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Féminisme, genre et développement en Amérique latine: le cas de Novib (ONG néerlandaise )

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par Zoé Maus
Université libre de Bruxelles - DEA pluridisciplinaire 2002
  

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2. PERSPECTIVE DE GENRE ET ONG EN AMERIQUE LATINE

Le clivage qui existerait entre femmes du Sud (féministes ou non)se situerait donc dans la lecture - politique, sociale, économique et culturelle, qui est faite de leurs revendications par le monde de la coopération, y compris celui des ONG. Nous évoquerons donc ici quelques unes des critiques qui sont faites par rapport a l'intégration du genre dans les projets en Amérique latine.220 Ces quelques critiques nous permettent de voir que, outre la difficulté a intégrer le genre aux projets, en accord avec ce que demandent les populations locales, il y a également un "gouffre" entre ce que disent les ONG et les institutions de développement (notamment les principes énoncés dans les cadres d'analyse) et ce qu'elles font sur le terrain.

· le genre: un effet de mode

Le premier ensemble de critiques ont trait a la position des ONG par rapport a la problématique de genre. Dans la plupart des cas, il semblerait que les ONG intègrent cette notion dans leurs projets soit parce qu'elle est "politiquement correcte" et a la mode, soit comme condition a remplir pour avoir des subsides. Cette remarque soulève plusieurs questions, notamment celle de la dépendance financière des ONG par rapport aux bailleurs de fonds (gouvernements nationaux, institutions internationales, etc.) qui imposent leur critères de financements, même si ces critères restent de simples concepts a l'ordre du jour. Selon les associations féministes locales, les ONG européennes resteraient trop dépendantes de leurs financements, et n'iraient pas au bout de leur vision politique de peur de perdre de précieux subsides.

· mode de fonctionnement et structure des ONG

Une critique est faite également aux changements trop fréquents de personnel expatrié, personnel qui n'a dès lors pas l'occasion de réellement comprendre les problèmes auxquels il doit faire face. Un manque de coordination entre les différents acteurs de la coopération internationale est également cité comme étant une des cause du manque d'efficacité de ces organisations. D'autre part, les projets sont souvent dirigés par des hommes, peu sensibles, voire réfractaires a l'intégration du gen re, qui n'est dès lors pas prévue dans des projets pensés en termes masculins.

Par ailleurs, lorsqu'elle est prévue, cette intégration du genre est confiée a un expert du genre, souvent une femme. Dans la plupart des cas, il n'y a pas de coordination avec les autres composantes du projet et manque donc cruellement de vision globale. De plus, les ONG ne répondent en général qu'aux besoins directs des femmes, les considérant comme des bénéficiaires et non pas comme des citoyennes a part entière. Cette vision a court terme est d'autant plus flagrante quand il s'agit d'intervenir dans des pays fréquemment atteints par des catastrophes et en situation d'urgence quasi permanente (comme c'est le cas en Amérique centrale - un peu moins en Amérique du Sud).

· vision politique

Une des critiques faites par Mar'a Teresa Blandón, du Collectif Féministe La Malinche a
Managua, était que les ONG rechignaient a soutenir les projets visant a augmenter le

220 Les critiques dont nous parlons ici nous ont été faites par les personnes que nous avons rencontrées lors de nos voyages en Amérique centrale, notamment par Maria Teresa Blandon (la Malinche a Managua, 04/10/2000) et An a Leticia Aguilar (Christian Aid/ La Corriente a Guatemala Ciudad, 13/10/2000).

pouvoir des femmes et surtout à les aider dans la conquete de l'espace politique dans leurs pays. Cela rejoint ce que nous avions déjà constate dans la première partie de ce travail. L'integration des femmes et du genre dans le developpement ne se fait que lorsque les risques de changements dans la repartition du pouvoir sont limités pas trop de risques et de changements dans la repartition du pouvoir. La "vision de genre" reste des lors souvent limitée aux projets de femmes pour femmes, invisibilisant les femmes du reste de la dynamique de developpement et reproduisant les modeles autoritaires et patriarcaux existants.221 Dans les faits les actions et projets des ONG s'opposent à la construction des femmes comme sujet politique.

relations inegalitaires et instrumentalisees

Selon Ana Leticia Aguilar, c'est une relation inegalitaire que celle qui se cree entre la Cooperation internationale et les organisations locales. En effet, la difference est enorme entre les deux parties, tant en termes de capacités de reflexions, de connaissances sur leurs actions et vecus, et d'acces et de divulgation des informations222 qu'en termes strategiques et materiels. Cette relation renforce bien evidemment la dependance dans laquelle se trouvent les organisations locales par rapport à la "cooperation internationale".

D'autre part, alors qu'elles devraient n'etre que de simples "facilitatrices", les ONG se transforment en executrices de projets. Ceux-ci courent alors le risque d'être completement eloignes des preoccupations et attentes des populations bénéficiaires. Cette "usurpation" se fait au detriment d'un partenariat veritable, qui serait basé sur une communaute d'interets entre ONG et organisations locales visant à la une societe plus egalitaires.

Si leur projet de développement est de contribuer à l'autonomie des populations du Sud, des femmes en particulier, il est indispensable que les ONG reconsiderent leurs fagon d'agir et soient plus cohérentes avec cet objectif. Il faut que les ONG elles-mêmes cherchent leur autonomie par rapport au systeme institutionnalisé de la cooperation internationale.

221 MONTENEGRO Maria Elena, VISSERS Cita et VOLIO Roxana, Una cuenta pendiente? Género y coopéraci--n internacional en Centroamérica, San José, 1997, p. xi.

222 Les ONG ont en effet un grand accès aux diverses sources d'informations, que ce soit les informations provenant des gouvernements ou institutions internationales, les statistiques, et autres données relatives aux populations locales. Ces dernières n'y ont pas toujours accès.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote