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Entrepreneuriat et développement

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par Ababacar Sadikh BEYE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Certificat d'aptitude à  l'enseignement secondaire technique professionnel 2012
  

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B. Le poids du secteur informel dans les initiatives entrepreneuriales.

La caractéristique des pays en développement est l'existence d'un secteur informel particulièrement dynamique dans l'activité économique. Plusieurs paramètres peuvent être identifiés comme étant à l'origine de la naissance d'un secteur informel, berceau des initiatives de développement individuelles et collectives.

Mais avant d'aller en profondeur dans l'analyse, essayons de découvrir ce que renferme ce concept de « secteur informel » pour mieux en circonscrire l'impact sur l'entrepreneuriat.

i. L'absence de consensus autour du concept de secteur informel.

Il suffit d'un bref survol comparatif de la littérature pour se persuader de l'incapacité des chercheurs à préciser les contours d'un secteur informel.

Historiquement, ce concept prend forme dès le début des années 70 en raison de l'intérêt croissant des économistes pour les pays du Tiers-Monde et pour la part écrasante d'activités économiques qui ne sont pas répertoriées par les États au sein de ces zones que l'on considérait alors « en voie de développement ».

On distingue essentiellement deux grandes familles de chercheurs dans le domaine de l'économie informelle :

· la première souhaite mettre en évidence certaines pratiques volontairement occultées par l'entrepreneur. On désigne alors par des termes à forte connotation négative des activités partiellement ou totalement illégales ;

· la seconde s'attache comme la précédente au comportement des agents mais elle délaisse sa vision juridique au profit d'une vision socio-économique : on désigne alors un mode de production spécifique (on étudie l'organisation sociale, les réseaux de solidarité, les originalités culturelles...).

Les personnes qui exercent des activités informelles ont leur propre « économie politique », leurs propres règles, conventions, institutions et structures informelles ou de groupes. Ces règles et conventions régies par l'entraide et la confiance réciproques permettent aux actifs du secteur d'octroyer ou de bénéficier des prêts, d'organiser des

formations et des transferts de technologies mais aussi de compétences pour faciliter l'accès au marché. Par contre, sur quoi se fondent ces règles ou normes informelles, reste méconnaissable.

Ce secteur rime généralement avec la précarité à cause de la faiblesse des revenus et du manque de couverture sociale et contribue a plus de 90% à la réduction de la pauvreté, et 54% de la valeur ajoutée globale selon les résultats de l'Enquête de Suivi de la pauvreté au Sénégal (ESPS) en 2005, même s'il constitue un véritable domaine pourvoyeur d'emplois.

Sept critères caractérisent cette économie en marge de la production classique de biens et de services :

facilité d'accès aux activités ;

utilisation de ressources locales ;

propriété familiale des entreprises ;

échelle restreinte des opérations ;

utilisation de techniques simples et nombre réduit de travailleurs ;

qualifications acquises en dehors du système scolaire officiel ;

marchés échappant à tout règlement et ouverts à la concurrence.

Au-delà des questions de sémantique, il y a surtout lieu de retenir, que le secteur informel génère 97% des créations d'emploi au Sénégal, où chômage et sous-emploi touchent plus d'un quart de la population ayant l'âge de travailler, selon une étude sur l'emploi au Sénégal de la Banque Mondiale, de janvier 2010. Et elle soutient que « c'est quand les travailleurs sont incapables de trouver des emplois dans les entreprises formelles, qu'ils se refugient dans le secteur informel11 ».

En somme la précarité, le chômage des jeunes et la rareté de l'emploi salarié justifient l'existence et l'importance du secteur informel et sa contribution dans l'économie du Sénégal. Pour autant, peut-il être considéré comme relevant du dynamisme entrepreneurial?

11 Autres points de vue. L'économie informelle recouvre selon l'OCDE toutes les activités où il n'existe pas de lien entre une activité économique et une unité institutionnelle reconnue et où la production issue de l'activité ne peut être échangée sur un marché (OCDE, 2002, p. 20).

En effet, il faut distinguer deux approches lorsqu'il s'agit de l'économie informelle.

Il existe des types d'agents économiques qui exercent des activités génératrices de revenu, avec un niveau d'instruction faible certes, dans un cadre qui n'a rien d'une entreprise dont l'unique souci est une logique de survie. Pour ces individus, la nécessité de lutter contre le manque de revenu et le besoin de sortir de la précarité, les obligent à développer leur sens de l'initiative et de constance dans l'effort. Toutes choses, qui caractérisent les entrepreneurs. Mais leurs lacunes sont telles qu'ils sont plus proches des « gorgorlou 12» que de l'entrepreneur type.

Par contre, d'autres se réfugient dans l'informalité par stratégie. Cette idée est défendue par Williams, qui considère qu'entreprendre dans le secteur informel peut être une stratégie comme c'est le cas en Angleterre où 70% des entrepreneurs nouvellement établis préfèrent exercer une partie de leur activité dans ce secteur. C'est ce que Hainard et Ischer désignent par « l'informalité comme conséquence » et « l'informalité comme stratégie » et que le BIT confirme avec l'idée selon laquelle l'économie informelle sert d'incubateur pour de nombreux entrepreneurs. (Bureau 2010, p.19).

C'est cette dialectique inextricable qui rythme la marche du secteur informel. Son rôle et sa prépondérance dans les économies des pays en développement nous amènent à l'inclure dans les dynamiques entrepreneuriales même si ces acteurs méritent d'être accompagnés dans le sens de la légalité.

ii. La dimension genre dans les logiques entrepreneuriales.

Devant la crise de l'emploi salarié de nos pays en développement, et l'abandon prématuré des études des jeunes filles et d'autres couches défavorisées, il s'est développées d'autres formes de stratégies de lutte contre la pauvreté, et de création de richesses, qui ont fini par s'ériger en modèles de développement économiques. Dans ce processus, la femme joue un rôle non moins important.

De plus en plus, l'entrepreneuriat féminin est reconnu comme une source importante
d'emploi et de croissance potentielle. En fait, les données sont très rares, mais en Europe

12 C'est un type de Sénégalais qui se caractérise par sa débrouillardise, n'ayant pas de revenu, touche à tout pour nourrir sa famille, manque de profession. Un entrepreneur de ce genre manque d'aptitudes en gestion par exemple.

(tant dans les pays de l'Union européenne que dans les autres), les estimations indiquent l'existence de plus de 10 millions de femmes travailleuses indépendantes. Aux ÉtatsUnis, 6,4 millions de femmes travailleuses indépendantes fournissent un emploi à 9,2 millions de personnes. Si on applique le ratio constaté aux Etats-Unis entre le nombre de salariés et le nombre de travailleurs indépendants, on estime que les femmes travailleuses indépendantes pourraient employer 15 millions de personnes environ dans les pays européens.

À vrai dire, notamment dans les économies en développement, le travail indépendant représente pour les femmes l'une des possibilités d'emploi les plus importantes. En outre, les femmes se comportant différemment des hommes, l'entrepreneuriat féminin apporte à la société des solutions différentes et souvent innovantes aux problèmes de management et d'organisation, ainsi que l'exploitation d'opportunités nouvelles.

Au Sénégal, l'entrepreneuriat féminin est aussi une réalité de notre économie. Les femmes entrepreneures contribuent chaque année pour prés de 3milliards de francs Cfa, soit 5% du PIB13. Pour mieux apprécier leur impact, la Direction de l'entrepreneuriat féminin compte mener une enquête allant dans ce sens.

Par ailleurs, dans un ouvrage intitulé L'entrepreneuriat féminin au Sénégal. Les transformations des rapports de pouvoirs. (Paris, L'Harmattan, 1998, 301 p.), Fatou Sarr étudie l'entrepreneuriat féminin en le plaçant dans le cadre des transformations des rapports entre les sexes et dans l'histoire du développement au Sénégal. Ainsi, elle circonscrit les contextes historique, socioculturel et économique de la transformation des rapports de pouvoir et de l'émergence d'un entrepreneuriat féminin.

Selon l'auteure, la démarche des entrepreneures au Sénégal cadre avec une approche du développement endogène (Samir Amin) : les femmes organisent leurs propres structures d'accumulation du capital [les « tontines » en sont unes] et leurs pratiques économiques constituent une articulation entre une logique individuelle et une logique collective acceptable pour la communauté. Les activités [entrepreneuriales] menées par ces femmes

13 Journal parlé de 11heures de Radio Sénégal Internationale (RSI) du 29-03-2012, selon les sources de la Direction de l'entrepreneuriat féminin.

sont généralement liées aux activités traditionnelles des Sénégalaises : couture, teinture, commerce alimentaire et commerce des tissus.

Son étude porte sur vingt femmes parmi celles qui ont le mieux réussi dans les affaires et elle examine leurs cheminements et partage les contraintes auxquelles elles sont confrontées.

Ces femmes, évoluant dans le secteur informel et n'ayant que très peu de moyens financiers, ont réussi à devenir d'importantes entrepreneures. Selon elle, des activités domestiques ces femmes sont passées en une vingtaine d'années aux affaires florissantes qu'elles mènent aujourd'hui ce qui, constituant une réussite économique importante, au point de valoriser l'image autrefois négative des femmes d'affaires au Sénégal.

Parmi les nombreux obstacles, elle expose notamment les contraintes sociales et les rapports sociaux de genre défavorables aux femmes : l'aliénation culturelle et le pouvoir du mari, les rapports hommes-femmes dans le monde des affaires et les pratiques discriminatoires et, enfin, les charges familiales et sociales supportées par les femmes au risque de mettre leur entreprise en péril.

Il y aussi l'obstacle financier, notamment le non-accès au crédit bancaire.

Les difficultés liées au contexte économique sénégalais depuis le début des années 90 : une récession générale, la mise en place d'un programme d'ajustement structurel, la dévaluation du franc CFA, la politique de libéralisation et la concurrence asiatique rend plus complexe l'accès des femmes au crédit. S'y ajoutent les limites imposées par la politique fiscale, les lourdeurs administratives et le clientélisme de l'État.

Enfin, elle cite les problèmes techniques souvent liés aux limites des femmes issues du secteur informel : le manque de formation et la méconnaissance des textes de loi.

En définitive, comme les femmes choisies dans l'étude de Fatou Sarr, l'apport des entrepreneures dans les logiques de développement économique est visible dans les familles, dans la société malgré la difficulté d'accès à des données statistiques. Elles sont à l'origine de nombreuses initiatives de création de richesses, de stratégies de survies et de lutte contre la pauvreté, mais cette forme d'entrepreneuriat mérite un encadrement spécifique et des mesures incitatives de la part de l'État à l'instar du Fonds National de Promotion de l'entrepreneuriat Féminin.

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