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Le pilotage maritime dans l'Union Européenne: statuts, organisations et responsabilités civiles des pilotes en 2010

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par Pierre CASTETZ
Université du Havre faculté des affaires internationales - Master 2 droit de la mer et des activités portuaires 2009
  

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B) Les statuts des pilotes en Europe

1) Analyse de l'organisation professionnelle du pilote

Parmi les 27 états membres de l'Union Européenne, plus de la moitié sont des pays ayant une façade maritime; 90% des échangent commerciaux, importations et exportations maritimes européennes transitent par voie maritime. Aujourd'hui, dans les ports européens, plus de 5000 pilotes assurent avec efficacité le guidage des navires dans les ports, rivières et voie d'accès maritimes et fluviales.

A l'échelle de l'Europe, nous l'avons vu, le droit du pilotage s'est construit laborieusement, et très lentement en tenant compte d'un Droit Communautaire pour le peu absent en la matière ; en effet ni le traité de Rome, ni celui de Maastricht, n'évoque la question du pilote maritime. Le droit du pilotage s'est donc sculpté, dans chaque pays, à partir des grandes Conventions Internationales maritimes qui abondent depuis ces dernières décennies, mais surtout autour des jurisprudences européennes, laissant le statut du pilotage maritime dans un certain « flou juridique32 ». Le pilote est resté pendant longtemps loin des préoccupations de la Commission. Seulement deux directives existaient, l'une datant de 1979, concernant le régime du pilotage hauturier33, et l'autre, le Contrôle par l'état du port des navires transportant des marchandises dangereuses ou polluantes en vrac.

Rappelons qu'en 1923, La Convention Internationale de Genève du 9 décembre 1923 laisse à chaque état l'ayant ratifiée, le soin d'organiser le service de pilotage de son pays, et de fixer eux mêmes les tarifs de ce service34.

Dans la plupart des pays d'Europe, les services de pilotage sont fournis par des entités économiques spécialement crées et dédiées à cette pratique, et dans un seul but, servir au mieux les intérêts de toutes les parties : le port, l'armateur avec leurs impératifs commerciaux, le capitaine et l'état avec leurs impératifs de sécurité.

32 Thèse sur le pilotage maritime Martin NDENDE Gaëlle Gueguen-Hallouet juin 2002.

33 Directive n°79/115/CEE du Conseil du 21 décembre 1978, relative au pilotage des navires par des pilotes hauturiers opérant dans la mer JOCE L 033 08/02/1979 p.32 du Nord et dans la Manche

34 Convention Internationale de Genève du 9 décembre 1923, article 11 : chaque État contractant se réserve le droit d'organiser ou de réglementer le pilotage comme il l'entend.

Dans le cas où le pilotage est obligatoire, les tarifs et les services rendus seront soumis aux dispositions des art. 2 et 4, mais chaque État contractant pourra exempter de l'obligation ceux de ses nationaux qui rempliraient des conditions techniques déterminées.

Dans tous les états membres, le service de pilotage est fourni de manière exclusive par des structures conservant le monopole de la profession et le caractère obligatoire du pilotage, néanmoins, leur statut et leur organisation diffèrent, leur donnant parfois un statut privé, ou de fonctionnaires d' état, organisés nationalement, ou déconcentrés régionalement, ou bien ils sont parfois gérés plus localement par une autorité portuaire ou une municipalité.

D'une part, cette étude permet de se rendre compte, qu'en France, Espagne, Italie, et aux Pays Bas, l'indépendance de la profession vis à vis de l'autorité publique, concernant la gestion du service, est largement reconnue ; les organisations de pilotage gardant la gestion totale du service de manière indépendante, agissant tel une société privée, de manière autonome et distincte vis à vis de l'état dans l'exercice de son activité, de l'entretien et l'utilisation du matériel. Les administrations publiques dans ces pays ne sont pas ou peu impliquées dans le fonctionnement d'une station de pilotage, celle ci revenant naturellement aux pilotes, agissant de manière individuelle.

Néanmoins, dans certains pays, cette privatisation est affaiblie, tel qu'en Bulgarie, ou en Allemagne où, le matériel, les bateaux pilotes et les bâtiments sont la propriété de l'état, mais qui n'en gardera pas pour autant la gestion.

Au contraire, en Suède, Finlande, Portugal, et Estonie, le métier se caractérise par une forte intervention publique, le pilote devenant agent public, fonctionnaire. Le service, les investissements, les ventes, sont alors, en général, directement géré par un département du Ministère chargé du transport maritime de la Marine Marchande et des ports.

Enfin, on retrouve des systèmes mixtes, marquant une exception en Europe au principe de monopole pur, parce qu'ils divisent légalement le pilotage. Par exemple, en Belgique, celui-ci sera effectué soit par des pilotes appartenant à des sociétés privées comme dans les Docks d'Anvers, ou bien par des pilotes fonctionnaires dans les eaux maritimes belges.

Le statut des pilotes, et les structures de leurs organisations, modelées autour du principe de monopole de la profession et d'obligation, se sont donc construit nationalement; la loi nationale, appelée pilotage act et les lois nationales des ports, le définissant, et fixant les principes de leurs différentes formes d'administration, et de son articulation avec les pouvoirs des États.

Au niveau de l'organisation du pilotage, bien qu'il n'existe pas de lien direct entre la structure du pilotage et le type d'administration nationale des ports d'un pays, il est possible de montrer que,

dans certains cas, l'organisation du pilotage dépend de l'organisation portuaire en général, donc du statut juridique des ports maritimes d'un pays. Dans les pays d'Europe du nord particulièrement, au Pays bas et en Allemagne par exemple, les communes jouent un rôle essentiel dans la gérance d'un port, et le pilotage s'y trouvera très largement géré localement, au niveau municipal (Hambourg et Brème), ou régional (land), les pilotages y étant organisés de la même manière. A l'inverse le Royaume-Uni se distingue nettement des autres pays, puisque la privatisation y a été encouragée, en 1991 par « les Ports Acts », transférant la gestion des ports à des organismes privés : les pilotes anglais, sont soit indépendant ou bien dépendent directement ou indirectement de ces organismes portuaires privés.

Au niveau des structures organisatrices, conséquence d'un niveau plus ou moins important de privatisation, les pilotes en Europe s'organisent eux mêmes, soit en syndicat ou corporations, ou bien, lorsqu'il sont agents publics d' État, ils font partie intégrante d'une chambre d'un ministère dédiée à la mer, qui en aura la gestion exclusive.

Souvent, lorsqu'ils sont organisés sous modèle corporatif, le pilote est en général propriétaire d'une participation dans la station, tel un actionnaire d'une société privée, partageant les bénéfices, et les frais encourus, comme c'est le cas en France et en Italie.

Pourtant, dans tout les cas, les organisations professionnelles de pilotage sont, en Europe, soumises au contrôle de l'État, celui ci intervenant à des niveaux différents selon les pays. Et, malgré ces ressemblances, l'organisation professionnelle des pilotes dans chaque Etat membre est différente. La complexité des régimes de statut professionnel des pilotes au sein de la communauté, dépend clairement du niveau d'intervention de l'autorité publique de l'état au sein des organisations de pilote.

Cette étude, après avoir fait ressortir des points communs marquant du statut juridique du pilote, travailleur contrôlé et commissionné par l'état, marqué par le monopole de la profession, et le caractère obligatoire du pilotage, a fait apparaître que des distinctions peuvent être faites entre certains pays en raison du degré d'intervention de la force publique, à des niveaux plus ou moins importants, allant d'une organisation quasi privée, à des régimes à forte intervention publique.

2) Statuts dans les principaux pays Européens i) Modèles privés de type corporatif

Le modèle corporatif est le modèle le plus répandu en Europe. Dans les modèles corporatifs, les pilotes sont volontairement regroupés en sociétés, associations ou syndicats, dans lesquels les pilotes sont tous actionnaires de leur entreprise, qui fournit la prestation de service dans le cadre d'une activité d'entreprise. Les Administrations gardent tout de même dans la plupart des cas, le pouvoir de fixer les tarifs, et de délivrer les autorisations de piloter. Ce modèle est celui que l'on retrouve notamment en Espagne, en France, en Hollande ou en Italie.


· L'Espagne : pilotage de droit privé, « self employed »

Historiquement, au 20ème siècle, en Espagne, les corporations de pilotes étaient sous la responsabilité du capitaine du port, officier de marine militaire, et les pilotes, avant cette date, avaient un statut proche de celui du fonctionnaire. La Loi des Ports de l'État et de la Marine Marchande du 24 novembre 1992 ( LPEMM) est venue transférer cette responsabilité aux autorités portuaires, et cette obligation est maintenant reprise par le règlement du 1er mars 1996, appelé « Règlement Général du Pilotage ».

Le service de pilotage en Espagne a été longtemps réglementé dans le détail, par le Règlement Général sur le pilotage approuvé par le décret du 4 Juillet 1958, qui, dans le cadre de ce service, a établi une uniformité des règles applicables dans tous les ports espagnols. Mais, intégrant le pilotage comme lien vital dans la réalisation des objectifs de la politique de la Marine Marchande espagnole établie par la loi 27/1992 (LPEMM), les points suivants furent réglementés par la nouvelle loi du 1er mars 1996 :

- accès à la profession (tests d'aptitudes, qualifications professionnelles nécessaires, tests de compétence)

- principe de gestion de la collectivité de pilotage, et fixation des redevances

- condition d'obligation, exemption de pilotage et licence de capitaine pilote

- conditions de formation, de recyclage et sanctions disciplinaires

Cette loi abroge l'ancienne loi sur le pilotage du juillet 1958 sur le pilotage qui gouvernait dans tous les ports nationaux, et aussi le décret 1018/1968 du 11 mai, en matière de pilotage dans les ports et les docks.

La réglementation espagnole provient donc aujourd'hui :

· des articles 102 à 104 de la Loi des Ports de l'État et de la Marine Marchande du 24 novembre 1992 (LPEMM)

· du Règlement Général du Pilotage35 , 1er mars 1996comme application de la LPEMM

Au sens de l'article 4 et 5 de ce règlement, le pilotage espagnol est un service portuaire assuré sur tous les ports qui dépendent de l'Administration Générale de l'État, et est géré par l'autorité portuaire compétente.

Conséquence de l'apparition de la loi du 24 novembre 1992, transférant la responsabilité de la compétence du pilotage aux autorités portuaires plutôt qu'à l' administration maritime, supprimant le statut public de fonctionnaire du pilote, le service de pilotage en Espagne est maintenant assuré par des pilotes indépendants « self-employed », habilités par l'Administration Maritime et désignés par l'autorité Portuaire, dont le service est à régime de gestion indirecte par les pilotes qui se rassemblent en Corporation. C'est la Corporation ou Corporaciones de Praticos, qui a la responsabilité de gestion du service de pilotage.

Pour l'exercice du service, la corporation a besoin d'une autorisation d'exercer délivrée par l'autorité portuaire. Cette autorisation est appelée : licence de prestation de service et est accordée à un prestataire de service unique pour une zone portuaire donnée.

L'autorité portuaire établit les conditions d'attribution du service disponible, les tarifs facturés aux navires, et a le pouvoir d'imposer des sanctions prévues par le Ley de Puertos del Estado y de la Marina Mercante (LLPM92).

L'autorité portuaire va déterminer le nombre de pilotes nécessaires au service de pilotage afin d'assurer la sécurité de la navigation et la gestion du trafic dans les eaux du port, et comme dans de nombreux pays, les pilotes se sont aussi regroupés au sein d'une fédération nationale : « La Federation de Practicos de Puerto de España ».

35 Décret du 1er mars 1996 393/1996 pour l'approbation du règlement général du pilotage espagnol en conformité avec la loi des ports et de la marine marchande.


· Les Pays-Bas : pilotes « self-employed » organisés en partenariats privés

A l'instar de l'Italie et de la France, le pilotage hollandais est, depuis 1988, effectué par des partenariats privés, mais qui compte tenu de leur obligation de service public, sont dans certaines mesures soumis à un contrôle de l'état, par la tutelle du Ministère des Transport et de la gestion de l'eau (« Ministerie van Verkeer en Waterstaat »). Avant 1988, le service de pilotage était organisé de manière exclusive par le gouvernement Hollandais.

Son organisation : La « Dutch Pilotage Organisation »

- Les partenariats de pilotes : Nederlands Loodswezen B.V ( NLBV)

Les pilotes hollandais sont autonomes et indépendants, unis régionalement dans trois partenariats de pilotes appelés Nederlands Loodswezen B.V, dans lesquels les pilotes sont les actionnaires et les partenaires non dirigeants de leur organisation. Ces partenariats sont financièrement indépendants du gouvernement. Les trois partenariats sont : Amsterdam-IJmond

Rotterdam-Rijmond- Noord

Scheldemonden

Les pilotes certifiés sont actionnaires des « Loodswezen Materieel B.V » qui est la société détenant les bateaux-pilotes. Au même titre qu'en France, les pilotes détiennent donc une part des matériels de la station. Au sein de chaque partenariat sont gérés les plannings les rotations et les transports des pilotes.

Aujourd'hui l'organisation du pilotage hollandais représente 450 pilotes professionnels et 430 sont employés des partenariats de supports privés.

Les associations :

- L'association nationale :

La « Nederlandse Loodsencorporatie » (NLC) est l'association qui regroupe l'ensemble des pilotes certifiés et est dirigée par un Président élu par l'ensemble des pilotes. Tous les pilotes certifiées en font partie. Les rôles de l'association sont de :

- fournir la formation générale des élèves pilotes;

- augmenter, tester les performances et aptitude professionnelles

- fournir une formation continue et/ou un entraînement

Les pilotes sont réunis également en 4 associations régionales (RLC), chacune présidées par un président d'association (Amsterdam-Ijmond, Rotterdam-Rijmond, Scheldemonden, Noord).


· Italie : pilotes self-employed, et actionnaires de leur corporation

Le pilotage y est réglementé par le Code de la Navigation de 1952, par les articles 86 à 96 du Code de Navigation (maritime et aérienne) de 1942, concernant le pilotage maritime, par la loi n°84- 1996 et par diverses réglementations locales des ports qui résultent d'un accord entre les pilotes, la Capitainerie du port, les usagers du port et l'autorité portuaire, et approuvées par le Ministère des Transports.

De nombreuses similitudes apparaissent entre le pilotage français et italien. La station de pilotage, appelée « Corporazione » est un organisme, dont le fonctionnement est similaire à une entreprise, nommée par décret présidentiel, et détenant donc le monopole du service de pilotage dans le port où elle rend ses services de pilotage ; comme en France, les pilotes sont tous actionnaires de la société, travaillant en collectivité, de manière indépendante, et chacun d'eux est propriétaire d'une part des biens meubles et immeubles de la Corporazione. La Corporazione est gérée par un chef pilote directement nommé par le directeur du port. La Corporazione est sous la tutelle du Ministère des transports et de la navigation par le biais de la Capiteneria, dirigée par son capitaine de port.


· Pilotage des docks d'Anvers : la société privée Belge BRABO

Le pilotage maritime belge est essentiellement différent des autres pilotages par le fait qu'il est composé de deux structures juridiques différentes.

Les lois applicables en Belgique sont : - La loi du 3 Novembre 1967 sur le pilotage des navires de mer, complétée par la loi du 30 août1988

- Le décret flamand du 19 avril 1995.

Il existe deux types de pilotage en Belgique :

- Les pilotes des Docks, ou des bassins intérieurs des ports de Anvers, de Zeebrugge, qui sont employés par une société privée, appelé BRABO (compagnie CVBA BRABO), constituant une exception dans les ports de la CEE.

- Le pilotage flamand composé des pilotes maritimes et de rivières, fonctionnaires, formant des corporations de pilotes dont la réglementation est édictée par le gouvernement de la province Flamande ( ce type de pilotage sera traité ultérieurement).

L'exception des pilotes privés du CVBA BRABO / principe de la concession portuaire.

Entité privée du pilotage belge créée en 1931, la société propose aujourd'hui des services de lamanage, et de pilotage dans le port d'Anvers, qui en est d'ailleurs le principal actionnaire, en possédant 55% du capital de la société ; les 45% restant étant partagés entre les pilotes, les lamaneurs, et le personnel technique et administratif. Les pilotes des Docks d'Anvers sont recrutés parmi les lamaneurs ayant de l'ancienneté dans la compagnie et sur décision du conseil d'administration de la compagnie. La société fournis également des services aujourd'hui diversifiés dans les domaines des travaux de nettoyage et d'entretien portuaire, ou fourniture d'équipement de lutte contre la pollution.

Profitant du décret du 2 mars 199936 portant sur la politique et la gestion des ports maritimes, le port d'Anvers délègue, contre redevance, le service de pilotage à la société privée BRABO par le biais d'une concession de service de pilotage, les pilotes n' ayant le droit d'exercer qu'à l'intérieur des bassins portuaires, et des écluses du ports d'Anvers.

Dès lors qu'une société privée possède le droit de gérer totalement une activité de pilotage, d'autres fournisseurs de service de pilotage pourraient être tenté de s'y s'installer. Pour fournir un service de pilotage de qualité, en toute transparence sans qu'il puisse être considéré comme activité commerciale, il est nécessaire qu'il conserve son statut de monopole à l'intérieur de la Régie portuaire. Le service de pilotage BRABO est géré complètement par une entité privée lors d'une concession portuaire, mais reste contrôlé par la régie portuaire d'Anvers permettant de ne pas mettre en péril les principes importants de sécurité maritime ou de protection de l'environnement que les pilotes cherchent à maintenir, et laissent ainsi l'autorité nationale contrôler la qualité du service, son fonctionnement et son niveau, pour ne pas engendré de baisse de la qualité ,ou de pratique concurrentielle.

La société possède des droits, renouvelables, jusqu'au 31 décembre 2010.

36 Décret flamand sur les ports du 2 mars 1999 Art 16 et 17 : Art. 16. § 1er. Sans préjudice des compétences attribuées à d'autres autorités, les régies portuaires peuvent fournir tous les services propres au port, qu'elles jugent nécessaires, aux usagers du port. § 2. La régie portuaire peut transférer ces services propres au port à des personnes morales privées ou publiques, soit par une concession, soit par d'autres moyens. Art. 17. La régie portuaire fixe les règles et les conditions d'utilisation en matière des services propres au port.

ii) Modèles publics à gestion directe de l'état

· Estonie :

La loi applicable en Estonie est la réglementation sur le pilotage No. 102, « Regulations on Pilots », émise par le cabinet du ministère le 7 février 2006, et basée sur les conventions OMI, la résolution A960 et sur la résolution A918. La loi estonienne de l'administration maritime et de la sécurité maritime, « the Latvian Law of Maritime Administration and Maritime Safety » affirme qu'il appartient à l'administration de gérer les pilotes et les exploitant de VTS (Vessel Trafic System), de conduire leur formation, entrainement, délégués aux autorités portuaires selon la Loi des Ports ( Law of Ports).

La compagnie publique « Eesti Loots As » est fondée par le décret No.921 K du gouvernement de la République d' Estonie depuis le 20 novembre 2000. Avant cette création, le service de pilotage était fourni par le centre de gestion du trafic maritime mais il fut dissous par la loi No. 86 du ministère des transports des communications à partir du 31 Octobre 2000. Le propriétaire des part de la société Eesti loots est la République d'Estonie elle même, et son gestionnaire est le ministère des Affaires Économiques et des Communications d'Estonie, l'État gérant lui même le service en gestion directe.

Ces activités sont de fournir les services de pilotage, dans les zones de pilotage obligatoire, de fournir des conseils pour toutes les questions attenantes à l'activité, d'assurer les services portuaires et la formation des pilotes, leurs qualifications, d'entretenir les bateaux pilotes. Elle emploie 114 employés, dont 44 pilotes et 46 membres d'équipage.

· La Suède : Pilotes fonctionnaires de l'État

Les lois applicables en Suède sont le « SJOFS 2008:6 », ainsi que la « Pilotage Ordinance (Lotsförordningen) de 1989 » et « Regulation and guidelines regarding pilotage SJÖFS2005:13 » dite Lotsningsföreskriften de 2005.

En Suède tous les pilotes sont des fonctionnaires d'états, employés du gouvernement par le biais de l'administration maritime suédoise, la Swedish Maritime Administration (SMA), située à Norrköping. La Swedish Maritime Administration est une entreprise publique qui a la responsabilité de la gestion des voies navigables, du pilotage, de l'information sur le trafic maritime, des brises glaces, des relevés hydrographiques, des opérations de recherches et de sauvetage, et également du service des gens de mer. Il y a environ 221 pilotes employés par la Swedish maritime Administration, et ils y sont

organisés en 7 districts ; les tarifs de pilotage sont fixés après négociation par l'administration, et les pilotes sont payés au navire.

La SMA est une agence gouvernementale, mais le département du pilotage suédois est totalement financé par les redevances de pilotage et également par les taxes portuaires sur les navires et par les taxes pour passage des voies navigables. L'arrêt 1999 : 215, à propos de la loi sur les droits de pilotage en Suède confirma que l'administration est chargée de fixer le montant des droits et d'en assurer le recouvrement. L'armateur et l'opérateur du navire sont tenus solidairement responsables de leur paiement.

Le pilotage y est obligatoire et les pilotes Suédois, sont tous membres de l'association nationale appelée Swedish Pilots'Association ou Svenska Lotsförbundet-Membership.


· La Belgique : le pilotage Flamand

Les lois applicables en Belgique sont :

- La loi du 3 Novembre 1967 sur le pilotage des navires de mer, complétée par la loi du 30 août1988 - Décret flamand du 19 avril 1995.

Nous l'avons vu, il existe deux types de pilotage en Belgique :

- Les pilotes des Docks, des ports de Anvers, de Zeebrugge, qui sont employés par une société privée, appelée BRABO, déjà détaillée au chapitre précédent, concernant les pilotes privés.

- Le pilotage flamand composé des pilotes maritimes et de rivières, fonctionnaires, formant des corporations de pilotes dont la réglementation est édictée par le gouvernement de la province Flamande. Les pilotes de rivière et de mer sont compétents pour piloter dans 4 régions : la rivière Scheldt, le canal de Ghent Terneuzen, l'estuaire de la Schelt, et dans tous les ports côtiers Belges.

Les pilotes maritimes et fluviaux sont des fonctionnaires employés par le gouvernement flamand au sein du Département de la mobilité et des travaux publics. Le pilotage est considéré comme un service public organisé par l'état dans l'intérêt de la navigation, et les pilotes dépendent donc très largement de l'administration. L'organisation, et les aspects opérationnels du pilotage flamand sont réglementés par le décret sur le pilotage du 19 avril 1995, et les règles du pilotage sur l'Escaut entrée en vigueur en octobre 2002. Ces deux réglementations mettent en vigueur une application plus stricte du pilotage obligatoire, et réglementent entre autres les exemptions de pilotage, les redevances, le pilotage par hélicoptère, ou le pilotage à distance (shore based pilotage). Le pilotage flamand regroupent les services de pilotage sur l'estuaire de l'Escaut, la zone d'approche de Dunkerque, l'amont de l'Escaut jusqu'à Temse (y compris Rupel et Wintham), le canal Gand-Terneuzen et les

quais de Gand. Il couvre une zone de 400 miles de voies navigables, 5 zones portuaires, 10 écluses maritimes et plusieurs zones de mouillage, et est organisé par une agence gouvernementale appelée « DAB Loodswezen », qui existe depuis le 1er janvier 2001. Cette agence fournit des services de pilotages, qu'ils soient fournis par pilotines, par hélicoptère ou par service de guidage à distance, et à vocation de service public.

Le pilotage est divisé en 4 districts correspondant à des types de pilotage différents : - les pilotes de rivières - « river pilots » (Anvers);

- les pilotes des canaux - « canal pilots » (Gand);

- les pilotes maritimes - « sea pilots » (exerçant depuis Flessingue);

- les pilotes côtiers - « coastal pilots » (exerçant depuis Zeebrugge).

Par ailleurs, un cas particulier, traité par la loi de 1967 et par un traité appelé « Règlement de l'Escaut37» conclu entre les Pays Bas et la Belgique, permet de réglementer le pilotage sur l'Escault, fleuve qui traverse à la fois la Belgique et les Pays Bas.


· La Finlande :

La loi applicable en Finlande est la « Pilotage Act » entrée en vigueur le 1er janvier 2004.

Les pilotes finlandais sont tous des fonctionnaires, employés de la « Finnpilot Company », qui s'occupe aussi de la formation des apprentis pilotes et des bilans médicaux. Les pilotes sont aussi membres d'une association locale, elle-même membre d'une association nationale « Luotsiliitto - Lotsförbundet ».

Il existe 9 stations de pilotage avec 7 stations supplémentaires sur la côte et 5 sur les lacs. Chaque station de pilotage dispose d'un responsable, chef de station, appelé « Ålderman ».

On distingue 3 types de pilotesen Finlande :- les pilotes côtiers- « coastal pilots »

- les pilotes sur les lacs- «Lake pilots»

- les pilotes sur les canaux «canal pilots»

37 Traité entre le Royaume de Belgique la région flamande et le Royaume des Pays-Bas portant révision du règlement sur l'exécution de l'article IX du traité du 19 avril 1839 et du chapitre II, section 1 et 2, du traité du 5 novembre 1842, modifiés, relatif au pilotage et à la surveillance commune, dit règlement de l' Escault.


· Le Portugal :

Les premières opérations de pilotage au Portugal sont apparues il y a environ trois cents ans par les guidages des navires par des pécheurs locaux, pratiques des zones et qui ont créés la première corporation de pilotes en 1878, laissant peu à peu leur place à des marins de commerces venus du long cours.

La réglementation actuelle est fournie par deux décrets concernant le régime juridique des services portuaires38 et par le décret-loi N° 166/89 appelé « Règlement des services de pilotage des ports et rades39 », et est complétée par deux ordonnances les modifiant40, qui établissent des règles d'application du Règlement général des services de pilotage.

Le pilotage au Portugal est fourni par l'administration portuaire comme un service public de l'État, le pilote ayant le statut d'agent public, dépendant de l'Institut National du Pilotage Portuaire dont le siège social se trouve à Lisbonne. ( INPP Intituto Nacional de Pilotagem dos Puertos).

Il existe 8 régions de pilotage sur le continent (Viana do Castelo, Douro e Leixões, Aveiro, Figueira da Foz, Lisboa, Setúbal, Sines and Faro), trois régions aux Iles des Açores, et une seule région à Madère, pour un total de 108 pilotes Portugais certifiés. Les pilotes sont payés avec des salaires fixes, provenant des redevances de pilotages.

Chaque port national possède un département du pilotage, qui gère le personnel par le biais d'un organe consultatif et qui est propriétaire des pilotines et du matériel de pilotage. Les services en charge du pilotage dans les ports détiennent la responsabilité de l'entretien du matériel.

Doté de personnalité juridique et d'une autonomie financière et administrative, l'institut est sous la tutelle du Ministère de La Marine Marchande. L'INPP est contrôlé par un organisme central, le Conseil National de Gestion, qui nomme les chefs des départements de pilotage de chaque port national. Il gère aussi le domaine public maritime de l'État associé au service de pilotage.

38 Decreto-Lei n° 151/90: Estabelece o regime jurídico da operação portuária Decreto-Lei n° 298/93: Estabelece o regime de operação portuária

39 N°166/89 Decreto-Lei: Aprova o Regulamento Geral do Serviço de Pilotagem dos Portos e Barras. Revoga o Decreto- Lei n° 360/78, de 27 de Novembro

40 Portaria n° 238-A/97 : Estabelece normas relativas à aplicação do Regulamento Geral do Serviço de Pilotagem dos Portos e Barras, aprovado pelo Decreto-Lei n° 166/89, de 19 de Maio

Portaria n° 409/98: Altera a Portaria n° 238-A/97, de 4 de Abril aprovado pelo Decreto-Lei n° 166/89, de 19 de Maio

Les recettes de L'INPP comprennent des redevances de pilotages, les rémunérations pour prestations rendues en dehors d'un service de pilotage mais utilisant les biens de la station, les ventes ou plus valus, et sont perçues par les Départements du pilotage de chaque port. Le pilotage portugais est un service public organisé, possédant cependant son autonomie financière et administrative mais qui dépend exclusivement de L'INPP

iii) Les systèmes mixtes

· La Bulgarie : gestion indépendante de matériel public

L'association BMPA Bulgarian Maritime Pilots Association, a été crée en 1992, comme une association à but non lucratif, regroupant les 60 pilotes exerçant en Bulgarie. Les organisations professionnelles de pilotage sont partout en Europe soumises au contrôle de l'état, la Bulgarie n'est pas une exception dans ce domaine. Les services sont régis par le Code de la Marine marchande, et par l'ordonnance sur le pilotage. Il est fourni par des pilotes indépendants, « self-employed ». Selon les articles de l'ordonnance, une seule et unique station n'est autorisée à fournir le service, marquant ainsi la volonté de ne pas amener de concurrence dans le service.

La réglementation applicable en Bulgarie est le code de la marine marchande, amendé en 2002, et la pilotage act de 2001. Selon ce code, afin de maintenir au plus haut niveau le service, l'État a mis en place un système concurrentiel, mettant en concurrence les candidatures de différentes stations de pilotage souhaitant s'implanter sur la zone à piloter. Chaque station pourra être autorisée pour une durée de trois ans, et détiendra alors le monopole du service. Les stations sont la propriété de l'agence Bulgare de l'administration maritime, la gestion et la maintenance du matériel restant sous la responsabilité des pilotes.

Le service est fourni, en Bulgarie, dans deux stations, celle de Varna et Bourgas.

· Danemark : ouverture partielle à la concurrence de sociétés privées

Fortement marquée par la configuration géographique des côtes danoises, constituées de détroits difficiles, parsemées d'îles et de dangers à la navigation, le pilotage danois est effectué, à la fois et logiquement par des pilotes de transit appelés « transit pilot », et localement par des pilotes portuaires appelés « local pilot », pilotant le navire dans les chenaux d'accès et les ports. Les pilotes de transit sont en quelque sorte des pilotes hauturiers comme les pilotes de la manche et de la mer du Nord. Jusqu'en 2006, les pilotes danois étaient tous des pilotes fonctionnaires de l'état.

L'autorité de tutelle du pilotage danois, est, dans les deux cas, appelée Administration de la Navigation et d'Hydrographie du Royaume de Danemark ( « Farvandsvaesenet »), qui est en fait un

département du Ministère de la défense et exerce son contrôle et sa gestion via l'autorité danoise des pilotes : la « Danish Pilotage Authority ».

L'activité de pilotage est depuis 2006 réglementée par le « Danish Pilotage Act », qui a introduit la concurrence dans le pilotage portuaire des « local pilots » seulement, qui étaient jusqu'alors tous des employés gouvernementaux. Il est donc désormais possible à tous ressortissant d'un pays de l'Union Européenne d'établir sa propre compagnie privée de pilotage portuaire de type « Local Pilots », à condition de respecter le « Danish Pilotage Act ». Le pilotage de transit est pour le moment encore protégé de la concurrence par une obligation datant de 1857, obligeant le gouvernement danois à fournir un service de pilotage à tous les navires qui peuvent en avoir besoin. Actuellement, deux compagnies seulement se sont créées :

- la « Danish Pilot Service » qui compte 16 pilotes dont 9 retraités du pilotage gouvernemental

- une compagnie à Frederikshavn qui compte 3 pilotes dont 2 retraités du pilotage gouvernemental.


· Royaume -Uni : pilotes indépendants, ou sous contrat avec une autorité portuaire

En 1983, les lois de pilotage en Angleterre n'ayant jusque alors jamais réglementé les conditions d'emploi des pilotes, il a été décidé que les autorités portuaires compétentes, appelées CHA avaient dorénavant le pouvoir d'employer les pilotes. Avant cette date, les autorités portuaires étaient généralement réticente à employer des pilotes parce qu'elles n'avaient aucune envie d'être rendues responsable ( en qualité d'employeur) d'une négligence d'un pilote, dont les conséquences et les montants pourraient trop facilement être importants. Depuis, il existe des pilotes qui travaillent sous contrat avec un CHA, et des pilotes qui travaillent toujours de manière indépendante.

Au Royaume-Unis, le pilotage dépend énormément du statut portuaire, très différents des autres membres de l'Union européenne. En effet, les ports anglais peuvent être soit municipaux, gouvernementaux, ou bien, le plus souvent, appartiennent à des sociétés privées, anglaises ou étrangères, à but lucratif qui en conservent la gestion. Le pilotage portuaire dépend du besoin individuel de ces ports selon leur importance et leur développement, et ils influent sur les conditions d'emploi des pilotes. Par exemple, les pilotes d'un port de taille modeste seront employés par une autorité portuaire, souvent à mi-temps, ayant des fonctions diverses au sein des ports, travaillant pour le VTS, ou comme Capitaine de port. Dans des ports plus grands, à Liverpool par exemple, les pilotes sont à leur compte, regroupés en une petite association, et travaillent au contrat.

Aujourd'hui, les pilotes anglais, peuvent donc exercer, soit à leur compte, ( « self-employed »), regroupés en général en petites associations en tant que pilotes indépendants, soit salariés d'un CHA, et peuvent alors occuper d'autres activités au sein de l'autorité portuaire. Les pilotes des CHA se voient verser un salaire fixe dans la plupart des cas. Dans le cas d'un service de pilotage rendus par un pilote indépendant, le pilotage fait l'objet d'un contrat avec l'autorité portuaire.

Les autorisations de pilotage sont délivrées aux candidats pilotes par les autorités portuaires « Competent Harbour Authority » CHA ( Partie 1 Section 3 du « Pilotage Act » Autorisation des pilotes ).

Il appartient à l'autorité portuaire de fixer les conditions de recrutements et les critères de qualification des pilotes en regard de leur âge, santé et état physique, temps de service à la mer, connaissance locale, comportement ou de tout autre choses qui pourraient affecter les capacités des futurs candidats.

Notion de CHA

Le pilotage est placé sous la tutelle du secrétariat d'état aux transports qui déconcentre ses pouvoirs aux autorités portuaires locales, appelées CHA ( Competent Harbour Authority). Les ministres aux transports sont des membres du parlement, ainsi, le parlement anglais garde tout de même un contrôle permanent sur les clauses de pilotage. Selon le pilotage act section I article 1, le CHA signifie toute autorité portuaire qui a la charge du contrôle du trafic et de la sécurité maritime dans sa zone d'exercice, et dont le port tombe totalement ou partiellement sous son contrôle.

Chaque port d'Angleterre, dont l'importance du trafic justifie la présence d'un service de pilotage propre, est compétent pour organiser le service de pilotage dans la limite de sa zone d'intervention portuaire. Selon le pilotage Act de 1987, Partie 1 une autorité portuaire qui n'est pas un CHA peut demander au secrétariat d'état de le devenir ou d'être considérer comme tel.

De plus, toujours selon le pilotage act, le secrétariat d'état a l'obligation de maintenir à jour la liste des CHA décrite selon l'article 1 de celle loi.


· Allemagne : système mixte, pilotage privatisé avec infrastructures publiques

Le pilotage Allemand est soumis à la législation de la loi fédérale de 1854, dite « Seelotsegesetz », amendée à plusieurs reprises (en 1984, 1986, 1994 et 1997), allouant la possibilité de s'organiser, soit régionalement en districts de pilotage, soit individuellement, laissant alors au port la possibilité de gérer exclusivement leurs service de pilotage. Il existe encore en Allemagne deux ports qui conservent la gestion exclusive de leur pilotage : Bremerhaven, et Hambourg.

Le pilotage en Allemagne est un système globalement privatisé, mais qui possède certains caractères publics d'importance. Contrôlé sous la tutelle du gouvernement fédéral d'Allemagne, par le biais du ministre des transports de la République Fédérale41. Le pilotage Allemand est très particulier puisqu'il est privé mais il emploie des infrastructures et équipements nationaux, fournis par la République Fédérale d'Allemagne ; les matériels utilisés par les pilotes, les bateaux-pilotes, ainsi que les biens immeubles sont la propriété de la République Fédérale, et sont affrétés par le gouvernement, même si les pilotes ont la responsabilité de leur entretien. Environ 860 pilotes y sont gérés de manière privés, utilisant des infrastructures publiques.

Il existe deux types de pilotes en Allemagne, les pilotes dits fédéraux, et les pilotes de port ( Bremerhaven et Hambourg).

Des décrets fédéraux réglementent localement le pilotage fédéral par districts. Il en existe 7 districts en Allemagne (voir annexe 2) formant chacun une corporation de pilotes : les corporations de pilotes font partie intégrante de la chambre fédérale des pilotes, placée sous la tutelle du ministre des transports. La chambre fédérale des pilotes est une organisation professionnelle de pilotes qui représente les 7 districts de pilotage.

Les redevances de pilotages sont fixées par l'administration allemande et se composent :

- d'une taxe de pilotage qui est versée au gouvernement, qui en remet une partie aux corporations, budgétée tous les 2 ans, afin de pourvoir aux besoins de la station, d'entretenir le matériels, et de renouveler les installations.

- d'une prime de pilotage, qui est versée aux pilotes, leurs permettant de recevoir un salaire.

41 Ministre des transports de la République Fédérale : Bundesministerium Fûr Verkehr

C) Le Recrutement et la formation des pilotes i) Le recrutement et la formation en France


· Recrutement :

L'accès à la profession de pilote maritime portuaire en France se fait par voie de concours public ouvert par décision du Directeur régional des affaires maritimes, sur proposition de l'administrateur des affaires maritimes du quartier de la station concernée, et tenant compte des besoins de la station de pilotage. Ce concours comporte des épreuves orales et écrites, portant sur des connaissances générales de la navigation ainsi que sur les connaissances particulières de la zone de pilotage. Comme dans la plupart des pays d'Europe, les pilotes français sont recrutés parmi les officiers de la Marine Marchande de moins de 35 ans, possédant un brevet de commandement du plus haut niveau et ayant au moins navigué 72 mois dans la marine marchande ou sur des bâtiments de l'État, dont 48 mois dans le service pont ( à ce jour, un décret pourrait venir modifier les conditions de recrutement en France, abaissant le nombre de mois de navigation requis de 72 à 66 mois, augmentant l'âge maximum de 35 à 36 ans, et exigeant du temps de navigation au cabotage international).

Les dispositions relatives aux programmes et à l'organisation du concours de pilotage sont établies par l'arrêté du 26 septembre 1990. Les candidats pilotes doivent, entre autre être âgé de 24 ans au moins et de 35 ans au plus à la date du concours, et doivent répondre aux conditions d'aptitude physique des capitaines de la marine marchande ( arrêté du 16 avril 1986), et par ailleurs à des normes sensorielles plus exigeantes fixées par l'arrêté du 08 avril 1991. Le programme des connaissances particulières de la zone est annexé au règlement local de la station.

Le jury d'admission est, selon l'art. 5 de l'arrêté du 26 septembre 1990, composé comme suit : - d'un officier supérieur de marine, président

- d'un inspecteur de la navigation et du travail maritimes ou un technicien expert du service de la sécurité de la navigation maritime ou à défaut un capitaine de navire

- d'un capitaine de navire, titulaire d'un brevet au moins égal à celui requis pour les pilotes de la station où le concours est ouvert;

- de deux pilotes désignés parmi les plus anciens pilotes en activité de la station.

- Le président du jury est nommé par le préfet maritime sur la demande du chef de quartier qui désigne les autres membres du jury.

- Les membres du jury ne doivent être ni parents ni alliés des candidats.

- Le jury des épreuves de langue étrangère se fait assister par un professeur, ou par un courtier-interprète, ou un officier de marine breveté interprète.


· Formation

Les candidats reçus sont immédiatement nommés pilotes par le préfet de région42 et commencent une période de formation de plusieurs mois pendant lesquelles les pilotes débutants accompagnent les pilotes sur tous les types de navires qu'ils seront amenés à piloter. Au terme de cette formation (la durée et les modalités de cette formation dépendant du règlement local de la station), le pilote deviendra autonome, et se verra confier le pilotage de navire de taille croissante tout au long de sa carrière, avant de devenir pilote « apte toute tonnage » au bout d'environ cinq années d'exercice. Les pilotes français, sont régulièrement formés à la manoeuvre sur simulateurs, et sur maquettes au 1/25 ème au centre de Port-Revel, en Isère qui accueille également des pilotes étrangers.

ii) Les conditions de recrutement et de formation en Europe 1) La résolution A960 de L'OMI

L'Organisation Maritime Internationale a anciennement adopté une résolution relative à la formation des pilotes maritimes dans le monde (autres que pilotes hauturiers), à la délivrance des brevets, et aux procédures opérationnelles, appelée A 485 XII, révisée en décembre 2003, devenant la Résolution A.960 encore en vigueur aujourd'hui.

Cette résolution prévoit qu'il appartient à l'état ou à une autre autorité compétente (régionale ou locale) d'établir les conditions de recrutement, de formation, et de certification des pilotes maritimes.

La résolution A 960 de l' OMI définit que les autorités compétentes doivent mettre en place les normes de contrôles sur les conditions d'admission requises et normes d'obtention d'un certificat ou d'un brevet de pilotage, les aptitudes physiques nécessaires pour devenir pilote maritime, les programmes de formation et les remises à niveau.

Plus précisément, l'annexe 2 de la résolution A960 définit des recommandations sur les procédures opérationnelles concernant les pilotes maritimes, afin d'améliorer la sécurité lors des opérations de pilotages. Les recommandations portent sur les échanges d'informations entre le capitaine, le pilote, les services portuaires, la langue utilisée, et définit également les normes de construction des échelles d'embarquement.

42 Article 19 du décret de 1969 modifié par le décret du 1er août 1980 et du 21 juillet 1982

2) Recrutement des pilotes européens

De manière très générale, les pilotes maritimes portuaires européens sont des marins, officiers de marine marchande ou parfois militaire, possédant un brevet d'officier supérieur ( Capitaine ou Second Capitaine) et qui ont exercé suffisamment de temps à la mer pour avoir atteint un niveau de compétence et d'expérience satisfaisant pour appréhender le métier de pilote.

En Europe, les pilotes ont la possibilité d'accéder à la profession, soit par voie de concours, soit par sélection classique, après un entretien. Dans tous les pays d'Europe, des critères de santé sont retenus pour accéder à la sélection, et certains pays comme par exemple, la France, la Norvège, l'Espagne, l'Italie ou Malte retiennent des critères d'âges. Les périodicités de visite médicale varient selon les pays entre 1 an à 5 ans.

En Angleterre, le recrutement se fait par entretien parmi un lot de candidature ; les critères retenus pour se présenter ayant été fixés localement par l'autorité portuaire compétente de la zone, en tenant compte de l'expérience demandée pour la fonction.

Les critères de nationalité sont peu retenus pour la sélection des pilotes en Europe. Néanmoins le Portugal a incorporé l'obligation d'avoir la nationalité du pays pour se présenter à une place de pilote. Dans d'autres pays, comme en Belgique, cette discrimination n'implique pas directement la nationalité du candidat mais ces derniers doivent détenir un certificat de compétence en langue néerlandaise/flamande, ce qui limite très fortement les possibilités d'emplois d'officiers étrangers.


· Les méthodes de sélection :

- La méthode par voie de concours :

Cette méthode est utilisée en France, en Espagne, la Belgique ou encore à Malte. En général le concours est ouvert, et les candidats déposent leur candidature s'ils remplissent les conditions minimales demandées par l'autorité compétente (voir tableau récapitulatif en annexe 1).

Cette voie de concours permet de recruter le candidat qui aura la meilleure connaissance théorique du lieu et possède les meilleures connaissances dans différents domaines d'évaluation théorique.

- La méthode par voie d'entretien

La méthode la plus courante de sélection en Europe reste celle par laquelle le candidat subis un entretien, évaluant les motivations de sa candidature, et son curriculum vitae, son dossier de navigation.

La méthode est utilisée en Angleterre, où les critères de sélection fixés par l'autorité compétente diffèrent suivants les ports, et leurs complexité, mais on la retrouve aussi au Danemark et en Allemagne où les pilotes candidats sont choisis parmi une liste selon leurs expériences, puis subissent un entretien devant les pilotes de la station.

Les pays qui recrutent les pilotes de cette manière tiennent donc essentiellement compte du dossier de navigation du candidat, de son CV et de ses références, c'est à dire sur les expériences maritimes du candidat.

Cette méthode est aussi utilisée dans certains pays où le statut du pilote se rapproche d'avantage de celui du fonctionnaire, comme en Suède ou en Hollande. Au Pays-Bas, le pilote, après avoir été choisi pour son curriculum vitae subira un examen seulement après avoir suivi une formation théorique d'une durée de deux mois. Dans le cas d'une réussite à l'examen, l'élève pilote continuera sa formation pendant 8 à 10 mois, localement, dans la région dans laquelle il exercera le pilotage.

3) Formation initiale et continue et certification des pilotes après sélection

La formation et l'entraînement des pilotes dans les états membres ont grandement évolué au cours des dernières décennies même si les critères basiques d'accession à la profession sont très proches entre les pays.

La formation des pilotes devient de plus en plus intensive, quelle soit pratique ou théorique, incluant au cursus de formation, des épreuves sur simulateur ou sur maquette, des périodes d'apprentissage local dans la région dans laquelle le pilote est amené à travailler, qui durent entre 2 à 8 mois. Le point de vue de l'EMPA est d'ailleurs très clair à ce sujet puisque la fédération européenne pense qu'un accès plus facile à la profession ne serait qu'un moyen de réduire considérablement les standards de service fournis, et risquerait d'allonger le temps de formation global des pilotes.

Après avoir été promus au rang d'apprentis, dans tous les pays d'Europe, le pilote suivra une formation progressive qui lui permettra d'atteindre graduellement la possibilité de piloter des navires sans limitation de taille, ou de tonnage. Il faut aujourd'hui entre 5 et 8 ans pour qu'un pilote soit homologué sans limitation de tonnage en Europe. Il appartient à l'autorité compétente de l'État de définir les normes de formation et de délivrance des certificats ou des brevets. Ces normes devraient

être suffisantes pour permettre aux pilotes de s'acquitter de leurs tâches en toute sécurité et efficacement. Ces normes de formation initiales sont conçues de manière à permettre aux pilotes stagiaires de développer les aptitudes et connaissances jugées nécessaires par l'autorité de pilotage compétente pour obtenir un certificat ou un brevet de pilote.

Le pilotage est organisé de manière différente dans les pays européens, mais il est dans tous les cas contrôlé par le gouvernement. Il appartient toujours à l'administration maritime de contrôler les services de pilotage de leur pays, de déterminer les qualifications requises pour travailler, et d'uniformiser les conditions de formation dans le pays. Le pilotage obligatoire en Europe est la meilleure et certainement l'unique manière d'être certain de protéger à la fois les intérêts privés et publics qui pourraient être directement liés aux conséquences dramatiques d'évènements de mer, et par la même occasion, permet, en régulant le trafic, de participer activement aux enjeux commerciaux

des grands ports européens.

Finalement, bien que l'on retrouve des pilotes indépendants, dit self-employed, privés, fonctionnaires, dépendant des administrations, ou d'un état, les services de pilotage en Europe profitent dans tous les cas d'une entité économique exclusive, ou bien d'un département administratif spécifique d'un ministère leur permettant de s'organiser individuellement.

Les systèmes de pilotage européens, qui profitent très largement d'un monopole consacré par l'Europe, servent au mieux les intérêts de l'armateur et des assureurs, ( fiabilité, sécurité, sûreté, ponctualité des mises à quai, ou appareillage, réduction des coûts d'assurance), celui des ports ( enjeux commerciaux), celui des états ( échanges maritimes mondiaux, prévention de la pollution, rôle en cas d'assistance au navire).

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