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La visualisation des informations

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par Christel Morvan
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III - 1 La transmission par la visualisation. Quelques exemples.

La représentation des données et des informations par la visualisation n'est pas une expérience inédite. Depuis la cartographie à l'histoire de l'informatique, la transmission par les signes visuels est répandue.

Aujourd'hui, alors que l'image n'a jamais été aussi présente (par les affiches publicitaires, internet, la télévision, etc...), le texte reste le moyen le plus utilisé pour transmettre des informations complexes.

Une histoire brève de la visualisation des informations

Pourtant, en informatique, la représentation visuelle des informations est déjà utilisée depuis quelques années. Rappelons qu'à la base, un système informatique n'est composé que de données. Pour naviguer dans un système informatique, la connaissance du langage était un pré-requis. Sur les anciens modèles d'ordinateur, les systèmes d'exploitation étaient pour ainsi dire inaccessibles : il fallait nécessairement entrer des commandes dans le programme initial pour démarrer une quelconque opération, même la plus simple (comme le traitement de texte). Puis l'arrivée de l'interface graphique a rendu l'usage de l'informatique accessible à tous. Le système Windows de Micosoft66 a été précurseur en la matière, en proposant une interface sous une forme visuelle. Le principe de windows est d'utiliser des signes iconiques

66 La première version de Windows, développée dés le début 1980, fut mise à disposition dés 1983, mais cette version n'était pas vraiment une interface visuelle , il s'agissait alors d'un environnement d'exploitation et non d'un système. Mais les principes mis en place dans cette versions, comme l'exécution automatique des programmes, fut quand-même une grande avancée dans la représentation des sonnées informatiques.

pour représenter les données : les signes iconiques renvoient par mimétisme à des objets de la vie réelle, et permettent par conséquent à l'utilisateur de mieux se repérer. Le bureau, la fenêtre, les dossiers à l'intérieur desquels nous rangeons les informations sont autant d'objets représentés par mimétisme avec des objets qui font parti de notre monde physique. Le déplacement même de la souris est un signe, puisqu'il imite le déplacement spatial : nous ne naviguons pas réellement dans l'interface, ce que nous voyons sur l'écran est toujours le résultat de calculs transcodés et retranscris par le canal de l'image. C'est pour cette raison que l'on qualifie souvent le média numérique de canal virtuel.

Mais les techniciens ne sont pas les seuls à penser à un système informatique représenté visuellement. Au début des années 1980, l'auteur de science fiction William Gibson invente le concept du Cyberspace, dans une nouvelle intitulée Gravé sur Chrome67. Il expliquera cette notion par la suite dans son premier roman de science-fiction, Neuromancien68 en le définissant comme « une hallucination consensuelle vécue quotidiennement en toute légalité par des dizaines de millions d'opérateurs, dans tous les pays, par des enfants à qui des concepts mathématiques sont ainsi enseignés... Une représentation graphique de données extraites des mémoires de tous les ordinateurs du système humain ». Dans le roman, le héros, pirate informatique, se connecte à son système informatique, et pénètre alors dans un monde virtuel en trois dimensions où il navigue, libéré de l'apesanteur, pour aller vers les informations, les bases de données, ou même les sites communautaires. Les données y sont représentée avec des signes plastiques, autrement dit, des formes abstraites qui définissent leurs nature. Le concept, au début théorique du cyberespace a été une vraie révolution technologique : le cyberspace, traduit en français par le terme cyberespace a été reporté à l'informatique pour définir les lieux où se transitent l'information. C'est en quelque sorte un synonyme du World Wide Web. Il est défini à la fois par une représentation spatiale, temporelle, mais aussi par la notion de dialogue avec l'utilisateur.

Mais les exemples de tentatives ratées de représentation visuelle de systèmes complexes ne manquent pas.

Il y a quelques années par exemple, les techniciens Yahoo! Ont voulu reprendre les principes du cyberespace de Gibson en concevant un moteur de recherche dont la visualisation se ferait sous la forme d'un univers en trois dimensions. Mais le projet fut de courte durée. Non seulement la visualisation en 3D demandait un temps de calcul considérable, ralentissant la recherche, mais en plus les utilisateurs ne virent dans cette représentation ni intérêt, ni plus-value.

67 Gavé sur chrome (Burning Chrome), William Gibson, 1982.

68 Neuromancien (Neuromancer), William Gibson, 1985.

L'exemple du journalisme de donnée.

Dans le monde du journalisme, la représentation par le visuel commence à se démocratiser, notamment dans les pays anglo-saxons par le bais du journalisme de donnée.

Le journalisme de donnée (ou data journalism) est apparu en même temps que le phénomène d'ouverture des données. Certains journalistes sont partis d'on constat : les données brutes sont rendues accessibles dans le principe, certes, mais elles ne le sont pas dans leur forme. Trop complexes, trop spécialisées, elles sont souvent incompréhensibles pour le grand public. Il a donc fallu trouver un moyen pour les rendre abordables, augmenter leur lisibilité, et ce moyen est passé par le signe visuel.

Simon Rogers, journaliste au Guadian69 explique que le 11 septembre 2001, juste après l'attaque du Wold Trade Center, le nombre d'informations à communiquer était si important que les modalités « classiques » de traitement et de diffusion de l'information s'est avéré tout à coup inadéquat : « j'ai vu le monde devenir complètement fou. Il se passait tellement de choses en même temps qu'on a eu besoin de produire des infographies pour les expliquer. Il y avait trop d'infos, de données, à gérer pour confier cela uniquement à des graphistes. Je me suis donc retrouvé à bosser sur des graphiques avec des designers pour expliquer l'information avec des visuels ». Le choix du signe visuel s'est alors imposé face à la complexité des informations.

69 Extrait de l'interview paru dans l'Atelier des Médias, entretien avec Simon Rogers, le data-bloggeur, publié par Ziad Maalouf le 12 novembre 2010.

Illustration 14: Visualisation publiée sans le Guardian montrant les émissons de CO2 de chaque pays depuis la création du protocole de Kyoto

Le journalisme de donnée est un nouvel angle pur traiter de l'information. Le journaliste doit analyser des données brutes, les analyser, puis les retranscrire en signe visuel, ce qui implique une nouvelle façon de penser et de traduire l'information. Il ne s'agit pas d'une transformation simple d'un code sémiotique à un autre, le changement de visualisation implique de reconsidérer la structure même de l'information.

Pour Caroline Goulard70, qui vient de lancer le site ActuVisu, un site dédié au journalisme de données en France, « la définition commence avec le terme de data. Pour le journaliste traditionnel, la brique de base est l'article. Le journaliste travail avec la narration. Avec les données, on n'est plus dans la narration verbale, mais dans une narration construite autour d'éléments grammaticaux qui appartiennent au lexique visuel. Le journaliste de donnée s'adresse à l'intelligence visuelle ».

Le défi du journalisme de données a été de rendre visibles des phénomènes visibles à travers une représentation claire. Pour David McCandless71, journaliste, le passage du journalisme dit « traditionnel » au

70 Extrait de l'interview de Caroline Goulard parue dans dans l'article : journaliste de donnée : data as storytelling sur le site Internet actu le 9 août 2010.

71 Journaliste et une des figures les plus importantes dans le journalisme de données, David McCandless est l'auteur de deux livres sur le sujet, information is beautiful et The Visual Miscellaneum. Il tient également un blog, informationisbeautiful.net, où il affiche ses nouveaux travaux et permet notamment aux utilisateur d'émettre des opinions et de suggérer des modification.

journalisme de donnée s'impose comme une évidence lorsque l'on veut traduire toute l'information sans pour autant la rendre illisible. Pour lui, tout a commencé par l'étude des théories évolutionnistes et créationnistes. Lassé de voir la presse condenser le sujet à deux grandes théories, il souhaite faire son propre papier sur le sujet. A la suite de ses recherches, il trouve en effet une multitude d'autres théories mais a du mal à condenser ses recherches à l'écrit au vue de la complexité de ses résultats. «C'est alors que j'ai commencé à dessiner un schéma (illustration 15), pour faire le point et m'y retrouver. Je me souviens m'être dit : «Je n'ai plus à écrire l'article, il est déjà sous mes yeux! Je viens déjà de faire mon job de journaliste en expliquant clairement la situation que je veux dépeindre.» Tout était figurativement décrit. J'ai su que c'était le début de quelque chose et que je pourrais continuer dans cette voie... Je n'ai pas de diplômes en art ou en design mais une approche pratique des formes. En quelque sorte, je ne sais pas vraiment ce que je fais. Je suis simplement mon instinct...»

Illustration 15: Le spectre des théories créationnistes et évolutionnistes, par David McCandless

« Je débute toute visualisation en partant non pas des nombres auxquels je suis confronté mais de ma propre confusion à leur égard. J'avoue ne pas comprendre ces nombres à l'état brut. Présentés de manière absolue, comme c'est souvent le cas dans les médias, il est difficile de cerner leur portée. Ces présentations ne permettent pas d'établir des liens entre divers éléments. Or, je crois que ce sont ces liens qui sont les plus importants. »

Le journalisme de données ne se contente pas d'afficher des visuels à l'intérieur desquels l'information est emprisonnée, elle met à portée de tout à

chacun les données brutes et par définition complexe en les interprétant de manière intelligente. Les échelles et les liens entre les éléments sont aussi importants que les éléments eux-mêmes.

Illustration 16: Schéma proposant des modalités à suivre pour rendre le design de l'information efficace, David McCandless

Aujourd'hui, les journaux faisant appelle à cette nouvelle forme de journalisme sont de plus en plus nombreux. Le nytimes.com, le washingtonpost.com et le guardian.co.uk, pionniers en la matière, sont les sites trois journaux en lignes qui se servent aujourd'hui le plus du data journalisme. Le New York Times propose même aux utilisateurs un outil

dédié, le visualisation lab, développé par IBM72, permettant à tout le monde de créer ses propres visualisations, de charger des données et de les classer. Le Guardian, quant à lui, met via son datablog à disposition à la fois les visualisations faites par ses journalistes et les données ayant servi à les réaliser. D'autres blogs et sites internet enfin, présentent et mettent en avant les exemple de data journalisme et de visualisations, comme flowingdata.com ou encore infosthetics.com.

Le succès du data journalisme est flagrant (surtout dans les pays anglossaxons), la formule a visiblement de l'avenir devant elle.

Illustration 17: Visualisation du New York Times en date du 14 février 2011 montrant la proposition de budget de dépense annuel par Obama

Le journalisme de donnée est un pas en avant crucial dans le mode de représentation de l'information. Il apporte déjà des propositions de lecture qui répondent aux problèmes posés par les nouveaux enjeux du numérique. Il est par conséquent important de prendre cet exemple en considération pour toute autre forme de visualisation des informations.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand