WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'habitat informel dans les villes d'Afrique subsaharienne francophone à  travers l'exemple de Niamey (Niger )

( Télécharger le fichier original )
par Hamadou ISSAKA
Université de Pau et des pays de l'Adour - Master 2 de géographie 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.4 La ségrégation résidentielle dans les villes de l'Afrique subsaharienne francophone

En général, les villes d'Afrique subsaharienne francophone se sont développées à partir des anciens noyaux sur lesquels se sont superposés des nouveaux ceinturant le centre colonial administratif. Ces villes se caractérisent par leur typologie variée qui dégage deux traits principaux : les tissus aménagés, siège de l'administration et du commerce formel ; c'est dans cette partie que se trouvent l'habitat de haut et moyen standing, et où résident les classes sociales aisées. L'essentiel des infrastructures urbaines est orienté dans cette partie de la ville. L'autre est constitué de tissus non aménagés : c'est le domaine des classes paupérisées caractérisé par l'absence des services urbains de base.

Cette configuration donne à la ville un aspect dual fruit en partie du passé colonial. Si pendant la colonisation la ville était divisée suivant un critère racial avec d'une part la ville indigène et de l'autre la ville blanche les deux séparées parfois par un obstacle naturel, la période postcoloniale est marquée par une ségrégation économique. Toutefois, on n'assiste pas à un véritable apartheid car à l'intérieur des deux « villes », se trouve un habitat qui ne respecte pas le zonage. SERGIO (2002) souligne que la majorité des quartiers se sont développés comme des îlots isolés en fonction des besoins et des intérêts des habitants. Cela a entraîné un véritable problème d'aménagement urbain qui a suscité l'intervention des partenaires extérieurs dont notamment la Caisse Centrale de Coopération Economique de la France qui a permis des financements de l'habitat urbain dans les villes des pays francophones jusqu'au milieu de la décennie 70. C'est le cas par exemple au Niger où elle a participé au capital du Crédit du Niger (la banque de l'habitat) jusqu'en 1975 où elle a mis fin à ses subventions. La décennie 70 a été marquée aussi par l'engouement de la Banque Mondiale pour la réhabilitation des quartiers spontanés et le financement des projets de trame d'accueil à travers la réalisation d'équipement minimum allant de la desserte en eau à la réalisation des caniveaux. Les difficultés de mobilisation de financement de logement ont conduit les pays Africains à créer en 1982 une société panafricaine de financement de l'habitat dénommée Schelter-Afrique.

2.5 Les systèmes de droits et statuts d'occupation dans les villes d'Afrique subsaharienne francophone

En Afrique subsaharienne francophone, coexistent deux systèmes de droit foncier relevant de logiques et de légitimités différentes qui, dans bien des cas, se sont superposés contribuant à entretenir une confusion juridique dont les différents acteurs essaient de tirer profit. Ce syncrétisme juridique en milieu urbain a conduit à ce que DURAND-LASSERVE A. (1993) a appelé un imbroglio-foncier très complexe. Il résume la difficulté foncière à trois niveaux :

- les conditions d'application des textes hérités de l'époque coloniale qui organisent et réglementent le régime de la concession foncière.

- l'usage de ces textes par les différents pays après leur accession à l'indépendance.

- la résurgence du droit coutumier précolonial au cours des décennies 70 et 80 en violation de la loi.

2.5.1 L'organisation du régime de la propriété foncière

Dans le souci d'assurer et de garantir des droits réels sur le sol, il a été mis en place dans l'ancien empire colonial français un système juridique reposant sur l'immatriculation des immeubles au livre foncier. Quoique facultatif, c'est l'immatriculation qui donne droit à un titre foncier inattaquable. Ce caractère facultatif, la complexité de la procédure et la possibilité de son contournement ont fait que peu de domaines ont été enregistrés sur le livre foncier même en milieu urbain.

Le cadre général de l'organisation de la propriété foncière s'articule autour du droit coutumier constituant la situation initiale et le code civil avec l'attribution de concessions. De la période coloniale aux indépendances, l'attribution officielle de droit d'usage sur les terrains repose sur trois procédures : la concession foncière, le permis d'habiter et le permis d'occuper.

- la concession foncière est un contrat passé entre l'administration chargée de la gestion du domaine privé de l'Etat et une personne privée, au terme d'une procédure dite de lotissement. Les obligations de la puissance concédante sont entre autres le lotissement de la partie du domaine privé, la délimitation des parcelles, la définition de leur destination et l'attribution d'un numéro d'identification. Ce titre est provisoire et donne droit selon les pays à une « concession définitive » semblable à un titre foncier ou à un droit réel immobilier (emphytéose ou droit de superficie). Pour obtenir la concession définitive il faut remplir un certain nombre de conditions à savoir : l'occupation et la jouissance de la parcelle conformément aux textes, la mise en valeur effective du terrain et l'accomplissement des formalités foncières. Selon cette procédure, le concessionnaire ne devient propriétaire qu'à condition de détenir un titre foncier, lequel a été établi avant son transfert au nom de la collectivité publique concédante. Le concessionnaire succède donc au concédant. L'Etat fonde et prépare l'appropriation foncière privée. En outre, l'Etat n'est que l'instrument politique de légalisation de l'extension des emprises foncières des personnes et des capitaux dominants dont il autorise le déploiement sauvage.

- Le permis d'habiter c'est une autorisation administrative donnée à titre gratuit, mais conditionnelle et révocable : l'Etat garde la propriété du sol ; le « permissionnaire » ne peut l'utiliser à des fins autres que d'habitation et doit se conformer à des règles minimales s'il construit ; s'il quitte le pays, la parcelle revient à l'Etat ; celui-ci se réserve d'ailleurs à tout moment le droit de reprendre la parcelle (DURAND-LASSERVE A. 1993). Après les indépendances, ce permis ne s'octroie qu'après le paiement d'une taxe ou contribution spéciale à l'autorité publique. Cependant, ce titre révocable peut être transformé en titre

effectif de propriété car le permissionnaire peut demander que le terrain qu'il a mis en valeur lui soit vendu.

- le permis d'occuper est un simple « droit » donné à un individu de s'installer sur le domaine privé de la collectivité publique pour une durée déterminée. Contrairement au permis d'habiter, avec le permis d'occuper le permissionnaire ne peut en aucune manière devenir propriétaire de la parcelle même après la mise en valeur. C'est une autorisation précaire et révocable qui autorise à s'installer le plus souvent sur un terrain non loti.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus