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L'habitat informel dans les villes d'Afrique subsaharienne francophone à  travers l'exemple de Niamey (Niger )

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par Hamadou ISSAKA
Université de Pau et des pays de l'Adour - Master 2 de géographie 2007
  

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5.2.3 Le domaine public

Le domaine public squatté à Niamey concerne les rues et les espaces verts dont les stratégies et l'ampleur d'occupation sont variables.

5.2.3.1 Les rues

L'occupation des rues est surtout perceptible dans les nouveaux quartiers situés en zone péricentrale (carte n°3 p.63). A Niamey, la construction d'un bâtiment à usage d'habitation est une opération qui prend généralement plusieurs années du fait de la faiblesse des ressources financières de la plupart des Niaméens. Pour éviter un retrait de la parcelle par la municipalité pour défaut de mise en valeur, certains acquéreurs préfèrent la faire occuper par un démuni qui fait office de gardien en y construisant une paillote avant ou après que le propriétaire eut construit le mur d'enceinte. Le gardien y restera aussi longtemps que dureront les travaux de construction. Durant ces années, il profite pour faire la connaissance des voisins et participe généralement aux cérémonies qu'ils organisent. Une fois les travaux achevés, il déplace sa paillote de l'intérieur de la parcelle à un angle d'une rue non bitumée, s'il n'a pas une autre parcelle pour s'installer. Les voisins ne se montrent pas gênés et la Municipalité qui doit le déguerpir ne réagit pas car elle mettra des années pour bitumer la voie.

5.2.3.2 Les espaces verts

La ceinture verte est de loin l'espace le plus célèbre par son étendue 2 500 ha (carte n°3 p.63). Cet espace long de 25 km et large d'1km a été classé par les autorités dans les années 1960. Des margousiers y avaient été plantés pour servir de ceinture végétale en arc de cercle autour de Niamey. Cette opération devrait protéger la ville du vent sec du Nord (harmattan) et maintenir un grand poumon vert à proximité de la capitale (Le Monde, du 2 février 2007). Lors du classement de cet espace, les propriétaires coutumiers n'avaient pas été dédommagés et ils continuaient à le cultiver chaque année. A partir de 1984, peu à peu l'espace a commencé à être squatté jusqu'au lotissement du quartier Banizoumbou II (début des années 1990) où les squatters ont été déguerpis. Ils ont alors occupé la ceinture verte situé non loin et depuis lors cet espace est devenu la plus grande concentration de paillotes de Niamey. Pour s'installer, il faut l'aval des propriétaires coutumiers à qui il faut payer au moins 2 000 F CFA par an et par case en guise de location de l'espace.

D'autres espaces verts sont également squattés à l'intérieur de la ville. Il en est ainsi de 2ème Forage situé au quartier Yantala ou du grillage Toumounani de Banifandou et de bien d'autres. Contrairement à la ceinture verte convoitée à la fois par la CUN et les squatters et qui soulève de polémique entre la Municipalité et le Ministère de l'environnement assurant la tutelle, les espaces verts du centre ville sont progressivement morcelés et vendus. Depuis 2006, à la place des paillotes de 2ème Forage, des immeubles de luxe ont été bâtis. Le Grillage Toumounani (Figure n°5) a été déguerpis en mars 2007. Dans ces espaces verts de la ville, les squatters s'installent sans payer un sou à personne ce qui facilite l'occupation. Toutefois, leur emplacement au coeur de la ville rend l'occupation plus précaire car, ils peuvent être morcelés à tout moment et les occupants déguerpis sans ménagement.

Figure n°5 : Les squatters déguerpis pour une cause illégale

La police de Niamey a procédé le mercredi dernier au déguerpissement des habitants du « grillage Toumounani » au quartier Banifandou. Accompagnée de prisonniers, la police a d'abord détruit la case du chef avant de l'embarquer et d'intimer aux femmes et enfants de détruire leurs cases avant que les forces de l'ordre n'interviennent. Cette opération a fait des nombreux sans abri ; les femmes et les enfants ont dormi à la belle étoile sans savoir où aller. L'opération en tant que telle est salutaire car la ville a besoin d'être assainie mais il aurait mieux fallu chercher d'abord là où caser ces personnes avant d'engager une telle action qui s'est déroulée sans aucun respect des droits humains.

Les habitants du « grillage Toumounani » déguerpis par la police, extrait du journal L'EVENEMENT N°187 du 27 Mars 2007

Source : http://www.nigerdiaspora.net/journaux/even.pdf, [mars 2007]

En somme, les textes réglementant l'occupation de l'espace s'ils étaient respectés par tous auraient permis un aménagement tout au moins progressif de l'espace. Les ordonnances 59-113/PCN et 59-114/PCN du 11 juillet 1959 qui régissent les titres d'occupation au Niger en général et à Niamey en particulier avaient été conçues dans un contexte d'encouragement de l'urbanisation en tenant compte du niveau de vie des citadins. Mais la mise en avant des intérêts égoïstes des uns et des autres a provoqué une sorte de confusion dans laquelle les responsabilités se mêlent donnant l'impression d'un complot dans lequel chacun trouve son compte.

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