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Stratégie des acteurs lors de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la Loi d'Orientation Agricole (LOA ) au Mali

( Télécharger le fichier original )
par Chantal Jacovetti
Supagro Montpellier institut des régions chaudes - Master acteur de développement rural 2010
  

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8 LES GRANDES LIGNES DE LA LOA

Avec 7 TITRES, 33 chapitres, 200 articles, elle aborde les questions liées au développement Agricole et du périAgricole (transformation, transport, distribution etc.)37, intégrant aussi les stratégies et objectifs de décentralisation, le CSCRP, les engagements sous-régionaux et internationaux (articles 4 et 6) « Elle [est] l'instrument directif et fédérateur pour les politiques Agricoles~. La LOA innove et met en exergue la reconnaissance de l'EAF et de ses membres, le droit à la sécurité alimentaire dans le cadre de la souveraineté alimentaire, l'équité sociale, la responsabilisation des acteurs pour pallier au désengagement de l'État. L'article 9 est clair là-dessus :

(( La politique de développement Agricole repose sur la responsabilisation de l'État, des CT, de la profession Agricole, des exploitants Agricoles et de la société civile. Flle s'appuie sur la solidarité, l'équité et le partenariat entre les acteurs, la subsidiarité, la complémentarité, la promotion de l'exploitant Agricole, des secteurs privé et associatif. Flle affirme le principe du désengagement de l'État des fonctions productives et commerciales, Agricoles et péri Agricoles. Flle privilégie la promotion de partenariats et la création de marchés communs au sein des grands ensembles économiques sous régionaux, régionaux et internationaux. »

La LOA n'est qu'une loi cadre d'oü découleront d'autres lois et des décrets. Mais quand ? Quel sera le contenu des décrets ?

Nous pouvons d'ors et déjà apporter un éclairage sur : quand ? En effet entre le document d'orientation de
l'avant projet et la loi votée, une modification notable a été faite: la disparition des délais d'applications. Ils
étaient initialement prévus « dans les 3 ans maximum [sauf+ l'évaluation qui doit être faite tous les 2 ans ».

36 Guide pratique des mesures

37 (voir annexe n°1)

Cette absence de délai laisserait-elle la porte ouverte pour ne pas mettre en application les sujets les plus délicats à gérer politiquement comme le foncier par exemple ? En tout cas la position du représentant de la FAO est différente et a pesé « J'ai dit au monde paysan de faire mener des études, ils veulent la réalisation de la loi dans les 3 ans, c'est moi qui ai demandé qu'on enlève ce délai dans la LOA ! ». Étant un des bailleurs de fond et un malien en poste depuis longtemps dans différentes institutions agricoles, on peut supposer qu'il a pu réellement influer.

Dans tous les cas l'espoir apporté par la LOA ne semble pas répondre aux demandes des paysan-ne-s , qui en souhaitaient (( une exécution rapide et opérationnelle », ni celles du CIFA (( J'aurai aimé que ce qui se fait, sa mise en oeuvre soit activée et finie en 2012 * fin mandat ATT+ mais il reste beaucoup de choses à faire ! ».

8.1 QUELQUES POINTS FORTS REVENDIQUES ET APPORTES PAR LA CNOP

Tout au long de ce chapitre 8, vont être retenus et développés quelques points forts inscrits dans la LOA et portés par la CNOP Le choix fait est lié aux concepts nouveaux introduits comme la souveraineté alimentaire ou la défense de l'exploitation Agricole familiale et de ses membres. Ses visions paysannes sont aussi reconnues par le Ministère de l'Agriculture comme des dires ci-dessous le confirmeront. Mais ce n'est pas parce que c'est inscrit dans la LOA que leur réalité est tangible comme nous allons le voir.

Ainsi la CNOP elle-même revendique:

«Les principales propositions paysannes relatives a la vision de l'agriculture : la reconnaissance de l'EAF, la souveraineté alimentaire, la protection et la gestion des ressources naturelles, la sécurité foncière, le financement et l'implication des OP dans la mise oeuvre pour la partie gouvernance » ont été prises en compte avec comme objectif l'équité sociale. »

8.1.1 L'Exploitation Agricole Familiale (EAF)°

« L'EAF ne doit pas disparaître et c'est le but de la loi » affirme un représentant de la CNOP lors de l'atelier d'octobre 2009. Sa reconnaissance est traduite dans le TITRE II du chapitre I a travers 16 articles du 11 au 26 qui doivent assurer un statut a l'exploitation et aux exploitant-e-s, dont l'enregistrement et l'immatriculation qui font partis des 5 décrets sortis38. L'article 3 annonce (( que la politique de développement agricole malienne a pour but de promouvoir une agriculture durable et compétitive reposant prioritairement sur les EAF reconnues et sécurisées ». L'article 13 classe les exploitations Agricoles en 2 catégories: l'EAF et l'entreprise Agricole.

(( La seule grosse concession qu'on a accepté dans la loi c'est l'entreprise Agricole. On nous a dit que par rapport aux accords internationaux, et dans l'esprit du libéralisme on ferait fuir les investisseurs, c'était une concession librement acceptée » explique un représentant de la CNOP.

En effet c'est pour au moins être conforme aux engagements de l'ECOWAP que l'entreprise Agricole est inscrite dans la LOA. Elle est gérée par les réglementations de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), ce qui la situe d'emblée dans le champ des investisseurs liés aux échanges régionaux et internationaux. Elle est clairement affichée à côté des EAF comme dans la LOA :

38 Nous y reviendrons dans la partie mise en oeuvre de la LOA

a promouvoir une agriculture moderne et durable, fondée sur l'efficacité et l'efficience des exploitations familiales sans remettre en cause la diversification des productions », sont aussi reconnues a les entreprises agricoles grâce a l'implication du secteur privé. ».

Ceci est en concordance avec le NEPAD qui veut promouvoir « les gros investisseurs nationaux ou étrangers d'accéder à des milliers d'hectares sécurisés par l'État.». Des mesures sont déclinées spécifiquement dans ce sens pour le Mali «appui à l'initiative malienne d'investissement régional dans l'ON : définition des conditions d'investissements privés étrangers sur la zone »39 d. ATT a précisé lors du CSA du 20 avril 2008 que dans ce cadre là pour la période 2008-2012 103.356 ha dont 61 000 en maîtrise totale de l'eau seront aménagés, mais pas pour les paysans, pour les investisseurs -comme MALIBYA-

Même si pendant l'atelier de concertation le représentant du Ministère de l'Agriculture a effectivement rappelé cette reconnaissance de l'EAF défendue par la CNOP en déclarant :

a Dans la LOA le législateur a pris l'option que les femmes et les hommes seraient au centre et donc l'EAF qu'on a essayé de formaliser, en lui donnant une structure, un sens juridique pour être un acteur économique, elle l'est déjà, c'est dans le sens juridique je veux dire»

Mais les interrogations subsistent quant à la volonté de soutenir les EAF comme pilier de l'économie agricole, alors que les programmes financent d'autres exploitations. Cette question est aussi portée par T.DIARRA40, :

a La LOA entretient l'ambigüité sur la nature de cette agriculture familiale. Elle sous-tend en réalité que l'exportation doit revenir a la grande entreprise Agricole qui a par nature une orientation commerciale et les petits paysans ne devront cultiver que pour se nourrir et seront laissés-pour-compte. Ils deviendront des ouvriers agricoles. La LOA pourrait ainsi institutionnaliser un système où les petits paysans majoritaires au Mali seraient réduits a des conditions de vie encore plus rudes qu'aujourd'hui.>

La reconnaissance de l'EAF passe aussi par la reconnaissance de ses membres qui est l'enjeu du pré-projet de statut41 et par l'équité sociale. Elle est transcrite dans l'article 8 a La politique de développement Agricole vise à assurer la promotion des femmes et des hommes qui vivent du secteur Agricole dans le respect de l'équité, notamment entre les milieux rural et urbain. »

Plus spécifiquement dans l'article 24 l'État «privilégie l'installation des jeunes, des femmes, des groupes vulnérables~. Dans l'article 45, il «favorise l'équité entre les femmes et les hommes en milieu rural, en particulier dans l'exploitation agricole~. L'article 17 précise « Les membres d'une EAF, qu'ils soient de sexe masculin ou féminin, ont l'obligation d'oeuvrer a la rentabilité économique et sociale de l'exploitation. Le chef d'exploitation a l'obligation de promouvoir des pratiques de gestion participative et des mesures incitatives au sein de l'exploitation ~. L'article 19 complémente : A noter aussi un article pour la mise en place d'un régime de protection sociale pour les travailleurs des exploitations familiales (article 26).

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery