WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Stratégie des acteurs lors de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la Loi d'Orientation Agricole (LOA ) au Mali

( Télécharger le fichier original )
par Chantal Jacovetti
Supagro Montpellier institut des régions chaudes - Master acteur de développement rural 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

F. Discussions et pistes ?

« Il faut redynamiser le cadre, il faut que les acteurs s'y mettent. En ce moment c'est difficile, il n'y a pas de cohérence, de visibilité car il y a un éclatement des budgets, des compétences »

La situation a l'automne 2009 est plus que brouillée a tous les niveaux. Consciente des dérives, la CNOP invite les différents acteurs impliqués à se retrouver à la Bibliothèque Nationale de Bamako, pour un atelier d'échanges sur la stratégie de mise en oeuvre concertée de la LOA le 9 et 10 novembre 2009 auquel j'ai participé. Il est financé sur le budget du SP dont le compte rendu doit être fait et payé à la CNOP.

30 personnes sont présentes dont des élu-e-s de la CNOP, de l'AOPP, de l'APCAM et des agents des Ministères de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche, de l'Environnement et l'Assainissement. Le SP est représenté par le conseiller juridique. La voix officielle est tenue par M. CISSE juriste du Ministère de l'Agriculture. Il est impliqué dans la LOA depuis le début, connait bien tous les acteurs et est apprécié par les paysans « Le gouvernement via CISSE a répondu favorablement dans l'atelier CNOP pour redonner la main a la CNOP. CISSE est fonctionnaire, donc il répond a des ordres mais il est aussi fils de paysan. » Argumente un responsable CNOP.

10 « NOUS AVONS LE FEU, VOUS AVEZ LA VIANDE FRAICHE, VENEZ CHERCHER LE FEU »

Au risque de redites, il est important d'essayer de faire ressentir l'ambiance qui régnait. En effet les paroles dites dans cet atelier sont importantes car elles font un point sur les situations de chacun, comment chacun les ressent et des marges de manoeuvre existantes pour repartir dans un éventuel nouveau processus pour la mise en oeuvre.

Après le mot d'accueil de la CNOP, la parole est aussitôt donnée au représentant du Ministère de l'Agriculture qui plante le décor :

(( Depuis 2006 on aurait pu déjà se retrouver pour bâtir un partenariat pour la mise en oeuvre de la LOA. En 2006 il y avait un vrai élan de la CNOP. La CNOP aurait du prendre soin de matérialiser cet envol, peut-être il n'y a pas eu l'appui nécessaire, il n'y a pas de contact, de convention comme en 2004. Il n'est pas trop tard, les acteurs n'ont pas changé. Qu'est-ce qu'on peut apporter comme compétence pour accompagner la mise en oeuvre de la LOA ? J'espère qu'au bout de ces 2 jours vous fournirez un document qui permettra de relancer les processus de la mise en oeuvre de la LOA.~

Il insiste en recadrant la place de chacun, car la tension entre l'APCAM et la CNOP est vive, en rappelant :

«ATT a tenu ses promesses en mettant en avant la CNOP lors de l'élaboration. Il y avait aussi l'APCAM mais en tant qu'établissement public leur analyse, vision, aurait pu biaiser le processus, c'est pourquoi c'est la CNOP. La CNOP a une bonne expérience et un bon réseau. L'État s'est appuyé sur les propositions paysannes pour faire la LOA. En marge du processus paysan, il y a eu des consultations auprès des offices, structures, des agents du ministère. Des choix ont été difficiles car il y avait des choix à prendre, et le Président a tranché. »

Il met en avant les difficultés rencontrées actuellement :

(( On a péché sur 2 dimensions : textes et pratique. Une chose est de faire les textes, autre chose des décrets. Daouda Diarra fait ce qu'il peut, anime sur le terrain, le Président devrait agir pour entendre la bouche du milieu rural. '>

Il pointe du doigt aussi les faiblesses de la CNOP. Elle semble déphasée aux yeux du ministère :

(( La CNOP au lieu d'envoyer un document de stratégie *pour cet atelier et qui date de juin 2008++ vous auriez du faire des contre propositions, apporter des convictions. Que la CNOP fasse des propositions. Les propositions doivent se suivre dans la continuité, il y a eu une feuille de route, il faut assumer les cadres, il faut des conventions, mais si vous ne proposez pas, pas de convention. La convention de 2004 s'engageait sur l'élaboration et malheureusement pas sur la mise en oeuvre de la LOA. Composez avec 2004 une convention 2009 car il faut un cadre juridique ! '>.

En janvier 2010, la CNOP assure avoir envoyé une proposition de convention au Ministère de l'Agriculture et n'a eu aucun retour. En posant la question a CISSE il me répond qu'il n'a rien reçu, (( qu'en tout cas ce n'est pas arrivé sur son bureau »! Encore une défaillance dans le système ou une volonté de certains fonctionnaires de brouiller les relations ? Un paysan interpelle :

((Comment faire pour dépasser les problèmes et remettre de la stratégie ensemble et c'est l'objectif visé de l'atelier: la CNOP doit retrouver son rôle dans la mise en oeuvre de la LOA... Aujourd'hui il faut remettre en place une dynamique, car il y a des textes légaux qui sont venus sans que la CNOP soit avertie ». Un élu CA, adhérent de la CNOP, va dans ce sens aussi (( Il faut saisir cette opportunité, la balle est dans notre camp, saisissons cet accompagnement, et remercions le ministère. Il y a des piétinements mais nos intérêts sont communs. Nous devons oeuvrer ensemble a sa mise en oeuvre, a partir de nos préoccupations propres. »

Puis les OP expriment leur désarroi face au processus en cours :

(( Chaque projet de décret et de loi devrait être analysé par la CNOP. Il y a une coupure du dialogue. Chaque décret doit être présenté et l'avis doit être collecté : il nous faut du temps. Tous les acteurs doivent être intéressés par la mise en oeuvre des textes. La CNOP veut récupérer le leadership. La CNOP a la capacité d'organiser des ateliers pour récolter les préoccupations de la base. La mise en oeuvre doit être testée ...la loi devrait être adaptée à chaque région en fonction du mode de production locale.'>

Elles insistent sur le fait qu'elles n'ont plus les moyens de consulter leur base :

(( Le processus doit être dynamique et la CNOP doit permettre que les potentiels s'expriment pleinement. La CNOP doit encadrer le processus. Elle doit avoir les moyens de la concertation et être appuyée par la base de tout bord. Les compétences paysannes sont la base de la transmission. Il faut de la stabilité pour le portage de dossier par les élus. '>

Tout au long de cet atelier il y a eu des mises au point entre CNOP et ministères, mais aussi entre CNOP et APCAM. Les noeuds de tensions sont fortement ressortis. Malgré tout il existe chez la plupart des acteurs présents la volonté d'avancer sur la mise en oeuvre de la LOA. La convergence vat-elle se réenclencher ? Qui va vouloir et pouvoir reprendre les choses en main ? Est-ce que le dernier CEN va remplir ce rôle ?

10.1 QU'ATTENDRE DU DERNIER COMITE EXECUTIF NATIONAL (CEN)?

L'article 197 stipule que « L'évaluation de la politique de développement agricole se fait tous les deux ans par les structures compétentes », devrait enfin être appliquée au CSA de mars 2010, avec 2 ans de retard !

Le CEN du 21 mars 2008 recommandait par la voix du Premier Ministre de : Désigner les points focaux pour impliquer les compétences nationales Intégrer dans les activités 2008/2009 la loi sur le statut des exploitants Réduire les coûts du plan d'opérationb2008/2009

Rédiger la note de présentation du plan d'opérations

Sur les points spécifiquement opérationnels, comme nous l'avons vu les points focaux ne fonctionnent pratiquement pas à ce jour, la loi sur le statut piétine et le budget a été revu à la baisse.

Le CEN du 13 novembre 2009 qui a duré 1 heure, semble faire transparaitre le malaise et les lenteurs qui entourent la mise en oeuvre de la LOA. Chacun par ses déclarations reflète cette situation :

Le SP :

(( Organiser des débats thématiques au niveau des services techniques du secteur agricole, que dans le Programme de Travail Gouvernemental des départements techniques, soit pris en compte les activités et recommandations du CSA et redynamiser les CER ».

A noter que les suggestions du SP sont les mêmes que celles du dernier CSA, révélant l'immobilisme entre les 2 sessions. S'il y a eu des débats au niveau des services techniques ils ne se sont pas révélés efficaces lors des ateliers comme nous l'avons vu. La LOA n'est toujours pas intégrée dans les taches gouvernementales, et révèlent les difficultés de cohérence entre les départements ministériels. L es CER ne sont toujours pas opérationnels

La Commissaire à la sécurité alimentaire :

(( Établir une meilleure visibilité dans la mise en oeuvre de la LOA et propose que les projets de textes avant leur adoption par le Gouvernement fassent l'objet de concertation et de partage par tous les acteurs concernés

(( Prendre en compte les dernières recommandations faites au dernier CSA ».

Les remarques de l'ancienne responsable du CIFA prennent un certain relief lorsqu'elle déplore l'absence de dialogue et de la non sollicitation de tous les acteurs a l'inverse de ce qui existait et qu'elle souligne le non respect des recommandations ».

Le Président de la CNOP a fait part :

« De la nécessité de s'assurer que les textes élaborés soient opérationnels

Du besoin de procéder à des expériences pilotes par rapport a l'enregistrement et l'immatriculation, les commissions foncières

que la LOA manque de leadership «

Il parle même de la « crainte des producteurs ~ face a une LOA qui n'est plus prise en main et qui s'éloigne de leurs préoccupations. L'expérimentation est une demande forte des OP dont les Chambres d'agriculture ont la responsabilité et/ou les services décentralisés.

Le président de l'APCAM

Annonce le début de l'expérimentation de la procédure d'enregistrement et d'immatriculation dans 5 communes rurales, qui aurait déjà du être mise en place comme prévu sur le décret daté du 31 décembre 2008. En réalité les premières réunions sur le sujet n'auront lieu qu'après le CEN.

De même pour les commissions foncières dont le manque d'application avait été plusieurs fois relevé, alors que le décret était sorti depuis le 19 janvier 2009, et qu'il pouvait répondre pour parti aux conflits. Le SP confirme le 7 janvier « Pour les commissions foncières je reviens du terrain, on met ça en place sur cinq communes à Kadiolo cercle de Sikasso ».

Le mécontentement général et l'arrivée du prochain CSA forcent l'APACAM a réagir Le Directeur de la Primature

«Exprime son inquiétude quant à la réalisation effective des activités programmées avant le prochain CSA, car à ce jour il y a un faible taux de réalisations des activités exécutées au cours de l'année

Demande aux membres du CEN de faire des propositions par rapport a l'opérationnalisation des textes déjà adoptés mais aussi pour la réalisation des activités programmées avant la fin de l'année 2009.»

Même la voix gouvernementale dénonce l'inertie de la LOA Le premier ministre tance à priori le CEN :

« En rappelant par 2 fois, en début et fin de séance, aux départements ministériels la nécessité et l'urgence de prendre les mesures appropriées en vue de suivre l'opérationnalisation des dispositions de la LOA et de ses textes d'applications

En demandant de faire pour les prochaines cessions l'état des textes adoptés et des décrets72 et la nécessité d'une présentation de l'état de tous les secteurs Agricoles

En faisant par de son inquiétude de la non adoption des textes relatifs au FNDA. Lors de mes entretiens l'explication qu'on me donnera c'est que le ministre de l'Économie et des Finances est réticent a ce fond, mais maintenant il allait devoir s'exécuter après ce « coup de gueule ». Effectivement quelques jours plus tard était annoncé la création d'un compte d'affectation spéciale, confirmé lors de l'entretien du 7 janvier 2010 avec le secrétaire permanent. « Ca y est le FNDA va avoir 10 milliards, c'est pratiquement fait, ça sera opérationnel dès la première campagne »

En réclamant au SP de préparer un rapport analytique de l'état de mise en oeuvre de la LOA et ses textes `applications pour la prochaine session (CSA de mars 2010) et d'inscrire a l'ordre du jour du CSA « les préoccupations des acteurs du secteur Agricole, des exploitants agricoles....pour orienter les interventions futures du Gouvernement

En procédant a une priorisation des textes d'application en fonction de leur nature, leur impact et leur intérêt ».

Mais comme le souligne un membre du Ministère de l'Agriculture :

« En tout cas à la dernière session le premier ministre s'est comporté plus comme un porteur de la LOA que comme Premier Ministre. Il soulignait le manque d'expérience sur le terrain par rapport aux textes sortis et il a exhorté les départements a s'activer et la volonté du pouvoir a aller vers la mise en oeuvre. 2010 doit être l'année de la mise en oeuvre pratique ! »

72 C'est un document récapitulatif, que j'ai eu juste avant de partir vers le 10 janvier 2010

Si 2010 doit être enfin, l'année de mise en pratique de la LOA, des décisions doivent être prises a plusieurs niveaux. Mais qui peut les prendre, quelle volonté ou soutien politique existent actuellement alors que toutes les structures soit étatiques ou paysannes sont divisées? C'est l'objet du prochain paragraphe.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld