WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'étude du caractère d'Etat de droit de la RDC: coquille vide ou réalité?

( Télécharger le fichier original )
par Jean Pierre MPUTU
Université de Kinshasa - Licence 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

§10. Le manque du sens de l'histoire et de la reconnaissance des mérites des uns et des autres

Pour prévenir l'avenir, il faut connaître le passé, car les événements de ce monde ont en tout temps des liens aux temps qui les ont précédés. Créés par les hommes animés des mêmes passions, ces événements doivent nécessairement avoir les mêmes résultats. (134(*))

En RDC, la population est convaincue que les intellectuels qui ont choisi de faire de la politique active leur métier, ont échoué parce qu'ils n'ont pas réussi à répondre aux attentes et aux espoirs de tous, malgré leurs compétences et leurs positions dans la hiérarchie au sein des institutions de l'Etat. Devenus politiciens, ces intellectuels se sont servis au lieu de servir. De ce fait, ils sont accusés par la population d'être en partie responsables de sa misère. Et pour réfuter ces accusations, ces politiciens se posent en victimes d'un système politique dans lequel ils auraient allègrement évolué sans pouvoir réel. (135(*))

Mais paradoxalement, tous les régimes politiques, depuis l'indépendance jusqu'à ce jour, négligent l'enseignement par lequel la science est transmise et font appel à des individus incultes ou à des « intellectuels » recrutés non pour leur compétence, mais pour leur militantisme. Ainsi, les véritables compétences se retrouvent dans la rue ou en exil, pendant que des aventuriers et des pseudo-intellectuels prennent place dans des bureaux et participent aux instances de décisions.

Voilà ce qui confirme la prophétie du feu professeur ILUNGA KABONGO qui a publié, il y a une vingtaine d'années, un article dont le titre reste d'actualité : « La problématique de la recherche scientifique en société bloquée : le fond du problème ». Décédé en exil, ce politologue congolais avait prédit « qu'un jour on établira des corrélations fatales, à savoir par exemple : que la mortalité infantile augmente dans la même proportion que le nombre des médecins docteurs ; que la détérioration de l'état des routes et des bâtiments publics est directement proportionnelle au nombre d'ingénieurs produits par l'université ; que le déficit alimentaire augmente avec le nombre d'ingénieurs agronomes, etc. » (136(*))

Déjà au lendemain de nos indépendances, le collège des commissaires auquel MOBUTU a fait recours pour lui confier la gestion du pays a posé le premier acte de démission de l'intelligence sur notre sol. Il s'est plongé dans l'illusion de vouloir sauver la nation sans analyser avec lucidité les enjeux de la situation néocoloniale dans laquelle nous étions entrés ni à chercher à comprendre ce qui se trainait derrière le surgissement de MOBUTU sur la scène politique de notre pays. Ce péché originel, a été suivi d'autres démissions de l'intelligence. Le manifeste de la n'sele et la mise sur pied du système de la dictature n'ont été possibles que parce que des diplômés se sont courbés devant le nouveau maitre du pays pour servir et élaborer pour lui les principes et les stratégies de domination. Le mouvement populaire de la révolution (MPR), comme parti unique et cadre de destruction de la liberté, n'a pu s'épanouir que par la force d'une élite asservie au pouvoir et en quête d'une visibilité sociale de nouveaux riches.

Comme avec ce parti unique de MOBUTU, l'alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL) de Laurent Désiré KABILA a débarqué à Kinshasa avec sa propre cohorte d'intellectuels qui ont inauguré une nouvelle période de la démission de l'intelligence. Du mobutisme, on est passé au kabilisme, avec les mêmes principes, les mêmes comportements et les mêmes pratiques sociales des intellectuels au service du prince, sans aucune distance critique par rapport aux réalités ni aucune capacité d'éclairer le pouvoir sur les enjeux véritables de la situation du pays. (137(*))

Aujourd'hui, avec le président Joseph KABILA, les mêmes personnes reprennent avec les mêmes comportements, les mêmes pratiques et attitudes. Faudra-t-il attendre l'après pouvoir, pour afin reprendre la routine : « c'était la faute du système ».

Voilà un jugement à l'emporte-pièce que le lecteur découvre à travers plusieurs publications d'intellectuels politiciens ayant collaborés avec lé régime déchu. Ces publications s'affichant comme des preuves accablantes de la mauvaise gestion des affaires de l'Etat durant la deuxième république. Quant aux reproches formulés à l'encontre du régime MOBUTU, ils ne semblent pas avoir atteint les intellectuels qui ont vite fait de se désolidariser de la gestion catastrophique du pays. Combien eu le courage de démissionner pour manifester leur désaccord avec un système politique non-conforme à leurs convictions ? Se demande Freddy MULUMBA  (138(*))

Il n'y a pas continuité de l'Etat et cela se traduit généralement par le fait que lorsqu'une nouvelle classe politique arrive au pouvoir, l'ancienne a souvent tendance à aller en exil. Et que de ce fait le premier acte que cette classe politique au pouvoir pose c'est de réfuter tout ce qui a été fait avant elle et de considérer que tout est reparti à zéro, dans ce contexte peut on espérer au progrès alors que chaque fois que nous sommes obligés avant le changement de régimes de repartir chaque fois à zéro ?

Les congolais devront se réconcilier avec l'histoire et la responsabilité de chaque congolais en général et de la classe politique et de l'élite intellectuelle en particulier serait celui de restituer au peuple son histoire, transcendant toute subjectivité car aucune nation à travers le monde ne peux se bâtir et se développer sans prendre en compte sa propre histoire et son passé. Et à ce sujet, la reforme de notre système d'éducation et d'enseignement s'impose car à quoi servira le fait par exemple d'enseigner aux générations futures l'histoire de la France, de la Rome antique, si au demeurant ces derniers ne maitrisent même pas l'histoire congolaise ?

* (134) Extrait du discours de N.Machiavel dans « le prince »

* (135) F.MULUMBA KABUAYI WA BONDO ; Réflexions sur la responsabilité des intellectuels dans la crise en République Démocratique du Congo, éd Le potentiel, Kinshasa, 2007, p13

* (136) F.MULUMBA KABUAYI WA BONDO ; op.cit, p 29

* (137 ) F.MULUMBA KABUAYI WA BONDO ; op.cit, pp VII-IX

* (138) F.MULUMBA KABUAYI WA BONDO , op.cit, p 17

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe