource et enfin les caractéristiques du sol. Au même titre que les parcelles à cultures combinées, on remarque que les parcelles à cultures annuelles (cultivées) soit 66 % du nombre total, sont plus localisées le long du lit mineur, dans les parties amont et avale du bas fond. Comme espèces principales concernées, on distingue la canne à sucre, le riz, le bananier

et les tubercules. Ces parcelles sont exploitées plus intensivement en contre saison. Leur proximité au lit mineur facilite leur irrigation en cette saison. Les parcelles à cultures combinées (verger cultivé en dessous) ont un double objectif dont la génération de revenu (à partir des fruitiers) et ensuite à la sécurité alimentaire (production précoce des vivriers en période de soudure). C'est également dans ces espaces que l'on rencontre la plupart des cultures maraîchères et même certains tubercules en association. Cette organisation rencontre quelques difficultés lorsque les pluies s'installent. La majorité des parcelles inondées et dévastées par les eaux de crues et de ruissellement sont celles à cultures annuelles. Ces dernières subissent uniquement l'effet d'une exploitation peu contrôlée et du manque de maîtrise du système de drainage. En saison sèche par contre, leurs sous irrigation dérivent du problème d'accès à l'eau. Celui-ci est caractérisé par un manque d'agencement dans le temps des tours d'eaux donc par une demande forte des producteurs au même moment. Les logiques paysannes tiennent rarement compte de la variation temporelle de la ressource en eau. Si non les canaux de drainage auraient des dimensions suffisantes telles que l'excès d'eau soit facilement drainé. Ce facteur comme le citent les paysans rend difficile l'exploitation du bas fond et par conséquent freine son intensification. Les parcelles à cultures pérennes (6,18 %) se trouvent sur les versants (Nord) et très rarement près du lit mineur. Elles occupent généralement des grandes surfaces, nécessitent beaucoup de temps de travail et sont à proximité des habitations. Ce qui permet aux paysans de limiter le vol pendant les périodes de production. Le manguier, l'espèce la plus cultivée, ne réclame pas la submersion du sol pour se développer. L'exigence en eau n'est pas la raison fondamentale de l'exploitation de cet espace. Celle-ci est beaucoup plus relative au sol et à la facilité d'accès aux vergers. Les parcelles à cultures combinées suivent également la même logique.

La mise en exploitation des parcelles au bas fond n'est pas trop influencée par la topographie. Mais comme elle joue sur l'écoulement de l'eau donc sur l'humidité du sol, elle influence cette organisation. Sur les zones de pente assez élevée 1.6%, les parcelles à cultures annuelles sont plus présentes au fond et sur les versants des cuvettes (maïs, tubercules et riz) en temps humide. Tandis qu'en temps sec, les espèces plus exigeantes comme le riz disparaissent à la faveur de celles moins exigeantes. Il existe une forme d'adaptation des cycles des cultures aux conditions du milieu. L'influence de la pente sur le niveau de la nappe et donc sur l'humidité du sol peut être observé par la figure 4.11 qui montre la variation du niveau piézométrique dans les puits suivant le profile en long du bas fond.

Niveau piezometrique (m)

0,8

0,6

0,4

0,2

1,2

0

1

puits 1

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5

puits 2

Distance entre les puits (Km)

puits 3

puits 4

juillet

Août

Septembre

Figure 4.11 : Variation du niveau piézométrique suivant le profile en long du bas fond

Il ressort de la figure que lorsque la pente s'adoucie (d'amont vers l'aval), le niveau piézométrique de l'eau remonte vers la surface du sol. Cependant, certains facteurs tels que la structure du sol et la proximité des puits au lit mineur du bas fond, peuvent influencer cette tendance. Pendant le mois de juillet où la pluviométrie atteint 175 mm et malgré sa position en aval, le puit 4 a un niveau piézométrique bas (profond). Ce qui suppose que l'apport du lit mineur et des percolations est très faible. Mais Lorsque la pluviométrie atteint 210 mm en Août et 200 mm en Septembre, on constate dans le même puit, une remontée sensible du niveau piézométrique vers la surface du sol. La courbe tend véritablement vers une droite. L'effet du lit mineur sur la recharge de la nappe phréatique est plus perceptible en ces périodes et ceci sur tous les puits. Ainsi, nous retenons que la recharge de la nappe phréatique dans le bas fond commence lorsque la pluviométrie atteint un certain seuil mensuel. La connaissance de la période à partir de laquelle son processus de vidange commence est indispensable pour compléter la caractérisation hydrologique de ce bas fond.

Dans le mode d'exploitation de ce dernier, la pente du terrain ne détermine pas le choix d'une culture. Mais en modifiant la vitesse d'écoulement de l'eau en surface, la pente finit par influencer l'hydrographie du bas fond. Par conséquence, elle détermine les zones de mobilisation de l'eau, c'est-à-dire les espaces à taux d'humidité élevé ou

non. Ces zones humides seront moins nombreuses lorsque la pente du terrain est forte (partie amont) et que la saison sèche s'installe et plus nombreuse lorsque le temps devient pluvieux posant ainsi deux contraintes agronomiques qui réduisent la surface cultivable du bas fond. La première est caractérisée par la « sous humidité » de certains espaces cultivables et la deuxième par leurs sur humidités. La maîtrise de la variabilité temporelle de l'eau est très indispensable pour l'activité agricole dans le bas fond. Elle peut sans doute favoriser une meilleure implication des acteurs dans la préservation des ressources naturelles. Pour cela, nous pensons qu'il faut faciliter la circulation de l'eau en réduisant le nombre excessif des canaux créer par les paysans, pour libérer le lit mineur du bas fond et retrouver le chemin naturel de l'eau. La réalisation des ouvrages sur des petites distances comme les digues (en terre ou filtrantes) avec aménagement du seuil du lit mineur supprimera, suivant le profile en long du bas fond, le ruissellement et favorisera la recharge de la nappe phréatique. Ces mesures doivent être intégrées dans un système global d'irrigation et drainage afin de définir clairement les réseaux à mettre en place. L'ensablement ressentis au centre et en aval du bas fond marque la fin du processus d'érosion initiée en tête sous l'influence combinée de la pente et de la structure du sol (massive ; sableuse). Pour résoudre ces problèmes, il est évident qu'on doit agir en tête du bas fond pour minimiser l'érosion et ensuite favoriser l'extension transversale des eaux accumulées en surface. La proposition d'aménagement que nous venons de faire peut lutter efficacement contre ce phénomène.

iii. Atouts et contraintes d'organisation du bas fond

Ils concernent les éléments favorisants ou limitants l'exploitation du potentiel agronomique du bas fond par les paysans. Les atouts d'organisation du bas fond de Laïndé Karéwa regroupent les points suivants :

- la proximité du bas fond avec les habitations facilite l'accès et permet le contrôle des dégâts liés au vol et aux pâtures des animaux;

- la densité du réseau hydrographique rattaché au bas fond qui compte environ douze cours d'eau pour le drainage d'un kilomètre carré;

- la superficie, 126,6 ha est très importante pour la production agricole et surtout dans un contexte de saturation foncière où la sécurité alimentaire devient de plus en plus aléatoire. Elle est suffisante pour inciter à penser à un aménagement hydro agricole pour encourager la gestion des ressources naturelles. Puisque de nos jours, pour certains auteurs, cette gestion renvoie beaucoup plus à

l'amélioration de la productivité des espaces portant ces ressources naturelles. Si la superficie conditionne le niveau d'investissement, le bas fond de Laïndé Karéwa devrait faire l'objet d'une étude d'aménagement. A ce titre nous rappelons que le périmètre irrigué de DROH GANA au Tchad est aménagé sur une surface de moins de 30ha;

- La tenure foncière est essentiellement du type propriétaire, ce qui favorise un bon cadre de dialogue pour la concertation. Elle garantie la pérennité de la production agricole dans cet espace souvent rares en milieu soudano sahélien;

- L'expérience villageoise sur les cultures de rente (canne à sucre, bananiers et fruitiers) et la gestion de l'eau. Les producteurs connaissent à leur niveau les itinéraires techniques des cultures et les méthodes bien que peu efficaces de contrôle des eaux de crues. Une étude critique sur les dimensions des canaux de drainage qu'ils ont aménagés, permettra d'améliorer leurs connaissances dans ce domaine;

- La reconnaissance par les agriculteurs des autres usages tels que l'abreuvement et le pâturage exercés par les éleveurs. Ceci constitue une base de dialogue et même un départ sur le processus de gestion concertée;

- L'existence d'une pente globalement favorable à une irrigation de surface par

gravité et une lutte anti-érosive moins exigeante en matériels et techniques.

En ce qui concerne les contraintes d'exploitation du potentiel du bas fond, nous

avons retenu les plus fréquemment rencontrées que sont:

- L'ignorance des paysans des limites exactes du bas fond. La densité d'exploitation en contre saison est plus élevée dans sa zone centrale. Les versants du bas fond restent presque inexploités. Or il est bien possible de les valoriser avec les cultures maraîchères (jardinage);

- l'absence de technique de conservation de l'eau qui s'observe par le fait que les exploitants en amont du bas fond se soucis plus au drainage des parcelles pendant la saison pluvieuse. Alors que dans la même partie, le problème d'accès à l'eau d'irrigation en saison sèche constitue une contrainte majeure à l'exploitation;

- Le manque de technique adaptée de conservation de sol en zone avale du bas fond est marqué par l'érosion par ravinement (présentée par la figure 4.12) qui favorise l'agrandissement du lit mineur et crée des méandres. Ce processus est à l'origine de la réduction des surfaces exploitables dans cette partie du bas fond.

Cette situation inquiétante évolue chaque année et fait déguerpir certains producteurs de leurs parcelles. La menace est évidente et les pratiques culturales ne peuvent pas supprimer ces ravins, il est imminent de penser à des aménagements plus appropriés.

Figure 4.12 : Parcelles de canne à sucre détruites par l'érosion par ravinement

- la sur humidité du sol de juillet à septembre, limite les activités d'entretien et d'aménagement des parcelles de canne à sucre en maturité. La présence des herbes et sous arbrisseaux augmente la couverture du sol qui contribue à l'humidifier d'avantage. Par conséquent, elle augmente le temps de travail consacré au sarclages et drainage. La canne à sucre en cette période a besoin de moins d'eau et d'une température assez basse. Cette contraintes aura une influence sur la production et donc sur le revenu final du producteur;

- la densité des canaux de drainage est élevée et rend difficile le transport des botes des cannes à sucre et même des régimes de banane lors des récoltes. Ce transport qui est généralement assuré sur la tête par les paysans et qui nécessite assez de main d'oeuvre et d'investissement.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand