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Vers une dynamisation des conseils de village ou de quartier de ville dans l'exercice de la gouvernance locale au Bénin

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par Gilles Faucas BESSAN
Université d'Abomey-Calavi (Bénin ) - Administrateur civil 2011
  

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SECTION II : RESULTATS DE L'ENQUETE ET ETABLISSEMENT DU DIAGNOSTIC

L'analyse des résultats permettra un meilleur établissement du diagnostic issu de l'enquête.

Paragraphe 1er : Présentation et analyse des résultats de l'enquête

L'analyse des résultats de l'enquête se fera sous l'angle des différents problèmes spécifiques identifiés. Cette analyse sera concomitante à la présentation des résultats, de sorte a permettre plus tard, l'établissement du diagnostic.

+ La question de la mauvaise connaissance des rôles et des exigences de

l'élu local par les conseillers de village ou de quartier de ville

A la question de connaître le rôle du chef de village ou de quartier de ville, les conseillers de village ou de quartier de ville rencontrés affirment pour l'essentiel, que le chef de village ou de quartier de ville doit s'occuper des affaires suivantes :

- règlement des litiges et différends par convocation et médiation; - distribution des convocations venant de la gendarmerie ;

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locale au Bénin

- sécurité (maintien de l'ordre et de la paix sociale, renseignement sur les étrangers installés dans le village) ;

- information de la population via les crieurs publics ;

- mobilisation de la population pour diverses activités ;

- réunions trimestrielles pour débattre des questions locales (salubrité, développement local, réflexion sur l'amélioration du cadre de vie communautaire) ;

- signature des attestations de vente et règlement à l'amiable des litiges fonciers ;

- hébergement des voyageurs surpris par la nuit ; etc.

Le Conseiller de village ou de quartier de ville aurait, selon eux, pour mission d'assurer l'information, le maintien de l'ordre et de la sécurité dans le village.

A l'analyse, on constate déjà une sorte de confusion dans l'esprit des conseillers de village ou de quartier de ville et des chefs de village ou de quartier de ville en ce qui concerne leur rôle et leurs missions. Il en est de même pour ce qui concerne leurs droits. En effet, même si les pratiques ne sont pas harmonisées partout, il a été constaté que les chefs de village ou de quartier de ville bénéficient d'une indemnité mensuelle, attribuée trimestriellement (avec quelques arriérés dans bon nombre de communes), alors que les conseillers locaux (de village ou de quartier de ville) n'en bénéficient pas. Ce fait est une injustice dont les conseillers de village ou de quartier de ville n'ont pas conscience, parce qu'ils ne connaissent pas les dispositions des textes de loi sur la décentralisation au Bénin. Dans ces conditions, ils se contentent d'implorer la bienveillance des élus communaux (conseillers communaux ou municipaux).

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locale au Bénin

De plus, les enquêtés affirment que les sessions du conseil d'arrondissement ne se tiennent pas systématiquement et semblent beaucoup plus dépendre de la disponibilité et du vouloir du chef d'arrondissement ou du souhait du Maire. Cela traduit l'ignorance par les conseillers de village ou de quartier de ville des dispositions de l'article 129 de la loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant Organisation des Communes en République du Bénin. Selon le dernier aliéna de cet article, « le conseil d'arrondissement peut également se réunir à la demande des 2/3 de ses membres ». En réalité, la vitalité du conseil d'arrondissement dépend en grande partie de la vitalité des conseils de village ou de quartier de ville de l'arrondissement concerné.

Les acteurs des services déconcentrés, en donnant leur appréciation du fonctionnement des conseils de village ou de quartier de ville, avouent qu'ils se traduisent par une certaine léthargie et par la non maîtrise des textes et des attributions par les conseillers. Cependant, le fonctionnement diffère d'un conseil a l'autre. En effet, tandis que certains conseils de village ne tiennent pas les sessions, d'autres en tiennent, mais sans un procès verbal tel que le dispose l'article 130 de la loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant Organisation des Communes en République du Bénin.

Par ailleurs, les populations se plaignent des prestations des chefs de village ou de quartier de ville. Selon eux, les chefs de village ou de quartier de ville outrepassent leurs compétences dans le règlement des litiges et s'érigent en juge pour traiter des affaires liées au viol, a l'enlèvement de mineur, etc.

De l'avis des personnes enquêtées, même des conseillers de village ou de quartier de ville, les solutions pour améliorer le fonctionnement des conseils de village ou de quartier de ville sont des actions de renforcement des

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capacités des conseillers de village ou de quartier de ville sur leurs attributions, sur les dispositions légales de la décentralisation.

+ La question de la méconnaissance des règles de management des organisations locales

L'enquête a révélé a ce sujet que les conseillers de village ou de quartier de ville sont confrontés à de véritables difficultés de gestion. La première difficulté est celle de la langue et du niveau d'instruction. A celles-ci, s'ajoutent le défaut de moyens matériel et financier.

La plupart des chefs de village ou de quartier de ville enquêtés ont par exemple des pratiques divergentes en matière de gestion de l'intérim, de délivrance des pièces administratives, d'implication et de partage de l'information avec les collaborateurs. La recherche du niveau d'instruction des enquêtés révèle un constat qu'aggrave l'absence de renforcement de capacités, déjà soulevée au point précédent.

Le niveau d'instruction des élus rencontrés est présenté dans les figures 14 en annexe.

Il ressort de ces graphiques que la majorité des élus locaux enquêtés (31,66%) sont au niveau primaire. Ceci explique certainement leur faible capacité managériale. Cependant, ce faible niveau d'instruction pourrait ne constituer qu'une limite et non un véritable handicap a leur capacité de gestion dans le contexte décentralisé, si ces élus avaient vu leurs capacités renforcées par des formations, tel que les élus communaux et le personnel communal en ont bénéficié entre 2003 et 2008 (même jusqu'à nos jours).

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A la question de savoir quelles sont leurs attentes des autorités communales et nationales, les conseillers de village ou de quartier de ville énumèrent les besoins de renforcement de leurs capacités sur des thématiques telles que la gouvernance locale, les rôles des conseils locaux, la gestion administrative (rédaction administrative), la gestion alternative des conflits, l'hygiène et l'assainissement de base, etc.

Au-delà de ces besoins, les élus rencontrés rappellent également le besoin en matériels et équipements pour le fonctionnement des conseils de village.

L'enquête a révélé par ailleurs, un conflit entre les activités professionnelles des conseillers et leur fonction d'élus. Ils pensent que c'est plutôt la fonction d'élu qui les empêche de vaquer a leurs obligations professionnelles ; pourtant, les populations se plaignent de leur indisponibilité. Cela traduit une mal organisation, voire une gestion peu efficace du temps afin de concilier les deux pans de leur vie.

Les services déconcentrés rencontrés ont également fait la même remarque. Face à cela, ils proposent de renforcer les capacités des conseillers de village ou de quartier de ville sur leurs droits et devoirs, entre autres, sur les techniques de participation à la mobilisation des ressources locales.

+ La question de la faible implication des populations par les conseils de

village et de quartier de ville dans la gestion des affaires locales

Au terme de l'enquête, les populations ont confié qu'elles ne sont impliquées que lorsque des actions nécessitent leurs interventions physiques. C'est le cas lorsqu'il s'agit de débrayer une rue de forage de puits (cotisation, travaux communautaires); de construction de hangars, écoles (dons de matériaux). De

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ce fait, elles se demandent si elles sont impliquées ou plutôt sollicitées, voire « utilisées ». Ils souhaiteraient des comptes-rendus périodiques.

A contrario, les conseillers de village ou de quartier de ville affirment bien jouer leur rôle. Selon eux, il ne leur revient pas de faire des comptes-rendus aux populations : c'est plutôt le rôle du Maire et des élus communaux.

Ce dialogue de sourd s'explique par un déficit d'informations au niveau des conseillers de village ou de quartier de ville et justifie une fois de plus, leur faible compréhension des grands bouleversements induits par le processus de décentralisation. Non seulement ils semblent perdre de vue qu'ils sont des élus de leur localité, mais encore plus, ils ne perçoivent pas la place que donnent aussi bien la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 que les lois sur la décentralisation, au principe de la participation citoyenne. Il faudra alors, dans une approche d'Information-Education-Communication, leur faire percevoir le rôle nouveau que doit jouer la population, dans le contexte de la décentralisation.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway