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Du droit de résistance aux abus de pouvoir: une lecture du "second traité du gouvernement civil" de John Locke

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par Victor SETIBO BATUZOLELE
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius - Bachalauréat en philosophie 2002
  

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Chapitre premier :

LA CONCEPTION DU POUVOIR CHEZ JOHN LOCKE

1.1. Introduction

Parler du pouvoir tel que le conçoit et le comprend John Locke est une entreprise qui nous pousse inévitablement dans un premier temps, à faire mention de ce qui a conduit à la formation de la société civile et, dans un deuxième temps, à considérer les structures mises en place pour consolider ce corps et assurer sa prospérité. A ce niveau, il sera question de montrer en quoi l'exercice du pouvoir se fait en fonction des lois qui, lorsqu'elles sont respectées, garantissent l'ordre public. Finalement, nous montrerons comment le pouvoir, pris comme fonction (comme service ) et comme obligation, peut contribuer considérablement à la bonne marche de la société politique.

1.2. De l'origine du pouvoir politique

1.2.1. Pourquoi la société politique ?

On peut bien se poser la question : pourquoi les hommes se sont-ils organisés en communauté politique en quittant l'état de nature ? La même question, John Locke la pose autrement quand il dit :

<< Si l'homme, dans l'état de nature, est aussi libre que j'ai dit, s'il est le Seigneur absolu de sa personne et de ses possessions, égal au plus grand et sujet à personne ; pourquoi se dépouille-t-il de sa liberté et de cet empire, pourquoi se soumet-il à la domination et à l'inspection de quelque autre pouvoir5 ? »

Sa réponse est que dans l'état de nature, l'homme a un droit, tel que cela a été posé et présenté ; cependant, la jouissance de ce droit est fort incertaine et est exposée sans cesse à l'invasion d'autrui. Car, << tous les hommes étant rois, tous étant égaux et la plupart peu exacts observateurs de l'équité et de la justice, la jouissance d'un bien propre, dans cet état, est mal assurée, et ne peut guère être tranquille6 ». Dans cet état, chacun fait de son mieux pour se protéger et protéger son bien contre les velléités de ceux qui enfreignent la loi de la nature.

L'état de nature a la loi de nature, qui doit le régler, et à laquelle chacun est obligé de se soumettre et d'obéir. La raison est le principe régulateur. Elle enseigne à tous les hommes,

5 Second Traité, § 236, pp. 320-321.

qu'ils sont tous égaux et indépendants ; et nul ne doit nuire à un autre, par rapport à sa vie, à sa santé, à sa liberté, à son bien7. Et comme la punition en cas de violation de la loi est accordée à tous, chacun a le droit de punir et de faire exécuter les lois. Cette situation peut conduire à l'anarchie et au désordre par manque d'arbitre. C'est ce qui, selon Locke, a obligé les hommes à quitter cette condition, qui quelque libre qu'elle soit, incite à la crainte ; les hommes y sont exposés à des perpétuels dangers. Ce n'est donc pas sans raison qu'ils recherchent d'entrer dans la société politique et qu'ils souhaitent se joindre à d'autres hommes qui sont déjà unis ou qui ont dessein de s'unir et de composer un corps, pour la conservation mutuelle de leur vie, de leur liberté et de leurs biens ; bref, leurs propriétés8, pour employer une expression chère à John Locke à cet effet.

Ainsi, la plus grande et principale fin que se proposent les hommes, lorsqu'ils s'unissent en communauté politique, est de se soumettre à un gouvernement qui a pour mission de conserver leurs propriétés. Ceci n'est pas tout à fait garanti dans l'état de nature. Et pour Locke, « problématiser la politique c'est faire de la propriété réelle un objet de pensée. De sorte que, pour ainsi dire, la propriété est à elle-même sa propre preuve, elle est ce qui permet de penser le régime de l'Etat, de la société. Elle est donc pour Locke, le concept éminent de la pensée politique et, dans le même temps, elle devient une institution réelle, légitimée et moralisée. Elle est le centre organisateur de la société civile, l'origine et la fin de la vie politique : les volontés y tendent et en procèdent9 ».

Il convient de souligner comme le dit Gérard Mairet, commentant John Locke : « L'état de nature est un état de manque, il y manque une loi établie, fixée et promulguée pour tous, qui sert de norme commune, à laquelle tous les différends qui peuvent surgir sont rapportés et évalués10 ». De plus, un pouvoir judiciaire reconnu fait défaut, de sorte que les passions et l'intérêt risquent de l'emporter dans les délibérations ; comme chacun s'institue juge et partie, au lieu de la justice, c'est la vengeance qui règne.

Bien qu'il soit certain pour Locke que dans l'état de nature les hommes ont tous les pouvoirs grâce à la liberté dont ils jouissent, il demeure qu'ils ne peuvent pas en jouir effectivement. Chacun pouvant faire ce qu'il veut, les droits et les libertés des autres se trouvent continuellement en danger. On est par ce fait même exposé à l'arbitraire de tous.

6 Idem.

7 Second Traité, § 6, p.145, pp. 251-252.

8 Ibid., § 237, pp. 321-322.

9 Gérard MAIRET, Les grandes oeuvres politiques, Paris, Le livre de poche, 1993, p. 144.

10 Idem

L'organisation en communauté politique et la soumission à un gouvernement n'ont d'autre but que de palier aux limites et difficultés rencontrées dans la condition naturelle de l'homme.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams