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Stratégie des acteurs lors de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la Loi d'Orientation Agricole (LOA ) au Mali

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par Chantal Jacovetti
Supagro Montpellier institut des régions chaudes - Master acteur de développement rural 2010
  

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9.5.4 Leader une place à haut risque

La personnalisation via un leader est toujours dangereuse mais fait parti de toute histoire d'un mouvement. Si l'on s'en réfère a B.LECOMTE (DEVEZE, 2008) :

« Le leader est celui qui, par sa vision et sa capacité d'explication, obtient que les autres membres disent « marchons ensemble '>, sous-entendu « avec toi '>. Ces individus rares ne sont pas choisis au début par un vote de leurs bases. Ce sont des créateurs de sens, des gens qui pressentent ce que sera demain, des prophètes courageux; ce n'est pas évident d'être fondateur d'une association autonome ...au Mali '>

En effet il faut gérer à la fois la lutte collective et cette ascension personnelle. Il est parfois difficile de dissocier l'un de l'autre en tant qu'être humain d'abord et aux yeux des militants et des autres acteurs ensuite. Il est toujours plus facile pour tout le monde de se ranger derrière un leader. C'est ainsi que le représentant de la FAO fait remarquer à ce sujet « Ibrahima a fait l'opportuniste car il a accepté la médaille du Président, il aurait du la refuser, il aurait du faire décorer les OP. Tu étais dans la conviction, tu as pris sur toi toutes les responsabilités c'est donc sur toi que retombe tout le mérite de la LOA. Ibrahima a passé après son temps à toujours mettre sa poitrine an avant, face au Président de l'APCAM, à la télé, Continue ton chemin, ne t'arrOte pas là ! »

Cette situation toujours ambiguë et complexe d'un leader fortifie à un moment puis fragilise les structures et la personne, attisant les jalousies. Elle est aussi confortable pour les autres faisant reposer sur une seule épaule les idées, les présences aux réunions dans les hautes sphères. Ces lourdes responsabilités accaparantes, la connaissance des dossiers accumulées au fur et a mesure, font qu'à un moment il y a un risque : le leader évolue pratiquement de plus en plus seul et de plus en plus loin de la base. Du coup s'ouvre une voie pour d'autres personnalités, motivées par d'autres enjeux, comme le nouveau président de l'APCAM « il lui [Ibrahima] barre la route ».

70 En mai 2010, il vient d'être élu vice-président du ROPPA au nom de la CNOP

« Depuis c'est la crise a l'AOPP, l'AOPP n'est plus unie... la tension animale a baissé la raison prend le pas dans le sens de la réflexion, ils acceptent de se dire bonjour maintenant et de participer aux réunions mais personne ne veut faire le premier pas. »

9.5.5 Des ressources financières et humaines « limitantes»

C'est dans les points focaux qui ont très peu fonctionné comme on l'a déjà vu que les salariés étaient impliqués. Une personne avait été recrutée en tant que chargé des programmes et de suivi de la mise en oeuvre de la LOA, mais « on n'a pas eu les moyens financiers pour la retenir, alors qu'elle était très compétente, elle est partie à la GTZ » En effet financé sur un programme d'une ONG sur 4 ans, le contrat prenait fin l'an dernier. N'ayant ni assez de trésorerie ni de ressources prévues dans un nouveau programme a temps pour faire la jointure, la personne est partie. La CNOP n'a plus de salarié-e-s pour assumer cette fonction, et ceux en place ne peuvent pas tout gérer. Vu les différentes discussions off on peut supposer que ceci engendra aussi une coupure, avec les élu-e-s qui s'étaient déchargés de ce volet sur lui. Lorsque le salarié est parti, un vide s'est installé, voire un découragement. A ce jour il n'est toujours pas remplacé. Aujourd'hui a la CNOP il y a un animateur/directeur, une secrétaire, un comptable en permanence et un planton/gardien « homme à tout faire »-. Une autre ONG finance un poste d'informaticien pour 2 ans actuellement.

Le manque de moyens en général et pour être efficace au moment de la mise en oeuvre de la LOA en particulier est une plainte récurrente. En effet ayant moins de financement, et surtout un budget autonome, pour mener des activités liées a la mise en oeuvre de la LOA, la CNOP se retrouve démunie pour perpétuer la dynamique. Pire, elle est subordonnée a demander pour budgétiser chaque action soit au SP soit a l'APCAM qui l'accordent ou pas. Des ateliers sont organisés par les uns sans les autres. Le juriste du SP a mis les pieds dans le plat lors de l'atelier de concertation « L'APCAM a fait un atelier a Sélingué sur la mise en oeuvre de la LOA et la CNOP demande un renforcement, un financement sur le même sujet ? » Même si les OP bénéficient de soutien d'ONG comme la SNV, HELVETAS, SOS-faim... c'est sur des programmes toujours assez longs a mettre en route, pas toujours faciles à adapter au cours des évènements qui demandent souvent à être très réactifs. La restriction budgétaire est mal vécue par les paysans qui se sentent déconsidérés par rapport à tout leur investissement antérieur :

(( D nous a trahis mais maintenant il comprend que sans nous il n'est rien ! On n'est pas considéré, on n'a pas de financement donc pas de moyens alors qu'on a fait rentrer de l'argent via les formations, les partenariats »

Cette pénurie financière pénalise aussi la CNOP dans d'autres lieux :

((la CNOP dans le cadre du CSCRP où elle était considérée comme (( indispensable ~ n'a pu s'y impliquer que tardivement par manque de ressources financières, humaines et techniques pour organiser la réflexion interne puis porter des propositions. Flle demande de prendre en compte cette donne dans le CSCRP (( en tant qu'OP entière et ne pas être assimilée dans plus globalement la société civile. »71

La CNOP est entrain de perdre pied. Des dysfonctionnements existent : le salarié en charge du dossier est parti et le syndicat est en proie a des dissensions internes. Elle n'arrive pas ou plus a s'entourer de personnes qualifiées pour avancer a ce stade là. Même les ONG avec lesquelles elle travaille régulièrement n'arrivent pas ou ne leur apportent pas les réflexions, les expériences qu'elle a besoin. En même temps ce n'est pas vraiment

71 Plan d'Orientation Stratégique 2008-2012 de la CNOP

leur rôle « La SNV nous aide sur la logistique, le renforcement organisationnel, la formation des cadres paysans. Elle crée la condition de la réflexion.»

Les questions financières et de ressources humaines sont importantes pour la CNOP. Elle n'a plus les moyens de se ressourcer en organisant des débats avec la base et de porter leur parole. A quand une ligne budgétaire permanente pour les syndicats paysans, elle existe pour les syndicats de salariés ?

Ainsi la dynamique qui avait présidé lors de l'élaboration se voit arrêter net dans son élan, ne permettant ni de dialogue entre institutions et paysans d'une part, et ni de débats entre paysans sur tout le territoire d'autre part tandis que le fossé ne se comble pas entre l'APCAM et la CNOP. Entre la reprise en main par l'administration de la LOA et les dissensions au sein des organisations paysannes, le flou le plus complet règne pour essayer de suivre la mise en oeuvre de la LOA. « De toute façon 2009 fut une année des plus difficiles » dira lui-même le président de la CNOP.

Même s'il est difficile d'aller plus loin dans l'analyse car encore trop dans le présent, il était important de prendre en compte ces éléments. Pour pousser la réflexion plus loin, la construction d'un seul mouvement paysan derrière une seule structure est-elle le reflet de la diversité des acteurs de l'agriculture malienne. Si l'AOPP a été construite sur ce schéma, nous en avons vu les limites. Est-ce que la volonté forte de la société malienne d'être toujours dans le consensuel n'entraine pas à cet état de fait ? Si cela a réussi au moment de l'élaboration avec une volonté forte commune des acteurs principaux, au moment de la mise en oeuvre des fissures apparaissent. Cela augurerait-il d'une scission et de la structuration de plusieurs syndicats avec des visions, des valeurs différentes comme dans de nombreux pays ? A suivre !

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