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Sociologie de Baraka: (Liberté IV Nord ) étude des conditions socio-économiques et environnementales (Sénégal )

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par Benoà®t TINE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Licence de sociologie 2004
  

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INTRODUCTION

L'expansion urbaine a été en Afrique au cours des dernières décennies et est encore aujourd'hui, spectaculaire. Un continent où les activités productives demeurent souvent pour l'essentiel agricoles, a vu s'établir, s'étendre d'énormes agglomérations attirants sans cesse de nouveaux arrivants aux dépens des campagnes. Le mouvement a commencé en période coloniale en ne se greffant que rarement sur des noyaux urbains anciens et proprement africains en générale, et sénégalais en particulier et plus précisément dans son point névralgique à savoir : Dakar.

La ville de Dakar a été fondé en 1857, et était le fiefs des lébous et il n y avait qu'un fort et la phare des mamelles.. La ville au sens moderne qui ne se limitait qu'à quelques logements administratifs, allait s'étendre. Rapidement il supplantera les communes : Saint Louis, Gorée, Rufisque. C'est à partir de 1889 qu'interviendra une série d'événements qui vont faire de Dakar ce que personne n'attendait :

1902, siège du gouvernement, puis chemin de fer Dakar-St Louis...,« la convergence de certains facteurs géographiques (qui consiste à venir à la côte), historiques, économiques, ont fait de Dakar, au début du XXe siècle la capitale de l'Afrique Occidentale Française (AOF) devant recevoir voies ferrées, routes, buildings, port... »1(*)

L'abandon de la culture vivrière avec l'avènement de la colonisation au profit de la culture de rente dont les cours baisseront vertigineusement, ne fera que jeter du pavée dans la marre.. La campagne n'offrant plus de substitut financier, les agriculteurs n'ont pas mieux fait que d'émigrer.

Les facteurs psychologiques et sociologiques ne sont pas les moins importants. Dakar qui concentre la plus part des équipements socio économiques, culturels, exerce un attrait considérable sur cette population rurale, de même que la « libération des jeunes garçons et filles du carcan de la société rurale traditionnelle »2(*).

Il s'en suivit une croissance démographique trop forte comme nous le montrent ces chiffres :

1847, 1000 habitants.

1904, 23000 habitants

1921, 32000 habitants

1936, 92000 habitants

1955, 214000 habitants

1961, 375000 habitants

Dans les campagnes, il en résulta une activité agricole au rabais, un chômage lancinant en ville, un logement problématique. La question de l'habitat se posa dès lors avec acuité. Ne pouvant en trouver, ces ruraux déclenchèrent le mouvement d'une pseudo urbanisation qui se traduisit par la création d'habitats spontanés.

L'extension de la ville embryonnaire à sa création, se fit par des occupations irrégulières qui se multiplièrent au profit des nouveaux arrivés. 3(*)

Cet élan se poursuivit et il s'accentua sensiblement après les indépendances survenues au début des années 60. La ville au long des générations continuait d'attirer. Tous les chemins menaient à ...Dakar.

1976, 800000 habitants

1980, 1000000 habitants

1988, 1571614 habitants

2000, 2326929 habitants

2002, 2498528 habitants4(*)

De 1976 à 1988 le taux de croissance était de 4% contre une moyenne nationale de 2.9%. Entre 1998 et 2000, ce taux était de 3.7% contre 2.7% au plan nationale ; De nos jours, il est de 3.6% 5(*) ;

De ce fait, le constat est amer : Dakar étouffe. Dakar explose. Bref, les maux dont souffre la capitale sénégalaise sont déclamés sur tous les tons. Avec son atmosphère polluée, ses rues où il n'est plus possible de circuler et jonchées d'ordures, ses quartiers inondables et ses banlieues gagnées par la pauvreté et l'habitat spontané, plus spontané que jamais... bref, le Dakar de l'an 2000 est très loin du rêve de feu le Président Léopold Sédar SENGHOR, qui prédisait qu'elle sera comme Paris.

Cette situation peu enviable et devenue intenable aujourd'hui est imputable à une politique urbanistique, urbaine et d'aménagement du territoire, peu rigoureuse et qui dans sa vision, n'a pas semblé prendre en compte le long terme, afin de mieux s'armer pour affronter le contexte mondial en pleine effervescence.

Ainsi à partir de 1973 surtout, avec la grande sécheresse qui avait frappait le pays et entraîné sa principale culture de rente : l'arachide dans un long cycle de marasme, alors que les campagnes se vidaient, fautes d'activités rémunératrices, l'essentiel des activités économiques et des infrastructures étaient et continuaient d'être implantées à Dakar. Les Plans d'Ajustement Structurels ne firent que jeter de l'huile sur le feu.

Le résultat est qu'avec 0,27% (550Km2) du territoire national, la capitale sénégalaise concentre près de trois millions d'habitants sur les neuf que compte le pays, soit 24% de la population nationale contre 21.6% en 1988 ; 18.8% en 1976 ; 17.7% en 1971 ; 14.3% en 19616(*). 70% des activités sont concentrées à Dakar ; 85% des 140000 véhicules du Parc automobile du Sénégal roule à Dakar dont les rues voient passer 13000 cars rapides, 8500 taxis, 800 Ndiaga Ndiaye, 250 Dakar Dem Dikk... selon Philipe Diouf de la direction de l'aménagement du territoire au Ministère de l'Urbanisme. Ce qui fait dire à Mr Thioune, directeur de l'aménagement à l'hôtel de ville de Dakar, qu'il faut sauver la capitale, car c'est un monstre à caractère macrocéphalique, prêt à exploser à tout moment.

Cette très grande concentration de population, pose de nombreux problèmes dont celui non moins essentiel de l'habitat, avec une forte demande et une offre minime. Conséquence : la spéculation foncière est devenue plus âpres et les gens ont commencé à construire n'importe où et n'importe comment, quitte même à élever des immeubles, au mépris des normes architecturales et d'urbanisme. On dénombre à l'heure actuelle « 17 quartiers flottants à Dakar, selon Imam Sarr, chef du quartier de HLM Montagne et président des bidonvilles de Dakar » 7(*)Bref, à Dakar, « l'urbanisation a précédé l'urbanisme »8(*), alors que cela aurait du être l'inverse.

Dans cette grande métropole, qui ne cesse de s'étendre et qui reçoit en moyenne « 120000 nouveaux venus par an »9(*), il se pose aussi un problème d'assainissement avec l'inexistence d'un réseau inadéquat pour ce faire, des quartiers non lotis et des ordures qui restent en souffrance, ou pour une fois qu'elles sont ramassées, sont jetées à la gigantesque décharge de Mbeubeuss, qui constitue aujourd'hui une menace environnementale.

Par ailleurs, la présence d'une population dense et dont une bonne partie n'est pas scolarisée, contribue à dégrader fortement le milieu et les équipements insuffisants qu'elle se partage. Le manque de discipline et de civisme des usagers rend encore la situation plus écoeurante. Quand la paupérisation, le chômage (25%) et l'insécurité se mêlent à ce tableau déjà sombre, on n'est plus loin de l'enfer. « Les valeurs de solidarité et le sens de la famille traditionnelle, s'effritant de plus en plus, une classe minoritaire vivant dans une opulence, à la limite agressive, à coté d'une écrasante majorité « tirant le diable par la queue », l'impunité étant reine au royaume de l'anarchie et de l'improvisation, tout semble réuni pour faire de la métropole dakaroise un véritable « laboratoire «  social.

C'est dans cet univers familier auquel BARAKA n'échappe, que nous avons déposé nos baluchons, armé d'un microscope, pour connaître les tenants et les aboutissants de ce phénomène qui gagnent de plus en plus les capitales tiers mondistes et qui constituent une véritable « épée de Damoclès » pour nos sociétés.

* 1 Population et habitat du centre de Dakar : le secteur de l'avenue Lamine Gueye, mémoire de Maitrise présenté par Mamadou Seck en juin 1984 ; DESL 924

* 2 Amadou Diop, Médina Gounass (Pikine Dagoudane Dakar) Pratiques sociales et spatiales, mémoire de Maitrise, 1982, UER de Géographie et aménagement de l'espace, Université Paul Valéry, Montpellier France, LDES 1020

* 3 Amadou Diop, idem

* 4 Ministère de l'Economie des Finances et du Plan, Division de la Prévision et de la Statistique.

-Population estimée du Sénégal en 1999, 2000, 2001. Juin 2001.

-R.G.P.H 1998, Rapport Région ; Résultats définitifs Dakar ; Septembre 1992

* 5 Ministère de l'Economie des Finances et du Plan, Division de la Prévision et de la Statistique.

-Population estimée du Sénégal en 1999, 2000, 2001. Juin 2001.

-Répertoire des villages de la région de dakar, R.G.P.H 1988

-R.G.P.H 1998, Rapport Région ; Résultats définitifs Dakar ; Septembre 1992

* 6 idem

* 7 Les conditions de vie et de travail des filles domestiques à Dakar ; dossier de recherche duel II, Mai 2001, par Issimath Laniba, DiarigneSène, Rémi Nimubona, Viviane Tine, Benoît Tine.

* 8 Khadidiatou Tall Tiam, Démographie et habitat dans un quartier de Dakar : étude de la Médina Est « un processus de taudisation », déc. 88, Département de Géographie, UCAD ; LDES 1347

* 9 Quotidien national Le Soleil hors série de février 2001, page 29 

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway