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Organisation de l'espace agropastoral d'un terroir saturé pour une gestion durable des ressources naturelles: cas de Laà¯ndé Karéwa au Nord Cameroun

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par Borgoto DAOUD
Université de Dschang - Ingénieur agronome 2008
  

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4.2.2 Les zones de conflits agropastoraux le long de la piste

Les conflits agropastoraux dans le terroir de Laïndé Karéwa se manifestent différemment suivant leurs causes. Ils dérivent principalement de la pression humaine sur les ressources naturelles spécifiques telles que : la terre, les zones de pâturages, les points d'eaux etc. Le long de la piste, les enquêtes et le parcellaire fait au lever GPS des parcelles a permis d'obtenir la figure 4.13.

Figure 4.13 : Parcellaire des zones conflictuelles le long de la piste à bétail.

Les zones de conflits bordant les deux cotés de la piste sont des terres cultivées. A cause de leurs stratégies et objectifs divergents, les agriculteurs et les éleveurs n'arrivent pas à collaborer pour la gestion de ces espaces. Pourtant Cette collaboration est indispensable pour le processus de concertation. Elle devient à cet effet une quête à poursuivre et à gagner dans l'avenir.

De cette figure, les 40 zones conflictuelles soit 70 % du total des parcelles, sont essentiellement des parcelles agricoles cultivées pendant cette campagne. Leur nature

agricole et aussi à leur facilité d'accès (absence des obstacles sur les limites) est favorable aux conflits. L'aspect social encourageant ces derniers est lié : à la différence d'appartenance ethnique et celle de classe d'âge des exploitants (agriculteur et éleveur). Les bouviers à qui sont confiés les troupeaux, sont généralement des jeunes enfants (d'âge maximal compris entre 10-20 ans). Les 15 parcelles non conflictuelles sont des

espaces impropres à l'exploitation agricole. Ils sont soit rocheux, soit pierreux l'érosion hydrique est très poussée. Le fourrage qui se trouve sur ces espaces est de

faible valeur nutritive. Les animaux ne mettent pas de temps dans ces zones lors de leur passage. Au nord de la piste, les parcelles non conflictuelles appartiennent aux éleveurs et sont placées après les parcs à bétail.

Nous retiendrons grossièrement que les zones de conflits le long de la piste ne sont pas spécifiques aux critères relatifs à leurs exploitants. C'est plutôt l'état cultivé des parcelles qui fait office aux conflits. En effet pendant la saison pluvieuse, les cultures constituent des attractifs aux animaux et comme les parcelles sont facilement accessible (absence de clôture) le risque de dégâts devient élevé. Les parcelles inexploitées à cause de leur nature rocheuses, restent pratiquement pas sollicitées par les animaux. La mise en place d'une barrière naturelle ou artificielle pour rendre difficile l'accès aux parcelles cultivées apparaît comme un moyen de limiter les conflits sur ces parcelles. La localisation géographique de ces espaces a permis de comprendre les types et les causes des conflits.

4.2.2.1 Types et Causes des conflits

Les deux principaux types de conflits identifiés le long de la piste à bétail lors de nos enquêtes sont liés aux activités des exploitants. Il s'agit des conflits de type agricole et ceux de type pastoral.

Les conflits de type agricole tel que montré par la figure 4.14, résultent de la violation des limites de la piste à bétail par les agriculteurs. En augmentant la surface de son champ, l'agriculteur consomme chaque année l'espace définis pour la piste à bétail. Ce qui réduit au fur et à mesure sa largeur. Sur les 40 parcelles conflictuelles, nulle part une largeur égale à la dimension initiale de la piste n'a été rencontrée. Par conséquent, il s'agit d'une tendance générale à la violation des limites de la piste. Le désir d'accroître la production en agrandissant les parcelles n'est pas approprié puisque le problème de la baisse de la fertilité des sols est le facteur causal de la chute des rendements dans le

terroir. Une diminution moyenne de la largeur de la piste de 18m est suffisante pour expliquer la présence des bornes dans certaines parcelles agricoles.

Figure 4.14 ; Violation des bornes (limites de la piste à bétail) par les parcelles

Les conflits de type pastoral proviennent principalement de la mauvaise conduite des éleveurs lors du pâturage et de l'abreuvement de leurs animaux. En saison pluvieuse, la majorité des éleveurs est à la quête du bon pâturage qui est le plus souvent localisé dans les parcelles en jachères. Ces éleveurs, sachant bien que les pistes à bétail secondaires n'existent pas et que les jachères sont toujours entre les parcelles cultivées, n'hésitent pas de sortir carrément de la piste à bétail pour atteindre ces pâturages. Ce qui favorise l'occurrence des dégâts des animaux sur les parcelles de cultures. La figure 4.15, présente un cas de cette situation sur le terrain.

Figure 4.15 : Boeuf dans une parcelle cultivée lors du pâturage sur les jachères
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Le résultat du comportement de ces éleveurs est plus tard ressenti par l'agriculteur sur sa production. Ce même problème, lors de l'abreuvement des troupeaux, est critiqué par les agriculteurs dans le bas fond. Malgré les reproches des producteurs, les éleveurs semblent être convaincus de leur conduite. Pour ces acteurs, comme le soulignent Tchopsala et al., (2007) c'est le problème de manque et d'éloignement des pâturages naturels qui les amène à convoiter les zones de jachère. Ils affirment à cet effet que : « ce n'est pas un acte volontaire de laisser le troupeau entrer dans les champs ».

Les causes liées aux différents types de conflits que nous avons retenues de l'analyse de la piste à bétail apparaissent comme des facteurs qui incitent ou favorisent un comportement donné. Dans le premier type de conflits, la conquête agricole de l'espace pastoral est favorisée par le manque de mesures de protection de la piste à bétail et du dispositif de contrôle de la progression des parcelles agricoles. L'absence d'informations plus spécifiques relatives à la création de ces pistes ne nous permet pas de tirer des conclusions sur cet aspect. Mais nous estimons que ces facteurs sont parmi les faiblesses du processus de création des pistes à bétails du terroir. Le manque de clôture sur les parcelles cultivées est également un facteur de conflit. En effet, les animaux, attirés par la verdure finissent toujours par pénétrer dans ces parcelles cultivées pour brouter les plantes en champs. Avec les conflits de type pastoral, la principale cause concerne le manque de responsabilité des propriétaires des bétails. Généralement le pâturage des animaux est assuré par des bouviers très jeunes. La majorité de ces jeunes n'est pas informée sur les règles et prescriptions établies au départ pour la préservation des conflits le long des pistes à bétail. Ce manque de transfert de responsabilité favorise des comportements moins convenables au maintien de la paix et de la stabilité sur les pistes à bétails.

Ainsi donc, lorsqu'il se pose un conflit quelque soit son type, les manifestations généralement observées chez les exploitants concernent les plaintes, les disputes, les bagarres ou la combinaison des trois. Sur le terrain, il existe très rarement des situations où on rencontre un seul cas de manifestation. En associant ces différents cas par ordre d'apparition, les enquêtes nous ont conduits aux proportions montrées par la figure 4.16.

Proportion de différents cas de manifestation de type de conflit

10%

42%

30%

18%

Disputes simples Disputes et plaintes

Disputes et bagarres Disputes, plaintes et bagarres

Figure 4.16 : Proportion des cas de manifestation de conflits agropastoraux

De cette figure, il ressort que 42 % de cas de manifestation des conflits associe les disputes et les plaintes aux bagarres. Ce qui signifie que dans la plus part des situations de conflits, on assiste à des bagarres. Celles-ci peuvent engendrer des pertes en vies humaines qui ne sont pas souhaitable dans une société donnée. De ce fait nous pouvons confirmer que les conflits agropastoraux le long de la piste à bétail sont la cause principale de la rupture de concertation entre les acteurs. Ce qui par voie de conséquence ne favorise pas la gestion concertée de la ressource naturelle. De cette évidence, les plates formes de concertation auront du mal à être mise en place. Mais comme pour Aminou (2007) qu'aux dires des exploitants, les conflits sont généralement mieux gérés par les populations elles-mêmes que par les autorités de la place, il convient de dire qu'il existe un préalable au processus de cogestion. Dans un proche avenir, il sera important de penser à la responsabilisation des agriculteurs et des éleveurs par leur sensibilisation sur les droits et devoirs de chacun sur une ressource naturelle donnée. Toutefois, nous devons retenir qu'il se pose un problème véritable de respect du prochain et d'intégration des peuples auxquels s'ajoute le problème de respect des normes et celui de réglementation. En effet, les normes voudraient que la largeur d'une piste à bétail officielle soit de 100 m dont 25 m de part et d'autre et 50 m au centre. Ce qui aurait l'avantage d'avoir même en cas critique une largeur d'au moins 50 m et duquel un bon climat de dialogue. La réglementation quand à elle établie des

mesures d'entretien et de respect des règles de gestion de l'espace. Il devrait exister un statut définissant le mode d'exploitation et d'occupation de l'espace aux alentours de la piste à bétail pour influencer les comportements des exploitants et assurer la police d'entretien souligné plus haut. La responsabilisation des acteurs peut passer par la vulgarisation des techniques de restauration de la fertilité du sol dont l'objectif est d'améliorer la productivité des espaces afin de freiner la progression agricole. A ce titre on peut penser au contrat de parcage et de fumure avec les éleveurs. Ces derniers, seront ainsi associé à la démarche et pourrons comprendre les problèmes de production dont souffrent les agriculteurs. Sur la base de certaines techniques agroforestières un effet triple peut être espéré par :

· la création des clôtures biologiques à l'aide de ces espèces agroforestières ;

· la résolution en partie des problèmes de fertilité des sols et à long terme;

· la disponibilité des fourrages à partir des espèces, la plupart légumineuses. utilisées dans les clôtures.

Une étude dans cette perspective devra permettre de connaître les possibilités de mise en oeuvre des clôtures des parcelles et les alternatives y afférentes.

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