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L'eau, source de conflits: cas de la Guinée, quelles approches de solutions?

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par Mamadou Hafiziou BARRY
Institut international d'ingénierie de l'eau et de l'environnement  - Master 2 en gestion intégrée des ressources en eau 2009
  

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IV- Analyse du système de pilotage de l'eau en Guinée

D'une manière générale, le système de pilotage de l'eau est bâti autour de trois rationalités différentes : politiques et législation, cadre institutionnel et instruments de gestion.

La Guinée ne déroge pas à la règle car elle dispose, au niveau politiques et législation, de lettres de politique sectorielle de l'eau et de l'assainissement. Cependant, il n'existe, à ce jour, aucune politique nationale de gestion des ressources en eau. On note aussi l'existence de nombreux codes : de l'eau, de l'environnement, forestier, domanial, minier, ... Mais, il convient de remarquer que la plupart de ces codes souffrent non seulement de manque de décrets et d'arrêtés d'application mais aussi pour certains d'insuffisance de qualité rédactionnelle.

IV-1 Politiques et législations nationales de l'eau

L'Etat guinéen s'est efforcé, au cours de ces deux dernières décennies, à l'amélioration des dispositions stratégiques concourant à une meilleure gestion des ressources naturelles et en particulier les ressources en eau. C'est ainsi que furent adoptés une loi sur l'eau en 1994, la politique sectorielle de l'eau et de l'Assainissement en août 1996,

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de nombreux autres codes (code de l'environnement, code forestier, code minier, code foncier et domanial, etc.) et des stratégies nationales de mise en oeuvre des conventions internationales relatives au changement climatique et à la diversité biologique et aux zones humides, etc. L'ensemble de ces décisions est soutenu dans leur application par de nombreux plans (Plan d'Action des Ressources en Eau, Plan d'Action d'Hydraulique Villageoise, Plan National d'Action pour l'Environnement, Plan d'Action Forestier National, Plan Foncier et Domanial, etc.).

Il est également important de souligner l'appartenance du pays aux trois organismes de bassins qui sont : l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Gambie (OMVG) qui regroupe la Guinée, la Guinée Bissau, la Gambie et le Sénégal, l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) comprenant la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et l'Autorité du Bassin du Niger (ABN) regroupant les Etats de Guinée, Mali, Niger, Nigeria, Côte d'ivoire, Burkina Faso, Bénin, Cameroun et Tchad. Ces organismes ont accumulé un capital de compétences qui est susceptible d'être mieux valorisé au niveau de tout le territoire national.

Malgré cet effort important, les menaces qui pèsent sur les ressources en eau s'intensifient et on assiste à un net affaiblissement du dispositif de gouvernance et du système d'information par suite de faible allocation de ressources financières, d'une démotivation des ressources humaines, d'une absence d'un programme pluriannuel d'intervention et d'un dispositif de suivi évaluation, la poursuite d'une gestion sectorielle non concertée des ressources naturelles. En outre, la gestion des ressources en eau s'effectue en marge des stratégies de développement nationales dont celles de la réduction de la pauvreté et du processus de décentralisation. Aucune disposition visant à juguler les conflits n'est prévu dans les politiques et législations existantes.

Dans ce contexte la politique nationale de l'eau et les stratégies y afférentes restent à construire en Guinée. En effet, mis à part les différents codes qui contiennent des éléments de politique relatifs à l'eau, le pays ne s'est pas doté d'une véritable politique de l'eau conformément aux orientations de la gestion intégrée des ressources en eau. Un document de politique et stratégies élaboré suivant un processus largement participatif impliquant les acteurs étatiques, la société civile, le secteur privé et les partenaires techniques et financiers qui donne la vision de la gestion de l'eau du pays et les choix stratégiques est la base pour le développement harmonieux des diverses dispositions y relatives : codes, décrets, plans d'aménagements, organisation administrative, financement, etc.

Les préalables à une telle action nécessite que soit mis en place un cadre de partenariat
entre les acteurs du gouvernement et ceux des partenaires techniques et financiers en
vue de promouvoir les réformes et outils nécessaires à une meilleure gestion des

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ressources en eau. En outre, la gestion de l'eau étant l'affaire de tous les citoyens guinéens, il est indispensable qu'un cadre national d'examen des différentes propositions de réformes soit mis en place. Ce cadre comprendra les représentants des acteurs et parties prenantes tels que l'Administration centrale, les collectivités décentralisées, les entités administratives déconcentrées, les ONG significatives, le secteur privé, les confessions religieuses, etc. La Commission nationale de l'eau, prévue dans le cadre de la loi sur l'eau, restera dans cette nouvelle approche, une structure strictement interministérielle chargée en dernier ressort de valider les propositions entérinées par ledit cadre.

- Cadre institutionnel de la gestion des ressources en eau

Le cadre institutionnel comprend principalement deux niveaux qui sont l'administration ministérielle et les collectivités locales (communes urbaines et communautés rurales de développement).

V' L'Administration ministérielle

Elle est représentée dans la gestion des ressources en eau par le ministre en charge de l'hydraulique. La loi sur l'eau de 1994 détermine le champ de sa mission principale en ces termes : « les ressources en eau sont définies comme l'ensemble des eaux continentales de la Guinée dans toutes les phases du cycle de l'eau et leur gestion rationnelle est définie comme l'ensemble des mesures à prendre afin d'en assurer l'inventaire quantitatif et qualitatif permanent, la protection, la mise en valeur et l'utilisation rationnelles,.... ». L'Administration de l'eau comprend par ailleurs tous les autres départements ministériels dont les activités concourent à réaliser la gestion rationnelle de l'eau, leurs démembrements au niveau central et régional ainsi que les établissements publics et sociétés d'Etat créés pour promouvoir un aspect particulier de ladite gestion.

Les démembrements de l'Administration ministérielle les plus impliqués dans la gestion des ressources en eau sont les directions nationales de l'hydraulique, de la météorologie, de l'énergie, des eaux et forêts, de l'environnement, du génie rural , de la santé publique, de l'aménagement du territoire , de l'administration du territoire, de l'agriculture et les structures spécialisées comme le Bureau guinéen de géologie appliquée, le Service national d'aménagement des points d'eau , la Société des eaux de Guinée et Electricité de Guinée, etc.

V' Les collectivités locales

Le processus de décentralisation entrepris depuis 1986 a permis de créer 38 communes urbaines et 303 communautés rurales de développement. Les compétences transférées à ces collectivités par la loi sont :

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V' salubrité et hygiène publique ;

v' protection de l'environnement ;

V' gestion de l'eau et des points d'eau ;

v' projets de développement à la base et participation de la collectivité locale ;

v' programmes d'investissements et de développement social, économique et culturel ;

v' gestion de la distribution d'eau potable.

Les compétences ainsi définies entraînent un repositionnement des missions et attributions de toute l'Administration ministérielle dans un esprit de complémentarité avec les collectivités territoriales en tenant compte du principe de subsidiarité. Il convient de préciser que ces dispositions sont appliquées de façon laconique à travers le pays.

- Cadre juridique

Le cadre juridique de l'eau en Guinée est régi par plusieurs codes : eau, environnement, minier, pastoral, domanial...

Mais, il existe plusieurs contradictions entre ces différents codes. Par exemple, il existe une contradiction entre les dispositions des articles 23 et 24 du Code de l'eau et celles des articles 64 et 91 du Code minier en ce qui concerne la détermination de l'autorité compétente pour l'établissement des périmètres de protection, notamment des points d'eau, ainsi que la protection et l'utilisation des eaux souterraines.

En effet, les dispositions combinées des articles 23 et 24 du Code de l'eau prévoient que les modalités d'établissement des périmètres de protection, de délimitation des zones de sauvegarde notamment des eaux souterraines et des points d'eau, ainsi que la délivrance des autorisations de forages sont déterminées par arrêté du Ministre de l'Hydraulique.

De son côté, l'article 64 du Code minier prévoit que ces modalités en ce qui concerne notamment les points d'eau sont déterminés par arrêté conjoint du Ministre chargé des mines et du Ministre chargé des domaines.

L'article 91 du même code, quant à lui, prévoit un arrêté du Ministre des Mines, notamment pour les forages et l'utilisation de puits pour les usages domestiques.

L'article 91 du Code minier en attribuant compétence au Ministre chargé des mines pour autoriser les utilisations des ressources en eau de faible importance se met également en contradiction avec les dispositions combinées des articles 6, 8 et 9 du Code de l'eau, celles- ci attribuant compétence en cette matière au Ministre chargé de l'Hydraulique.

Une autre contradiction, plus frappante cette fois, concerne le conflit d'attributions qui a toujours existé entre le Ministère de l'Agriculture, des Eaux et Forêts et le Ministère de

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l'Environnement. C'est ainsi que, tout en se prévalant des dispositions du Décret n° 065/PRG/SGG du 4 octobre 2004 portant attributions et organisation de son département, le Ministre de l'Environnement a successivement pris un arrêté et une décision nommant des Chefs de service, des Conservateurs du Centre National des Aires protégées et des Chefs de Section.

De son côté, le Ministre de l'Agriculture, des Eaux et Forêts a pris un arrêté pour nommer aussi des cadres à ces postes déjà attribués par le Ministre de l'Environnement. Cela illustre à suffisance que l'incohérence entre les codes est à la base de plusieurs conflits dont les conséquences sont incalculables pour les ressources naturelles.

Dans le souci d'harmoniser les codes minier et de l'eau, les Ministres des Mines et de l'Hydraulique ont pris l'Arrêté Conjoint n° 1647/MMG/MHE/SGG/01 du 24 avril 2001. Mais la valeur juridique de cet arrêté pose problème vis- à- vis d'un Décret ou d'une Loi.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery