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Enseignant. E. S. et animateur. E. S face à  la socialisation genrée des jeunes

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par Noémie Lequet
Université Bordeaux 2 Segalen - Master sociologie : ingénierie et intervention sociales 2012
  

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III- Des institutions génératrices de différenciation

Les professionnel.ls.s de l'école et des lieux de loisirs ont donc des représentations genrées qui entrent dans le cadre de l'hétéronormativité et de la naturalité. De plus, ils.elles considèrent généralement que les filles et les garçons qu'ils.elles côtoient au quotidien, même si les relations ne sont que relativement tendues, ont des façons de se comporter, de penser, et d'agir qui sont différentes.

Cependant, la grande majorité de ces professionnel.le.s considère qu'aller vers une plus grande égalité entre les sexes et vers des relations moins sexistes et moins homophobes est un but pour la société, et plus particulièrement pour l'institution dont ils.elles font partie.

Il s'agit ici d'exposer en quoi le fonctionnement de l'école et des lieux de loisirs peut participer au maintien du système catégoriel asymétrique des sexes, malgré le fait que les

professionnel.le.s prônent une égalité de traitement et de considération, et de comprendre ce que cela produit chez les jeunes filles et les jeunes garçons qui fréquentent ces institutions socialisatrices.

1- Produire des hommes et des femmes

Si l'école, et par extension, les lieux de loisirs organisés à sa périphérie, ont pour rôle d'éduquer, d'instruire, de produire des individus, on peut penser qu'ils produisent en réalité des hommes et des femmes, sans que cela ne soit un choix délibéré des acteur.e.s qui les composent. Pour Marie Duru-Bellat (2008), « dans ses routines quotidiennes, il suffit que l'école fonctionne comme un milieu social "normal", où s'expriment par des voies multiples les rapports de "domination ordinaire" qui prévalent dans la société, pour que des inégalités sexuées (comme d'ailleurs sociales) y soient continûment fabriquées. »

Ainsi, à travers les attentes des adultes, les interactions pédagogiques, les contacts avec les pairs ou la confrontation aux contenus des programmes et des manuels, les jeunes continuent d'apprendre chaque jours qu'ils.elles sont soit un garçon, soit une fille, et que cela a des implications sur ce que la société attend d'eux.elles et sur ce qu'ils.elles doivent être dans leurs interactions au quotidien. En effet, « à l'école comme dans les familles ou dans la société toute entière, les attentes envers chaque sexe sont différentes ; or l'attente fait advenir son objet » (Ayral, 2011).

Cela explique en partie le constat de plus grande réussite scolaire des filles fait depuis quelques années. En effet, pour les filles, « les comportements féminins prescrits étant en adéquation avec les attentes de l'institution (obéissance, soumission, calme, conformisme, attention...), elles exercent correctement leur métier d'élève ». En revanche, « les garçons se heurtent, quant à eux, à une contradiction entre les caractéristiques masculines socialement reconnues (indépendance, comportements moteurs...) et les attentes scolaires » (CourtinatCamps et Prêteur, 2010).

Sylvie Ayral (2011) donne à voir le caractère paradoxal de cette socialisation différenciée à l'école. En effet, elle s'intéresse aux sanctions données aux élèves de collège et constate que les garçons représentent environ 80 % des élèves punis, et ce quel que soit le type d'établissement étudié. Ces derniers, moins bien préparés à la discipline scolaire que

leurs consoeurs, et socialisés à la violence et à la domination, franchissent beaucoup plus facilement les règles, et se voient sanctionnés plus souvent. La sanction se transformerait alors en une sorte de « médaille de virilité » et participerait des rites d'initiation à devenir un homme.

Il a également été constaté dans cette étude que l'organisation genrée des centres sociaux et de la maison de quartier étudiés en fait des maisons-des-hommes et des maisonsdes-femmes. Or, étant entendu que le masculin est toujours vu comme neutre, et ceci probablement du fait de la quasi absence d'études sur la construction du masculin et son pendant, la victimologie à propos des femmes qui existe parfois dans le social et ailleurs dans la société, l'école et les lieux de loisirs, sous l'égide de la neutralité républicaine, cherchent à produire des hommes, et non pas des individus. « Cet entre soi des garçons dans la maisondes-hommes est fortement encouragé et soutenu par les institutions, à l'école ou dans les lieux de loisirs périphériques à l'école où l'on met un soin considérable à donner des moyens aux garçons d'être eux-mêmes, c'est-à-dire de "ne pas être des homosexuels". On voit bien qu'il y a une continuité (c'est donc bien un problème politique) entre un système androcentrique, hiérarchique, patriarcal, et un système d'éducation qui vise à faire des "vrais" garçons » (Raibaud, 2011).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon